MIRACULOUS/ALADDIN (1/2)


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Nuits à Paris

Merveilles et compagnie

Capitale glamour

Où les plus grands bohèmes ont fini leur jour

Ô nuits à Paris 

Admirez, faites son tour

Pour les âmes de misère

Paris les repère

Fatal est l'amour

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- Bon sang de... C'est pas possible ! ragea Nathalie, en cognant ses poings contre les pierres.

- Râle, râle... En attendant, si toi t'avais le cœur pur, ça fait longtemps qu'on en aurait fini ! rétorqua Plagg, son perroquet noir.

La grande femme se redressa calmement, remit sa mèche rouge derrière son oreille et se tourna vers Plagg, le regard menaçant.

- Que dis-tu ?! articula-t-elle, les poings serrés.

L'animal eut si peur qu'il s'abstint de répondre et mit ses ailes devant lui, paré à se prendre le moindre coup. Nathalie ôta ses lunettes et essuya la poussière qui s'était déposée sur ses verres quand la porte s'était refermée...

- Bon... Tant pis. Aller, Plagg, on s'y remet ! On repart en quête !

- Hein ?! Tu délires, Nath' ! Moi j'en ai marre de chercher des péquenauds soi-disant innocents qui finissent par se faire bouffer parmi les squelettes !

- Tu n'as pas compris, sale volatile : c'est un ordre !

Plagg soupira bruyamment. Nathalie regarda sa montre.

- On verra ça plus tard : le défilé de Gabriel va bientôt se terminer...

Plagg s'installa sur l'épaule de sa maîtresse.

- Si ça se trouve, il n'existe même pas ce ''cœur pur''...

- La ferme.

Elle épousseta vite fait son costume bleu marine et tous deux sortirent des catacombes...



Non loin de là, dans le 19ème arrondissement de Paris, vivait Marinette, une jeune fille créative et pleine de vie. Elle était la fille unique d'un couple de boulangers, à qui elle devait sa joie de vivre et son âme charitable. Tous les soirs, elle avait l'habitude d'aller distribuer les invendus de la boutique aux miséreux.

Ce jour-là, alors qu'elle revenait à vélo de sa livraison à la Maison des Babayagas, sa route fût coupée par des policiers baraqués qui écartaient les citoyens de la voie, afin de laisser passer six limousines dorées.

- Les Bourgeois !

- La princesse Chloé !

- Comme c'est beau ! Les Agreste ne vont pas pouvoir résister !

- Il paraît qu'elle a l'âge du prince, elle a toutes ses chances !

- Princesse Chloé ! Je vous aime !

Marinette comprit : depuis des mois, le roi, Gabriel Agreste, estimait que son fils, le prince Adrien, était en âge de lui succéder et, donc, de se marier ! Ainsi, toutes les personnes célibataires de son rang étaient conviés à faire la cour au prince. Marinette trouvait cela grotesque, mais, après tout, elle n'était pas de ce monde, alors son avis importait peu. Elle cherchait un moyen de contourner cet impressionnant cortège pour rentrer chez elle, quand elle aperçut un vieillard qui n'avait pas encore atteint le trottoir. Elle se rua vers lui. Alors qu'elle l'attrapait par le bras pour le tirer sur le côté, la roue arrière de son vélo fut percuté par l'un des véhicules royaux. Elle tomba. La voiture s'arrêta. Marinette détaillait les dégâts de sa roue quand la vitre arrière de la limousine se baissa, laissant apparaître une fille de l'âge de Marinette, blonde, le regard caché par une paire de lunettes de soleil dernier cri.

- Toi, là, comment oses-tu de mettre sur mon chemin ?

- Pardon ?

- Tu peux t'excuser, je n'en ai rien à faire ! Tu paieras pour ça !

- Quoi ?! Je voulais dire, non, ce n'est pas à moi de m'excuser, vous alliez...

- Han ! Mais c'est qu'elle ose me répondre, cette petite... Tu as de la chance que je sois pressée, idiote, sinon je t'aurais fait arrêter !

Marinette crut halluciner. Elle n'était pas du genre à se laisser faire ou à supporter l'injustice :

- Mais pour qui vous prenez-vous ?

- Je rêve, c'est à moi que tu poses la question ? Je suis la princesse Bourgeois, future reine Agreste ! Je suis ce que tu ne seras jamais, même dans tes plus beaux rêves ! Et je n'adresse pas la parole aux mendiantes comme toi !

Elle siffla et la voiture redémarra. En remontant sa vitre, elle lâcha :

- Pauvresse !

Marinette resta à terre, son vélo sur les genoux, chamboulée par la méchanceté de cette inconnue...



- Jamais je n'ai été aussi humiliée de la sorte !! se plaignit Chloé, toute rouge, en sortant du flamboyant manoir des Agreste, dans le 16ème arrondissement, poursuivi par le roi Gabriel.

- Allons, Princesse, restez à Paris pour la semaine, peut-être que...

- Je ne resterai pas une seconde de plus ici !!

Son garde du corps lui ouvrit la portière de sa voiture dorée.

- Attendez, vous nous avions réservé un théâtre pour ce soir... Parlez-lui encore, tout n'est qu'un malentendu, il...

- Pas question ! Qu'il sache que mes charmes conviennent à tous les princes d'Europe et que c'est lui qui ne me mérite pas !

Elle mit ses lunettes pour camoufler ses yeux humides et verrouilla sa portière, tandis que Gabriel la suppliait.

- Ridicule ! Totalement ridicule !

La limousine démarra et quitta la cour du manoir, laissant le roi en plan. Ce dernier inspira un grand coup et fronça les sourcils :

- Adrien !



Le roi fonça dans l'immense jardin, à la recherche de son fils. Il le trouva, se balançant dans un hamac, plongé dans un roman. Il ne leva pas les yeux quand son père arriva à sa hauteur.

- Adrien ! Qu'est-ce qu'on avait dit ?

- Elle est partie ? Comme c'est fâcheux...

- La princesse Chloé Bourgeois était idéale !

- Pour moi ? Ha ha...

- Que lui reproches-tu cette fois ?

- Trop susceptible.

Il posa son livre sur son ventre et sourit.

- Elle est restée encore moins longtemps que les autres !

- Hé hé, je progresse !

- Adrien, tu as fait fuir toutes tes prétendantes...

- Mes prétendantes ? Seule Paris les intéresse...

- Il te faut bien une femme pour régner, mon fils ! Je ne t'apprends pas qu'un mariage est l'ultime étape pour accéder au trône !

- Un mariage, oui, mais un mariage d'amour, Père ! Voilà la nuance ! Voilà ce que je veux ! Pour Mère et vous, ce fût le coup de foudre ! Moi, je veux la même chose.

- Tu n'as tout de même pas dit à la princesse que le mariage ne t'intéressait pas ?! demanda-t-il, au lieu de se troubler par la révélation de son fils.

- Oh non, je lui ai fait comprendre que le mariage m'intéresse... Mais elle, non !

Gabriel faillit s'étrangler.

- Adrien... Tu vas avoir 15 ans... Il est temps pour toi d'accepter ton destin et de prendre ma place. Tu sais que si tu ne fais pas d'efforts, ce sera à moi de choisir pour toi et je n'en ai pas plus envie que toi...

Le jeune garçon soupira et fit mine d'ignorer les paroles de son paternel. La discussion terminée, Gabriel tourna les talons et partit, laissant Adrien à sa solitude.



