'CANICULE' - GETO
— ANNAËLLE x SUGURU GETO —
くコ:彡
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Il faisait chaud. Trop chaud. Il faisait tellement chaud que les cheveux d'Annaëlle s'étalaient au sol et sa frange gisait mouillée de sueur hors de son front. Le ventilateur peinait à l'atteindre, brassant péniblement l'air lourd dans son salon pour essayer de lui apporter un rafraîchissement – bien que piteux. Ça se voyait, que ses pales périssaient, et étalée sur le parquet, Annaëlle se sentait fondre.
« Ça fait combien de temps qu'il vit ton ventilo ? Suguru était affalé non loin de là. Il se tourna vers elle, d'une lenteur agonisante, et lui jeta un coup d'œil abattu.
— J'en sais rien, il était déjà là quand mes parents se sont mis ensemble, elle haussa les épaules, poussa un soupir épuisé, J'en ai marre de la canicule.
— Ça sera bientôt fini, la rassura son ami avec un petit rire. Il essayait peut-être de se convaincre lui-même.
— Ça sera bientôt fini parce que la rentrée c'est la semaine prochaine, pleurnicha l'adolescente, On va finir nos vacances comme des loques, ça craint.
— On a passé nos vacances comme des loques, souligna Geto. »
Il était vrai qu'à part rester chez elle, Annaëlle n'avait pas fait grand chose. Elle était sortie quelques fois avec Suguru, mais rien de bien concluant. C'était souvent comme ça qu'ils passaient leurs vacances, de toute manière. Ils n'étaient pas du genre à se pavaner dehors ou à flâner dans les grands quartiers.
« Je sais ... défaite, Annaëlle ferma les yeux. Elle n'avait plus qu'à accepter son destin, sa fatalité : la rentrée approchant à grand pas qu'elle ne pouvait qu'observer approcher inéluctablement, tout en baignant dans sa sueur.
— On devrait faire un truc.
— Je n'ai pas la motivation de faire quoi que ce soit, rétorqua la brune avec un rire plutôt dédaigneux. C'était sûrement à cause de la chaleur. Elle n'avait ni motivation, ni positivité.
— Ça fait un moment je veux faire de l'urbex. Il devrait faire frais dans des endroits comme ça, proposa Geto en se redressant, observant son amie avec grande attention. »
Les mots forcèrent Annaëlle à se relever, ahurie. Les sourcils froncés et le front plissé, elle lui lança un regard dubitatif.
« J'ai une tête à apprécier l'urbex ?
— Je sais pas, peut-être, s'il fait frais.
— Pourquoi il ferait frais, même ? s'enquit-elle. Le lien de corrélation ne lui paraissait que cruellement manquant.
— Parce qu'on irait dans des endroits sombres et humides ? »
Ça fit frissonner l'adolescente. Geto était fou. Et pourtant, vu la chaleur qui forçait son t-shirt à s'accrocher à son dos à cause des grasses gouttes qui roulaient le long de sa colonne vertébrale ... Elle ne vit pas vraiment meilleure solution. Et puis, ça lui ferait quelque chose à raconter à la rentrée ; de l'urbex, c'était pas quelque chose qu'elle ou ses autres amies faisaient régulièrement.
« Ok, je te suis, je suppose. Mais c'est seulement parce que je te fais confiance, céda-t-elle, après un instant – si terriblement long et si affreusement compliqué – de réflexion. »
En simple réponse, alors qu'Annaëlle forçait son corps à proprement se redresser pour s'étirer et se tenir debout, Suguru serra le poing et se félicita en silence. Ça devait faire un bon moment qu'il attendait le bon jour pour lui proposer cette sortie.
La brune partit éteindre le ventilateur, attrapa son sac et prit une grande inspiration. Dehors, il faisait encore plus chaud qu'à l'intérieur.
« C'est pas trop loin j'espère ?
— Je pense pas. On prend le vélo de toute façon, fit remarquer Geto en partant remettre ses chaussures. »
Quand il vit Annaëlle grimacer une fois encore, il soupira. Clairement, elle n'avait pas envie de faire de l'exercice sous cette température.
« Tu peux monter à l'arrière du mien si tu veux, lui proposa Suguru, et face à cette proposition, son amie sembla regagner toute son énergie. »
Alors elle ne se fit pas attendre, prenant à peine le temps de laisser le brun s'asseoir sur son vélo avant de sauter à l'arrière.
