MIRACULOUS/ALADDIN (2/2)
Dans les luxueux appartements préparés par le roi, Marinette s'allongea sur l'immense lit, dépitée. Tikki sortit de sa boucle d'oreille et se présenta sous ses yeux.
- Bon... Ce n'était pas fameux. commença-t-elle.
- Une catastrophe, oui ! Trop la honte !
- Tu n'as pas fait pas bonne impression au prince...
- Je l'ai offensé ! À cause de cette conseillère, j'ai dit n'importe quoi devant lui !
- Tu as parlé de l'acheter...
- C'est elle qui a commencé. Tikki, je ne sais pas quoi faire, je n'aurais jamais dû souhaiter devenir princesse, je suis ridicule !
- Ah, ça...
- Pourquoi m'as-tu laissé agir si stupidement !?
- Je suis un Génie...
- Et mon amie, dis-moi comment je pourrais me rattraper. S'il te plaît.
Le mot "amie" toucha la concernée au plus haut point.
- Tu n'as qu'à être toi-même, Marinette. assura Tikki, en lui tapotant tendrement la joue.
Marinette la prit dans ses mains.
- Moi-même, c'est Marinette, et pas la princesse Ladybug.
- Justement ! Je pensais que cette identité te permettrait d'entrer au château et, ainsi, aller avouer tes sentiments au prince !
- ... Tu penses que c'est ce que j'aurais dû faire ?
Le petit haussement d'épaule désolé du génie valida sa pensée.
- Rien n'est encore perdu.
- Me transformer en princesse était une mauvaise idée...
- C'était la tienne.
- Comment je vais leur avouer, à tous, que je ne suis qu'une... Escroc ? C'est irréaliste, après tout ce que tu as fait... La robe, l'escorte, le pays Miraculous...
- Ah, ça, j'ai toujours eu le sens du spectacle ! Les génies ne font pas le boulot à moitié !
Marinette soupira. Rien n'était de la faute de la petite créature : elle aurait du mieux formuler son vœu. Elle aurait mieux fait d'être honnête. Elle se reprit.
- Je vais retourner voir Adrien !
- Bonne idée !
- Je vais lui présenter des excuses !
- Voilà !
- Je vais le séduire !
- Yes !
- Et...
- Je te détransformerai et vous vivrez heureux ensemble !
- Hein ?! Non ! Pas maintenant !
Tikki fit la moue.
- Il risque de se moquer de moi !
- Pas s'il est amoureux. Tu ne peux pas éternellement lui cacher qui tu es.
- Oui, mais...
- Tu te poses trop de question. Sois toi-même. L'honnêteté est une délicieuse qualité.
Marinette soupira. Elle se remit debout, décidée.
- Bon, j'y vais !
- Vas-y, vas-y !! Je ne serai pas loin !
Elle s'envola et tournoya autour d'elle. Son chignon de princesse se changea en une épaisse natte brune nouée par un bandana rouge et sa robe se transforma en une version pin-up à bretelles. Tikki l'examina et lui ajouta des petits gants en résille. Reconnaissante, elle jeta tout de même un regard à ses chaussures.
- Aller, va le retrouver ! Je me charge du reste !
- Mais, Tikki, je n'ai rien souhaité...
- T'inquiète, c'est compris dans le forfait premier vœu, hi hi ! On est une équipe !
Elles se sourirent. Elle accrocha sa lampe à sa ceinture et la dissimula dans les plis de sa robe.
En début de soirée, Marinette avait fait le tour du manoir sans parvenir à trouver où se cachait Adrien. Pour sûr, il la fuyait.
Elle partit donc dehors et fit un tour du jardin. Elle s'y perdit. Elle allait se décourager quand elle entendit une douce musique... Elle suivit le son qui la guida sous un balcon. Aucun doute, ça venait de cette chambre. Après avoir rapidement vérifié que personne n'était dans les parages, elle s'accrocha à la gouttière et entreprit de l'escalader. Sur son épaule, Tikki soupira. Elle agita son petit bras et Marinette s'éleva dans les airs et atteignit en quelques secondes le bord du balcon. Les portes-fenêtres étaient entrouvertes et l'air faisait flotter les grands rideaux blancs. Marinette s'approcha : la musique venait d'un piano sur lequel un jeune homme, à la chevelure blonde bien connue de la fausse princesse, s'exerçait. Son cœur battit la chamade et elle se sentit envoûter. Elle agit au culot et entra sans faire de bruit. Adrien était suffisamment concentré pour ne pas la remarquer. Il jouait, sans sourire, une mélancolique mélodie. Il était seul, en costume blanc, devant son piano à queue noir miroitant. Les têtes de Marinette et Tikki dodelinaient au rythme de la musique. Enfin, il s'arrêta. Marinette ne put s'empêcher d'applaudir, ce qui effraya Adrien, qui se leva brusquement et se retourna vers l'intruse. Tikki se planqua dans les cheveux de sa maîtresse.
- Pardon ! Ne vous...
- Qu'est-ce que vous faites ici ? Comment êtes-vous entrée ?
- Je venais vous voir et j'ai entendu votre piano et...
- Vous avez de bien curieuses manières ! gronda-t-il.
- C'était si beau ce que vous jouiez...
Ils échangèrent un regard.
- Maintenant, partez.
- Un instant, s'il vous plaît, je voulais m'excuser de ce que j'ai dit...
- Ce n'est rien, j'ai l'habitude.
Elle eut de la peine pour lui.
- Vous jouez tout seul ?
- Je répétais.
- Pour un concert ?
- Pour une leçon.
- Vous ne jouez jamais devant des gens ?
- Non.
- Pourtant, une belle musique comme ça, ça se partage ! Vous n'êtes pas d'accord ?
Adrien se réinstalla au piano et chercha une autre partition.
- Et vous, alors, Princesse Ladybug, vous jouez d'un instrument ?
- Hum, non... Mais j'ai beaucoup de musiciens très compétents qui organisent des dîners et j'aime les entendre...
Tikki la pinça au cou. Elle retint un petit cri et se rapprocha du prince. Dans sa démarche, elle se permit même de s'accouder au piano.
- Vous n'êtes donc jamais très seule...
- Euh... Pas vraiment.
- Des frères ? Des sœurs ?
- Euh...
- J'aurais adoré en avoir.
Il joua quelques notes. Marinette s'apaisa.
- Je vais vous demander de me laisser, Princesse, sinon j'appellerai mes gardes. dit-il sans la regarder.
Marinette perdit ses moyens.
- Quoi, non, hein, je... J'aimerais que l'on fasse plus ample connaissance.
- Que voulez-vous savoir que mon père aurait bien pu vous cacher ? Mon avis sur le mariage ? Ma fortune ? Les propriétés des Agreste en dehors de l'Europe ?
- Votre couleur préférée ?
Il ne s'attendait pas à ça.
- ... Le vert.
- C'est compréhensible.
- Pardon ?
- Avec des yeux comme les autres, impossible de trouver une plus jolie couleur.
Adrien haussa un sourcil. Tikki se plaqua la main sur le visage.
- Je suppose que la vôtre est le rouge.
- De ?
- Votre couleur.
- Ah ! Euh, oui.
Le silence qui suivit la gêna. Elle devait trouver un moyen de tout lui révéler, mais il semblait si... Fermé, comparé à leur première rencontre. Il fallait qu'elle fasse quelque chose, qu'elle se démarque des autres riches héritières qui lui faisait la cour !
- Sortons ensemble ce soir ! proposa-t-elle, tout à coup.
- Vous n'y pensez pas, je suis bien trop surveillé par les gardes de mon père...
- Altesse, n'en avez-vous pas marre de n'être qu'un pion que l'on garde en sécurité sur l'échiquier ?! interrogea subitement Marinette.
Il la détailla curieusement. Marinette s'assit sur le piano et le tapota.
- Venez.
- Quoi ? rit-il.
- Nous allons faire un tour.
- Très drôle. Descendez de là.