Dans la salle du trône, le roi Gabriel examina les rideaux et pensa qu'il devait en trouver des dépareillés aux coussins, pour moderniser la pièce.

- Pourquoi faire le difficile... Ce n'est qu'un mariage...

Il ne finit pas sa phrase : sa conseillère venait d'arriver.

- Nathalie !

- Altesse, vous m'avez l'air contrarié. dit-elle humblement, avec une légère révérence.

- C'est cette histoire de mariage. Adrien a encore repoussé une princesse.

- Oh, comme c'est regrettable. mentit-elle, en levant les yeux au ciel. Comment s'est passé le défilé ?

- C'était fantastique ! Et très inspirant ! Et...

Il sortit de sa poche un ruban vert pailleté.

- J'ai pensé que cela irait bien à ton perroquet !

Plagg croassa. Il secoua la tête. Gabriel s'approcha de l'oiseau et, malgré ses gesticulations, lui noua le ruban autour du cou.

- Ça lui va à ravir !

- Votre Majesté sait toujours comment embellir même les créatures les plus... Risibles !

Plagg tourna vers elle un regard bougon. Le roi avait toujours eu un faible pour la création de vêtements et il avait hâte de prendre sa retraite afin de se consacrer pleinement à ce passe-temps ! En attendant, cet oiseau lui servait de modèle pour s'entraîner !

- Majesté, ne devez-vous pas vous préparer pour la première d'Andromaque ?

- Inutile, Adrien n'y emmènera personne...

- La princesse Chloé Bourgeois est déjà partie ?? Elle n'a pas insisté ?

- Aussi vite qu'elle est arrivée... Je n'ai aucune idée à qui je pourrais le marier...

Nathalie serra les dents.

- Ça ne fait rien : je vais pouvoir réécrire le dernier projet de loi. Vous pouvez prendre votre soirée, Nathalie.

- Que... Hum. Merci, Majesté.

Elle fronça les sourcils et ses mains se crispèrent sur sa tablette numérique : si la batterie avait été pleine, elle l'aurait hypnotisé ! Certes, elle allait avoir du temps pour trouver le cœur pur qu'elle recherchait, mais le roi allait donc remettre son nez dans les textes desquels elle s'était donnée un mal fou pour l'éloigner ! Hélas, dans sa position, elle ne put rien faire et disposa.



Marinette pensait aux mots que lui avait injustement lancé la peste de princesse... Marinette avait pour habitude de se ficher des apparences, alors cela la surprenait toujours quand quelqu'un osait faire une remarque à ce sujet.

Ses parents l'avait sévèrement sermonnée à propos du vélo abîmé. Elle était à présent dans sa chambre, à regarder le coucher de soleil depuis sa fenêtre. Seule...



Vêtu de ses habits les plus sombres, Adrien sortit du manoir, longea discrètement les murs jusqu'au portail et prit la fuite.



Le lendemain, ce fût la panique au manoir : le prince avait disparu !



Marinette se leva aux aurores, en même temps que ses parents. La journée n'avait pas commencé qu'elle fut contrariée par la panne du four. Comprenant que le réparateur n'arriverait pas avant midi, Marinette partit se promener. Elle eut envie d'aller au cinéma. Elle se rendit au MK2 Quai de Loire et prit une place pour un film d'auteur qui commençait dans une demie-heure. C'était un jour de marché. En attendant l'heure, elle déambula parmi les étalages de fruits et légumes. Elle examina quelques raisins quand quelqu'un attira son attention : de l'autre côté du présentoir, il y avait un jeune homme, d'à peu près son âge, qui riait en caressant un doberman de trois mois qui jouait autour de lui. Il portait un pull à capuche noir qui dissimulait sa silhouette mais Marinette pouvait voir ses yeux ; ils lui firent penser à deux émeraudes luisants. Sans comprendre pourquoi, elle s'approcha lentement, comme hypnotisée, attirée. Elle ne l'avait jamais vu dans le quartier. Quand elle ne fut plus qu'à quelques mètres de lui, deux hommes baraqués arrivèrent et saisirent brusquement le chien. Le jeune inconnu leva la tête.

- Hé, toi ! Tu f'sais quoi avec not' ien-ch ?! aboya l'un d'eux.

- P-pardon ?

- Personne touche aux cleb's, ils mordent ! ajouta l'autre, en se rapprochant d'Adrien.

- Il semblait gentil...

- C'est pas c'qu'on veut qu'il soit !

- Il est fait pour mordre et attaquer ! C'est pour ça qu'on les élève !

- Ouais ! J'te préviens, s'il est pas déter' au match de t'à l'heure, j'te r'trouve, et j'te...

- Ha, te voilà !

Bousculant légèrement les deux colosses, Marinette émergea devant Adrien, un grand sourire aux lèvres.

- Je te cherchais, viens vite, on a encore des courses à faire ! dit-elle, très fort.

Adrien la regardait avec un air ahuri. Les deux hommes aussi.

- Salut les gars ! C'est mon cousin ! Soyez sympas, il ne connaît pas trop les environs...

- C'est ton cousin ce type ?

- Oui !

- Il y a erreur, mademoiselle, je... chuchota Adrien.

- Chut.

- Il a touché le chien ! J'te jure que s'il a son odeur, il connaîtra celle de ton sang !

- Faut pas l'caresser, sinon i's'habitue et i' cherche l'attention !

- Si ça peut vous rassurer, moi, je préfère les chats...

- Qu'est-ce qu'tu dis ??!

Marinette glissa son bras sous celui d'Adrien, fit mine d'apercevoir son père au loin et s'éloigna en vitesse. Une fois dissimulée par la foule, elle se détacha d'Adrien.

- Je crois que je n'ai pas compris ce qu'il venait de se passer... bafouilla ce dernier.

- J'ai remarqué. Ces gars-là entraînent des chiens de combat, ils n'aiment pas qu'on y touche.

Elle le détailla.

- Je ne t'ai jamais vu, tu viens d'où ? Tu n'es pas un touriste...

- Je suis... Nouveau.

- Je m'appelle Marinette.

Elle lui tendit la main. Adrien la lui serra.

- Et moi, Adrien.

Ils se regardèrent un long moment dans les yeux.

- Je ne t'ai pas remercié. Merci, Marinette.

- Ce n'est rien. Bon... Ben... Tu... Si tu as besoin d'un guide un de ces quatre, je peux te laisser mon numéro...

- Tu connais si bien Paris ?

- Ah oui, c'est ma ville !

- J'adorerai la visiter. Je suis d'ici, mais... Je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir toutes les facettes.

- Je vois ; tu es ce genre de parisien qui n'est jamais monté sur la Tour Eiffel.

- Oui... Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ?

- Euh... Aujourd'hui... D'aujourd'hui ? De maintenant ? Là, tout de suite ?

- Oui !

- Pour une visite ?

- Tu es occupée ?

- Euh...

Bien qu'elle ne se trouvait pas suffisamment présentable devant un si beau garçon, Marinette savait saisir sa chance !

- Je suis totalement disponible ! Tu es prêt ?


Ensemble, ils allèrent d'abord au Louvre, qui était gratuit. Adrien, qui n'ôta pas sa capuche une seule fois, fût captivée par toutes les œuvres d'art. Calé en histoire de l'art, il connaissait 100 anecdotes sur les différents tableaux, que Marinette écoutait attentivement.

