/!\  Avertissement : âmes sensibles... Prudence !!!

Le sang.

L'odeur du sang.

Le goût du sang.

Le froid.

La douleur.

Les liens.

La faim.

La solitude.

C'était tout ce qu'il éprouvait.

La peur, il ne la ressentait plus.

Il n'était plus que l'ombre de lui-même.

Il était allongé sur le flanc, dans une cage à fauve en granit marin cadenassée, nu comme un ver.

La joue écrasée contre le sol glacial, collée par le sang poisseux qu'il avait craché, il avait le corps recouvert de sang séché et le regard éteint. Il avait les mains attachées derrière le dos avec de grosses chaînes, également en granit. Il était complètement immobile.

Dans un silence absolu et une obscurité totale, Ace semblait attendre la mort.

Mais elle ne viendrait pas de si tôt : pour ne pas lui permettre de crever, il recevait un seau d'eau sale au visage un jour sur deux.

Il ignorait depuis combien de temps il était enfermé. Ni où il était exactement : dans un cachot ou au fond d'une cale de bateau ? Il n'était pas capable d'entendre quoi que ce soit.

Ses geôliers n'y étaient pas allés de main forte. Ils le haïssaient.

Ace était le seul survivant de leur attaque. Ils l'avaient fait exprès.

Il n'avait pas été assez fort pour protéger ses camarades.

Les ennemis n'avaient pas été redoutables, mais nombreux et préparés.

Et il n'avait pas fui.

Capturé vivant, emprisonné, ses adversaires avaient commencé par livrer un par un les membres de son équipage rescapés à la Marine... Puis, voyant qu'Ace ne craquait pas, ils avaient crucifiés, noyés, poignardés, égorgés les derniers sous ses yeux.

Les tentatives de raisonnement, les cris, les promesses, les menaces, les pleurs n'avaient eu aucun effet.

Il avait même supplié.

En vain.

Il ne restait plus que lui.

Après lui avoir pris ses compagnons, ils s'étaient attaqués à ce qu'il lui restait. A son corps.

Frappé, entaillé, entravé, fouetté, marqué au fer rouge...

Ses ongles arrachés, ses côtés brisées, ses pieds brûlés, ses muscles perforés...

Il avait tout enduré.

Pour finir, ils s'en étaient pris à sa plus grande fierté.

Son tatouage dans le dos.

La marque de Barbe Blanche avait été souillée. Il n'en restait aucune trace.

Le dos du pirate avait été fouetté jusqu'au sang, sa peau griffée, piquée au tisonnier brûlant, déchiquetée, arrosée à la chaux...

Seule sa langue avait été épargnée.

Tout ça pour le faire parler.

Mais son discours n'avait pas changé. Il ne savait rien. Rien du tout.

Les tortures avaient eu raison de sa résistance.

Il était dénué de force.

Jamais plus il ne reverrait la lumière du jour.

Jamais plus il ne reverrait la mer. Il ne reverrait jamais son petit frère.

Il ne retrouverait jamais sa liberté.

Personne ne le sortirait jamais de cet enfer.

Son aventure s'arrêtait là. C'était fini.

Il le savait car jamais il ne pourrait donner à ses tortionnaires ce qu'ils voulaient. Ça le dépassait.

Il entendit des pas s'approcher de sa prison. Une lourde porte s'ouvrit et quatre hommes entrèrent en ricanant. Prêts à recommencer le calvaire que vivait Ace. En plus d'avoir apporté de nouvelles chaînes et instruments de torture, ils tenaient des torches. Leurs lueurs ne dérangea pas le détenu car il voyait flou de toute façon.

L'un des hommes avança jusqu'à la cage, une bouteille de rhum à la main :

- T'as vraiment une sale gueule, Ace... T'es sûr de vouloir continuer ce petit jeu ?

Il avala de grandes gorgées de sa boisson et en déversa le fond sur les barreaux de la cage, visant le visage du pirate. Ce dernier ne réagit pas.

Le tortionnaire déverrouilla la cage, y entra. Il empoigna les cheveux de son otage et le souleva comme un pantin pour mettre son visage à hauteur du sien. Il éclata sa bouteille vide et mit le tesson tranchant sous la gorge du commandant déchu.

- Maintenant, tu vas me dire tout ce que tu sais sur le trésor de cet enfoiré de Roger...

fin