[🍋]_«Hot Colombie»

(parce que l'automne se prend un p'tit peu trop au sérieux niveau température, «salut, moi c'est Septembre et je vous prépare à l'hiver, ha ha, fini l'été où il pleuvait toutes les semaines, vous allez cailler !», voici un OS caliente pour se réchauffer 😏)



 - Mais qu'est-ce que tu foutais, t'étais où ?!

 - Ta gueule.

Samantha claqua la porte, contourna Jorge et tituba jusqu'à la chambre.

 - Il y a eu une tornade dans la région ! Tout l'hôtel est confiné pour des raisons de sécurité ! J'étais fou d'inquiétude !

La télévision diffusait une chaîne d'informations locale. Samantha aperçut des images floues et des vidéos de la tempête et des désastreux glissements de terrain. Elle éteignit la télé et laissa la télécommande tomber par terre. Elle en avait assez. Elle enleva sa chemise maculée de boue qui lui collait à la peau.

 - T'es trempée... C'est la pluie ou ta sueur ?

Elle vida ses poches sur la table : les téléphones volés, le manche de son couteau à la lame cassée, et la ceinture du dernier type à qui elle avait fracassé les dents. Elle fronça les sourcils, incapable de se souvenir comment elle avait pu se retrouver là.

Jorge la suivait comme un chiot en lui parlant. Peut-être l'engueulait-il, elle ne le savait pas, elle ne l'écoutait pas, mais elle avait envie de le gifler. Elle ouvrit son ordinateur portable, inséra la carte SD du téléphone dans le lecteur, téléchargea les fichiers et les envoya dans la foulée à ses supérieurs. La connexion était mauvaise et le transfert mit plus d'une minute pour passer de 2% à 3%.

Sam jura. Elle essora ses cheveux roux dans son poing : l'eau qui coula le long de son avant-bras était noirâtre.

 - Est-ce que ça va, au moins ? T'es blessée quelque part ? Y a des médicaments si tu veux.

Le colombien saisit un sac en plastique sur une chaise et présenta différents produits. Samantha l'ignora encore et se rua dans la salle de bain où elle vomit debout, dans les toilettes. Jorge se précipita :

 - Sam !

Il voulut la soutenir par les épaules mais elle se dégagea :

 - C'est rien, maugréa-t-elle.

 - Comment ça, "rien" ?! Tu disparais la journée entière, tu te bouffes une tempête, tu reviens couverte de sang, la tronche esquintée, tremblante comme une feuille ! T'as mangé aujourd'hui ?

L'agente se décala vers le lavabo pour se rincer la bouche. Le miroir brisé lui renvoya son reflet : elle avait une sévère éraflure sur la joue droite, une marque rouge de strangulation à la gorge et saignait de l'œil gauche. Elle pouffa. Elle repoussa à nouveau Jorge et alla prendre une mignonnette de vodka dans la commode sous la télé. Sa routine pour soulager la moindre douleur. Elle la vida d'un trait. Jorge s'approcha avec des compresses dans une main et un spray antiseptique dans l'autre.

 - Tu peux pas rester comme ça, ça va s'infecter, tu vas...

 - Ne me touche pas !! prévint-elle, un doigt levé.

Jorge soupira, vaincu.

 - J'ai appelé les autorités pour te trouver, mais ils disaient qu'ils étaient débordés ! avoua-t-il.

 - Comme t'es mignon. railla-t-elle.

Elle prit une seconde mini-bouteille et alla s'asseoir sur le lit grinçant pour la finir. Elle aperçut la progression du transfert des données sur son ordinateur : 5%.

De rage, elle jeta la fiole vide contre le mur. Elle poussa un long soupir en se prenant la tête entre les mains. Elle était exténuée.

 - Une douche te ferait du bien. hasarda Jorge.

Sam soupira encore : il ne se taisait jamais ! Elle renifla. Sa tête dodelinait.

