Le blind date

Je fais le pied de grue devant l'Isle de Garde, petite microbrasserie située rue Beaubien en me demandant si c'est réellement une bonne idée ce blind date. Je ne peux pas croire que je me sois laissée amadouer par ma sœur. Célibataire depuis plus de deux ans, je ne me plains pas de ma « condition », au contraire, celle-ci me permet de vivre ma vie comme je l'entends et de m'occuper de moi, de mon travail et de mes amis, mais Karine ne le voit pas de cette façon.

— Julie, fais-moi plaisir et vas-y, tu vas voir, Éric est parfait pour toi, poursuit-elle. Je suis certaine que vous allez bien vous entendre.
— J'peux pas croire que tu m'fasses ça. Tu sais que je DÉTESTE ce genre de chose, grogné-je. C'est maman qui t'a mis ça dans la tête je suppose?

Ma petite sœur se contente de sourire. Jolie jeune fille aux cheveux roux, ma benjamine tente, depuis longtemps de me « sauver », même si je n'en ai jamais fait la demande et qu'elle fait tout ça pour rien, parce qu'au fond, je m'en contrecrisse. J'ai toujours été indépendante et jamais je n'ai laissé un homme me dicter quelque conduite que ce soit. Je souffle un coup et sors mon cell pour relire une centième fois le courriel maudit.

[De : Éric Crépaud
À : Julie Tanguay
Sujet : Date

Salut Julie,

Je t'attendrai à l'Isle de Garde, mardi soir à 18 h. Pour que tu puisses me reconnaître, il y aura une rose blanche sur la table.

À bientôt,
Éric]

Quétaine en plus, tu l'as vraiment bien choisi Karine, pas merci.

La porte de la microbrasserie s'ouvre sur les grondements sourds des convives à l'intérieur, des verres qui tintent et des discussions feutrées. Quand faut y aller, faut y aller. J'inspire un bon coup et m'engouffre à l'intérieur. Mes yeux s'habituent à lumière ambiante et cherchent la fleur maudite sur une des tables. Les cuves métalliques où la bière repose se marient au look industriel des lieux. De larges poutres en bois traversent les plafonds et viennent se fondre aux murs de grès.

J'avance lentement, scrutant les tables de bois laqué, essayant d'être le plus subtile possible à la recherche de ma blind date, que j'aperçois finalement, au fond de la salle. Le nez dans un menu, la rose blanche à ses côtés, je me permets de l'observer avant de me joindre à lui. Brun aux cheveux mi-longs, il porte un jean foncé et un pull cramoisi. Le tout agrémenté de bottes de cuir tanné noires.

Arrivée près de lui, je me racle la gorge.

— Éric? demandé-je doucement.

Deux iris verts se lèvent sur moi et un sourire tout à fait charmant allume le visage de l'inconnu, qui se lève et m'accueille.

— Salut, t'es Julie? T'as pas eu trop de difficultés à me trouver?
— Non, ça va, la rose était bien en évidence, réponds-je avec un petit sourire gêné.
— Tu veux t'assoir?
— Oui, merci.

Je me félicite mentalement d'avoir opté pour un look simple et décontracté, ma blouse marine met en valeur mes yeux gris, tandis que la jupe anthracite et les talons hauts allongent ma silhouette. Je prends place face à lui et détaille son visage. Deux pommettes saillantes agrémentées de jolies fossettes me font de l'œil. Mon examen continue sur sa mâchoire où repose une barbe de quelques jours. Un nez fin et légèrement relevé et deux émeraudes bienveillantes complètent le tout.

Ok petite sœur, un point pour le physique, bravo!

Éric me regarde, un demi-sourire aux lèvres. Oups, je ne suis peut-être pas si subtile que ça finalement. Je réponds à son sourire, gênée d'avoir été prise en flagrant délit.

— J't'avoue que j'ai pas été super emballé quand ta sœur m'a approché pour me proposer une date avec toi, énonce-t-il.
— M'en parle pas, il y a dix minutes encore, je me demandais si j'allais entrer ou pas dans le pub, réponds-je en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Ça fait longtemps que tu travailles avec elle?
— Un peu plus de trois ans, mais à l'époque j'étais encore marié.

Danger! Danger! Il va me parler de son ex dans 3, 2, 1.

— Mais je ne suis pas venu ici ce soir pour parler de mon ex, me dit-il en me tendant le menu de bière. Tiens, tu peux faire ton choix et on aura la soirée pour apprendre à se connaître un peu mieux.