Et elle devait l'admettre, avoir le vent frapper son visage était plutôt agréable. Ça l'était d'autant plus en sachant qu'elle n'avait pas à s'épuiser à l'exercice. Enfin, Suguru n'avait pas l'air de souffrir, alors elle ne regrettait pas trop.
Ce qu'elle regretta, par contre, c'est son arrivée devant l'usine abandonnée. Alors que Geto rangeait son vélo dans un buisson, elle prit un pas de recul.
« Peut-être que c'était pas ma meilleure idée, après tout ... bafouilla-t-elle.
— Oh arrête, j'ai pédalé jusqu'ici, maintenant on entre. »
Ça n'était même pas une question. Elle n'avait même plus le choix ; elle était forcée de pénétrer à l'intérieur.
C'était humide, sombre, un mélange ambiant de marron et de vert, aux murs souillés par l'humidité et les infiltrations d'eau.
« Quelle idée pourrie, marmonna-t-elle, ses pas hésitants. Elle n'avait pas contre aucune honte à rester bien cachée derrière Geto, qui semblait bien plus enthousiaste à l'idée de s'engouffrer dans un bâtiment désaffecté. »
Annaëlle commença à se ronger les ongles, de plus en plus nerveuse au fur et à mesure qu'ils avançaient.
« Regarde, la verdure. La nature tout ça, t'adores, fit remarquer son ami en pointant les plantes qui recommençait à grimper le long des murs et entre les dalles de béton.
— Tais toi ! s'esclaffa-t-elle, déjà un peu plus rassurée. »
C'était con, mais avec Geto, elle savait qu'elle serait certainement en sécurité. Il la protégerait s'il fallait.
Au moins, une chose était sûre, c'est qu'il faisait frais. La jeune fille prit une grande bouffée d'air, et apprécia que l'air qui gonflait ses poumons n'était pas brûlant. Et puis elle était avec Suguru. Chaque moment passé avec lui faisait fondre son cœur – elle les chérissait tous, bien que platoniques.
Peut-être que ça n'était pas une si terrible idée, cette expédition. Peut-être qu'elle pourrait enfin essayer de faire changer les choses.
Un bruit de verre cassé résonna dans l'immeuble.
Et Annaëlle regretta chacune de ses dernières pensées.
Elle eut un mouvement de recul, son aorte lâchement quittant sa place pour tomber droit dans ses chaussettes. Sa gorge se serra, et après avoir bondi en arrière, elle se colla contre Geto – au cas où. Quelque chose aurait pu venir de derrière, après tout. Suguru était crispé lui aussi – c'était pas commun ce genre de situation, même en urbex.
« On va vraiment en avoir des choses à raconter, murmura-t-il entre ses dents, sa mâchoire tendue.
— Tu rigoles ?! Viens, on s'en va ! le pressa l'adolescente, tirant sur son t-shirt sans trop de force – elle n'avait pas envie de le détendre – pour essayer de le convaincre.
— Bah non, on va aller voir, c'est le but du truc, raisonna son ami, comme si c'était logique.
— T'es complètement fou ! s'étrangla-t-elle. »
Et pourtant, elle ne se voyait pas faire demi-tour toute seule après s'être tellement enfoncés dans cette usine. Sceptique et franchement inquiète, Annaëlle secoua la tête et se décida à le suivre malgré son cerveau qui lui criait de s'en aller.
Geto attrapa sa main fermement. Peut-être était-ce pour la rassurer, peut-être était-ce pour qu'il ne se perdent pas. En tout cas, ses joues virèrent au vermillon et elle se sentit pâmer. Décidément, ça n'était pas compliqué de trouver du bon dans cette situation.
Et ça l'empêchait en plus de continuer de machinalement se ronger les ongles.
Les mains entrelacées fermement, Geto la guida à travers les escaliers qui menaient au premier étage. Avant de trop s'aventurer, il décida de jeter un coup d'œil en haut des marches, histoire de voir s'il y avait quoi que ce soit.
« Je vois rien, avance, lui chuchota Annaëlle. De la marche où elle se tenait, elle, du haut de son mètre cinquante-trois, ne voyait clairement pas le haut des escaliers. »
Comme Geto n'avança pas plus, elle se décida toute seule à monter quelques marches afin d'être capable d'avoir le premier étage en champ de visu à son tour.
