— C'est là. Je me dis tout en observant le grand bâtiment où je m'apprête à entrer.

Ce bâtiment, appartenant à l'agence BigHit Entertainment, c'est celui où travaille mon meilleur ami Hoseok. Nous nous connaissons depuis l'enfance et malgré nos orientations professionnelles bien différentes ainsi que nos emplois du temps chargés nous avons réussi à rester en contact. Nous arrivons de temps en temps à trouver des trous dans nos emplois du temps respectifs et à nous voir. Cependant, ça arrive de plus en plus rarement en raison d'un gros projet qu'il prépare avec le reste de son groupe. Il n'a pas voulu m'en dire plus, en tout cas par message écrits ou vocaux. D'après lui, ce n'était pas encore assez développé pour qu'il puisse l'annoncer aux fans de son groupe de musique – que lui et les autres membres ont baptisé les ARMYs, mais il tenait quand même à me faire part de ce qu'ils ont commencé, car « j'ai parfois beaucoup de mal à garder les surprises », comme il dit.

Je détache ma ceinture de sécurité et sors de mon véhicule. J'ouvre la grande porte d'entrée et me dirige vers l'accueil, ceci afin de signaler ma présence et ne pas être prise pour une personne n'ayant aucunement sa place ici. Une femme d'un âge avancé située au bureau d'accueil entend mes pas qui résonnent quelque peu, puis lève la tête. Elle esquisse un sourire en me voyant. Elle me reconnaît.

— Bonjour, vous allez bien ? Me demande-t-elle.

— Oui, je vais bien, et vous ? Je lui réponds poliment.

— Oui, merci. Hoseok est encore en haut, si vous voulez le voir. M'annonce-t-elle en chuchotant ces derniers mots, me connaissant, ayant l'habitude de ma requête mais surtout pour ne pas trop attirer l'attention sur nous.

— D'accord, merci beaucoup.

La femme s'apprête à dire quelque chose mais je la coupe, sachant pertinemment ce qu'elle va me demander.

— Et j'éviterai de le déranger s'il n'a pas fini, ne vous en faites pas.

Elle sourit à ma remarque.

— Bien entendu. Bonne fin de journée. Vous savez où aller.

Je lui rends sa salutation puis me dirige vers des couloirs que je connais bien grâce aux quelques visites que j'ai déjà rendues à mon ami. Je traverse les différents couloirs pour prendre l'ascenseur, n'ayant ni le courage ni l'envie d'emprunter les escaliers – même si ma plus grande source de découragement est le grand nombre d'étages à gravir avant d'arriver au bon. J'appelle l'ascenseur puis rentre dedans après quelques instants d'attente, et appuie sur le bouton correspondant à l'étage où se situe la salle de danse d'Hoseok.

L'attente et le trajet jusqu'à la salle de danse de déroule dans un – apparemment imperturbable – silence. Mes jambes me guident naturellement vers le probable endroit où se trouve mon ami et je finis pas accélérer le pas lorsqu'une musique étouffée parvient à mes oreilles. Une fois devant la fameuse porte, j'entrouvre cette dernière le plus silencieusement possible, de manière à jeter un coup d'œil discret et de pouvoir la fermer rapidement si besoin.

Sans grande surprise, je vois du coin de l'œil Hoseok à l'autre bout de la salle en train de refaire une série de mouvements en rythme avec la musique. Il est tellement concentré qu'il ne semble pas remarquer que la porte n'est pas complètement fermée. Cependant, Namjoon est également présent dans la salle en train de pratiquer, et contrairement à mon meilleur ami, ce dernier m'a remarqué et me fait un clin d'œil et un léger hochement de tête pour me signaler qu'il m'a vu et qu'il préviendra Hoseok. Je hoche également la tête dans sa direction d'un air entendu puis ferme doucement la porte.

Je me dirige finalement dans la pièce de travail de mon meilleur ami pour m'installer sur une chaise, ayant du mal à rester debout. Une fois mon corps posé sur la chaise à roulettes, je prends l'initiative d'écrire un mot pour expliquer à Hoseok que j'ai voulu lui rendre une visite, au cas où le temps d'attente soit trop long.

Je saisis d'une main un stylo aléatoirement posé sur la table et le bloc de post-it de l'autre. Mes mouvements ont fait bouger la souris de l'ordinateur, ce qui retire subitement l'écran du mode veille dans lequel il devait être plongé. Je lève les yeux pour chercher la source de cette lumière puis, par curiosité, décide de jeter un simple coup d'œil à ce qu'il était en train de faire. L'ordinateur affiche la demande du mot de passe. J'hésite quelques secondes avant de taper un mot de passe qu'Hoseok avait l'habitude d'utiliser quand nous étions en salle informatique.

« coucou18294 »

À ma grande surprise, celui-ci fonctionne, ce qui me fait esquisser un petit ricanement moqueur.

— T'as gardé les bonnes vieilles habitudes à ce que je vois. Je murmure avec un sourire en coin.