Ensuite, ils se rendirent sur une péniche touristique (connaissant le capitaine, Marinette put y inviter son nouvel ami sans frais) pour voir Paris depuis la Seine.

Puis, à bord de vélibs mal rangés,la jeune fille lui montra tous ses coins préférés.


Il était tard dans l'après-midi quand Marinette et Adrien firent une pause. Ils s'assirent sur les quais, avec comme vue la cathédrale de Notre-Dame. Marinette consulta son portable : aucun appel manqué. Tant mieux, elle n'inquiétait personne. Elle vivait une merveilleuse journée. Son nouvel ami était du même avis.

- Ce serait bien de refaire ça. Une autre fois.

- Une prochaine fois ?

- Si tu es d'accord, bien sûr.

Marinette rougit.

- J'aimerais ne plus bouger d'ici...

- Tu pourrais me passer ton numéro, comme ça on pourra se rencarder.

- Je n'ai pas de téléphone.

- Ah ?

- Mon père est assez... Strict. Je ne peux rien faire sans son accord. Je fais tout ce qu'il me dit parce que... Je n'ai aucun moyen de faire autrement.

- Les parents estiment souvent ce qu'il vaut mieux pour leurs enfants sans les consulter.

- On fait tout pour leur faire plaisir mais ça ne sert à rien. Je prends des cours de chinois mais ne parle à personne, je fais de l'escrime alors que je ne pourrai jamais me battre vraiment, je fais du piano mais tout seul... Je ne suis qu'une sorte de pion sur l'échiquier que l'on garde cloîtré même lorsque la partie est en pause. L'histoire, c'est que mon père a fait un AVC l'année dernière... Depuis, il frôle la paranoïa : il s'isole, m'isole également, et se consacre à une nouvelle passion et moi, je ne lui sers qu'à l'assurer. Et puis, il est complètement dépendant de son assistante, à croire que c'est elle qui le dirige. Il... Euh, il voudrait que je reprenne ses affaires. Je le veux, bien sûr, mais pour ça, je dois faire une chose que...

Il soupira, las. Marinette le laissa se confier et eut la délicatesse de ne poser aucune question trop personnelle. Conscient d'être écouté, pour la première fois depuis des lustres, Adrien se rapprocha de Marinette.

- Je suis très content d'avoir fait ta connaissance, Marinette.

- Pareil pour moi. Et même sans portable, je ferai tout pour qu'on se revoit ! J'élèverai des pigeons voyageurs pour te faire passer des messages !

Ils éclatèrent de rire et leurs mains se frôlèrent. Ils rougirent. Leurs visages se rapprochèrent doucement...

- Ne bougez plus ! hurla une voix qui les coupa dans leur élan.

Surpris, les deux adolescents regardèrent autour d'eux : une horde de policiers les encerclaient ! Plongés dans le regard de l'autre, aucun d'eux n'avaient vu cet attroupement se former !

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Marinette, paniquée.

Adrien baissa la tête.

- Finie la liberté. Je suis désolée, Marinette, j'aurais du te le dire...

Il se leva. Trois hommes en uniforme sombre s'approchèrent.

- Je suis simplement sorti plus...

Les trois hommes le contournèrent et se saisirent de Marinette, qui se débattit inutilement.

- Qu'est-ce que vous faites ?! Arrêtez, lâchez-la !! ordonna Adrien.

Une main s'abattit sur son épaule : celle du chef de la garde royale.

- Laissez cette demoiselle, c'est un ordre !

Personne ne lui obéit. Seuls les ordres du roi pouvaient faire réagir les gardes. Sans lui adresser ni un sourire, ni un mot, on lui indiqua la voiture noire qui l'attendait. Marinette fut mise de force à l'arrière d'un fourgon de police. Le commandant, un rouquin en surpoids, clama dans son talkie-walkie :

- Rassurez son Altesse Royale ; le prince a été retrouvé sain et sauf ! Mission accomplie !



- Nathalie !

La conseillère du roi se retourna : le prince arrivait droit sur elle. Elle l'accueillit en s'inclinant :

- Mon prince...

- Vous avez donné l'ordre d'arrêter Marinette Dupain-Cheng ?!

- En effet.

- Pourquoi ?

- Voyons, elle a participé à votre enlèvement.

- Quel enlèvement, j'ai fu... Je suis sorti de mon plein gré !

- Oh. Quel bête malentendu. fit-elle,stoïque.

- Je veux que vous annuliez sa garde à vue et que vous lui fassiez des excuses au nom de...

- Hélas, je ne peux plus rien faire. J'ai ouïe dire qu'elle avait été transféré en maison de correction il y a quelques heures.

Adrien tomba des nues. Cette absence de pouvoirs le rendait pathétiquement impuissant.

- Quoi ? Non, elle n'a rien fait, vous devez faire quelque chose ! Elle est innocente, c'est la personne la plus gentille que je n'ai jamais rencontré, elle est douce, pure, compréhensive et si drôle...

- Navrée. Ni vous, ni moi ne pouvons intervenir sur cette affaire. C'est aux parents et à l'avocat de se charger de Mademoiselle Dupain-Cheng.

- Tout est de ma faute...

Le silence de Nathalie indiqua qu'elle ne ferait rien pour le contredire. Elle consulta sa tablette numérique.

- Vous devriez aller dormir. Demain, vous rattraperez votre cours de danse avant votre cours d'escrime.

Anéanti, Adrien s'en alla, le regard humide rivé sur le sol. Une fois hors de sa vue, Plagg pouffa :

- Ha ha, ça leur apprendra, à ces jeunes, à se croire...

- Tu as entendu, Plagg ?

- Hein ?

- Il a dit qu'il avait trouvé cette Marinette... Pure.

- Ouais. Et ?

- Il faut la retrouver. Immédiatement : les affaires reprennent !



Recroquevillée sur un banc de 30 cm de largeur, Marinette, transie de froid, se frictionnait les épaules. Les cellules autour d'elle étaient squattées par des brutes puantes ou des SDF alcoolisés qui insultaient la police et hurlaient à la révolution en tapant sur leurs barreaux. D'après ce qu'elle avait compris, elle allait être transférer à la prison pour mineurs en attendant son procès : elle était soupçonnée d'avoir participé à l'enlèvement du prince ! Adrien, le bel Adrien avec qui elle avait passé la journée, la meilleure de sa vie, était le véritable prince héritier ! Et elle ne l'avait pas reconnu ! Que faisait-il hors du palais ? Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Pour la première fois de sa vie, elle s'était sentie attirée par quelqu'un et avait été certaine que cela était réciproque. Elle avait envie de pleurer : elle venait de rencontrer et de perdre un être exceptionnel... Elle s'installa pour essayer de dormir un peu avant qu'on vienne la chercher. Elle qui souhaitait conserver un casier judiciaire vierge...

La porte de sa cellule s'ouvrit et une inconnue entra. Marinette se redressa : devant elle, se tenait une grande femme mince, en costume sombre, aux cheveux tirés en chignon et un regard plus ou moins dissimulé par une paire de lunettes de vue. Marinette fût subjuguée par la froideur que dégageait cette beauté impénétrable. Elle crut même rêver. Sur l'épaule de cette femme était perché un majestueux petit perroquet noir immobile. Marinette ne sut pas tout de suite s'il était mort ou vivant. Cette femme regarda un instant le banc où l'adolescente était assise, haussa les sourcils et resta finalement sur le seuil.

