[One Piece]_«Festin de nuit»
Accompagné de sa sauveuse, Ace passe voir tous ses amis qui étaient prêts à risquer leur vie pour le libérer de la marine.
- Haruta !
- Ace ! Quel plaisir !
- Nous qui avions pensé à un stratagème d'enfer pour neutraliser l'ennemi !
- Venez on lui montre !
- Ouais !
- En position !
- On va impressionner la... Euh ?
Tous les regards se posent sur Hayley, les yeux clos, qui a la tête posée sur l'épaule d'Ace et qui... Somnole debout ! Un silence s'installe. Ace rit.
- 'Faut la comprendre, les gars, elle...
Il ne termine pas sa phrase : sa tête tombe en arrière et il se met aussitôt à ronfler. Debout aussi !
- Commandant !
Ce cri réveille les deux pirates.
- Qu'est-ce qu'on disait ? demande Ace, comme si de rien n'était.
Hayley se frotte les yeux.
- Tu te moques de nous ?!
- Tu t'es endormi !
- Les gars, laissez-le, il doit être exténué... Sa copine aussi.
- C'est pas ma copine... fait Ace, en baillant.
*
- Aller, Squardo, dis "bonsoir" !
- Et "merci" !
Tous insistent ; Hayley doit rencontrer toute la flotte de Barbe Blanche, car chacun a le devoir de la remercier d'avoir secouru l'un des leurs de vive voix ! Toute la Seconde Division est regroupée autour d'Ace et de Squardo qui, séparés d'un mètre, la mine sévère, se toisent du regard, les bras croisés. Tous attendent qu'ils se rabibochent et marmonnent des encouragements pour que chacun fasse un pas vers l'autre. Aux côtés d'Ace, Hayley tend innocemment la main. Squardo la dévisage : sa tête d'ingénue l'agace ! Et puis, il ne la trouve pas particulièrement jolie, il n'a pas très envie de côtoyer cette fille que l'on dit sauvage. Mais il lui faut admettre que ce qu'elle a fait pour son capitaine, pour son père, et ses camarades, ses frères, est remarquable... Fou, imprudent, mais remarquable... Alors, sans sourire, il consent à lui serrer la main :
- 'chanté. maugrée-t-il.
- Allez, les gars, faites un effort !
- On est tous réunis !
Les deux hommes ne se lâchent pas du regard. Ace met son bras sur les épaules d'Hayley pour se donner une raison de ne pas bouger. Squardo remet ses mains dans ses poches. Hors de question pour lui de s'excuser : il a dit ce qu'il avait à dire, c'est injuste qu'on lui ai caché, à lui, l'ascendance de son ami. Ace ne démord pas : il n'a jamais rien fait ou dit contre l'Araignée-Tourbillon, il n'a pas à assumer ce qu'a fait son père biologique par le passé. Et Hayley, elle aimerait bien aller dormir, elle ne comprend pas ce silence. Au bout d'un moment, Marco, exaspéré, saisit les deux hommes par les oreilles et les rapproche d'autorité !
- AÏE !!
- Lâââche-moi, bor...
- Ça suffit vous deux ! Vous avez quel âge ?! L'heure n'est pas à la querelle, mais à la joie des retrouvailles ! Alors, on se comporte en bons pirates, on s'embrasse et on oublie ses différents !!
- Mais, Marco...
- C'est lui qui...
- Taisez-vous ! Une dispute aussi bête n'a pas sa place sur un navire ! Vous vous rabibochez et on oublie, et plus vite que ça ! S'excuser ne définit pas qui a raison ou qui a tort, mais qu'on considère sa relation plus importante que son égo ! Vous êtes amis, oui ou non ?!
Cela dit, il leur donne une grande tape dans le dos, ce qui les rapproche encore d'un pas. Chacun fuit le regard de l'autre. Leurs compagnons les encerclent et attendent. Finalement, sans lever les yeux de ses pieds, Squardo se met à marmonner :
- ... C'est vrai que... Bah... Comme ton père est mort et enterré, alors j'ai plus...
- Mon père, c'est Barbe Blanche.
