Une histoire qui n'a pas besoin de nom
Ça faisait un moment qu'il fallait que j'écrive cette histoire mais j'ai perdu deux fois mes brouillons et mes fiches papiers alors j'en ai eu marre et j'ai tout arrêté ;-;
Mais aujourd'hui, j'ai retrouvé mon courage alors voici une histoire d'un rêve qui m'est arrivé. Elle est plutôt longue d'ailleurs.
J'ai essayé de le rendre assez poétique, avec un style d'écriture particulier. Personnellement j'aime bien mais c'est peut-être un peu trop.
Vous me direz ! ^^
***
Cette histoire est hors de toute temporalité, elle échappe à la logique et se faufile entre la cohérence et raison.
Histoire incomplète, étrange, poétique, parfois horrifique. Sans intérêt particulier, elle existe simplement.
Comment nommer une histoire qui parle de paquebot maudit, d' « enlèvements » de jeunes filles et d'un ascenseur digne d'un film d'horreur, le tout saupoudré d'une héroïne sans nom ?
Nous pourrions lui donner un nom, celui de rêve.
Mais elle n'a guère besoin de sobriquets au fond.
Notre héroïne n'a pas de prénom. Pas de physique particulier. On ne distingue que ses cheveux bruns, sa peau blanche.
Des vêtements ? Elle en a. Lesquels ? De quelles couleurs ? Impossible de le savoir.
Elle est à la fois très reconnaissable et complètement floue, se définissant uniquement par un âge, aux alentours de quinze ans, ses cheveux mi-long.
Elle n'a ni passé, ni futur. Simplement un présent.
Elle se définit uniquement par son existence immédiate.
A l'opposé les paysages sont claires. Étonnamment précis. Le ciel d'un bleu pur retrouve son reflet dans la l'océan calme. Les voiliers dans le port tanguent doucement, bousculés par le ressac d'une mer d'huile. Le port, petit et lumineux, se situe dans une enclave, coincé entre deux falaises de pierre claire. Ces falaises, ces falaises étaient magnifiques, chaque rochers, chaque buissons de bruyère l'embellissait, la rendait parfaite à l'instar du ciel et de la mer, à l'instar des petites barques colorés.
Tout était idyllique, jusqu'aux maisons aux toits rouges, idyllique comme un rêve. La perfection qui reste simple, qui ne surenchérit pas, qui ne tombe pas dans l'excès. Une perfection a la touche d'imperfection qui l'a rend encore plus parfaite.
Et notre héroïne déambulait, elle déambulait sur les hautes falaises pierre claire, entre les maisons aux toits rouges. Elle n'avait pas de but, son existence n'avait pas de but après tout. Elle déambulait et tout ce que l'on sait car c'est tout ce que l'on a à savoir. Tout comme il faut savoir la beauté de ces buissons verts, tout comme il fait savoir la chaleur tranquille de la journée ensoleillée, tout comme il faut savoir la position du soleil derrière sa tête et qui caresse ses cheveux.
Et tandis qu'elle déambulait, car il n'a pas d'autre mot qui conviennent mieux pour décrire sa marche paisible, en contrebas deux hommes s'activent dans l'eau fraîche. L'un d'entre eux tient entre ses bras, calée sous ses aisselles, une planche de mousse pour le faire flotter. L'autre est plus à l'aise, il semble lui donner des cours. De natation sans doute. Peut importe.
Peut importe aussi comment ou pourquoi la protagoniste a pu voir cette scène alors que les falaises étaient bien trop élevées.
Et soudain, perçant la tranquillité idyllique, la tranquillité parfaite de son imperfection, le son d'une alarme retentit de hauts hauts-parleurs, en hauts des plus hautes hauteurs de ces hautes falaises. Et une voix, forte et désincarnée, puissante et artificielle, déchire l'air de son intonation. Déchire l'atmosphère d'un avertissement vibrant.