Elle s'assit en tailleur. Alors qu'il s'apprêtait à appeler ses gardes, Adrien fût piqué de curiosité... Il regarda la jeune princesse qui lui souriait.
- Comment comptez-vous sortir, Princesse Ladybug ?
- Et si nous nous tutoyons ?
Elle se décala.
- Viens.
Après avoir levé les yeux au ciel, il s'installa lui aussi sur le piano, les jambes dans le vide. Tikki, en souriant, se faufila dans sa lampe.
- Ferme les yeux.
Il obéit. Le piano s'éleva alors dans la pièce, défiant la gravité. Seuls ses quatre pieds restèrent au sol, à leurs places. Il s'avança vers la fenêtre. Adrien ouvrit les yeux à ce moment-là et faillit tomber : Marinette le soutint par les épaules.
- Ne t'en fais pas, je suis là...
Il regarda tout autour de lui, affolé :
- Qu'est-ce qu'il se passe ?? Comment est-ce possible ??
- Secret de Miraculous...glissa-t-elle.
Le piano volant sortit et se dirigea vers le ciel. Par crainte de tomber, Adrien se mit bien au centre, collé à Marinette. Cette dernière lui mit une main sur la hanche pour le soutenir et lui sourit :
- Je suis sûre que tu es ce genre de parisien qui n'a jamais vu la Tour Eiffel !
Adrien plongea son regard dans le sien. Cette fille... Pour toute réponse, il mit aussi sa main sur sa hanche et tous les deux volèrent, sur leur piano volant, dans le ciel de Paris, alors que la nuit commençait à tomber.
De là-haut, ils purent voir tous les monuments et toutes les rues éclairées de mille feux ! Le piano exécutait des acrobaties dans le ciel et surprirent les pigeons, ce qui rapprocha et fit rire les deux adolescents. Le prince, qui n'avait d'ailleurs jamais prit l'avion, s'extasia de cette vue... Ils longèrent la Seine, enlacés l'un contre l'autre...
Le piano avait fait halte en haut de la Tour Eiffel. À cette heure-ci, il n'y avait personne et les deux jeunes gens purent profiter pleinement de la vue. À moitié allongés sur le piano, les épaules juxtaposées, ils profitaient de ce moment.
- C'est comme dans un rêve... avoua Marinette.
- C'est encore mieux.
Puis, innocemment, il ajouta :
- On pourrait refaire un tour sur la péniche de ton ami ?
- Excellente idée, je suis sûre qu'il-
Elle se tut mais trop tard. Elle s'était démasquée ! Adrien la dévisageait, avec un certain sourire.
- Je...
- Voilà un mystère d'élucidé, princesse Marinette...
- Ce n'est pas ce que tu crois !
- Qu'est-ce que je crois ? Je te croyais arrêtée !
- Oui, mais, c'est un peu plus...
- Pourquoi t'es-tu déguisée en princesse ?
- Je...
- A moins que tu ne sois pas faite passer pour une citoyenne ?
- C'est...
- Tu pensais que je ne le découvrirai pas ?
- Ben...
- Tu te moquais de moi ? Tout est un coup monté depuis le jour où j'ai quitté le manoir sans autorisation ?
- Non, pas du tout, je te le jure !
- C'était ton idée ?
- Non, c'est... Oh, pardon, je ne voulais pas...
- Qui es-tu réellement ?
Le cœur de Marinette s'emballa.
- Je... Tu me plais beaucoup et... Quand je t'ai rencontré... Depuis, je... J'avais... Peur... De te le dire...
- Me dire quoi ? Que tu étais princesse ?
Elle inspira profondément.
- Oui.
Peu convaincu, le prince la contempla :
- Pourquoi ne pas me l'avoir dit dès le début ?
- Parce que... Tu devais... Apprécier la princesse que... Connaître qui j'étais... Vraiment...
- Et ton vrai nom ?
- ... Ladybug. Comme je te l'ai dit : princesse Ladybug de Miraculous.
Elle tentait de bomber le torse pour avoir l'air fière, afin de cacher la malhonnêteté qui la rongeait.
- ... Pourquoi je ne t'ai pas reconnu tout de suite ?
- Tu m'avais peut-être oubliée...
- Je repoussais Ladybug pour Marinette... avoua-t-il, en lui prenant la main.
Marinette rougit.
Il devait être deux heures du matin quand le piano se remit sur ses pieds. Personne ne semblait avoir remarqué leur absence. Adrien bondit en premier et aida sa princesse, pieds nus, à descendre.
- Je ferais mieux de passer par la porte, cette fois... rit-elle.
- C'est la seconde fois que tu m'offres un merveilleux rencard...
- Ha ha, vivement le troisième !
Il lui sourit. Ils ouvrirent la porte et vérifièrent que le couloir était vide.
- J'ai hâte.
Il lui baisa la main.
- J'ai une bonne nouvelle pour mon père... J'ai choisi ma princesse.
- Qui est cette chanceuse ?
Il adorait son humour. Il lui saisit le poignet et l'embrassa sur la bouche. Marinette lui rendit son baiser. Puis ils se quittèrent.
- Bonne nuit, Princesse.
- Bonne nuit, mon prince.
Quand il referma sa porte, Adrien s'écroula dessus, le cœur battant, le sourire aux lèvres.
Marinette, de son côté, dansait dans les couloirs, en direction de ses appartements. Elle n'avait pas encore retrouvé sa porte, qu'elle reçut un coup sur la tête et ce fut le trou noir.
Quand elle reprit connaissance, Marinette ne voyait rien : elle avait un sac en toile sur la tête. Elle ne parvenait pas à bouger : elle avait les mains attachées à quelque chose devant elle. Elle secoua la tête. On lui retira sa cagoule : elle découvrit qu'elle était sur le siège conducteur d'une voiture et qu'elle avait les mains menottées au volant. Elle tira dessus, paniquée. Elle appela à l'aide, quand une silhouette apparut à la fenêtre et une main s'abattit bruyamment sur le toit. Elle se baissa à la fenêtre : derrière ses lunettes, les yeux foncés de la conseillère Nathalie méprisaient la jeune fille... Et, sur son épaule, son perroquet, qui se fondait dans le noir de la nuit, semblait sourire vicieusement...
- Vous !
- Moi. Vous auriez du rester chez vous, princesse Miraculous !
Marinette se débattit, en vain. Ses pieds étaient liés et elle ne sentait pas de pédales dessous !
- Adieu.
Elle ne sut pas si la voix venait de la conseillère ou de son piaf. Elle sentit la voiture avancer : elle était poussée ! Elle klaxonna mais le volant n'émit aucun bruit ! Le véhicule se pencha soudainement en avant et Marinette la sentit chuter. Elle poussa un cri ! La voiture percuta une étendue d'eau qui l'avala immédiatement. À cause des fenêtres ouvertes, l'eau pénétra rapidement. Marinette but la tasse et l'automobile coula comme une pierre. Elle mit un temps infini à atteindre le fond. Elle sentit ses forces faiblir... Elle ne voyait rien, n'entendait rien... Elle se sentit partir... La lampe, enroulée dans les volants de sa robe, s'était décrochée de sa ceinture et remonta à la surface... Avant de rencontrer le toit et de couler et d'atterrir entre le pouce et l'index de la prisonnière... La lampe rougeâtre s'illumina et un nuage rose bonbon en jaillit. Tikki, des concombres sur les yeux, apparut.
- Hello, Marinette ! Comment s'est passé ton rendez-vous ? Il a aimé le piano volant ? Tu m'excuses, je t'ai laissée te débrouiller, j'avais tant à faire... Alors ? Marinette ? Petite princesse ? Maîtresse ?
Elle ôta un de ces concombres.
- Tu m'as appelée dans ton bain ? Raconte, qu'est-ce que... Kya !! Marinette !
