[One Piece]_«Défuntes retrouvailles»
Une légère brise tira Ace de son sommeil soudain. Il ouvrit les yeux : le ciel était dégagé, mais quelque chose clochait : le ciel, ce ciel, n'était pas de la couleur bleue qu'il lui connaissait. Celui-ci était très pâle et si éblouissant que le jeune homme ne put garder ses paupières ouvertes bien longtemps.
Où suis-je...
Il se frotta le visage et se surprit à observer ses propres mains. Il s'assura qu'il n'était blessé nulle part. Tout semblait aller. Il se redressa sur ses coudes, pensif. Il ne se sentait pas fatigué, pourquoi se trouvait-il si lent alors ? Il se sentait plutôt... Léger. Étrangement léger. Vide. Légèrement engourdi. Il regarda autour de lui : il était au beau milieu d'un immense terrain recouvert de verdure étincelante, parsemé de quelques collines.
- Hé ho ! Il y a quelqu'un ?
Une nouvelle brise le caressa. Il s'assit. Que faisait-il là ? S'était-il endormi ? Pourquoi personne ne l'avait réveillé ? Personne ? Qui aurait pu... Il fouilla dans sa mémoire. Les gars... Il était... Il se revoyait sur le Moby Dick, en train de s'entraîner contre... Non,ça, c'était avant, c'était un souvenir un peu plus lointain... Il se leva, fit quelques pas incertains et se massa la tête. La destruction de la flotte de Baroque Works... Non, c'était trop ancien ! Il passa sa main derrière sa nuque, à la recherche de son chapeau mais ne trouva rien. Pas de chapeau, pas de poignard. Pas de log-pose ! De plus en plus étrange... Il... Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Hagard,il regarda encore le ciel au-dessus de lui, comme si la réponse allait y tomber. Il comprit juste avant de dresser l'oreille : il n'y avait pas le moindre bruit. Pas d'oiseaux. Quoi... Il accéléra la cadence de ses pas, sans savoir quelle direction prendre. Il était sûr que le ciel se moquait de sa situation ! Il monta sur une colline, inspira une grande bouffée d'air pur et hurla, sans comprendre pourquoi :
- A l'aide !!!
Il y eut autant d'écho que de réaction. Seul le vent lui répondit. Non... Il était... Plus de peur que de rage, il projeta son poing vers le ciel mais aucun feu ne jaillit. Comment... Était-il épié ? Pas moyen d'être en sécurité ici ! Il se mit à courir. Il fouilla encore dans sa mémoire, les yeux fermés. J'étais... Il revit Grand Line, il revit un restaurant, il revit Moda... Teach !! Il s'arrêta immédiatement. Il se souvenait de Teach, son ancien ami devenu... Teach, cette ordure, il était parti l'affronter, oui, et... C'est vrai, je... Sous le nom de Barbe Noire, il était devenu Grand Corsaire grâce à... Et puis... Marineford, son exécution ! Ace cria ! Oui, le quartier général ! Il y était ! Il devait y être tué, mais Barbe Blanche... Son père ! Père ! Et tous ses compagnons, ses alliés... Les gars ! Et son petit frère ! Luffy ! Luffy ! Il était là ! Il le revoyait très bien, courir, se battre, se faire mal, bondir, surgir face à lui avec la clé de ses... Oh non.
- Luffy !!
Ace se mit à trembler. Sa tête tournait, sa mémoire lui jouait des tours ! Ça ne pouvait pas être vrai, d'où sortait ces souvenirs ?! Luffy, il était là, avec lui, ils combattaient, cavalaient... Et... Et... Ne tenant plus en place, il tomba à genoux ! Aussitôt, il ressentit une forte douleur à la poitrine, plaqua sa main contre son buste et se pencha. Que s'est-il passé ? Face à lui, surgissant de nulle part, une flaque d'eau claire dans laquelle il se miroitait. Il se dévisagea un instant. Quelque chose clochait, il était... Il n'était pas... Il empoigna ses cheveux et ferma fort les yeux. Luffy... Il revoyait Luffy... Oui, Luffy, qui avait volé à son secours, l'avait libéré et... Non ! Pas lui ! Une menace, soudaine, effroyable, rougeâtre et impitoyable, s'était jetée sur lui et....
- LUFFY !!!