- Ouais, ouais... Ben, l'autre, je... C'est... Mouais... C'est pas toi qui... Donc, euh... Il se peut que... Qu'il soit probable que... Sur le coup, je me sois un peu... Bref...
- ... Merci d'avoir été là aujourd'hui...
- ... Je serais venu même si j'avais appris la vérité un an ou une heure avant...
Leurs yeux se rencontrent enfin. Ils se sourient un peu. Puis ils se font bien face et échangent une bonne poignée de mains amicale. Des exclamations de joie résonnent sur tout l'océan !
*
- Faisons la fête ! piaillent des pirates de Barbe Blanche.
- Ouais !!
Des instruments sont lancés aux musiciens et une maladroite mélodie résonne bientôt. Les pirates se prennent par les bras et commencent à danser. Usopp et Chopper se joignent aussitôt à eux. Un chahut s'élève. A l'écart, Ace s'assoit sur la rambarde du Sunny, en espérant que personne ne viendra le déranger. Il est très heureux de revoir tous ses compagnons, sains et saufs, mais il se sent trop fatigué pour faire quoi que ce soit. Des images de sa captivité à Impel Down lui reviennent en mémoire... Puis celles sur le navire de Teach... Il sent si faible, si vulnérable... Il plonge sa tête dans ses mains. Concrètement, que va-t-il devenir sur les mers, maintenant que tout le monde sait que le sang du Seigneur des Pirates coule en lui ? Va-t-on le craindre pour son ascendance et non pour sa force ? Attirer sur lui et ses compagnons la haine de tous les marins dont Roger a brisé les rêves ? Le pourchasser, persuadé qu'il connaît la vérité sur le One Piece ?
- Ça va ?
Il relève la tête : Hayley est là, le regard soucieux. Il lui sourit :
- Toujours là pour moi, toi...
Elle se retient de répondre "toujours".
- Je... J'ai besoin d'un peu de calme, je crois...
- ... Suis-moi ! ordonne-t-elle gentiment, après réflexion. Je t'emmène dans mon atelier, tu pourras te reposer.
Curieux de voir son atelier, Ace la suit. A mesure où ils s'enfoncent dans les couloirs du navire, la musique s'atténue. Ils arrivent face à une porte, à côté de l'atelier d'Usopp, en face de celui de Franky. Hayley ouvre la porte et le laisse entrer.
Ace écarquille les yeux : c'est une petite salle carrée, aux murs jaunâtres et à l'étrange sol bleu, comme si c'était une vitre surplombant la mer. Il s'agit en fait d'une fresque représentant les vagues, faite par l'artiste. Ace a l'impression de marcher sur l'eau. A sa gauche, une longue mais étroite table qui suit tout le mur, portée par des pots de peintures usagés, est chargée de feuillets de toutes tailles, de toutes les couleurs. Sur le mur sont crochés des esquisses, des bijoux en bois, des cadres vides. Sous la table, des caisses, remplies de tableaux, et un tonneau rempli de divers cailloux et cristaux. Devant lui, un tabouret et deux chevalets différents. Tout ce qui doit être posé dessus est par terre. A sa droite, un canapé, entouré de deux tables de chevet. L'une est toute désordonnée, pleine de livres jaunis, de feuilles déchirées, un bol débordant de perles colorées et des plumes. L'autre porte un vase avec de grosses fausses fleurs, un pichet en terre cuite et un petit chandelier. Quelques suspensions faites main pendent au plafond.
- Bienvenue ! C'est un peu le bazar. C'est ici que je viens stocker mes créations ou que je veux être au calme. Si tu veux, tu peux rester...
Ace est déjà accroupi sous la table, en train de détailler chaque toiles.
- C'est toi qui as dessiné tout ça ?
- Oui.
- Joli coup de crayon !
Il regarde avec intérêt tous ses travaux. Elle a dessiné Usopp en train de pêcher, Sanji en train d'humer des légumes, Chopper qui dort, les sabres de Zoro... Il s'attarde sur un portait de Luffy, qui observe un poussin avec beaucoup de concentration. Ça change des avis de recherche. Il pense à lui demander de garder ce dessin.
- C'est ta passion, le dessin ?
- Je sculpte, aussi.