Je lui souris et prends le menu, puis choisis une bière blanche de saison. Une fois la commande donnée, nous passons les heures qui suivent à parler de nos vies, de nos emplois et de nos amis. À mon plus grand étonnement, la conversion coule aussi facilement que l'alcool et je ne vois pas le temps passer. Un rapide coup d'œil sur mon cell m'indique qu'il est déjà 22 h.

— T'aurais envie de continuer la soirée ailleurs?

Mais qu'est-ce qui te prend Julie?

Je ne sais pas si c'est la bière, la compagnie, les deux peut-être, mais je n'ai pas envie que ça s'arrête tout de suite.

— J'habite à cinq minutes d'ici, t'as envie de venir prendre un dernier verre chez moi? me demande-t-il avec deux grands yeux qui sondent mon âme.
— C'est pas dans mes habitudes, mais oui, j'ai envie d'aller prendre un dernier verre avec toi.

Il se lève et s'occupe de régler l'addition, et ce, malgré toutes mes protestations, puis nous quittons le bar et nous dirigeons vers son appartement en silence. Beaubien est plutôt tranquille, normal me direz-vous, nous ne sommes qu'en début de semaine. Nous passons quelques marcheurs et plusieurs chiens avant d'arriver devant un duplex en brique brune.

— C'est ici, m'indique-t-il en sortant un trousseau de clés d'où pend un rubicube.

Il ouvre la porte et m'invite à passer devant lui avant d'allumer une série de lumières. Je me retrouve dans un petit portique où sont installés un banc d'église et un panier rempli de journaux. En avançant un peu plus, je découvre de vieux planchers de bois grinçants et des murs peints dans les tons d'orangés et de bleus. L'atmosphère y est douce et accueillante et je m'y sens instantanément bien. Éric m'invite à passer au salon et à prendre place sur le sofa beige qui trône au milieu de la pièce agrémentée d'un système de son, de plusieurs bibliothèques remplies de livres et de bandes dessinées et d'un écran géant de 52 pouces.

— Je vais nous chercher deux bières, fais comme chez toi, me dit mon hôte.

Il n'en faut pas plus pour que j'aille fouiner du côté de ses grosses bibliothèques en bois. J'y retrouve certains de mes auteurs favoris, Jean-Jacques Pelletier et Louise Penny, mais il y a aussi des bandes dessinées de superhéros. Mais enfin, c'est de la sorcellerie...

Karine, Karine, Karine, tu devras m'expliquer...

Éric revient avec deux verres et deux blanches. Il rigole doucement en me voyant et replace délicatement une mèche rebelle derrière son oreille après m'avoir tendu mon verre.

— Tu vois des trucs qui t'intéressent?
— Plutôt oui, ris-je. J'ai à peu près les mêmes à quelques exceptions près.
— T'es sérieuse? me dit-il surpris.
— Oui, tout à fait. Jean-Jacques Pelletier et Louise Penny sont deux auteurs que j'affectionne particulièrement. C'est à croire que ma petite sœur avait planté des caméras chez toi, rigolé-je.

Un petit sourire malicieux aux lèvres, il m'indique le divan où il va prendre place. Je me joins à lui pendant qu'il choisit une playlist sur son iPhone.

— Louis-Jean Cormier? Bon choix... Serais-tu parfait Éric? demandé-je suspicieuse.
— Oh combien j'aimerais te répondre oui, mais ce n'est pas du tout le cas, répond-il en prenant une gorgée de bière.

Je lui souris puis regarde les différents cadres et photos qui jonchent les murs du salon tout en me délectant du breuvage amer qu'il m'a servi. Finalement, je passe une excellente soirée et je n'ai pas envie qu'elle se finisse. Éric m'étudie, un sourire dans les yeux, il faut dire qu'à regarder partout comme une curieuse, je dois avoir l'air d'une enfant.

— Excuse-moi... j'entre chez toi et je fais ma senteuse, c'est pas hyper reluisant mon affaire.

Il secoue la tête en riant un peu, un joli petit rire frais et invitant.

— Au contraire, débute-t-il, il y a longtemps que je n'ai pas eu une femme aussi sexy que toi dans mon salon, ça fait du bien.
— Arrête, je suis certaine que tu n'as qu'à claquer le petit doigt pour qu'elles tombent devant toi.
— Mmmm...
— C'est ce que je disais, réponds-je avec un clin d'œil.
— Je passe ton test au fait?

Euh, mais ça sort d'où ça?

Je rougis malgré moi et regarde le fond de mon verre, ne sachant pas quoi répondre exactement.