Il cogna la flaque de ses deux poings et plongea la tête dedans ! Pas ça, pitié, pas ça... Il expira tout son air pour se calmer. La flaque n'avait pas de fond. Il se sentit porter. Pas ça, pas lui, pas Luffy, non, pas lui, pas mon... Il ouvrit les yeux. Est-ce que... C'est fini ? Mais... Pourquoi se sentait-il apaisé ? Il sortit sa tête de l'eau et se figea : une étendue d'eau surplombée de brume avait remplacé la petite flaque. Il se regarda encore dedans. Il était... Une forme se dessina près de son reflet... Il releva la tête et plissa les yeux. La brume se dissipait. Il sursauta. Sur l'autre rive, à genoux, une femme caressait sereinement l'eau du bout de ses doigts. Elle avait de longs cheveux longs clairs ondulés. Ace resta immobile quelques instants. Puis, hypnotisé, il se releva et, sans lâcher cette femme du regard, se dirigea vers elle. Il marcha sur l'eau sans s'en rendre compte. Guidé par la brise, il arriva enfin près de l'inconnue. Cette dernière remit une épaisse mèche de cheveux derrière son oreille et leva enfin les yeux vers lui. Il se figea quand leurs regards se rencontrèrent. Elle avait un visage de poupée de porcelaine semé de tâches de rousseur. Il savait d'emblée qui était cette femme. Il ne l'avait jamais connu, jamais vu, mais il lui vouait une affection et une admiration sans bornes. Ses jambes et son menton se mirent à trembler, ses yeux brillaient. Était-ce vraiment vrai ? La femme lui sourit.
- Ace. Tu arrives bien tôt.
- Je... Vous... Tu es...
- Oui ? l'encouragea-t-elle.
- Est-ce que tu... C'est... T'es bien... Ma... Mère ?
- Mon enfant... murmura-t-elle, en tendant les bras.
- Maman !
Il lui tomba presque dessus et enfouit son visage sur ses genoux, en pleurant. Rouge lui caressa tranquillement les cheveux.
- Maman... Je... J'ai tant... geignait-il, sans pouvoir se retenir.
Sa mère, sa brave mère, le couvait d'un regard aimant. Non, il ne rêvait pas, elle était là ! Tourmenté par cette rencontre inattendue, Ace lui baisa les mains. Il lui devait la vie et il avait tout gâché ! Il ne parvenait pas à calmer ses pleurs, ni à articuler.
- Maman, tu... On... J'ai...
- Tout va bien, Ace. Laisse-toi aller. Je suis là.
- Pardon... C'est à cause de moi que tu...
- Chut... Ne dis rien et ne pense pas à ça, je t'en prie. Mon cœur déborde d'amour, Ace. Tu es bien placé pour savoir qu'on se sacrifie pour les gens qu'on aime.
Elle lui releva la tête et prit son visage entre ses mains. Ils se sourirent, malgré leurs yeux humides.
- C'que t'es belle, Maman ! souffla-t-il.
Rouge pouffa.
- Toi aussi, mon fils.
- Je croyais que jamais on... Je...
- Je suis à la fois heureuse et attristée de te voir ici, mon enfant... J'ai tant rêvé de toi... Je t'ai observé, tout ce temps, j'ai veillé, j'ai vu tout ce que tu as accompli. Je suis fière de toi.
Ace essuya ses larmes.
- Alors, est-ce qu'il me ressemble un peu, le gaillard ?! demanda joyeusement une voix masculine derrière Ace, rompant ce moment de charme.
Le jeune homme ne put s'empêcher de tourner la tête et reconnut, avant de l'apercevoir, le détenteur de cette voix. Gol D. Roger, connu sous le nom de Gold Roger ou de Roi des Pirates. Son père. Sous sa moustache, il lui souriait fièrement de toutes ses dents, les poings sur les hanches.
- Il est magnifique, viens le regarder !
Il ouvrit grand les bras, tout content.
- Ravi de te voir, fiston !
Ace resta de marbre. Puis, pour se donner une raison pour ne pas le regarder, il enlaça sa mère et posa sa tête sur son épaule, comme un enfant à la recherche de réconfort. Rouge lui rendit son étreinte. Toujours les bras grands ouverts, Roger fit la moue :
- Hé ! Elle ne t'a pas fait toute seule, je te rappelle !
Rouge rit doucement, mais Ace ne voulut rien entendre et resta dans les bras de sa mère.
- Aller, viens m'embrasser ! Ta mère t'a déjà tenu dans ses bras, elle, pas moi ! S'il te plaît, fiston, ne me fais pas encore attendre...
Rouge tapota l'épaule de son garçon pour l'inciter à saluer son père. Il resserra son enlacement, les sourcils froncés, le regard droit devant lui.
- Hors de ma vue. marmonna-t-il, plongé dans les cheveux de sa mère.
- Tu peux te vanter, Roger, il a ton caractère ! rit Rouge.
- J'ai pas tellement de qualités...
Il s'approcha.
- Ce n'est pas une réunion mère et fils, bien que vous soyez adorables tous les deux, mais parents et fils ! Ace... Fais risette à ton papa !
- Mon père, c'est Barbe Blanche ! osa-t-il dire, sans bouger.
La mâchoire du paternel se décrocha.