 - Tu vas attraper la mort... Je sais pas si l'eau chaude marchera ce soir, mais, au pire, lave-toi vite et mets des fringues chaudes, t'en as ? Non, je vais te faire un bain, avec la bouilloire, ça va te faire du bien ! Normalement, on se douche d'abord et, après, on se prélasse dans le bain, mais bon... Attends, je vais te mettre une serviette sur un radiateur, comme ça elle sera toute chaude quand tu sortiras !

En disant cela, il alla prendre un pull trois fois trop grand pour Samantha dans ses affaires et vérifier si le radiateur de la salle de bain marchait. Il faillit le décrocher du mur en essayant de l'activer. Tant pis. Il fit couler de l'eau dans la baignoire mais elle restait froide, même le robinet tourné à fond vers la gauche. Il retourna dans la chambre et trouva Sam allongée sur le lit.

 - Tes godasses sur le lit ! râla-t-il.

Mais Sam dormait déjà. Les yeux fermés, la bouche entrouverte, les bras le long du corps, les jambes étendues, elle avait l'air décédée. Jorge s'approcha prudemment et plaça sa main au-dessus de son nez et de sa bouche. Il constata, soulagé, qu'elle respirait. La pièce était silencieuse et Jorge ne sut pas quoi faire.

Il s'assit au pied du lit, empoigna la botte droite de Sam, la posa sur son genou et commença à la délacer. Mouillée et très serrée, la chaussure ne s'enlevait pas facilement. Jorge tira à deux mains pour y arriver. Quand il libéra enfin les pieds de la jeune femme de ses chaussures, il trouva des chaussettes sales, humides et trouées. Il n'hésita pas longtemps, il les enleva et les jeta directement à la poubelle. Il observa quelques instants les pieds pâles de Samantha : ses orteils étaient ensanglantés, elle avait des ampoules boursouflées, deux ongles cassés et une vieille cicatrice hypertrophique. La balafre était sur le dessus du pied droit et elle avait la même en plus petite sur la voûte plantaire. Comme un impact de balle. Le cœur du jeune homme se serra.

Il alla remplir la bouilloire, la brancha, prit une bassine, fit couler de l'eau et du savon dedans. Quand l'eau de la bouilloire fut chaude, il la déversa dans la bassine et mélangea rapidement pour obtenir une eau tiède savonneuse.

Il revint aux pieds de Samantha avec la bassine, un gant de toilette râpeux et une serviette de bain. En prenant soin de ne pas réveiller l'agente, il passa le gant imbibé d'eau mousseuse entre ses orteils et sur ses pieds et les lava minutieusement, avant de les tamponner délicatement avec la serviette pour les essuyer. Ensuite, il soigna du mieux qu'il pût ses petites blessures ; il aspergea ses ongles de pieds de désinfectant et piqua avec une aiguille ses ampoules. Il finit en enduisant ses pieds de crème hydratante et en les massant.

Il hésita à lui nettoyer les bras, couverts de coupures, mais il craignait de se prendre son poing dans la face si elle se réveillait.

Dehors, la pluie ne cessait pas.



Samantha se réveilla au beau milieu de la nuit, à cause un coup de tonnerre. La chambre était plongée dans l'obscurité. La jeune femme se passa la main sur le visage pour essuyer sa sueur. Elle fut surprise par la forte odeur de savon sur ses doigts. Elle s'examina une seconde. Elle sentit un pansement sur son arcade sourcilière. Elle n'avait plus la moindre trace de sang sur ses bras. Ses vêtements, trempés de transpiration, lui collaient à la peau. Elle se redressa et son regard tomba sur ses pieds nus et propres au bout du lit. Elle ne se souvenait pas s'être lavée avant de s'endormir. Elle tourna la tête : à côté d'elle, se trouvait la couverture roulée en boudin, pour faire une séparation sur le lit double. Derrière, Jorge dormait à poings fermés sur le ventre, la bouche ouverte.

Samantha se leva maladroitement. Tous ses muscles la tiraient et elle avait un mal de crâne pas possible. Elle chancela jusqu'à son ordinateur. 

78%.

Elle se retint de le foutre par la fenêtre.