- Bonjour, Mademoiselle Dupain-Cheng.

- Vous êtes l'avocate ?

- Non. Je suis mieux que ça pour vous.

Marinette cligna des yeux. Les doigts joints, Nathalie fit signe au policier qui l'avait accompagnée qu'il pouvait s'en aller. Il s'exécuta. Nathalie reporta toute son attention sur Marinette.

- Vous vous êtes mise dans un sacré pétrin, Mademoiselle.

- Je... Je n'ai rien fait de ce qu'on m'accuse. J'ignorais qu'il était le prince, on s'est rencontrés au marché, il faut me croire !

- Je vous crois. J'ai réglé votre caution.

- ... Pourquoi ? Qui êtes-vous ?

- Je travaille pour notre Altesse. Je connais le prince depuis des années. J'ai fait ça pour ne pas lui porter préjudice.

Marinette demanda aussitôt comment il allait. Nathalie sourit.

- Il est retourné à ses occupations princières comme si rien ne s'était passé ! Il faut dire qu'il est très occupé, il doit se choisir une épouse avant son prochain anniversaire.

Le souffle de Marinette se coupa.

- C'est dommage qu'il doive vous oublier, car le prince a ressenti une petite attirance pour vous.

Marinette eut exactement la réaction que Nathalie attendait : elle se mit à rougir et à bafouiller.

- Que... Il vous l'a dit ?

- Bien sûr. Un prince ne peut épouser qu'une princesse. L'ennui, c'est qu'il vous aime bien. Et comme je ne veux que son bonheur, j'ai réfléchi à un moyen de... Pour que vous puissiez vous voir tous les deux. Mais, pour voir le prince, il faut que vous fassiez quelque chose pour moi.

Marinette cligna plusieurs fois des yeux, en guise d'incompréhension.

- Je vous expliquerai tout en route. Quittons cet endroit sinistre.

Nathalie sortit, l'adolescente sur les talons.



Dans la voiture, Marinette écoutait très attentivement les conditions de Nathalie : cette dernière lui donnait un accès au palais royal pour qu'elle puisse revoir Adrien et en échange, elle devait aller lui chercher un objet dans un souterrain. Marinette acquiesçait à chaque consigne de la conseillère et ne posait aucune question. Plagg se pencha vers l'oreille de Nathalie :

- Elle est un peu bête, cette gamine. murmura-t-il.

- Elle est amoureuse.

- C'est bien ce que je dis !


Il était presque minuit quand elles arrivèrent devant l'entrée des catacombes. Marinette savait ce qu'était cet endroit mais n'y avait jamais pénétré auparavant. Elle se tourna vers Nathalie, qui lui lança une lampe de poche.

- Vous aurez besoin de ça. Suivez-moi.

Par une porte cachée, elles entrèrent. Elle descendirent un nombre incalculable de marches. Marinette n'avait étrangement pas peur. Nathalie, grâce à un trousseau de vieilles grosses clefs rouillées, ouvrit chaque barrière qui intimait aux visiteurs de suivre les galeries éclairées. Comme si elle connaissait l'endroit comme sa poche, elle marchait vite et ne regardait que devant elle. Il faisait très froid dans les catacombes et il y régnait un silence de mort. Marinette s'étonna de voir à certains endroits, sous tant de profondeur, des flaques d'eau. Enfin, Nathalie s'arrêta devant une gigantesque gueule de crocodile sculptée dans le mur. Marinette l'éclaira, fascinée, et put lire une inscription gravée en latin au-dessus.

- C'est ici. annonça sèchement la conseillère.

Nathalie tira sur une dent et la gueule s'ouvrit, laissant apparaître un escalier en colimaçon en descente.

- Voilà. Vous descendez, vous prenez l'objet et vous revenez. Surtout, ne touchez...

- Ne rien toucher d'autre, compris ! compléta la jeune fille, dont la curiosité bannissait la peur. Ah, euh, ça ressemble à quoi déjà votre lampe ?

- Vous ne savez pas reconnaître une lampe ? soupira la conseillère.

- Si si, mais admettons qu'il y en ait plusieurs...

- Il n'y en a qu'une !

Son ton indiquait une lourde impatience, alors Marinette se faufila dans la mystérieuse entrée et descendit les marches. Quand sa lampe de poche n'émit plus de lumière, signe qu'elle s'enfonçait très bas, Plagg et Nathalie se frottèrent les paumes en ricanant...



Marinette descendait toujours plus bas et s'étonnait de trouver encore de l'oxygène. Enfin, elle atteignit un palier. Elle promena le faisceau de sa lampe partout : il y avait un unique, étroit et long couloir sombre devant elle. Elle s'y engagea. Au bout, elle trouva une porte qu'elle réussit à ouvrir en rassemblant toutes ses forces. L'ouverture de cette porte déclencha une montagne de poussière qui s'envola autour de Marinette. Elle toussa et avança vite pour y échapper. La pièce dans laquelle elle se trouvait était circulaire et... Remplie d'ossements ! Elle hurla de frayeur et se plaqua contre le mur. Aussitôt, une dizaine de torches s'allumèrent, arrachant un nouveau cri à la jeune fille, qui lâcha sa lampe de poche. Quand elle fut calmée, elle vit qu'elle était entourée de tas de crânes fissurés et de centaines de milliers de pièces en bronze. Elle trembla... Dans quoi s'était-elle embarquée ?! Elle fut attirée par un objet, recouvert de poussière mais à la forme différente des autres crânes... En prenant soin de rien toucher, elle s'en approcha. Pas de doute, c'était une lampe ! La lampe ! Marinette sourit et s'en empara tranquillement. Victorieuse, elle fit demi-tour, ramassa sa lampe de poche mais remarqua qu'elle était cassée. Heureusement qu'il y avait des torches ! Elle en prit une et repartit. Avant que le sol se mette à gronder !

- Qu'est-ce qu'il se passe ?!

Tous les crânes se brisèrent. Elle regarda autour et comprit : elle avait prit une torche ! Alors qu'elle ne devait rien toucher ! La gaffe !!! Prise de panique, elle courut jusqu'à l'escalier et le grimpa en criant.


- Elle arrive.

Un sourire démoniaque aux lèvres, Nathalie sortit un poignard de sa poche et attendit Marinette, qu'elle entendait revenir bruyamment. Plagg se balançait d'une patte à l'autre, tant il était impatient. Enfin, elle émergea, essoufflée, de la gueule du crocodile, qui commençait à trembler. Plagg vit la lampe en premier :

- Enfin ! Nous sommes les maîtres du monde, ha ha ha !! clama-t-il, comme possédé.

Marinette écarquilla les yeux : c'était la première fois qu'elle le voyait bouger ! Et parler ! Sous l'effet de surprise, elle recula, alors que Nathalie s'apprêtait à la poignarder, glissa sur le bord de la première marche et tomba en arrière dans les escaliers en poussant un petit cri de détresse. Ensuite, la gueule de pierre du crocodile se referma brutalement, soulevant un nuage de poussière. Quand il se dissipa, Nathalie et Plagg étaient toujours dans la même position : l'une avec le poignard levé, l'autre les ailes levées au ciel. Ils mirent quelques instants à comprendre ce qu'il venait de se passer : ils avaient eu la lampe sous leurs yeux... Devant eux... Et elle avait maintenant disparu ! Encore !