- Hein ?! Ce vieux bouc, pirate d'eaux douces ?!
Comme prévu, cette provocation fit détacher Ace de sa mère et se retourner :
- Tu peux parler !!
- Mais c'est moi, ton papa !!
- Toi, t'es qu'un géniteur ! Tu as abandonné ma mère enceinte et t'as nargué le monde entier avec une histoire de stupide trésor !
- Grr, Garp ne t'a pas tout dit, à ce que je vois...
- J'en connais assez !
- Il a été gentil, j'espère ? Il t'a bien élevé ?
- Tu parles, j'ai grandi avec ses potes brigands !
- Quoi ?!!? Le sale...
- Il en a fait plus que toi, je te signale !!
- Hé, j'ai pas eu vraiment le choix !
- Tu aurais pu mettre Maman en sécurité !
- Elle ne l'était plus depuis longtemps...
- Depuis qu'elle a croisé ta route, maudit salopard !
- À qui tu t'adresses comme ça, petit morveux !?
- Où t'as vu que c'était une bonne idée de te reproduire ?!
- J'ai contribué à ta création, jeune homme, tu me dois le respect !
- Je ne te dois rien du tout, j'te connais pas !!
- D'accord, dans ce cas, allons dîner un de ces quatre...
- Jamais de la vie !!
- Mais c'est qu'il n'est jamais content celui-là !!
Les poings serrés, les sourcils froncés, leurs fronts collés, Ace et Roger montraient les dents en grognant et ne se lâchaient pas du regard ! Lasse, mais confiante, Rouge se leva et, avant qu'ils n'en viennent aux mains, prit dans ses bras les deux hommes de sa vie, enfin réunis.
- Tout doux, mes beaux, vous aurez tout le temps pour les chamailleries... Pour le moment, profitons de nos retrouvailles. S'il vous plaît. Nous sommes une famille...
Famille... Roger s'apaisa tout de suite au contact de sa compagne et enroula ses bras autour d'elle. Ace, plus tendu, réfléchit quelques instants avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis son arrivée fortuite dans cet endroit :
- Est-ce que nous sommes réunis parce que je suis mort ?
- Ouaip.
Roger vint lui ébouriffer légèrement les cheveux pour le rassurer.
- Ne te tracasse pas pour ça, mon garçon. Faut pas y penser. C'est la vie, c'est comme ça. N'y pense pas, c'est terminé.
Ace inspira en tremblant. Roger posa la main sur son épaule et l'incita à se serrer dans l'étreinte familiale. Il se laissa faire, adouci. Ils se prirent tous dans les bras et restèrent ainsi un long moment.
- Mes hommes... souffla silencieusement Rouge, de bonheur.
- Hommes ? Ha ha, regarde ton fils, Trésor, il n'a même pas encore de poil au menton !
Il accompagna sa blague par un frottement de poing sur la joue de son fils, qui le dégagea vivement.
- Arrête ! Moi, mes poils de nez ne se confondent pas avec ma moustache !
- Hé !? Quel toupet ! Ma moustache, des poils de nez ?!
Rouge éclata de rire. Son chéri la prit par la taille et la souleva.
- Peut-être, mais ta mère l'adore, ma moustache !
Il couvrit son sourire de petits baisers successifs pour appuyer ses dires. Peu habitué à ce genre de spectacle, Ace détourna les yeux.
- C'est vrai que ça a son charme... Mais j'aime aussi quand c'est doux !
Sur ce, elle se dégagea et alla embrasser son fils sur la joue. Surpris de ce contact, Ace porta la main à sa joue, en rougissant, heureux. Son paternel profita de sa distraction pour lui claquer une énorme bise écumeuse sur l'autre joue ! Agacé, Ace le rejeta et, perdant le contrôle de son sourire, s'essuya d'un revers de main.
- Putain, Pa-
Il se tut aussitôt. Trop tard ; victorieux, le Roi des Pirates riait aux éclats, tout fier.
- Hé hé... Tu disais ?
Il considéra ses parents un instant. Ces derniers se prirent par la main et lui tendirent celles de libres. Ainsi soit-il... Il ne pouvait changer le passé. Encore moins le futur de ceux qu'il avait laissés. Il n'y avait rien à regretter. Il continuerait à veiller sur ses proches. Luffy... Quelque chose l'attendait. Il s'approcha des mains tendues. Les mains tendues de ses parents, qu'il allait enfin connaître. Il pensa qu'il pourrait revoir, ici, des amis à lui. Satch, ce serait bien... Et peut-être... Il s'arrêta, plein d'espoir :
- Mais... Ça veut dire... Sabo est ici ? Je peux revoir Sabo ? J'ai tant de choses à lui raconter !
Son père le dévisagea :
- Sabo ? Qui est Sabo ?
fin
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