Quelque chose arrive. Les hauts-parleurs préviennent et hurlent. Quelque chose arrive. Quelque chose de grand. Quelque chose arrive de l'océan, se prépare à rentrer dans le port calme.
Quelque chose de terrifiant.
Et l'air vibrant de l'avertissement désincarné, se déchire encore plus et change. Revire complètement, disparaît et se transforme. L'air se charge d'obscurité inquiétante. De gros nuages noirs et gris comme autant de moutons porteurs de malheur se rassemble en troupeau autour de l'enclave. Ils enserrent le ciel, l'oppresse et l'accapare. Un vent froid, terrible se glisse entre les feuillages, donne un air pitoyables aux buissons verdoyants qui paraissent plus ternes.
Et l'océan, et l'océan, se secoue et convulse. Gronde et s'abat en vagues menaçantes et frénétiques. Les fonds marins s'assombrissent. La mer d'huile est bousculée, engloutie sous les vagues hargneuses qui cognent et cognent contre les coques de bois des voiliers colorés. Et les embarcations bousculées se ruent de chaque côtés, s'agitent et s'entrechoquent. Terrifiées car la mer est devenue terrifiante, et sombre et froide, elles veulent se libérer des amarres qui les entraves et se jeter loin de ce port rêvé qui tourne au cauchemar. Mais les amarres les ancrent fermement aux pontons de bois, leurs interdisant quelconque fuite salvatrice.
Et notre héroïne sur les hauteurs de pierre claire qui se mouillent d'un embrun de mauvaise augure, court. Elle court car les hauts-parleurs lui disent de courir. Ils crient de s'échapper, de se cacher, de se terrer loin, loin de ce qui arrive. Et le troupeau de moutons du malheurs grondent et déversent des trombes d'eau froide et triste. Comme des milliers de larmes du ciel. Alors elle court encore plus vite, frénétiquement, ses jambes s'activent, s'élancent et se replient aussi vite et fort qu'elles le peuvent. Son souffle s'accélère et se mélange au souffle du vent. Cependant tandis que celui du vent ne cesse de prendre en intensité, le sien devient rauque et court.
Alors elle rentre, trempée des larmes célestes, dans une des maisons aux toits rouges. Elle claque la porte rouge derrière elle et s'égouttant sur le paillasson, elle se tient les mains sur les genoux à prendre de grandes goulets d'air. D'un air devenu bien lourd, bien lourd... Enfin, elle lève la tête, une tête curieuse, vers l'intérieur de la maison au toit rouge, à la porte rouge et à la façade beige, elle s'avance dans le couloir silencieux. Laissant des traces d'humidité sur le parquet de bois, jusqu'à arriver devant une immense véranda. Une trop grande véranda même, qui laisse bien trop paraître le tumulte extérieur. Le son des hauts-parleurs, celui de la pluie, et de la mer en bas sont étouffés par les murs. L'endroit est rassurant mais cette véranda, elle, est inquiétante. Elle est trop grande, trop grande, le spectacle de chaos qu'elle dévoile est trop dérangeant, effrayant, la véranda instille un bien trop grand sentiment d'insécurité. Le paysage est bien trop grand tout comme la véranda, le point de vue est trop immense pour que l'impression d'être minuscule et misérable ne s'insère pas dans le cœur de notre protagoniste.
Et il y a, il y a une personne qui se tient devant la véranda, à regarder dehors, à affronter cette impression dérangeante et effrayante d'être moins que rien devant un chaos de nuages sombres, de vent sifflant, de mer déchaînait et d'hauts-parleurs qui préviennent. Cette personne fait instantanément pensé à sa professeur de science économique et sociale à l'héroïne. Ce qui n'a pas de sens puisqu'elle n'a pas de professeur de science économique et sociale, puisqu'elle n'a rien. Non, ce n'est pas sa professeur, même si les traits de son visages lui sont familiers, même si les souvenirs de cours souvent un peu ennuyants frôlent son esprit. C'est bien une professeur de science économique et sociale, mais pas la sienne. Celle de qui alors ? Ce n'est pas important malgré tout.