Sa maîtresse ne répondait plus. La génie paniqua :
- Oh non non non non non !! Marinette !! Réveille-toi !! Reviens ! Parle, dis-moi de te secourir! Fais un vœu ! Je ne peux pas agir sans souhait ! Aller, aller, s'il te plaît !! Tu dois dire ''Génie, je souhaite que tu me sauves'' ! Aller, ouvre les yeux, dis quelque chose ! Je ne peux pas t'aider si...
Malgré les secousses, la jeune fille restait inerte.
- Tant pis, désolée, je dois te compter ce vœu pour pouvoir te sortir de là ! Si c'est ce que tu veux, mais qu'est-ce que je raconte, évidemment que c'est ce qu'elle veut !!!
Elle claqua des doigts : Marinette et elle se retrouvèrent sur le pont de Sully. Après une féroce tape dans le dos, Marinette reprit connaissance et recracha toute l'eau qu'elle avait ingurgité.
- Ça va ? demanda Tikki, les yeux brillants.
A quatre pattes, suffocante, Marinette leva la tête vers son Génie.
- Tikki... Tu m'as sauvé... Merci !
- Je t'en prie... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- C'est cette femme... La conseillère ! C'est elle qui m'avait envoyé chercher ta lampe !
- Tu es en danger à cause de moi ?? Un génie est très convoité mais peu connu...
Marinette prit la petite créature dans ses mains gelées et frotta leurs fronts. Elle vit qu'elle avait encore ses menottes aux poignets et que volant y pendait.
- Ne t'en fais pas, je ne te perdrai pas. On est ensemble jusqu'à ce que je te libère !
- Elle t'a reconnue ?
- Non, et j'ai toujours ta lampe... Ce qui veut dire qu'elle n'a même pas pensé à me fouiller, elle ignore qui je suis et que j'ai ta lampe...
- Qu'est-ce qu'elle cherche alors ?
- Je n'en sais rien, elle... Non ! Adrien ! Il faut rentrer au palais !
Tikki fit mille morceaux des menottes et lui plaça sa lampe entre les mains.
- Nous devons nous dépêcher !
- Avant, je dois t'avouer quelque chose... Tu n'as plus qu'un seul vœu.
Elle lui expliqua son geste inévitable. Marinette la rassura et lui assura qu'elle n'avait pas changé d'avis à propos de son troisième vœu. Mais pour rentrer...
- J'ai une idée ! Ça compte dans le souhait ''être une princesse'' !
Elle fit apparaître un cheval. Marinette éclata de rire. Elle eut un mal fou à grimper dessus, rattacha la lampe à sa ceinture et, Tikki sur l'épaule, partit au galop, tandis que l'aube se pointait.
- Père !
Adrien, fort proprement habillé, survint dès la première heure dans la salle du trône, où son père se trouvait, sa conseillère à ses côtés. Avec sa tablette rechargée au maximum. Elle accueillit le prince avec un grand sourire.
- Père, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer !
- Hélas, mon garçon, laisse-moi d'abord t'en avertir d'une mauvaise : la princesse Ladybug nous a quitté cette nuit.
Adrien eut l'impression de tomber dans un gouffre.
- Quoi ? souffla-t-il, choqué.
- Elle a disparu. Elle n'est plus dans le manoir, elle est partie sans un mot.
- Quelle déception. ajouta Nathalie, en s'approchant.
- C'est impossible... bafouilla le prince. Elle était là hier soir, elle...
- Les derniers à l'avoir vue sont les gardes de patrouille : ils m'ont rapporté l'avoir entendu se vanter d'avoir passé une soirée avec un étrange héritier de je-ne-sais-quoi qu'elle avait réussi à amadouer... Je me demande de qui elle pouvait bien parler... Elle aurait user de termes si... Dégradants !
Le visage d'Adrien se décomposa. Nathalie se rapprocha, en continuant sa comédie.
- Comme c'est regrettable, cette princesse aurait pu faire un bon parti, hélas... Allons, rien n'est encore perdu, il reste du temps avant votre anniversaire, bien que cela ne va pas être aisé...
Elle se permit de remettre de l'ordre dans les cheveux du prince accablé, qui ne bougeait plus. Le roi soupira :
- J'avais de grands espoirs à propos de la future dirigeante de Miraculous, mais tant pis. Je ne veux plus perdre de temps avec ces histoires. J'ai décidé que tu épouserais Nathalie.
Adrien réagit à cette annonce.
- ... Je vous demande pardon, Père ?
- C'est ainsi que je l'ai décidé.
- Non ! Je veux épouser Ladybug !
Il s'approcha de son père, qui ne bougeait pas d'un cil. Nathalie jubilait intérieurement.
- Ma décision est prise et irrévocable. acheva-t-il, mécaniquement.
- Il y a forcément...
Un fracas résonna dans le palais. Ils entendirent des gardes protester, puis les portes s'ouvrirent et un cheval essoufflé détala et dérapa dans la pièce, et éjecta de son dos une jeune fille à la robe chiffonnée, qui tomba sans la moindre grâce et en poussant un petit cri d'animal. Nathalie pâlit et Plagg hurla :
- Comment c'est possible, comment elle a fait, c'est quoi ce, euh, j'veux dire... Cui-cui et côt-côt !
- Ladybug ! s'enthousiasma le prince.
Après avoir souri à son amoureux, Marinette se releva et prit un air sérieux :
- Majestés, cette femme a tenté de me liquider !
Elle pointait Nathalie du doigt. Tous se tournèrent vers elle. Tikki profita de la confusion pour se cacher dans une moulure au plafond.
- Qu'est-ce que cela veut dire ?
- Voyons, cette fille est malade... Regardez, elle doit certainement revenir de quelques soirées frivoles...
Elle se rendit près de Gabriel et lui chuchota, en brandissant sa tablette sous ses yeux :
- Cette fille veut s'emparer de votre couronne... Ne la laissez pas faire !
- Princesse Ladybug, veuillez quitter mon palais sur-le-champ... récita-t-il, tel un robot.
- Père, qu'est-ce qu'il vous arrive ?
Marinette analysa la situation et agit promptement : elle se rua sur la conseillère et lui arracha son engin électronique des mains.
- Je sais ce qu'il se passe !
D'un bon coup de genou, elle brisa l'écran en deux ! Nathalie se raidit, impuissante, tandis que Plagg s'évanouit (ses pattes crochues lui permirent de rester accroché à l'épaule de son odieuse complice). Gabriel, comme sonné, se pencha en avant, mains sur les genoux, pour reprendre son souffle.
- Votre Altesse, votre servante vous hypnotisait avec ça !
Et elle montra les morceaux de la tablette.
- Qu'est-ce que... Nathalie, comment avez-vous osé ?!
Il était vraiment en colère. La conseillère était encerclée par le roi, son fils, ses gardes et la... Ses yeux s'écarquillèrent et un sourire détestable s'afficha inconsciemment sur son visage : à la ceinture de sa nouvelle ennemie se balançait la lampe magique... La lampe ! Sa lampe ! Cette découverte lui remit du plomb dans la tête : elle prit la fuite ! Elle courut jusqu'au balcon et sauta par-dessus ! Elle roula sur le toit d'une voiture, atterrit sur les graviers et prit les jambes à son cou ! Malgré ses talons hauts, elle avait la vitesse d'une athlète ! Gabriel ne l'entendait pas de cette oreille :
- Gardes !! Rattrapez-la ! Arrêtez-la ! Je ne veux pas qu'elle s'échappe !
Les gardes partirent aussitôt à sa poursuite. Le roi ne se remettait pas d'une pareille trahison et se mit à faire les cent pas, hagard.
- Je lui faisais tellement confiance... explosa-t-il. Jamais je ne l'aurais cru capable de pareille infamie ! Elle était ma conseillère depuis si longtemps... Elle m'a manipulé et je n'ai rien vu... Que voulait-elle exactement ? Ha ! Quand je pense que j'étais à deux doigts de...
