Hôpital
Pyong Li-Ah errait dans les couloirs immaculés de l'hôpital. Elle devait y rester quelques heures afin de soigner une fracture au poignet, mais l'attente de sa prise en charge la dérangeait. Li-Ah était une fille impatiente.
Elle passait devant les différentes chambres, se promenait à sa guise dans le rez-de-chaussée. Des personnes assez âgées la saluaient parfois, d'autres étaient profondément endormis et étaient branchés à un tas de machines qui faisaient du bruit.
Li-Ah n'aimait pas vraiment ces machines, elle avait l'impression qu'elles vivaient à la place des gens. C'était bizarre.
Elle trouva une fenêtre qui menait sur l'arrière cour de l'hôpital. Il pleuvait des cordes, et le sol goudronné était noyé de flaques reflétant le ciel gris.
Sous la pluie, assis dans un fauteuil aussi gris que le ciel, un jeune garçon restait immobile. Li-Ah fit signe à ses parents qu'elle allait dehors, mais ils n'y firent pas attention.
Après avoir attrapé un petit parapluie gris, Li-Ah sortit. Le garçon devait être légèrement plus âgé qu'elle, d'un an ou deux. Il portait un pyjama bleu-gris, et il frissonnait.
« Tu as froid ? »
Le garçon leva les yeux vers elle. Li-Ah lui tendit son châle orange, qu'elle portait par dessus sa chemise blanche, et la posa sur ses genoux.
« Tu auras moins froid comme ça. Enroule toi dedans si tu veux. »
Le garçon secoua la tête et plia le châle sur ses genoux. Il restait silencieux, alors Li-Ah poursuivit.
« Je m'appelle Pyong Li-Ah. Et toi ? »
Le garçon baissa la tête. Il semblait vouloir rester seul. Toutefois, il répondit.
« Mi Sang-Ki. »
Li-Ah sourit et se mit à sa hauteur pour attirer son regard.
« Et dis moi, Sang-Ki, qu'est ce que tu fais dans un fauteuil roulant ?
Sang-Ki haussa les épaules, contrarié.
« Mes jambes ne marchent plus. »
Li-Ah se releva, interloquée. Comment faisait-on si des jambes ne voulaient plus travailler ?
« Mon papa dit toujours que si quelqu'un est trop fatigué pour travailler il faut lui donner des vacances. Peut-être que tes jambes prennent des vacances, elles reviendront travailler après ! »
Sang-Ki n'avait pas l'air convaincu, mais il sourit. Li-Ah sourit à son tour, fière d'elle.
« Les médecins disent que je ne remarcherai jamais, soupira Sang-Ki.
- Ils disent n'importe quoi ! Ils ne peuvent pas savoir quand tes jambes auront eu assez de vacances. C'est imprésivible. »
Sang-Ki rit, cette fois-ci, et Li-Ah s'en félicita encore même si elle ne voyait pas vraiment ce qu'il y avait de drôle.
« On dit imprévisible, pas imprésivible, lui fit remarquer Sang-Ki, toujours souriant.
- C'est ce que j'ai dit. »
Li-Ah fit mine de bouder, ce qui fit encore rire Sang-Ki.
Non loin, un enfant passa dans la rue bordant l'hôpital en courant avec ses parents. Il semblait incroyablement heureux. Sang-Ki, en l'apercevant, perdit toute forme de joie.
Li-Ah voulait le revoir sourire. Elle ne supportait pas cet air mélancolique qu'il avait avant leur rencontre. Elle ne le connaissait que depuis quelques minutes, mais quelque chose la poussait à se soucier de lui.
« Je suis sûre que tu peux aller bien plus vite que lui à la course », lança-t-elle.
Sang-Ki croisa les bras et détourna le regard, vexé.
« Je ne peux pas courir, idiote.
- Je n'ai jamais dit que tu devais courir. »
Espiègle, Li-Ah attrapa les poignées du fauteuil roulant et se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait. Les roues du véhicule chassaient les flaques sur leur passage, les éclaboussant d'eau de pluie glacée.
Sang-Ki se mit à crier, un cri de bonheur, un cri de libération. Li-Ah avait mal au poignet, mais elle poursuivit sa course en ignorant le froid et la douleur.
Bientôt, l'épuisement la força à s'arrêter et Sang-Ki éclata de rire.
« Wow ! On peut recommencer ? S'il te plaît Li-Ah ! »
Li-Ah avait froid, Li-Ah avait mal, mais Li-Ah avait envie de continuer. C'était la première fois qu'elle avait ce pouvoir sur quelqu'un, et elle refusait de le laisser tomber.
« Li-Ah ? Li-Ah, viens ici, tu vas attraper froid ! »
À l'abri dans le hall de l'hôpital, ses parents l'appelaient. Mais Li-Ah ne voulait pas rentrer. Elle voulait rester sous la pluie, avec Sang-Ki. Celui-ci lui agrippa le bras, les yeux larmoyants.
« Tu reviendras me voir ? S'il te plaît, Li-Ah... »
Li-Ah avait du mal à réfléchir. Elle avait trop froid, la pression de Sang-Ki sur son poignet lui faisait mal.
« Oui. C'est promis. »
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