Ace fait le tour de la pièce, intrigué par chaque détails de décoration. Il tombe sur un dessin où un garçon, ressemblant beaucoup à Hayley, a le visage effacé. Ils entendent un pas lourd au-dessus d'eux et sourient :
- Ils savent s'amuser...
- Pour un pirate, chaque jour sur les mers est une occasion pour faire la fête.
- Même quand il n'y a rien à fêter ?
- Pas besoin de raison pour célébrer la liberté.
Ace s'intéresse à un carrousel miniature en bois, pendu au plafond, tel un lustre. Il l'effleure du bout des doigts.
- Hum, attends, il n'est pas terminé. Il doit projeter des ombres de toutes les couleurs...
Elle lève les bras et tire sur une petite ficelle. Le carrousel se met à tourner lentement.
- Là, je dois installer des pierres, pour que ça reflète...
Leurs mains s'effleurent...
- ... Mais je ne suis pas inventrice. Je suis plus.. C'est pour la déco et j'aime bien... Euh... J'ai des idées, je les dis à Usopp ou à Franky, puis on imagine la, le, euh, modèle que ça doit avoir... J'aide aussi Nami, parfois, à dessiner quelques schémas cartographiques...
- T'es indispensable à tout le monde, en fait.
Il met machinalement une mèche de cheveux derrière son oreille. L'artiste se contente de sourire en croisant les bras. Ils se regardent dans les yeux.
*
Au même instant, sur le pont du Moby Dick :
- Donc, Jinbei, tu as l'intention de guider ces pirates jusqu'à ton île ? demande Barbe Blanche.
- Oui. Sans Luffy, je serais encore en train de moisir dans cette prison, je lui dois bien ça. J'espère que tu n'as pas peur de la concurrence, car ce p'tit gars et ses hommes sont capables d'accomplir des miracles !
- Mmh...
Edward observe le jeune pirate au chapeau de paille : le cou allongé comme celui d'une girafe, il raconte aux autres son combat contre Gecko Moria, en l'imitant.
- Gamin ! Viens voir un peu...
*
Dans l'atelier, Ace n'arrive pas à détacher son regard de celui d'Hayley. Elle non plus. Elle sourit sans se contrôler. Ace a le visage plus grave, il hésite, mais sans bouger. Il se penche légèrement vers son visage... Si elle ne veut pas, elle peut s'en aller. Il y va très lentement pour cela. Mais elle reste positionnée ainsi, son regard se porte sur le bas du visage du pirate. Ils ont failli mourir aujourd'hui. Cette femme lui a sauvé la vie alors qu'elle ne le connaissait pas. Elle a l'air de l'apprécier, de ne pas être insensible à son charme. Et lui, il la trouve... Idéale : courageuse, étonnante, de longs cheveux soyeux, des yeux immenses brillants comme des bijoux... Elle a un regard si enfantin, si innocent... Et pourtant, elle a le sang chaud et elle est pleine d'attentions. La candeur d'une enfant et la force d'une bête sauvage. Ça se voit, se sent, qu'elle a été grande sœur... Ace sent qu'il a besoin de se sentir en vie... Avec elle. Alors il continue de se pencher. Ses paupières se ferment quand sa sauveuse, ravie, tend progressivement la tête vers la sienne... Il pose, enfin, ses lèvres sur celles qu'il désire tant depuis si peu de temps...
*
- ... Ouais, mais, aujourd'hui, c'est une exception ! Après, je viendrai dans le Nouveau Monde et je vous éclaterai tous la tête !
- Gura gura gura ! Parce que tu penses qu'un microbe comme toi est de taille à affronter le Nouveau Monde ?!
- Pas qu'un peu ! Je me suis laissé dire que tu voulais devenir le Seigneur des Pirates, bah, pas de bol, parce que ce titre-là, je ne le laisserai à personne, il est à moi !
- Quel toupet... J'ai hâte que l'on règle ça !
- On va te faire ta fête ! Tu verras qui est le plus fort !
- Tu affronterais ton frère ?
- Ppffff, j'suis sûr que je pourrais le battre !
- Nos équipages seront donc ennemis dès que nous nous séparerons !
- On vous écrasera !