Il se tourna vers son fils et se figea : ce dernier prenait amoureusement la main de Ladybug pour la mettre à son bras et lui enleva une algue séchée des cheveux. Puis il s'éclaircit la voix :
- Père, je...
- Hourra, tu vas te marier ! devina-t-il instantanément.
Il oublia tous ses récents troubles, se rua sur les jeunes nobles et les embrassa.
- Béni soit ce jour, c'est formidable ! Mon fils, comme je suis heureux ! Tu feras un excellent monarque ! Quant à vous, Ladybug, oh, permettez que vous appelle ''ma fille'' !? Vous faites de moi le plus fier des pères : je marie mon fils unique à une audacieuse, radieuse et honnête princesse ! Paris se réjouit d'accueillir une reine comme vous !
Le visage de la concernée se crispa mais personne n'y fit attention. Gabriel appela tous ses serviteurs :
- Nous annoncerons les fiançailles dès demain ! Préparez la grande salle, ainsi que l'entrée ! Organisez une conférence de presse, tout le monde doit le savoir ! Le mariage sera fait selon les traditions ! J'ai plein d'idées sur la robe de mariée, j'ai dessiné une montagne de croquis, contactez les couturières ! Et si nous officialisions la noce à Notre-Dame ? Pour la millième fois, changez les rideaux de la salle du trône ! Et les tapis ! Faites venir le chef de la garde ! Il nous faut des photographes remarquables, non, des peintres, pour tirer le portrait de notre nouvelle reine qui sera affiché partout ! Appelez les meilleurs restaurants, les futurs époux devront choisir et goûter les plats ! Refaites les chambres aux couleurs de Miraculous et de la France ! Faites...
- Père ! le coupa Adrien. Un instant, s'il vous plaît, je... Ce n'est pas ainsi que j'imaginais les choses...
Tout le monde se raidit, sous le choc ! Marinette soupira légèrement : son prince avait remarqué son embarras et s'apprêtait à diminuer la vitesse des événements. Elle n'avait pas prévu une telle précipitation et, sûrement, lui non plus. Elle lui sourit. Le calme était revenu.
- Pardon pour le manque d'intimité, ma Lady. J'imaginais quelque chose comme...
Il lui prit les mains... Et se mit à genoux !
- Veux-tu m'épouser et devenir ma reine ?
Marinette se sentit prise au piège : autour d'elle, tout le monde guettait sa réponse, avec de grands sourires. Adrien la regardait avec un regard si doux qu'il la fit fondre et elle laissa échapper un imperceptible et minable petit «... Oui.». Adrien lui embrassa les mains, la prit dans ses bras et des cris de joies résonnèrent dans tout le palais !
- Renommez une rue en l'honneur de la princesse Ladybug ! Je veux voir des fleuristes au plus vite ! Pas de pauvres fleurs déjà écloses, je veux des bouquets en terre, pour les garder longtemps et...
Marinette laissa tous les domestiques lui tourner autour et ne partageait pas l'euphorie générale. Elle avait l'air détachée...
Non loin du manoir où elle avait travaillé tant d'années, Nathalie trouva refuge dans une ruelle désertée. Elle avait les yeux écarquillés et le souffle court, mais elle conservait son insolite sourire... Plagg, lui, était dans un état d'affolement jamais atteint :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, nom d'un poil de chat ?! On est exclus du palais ?! Après tout ce temps ?? Faut fuir, ma vieille, filer au plus vite !! Prends-nous des billets pour Fidji, qu'on change d'air ! On s'prend des p'tites vacances loin de Paris et de son dégénéré de roi, et on se trouve un autre pays à gouverner ! Rah, la poisse, on peut même pas aller chercher nos affaires !
Son monologue fut coupé par un éclatement de rire démoniaque, ce qui lui hérissa les plumes de terreur : c'était sa complice qui riait !
- Vingt-deux, v'là qu'elle nous pète une durite !! C'est à cause de l'autre pimbêche qui l'a traitée de "servante" !! Resserre tes boulons, ma vieille, on est dans la mouise jusqu'au bec !!!
Il la gifla plusieurs fois d'affilée.
- Reprends-toi, Nath'... Nath' ! NATH' !! Naaathaaaaliiiiiiie !!
Cette dernière le saisit violemment par le cou et le serra pour qu'il se taise sur-le-champ !
- Argh, déso... Serre trop...
- Elle - a - la - lampe... révéla-t-elle, les dents serrées.
- Hein ?!
- Ma lampe ! La princesse Ladybug n'est autre que cette bécasse de Marinette Dupain-Cheng !
- Non... Sans... Rire !! cria-t-il, ironique, en se dégageant de son emprise. Oh, ben, ça, c'est une surprise ! C'est incroyable ! J'crois bien que j'vais crever d'une crise cardiaque tellement c'est surprenant !
Nathalie n'était plus du tout d'humeur à rigoler.
- Comment, tu le savais ?
- Bah oui !!!
Puis il croisa le regard noir derrière les lunettes sales. Il rentra sa tête dans ses épaules :
- ... Pas toi... ? cafouilla-t-il, fautif.
- Non !
Elle le ressaisit au cou et le secoua :
- Pauvre imbécile !! Pourquoi n'as-tu rien dit ?!
- Mais c'était tellement évident ! Je pensais qu'elle s'était échappée mais sans la lampe !
- Saleté d'oiseau !! C'est toi qui vas aller la chercher ?
- Qui ça ?
- La lampe !!!
- Ben, on part plus ?
- Non !!!
- Okay !
- Les affaires reprennent !
- Chaque fois que tu dis ça, ça foire !
- Cette fois, c'est impossible... Une fois que j'aurais la lampe, j'aurais le pouvoir absolu ! Je serai Reine, j'enverrai Marinette en Enfer et j'épouserai le prince !
- Hein ?! Il fait encore partie de ton plan, lui ?! Qu'est-ce qu'on va en faire, mieux vaut l'expédier au Mexique et qu'on ait la paix ! Ha ! Mais, hé hé, t'as maintenant un faible pour l'héritier du trône ?! J'suis mort, mouahaha !! Niark, niark, ma pauvre ! Tu te vois vraiment avec un type de son âge ?! T'auras des cheveux blancs quand il aura de la moustache ! Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha !!! Tu t'imagines régner avec lui, à satisfaire des projets de lois qui ne plairont qu'à toi et passer du temps avec le gamin dont t'as viré le père du pays ?! Ha ha, vous s'rez mignons sur vos trônes pas de la même taille, à...
- À côté de notre perroquet empaillé. coupa-t-elle, hargneuse.
Cela lui cloua le bec.
Pendant les préparations des festivités, Marinette prétexta un besoin de se changer pour se retirer.
- On applaudi tous la princesse Ladybug !
Alors que Marinette venait d'entrer dans ses appartements, exténuée, Tikki fit apparaître un orchestre miniature et tous chantèrent pour leur maîtresse !
- Vive la princesse Ladybug ! Et, très bientôt, vive la reine Marinette !
- Hein ?!
- Tu vas épouser le prince et vous allez vivre heureux pour toujours !
- Non, attends Tikki, tout ça, tout va trop vite !
- Je suis tellement contente pour toi ! Tu as réussi !
Tikki lui tourna autour en lançant sa magie un peu partout. La pièce était illuminée par des présents pailletés et Marinette portait maintenant une très longue robe de satin rose clair, ainsi que des gants assortis et des bijoux en perle. Ses cheveux ne puaient plus les eaux usées et étaient élégamment bouclés sur ses épaules.
- Arrête, Tikki, je ne vais pas y arriver.
- Bien sûr que si !
- Mais non ! Gabriel, il... Je...
- Il a autorisé ton union avec le prince Adrien, oui, c'est fantastique ! Tu as sa bénédiction !!
- Il ne se doute pas que... Que je lui mens ! Qu'il va marier son fils à... Une... Menteuse...
- Comment, tu n'as rien dit à Adrien ? Tu m'avais dit que tu le ferais !
- Ouais, ben, les plans ont changé !
