Le nouveau Neverland....qu'ils disaient
Un endroit fréquenté, un public prêt à dépenser des mille et des cents pour de l'enfumage, un passage marquant un tournant décisif à ne surtout pas louper. C'étaient les mots exacts qui étaient inscrits sur le flyer que j'avais récupéré dans ma boite aux lettres ce matin-là. Le titre, aguicheur, sonnait comme un nouveau départ à mes oreilles : Le nouveau Neverland ! Ça oui, ça me faisait rêver ! Ça, et le salaire de dix euros de l'heure, sans compter les pourboires. Le Graal à l'état pur ! Je n'ai pas hésité longtemps avant de me lancer. Faut dire aussi que, quand la poule aux œufs d'or sonne à votre porte, vous ne la lui claquer pas au nez, ça non !
Du jour au lendemain, j'ai abandonné mon poste de Secrétaire Adjoint de Direction chez Air France et revêtu l'uniforme obligatoire de mon nouveau travail. Troquer mon costume trois pièces Armani contre le veston rouge Jarana a été quelque peu déroutant, je l'avoue. Mais la queue de pie, la cape et le chapeau haut-de-forme ont été pour moi une révélation. J'étais métamorphosé !
Mon contrat stipulait que je devais me présenter avec ma propre mallette de travail. Si cela m'a dérouté sur le coup, j'ai décidé de prendre les choses en main afin de leur en mettre plein la vue. J'ai passé la nuit à rassembler mon matériel de travail grâce à divers sites en ligne, ne lésinant pas sur les moyens. Enfin, je fus prêt ! Ma nouvelle vie de roi allait débuter.
Le jour J enfin arrivé, je me suis garé devant l'immeuble avec, je l'avoue, une certaine appréhension. Il faut dire que je connaissais bien la maison, pour y venir une à deux fois par semaine, et me retrouver de l'autre côté de la barrière était pour le moins intimidant. On m'a rapidement fait faire le tour du propriétaire avant de me montrer mon nouveau bureau.
Le flyer prétendait un boulot en plein air, et il ne pouvait être plus proche de la réalité. J'avais un bureau d'environ 20 000m2 sans aucun mur pour le restreindre. Le rêve...je crois. Bon, c'est vrai, je commençai à douter de moi, à me demander si je n'avais pas fais une connerie. Mais déjà, on me pressait pour que je m'installe et commence mes tours. Les premiers spectateurs se garaient. Enfin, spectateurs...J'avais beau tenter d'attirer leur attention, rien à faire ! Mes tours n'intéressaient personne ! A la fin de la journée, on m'a remis un chèque et on m'a dit qu'on me rappellerait au besoin.
Maintenant, il est vingt-trois heures. Je suis chez moi, une bouteille de Bourbon à la main, regardant défiler sans les voir les images passant sur l'écran de ma télévision, et je me dis :
- Putain, José, t'as déconné !
Ouaip, j'ai vraiment tout quitter pour faire des tours de magie sur le parking Leclerc... et on ne m'a même pas renouvelé !
Fin
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