- On vous attendra !
- On sera les plus forts !
- On ne fera pas de quartier !
*
Ace rompt doucement le baiser échangé avec Hayley. Il se redresse et inspire tranquillement. Il rougit et sourit, gêné :
- Désolé... Je crois que j'en avais envie depuis que...
Hayley ne le laisse pas finir sa phrase : lumineuse, elle place ses mains sur les oreilles d'Ace, se dresse rapidement sur la pointe des pieds et couvre de baisers successifs sa lèvre supérieure, puis sa lèvre inférieure, puis ses deux lèvres... Elle goûte à toute sa bouche comme si elle goûtait un sorbet d'eau sacrée. Toute souriante, sans le lâcher, elle s'écarte un peu de lui et se lèche les lèvres, comme rassasiée.
Ace, le feu aux joues, a, plus que jamais, bien l'intention de vivre sans regret ! Il prend une grande inspiration avant de recoller sa bouche sur celle de sa nouvelle amie et de plaquer son buste contre le sien ! Les mains d'Hayley se perdent vivement dans les cheveux du brun, tandis que les siennes se crispent sur son dos ! Il la saisit sous les fesses et la soulève du sol, pour l'installer sur son bureau. Sans séparer leurs bouches, Hayley enlève sa veste et caresse le torse d'Ace. Ce dernier, envahi de désir, lui arrache son collier et comble son cou de baisers. Il défait ses bandages avec les dents et suce toutes ses petites cicatrices. Hayley gémit. Elle n'a pas le temps d'enlever son haut qu'Ace s'en saisit et l'en débarrasse. Elle écarte les jambes, attrape la nuque du jeune homme et colle leurs deux corps. Sans ouvrir les yeux, mais avec une parfaite précision, elle défait sa ceinture et l'envoie voler.
Elle le veut. Elle ignore si c'est la fatigue ou la beauté de cet homme qui la trouble tant et lui donne cette envie, mais elle est là et ne partira pas avant d'être comblée ! Ace la veut également : est-ce la peur d'avoir frôlé la mort ou la joie d'être finalement en vie, il n'en sait rien, il a besoin de faire ça avec elle. Et tout de suite, par terre s'il le faut ! Leurs langues frétillent comme des queues de serpents. Les poings fermés sur son dos, Hayley s'accroche à lui comme un koala à un arbre, ses puissantes jambes emprisonnent sa taille. A tâtons, Ace se déplace dans l'atelier. Sans cesser d'embrasser l'artiste, il se penche pour enlever son bermuda. Il la colle contre lui à la force de ses bras, l'embrasse passionnément et retire ses chaussures avec ses pieds. Cramponnée, Hayley le tire, pour qu'il avance jusqu'au canapé, où ils se couchent. Sur elle, Ace embrasse la bouche, la joue, l'oreille, le cou, le décolleté, chaque cellule de peau de la jeune femme jusqu'à son nombril. Hayley étire son bras et frappe du poing un bouton dissimulé sur le mur. Le canapé où ils se trouvent commence tranquillement à s'ouvrir, tandis que les deux pirates finissent de se déshabiller.
Ses bandages à moitié défaits, Hayley se jette contre Ace et l'embrasse. Résistants, ils restent un moment nus, dressés sur les genoux, à se dévorer. Puis il la saisit aux épaules et se laisse tomber en arrière, en l'entraînant contre lui. Il ne se contrôle plus. Sa verge est dure et dressée. Il cède au vertige, à cette folie du désir qui lui tord les reins. L'instinct d'Hayley lui intime de se mettre à califourchon sur son entrejambe et elle s'exécute immédiatement. Dans ce lit, ils sont à présent unis. Une merveilleuse douleur envahit Hayley. Elle ouvre grand la bouche et aplatit ses mains sur la poitrine d'Ace. Elle n'arrive même pas à penser. Veut-elle être bercée ou battue par ce si bel individu ? Elle s'allonge sur lui tandis qu'il étouffe un gros râle. Il entoure ses bras autour d'elle et se redresse, la fait asseoir sur lui et, la serrant toujours plus fort, aussi fort que s'il tentait d'étouffer un lion, il enfouit sa tête dans sa longue chevelure argentée et la hume. Affamé, il la fait sautiller sur lui, elle halète bruyamment, il ferme son poing sur sa cuisse. Hayley empoigne les cheveux du pirate et le force à la regarder dans les yeux. Les paupières mi-closes, un sourire jusqu'aux oreilles, il lui embrasse passionnément le menton. Leurs langues se rencontrent à nouveau. Plus que tout au monde, il veut ses lèvres sur sa chair. Il veut l'enfouir en lui autant qu'il se noie en elle. Il veut la saisir, l'emporter... Garder ses hanches béantes sur la dureté de son pouvoir, boire à la pointe de ses seins et s'enivrer de son regard tandis qu'elle s'épuise nonchalamment de jouissance...