— Tu passais un test? fis-je l'air de rien.
— Fais pas comme si je disais n'importe quoi.

Je secoue la tête en souriant.

— On va dire oui.
— Rien que ça, finit-il en se rapprochant dangereusement.

Je hoche la tête, plongeant mes yeux dans les siens, gênée. Il est beau, il est célibataire et j'en ai envie. Un mince sourire aux lèvres, je comble la courte distance entre nous et l'embrasse doucement. Le contact de ses lèvres me fait frissonner, c'est bon signe. Me reculant, je le scrute, question de voir une ouverture. Éric, bienveillant, prend mon verre et le dépose sur la table avant de poser une main sur ma nuque et me rapprocher à nouveau de lui. Ses lèvres s'entrouvrent et sa langue part à la découverte de ma bouche, caressant la mienne, tantôt lentement, tantôt brusquement. Nos respirations s'accélèrent alors qu'Éric me prend et me dépose sur ses cuisses, passant ses mains sous ma chemise. Elles sont chaudes, douces et ma peau se gorge de chair de poule alors qu'une nuée de papillons prend son envol dans le creux de mon ventre. Sa bouche dévie dans mon cou et un petit gémissement passe la barrière de mes lèvres pendant que mes mains passent sous son chandail et que mes ongles s'impriment dans ses abdominaux ce qui me vaut un grondement et une morsure en représailles.

— Et si on continuait dans la chambre, susurre-t-il en mordillant mon lobe d'oreille.

Merde, est-ce que je me suis rasée? Sérieux Julie, c'est à ça que tu penses en ce moment...

Je hoche simplement la tête et fonds sur ses lèvres, le fouillant à nouveau tandis que lui me lève et me transporte dans le corridor vers sa chambre, comme si je ne pesais qu'une plume. Utilisant son pied pour pousser la porte, il s'avance et me dépose délicatement sur sa commode. Pendant qu'il retire son t-shirt, je me permets d'observer la pièce autour de moi. Celle-ci est sobre, tous les murs sont crème sauf celui du fond qui est indigo. Mis à part la commode sur laquelle je suis perchée, un lit queen au milieu et deux tables de chevet viennent finir d'habiller le décor.

— Ma chambre passe ton examen? sourit Éric.
— Tout est parfait, rougis-je alors qu'il me détaille avec appétit.

Je ne me suis pas sentie aussi sexy et désirée depuis... je ne sais pas combien de temps. Se rapprochant à nouveau, il déboutonne lentement ma blouse, puis ses mains remontent le long de mes jambes me faisant frissonner de plaisir.

Ok c'est bon, je me suis rasée ce matin finalement. Mais ta gueule!!!

Je lui souris, laissant les papillons prendre leur envol.

— Ça fait un bout de temps qu'une fille est passée chez moi, me dit-il un peu gêné.
— Si tu savais comme je m'en fous.
— Ok, j'arrête de parler, continue-t-il en recommençant à embrasser mon cou.
— Quelle excellente idée! conclus-je alors que mes jambes viennent s'enrouler autour de ses hanches.

Ses mains viennent défaire l'agrafe de mon soutien-gorge et libèrent ma poitrine. Il me mentionne à quel point je suis belle, mais je ne l'entends qu'à moitié trop concentrée sur mon propre plaisir. Mes doigts explorent son dos et ma bouche dépose de délicats baisers sur son cou et ses épaules. Lorsque j'arrive à sa ceinture, je m'arrête et décide de passer devant pour masser la bosse bien visible de son pantalon. Souriant, je le regarde, coquine. Éric grogne et pince mon téton entre son pouce et son index tout en le faisant rouler. Je feule de bonheur et ça le fait sourire. Retirant mes mains, il défait la boucle de sa ceinture et déboutonne son jean avant de le descendre et ainsi libérer son érection. Je me mords la lèvre, il est divin. Je laisse ma main glisser de son épaule à ses abdominaux avant de prendre sa queue gonflée d'une main assurée. Je commence à le masser vigoureusement, le sentant durcir encore plus. Son regard ancré au mien me dit que je vais payer pour cet affront.

Oui, vas-y, fais-moi payer... cher et plusieurs fois.

Un sourire malicieux aux lèvres, il se défait de mes jambes et les ouvre avant de venir caresser ma vulve humide qui n'attendait que lui. Un gémissement sourd m'échappe quand deux longs doigts repoussent ma culotte et s'insinuent lentement dans mon vagin commençant un va-et-vient soutenu, tout en titillant mon clitoris de son pouce.

Merde, il a du doigté le salaud!

