Hors Série : EXTRAIT




voici une séquence d'un de mes prochains livres : HERITIERS. Le résumé se trouve à "Pitch de Fic (doce)"





- ... Parce que dorénavant, c'est moi qui gouvernerais ce pays ! scanda l'impératrice Diaba.

Les cinq enfants apparurent dans la salle du trône, fermement tenus par des gardes de Diaba. La reine Phauzi ne retint pas ses cris. Son mari et elle étaient retenus sur leurs trônes respectifs, un poignard planté dans chaque main, littéralement cloués sur les accoudoirs. Ils étaient soulagés de voir leurs héritiers en vie, mais effarés de se montrer dans une telle position. Les princes et les princesses n'avaient pas l'air blessés. Ils avaient tous les mains attachées derrière le dos et un bâillon de cuir entre les lèvres. Ils furent alignés à quelques mètres de Diaba.

- Qu'est-ce que cela ? Êtes-vous fous ? fit-elle, d'une voix faussement outrée. Est-ce ainsi que l'on traite les héritiers de Maderr ? Lâchez-les ! Ô, mes pauvres petits... Quoiqu'il m'est très agréable de vous voir tous ainsi, à ma merci... Comme ce jour doit vous être dur. Ce jour où le règne des Bah Sinks-Feh s'achève !

Elle leur fit une révérence. Les héritiers échangèrent des regards affolés.

- Nul mortel n'a le droit de vous traiter de la sorte. Une noble au sang pur, comme moi, en revanche...

Elle sortit une dague en or de sa manche et s'approcha d'eux. Elle fit face à Nesly, la plus jeune des héritiers, qui tremblait de peur.

- Princesse Nesly... Quel honneur d'enfin vous rencontrer !

Elle l'enlaça en souriant. La petite fille déglutit d'effroi. Diaba glissa ses bras derrière son dos et trancha les liens de la princesse avec sa dague.

- Pardonnez-moi de n'avoir pu venir célébrer votre naissance, continua-t-elle en se redressant. Une mission de la plus haute importance m'occupait.

Elle lui ôta son bâillon et lui caressa les joues.

- Mais je suis là, aujourd'hui, avec douze ans de retard. Vous n'avez mal nulle part ?

Nesly secoua doucement la tête, incapable de parler.

- Princesse Erryfa ! s'exclama l'impératrice, en s'avançant vers cette dernière. Comme vous êtes grande ! Vous dépasserez vos frères, j'en suis certaine !

Elle se colla à elle pour couper ses liens dans son dos sans la quitter des yeux et dénoua son bâillon.

- J'ai toujours aimé être grande. On remarque toujours les personnes dépassant les autres. Pas seulement en taille, d'ailleurs. Et j'aime être vue !

Elle ricana gaiement et passa à Kaho.

- Prince Kaho, Altesse...

Elle passa ses bras derrière lui pour le libérer.

- J'espère que la disparition de votre représentation de la plage d'Ilaxidra ne vous a point inquiété : j'ai demandé à mes espions de me la faire parvenir.

Elle promena un instant ses doigts dans la longue chevelure du prince après lui avoir défait son bâillon.

- Elle me plait beaucoup. Elle est exposée dans mes appartements.

Vint le tour de Tiharan.

- Princesse Tiharan, navrée de vous avoir interrompue en plein entraînement. D'un autre côté, votre maniement de l'épée est réputé pour...

Tiharan repoussa violemment l'impératrice sitôt ses mains libres, surprenant tout le monde. Elle la saisit à la gorge et la fit reculer. Diaba se dégagea en la giflant. La princesse arracha son bâillon et, de rage, se jeta sur l'envahisseuse, qui tenait toujours sa dague.

- Laissez-la ! ordonna-t-elle à ses complices. Laissez-la moi... Je vais vous montrer comment mater une princesse !

- Tiharan ! Tiharan, je t'en prie... Tiha'... criait faiblement le roi.

Kaho profita de la confusion pour détacher Aliel. Les deux frères n'eurent pas eu longtemps à réfléchir sur l'action à faire : ils furent saisis par la nuque et immobilisés ainsi.