Il lui saisit les fesses et la plaque contre le mur. A genoux sur le lit, il donne des coups de hanches maîtrisés qui résonnent dans tout l'atelier et ébranlent les murs. Les orteils agrippés aux draps, les dents serrées, Hayley couche sa tête sur ses bras qui entourent le cou d'Ace. Son gémissement se change en petit cri. Elle caresse son crâne contre le sien. Elle se sent si bien, elle a l'impression de décoller. Elle s'abandonne sereinement à son désir. Son esprit la quitte, elle se laisse faire. Ace l'allonge sur le dos, lui baise le pied, la cheville, le mollet, le genou, l'intérieur de la cuisse... Il se place bien entre ses jambes, avant de donner d'intenses coups de rein. Le dos d'Hayley s'arc-boute, ses mains s'agrippent ardemment aux draps, ses orteils se crispent. Elle pousse un cri aigu aussi vif que l'orgasme qu'elle ressent. Les paupières closes, la gorge calcinée, essoufflé mais heureux comme un roi, Ace tombe sur elle. Enlacés, poitrine contre poitrine, ventre contre ventre, ils sont étourdis par l'émotion et trempés de sueur. Leur combat à Marineford leur semble si lointain et fait pâle figure à côté de cet épuisement... Une larme coule sur un sein, leurs cheveux se collent. Hayley lui fait redresser la tête et plonge sa langue dans sa bouche. Leurs lèvres se cherchent avec la même avidité. Ils sont réunis dans leurs odeurs et l'infinie douceur de leur chaleur. Ils roulent l'un contre l'autre, sur tout le lit, avant de tomber sans ménagement sur le sol !
*
- Oï, Sunny, pourquoi tu tangues comme ça ?! demande Franky, qui vient d'arriver sur le pont. Il n'y a pas de vent. C'est quand même pas les pas de danse des autres zouaves là-bas ?
---*---
Une petite heure s'est écoulée quand Ace est tiré du sommeil par un léger bruissement de papier. Allongé sur le ventre, les bras sous l'oreiller, il ouvre un œil : à côté de lui, Hayley, assise en tailleur, penchée sur une mince planche en bois, est concentrée sur un croquis. Des bougies sont allumées autour du lit. Sous cette douce lueur, l'artiste est toute nue, ses longs cheveux gris sont répandus tout autour d'elle et camouflent la plupart de ses blessures. Ace est charmé.
- Tu ne dors pas ? chuchote-t-il.
- C'est ce que j'allais te demander...
- Qu'est-ce que tu fais ?
Hayley retourne sa planche pour lui montrer son esquisse. Ace pouffe en se reconnaissant.
- Sérieusement ; moi, quand je dors ?
Du bout de sa mine, elle lui caresse le cou, l'épaule et le dos, puis se concentre à nouveau sur son croquis.
- Tu es un très bel homme, Ace, je ne vais pas m'en priver. dit-elle, en dégageant une mèche rebelle de son visage. Le plus beau que j'ai jamais vu.
- Je suis sûr que tu es incapable de trouver une chose laide. pouffe-t-il.
La pénombre lui permet de dissimuler son visage qui vire au rouge. Il tente de changer de sujet.
- Tu dois être épuisée...
- Toi aussi...
- Je me suis moins battu que toi, aujourd'hui...
- Tu as fait de la prison, tu n'as pas du te reposer.
- Et... Après ce qu'on a fait...