La fièvre lui montait. Ses bras étaient perlés de sueur. Des pilules blanches gisaient sur la table, à proximité des boîtes de médicaments ouvertes.

Sans se soucier de réveiller Jorge, elle voulut allumer la lumière, mais l'électricité était coupée à cause de la tempête. Par pure flemme d'aller refaire le portrait à l'imbécile de gérant, elle décida de prendre deux gélules de chaque plaquette. Peu importait ce que c'était, ça ne pouvait pas lui faire de mal. Elle récupéra une dizaine de comprimés de tailles et de formes différentes dans le creux de sa main et les croqua longuement, appuyée contre la table. Elle trouva une petite bouteille d'eau pétillante à moitié vide par terre et la but pour faire passer.

Le vent frappait la fenêtre. Samantha ignorait l'heure qu'il était. Probablement celle de faire un rapport. Mais elle en avait assez fait pour aujourd'hui. Assez pour les misérables salaire et reconnaissance qu'elle recevait.

Elle savait qu'elle était sur le banc de touche de la CIA. Vu comment elle avait foiré sa dernière mission... Tuer l'indic qu'elle devait secourir. Dans son service, personne n'avait jamais vu ça. La honte. Tout le monde la méprisait désormais. Elle bossait en solo. Elle ne recevait que des missions futiles, comme celle-ci, de trafic de drogue à l'étranger. Ses supérieurs faisaient tout pour la faire craquer. Le prochain écart lui voudrait une mise à pied. C'était pour cette raison qu'elle ne pouvait pas se permettre de louper cette mission.

Chargée de déceler le premier maillon d'une chaîne de trafic de drogue pour en démanteler le cartel, elle n'avait que du matériel défaillant à sa disposition et créchait dans l'hôtel le plus miteux de Bogota. Malgré ça, elle se mettait en danger tous les jours pour remplir sa mission. Rien qu'aujourd'hui, elle avait essuyé un cyclone, s'était battue à mains nues contre quatre catcheurs et avait failli se noyer dans un égout. Et aucune nouvelle de ses supérieurs. 

La seule personne à se préoccuper d'elle était ce Jorge, un toxicomane qui ne voulait plus la lâcher de peur de se faire tuer dehors par les types chez qui il se fournissait !

Elle se rapprocha du lit et se recoucha sur le dos. Elle soupira bruyamment. Jorge ouvrit un œil :

 - Ça va ?

Elle hocha la tête.

 - J'aime bien la pluie la nuit, ça me berce...

Qu'est-ce qu'elle s'en fichait.

Un frisson glacial parcourut son corps. Elle se lécha les lèvres. Elle se sentait faible et toute moite. Un scorpion se promenait dans ses tripes.

Jorge lui mit nonchalamment la main sur l'épaule et lui redemanda si elle sentait bien. Elle s'assit. La main du jeune homme tomba sur sa cuisse. Elle la lui prit sans la dégager et le regarda. Un nouveau coup de tonnerre résonna et un éclair à proximité illumina la chambre un instant.

Les bouches de Samantha et de Jorge se soudèrent instantanément, comme des aimants. Ils se léchèrent la langue et les joues. Ils éjectèrent du lit la couverture qui les séparait et se serrèrent l'un contre l'autre. Affamé, Jorge se redressa d'un bond et vint s'allonger sur elle, sans séparer leurs lèvres. Elle entoura ses bras autour de son cou et crispa ses doigts dans ses cheveux bouclés. La chaleur qui émanait du corps du jeune homme lui fit oublier l'humidité de la pièce et éprouver un sentiment de confort irrésistible. Il lui enleva précipitamment son débardeur, sale et poisseux, et lui agrippa les seins, avant de les baiser. Il suça ses tétons salés. Sa barbe de trois jours lui titillait le ventre. Sam s'attela à baisser son pantalon, mais elle n'avait plus de force. Jorge lui vint en aide et la déshabilla complètement. Il ôta enfin son caleçon, s'installa entre les cuisses collantes de l'agente, mit ses mains de part et d'autre de sa tête et la contempla un moment. Il était prêt. Il l'attendait.