Tiharan et Diaba se faisaient face. La princesse bouillonnait : l'humiliation que leur faisait subir cette femme, ses parents blessés, ses frères et sœurs traités comme des prisonniers, tous ces morts... Elle revit une épée traverser la poitrine de son maître d'arme, une heure avant, tandis qu'elle était maintenue au sol par une horde d'intrus... Les larmes lui montèrent aux yeux et elle s'élança. Tiharan était bonne combattante, un peu trop pour ses parents, la meilleure de sa fratrie. Mais son adversaire était Diaba... D'un mouvement vif, l'impératrice saisit l'héritière par les cheveux et lui fit ployer le dos en arrière avant de lui mettre la lame de son arme dorée sur la gorge. Des "Non", "Arrêtez", "Pitié" résonnèrent autour d'elles.

- Ta stupide vaillance ne peut rien contre moi... susurra Diaba. Je suis venue, je vous ai vaincus !

Sur ce, elle entailla la pommette de la princesse et la fit tomber en avant sans ménagement, sous les cris de la famille royale.

- C'est maintenant que l'Histoire se met en place... Maderr m'appartient ! Soumettez-vous ! Agenouillez-vous devant votre reine !

Les héritiers furent forcés de se mettre à genoux, les uns à côté des autres. Des hommes armés jusqu'aux dents les surveillaient. Ils étaient perdus.

- Vos pouvoirs sont miens. Vos terres sont miennes. Tout ici m'appartient...

- Mes... Pas eux... Tout mais... murmura difficilement la reine.

- Pardon ? Je ne vous entends pas, Majesté.

Diaba s'approcha d'un pas rapide vers les trônes où les souverains déchus étaient cloués.

- Prenez ma vie si vous... Mais... Épargnez mes enfants... Laissez-les...

- Pour quelle infâme mécréante me prenez-vous ? s'offusqua-t-elle. Je ne ferais jamais le moindre mal à vos enfants ! Vous semblez oublier qu'ils ont failli être les miens...

Elle se retourna et revint vers les cinq héritiers agenouillés.

- Une éternité de damnation pour tous ceux qui attentent à la vie des descendants légitimes des dieux, telle est la décision divine. Pour la sûreté de mon ère, je ne ferais pas couler de sang royal. Non, n'ayez crainte... Je me débarrasserais de vous autrement...

Elle avança vers Aliel : le jeune homme, conservant son courage, la défiait du regard. Son rôle d'aîné l'obligeait à ne montrer aucune peur.

- Votre Altesse Aliel Bah Sinks-Feh, premier du nom, fils aîné et héritier légitime de Maderr... L'âme la plus noble de sa génération, le destin le plus envié et le garçon le plus courtisé du continent... Mon cher, vous n'avez point encore porté la couronne que je vous la ravis ! Capitaine Phobos ?

Un homme au visage rouge et aux habits maculés de sang s'avança. Il avait le sommet du crâne dégarni et un œil caché sous un bandeau. Rien que sa présence effraya la totalité des personnes présentes dans la salle.

- Prince Aliel, je vous présente votre nouveau maître. Peut-être connaissez-vous la réputation de Phobos et de sa flotte. Vous avez étudié la navigation, n'est-ce pas ? Et la géographie ? Vous en aurez besoin pour les vingt-cinq prochaines années. Je vous envoie aux galères !

Le temps sembla se figer un instant. Gardant son sang-froid, Aliel dévisagea tour à tour le pirate et l'impératrice.

- Vous ne pourrez vous débarrasser de moi ainsi... Je...

- Vous partez demain, à l'aube. La route sera longue, n'est-ce pas Phobos ?

Le concerné ricana. Tiharan allait insulter Diaba mais celle-ci reprenait déjà la parole :

- Votre Altesse Tiharan, votre fougue est connue de tous... Ainsi que votre jeunesse. A votre âge, une fille de votre rang devrait déjà être promise, alors je me suis occupée de cela pour vous : la cité Sacyr prépare vos noces. Leur sultan, qui m'a gracieusement envoyé ses meilleurs soldats, vous veut en treizième épouse. Ils vous escorteront demain.