- Ça va. Je vais bien.
Elle cache son sourire derrière sa toile avant d'avouer :
- Ça m'a plu.
- Moi aussi. J'en avais envie...
Il prend la planche de l'artiste et la met sur la table de chevet derrière elle. Ce mouvement lui permet de se rapprocher d'elle. Il l'embrasse sur la bouche.
- Dès que je t'ai entendu rire, Hayley, j'ai souhaité, plus que tout, te prendre dans mes bras... Te sentir, te posséder... avoue-t-il.
- Rire ? Quand ai-je ri ?
- A Marineford. J'étais sur l'échafaud, attendant la mort et tu as ri... Tu... Ça a réchauffé tout mon être...
- Vraiment ? Ha ha, quelle idiote ! Rire là-bas...
- Ça m'a donné envie de survivre... Je tenais absolument à connaître cette inconnue qui avait un si beau rire.
Ils parlent doucement, alors qu'ils savent que personne ne peut les entendre, qu'ils sont seuls, rien que tous les deux, dans leur bulle...
- Je n'imaginais pas que ça se passait comme ça. confie-t-elle.
- De quoi ? Faire l'amour ?
- "Faire l'amour" ? Oh, que c'est joli comme formulation !!
- Euh... Oui, c'est vrai...
- Je pensais que les humains faisaient ça comme les animaux, sans se regarder.
Ace pouffe et dépose un baiser sur son genou. La pirate sourit et étire son cou.
- Ça me tire à des endroits dont j'ignorais l'existence. révèle-t-elle, dans un léger rire.
- Hé hé, il en faut beaucoup pour en venir à bout de toi !
- J'aime m'épuiser, sinon je ne peux pas me coucher. Je n'aime pas dormir.
- Non ?
- Je fais beaucoup de cauchemars.
Elle se recouche sous la couverture. Touché par cette fragilité qu'il ne lui connaissait pas, Ace l'attire vers lui pour frotter son nez contre le sien. Ils restent un moment à se contempler l'un l'autre. Hayley effleure du bout de l'index le tatouage sur le bras du frère de son cher capitaine.
- Il te plaît ? demande-t-il.
- Oui...
- Tu aimes les tatouages ?
- J'aimerais bien en avoir.
Ace se garde de lui dire que ce serait dommage de recouvrir son si beau corps ; après tout, elle fait ce qu'elle veut.
- D'où je viens, on se dessinait parfois des décorations guerrières. Mais ça partait dès qu'on se baignait ou qu'il pleuvait. Je voudrais quelque chose... D'éternel. Une chose à moi sur moi. Qu'on ne puisse jamais me prendre...
Elle tente de déchiffrer les lettres sur l'épaule de son ami.
- Moi aussi, j'ai envie de savoir quelque chose depuis que je t'ai vu : qu'est-ce que c'est ? Qu'y a-t-il d'écrit ?
- C'est mon prénom.
- Ace...
Elle suit les traits de la lettre A, très appliquée, puis passe à la suivante.
- Ça, ça ne compte pas. C'est un S barré.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Secret.
Elle passe à lettre suivante.
- Le point à côté, ça n'a rien à voir, c'est juste pour décorer. prévient-il.
Elle passe à la dernière lettre.
- Ace...
- A, C, E.
Elle repasse son doigt sur chaque lettre, plus rapidement cette fois, puis se rallonge dans le drap, le sourire fier. Le beau commandant écarte alors délicatement les longs cheveux argentés du dos de la pirate et, après y avoir déposé un baiser, le lui caresse. Malgré les blessures qu'il porte, il trouve ce dos lacéré magnifique et très sensuel. Il dégage également le drap.
- Devine ce que j'écris.
- Je ne maîtrise pas suffisamment les lettres...
- Je vais t'aider à t'entraîner.
Avec son doigt, il trace des lettres invisibles sur son dos. Concentrée mais très hésitante, elle l'interroge du regard.
- C'était ton prénom, Hayley.
Il forme une autre lettre sur sa colonne vertébrale. Une facile. Hayley réfléchit une seconde :
- L ?
- Yes... Ensuite...