- Qu'est-ce que...

Nathalie arracha ses lunettes poussiéreuses de son visage : le portail s'était fermé. Pour toujours. Il n'y avait plus de visage de crocodile, juste de la pierre...

- Non !!

Elle se jeta sur le mur et se mit à le cogner, à le gratter, hors d'elle, en jurant. Après s'être cassés les ongles, elle se retourna vers son perroquet, qui tremblait devant son regard. Un regard haineux.

- Plagg ! Espèce de ...



Marinette ne sut pas combien de temps elle resta inconsciente. Plusieurs heures. Elle se réveilla, la bouche pleine de poussière, face contre terre et des courbatures dans tout le corps. Elle se leva péniblement. Elle ne voyait rien. Elle était coincée dans les catacombes, c'était tout ce qu'elle savait ! À cause de cette femme, à cause de cette... Lampe ? Où était-elle ? Toujours dans sa main. Elle l'ôta et sentit sa main poisseuse. Par réflexe, elle frotta la lampe contre sa cuisse...

La lampe s'illumina aussitôt : une lueur rouge éclata et aveugla sans prévenir la jeune fille. De peur, elle se plaqua contre les pierres qui l'entouraient et se fit mal au dos. Ainsi éclairée, elle put remarquer que la lampe était rouge rubis et parsemée de gros points noir. La lampe s'agita, de la fumée pailletée s'en échappa et une minuscule forme rose apparut. La forme flottante se roula en boule puis écarta des petits bras et des petites jambes, comme pour s'étirer. Marinette n'arrivait plus à respirer. La petite boule se changea en créature toute mignonne et rose bonbon d'où se dégageait une grande lumière !

- Aaaah... 25 siècles, ça commençait à faire long ! J'ai des courbatures partout ! Bon, enfin sortie ! Où est mon maître ? Maître ? C'est toi ?

- Que... Qui... Quoi... Hein... bégaya Marinette.

- Où est mon maître ? Qui m'a appelé ? Où est ma lampe, qui l'a ? demanda la créature, qui se déplaçait à la vitesse de la lumière.

- ... ça ? fit Marinette, tremblante, en brandissant la lampe.

- C'est toi qui l'a frottée ?

- O-oui...

- Oh ! Mille excuses ! Hum, bonjour, Ô chère maîtresse ! Que puis-je faire pour vous satisfaire ?

- Qu-quoi ?

- Oh, mais quel est cet espace !? C'est chez vous ?

- N-non...

- Bon ! Excusez-moi, j'ai besoin de m'échauffer !

Elle tapa des mains : toutes les pierres, les ossements et la poussière s'écartèrent de Marinette et flottèrent autour d'elle, élargissant le lieu d'une centaine de mètres !

- Quel bazar, on se croirait sur un champ de bataille, Amanishakheto est dans les parages ou quoi ?!

Elle vola et claqua des doigts : des centaines de bougies rouges apparurent. Marinette se redressa. La créature la détailla.

- Si je puis me permettre, maîtresse, vous devez être déshydratée.

Une tasse de thé en porcelaine apparut dans les mains sales et tremblantes de Marinette.

- Maintenant, Maîtresse, quels sont vos vœux ? J'attends vos souhaits !

- Mes souhaits ?

- Trois ! Et pas un de plus !

- Trois souhaits ?

- Oui. Mais attention : 1, je ne fais pas revenir à la vie, 2, je ne fais pas mourir et 3, je ne fais pas tomber amoureux. Hi hi, je n'ai rien oublié. Je me suis tellement entraînée, tous les jours, j'avais hâte de sortir pour redire ça !

- Attends, attends... Toi, tu vas... Trois souhaits ?

- Maîtresse, vous allez bien ?

- Arrête de m'appeler ''maîtresse''.

Elle s'était pincée et aucun doute : elle ne rêvait pas. Elle inspira un grand coup et toussa. Elle reprit son calme.

- Hum. Je m'appelle Marinette et...Enchantée.

La créature sourit.

- Je vois, une débutante. Bonsoir Marinette. Je m'appelle Tikki et je suis le Génie de la lampe.

Elle fit une révérence. Marinette parut émerveillée.

- Un génie...

- Oui. Et comme c'est toi qui as frotté ma lampe, c'est toi ma maîtresse ! Je dois exaucer trois de tes vœux les plus chers ! On commence ?

- Trois vœux...

- J'ai hâte de refaire de la magie ! Aller, aller !

- Je n'aurais jamais imaginé que cela puisse exister...

- La preuve que si ! Je peux tout faire !

- Voilà pourquoi cette femme cherchait cet objet...

- Oui, je suis très précieuse, un objet de convoitise rarissime car je suis un Génie !

Tikki, dans les airs, faisait des exercices de souplesse.

- Il faut... Non, impossible, j'ai du me prendre un coup sur la tête, je n'y crois pas...

- Comment ça ''tu n'y crois pas'' ?! Hé ho, tu me voies, tu m'entends ?

- Je suis en train d'halluciner, je suis toute seule, fatiguée, dans le noir, sous terre...

- Pas du tout, tu es aussi vivante que moi !

- Je suis peut-être déjà morte... Après tout, cet endroit ressemble à ce que j'imagine de l'enfer...

- Tu délires, Marinette ! Je suis vraie, tout est vrai, c'est... Ha ha, je sais !

Elle se jeta sur Marinette. Aussitôt, une tornade rosée pailletée se forma, s'éleva, perfora tous les étages des catacombes de Paris et s'envola dans le ciel clair du matin...



C'est avec des cernes sous les yeux que Nathalie reprit ses fonctions au palais. Elle n'avait pas dormi de la nuit car elle n'était pas parvenue à se rendre compte que l'impensable s'était produit : elle avait perdu la lampe. Après six tentatives de coups d'état ratées, des traquenards, des pactes avec des gens de l'ombre, de la magie noire, cette lampe était sa dernière solution pour devenir reine ! Jamais elle n'y arriverait ! Toutes ces années de dur labeur perdues... Elle ne savait plus quoi faire.

- Nathalie !

Sa journée n'allait pas s'améliorer : Gabriel approchait.

- Le voyage en Italie de la semaine prochaine : annulez-le.

- Comment ? N'était-ce pas le moyen de parfaire une alliance entre...

- Adrien n'est pas intéressé par la princesse Flora. Je ne voudrais pas lui donner de faux espoirs.

- Mais... Bien, Majesté.

Il allait donc lui traîner encore dans les pattes la semaine prochaine... Il repartit. Plagg explosa :

- J'en ai trop marre de jouer aux larbins pour ce blanc-bec !! Fais quelque chose, Nath', sers-toi de cette tablette hypnotisante qui marche un une fois sur quinze ! Assassine-le ou je ne sais quoi !

- Je sais, j'ai déjà essayé ! Tout ce qu'on a gagné, c'est un minable AVC ! Cette lampe était mon dernier espoir !

- Trouve quelque chose, j'en peux plus de ce type, il me sort par les yeux !!

- Et moi donc...

Elle alla sur le balcon pour s'écarter de toutes oreilles indiscrètes. Elle vit, dans le jardin, le roi qui réajustait la tenue de son fils sous l'œil apprenant d'une servante. Il ne remarqua pas la mine triste de ce dernier.

- Faut le piquer, lui ! continua Plagg. Qu'il abdique et change de travail !!

- Son fils prendra la relève.