Une fois le mot de passe validé, mon attention se reporte sur l'écran de l'ordinateur, qui affiche maintenant une interface de logiciel de création de musique. La piste audio semble quasiment – voire totalement – achevée.

Ma personne étant dotée d'une nature bien trop curieuse et la tentation étant trop forte, je positionne le casque déjà branché à l'ordinateur sur mes oreilles et dirige la souris vers le bouton « Lecture », pour écouter ce que ça donne.

🎶 Vous pouvez démarrer la musique 🎶

Après les quelques premières secondes instrumentales, c'est la voix de mon meilleur ami qui parvient jusqu'à mes oreilles. Il rappe très bien – sans grande surprise – et un sourire reste affiché sur mon visage à l'écoute de sa voix. Sourire qui peine à rester lorsque je prête attention au texte qu'Hoseok a décidé d'interpréter.

Les paroles sont tout sauf dénuées de sens et racontent une histoire bien triste. Celle d'une personne qui rêve d'un moment où il ne serait plus obligé de faire bonne impression, de sourire, de montrer une bonne image de sa personne. De pouvoir s'échapper de la vie qu'il mène, de pouvoir pleurer et rêver en paix. Et ce monde qu'il voit comme étant paradisiaque n'est malheureusement à ses yeux qu'une rêverie.

Pour que ce texte soit écrit de manière aussi réaliste, ça veut dire que ça a forcément été vécu. J'ai bien peur que ce soit le cas d'Hoseok.

Cette simple pensée rend ma vision trouble à cause des larmes qui surgissent petit-à-petit. Je le savais que la vie d'un visage public, d'une célébrité n'est pas de tout repos. Je sais que de nombreuses personnalités connues sont tombées dans l'alcool et les drogues en tous genres. Je ne réalisais juste pas que mon meilleur ami devait sans doute affronter à chaque instant ces désagréments aussi.

Des visions que je qualifierai d'épouvantables me viennent à l'esprit. Je visualise Hoseok, se cachant dans une pièce à l'écart des autres pour boire, se soûler, se droguer. Il est en pleurs. Son visage a perdu son habituel sourire, devenu caractéristique de sa personne. L'expression présente sur son visage montre bien qu'il n'en peut plus et qu'il est sur le point de tomber, qu'il ne peut plus tenir ainsi très longtemps.

N'en pouvant plus de penser à de telles atrocités, je retire le casque et le pose sur le bureau, la tête abaissée, mes yeux fixant le sol. Un petit toussotement attire mon attention et me fait relever la tête dans sa direction.

Il est là, dans l'entrebâillement de la porte, adossé sur le mur, les mains dans les poches, me fixant de ses yeux qui ne laissent passer à ce moment-là que très peu d'émotion. Il attend sans doute des explications, une réaction de ma part.

Je me sens soudainement coupable d'avoir fouillé dans ses affaires. Après tout, même si nous nous connaissons depuis longtemps et même si nous sommes meilleurs amis, chacun a droit à ne serait-ce qu'un peu d'intimité, de choses qui ne sont dévoilées à l'autre qu'au bon vouloir des deux.

J'essaie de dire quelque chose mais ma gorge se bloque et je n'ai aucune idée de ce que je veux lui dire, alors je m'avance simplement vers lui, le visage empreint de honte comme celui d'un enfant que l'on aurait surpris en train d'avaler un bonbon avant le repas de midi. J'essaye de le regarder dans les yeux mais une fois debout face à mon ami, avec seulement très peu de centimètres d'écart entre nos deux corps, je cède et laisse librement couler mes larmes sur mes joues en le prenant sans réfléchir dans mes bras. Le jeune homme recule légèrement, surpris par mon acte soudain, puis finit par répondre à mon étreinte.

— Je n'ai pas été assez rapide à ce que je vois. Me dit-il au bout d'une dizaine de secondes de silence avec – je le devine – un sourire.

Je souris avant de réaliser ce qu'il vient de dire.

— Oui- Attends, c'était ça la surprise ?

Mon meilleur ami rigole suite à ma réaction digne d'un comportement lunatique. Son rire est contagieux alors je rigole aussi.

— Oui, c'était ça. Par contre je n'ai pas bien saisi ta réaction et j'ai cru comprendre que ça ne t'avait pas plu.

Je cesse tout de suite de rigoler et le regarde d'un air à la fois surpris et choqué.

— Je te demande pardon Hoseok ? Ce que tu as fait était incroyable, je ne veux pas que tu aies de doute là-dessus, est-ce bien clair ? Lui dis-je avec un sourire.

— Oui caporal ! S'exclame-t-il en se mettant en position de soldat au garde-à-vous, hilare.

Pour éviter de déranger plus les personnes autour, je laisse de la place pour qu'Hoseok rentre dans son studio, ferme la porte et s'ensuivent des conversations animées pendant plusieurs heures.

— Qu'est-ce que tu m'as manqué Hoseok. Je pense en souriant.

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