C'est là qu'elle le vit. C'était sûrement un SDF, un pauvre homme qui n'avait pas de toit, mais sur le coup, alors que son regard osa croiser celui de l'inconnu, son sang ne fit qu'un tour. Son souffle resta coincé dans sa trachée, et, rattrapant la main de Geto dans la hâte, elle dégringola les escaliers quatre à quatre.
Elle ne se souvenait pas déjà avoir couru aussi vite.
« Cours ! s'écria-t-elle pour que Suguru presse le pas. »
Il était hilare. C'était d'autant plus rageant. Il n'y avait rien de drôle dans cette situation !
Une fois sortis, les jambes flageolantes, elle resta recroquevillée dans le buisson où Geto avait caché son vélo, peinant à reprendre son souffle.
Son ami lui jeta un regard amusé.
« C'est assez drôle de te voir autant paniquer.
— Ta gueule, j'ai eu super peur, il peut être dangereux ! »
En voyant qu'elle ne rigolait pas du tout, il vint s'accroupir à ses côtés.
« C'est rien, il aurait rien fait de toute manière, tu sais que je l'aurais pas laissé faire quoi que ce soit.
— Parce que monsieur est champion de boxe, se moqua-t-elle, sarcastique. »
En réponse, il lui adressa un sourire épuisé. Son pouce traçait des cercles sur le dos de sa main, doux, rassurants. Cela suffisait à apaiser le cœur d'Annaëlle, et pourtant en même temps, ça le faisait s'affoler.
« Là ça te fait un truc à raconter sur ton été, en plus, souligna-t-il, et il passa son bras autour de ses épaules, C'était fun. C'est fun, en tout cas. De faire ce genre de trucs avec toi. »
L'adolescente ne savait pas vraiment comment répondre. Alors, elle resta silencieuse, appréciant sûrement un peu trop l'attention qu'il lui portait.
« On devrait sortir plus comme ça.
— Dans des endroits abandonnés ? railla-t-elle, pas vraiment pour son idée.
— Non, juste faire des trucs funs tous les deux comme ça. »
La brune resta muette. Elle tourna la tete pour l'observer, les yeux plissés. Ils étaient bien proches.
« On dirait que tu me proposes un date, fit-elle remarquer, le ton rieur. Il valait mieux le dire sur le ton de la rigolade, parce que son cœur battait trop la chamade et elle ne s'en remettrait pas si elle causait un affreux silence gênant parce qu'elle paraissait trop sérieuse.
— Eh, qui sait. »
Là, il y eut un silence. Annaëlle continua de le fixer, les joues affreusement rouges, avec une furieuse envie de commencer à s'arracher les ongles. Elle avait besoin de quelque chose à triturer, à casser. Ses mains ne faisaient rien, c'était terrible. Geto détourna le regard, visiblement un peu gêné.
« On pourrait juste aller au marché de nuit ... Un truc comme ça ... marmonna-t-il en regardant ailleurs, l'air vaquant. »
Et Annaëlle savait qu'il la connaissait. Il la connaissait suffisamment pour savoir que cette idée lui plairait plus que tout. Elle finit par sourire, fébrile.
« Ça me plairait beaucoup, finit-elle par répondre, en se relâchant un peu contre son étreinte. »
Elle ne le vit que partiellement, le faible sourire que Geto arborait alors qu'il lui répondait par un maigre « cool ». Elle préféra rester contre lui en silence, pour calmer ses émotions flambant dans sa poitrine jusque dans ses extrémités.
Comme deux petits ratons, ils restèrent assis contre le mur de l'usine désaffectée un bon moment, caché par les herbes touffues, à apprécier la compagnie et le contact de l'autre qui, maintenant, n'était sûrement plus tant platonique que ça.
くコ:彡
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One-shot pour annaa_elle j'espère qu'il te plaît 🦦
Je m'y suis pris bien tard donc je t'ai pas demandé ton avis sur tout ce qui était urbex tout ça, ce qui faisait peur, mais j'espère que j'ai pas trop charcuté ta personnalité 😭💙
Je me suis pas relu en plus, j'espère y'a pas trop d'incohérences ou fautes de frappe, mais je sais pas quand je serais là cet après-midi et j'ai peur des bugs de Wattpad avec les images et tout, donc je le balance directement 😰
Love, Eli
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