- Mais il s'est bien douté de quelque chose, il ne t'a rien demandé ?
Marinette fit le tour de la pièce, mal à l'aise. Tikki comprit.
- Tu lui as menti... Il t'a interrogé et tu ne lui as pas parlé...
- J'ai eu une seconde pour lui répondre ! Ladybug ou Marinette ! Je lui ai dit ce qu'il voulait entendre !
- Qu'en sais-tu, de ce qu'il voulait entendre ? Pour qui te prends-tu, pour son père ?
- C'est un prince ! Qui n'épousera pas autre chose qu'une princesse !
- Tu ne vas pas épouser le prince en tant que Ladybug ?
- ... Si...
- Quoi ?
- Je n'ai pas le choix.
- Si : celui de dire la vérité !
- Je perds tout si je dis la vérité !
- Adrien t'aime...
- Non, il aime Ladybug !
- Tu crois ça ? Tiens, Ladybug et toi n'êtes plus la même personne ?
- Arrête, tout s'est compliqué ! Jamais je ne resterai avec Adrien s'il découvre que je ne suis pas de sang royal.
- Je suis sûre que le roi t'accordera la main de son garçon si tu dis tout.
- On ne réécrit pas la loi comme ça !
- Tu as déjoué le complot de Nathalie, tu as probablement sauvé Paris !
- La princesse Ladybug l'a fait ! Et la princesse Ladybug, c'est toi qui l'a faite ! Je ne suis rien sans toi !
- Ne dis pas n'importe quoi, Marinette. Ta valeur est la même. Tu es exceptionnelle, même sans titre ni bijoux !
- C'est faux, je ne le suis que tant que je suis Ladybug.
- Mais tu ne peux pas rester princesse pour toujours.
- Et pourquoi pas ?
- Ma magie a ses limites...
- Comment ça ?! Tu es un génie !
- Tu étais censée me libérer...
Un silence s'installa. Marinette parut confuse.
- Je... Oui, je vais le faire. Je te l'ai promis : mon dernier souhait te reviendra. Mais pas maintenant... Laisse-moi un peu de temps...
- Du temps ? Du temps pour quoi ? Pour préparer tes futurs mensonges ?! Ah ça non alors ! Et ce n'est pas toi qui va me parler de temps : j'ai passé 25 siècles dans cette lampe, moi aussi j'ai trop attendu !
- Eh bien, tu attendras encore ! Pourquoi serait-ce moi qui me précipiterais ?
- Et pourquoi moi ?
- Parce que toi, c'est ton job ! Non ! Je veux dire, parce que c'est ainsi ! C'est toi le génie !
Le visage de Tikki se décomposa.
- Si tu crois que je l'ai choisi...
- Ce n'est pas moi non plus qui en ai décidé ainsi. Désolée...
Elle se retourna et fit semblant de s'occuper à sa coiffeuse pour ne pas avoir à croiser le regard de la petite créature qui devenait humide.
- Marinette... Il est vrai que j'ai cette charge, en tant que Génie, mais... Je pensais que tu avais compris. Mon pouvoir est tel que j'ai fait des choses dont je ne suis pas très fière ; j'ai donné du pouvoir à des êtres crapuleux et j'ai fait monter des vipères sur des trônes qu'elles ne méritaient pas. Je n'imaginais pas recommencer avec toi.
- Tout de suite les grands mots, je...
Quand elle se retourna, Tikki venait de se retirer dans sa lampe. Marinette s'en empara.
- Ne fais la tête, ce n'est pas évident pour moi...
On toqua à sa porte :
- Princesse Ladybug ? Le roi vous attend.
- J'arrive !
Puis elle chuchota à la lampe :
- J'ai juste besoin d'encore un peu de temps...
Elle la posa sur son sofa, se drapa d'un châle en soie brillant, se parfuma, mit tous les bijoux qui lui tombèrent sous la main et une tiare argentée sur sa tête, s'admira une dernière fois dans le miroir, n'aima pas son reflet, et partit.
Sur le balcon, un perroquet noir ricana...
Plagg ouvrit ses ailes et plana un moment dans la chambre, avant de fermer ses serres sur la lampe rouge et de s'envoler avec...
Le roi Gabriel attendait sa future belle-fille dans la salle du bal, où se pressaient les plus grands professionnels pour préparer les noces imminentes du prince. Anxieuse, Marinette vint à sa rencontre.
- Ah, ma chère ! Votre robe est fabuleuse ! Vous ai-je déjà dit que je souhaitais rencontrer vos couturiers ? Il faut les inviter ! Qu'ils quittent Miraculous, je me ferais un plaisir de les accueillir ! Paris n'est-elle pas la plus belle source d'inspiration pour les artistes ? Car, oui, vos stylistes sont des artistes ! Des génies, même !
La princesse se sentit mal à l'aise dès qu'il évoqua son royaume imaginaire. Il parla tant de son affection pour les vêtements qu'il oublia pourquoi il souhaitait la voir au départ. Des photographes vinrent l'entourer. Marinette voulait disparaître. Elle essaya de s'enfuir mais elle était sollicitée de tous les côtés. C'est finalement Adrien qui vint à sa rescousse : habillé d'un smoking rouge et d'une chemise noire pour faire honneur à sa princesse, il prétendit vouloir régler quelques affaires pour l'éloigner des curieux. Une fois seuls, il l'embrassa sur la joue et lui confia combien il l'adorait. Avant qu'elle ne puisse répondre, il lui mit dans la main une épaisse bague sertie de petits diamants.
- Elle était à ma mère. Je voudrais que tu la portes. Elle te revient désormais.
Ils se regardèrent dans les yeux. Il était si bon et si sincère... Non, Marinette ne pouvait lui mentir plus longtemps ! Elle l'aimait trop pour ça. Elle ne voulait pas bâtir leur relation sur un mensonge. Tout comme le soleil et la lune, la vérité ne pouvait rester cachée à jamais ! Elle devait tout lui dire...
- Ha ha, Nath' ! Je l'ai, je l'ai !
- Évidemment que tu l'as, sinon tu ne serais pas revenu... pesta Nathalie.
Cachée dans un tunnel d'égout devant le manoir, elle réceptionna la lampe rouge que lui lâcha son perroquet. Ses mains tremblaient d'excitation :
- Enfin...
- Niark niark ha, vas-y, frotte-la !!
Elle ne se le fit pas dire deux fois : elle massa énergiquement la lampe avec sa paume. Une fumée rose foncé en émergea et Tikki apparut, de dos, faisant mine de bouder.
- Je te préviens, Marinette, si tu veux que j'attende que tu soies sur ton lit de mort pour... Ciel !
Elle venait de se retourner et de découvrir la ténébreuse Nathalie, qui souriait. Sur son épaule, Plagg s'extasiait du spectacle.
- Incroyable !! Le génie de la lampe !! Hourra !! On a réussi !!
- Génie... Je suis ton maître ! articula-t-elle, en donnant le ton.
- C'est bien ce que je craignais... Je m'appelle...
- Je me fous de ton nom ! Je veux mes trois souhaits !!
- On veut plein d'or et plein de pouvoirs !!!! réclama Plagg, l'aile dressée.
- Silence, idiot ! Nous avons trois souhaits, inutile d'en dépenser pour des choses aussi futiles...
Tikki devina qu'en plus d'être dangereuse et manipulatrice, cette femme était futée. Le monde était dans un sacré pétrin... Elle maudit, pour la millième fois, sa condition de génie, qui ne lui laissait pas d'autre alternative que l'obéissance sacrée.
- Ben, alors, premier vœu : je veux quinze vœux de plus !!! piailla l'oiseau.
- C'est impossible.
- Bon sang, Génie à la noix, tu sers à rien en fait !!! C'est encore possible de l'échanger contre quelques explosifs ou un jet ? glissa-t-il à Nathalie.
- La ferme.
- Je ne peux ni faire revenir les morts, ni...