Tiharan ouvrit grand la bouche de désespoir : le sultan de Sacyr était réputé pour enchaîner et maltraiter ses conquêtes, qu'il gardait comme des trophées dans son harem. Jamais aucune femme n'en était ressortie. N'y tenant plus, Nesly éclata en sanglots.

- Allons, petite Altesse, reprenez-vous, vous êtes en présence de vos parents !

Diaba vint lui prendre les mains et poursuivit d'une voix calme, mais enjouée :

- Princesse, réjouissez-vous, un nouveau futur s'ouvre devant vous ! Levez la tête et saluez votre destin ! Comme vous avez de jolies mains, petites et fines... Exactement ce que je recherche... Demain, vous quitterez Maderr pour Ozon ; mon pays. Le plus bel endroit du monde, un peu reculé, malheureusement... Nous allons échanger nos palais, comme cela va être amusant ! Vous allez rencontrer beaucoup de nouvelles amies, de votre âge, avec des doigts de fées comme vous. Elles n'ont pas votre éducation, je le crains, mais elles travaillent vite et habilement, sans se plaindre. J'espère que vous prendrez exemple sur elles et que vous ne serez pas un frein ou le châtiment sera terrible. Nos mines de diamants nécessitent des travailleuses de première qualité !

Nesly poussa un petit cri et ses pleurs redoublèrent. Sa sœur Erryfa la prit dans ses bras, redoutant le sort qui l'attendait :

- Votre Altesse Erryfa fera, je l'espère, preuve de plus de témérité que sa jeune sœur. Une guerre a éclaté entre les royaumes de Bjorg et celui de Maün, au Nord. Je leur ai promis du renfort, je suis persuadée que vous ferez une bonne soldate ! Les dieux décideront de votre fortune. Vous partez demain au front.

Elle se tourna enfin vers le troisième enfant de la famille royale.

- Quant à vous, votre Altesse Kaho...

Le prince n'avait pas le courage de son frère alors il n'osa pas regarder Diaba et attendit sa terrible décision. Mais elle ne dit rien. Kaho releva la tête : l'envahisseuse avait la main tendue vers lui. Il la lui prit après une hésitation. Elle l'invita à se relever. Kaho obéit et se laissa emmener au centre de la pièce comme un pantin.

- Savez-vous, Altesse, ce qu'il y a de plus ennuyant lorsque l'on parvient à dominer un royaume tel que le votre ? C'est que l'on passe ensuite toute sa vie à se battre pour le garder. Seulement, en épousant le dernier héritier du trône, on peut régner en toute légitimité et en toute sérénité.

Kaho ne voyait pas où elle voulait en venir.

- Vous allez rester ici. Je vous fais l'honneur de me servir de roi.

Le jeune prince écarquilla les yeux.

- Non !! cria le roi.

- Je vous défends de toucher mon frère ! hurla Aliel.

- Sorcière !! cracha Tiharan.

D'autres cris et pleurs retentirent. Kaho voulut retirer sa main de celle de Diaba, mais elle le tenait fermement.

- Faites évacuer la salle et venir mes gouvernants ! Mon règne... Débute !

Tous ses gardes crièrent à sa victoire ! Les quatre héritiers furent saisis à la taille et emmenés tant bien que mal. Ils se débattaient, refusant le sort des uns et des autres. Kaho criait leurs prénoms. Le roi et la reine furent libérés et traîner hors de la pièce. Au même moment, les envahisseurs arrachèrent tous les drapeaux de la famille royale et les jetèrent par les fenêtres. Kaho se tortillait dans tous les sens pour se défaire de l'emprise de l'impératrice. Celle-ci s'en exaspéra et le saisit par la gorge.

- Allez-vous vous tenir tranquille ?!

Elle le souleva jusqu'au trône qu'occupait le roi un instant auparavant et le laissa tomber dessus. Le jeune prince glissa lamentablement du siège royal à cause de la quantité de sang frais qui le recouvrait.

Laissant là son futur mari, Diaba s'avança jusqu'au balcon et inspira un grand coup le nouvel air de cette cité.

Elle avait gagné.





FIN

(ou est-ce le commencement d'une grande aventure..... )

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