Sa professeur de science économique et social qui n'est pas sa professeur de science économique et sociale se retourne vers notre protagoniste qui s'est introduite dans sa demeure. Et immédiatement l'intruse s'excuse d'être rentrée dans cette maison au toit rouge qui n'est pas sa maison. Peut-importe, l'important c'est d'être en sécurité.
Les deux restent là, dans cette véranda aux dimensions exagérées. Elles restent là un bon moment, ou peut-être n'était-ce qu'une fraction de seconde ? Ce n'est pas important. Elles restent là un temps, et dans ce temps la pluie cesse.
Et dans un immense et terrifiant grondement, un tout aussi immense et terrifiant navire s'engouffre dans l'enclave. Sa coque, épaisse mais rouillée, racle les deux côtés des falaises, et crisse dans un bruit intolérable. Le métal semble proche de se rompre, à moins que ce soit la roche qui menace de céder ? Le navire aux dimensions gargantuesques avance péniblement, une aura sombre en émane. Une aura de malédiction du genre à repousser le plus téméraire des aventuriers. Le ciel s'est encore assombrit, juste au-dessus du bateau, il est d'un noir quasi-parfait. Et la coque crisse, et racle. Ce navire, ce bateau, ce vieux paquebot dégingandé, paraît sur le point de se rompre, de tomber en un tas de pièces rouillées dans les fonds marins. Qu'il puisse avancer malgré son état de délabrement total, tient du miracle.
Un miracle non pas descendu du Ciel mais remonté des profondeurs de l'Enfer.
L'image de ce paquebot sans aucun doute maudit mille fois se grave dans la prunelle abasourdie de l'héroïne. Sa rétine s'imprime de l'image implacable du paquebot fracassée revenu tout droit des morts. Et ses rotules tremblent d'appréhension. Et ses genoux, ses coudes, ses mains, ses dents, s'entrechoquent pour exprimer un sentiment viscéral. La peur.
Et l'on toque à la porte, l'on toque à la porte et c'est à l'héroïne d'aller ouvrir. Car c'est pour elle que ces coups retentissent contre le bois peint de rouge de la porte. C'est elle que l'on vient chercher. Et c'est un homme qui l'attend derrière l'ouverture.
Un homme, mais pas l'un des nageurs. Qui sait ce qu'il est advenu d'eux d'ailleurs ? Il vient chercher la jeune fille pour lui dire de le suivre vers le bas de la falaise. Vers le port où le paquebot prend toute la place, écrasant sans vergogne les petites embarcations de couleur.
Et l'héroïne accepte de le suivre. Pourtant, cela va à l'encontre de sa raison et de ses rotules qui cognaient il n'y a pas si longtemps. Mais elle accepte et le suit. En silence, sans parler. Les hauts-parleurs eux aussi se sont tues, tout comme le vent qui a disparu. Seul le bruits de leur pas sur le sol caillouteux et les débris de branches retentit. Ce silence surnaturel est étouffant.
Ils arrivent enfin devant un abris de métal qui protège quelque ascenseurs des intempéries. La lumière y est bien chiche. L'endroit avait tout l'air d'avoir était abandonné. Sans prêter attention aux pas de l'héroïne qui ralentisses, l'homme appuie sur le boutons d'un ascenseur qui s'ouvre dans un fracas de métal grinçant. Il y entre. Étrangement, malgré le suffisamment grand espace, ils savent qu'ils ne pourront pas rentrer à deux dans l'ascenseur. Alors elle s'avance vers un autre ascenseur. Un malaise de plus en plus fort s'empare d'elle à mesure qu'elle entend le roulement des poulies qui s'activent puis le fracas de la porte de métal qui s'ouvre.
Elle n'aime pas les ascenseurs. Elle les déteste même.