- Toi aussi, tais-toi !! ordonna sa nouvelle et cruelle maîtresse.
Tikki, soumise, baissa la tête et les yeux. Nathalie inspira.
- Génie ! Accorde-moi mon premier vœu....
Un monstrueux coup de tonnerre retentit dans tout le palais et tout le monde se figea, attentif. Quelques secondes passa avant que l'alerte ne soit donné dans la salle du trône. Tous y allèrent et manquèrent de crier de surprise en voyant l'ancienne conseillère confortablement vautrée dans l'un des fauteuils royaux. Elle faisait mine de s'intéresser à sa manucure. Gabriel bouillonna de colère :
- Nathalie ! Sale traîtresse, vous osez revenir ?!
- C'est ''Sa Majesté Grande Traîtresse'' qu'il faut dire, blanc-bec !! rétorqua Plagg, en se coiffant du diadème royal réservé au couronnement.
Tous les gardes se mirent en position. Le perroquet éclata de rire et vola jusqu'à son associée à qui il donna le sceptre royal.
- J'ignore ce que vous...
- Silence ! Je suis la seule à pouvoir donner des ordres à partir de maintenant ! Car la Reine... C'est moi !
Elle tapa le sceptre sur le sol : il en jaillit des éclairs bleus foncés qui traversèrent la pièce et provoquèrent des violentes rafales de vent. Les habitants du château durent se coucher pour les éviter. Quand tout se calma, ils virent, avec horreur, que tous les murs étaient redécorés par la couleur bleue foncée, que le visage de Nathalie s'affichait sur tous les portraits des Agreste et que l'emblème royal avait été remplacé par celui d'un rapace noir. Même l'uniforme des gardes, qui était traditionnellement bleu, blanc et rouge, était devenu noir et bleu.
- À genoux devant votre Reine !
Depuis le temps qu'elle voulait dire ça... Épouvantée, Marinette vit Tikki, recroquevillée sur l'accoudoir, le regard navrant...
- Oh non... souffla-t-elle.
- Elle a dit ''à genoux'', les bouchés !! C'est elle qui commande !! Paris est à nous !! cria le perroquet.
Les gardes s'exécutèrent malgré eux. Gabriel allait faire de même quand son fils, qui mit son bras devant sa promise pour la protéger, se planta sur ses pieds et défia les traîtres du regard.
- C'est qu'il nous provoque le morveux !!
- Tikki, je t'en prie, arrête !! supplia Marinette.
Impuissante, la créature secoua la tête. En ricanant, Nathalie montra la lampe magique à son ancienne propriétaire et la balança au bout de son index.
- C'est ça que tu cherches, ''princesse'' ?
- Attention à ma lampe, s'il vous plaît...
- Je t'ai autorisé à l'ouvrir, toi ??!
Effrayée, la génie se plaqua les mains sur la bouche. Marinette maudit Nathalie.
- C'est moi qui ai tous les pouvoirs !!
- Cessez votre cirque et rendez-vous, sale sorcière !! cria le roi.
- Hé, il t'insulte ! Pulvérise-le !! conseilla le perroquet.
- Laisse, il est un peu énervé car il est faible... Oh ! Une sorcière ? Ha ha... Génie !!
Tikki tressaillit.
- J'ai choisi mon deuxième vœu : je souhaite devenir une... La plus puissante des sorcières !!
- Non ! Tikki, ne fais pas ça !!
Tikki se couvrit les yeux et lança le sort : une lumière rouge vive enveloppa l'ancienne conseillère ! Marinette, aveuglée, ne put rien faire. Quand elle rouvrit les yeux, c'est une grande femme toute mince, aux lèvres bleues, habillée d'une longue robe sombre qui recouvrait tout son corps qui se présentait devant eux. Ils reconnurent Nathalie grâce à ses lunettes et à sa mèche rouge. Triomphante, elle fit grincer ses longs ongles bleus foncés sur le sceptre, tandis que son audience tremblait.
- Où en étais-je... Ah, oui ! Ployez le genou devant votre reine !!
Sans parvenir à se contrôler, Gabriel et Adrien se courbèrent, genoux à terre, mains et fronts contre le sol. Deux soldats attrapèrent Marinette et l'empêchèrent de bouger.
- Ha ha ha ha, heureusement qu'il t'a pas traité de ''cafard'' !! rit Plagg, en entamant une petite danse de la victoire.
Un garde sortit de sa torpeur et se rua sur Nathalie. Celle-ci le fit disparaître en un claquement de doigts. Elle se pencha vers Gabriel :
- Alors, Al... Esclave, tu penses que moi je suis une traîtresse ? Attends de voir qui est donc Ladybug, à qui tu t'apprêtais à marier ton fils...
- Marier son fils à cette abrutie de princesse ! C'est encore plus désespérant que s'il le mariait à toi ! railla le perroquet.
Il profita de la position de l'ancien roi pour lui tirer les cheveux et lui griffer le crâne. La sorcière empoigna Adrien par le col et le força à se relever.
- Ô Prince, il y a quelqu'un qu'il faut que je vous présente !
- Ne le touchez pas !! rugit Marinette.
La jeune fille s'envola et ne pouvait plus bouger à cause de la magie de Nathalie. Elle sentit ses cheveux raccourcir et ses bijoux se briser.
- Je vous présente...
Soumise à la gravité, Marinette s'écrasa lourdement sur le sol. Elle releva la tête : couettes décoiffées, pantalon rose sale, elle était telle qu'elle avait été en sortant des catacombes.
- ... Marinette Dupain-Cheng !
Adrien, les épaules coincées par le bras de l'ancienne Conseillère, eut le souffle coupé. Marinette lui lança un regard désespéré.
- Je suis désolée... Je ne voulais pas...
- Assez de faux-semblants !
Marinette tenta de se relever mais la sorcière lui asséna un violent coup de pied dans le ventre qui l'éjecta de l'autre côté de la pièce.
- Débarrassons-nous de cette tricheuse !
Sans lâcher le prince, Nathalie dirigea son sceptre vers Marinette. Une lueur bleue fonça sur elle, fora le mur du palais et la propulsa dans le ciel. Tikki se cacha les yeux les yeux et les oreilles en se retenant de pleurer, Plagg fit un bras d'honneur avec ses ailes en direction de l'éclair qui disparaissait dans les nuages. La sorcière jeta l'héritier légitime par terre et éclata d'un rire démoniaque. Elle dirigea son sceptre n'importe où, détruisant tout ce qu'elle voulait.
Perdus, le père et le fils Agreste se prirent dans les bras.
Après avoir percuté un tas d'arbres défeuillés, Marinette tomba la tête la première dans la Seine. Encore... Mauvaise nageuse, elle s'en extirpa tant bien que mal et cracha ses poumons sur la berge. C'était un miracle qu'elle fut encore en vie... Elle était blessée de partout. Elle grelottait. Elle empestait. Elle se sentait complètement démunie.
- Tout est de ma faute... J'aurais dû libérer Tikki quand il en était encore temps... Je les ai tous condamnés... Pardon...
Les larmes vinrent. Elle allait souffler dans ses mains quand elle remarqua l'étrange bague qui scintillait à son annulaire gauche. N'ayant aucune origine magique, elle était restée à son doigt. Personne n'avait pu lui prendre... La bague de la mère d'Adrien. La bague de la précédente reine. Un véritable trésor. Adrien... Elle le chérissait tant. Elle ferma les yeux et son poing et posa son menton sur le bijou. Elle l'aimait. Et il l'aimait. Elle n'aurait jamais du lui mentir. Quand on aime, on ne ment pas. Elle contempla la bague scintillante. Comme quoi, même déchu, même humilié ou trempé par un fleuve sale, le bijou royal conservait toute sa valeur...
Marinette fronça les sourcils : cette fois, elle ne flancherait pas ! Elle se releva maladroitement, encore toute engourdie, et inspira un grand coup : elle allait y retourner ! Elle allait tous les sauver !