Elle posa ses mains sur son torse. Leurs yeux ne se lâchaient plus. Elle sentait son sexe en érection lui chatouiller le pubis. Alors elle lui saisit les hanches, souleva son fessier et l'invita à la pénétrer sans plus attendre. Dès qu'il fut en elle, ils se mirent à gémir. Il exécuta des rapides et d'intenses mouvements de va-et-vient qui firent ébranler le lit. Il s'appuya sur ses coudes, tint la tête de Sam entre ses mains et l'embrassa avidement sur la bouche. Il colla sa joue à la sienne et emprisonna son lobe d'oreille entre ses lèvres.

Chacun de ses gestes le faisait s'introduire plus profondément en Samantha. Ses jambes rebondissaient sur le matelas humide à chaque coup de reins. Elle lui découvrit une endurance qu'elle ne lui aurait jamais soupçonné. Elle lui prit le menton entre son pouce et son index, et lui fit redresser la tête. Son regard sombre étincelait, ses lèvres pulpeuses brillaient, ses boucles brunes lui collaient au visage. Un désir éclot dans son ventre. N'avait-elle jamais vu combien il était beau ?

L'excitation la fit sortir de sa torpeur fiévreuse. Son corps sursauta pour s'asseoir sur les cuisses de Jorge, en entourant sa taille de ses jambes molles et suintantes. Il lui mit un bras dans le dos, prit appui sur le mur et la soutint puissamment contre lui. Il lui suça le cou et les clavicules tandis qu'elle ondulait sur lui. L'orage faisait rage. 

Ils haletaient en rythme. Sam lui empoigna les cheveux à la nuque et lui tira la tête en arrière. Il était tout à elle. Elle encadra sa mâchoire de ses mains et plongea sa langue dans sa bouche grande ouverte. En cet instant, la CIA pouvait aller au diable ! Elle ne voulait que Jorge ! Elle ne voulait que son corps contre le sien, que sa chaleur, que sa voix, ses biceps, son regard... Peu importait comment se terminerait cette mission, elle le ramènerait chez elle et le protégerait !

Elle lui embrassa les paupières et rassembla ses dernières forces pour sautiller, leurs sexes toujours unis. Jorge prit son pouce en bouche et le téta, avant d'empoigner ses fesses. Ils poussèrent un cri sourd quand ils jouirent. Elle se détacha lentement de lui en lui mordillant la lèvre inférieure. Il avait la gorge plaquée entre ses seins. Il la dévorait du regard et lui souriait. Il lui articula des mots qu'elle n'entendit pas. Ils étaient épuisés.

Ils fondirent encore l'un contre l'autre et se laissèrent tomber sur le lit, farouchement accrochés, mêlant leur sueur et leur haleine. Samantha tourna de l'œil.

Un bip retentit dans la chambre.

Samantha cligna des yeux.

Le bruit accéda à son inconscient.

Samantha se réveilla en sursaut, courbaturée, détrempée, la gorge sèche.

Il pleuvait toujours.

Elle était à bout de souffle et portait encore les vêtements avec lesquels elle s'était couchée.

Elle se redressa en quatrième vitesse : derrière la couverture roulée en boudin, Jorge dormait sereinement sur le ventre, les bras sous l'oreiller. Tout habillé. 

Le bip provenait de l'ordinateur, indiquant la réussite -laborieuse- de l'envoi.

Sans réfléchir, Samantha envoya violemment la lampe de chevet tordue éclater l'appareil !

Alerté par le fracas, Jorge remua sans cesser de ronfler.

Samantha transpirait et suffoquait.

Un rêve. Tout n'avait été qu'un rêve.

Et quel rêve ! 

Elle se leva, les yeux écarquillés, toute tremblante et l'entrejambe toute mouillée, et alla finir sa nuit dans le vieux fauteuil en flanelle, loin du jeune homme. 

Le lendemain, sa fièvre était tombée.



fin

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