- On s'en débarrassera ! On aurait dû garder l'idiote de Marinette et les forcer à s'enfuir ensemble !

- Tais-toi. Jusqu'à ce qu'il se marie, on a encore du temps pour trouver comment s'emparer de la couronne. Tant que Gabriel sera satisfait de mon travail, il me gardera et je pourrais contrôler ce pays grâce à lui. Il est trop occupé à chercher une cruche d'épouse à son fils pour se rendre compte de quoi que ce soit !

- À la bonne heure ! Toi et moi on sait très bien que quand ce sera fait et qu'il deviendra roi, on nous dégagera du palais !

Ils soupirèrent en même temps. Plagg, frappé par une idée lumineuse -selon lui-, ouvrit grand le bec et tira l'oreille de Nathalie pour attirer toute son attention :

- Attends voir... Hé mais... Hé ! Mais ça pourrait être toi, la cruche d'épouse !

- Comment ?!

- Attends, attends : non seulement ça te permettrait d'obtenir les pleins pouvoirs sans nous creuser la tête, mais, en plus, ça déplairait à Gabriel ! Mouahaha....

- Qu'est-ce que tu racontes, j'ai le double de son âge !

- Justement, tu n'es plus très fraîche, ma vieille ! Oh, un cheveu blanc ! Quand tu accéderas au pouvoir, il te faudra un mari et qui serait mieux que l'héritier légitime !? Plus besoin des sortilèges des catacombes ! Pis, regarde-le, il est plutôt beau garçon ! Tu préférerais un type de ton âge, aussi mesquin et imbuvable que toi ? Là, t'as un prince tout neuf et tout innocent, servi sur un plateau d'argent !

Alors qu'elle s'apprêtait à contredire le raisonnement de Plagg, Nathalie se perdit dans son observation d'Adrien... Certes, il était très beau... Plutôt grand pour son âge, un charme étincelant, des yeux de félin, jeune, doué en tout... Jusqu'à maintenant, elle n'avait vu en lui qu'un pantin, qu'un fils à papa, un gamin qui plaisait à n'importe qui mais à présent, elle réalisait qu'il avait toujours été vif d'esprit (quitte à lui mettre des bâtons dans les roues !), très cultivé et talentueux pour son âge, et avait cette terrible manie de réussir tout ce qu'il entreprenait. Il n'était pas seulement bien né. Oui : ce prince était à son goût. Il ferait un parfait promis ! Plus besoin de génie ou de magie noire pour s'accaparer du trône ! Cette alliance lui simplifierait la vie ! Et puis, elle, elle était mille fois mieux que n'importe quelle princesse présentée par son incapable de père ! Elle se gratta le menton.

- Tu n'es plus à un crime près ! sortit Plagg, en guise d'argument ultime.

- Mmh... Je reconnais que cela ne me paraît pas si bête que ça... Devenir reine en épousant l'héritier... Gabriel est tellement pressé de marier son fils qu'il ne serait pas contre une belle-fille proche de lui...

- Ouais, ouais, excellent, Dalida !

Plagg finit aplati contre le mur.



Plus loin, sur un toit du 2ème arrondissement, un nuage de paillettes roses éclata et Marinette apparut, déboussolée. Elle plissa les yeux à cause de la luminosité et frotta tous ses vêtements pour en retirer la poussière. Tikki tournoya autour d'elle.

- Et voilà, nous sommes sorties ! On est tellement mieux dehors ! Aaah, le soleil, quelle merveille !

Tikki fit apparaître des lunettes de soleil et un transat de sa taille et s'allongea dessus.

- Alors, Maîtresse Marinette, quel est votre deuxième vœu ?

- Mon deuxième ?

- Oui : tu as utilisé le premier pour sortir des catacombes. Il ne t'en reste que deux.

- Mais je n'ai jamais dit que je voulais sortir des catacombes ; tu l'as fait toute seule.

En sirotant un cocktail, Tikki se refit le film des dernières minutes et faillit recracher sa boisson : en effet, elle s'était emportée et avait agi de son plein gré !

- Bien joué... On ne m'y reprendra pas !

Marinette sourit :

- Donc... Trois vœux... C'est difficile...

- Prends ton temps ! lâcha Tikki, en fondant sur son transat.

- Ça fait beaucoup et pas assez... Qu'est-ce que tu souhaiterais, toi ?

Surprise, Tikki se redressa :

- Quoi ? On ne m'a jamais posé la question. Je suis un Génie, il me suffit de claquer des doigts pour faire apparaître tout ce qu'il faut ! Mais... Mais justement... Pour moi... Ce que je voudrais le plus au monde, c'est la liberté.

- La liberté ? Tu es prisonnière ?

- Je ne peux rien faire sans cette lampe. Elle et moi ne faisons qu'un. Je suis condamnée à exaucer les vœux de n'importe qui.

- Si tu as tous les pouvoirs de l'univers, pourquoi ne peux-tu pas exaucer toi-même ton souhait ?

- Ça ne marche pas comme ça. Pour me libérer de cette lampe, il n'y a pas mille solutions : mon maître doit me l'ordonner. Sacrifier un vœu pour moi. Mais ça, personne ne le fera jamais.

- Pourquoi pas ? Moi, je le ferai !

- Oui, oui, c'est cela...

- Non, pour de vrai : ça compensera ce souhait de sortir des catacombes, ha ha ! Je fais deux vœux et je te réserve le troisième, ça te dit ?

Tikki ne sut pas si elle devait s'extasier ou se méfier de tant de bonté. Pourtant, les yeux sincères de sa maîtresse lui indiquèrent de lui faire confiance.

- Il semblerait que nous ayons conclu un marché, Maîtresse... Bien ! Alors, ce premier vœu ??

Elle était à présent sur-excitée ! Plus vite elle exaucerait ses vœux, plus vite elle serait libérée !

- Qu'est-ce que ton cœur aimerait plus que tout au monde ?

Marinette réfléchit une seconde :

- Eh bien, il y a un garçon que j'aime bien et...

- Stop ! Je ne peux pas faire tomber amoureux, je te l'ai dit !

- Pas la peine, il ressent la même chose, on m'a dit qu'il... Oh non...

- Quoi ?

- Je viens de comprendre que cette femme m'a menti ! En fait, elle m'a utilisée pour que je lui ramène ta lampe ! Je suis trop bête !

- Marinette... C'est toi qui as ma lampe. Tu peux avoir tout ce que tu veux ! la rassura son Génie.

- Mais je ne veux rien d'autre qu'Adrien. Je voudrais tant le revoir, savoir s'il a aussi une attirance pour moi, on a si bien sympathisé... Il est si gentil, si intelligent, si...

- Ravissant ?

- Charmant ! Il a une voix si... Et un sourire si... Et son regard...

La jeune fille rougissait et avait des étoiles plein les yeux.

- J'en connais une qui est amoureuse... roucoula sa nouvelle amie.

- Mais c'est aussi le prince. Seule une princesse peut...

Son regard s'illumina.

- Tikki ? Tu pourrais faire de moi une princesse ?

- Ça dépend : est-ce un vœu officiel ? demanda-t-elle, mielleuse.

- Oui !

- Alors... On frotte la lampe et on fait le vœu !

Marinette s'exécuta :

- Tikki : je souhaite devenir une princesse !

- Hi hi, on dit ''Génie'', mais pas de problème ! C'est parti !!!

