2. Flowers and love - Tiniyoung

Flowers and love par Tiniyoung

Résultats du tirage :

Thème : fantastique
Thème principal : amitié
Plot : friends to lovers
Élément imposé : un trajet

~ Stray Kids, The Boyz, Ateez
~ Changbin X Wooyoung
~ Fantastique,

Note de l'auteur : "Cet OS est un peu long (9 342 mots), j'espère que vous l'apprécierez quand même :)"

Flowers and Love

Le petit garçon brun tambourina à la porte en bois, tremblant sous les coups. Son poing se figea en l’air juste avant qu’il n’atterrisse sur le visage de son ami.

— Wooyoung, enfin ! s’exclama-t-il.

Dépêche-toi, tu vas manquer leur arrivée !
Les sourcils froncés, il mit une seconde à réaliser de quoi il parlait. Il disparut pour réapparaître ses bottines en cuir aux pieds, lança un très bref au revoir à sa mère, et se mit à courir le plus vite possible. Wooyoung était beaucoup plus rapide que son ami qui, peinant à le suivre, le perdit de vue un moment au milieu de la foule, avant de le retrouver près du groupe des autres garçons de leur âge. Il se glissa à ses côtés, essoufflé, les mains sur les genoux, et se plaignit de son manque de considération.

— Dans ma grande bonté…, je viens… te chercher chez toi…, et en retour… tu me sèmes sur le chemin.

— Désolé Binnie, j’étais persuadé que tu étais juste derrière moi. Je serais probablement arrivé en retard sans toi.

Il lui sourit et lui tapota gentiment l’épaule. Une fois son rythme cardiaque revenu à la normale, Changbin se redressa et se mit sur la pointe des pieds pour obtenir la meilleure vue. Il ne tenait pas en place, pas plus que tous les jeunes présents ; leur moment favori de l’année arrivait. Les yeux pétillants d’excitation, il fixa l’horizon. Ils seraient là d’une minute à l’autre, il pouvait le sentir, les branches des arbres dansaient dans le vent comme pour se préparer à les accueillir. Des cris se firent entendre, c’était le moment. Les deux amis suivirent les autres hommes dans leurs acclamations, sautèrent de joie, et s’approchèrent un peu plus pour ne rien manquer.

L’été allait encore être une belle saison pour eux cette année. La foule, originellement séparée en deux rangs, se réunissait désormais derrière le groupe pour les accompagner sur la place principale de leur village. Les chefs s’y trouvaient, un large sourire fendant leur visage. Ils s’inclinèrent face aux arrivants, et la tribu entière fit de même. Ils purent contempler leur provisions estivales étaler sur la place ; des paniers remplis de graines, des jarres remplies d’épices de toute sorte dont l’odeur arrivait jusqu’à leurs narines, et un troupeau d’animaux de différentes espèces. Les cueilleurs, explorateurs, et chasseurs, avaient encore remplis leur mission à la perfection. Changbin et Wooyoung n’avait jamais passé de saison difficile, grâce à eux les provisions ramenées avaient toujours suffi à leur tribu. Pourtant, les choses n’étaient pas simples pour eux à Kaltaan.
Perchée dans les montagnes, la tribu Fjerosa devait survivre par ses propres moyens. L’hiver était rude, durait de long mois, et ne laissait que peu de place au printemps et à l’été. Il tuait la majorité de leurs cultures, leurs animaux, leurs plantes, les obligeait à se couvrir de peau d’ours et de maintenir les feux pour survivre. Chaque début de saison, les hommes les plus adeptes partaient en expédition dans la contrée voisine. Le voyage était long et périlleux, les forêts entourant le village étaient dangereuses, les montagnes escarpées, et c’est pour ces raisons que personne ne venait à eux. Ils se déplaçaient eux-mêmes, connaissant leur environnement mieux que quiconque grâce à leurs savants et explorateurs qui continuaient de l’étudier pour mieux le comprendre, s’adapter, et l’affronter si nécessaire. Leurs connaissances de la nature et leur entraînement rendaient leur trajet plus sûr. Les cueilleurs marchandaient et transportaient les vivres utiles ; les explorateurs les aidaient à la tâche et en profitaient pour poursuivre leurs analyses ; enfin, les chasseurs s’assuraient de leur protections à tous, humains et troupeaux.
Les acclamations reprirent de plus belle, et s’atténuèrent au signe de la main de l’aîné des chefs. Les deux petits garçons sursautèrent en sentant une poigne sur leur épaule et furent soulagés en découvrant le père du brunet.

— Je craignais que vous n’ayez loupé leur arrivée.

— On a bien failli, mais nous sommes arrivés juste à temps.