La salle du trône, réaménagée par Nathalie, était méconnaissable : les murs étaient devenus rouges, des gargouilles servaient de décoration et un seul trône était surélevé sur un petit escalier. Dessus, Nathalie se désaltérait avec un verre de vin. Elle se délectait de ce moment tant rêvé. Sur son accoudoir, il y avait la lampe magique. Tikki flottait à côté d'elle. Plus bas, assis sur les marches, aux pieds de la méchante reine, les poignets menottés par de grosses chaînes, Adrien déprimait, vêtu d'un débardeur et d'un pantalon noirs. Dans un coin de la pièce, son père, figé comme un mannequin, se faisait maltraiter, habiller, ficeler, étouffer par des longueurs de tissus par Plagg, qui prenait son pied à se venger.
- Alors, la génie, n'est-ce pas plus agréable d'avoir une maîtresse plus... Ambitieuse ?
Tikki évita son regard. Ignorée, Nathalie se rabattit sur le jeune héritier et plongea ses doigts dans ses cheveux.
- Et vous, mon prince, satisfait d'avoir une souveraine plus... Puissante ?
Pour tout réponse, il se dégagea, les sourcils froncés. Nathalie rit.
- Ladybug n'aurait jamais pu vous offrir tout ce que j'ai la possibilité de vous donner. Mais bon... Elle, elle avait la chance d'obtenir de vous autre chose que ce regard méprisant... Vous ne voulez pas me sourire, Adrien ?
Il l'ignora. Elle jeta son verre par-dessus sa tête, enroula les chaînes du prince autour de son sceptre et le tira à elle. Il se débattit inutilement.
- Cessez de faire l'enfant ! Votre princesse disparue n'était qu'une moins que rien. Faites votre devoir et rejoignez-moi !
- Vous n'avez pas un dixième de Marinette, vous n'êtes qu'une jalouse aigrie !
Tikki porta les mains à son cœur, touchée. Nathalie perdit son sourire narquois, piquée.
- Petit ingrat...
- Lâchez-moi ! commanda-t-il, vainement, en tirant sur ses chaînes.
- C'est qu'il mordrait, ce lionceau !
Elle lâcha les chaînes en souriant, Adrien tomba en arrière et dévala les escaliers. Il foudroya sa geôlière du regard. Elle se réinstalla plus confortablement dans son siège. Il lui manquait quelque chose... Plus elle avait de pouvoirs, plus elle en souhaitait ! Et ce prince, qui venait de la rejeter, allait bientôt l'apprendre ! Elle s'empara de la lampe.
- Génie ! beugla-t-elle. Je vais faire mon troisième vœu !
Tikki leva les yeux au ciel. Allons bon... Au moins, elle serait débarrassée de cette énième horrible maîtresse... Quand à la perversion de son souhait...
- Je souhaite que le prince Adrien Agreste tombe fou amoureux de moi !
Le concerné tressaillit. Gabriel poussa un cri inaudible.
Marinette arriva en sueur au portail du manoir. Un immense nuage noir menaçant bourré d'éclairs surplombait le toit. Elle réussit à filer entre les gardes et se rendit là où elle était sûre qu'il n'y aurait aucune forme de surveillance : sous le balcon de la chambre d'Adrien. Elle enleva ses chaussures et, à la force de ses pieds couverts d'ampoules, entreprit d'escalader la gouttière.
- Je t'ai donné un ordre !!
- C'est-à-dire, Maîtresse, que je ne peux pas...
- Comment ''tu ne peux pas'' ?! Transforme-moi cet insolent en un prince aimant et docile !
- Je ne peux faire tomber les gens amoureux. Ni faire revenir...
- Fais ce que je te dis, stupide bestiole !! hurla-t-elle en la saisissant.
- Aïe, Maîtresse, il m'est impossible de...
- A moins que tu ne préfères que je t'ordonne de t'enfermer pendant vingt mille ans....
- Non ! Pitié, Maîtresse !
- Alors exauce mon vœu !!
- Mais je ne peux...
Déboussolé, Adrien tourna la tête dans tous les sens... C'est alors qu'il aperçut Marinette, planquée derrière la porte... Ils échangèrent un sourire. Elle lui fit signe de ne pas faire le moindre bruit et lui montra la lampe du doigt. Adrien hocha la tête.
- J'ai dit ''Fais tomber le prince amoureux de moi'' !!
- Je ne peux pas... Aïe ! Arrêtez ! Pardonnez-moi mais c'est... implora Tikki, les larmes aux yeux.
- Si je dois le reformuler, je t'écrabouille !!
- Nathalie !
La sorcière tourna sauvagement la tête ; Adrien se relevait sereinement.
- Nathalie ? Wouah, vous... Vous êtes... Changée !
Il monta une marche.
- Intéressant... Tu vois quand tu veux, maudite chose ! dit-elle à l'attention du génie, en la relâchant.
Plus qu'une marche séparait Nathalie et Adrien. Tikki ne comprit pas. Elle regarda ses mains, comme si un sort avait pu lui échapper, puis vit Marinette qui se faufilait derrière une gargouille. Elle faillit crier de joie. Discrètement, elle s'éloigna pour la rejoindre.
- Marinette, je suis si contente de te revoir ! Désolée pour tout...
- Arrête, tu n'as pas à t'excuser, je suis la seule responsable. Et je viens réparer mes erreurs.
- Mais je ne peux pas t'aider, je suis sous les ordres de cette névrosée...
- Désolée pour toi. Je sais que tu n'as pas le choix.
- Quel est ton plan ?
- Je vais improviser.
- Improviser ? Tu n'as aucune chance !
- Je ne peux compter que sur la chance !
Elle lui fit un clin d'œil et guetta le bon moment pour s'emparer de la lampe... D'une main féroce, Nathalie mit d'autorité les cheveux d'Adrien en arrière et lui leva le menton avec son index.
- Parlez-moi encore : que pensez-vous de mon pouvoir ?
- Il est... Tout comme vous...Incroyablement... Inattendu !
Marinette grimaça de dégoût. Elle savait qu'il faisait cela pour détourner l'attention de cette sorcière et prit sur elle. Il glissa lentement ses doigts dans les siens, puis... Agrippa la lampe magique et la lança de toutes ses forces !
- Marinette !
- Non !!
Marinette sortit de sa cachette et réceptionna la lampe, qui rebondit dans ses mains, tomba, mais elle la ramassa en quatrième vitesse ! Elle la leva, victorieuse !
- Tikki ! Je souhaite...
Plagg lui arracha l'objet des mains sans qu'elle puisse le voir arriver ! Euphorique d'avoir gagné ce coup, il se retourna durant son vol.
- Ha ha, minable !! lui lança le perroquet. Le pouvoir appartient aux gagnants ! Ho ho, les tronches que vous...
Il se prit un mur en pleine face avant de pouvoir finir sa phrase. Il tomba lourdement par terre, le bec tordu, la lampe à ses côtés. Marinette et Nathalie la regardèrent un instant, puis se dévisagèrent. Elles s'élancèrent au même moment. Adrien tenta de ceinturer la sorcière, mais elle était trop forte. Hargneuse, elle le saisit par le cou et le souleva.
- Je m'occuperai de vous plus tard !!
Elle le plaqua sur son trône et des chaînes vinrent le lier. Il ne pouvait plus bouger.
Marinette venait de saisir la lampe quand Nathalie, à la manière d'une golfeuse, lui shoota la tempe avec le sceptre. La jeune fille s'écroula et la lampe glissa jusqu'au centre de la pièce. Tikki couina.
- Combien de fois faudra-t-il que je te tue, gamine ?! explosa Nathalie. Je suis Reine ! Je suis la plus puissante des sorcières ! J'ai le Génie de la lampe ! Tout est à moi ! Je suis invincible !!
Marinette leva faiblement les yeux vers la lampe.
- Le génie...
Elle se redressa à la force de ses bras, vacillante.