Tikki tapa des mains et une fumée rose les enveloppa...



Dans son bureau, Gabriel examinait soigneusement les profils des princesses européennes et célibataires qu'il n'avait pas encore contacté. Sa conseillère arriva.

- Votre Majesté, j'ai peut-être une solution à la cause de vos tourments !

Elle s'avança et lui tendit un vieux parchemin.

- En relisant les lois sur les unions royales, je suis tombée sur quelque chose de très intéressant.

Elle déplia le parchemin sous ses yeux et lut :

- « ... Ainsi, si l'héritier n'a pas désigné son promis avant la veille de son anniversaire, son ascendant de sang royal a l'autorité de l'unir avec son plus proche... Conseiller... »...

- Quoi ? D'où sort ce document ?

- De vos archives, Altesse.

Gabriel s'empressa de vérifier si le sceau royal concluait le parchemin.

- On a prit une heure à le faire pour qu'il paraisse crédible, ce maudit truc... maugréa Plagg, à voix basse.

- Votre Grâce, cela me surprend autant que vous... Mais le prince aura bientôt 15 ans et, vous le savez, pour le pays, je suis prête à vous obéir au doigt et à...

- C'est impossible... Enfin, Nathalie, vous...

- Il faut penser à l'avenir, Majesté. Ce n'est qu'un mariage.

- Certes. Mais... Je...

- C'est la loi.

- Mais... Comprenez, vous êtes... Un peu... Mûre...

La conseillère perdit patience et lui mit sa tablette numérique sous les yeux. Gabriel fut aussitôt hypnotisé.

- Mariez-moi au prince ! ordonna Nathalie, les dents serrées.

- Vous mariez au...

- Ne pensez plus aux stupides petites princesses et abdiquez !

- Ne plus penser aux... J'ab...

- Votre Majesté ! débarqua un garde, sans s'annoncer. On nous informe qu'un étrange cortège arrive vers le manoir !

Nathalie s'éloigna promptement du roi, qui retrouva ses esprits.

- Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?

Ils entendirent une légère musique qui venait de l'extérieur. Ils se rendirent au balcon. Ils écarquillèrent les yeux : au loin, ils distinguèrent un regroupement de grandes voitures rouges vives flambants neuves.

- C'est la princesse... Ladybug !! s'exclama une voix, qui retentit dans toute la capitale.

- Une princesse ?? s'enthousiasma Gabriel.

Nathalie et Plagg froncèrent les sourcils mais retinrent le moindre commentaire.



- Ladybug ? Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Marinette, complètement paniquée, à bord d'une voiture de luxe.

- Je ne sais pas, ça m'est venu comme ça ! rigola Tikki. Il faut savoir improviser ! Je vais faire en sorte que tout le monde ait entendu parler de toi et de ton royaume !

- Mon royaume ?? Quel royaume ??

- Une princesse sans pays à gouverner, ce n'est pas une princesse !

Elle lui fit un clin d'œil et s'apprêta à passer à travers la portière. Marinette l'arrêta :

- Attends, attends, je fais quoi, moi ? Ce serait un miracle que je passe les portes du palais !

- Laisse-moi faire : tu veux être une princesse ? Tu seras une princesse ! Du royaume Miraculous !! En attendant, montre-toi !

Puis elle disparut. Marinette, derrière ses vitres teintées, voulut se ronger les ongles d'angoisse avant de se rendre compte qu'ils étaient magnifiquement bien manucurés. Pour une fois ! La vitre du toit s'ouvrit. La jeune fille inspira un grand coup et se dressa.

Une sublime jeune fille émergea du toit. Lourdement parée de diamants, les cheveux étincelants coiffés en chignon sur la tête, vêtue d'une courte robe bouffante rouge à pois noirs et d'un châle en soie assorti, Marinette -ou plutôt, la princesse Ladybug- sourit faiblement aux centaines de parisiens curieux qui s'étaient réunis sur les trottoirs pour laisser passer et admirer cet inattendu défilé. Marinette était mal à l'aise. Un groupe de danseurs la dépassa et l'encadra, en guise d'escorte. Elle fût la seule à apercevoir son génie, miniature, voler parmi la foule et lancer incognito une poudre rose sur les passants. Instantanément, tous lançaient :

- La princesse Ladybug !

- C'est incroyable de la voir ici !

- Comme elle est belle !

- Il paraît qu'elle est la plus riche princesse du monde !

- Elle a fabriqué une bibliothèque pour une école en Roumanie !

- Elle est experte en arts martiaux !

- Elle produit des films !

- Elle est courtisée par les plus grands princes !

- Ladybug !!

Marinette imita grossièrement le salut propre aux Miss France. Elle aperçut un groupe de SDF, assis sur le trottoir, qui regardaient avec envie les belles voitures. Sans hésiter, elle ôta toutes ses bagues et leur lancèrent. Elle prit de l'assurance et gonfla le buste, tandis que tout le monde continuait à l'acclamer. Un tour de magie de Tikki lui ouvrit le portail du manoir...

Gabriel, tout de joie, s'empressa de se rendre sur le seuil afin d'accueillir l'arrivante.

Dans la salle d'entraînement, le cours d'escrime fut interrompu : le maître, ses gardes et le prince se postèrent aux fenêtres.

Les voitures de la ''princesse'' ralentirent devant l'escalier qui menait à la demeure principale. Tous semblait enchanter de voir cette arrivée. Marinette continuait de sourire bêtement, quand elle aperçut Adrien ; il avait relevé son casque d'escrime et l'observait d'un air ennuyé. Marinette rougit. Elle enleva son châle et lui envoya. Il le rattrapa sans mal, sous les yeux amusés de tous. La ''princesse'' lui fit un clin d'œil et il partit. Toute l'escorte créée par Tikki était composée d'hommes et de femmes très grands et très musclés, au visage fermé. Ils portaient tous un costume blanc avec une cravate rouge à pois noirs. Tikki se métamorphosa en valet tout de rose vêtu et se posta devant la voiture. Elle s'éclaircit la voix :

- Votre Majesté ; son Altesse Royale, la princesse Ladybug de Miraculous !

Une musique se déclencha. Postée derrière le roi, Nathalie se hâta de chercher sur sa tablette qui était cette Ladybug. Sa tablette planta à ce moment-là. Elle retint un juron.

- Princesse Ladybug ! Altesse ? Princesse... appela Tikki.

Marinette n'osait pas sortir de la voiture. Après une révérence, Tikki la rejoignit.

- Qu'est-ce que tu fais ?! Tu me fais honte, sors de là !!!

- Je peux pas, Tikki, j'ai trop peur, ils vont tous voir que je ne suis pas une vraie princesse !

- Qu'importe, l'objectif est de t'assurer des sentiments d'Adrien, non ? Alors sors !

Elle se changea en rubis et se logea dans l'une de ses énormes boucles d'oreille.

- Ne t'en fais pas, je serai avec toi ! Aller !

- Merci...

- Surtout, garde ma lampe !

La lampe bien crochée à ses jupons, Marinette inspira un bon coup et sortit, la tête haute.

Le roi Gabriel lui souriait. Marinette reconnut immédiatement la conseillère à l'air sévère. Elle devina qu'elle ne la reconnaissait pas. Elle s'avança et, au premier pas, murmura à l'attention de Tikki :

« - C'est quoi ces chaussures ? pesta-t-elle, en marchant avec des talons de quinze centimètres sur les graviers.