Lettre par lettre, il écrit le mot LIBRE. Aussi excitée qu'une enfant, Hayley veut continuer le jeu. Elle devine FEU, FORCE, FATALITÉ, LUFFY, FESTIVITÉ, mais bloque pour PORTGAS et CHANCE.
- ... Refais !
- C'est comme dans nos noms, à Luffy et moi.
- ... D ?
- Oui. Là ?
- E ?
- Oui..
- Encore un E ?
- Oui...
- Euh... Hi, on dirait un serpent, ah ! S ?!
- Oui...
- ... Deuxième S ?
- Oui...
- E ? Encore !? D, E, E, S, S, E ?
- Déesse.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Oh, euh, pas grand chose, j'étais inspiré...
Ils essaient quelques phrases mais c'est très dur pour la brave jeune femme et elle n'en trouve aucune. Ace trace avec tendresse les lettres R-E-S-T-E-A-V-E-C-M-O-I, mais elle n'arrive pas à deviner et oublie bien vite cet intrigant message. Elle vient s'allonger sur son dos et laisse échapper un soupir de contentement, semblable à un ronronnement, qui fait rire son ami.
- Mmmh, Ace, t'es tout chaud...
- Tu as froid ?
- Non, mais j'aime la chaleur...
Il bascule lentement dans le sommeil, le sourire aux lèvres... Puis son regard tombe sur la table de chevet désordonnée et il attrape un livre aux pages cornées, toutes abîmées et détachées.
- C'est Robin qui me l'a donné, elle m'a dit que c'était un recueil qui pourrait me plaire et que je pourrais comprendre facilement. Je ne l'ai pas encore commencé. Mais j'ai hâte !
Ace détaille tour à tour le livre et la pirate. Finalement, il se retourne, se met sur le dos, se redresse un peu sur son coussin, entoure le dos d'Hayley de son bras pour la blottir contre lui, crée une flamme avec deux doigts pour s'éclairer et démarre la lecture :
- Il était une fois...
*
- Vous êtes là ??!! questionne la tête de Luffy qui vient d'apparaître dans l'ouverture de la porte de l'atelier de l'artiste peintre.
- Luffy ! Dégage !! hurle Ace, en lui jetant un coussin.
Le capitaine referme aussitôt la porte pour éviter le projectile et repart joyeusement. Épuisé, Ace retombe littéralement sur le dos d'Hayley pour se rendormir en râlant, tandis que cette dernière ne peut se retenir de rire.
- Alors, ils sont dans son atelier ? demande Nami, quand Luffy regagne le pont.
- Ouais ! Ils se reposent, je crois !
Sanji a l'air soulagé :
- Au moins, ils ne font pas autre chose... dit-il, avec un joli sourire.
- Autre chose ? De toutes façons, sans vêtements, ils ne peuvent pas faire grand chose, shi shi !
Le visage du cuistot se décompose, il a envie de se jeter à la mer. Robin glousse, Chopper rougit tellement qu'il pourrait fondre...
*
- Ah, t'es là, Ace ! Les gars t'ont cherché toute la soirée ! Tu viens, on met les voiles !
- Ouais, ouais, me voilà...
Sans cesser de s'étirer, Ace se dirige vers le Moby Dick...
*
- Ha ha, à bientôt, vous autres !
- Pas de quartier, hein, si on se revoit !!
- Ouais ouais, salut !!
Le Moby Dick s'éloigne du Thousand Sunny... Les équipages se font encore de grands signes, tout contents de s'être rencontrés... Quand une torche humaine s'élève du grand navire et se rue sur le pont du Sunny, à quelques centimètres d'Hayley.
- Alala, quelle tête en l'air, je n'ai pas oublié mon chapeau ? demande Ace, très fort, comme un mauvais comédien.
- Euh...
- Menteur, il l'a derrière son dos ! rugit Sanji.
- Oh, il est là !
Il fait glisser son grand couvre-chef orange sur ses épaules, s'en empare et le met devant le visage d'Hayley. Puis sa tête disparaît également derrière. La mâchoire de Sanji se décroche ! Après quelques secondes, Ace s'écarte, remet son chapeau et, avant que la pirate ne réagisse, repart sur son navire.
Hayley sourit.
fin
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