- Le génie est plus forte que vous ne le serez jamais ! lui cria-t-elle. Votre pouvoir lui revient ! Elle vous l'a donné ; elle peut vous le reprendre !
- Marinette, qu'est-ce que tu racontes ? chuchota Tikki, apeurée.
- Regardez la vérité en face : de nous tous... Vous n'êtes qu'à la deuxième place ! Encore ! acheva la jeune fille.
Un silence se créa. Plagg observait sa partenaire de crime devenir toute rouge, froncer les sourcils et serrer les poings. Finalement, sans quitter des yeux son ennemie, elle frappa son sceptre sur le sol.
- Génie !!
La lampe vola jusqu'à sa main.
- Tu penses que je suis moins forte que ce génie... Admire !
Elle frotta la lampe.
- Génie, dernier vœu : fais de moi le génie le plus fort de l'univers !!
La mâchoire de Tikki se décrocha. Elle envoya un regard de détresse à son ancienne maîtresse, qui la rassura d'un clin d'œil. Hélas, cela ne l'apaisa pas. Elle ferma les yeux et exauça le souhait de Nathalie. Une tornade bleu pailletée foudroya la sorcière et toute la terre trembla. Le condensé de magie annula les autres sortilèges : Adrien et Gabriel furent libérés. Le prince se précipita vers Marinette et lui hurla, pour contrer le vacarme :
- Pourquoi lui as-tu mise cette idée en tête ?
- Aie confiance en moi !
Quand un semblant de calme revint, Nathalie flottait dans les airs.
- Je suis... L'être le plus puissant de l'univers !! Je n'ai pas seulement Paris, j'ai tout ce qui existe !! s'exclama-t-elle. Vous êtes tous des sujets !!
- Pas si vite !
Marinette se remit debout et lui fit face.
- Vous n'avez rien oublié ?
- Dégage, toi.
La nouvelle génie, revigorée, tenta de lui jeter un sort. Mais aucune magie n'apparut. Nathalie se pétrifia, incrédule.
- Comment ?
Règles du Génie... Marinette sourit.
- Vous avez voulu être un génie ? Vous en êtes un !
Elle ramassa un nouvel objet qui gisait au milieu de la pièce et le pointa dans sa direction : c'était la même lampe magique que Tikki, mais en noir pailleté !
- Et vous avez été livré avec tous les accessoires !!
- Non !!!
Malgré elle, elle fût aspirée par son nouvel habitat. Sa prison.
- Non !!
Plagg se rua vers la lampe.
- Bouge pas, Nath' ! J'viens te sauver !
Emporté par l'immensité de la magie, le volatile se fit également avaler.
- Crétin de piaf !! Reste dehors pour frotter la...
Le cri de Nathalie s'éteignit quand elle fut dans sa lampe. Personne ne crut au calme qui suivit. Un grand sourire aux lèvres, Tikki s'approcha et fit une petite révérence.
- Puis-je, Maîtresse Marinette ?
Elle lui prit la lampe noire.
- Quelques millénaires dans la grotte des catacombes devrait les calmer !!
Elle tourbillonna sur elle-même et largua la lampe, qui se perdit dans le ciel. Cela fait, elle tapa dans ses mains : tout redevint comme avant : la salle des trônes, les nuages, les gardes... Comme si le règne de Nathalie n'avait jamais existé. Essoufflée, Marinette se tourna vers Tikki :
- On a réussi !
- Non : tu as réussi !
Elle se tapèrent dans la main.
- Marinette ?
Elle se retourna : Adrien la contemplait. Elle fut gênée.
- Ad-euh, Altesse, je voulais... Enfin, je...
Il se jeta dans ses bras. Ils s'étreignirent un long moment, terriblement amoureux.
- Merci.
- Je...
A contrecœur, Marinette se sépara de lui et lui remit la bague qu'il lui avait offert.
- Non, elle est à toi ! Je te l'ai donnée.
- Je ne peux pas... Et toi non plus.
- Mais... Marinette, je t'aime.
Rassemblant tout son courage pour ne pas pleurer, Marinette recula de quelques pas.
- Je devrais y aller... Pardon pour tous les tracas que j'ai pu causer.
- Marinette ! Écoute, j'ai bien réfléchi. intervint Tikki, qui ne retenait pas ses émotions. Il te reste un dernier vœu.
- Oui, je sais. Il te revient.
- J'ai... Changé d'avis. Si tu le souhaites, je peux changer la loi ! Ou faire de toi une véritable princesse !
- Pour de vrai ?
- Bien sûr ! Tu n'as qu'à frotter cette lampe !
Elle lui donna sa lampe.
- Mais, et ta liberté ?
- ... Ce n'est pas grave. Ne laisse pas passer ta chance, Marinette ; l'amour est le plus précieux des trésors.
Adrien lui sourit. Marinette s'avança vers lui.
- Pardon, Adrien. Mais je ne veux plus me faire passer pour ce que je ne suis pas.
Il lui prit la main.
- Je comprends.
Ils se séparèrent.
- Tikki, je souhaite que tu sois libre.
- Et un nouveau royaume, un ! ... Hein ?!
Un tourbillon de paillettes émana de Tikki. Marinette lui sourit : entre ses mains, la lampe se désintégra en poussière rouge, puis disparut avant qu'elle ne touche le sol. Tikki regarda ses mains :
- Je... Je suis libre ? C'est... Incroyable ! Vite, fais un vœu, demande-moi ce que tu veux, n'importe quoi, un poney !!
- Euh, je souhaite un poney...
- Va te le chercher !! Hourra ! Ça fait un bien fou ! Adieu les crapuleux, plus de lampe, je vais pouvoir partir, explorer le monde et...
Débordante de bonheur, elle en avait oublié Marinette. Elle lui afficha son plus tendre sourire. La petite créature se mit dans ses mains.
- Profite bien, Tikki. Tu vas me manquer.
- Marinette... Quoi qu'il arrive, tu seras toujours une princesse pour moi.
Elles se frottèrent les joues. Puis elles se séparèrent. Marinette tourna le dos à son bien-aimé et partit. Au passage, elle aida un garde perturbé à se remettre sur pieds. Puis elle continua son chemin, sans se retourner.
- Un instant ! ordonna Gabriel.
Tous se tournèrent vers le souverain. Il remit un peu d'ordre dans sa tenue et prit l'air le plus digne possible.
- Sans vous, Paris serait finie. Vous avez sauvé mon fils, je vous dois la vie. Et, à part, les vêtements, vous êtes toujours celle que j'étais prêt à considérer comme ma fille.
- Père... souffla son fils, qui voyait où il allait en venir.
- J'estime que vous nous avez suffisamment prouvé votre valeur. L'ennui, c'est cette loi. Et que fait un roi avec une loi qui ne lui convient pas ?
Il claqua des doigts pour qu'une servante prenne des notes. Celle-ci, encore troublée, ne broncha pas. Tikki fit vivement apparaître le registre des lois royales et accourut sur l'épaule du roi, prête à prendre note ! Il reprit :
- Je décrète, à partir de ce jour, que l'héritier aura le droit d'épouser la personne qu'il estimera digne de lui !
Le visage d'Adrien s'éclaira et il se précipita vers Marinette pour la prendre dans ses bras.
- Elle ! J'ai choisi !
Il la souleva et la fit tournoyer.
- Je t'ai choisi, toi, Marinette.
Ils allaient s'embrasser quand Tikki débarqua entre eux deux. Elle prit la bague dans la main d'Adrien et la passa au doigt de Marinette, puis elle mit au prince celle que Gabriel venait de lui confier.
Enfin, ils s'embrassèrent.
Les noces furent célébrées le jour de l'anniversaire d'Adrien.
Sur une péniche, les jeunes époux Agreste saluaient leurs citoyens, venus les acclamer, les féliciter et les admirer. Marinette portait une longue robe blanche toute simple, créée avec passion par Tikki et son assistant, Gabriel.
Tout Paris était en fête, en l'honneur des futurs monarques.
FIN
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