Souriant de toutes mes dents, je continue de le masturber pendant qu'il s'occupe de moi. De ma main libre, je prends son menton et l'attire vers moi, mordant sa lèvre inférieure avant d'insinuer ma langue dans un baiser langoureux et lancinant. Sentant une douce chaleur poindre au creux de mes reins, je me contracte autour de ses doigts alors qu'une vague de plaisir intense me chavire.

— Oui! Encore!!

Il m'accompagne tout au long de mon orgasme, un fin sourire satisfait ourle ses lèvres.

Tu ne paies rien pour attendre mon coco...

Il retire ses doigts très lentement, les goûte, puis me reprend pour me déposer sur son lit. Cet homme est incroyable, me faire jouir n'aura pris que quelques minutes. Encore bouillante de désir, je le regarde me retirer ma jupe puis ma culotte. Il m'embrasse les chevilles en remontant doucement avant de venir s'installer entre mes cuisses, la tête plongée dans ma poitrine qu'il masse, mord et suce. Je plonge mes mains dans ses cheveux et les tire alors que la ligne entre la douleur et le plaisir est maintenue.

— Merde Éric, tu vas me rendre folle, soupiré-je.
— C'est le but de l'exercice ma belle, me lance-t-il, fier de lui.

Il embrasse mon cou, ma mâchoire puis mes lèvres avant de s'étirer et d'ouvrir le tiroir d'une des tables de chevet. Je me lève sur un coude, le regarde par en dessous et mordille ma lèvre pendant qu'il déchire l'enveloppe du préservatif qu'il est allé chercher et qu'il le déroule lentement sur sa queue. Le regard lubrique, il revient vers moi.

— T'as envie de te retourner Julie?
— Absolument! réponds-je excitée.

Je me retourne et monte mes fesses, tout en laissant le haut de mon corps près du matelas. Comment a-t-il su que c'était l'une de mes positions préférées? En même temps, je suis loin d'être la seule femme à aimer se faire prendre par-derrière hein. À croire que je suis prévisible. Je sens ses mains sur mon dos, elles glissent et me caressent, prenant leur temps et mon cerveau me quitte momentanément.

— Ta peau est douce, t'es vraiment magnifique Julie...

Je ne réponds pas, mais j'aime savoir que je lui plais, ça me fait mouiller encore plus. Arrivées à mes fesses, ses mains les serrent et il grogne.

— Tu peux les taper si t'en as envie, je n'ai aucune objection, bien au contraire.

Mais qu'est-ce qui te prend fille, c'est un étranger, comment peux-tu être aussi à l'aise? On s'en fout Julie, profite.

Il n'en fallait pas plus pour qu'un retentissant son de fessée enveloppe la pièce. Je gémis de plaisir pendant qu'il en profite pour me pénétrer d'un geste lent et précis. Me laissant quelques secondes pour bien le sentir, il me caresse et tape l'autre fesse avant de commencer un doux va-et-vient. Ses poussées sont soutenues et habiles, je sens ses testicules se cogner contre moi et j'adore ça. Je m'arc-boute alors qu'il plante ses ongles dans la chair de mes hanches et que nos peaux claquent l'une contre l'autre. Nos gémissements et nos respirations erratiques meublent l'espace et le temps. Ses mains passent sous mes seins et il me remonte pour me coller à lui. Les papillons sont furieux et se livrent bataille dans mon ventre pendant que je sens à nouveau la vague de plaisir monter. S'en rendant compte, mon partenaire glisse un doigt sur mon clitoris et le titille sans relâche. Je m'arque et me délite entre ses bras, échappant un cri de plaisir.

— C'est bon!! Oui...

Me retenant contre lui, il augmente la cadence de ses assauts et me martèle encore et encore jusqu'à ce qu'il se tende, qu'il me morde et qu'il jouisse dans un grondement avant de s'effondrer au-dessus de moi. Repue et satisfaite, je ris doucement alors qu'il se lève et se défait du condom avant de revenir vers moi.

Faudra penser à remercier ma petite sœur pour ce coup.

— T'as envie de rester? me demande-t-il doucement.

Bonne question... pourquoi pas, un peu de chaleur humaine, ça fait toujours du bien.

— Oui, je veux bien, mais te fais pas d'idée? souris-je.
— Aucune.

Je soupire d'aise et me love dans ses bras. Au petit matin, après avoir peu dormi, je l'embrasse une dernière fois, me rhabille et rentre chez moi. Laissant la rose sur sa table de chevet avec un petit mot.

Merci, c'était parfait!

***

Entête : Sex on fire - Kings of Leon

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