— Pour rien au monde je ne l’aurais manquée. L’été est ma préférée papa, parce que la fête dure plus longtemps !

En effet, les célébrations durèrent toute la nuit. Les femmes avaient passé de très longues heures dans leur cuisine pour préparer un festin digne de ce nom. La tribu entière s’était réunie près des champs, sur la terre qui serait, dès le lendemain, occupée par des dizaines d’animaux. Un traditionnel discours, une prière à leurs dieux, de la nourriture, des chants et des rires, cette soirée était faite de moments de joie. On venait sans cesse complimenter le groupe tout juste revenu, rendre un tel service à la tribu était un des plus grands honneurs possibles pour les hommes.

Les deux amis les observaient depuis leur banc ; ils étaient allés leur parler eux aussi, et ils n’arrêtaient pas d’y penser.

— Un jour, je serais comme eux. Je serais assis à cette table, et je te raconterai toutes les découvertes que j’aurais faites.

— Faudra revoir la course à pied…

— Arrête, dit Changbin en le bousculant légèrement. Courir ça ne sert à rien pour les explorateurs.

— Je sais, je te taquine. Tu seras un excellent explorateur, j’en suis sûr. Et à chaque fois que tu partiras, je prendrai soin des autres ici, et j’attendrai tes récits impatiemment.

Les yeux dans les yeux, ils se firent la promesse de rester de proches amis, même lorsque leur catégorie les ferait prendre des chemins différents. La solidarité et la loyauté n’avaient pas de prix pour les Fjerdosa, et, tout comme leur amitié, Wooyoung et Changbin y tenaient plus que tout.

✵✵✵

Sur le pas de la porte, le jeune garçon s’apprêtait à taper contre le bois pour s’annoncer. Seulement, il n’eut pas le temps de faire un mouvement, la porte s’ouvrit à la volée, révélant son ami un grand sourire aux lèvres.

— Ne fais pas cette tête, dit Changbin. Je t’ai vu arriver par la fenêtre.

Il l’invita à entrer, et ses parents le saluèrent chaleureusement. Le brun tenta de s’emparer d’un plat de biscuits salés en se dirigeant vers l’atelier de son père, mais se fit surprendre.

— Non, non, non, Binnie. Laisse ça ici, vous les mériterez après avoir travaillé, ordonna sa mère.

Le garçon fit la moue mais comprit qu’il ne servirait à rien de discuter. Il obéit et attrapa ses craies et écorces à la place, déterminé à travailler efficacement pour pouvoir profiter des petits délices.

Seonghwa les conduisit à l’arrière du terrain où se trouvait une spacieuse hutte en brique et en argile, laquelle abritait l’atelier du savant. Il l’avait construite à l’écart de leur habitation principale pour éviter les nuisances, ou un quelconque accident d’empoisonnement et de réactions chimiques indésirables. Malgré son savoir, il arrivait que ses tentatives de mélange se soldent par un échec. Les matériaux qu’il possédait étaient aussi, pour la plupart, fragiles et nécessitaient certaines conditions de conservation ; le couple avait alors convenu qu’il serait plus simple d’utiliser leur terrain pour leur propre protection. Les étagères étaient remplies de bocaux renfermant toutes sortes de végétaux, à se demander comment elle pouvait ne pas s’effondrer. D’autres caisses en bois, au sol, contenaient d’étranges liquides ou matières solides.

Wooyoung passa quelques minutes à les observer, tentant de se remémorer leur nom et leur vertu. Un pot attira son attention, il ne lui semblait pas l’avoir vu auparavant. À l’intérieur se trouvaient des petites boules jaune orangé. De plus près, il s’aperçut que c’était une fleur dont les pétales étaient relativement épais mais petits, et une tige gigantesque était enroulée dans le fond. Il avait envie de sentir son odeur mais se retint, il ne savait pas si cette nouvelle plante était toxique, et cela aurait été très stupide de sa part de céder à la tentation.

— Tu as remarqué la nouvelle arrivée, dit Seonghwa. Elle fait partie des espèces inconnues trouvées sur le nouveau chemin tracé cet automne. Sangyeon me l’a confiée lorsque le groupe est revenu.

— Quel est son nom ?

— Elle n’en a pas encore. À vrai dire, je n’ai pas encore vraiment eu le temps de l’analyser de plus près. Ce serait aussi une bonne occasion pour toi de venir quand je le ferai.

Wooyoung sourit et hocha la tête. Ce serait la première fois qu’il assisterait aux étapes d’analyses d’une espèce inconnue. Il avait déjà vu Seonghwa répéter des expériences qu’il avait déjà effectuées, mais celle-ci serait nouvelle pour eux deux. L’homme l’avait beaucoup inspiré durant les derniers mois, et c’est justement pour cette raison qu’il passait énormément de temps chez son ami.