- Des chaussures modernes adaptées aux princesses ! dit la voix du génie, que seule sa maîtresse pouvait entendre.

- Je n'en suis pas sûre, c'est de la torture !

- Marinette, je crois que je m'y connais plus en princesses que toi ! »

Un de ses gardes vint lui donner le bras pour la guider. Marinette leva le menton, comme elle avait vu faire dans les films, et marcha comme la plus fière des personnes, malgré sa douleur aux chevilles.

- Fais une révérence ! commanda Tikki, en arrivant devant le roi Gabriel.

Elle en fit une, comme une petite fille.

- Votre Majesté. C'est un plaisir pour moi d'être ici. Paris est magnifique.

Il lui offrit le bras.

- Soyez la bienvenue, ma chère !

Ils entrèrent dans le manoir.



- ... Et comme j'ai ouïe dire que votre charmant fils unique était en âge de se marier, je me suis permise de venir vous saluer.

- C'est merveilleux !

- Pour sûr, venir sans vous faire annoncer, il ne fallait pas se gêner... railla Nathalie, quand ils atteignirent la salle du trône.

Gabriel la fusilla du regard et retourna à son invitée.

- Je dois vous avouer, Princesse, que nos affaires entre la France et Miraculous m'échappent... D'ailleurs, nous ne sous sommes jamais rencontrés, n'est-ce pas ?

- En effet... Mais j'ai beaucoup entendu parler de vous. Et qu'en bien ! ajouta-t-elle, pour détourner la conversation.

- J'ai une autre confession à vous faire : je trouve votre robe divine ! Votre styliste aura de mes nouvelles, croyez-moi !

- Je suis contente qu'elle vous plaise ; c'était la moindre des choses pour me présenter à vous !

Flattés, ils rirent de bon cœur. Plagg eut envie de les étriper. Le prince arriva à ce moment-là, la marche rapide et le regard éteint. Il portait toujours son costume d'escrimeur, au grand damne de son père qui se retenait de lui reprocher de ne pas s'être changé. Il enleva son casque et le confia à un domestique. Le souffle de Marinette se coupa quand elle observa les beaux cheveux dorés du prince. Il s'approcha rapidement d'elle et lui remit son châle en mains propres.

- C'est à vous. dit-il simplement.

Puis il fit demi-tour. Le cœur de Marinette se fissura.

- Adrien ! La princesse Ladybug est venue spécialement pour faire ta connaissance !

Le concerné se retourna, l'air ennuyé, en croisant les bras.

- Ladybug ?

- Oui, mon prince ! Je suis enchantée de vous rencontrer !

Elle fit une nouvelle révérence. La tête baissée, elle réfléchit très vite : il ne m'a pas reconnu ! Il m'a déjà oublié !? Qu'est-ce que je vais faire ?

- Soyez des nôtres pour le dîner ! Je vais faire préparer une chambre pour la nuit !

- Si je puis me permettre, Majesté, une suite à l'hôtel serait plus convenable pour la princesse de Miraculous. intervint la conseillère, lasse de voir ses projets contrariés.

Le roi vint lui confier à l'oreille :

- Nathalie, réfléchissez : cette demoiselle pourrait être une parfaite promise pour Adrien ! Plus besoin pour vous de vous inquiéter, je peux encore marier mon fils !

- Altesse, vous n'avez aucune idée de qui elle est ! articula-t-elle, les dents serrées, rouge de rage.

- Inutile, je fais confiance à mon instinct : j'ai toujours su les vraies intentions des gens tout de suite après les avoir rencontrés !

Puis il retourna vers Ladybug. Plagg se tourna vers sa compère :

- Un tel éventail de réparties ironiques s'offre à moi que je ne sais laquelle choisir !

Nathalie lui fit signe de la mettre en veilleuse.

- Alors, ma chère, acceptez-vous notre invitation ?

- Avec plaisir, Altesse.

- Nous en sommes ravis ! Que diriez-vous de passer la soirée au théâtre ? Ça vous ferait voir Paris !

- Quelle bonne idée, Majesté !

- Appelez-moi Gabriel ! lui souffla-t-il, amicalement.

Nathalie faillit casser sa tablette. Elle se rapprocha des deux nobles.

- Soit, je vais réserver une place de premier choix pour la princesse Ladybug...

Marinette s'approcha et tapota Plagg.

- Pas trop usant d'avoir toute la journée une poule qui jacasse dans vos oreilles ?

- On s'y fait.

- Je m'adressais au perroquet.

Elle rit de sa bonne blague. Elle vit que le roi et son fils pouffèrent également. Un point pour elle. Ça lui apprendra à l'abandonner dans les catacombes ! Tikki se promit de sermonner sa maîtresse ; elle ne supportait pas l'humiliation gratuite. Nathalie fit mine de ne rien avoir entendu et se régala à imaginer sa revanche.

- Alors, pour ce soir, je peux vous réserver un Fouquet, cela vous intéresse ?

- Oh oui, j'adore cette pièce !

- Navrée, je vous parlais du restaurant...

Un point partout. Comment Marinette avait-elle pu oublier ce célèbre restaurant parisien ?! Elles s'affrontèrent du regard.

- Je vous réserve une place ou vous souhaitez inviter des amis ?

- Euh, je pensais inviter le prince...

- C'est dommage, il doit se lever tôt demain pour un cours de chinois.

- Vous pouvez décaler ? Il passera un bien meilleur moment avec moi.

- J'en doute.

- Nathalie !

- Altesse, votre fils a besoin de calme ces temps-ci, je pense que toutes les visites de ces princesses le fatiguent, peut-être que pour aujourd'hui...

- Vos autres princesses n'ont rien à voir avec moi ! Mes intentions sont pures.

- Vous ne m'avez pas l'air bien différente des autres intéressées.

- Je peux offrir beaucoup au prince !

- Comme quoi ?

- Comme tout ce que vous ne pourrez jamais !

- Vraiment ?

- Tout Miraculous !

- Pour l'épouser ?

- Bien sûr !

- Vous pensez l'acheter ainsi ?

- Hein ?

Piégée.

- Sinon, vous pourriez arrêter de parler comme si je n'étais pas là ! intervint le prince, que tout le monde avait oublié.

Vexé, il jeta son fleuret par terre et partit. Marinette se sentit désespérée : elle s'était laissée emporter par cette femme diabolique ! Heureusement pour elle, le roi était de son côté.

- Ne vous en faites, princesse, mon fils est un peu à fleur de peau avec cette histoire de mariage... Il est vrai qu'il est fort occupé, j'insiste beaucoup pour qu'il ne loupe pas à ses devoirs de prince et comme nous n'attendions pas votre visite... Que diriez-vous de réessayer demain ?

Son regard la suppliait. Elle n'avait pas envie d'attendre mais c'était sa seule chance. Il avait du voir tant des promises partir pour si peu... Elle remercia aimablement le monarque et tous les deux partirent, bras-dessus, bras-dessous.

Une fois seuls, Plagg explosa :

- Tout ça parce qu'il aime sa robe !!!! Ce type est complètement détraqué là-haut !!

Nathalie lui ordonna de se taire avant qu'il ne lui fasse une remarque sur son style vestimentaire. Elle souhaita intérieurement une bonne soirée à la princesse Ladybug... Car elle n'était pas une femme qui aimait perdre !  




À suivre ....

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