Cette aversion ne vient pas d'elle puisque les souvenirs d'ascenseurs décadents qui lui traversent l'esprit ne viennent pas d'elle non-plus. Mais elle a peur des ascenseurs.
Coincée dans ce corps de métal froid qui parait soudainement beaucoup trop étroit, elle étouffe intérieurement. De la sueur perle de son front à mesure qu'il descend par accoups secs et irréguliers. La lumière clignote et s'éteint plus qu'elle ne s'allume tandis que le voyant rouge renforce l'atmosphère de fin du monde de cet carcasse oppressante. Et la descente dure une éternité, ah qu'est-ce qu'elle dure ! Elle s'étire et s'allonge, et chaque seconde renforce l'angoisse qui enserre la gorge de l'héroïne. Si elle ne sort pas vite, elle risque de s'effondrer en larmes anxieuses.
Heureusement, avant que la protagoniste de plus en plus claustrophobe ne craque, un tintement retentit et les portes en fer s'ouvrent brutalement. Elle se presse alors de ressortir et de prendre une large inspiration de liberté.
L'ascenseur l'avait mené au pied de la falaise, tout prêt du paquebot inquiétant. De jeunes filles qui ont aux alentours de son âge se tiennent en ligne. Elle se dépêche de les rejoindre sans trop savoir pourquoi.
Elle regarde à ses pieds et y vit un tas de linges en tout genre, répandus en pagaille sur le sol. Puis elle tourne la tête et se perdit dans ses pensées. Elle réfléchit longuement et longtemps. A quoi ? Aucune idée, mais elle avait réfléchi si bien, avec tant de sérieux, qu'elle n'avait rien saisit de ce qu'était en train raconter l'homme.
Ainsi elle fronça fortement les sourcils de perplexité en voyants les filles prêts d'elle se mettre à saisirent le linge et à le plier le plus parfaitement possible. Et elle plissa plus fort les sourcils en voyant l'homme qui tenait un chronomètre dans sa main. Perdue, elle haussa mentalement les épaules et se mit elle aussi a activement plier le linge. Tant et si bien qu'elle fut la première à rendre une pile de tissus parfaitement pliés. Elle se retrouve félicitée sans même savoir pourquoi alors elle affiche un sourire pas convaincu mais ne dit rien.
Puis lorsque l'homme expliqua la deuxième tournée de pliage de linge elle comprit enfin pourquoi elle et les jeunes filles étaient ici, devant un paquebot maudit à arranger des torchons.
Le paquebot libérera la péninsule de son étreinte angoissante uniquement si on lui offrait une jeune fille comme épouse. Cela n'avait pas vraiment de sens mais puisque c'était ainsi, elle s'en accommodât.
Qui fut choisi au final ?
Le paquebot était-il parti après le sacrifice d'une de ces filles ?
Le ciel, la mer, les falaises auraient-elles pu retrouver leur perfection et leurs beauté idyllique même après avoir abandonner une âme à un monstre ?
On l'ignore.
L'histoire s'arrête là, dans le noir. Dans une multitude d'interrogations. Elle se termine sans conclusion.
Tout comme elle n'a pas besoin de nom, elle n'a pas besoin de fin.
Car ce n'était qu'une histoire faite pour exister ici et maintenant. Raconter tout ce qu'elle a à raconter comme elle souhaite le raconter et partir, s'envoler lorsqu'elle estime avoir fini ce qu'elle voulait accomplir. Ni plus ni moins.
Et puisque l'histoire a décidé de cesser.
***
Woah c'est ben rare que je dépasse les 2000 mots.
Ouais j'ai vraiment tenté de rendre beau un rêve dans lequel je devait plier du linge en compétition avec d'autres filles pour me marier de force à un paquebot hanté !
U_U
Et oui le rêve s'est terminé avant de savoir qui a finalement mieux plié son linge que les autres. Tristesse.
Je fais des rêves chelous ;-;
En tout cas ça m'a bien plu d'écrire ça. J'espère que vous avez aimé aussi ^^
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