Leur éducation primaire était sur le point de s’achever, ils devraient bientôt choisir la catégorie dans laquelle ils resteraient toute leur vie. Ce n’était pas une décision à prendre à la légère, mais elle n’était pas difficile à faire. Pendant les premières années de leur vie, les enfants apprenaient tous les mêmes choses sur leur méthode de vie, sur leur village, leur histoire, et leur environnement. Puis une première spécialisation se faisait, une très large qui ne consistait qu’à séparer les filles des garçons pour que les premières se concentrent sur l’entretien du foyer, et que les autres en apprennent plus sur leurs différents rôles. C’est en apprenant, et en observant, qu’une destinée était censée se dessiner clairement à eux. Ils découvraient leurs principaux intérêts et se dirigeaient naturellement vers cette voie. Certains échouaient, de rares cas, aveuglés par leur désir de pouvoir ou de force le plus souvent. Mais chaque garçon raisonnable savait reconnaître un désir ou une réelle compétence. Il n’y avait pas vraiment de place pour les rêves chez les Fjerdosa, pas en grandissant alors que chaque individu était voué à jouer un rôle crucial pour leur tribu entière. Il y avait tout aussi peu de place pour l’échec.

Très tôt, Changbin avait compris qu’il irait chez les explorateurs. Il ne se voyait pas faire autre chose que voyager, découvrir de nouvelles cultures, rapporter des tas d’échantillons à son père et l’assister dans ses tâches. Le fait que son père appartienne aux savants l’avait certainement influencé ; il le regardait depuis tout petit s’enfermer dans son atelier, pour en ressortir des heures plus tard le sourire aux lèvres. Il l’avait vu guérir un bon nombre de leurs voisins, donner quelques plantes à sa mère pour changer le goût de certains plats. Il avait vu tout le bonheur que ces petites actions apportaient aux gens. Cependant, il se souvenait aussi des journées où Seonghwa ne voyait ni la lumière du jour, ni respirait l’air frais, parce qu’il était trop pris dans son travail. Le petit garçon n’avait pas le goût de rester derrière une table entre quatre murs ; il aimait marcher dans les feuilles et escalader les roches, il préférait le grand air. Et puis, il n’était de toute façon pas très doué pour ce qui était expériences et mélanges. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait manqué de s’empoisonner en utilisant les mauvaises plantes en voulant aider son père. En contrepartie, il pouvait aisément les identifier et retenir leurs vertus pour la plupart. Son père adorait leur transmettre ses connaissances, à lui et à Wooyoung, ce qui rendait ces sortes de cours improvisés fascinants tant il parlait avec enthousiasme.

Wooyoung en pensait tout autant. Pour lui, Seonghwa faisait des miracles. Il passait beaucoup de temps chez son ami. Une chance que les deux familles habitent près l’une de l’autre, cela permettait au garçon de se rendre à l’atelier sans trop de problèmes, même en période de grand froid, et ses parents savaient toujours où le trouver. Il considérait le temps passé à l’atelier comme un temps consacré aux loisirs, ce n’était ni du travail, ni une corvée pour lui. Il n’avait pas eu beaucoup d’occasions de s’y rendre lors des précédents mois, et Seonghwa le lui faisait remarquer quelques fois. Mais le garçon s’appliquait à s’entraîner avec son père de plus en plus. Hyunjae avait insisté pour qu’il soit plus souvent chez eux, qu’il l’aide à prendre soin des animaux qu’ils gardaient. Le jeune garçon n’avait pas hésité, il suivait les ordres de son père, c’est ainsi que les choses fonctionnaient dans leur tribu. Il s’exerçait également un peu au tir et au combat à la demande de celui-ci. Il se dirigerait vers les chasseurs le moment venu, et prendre un peu d’avance ne lui ferait pas de mal. Il manquait cruellement de rapidité et de flexibilité comparé à ceux de sa connaissance qui pensaient aussi rejoindre les chasseurs. Ce n’était même pas eux que Wooyoung craignait le plus ; c’était Sunwoo, un garçon de son âge, tout mince, pas bien costaud, mais qui riait sans arrêt de lui et de ses échecs. Sunwoo se disait être voué à devenir un chef, mais personne ne le croyait, il était trop égoïste et médisant. S’il voulait intégrer la catégorie de son père, il allait devoir faire d’énormes efforts pour changer son comportement. Mais sur le moment, Wooyoung se fichait bien de ce que Sunwoo deviendrait, il voulait simplement réussir dans sa propre voie, rendre sa famille fière, en particulier son père pour qui, être chasseur, était l’un des plus grands prestiges.

✵✵✵

— Wooyoung, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

— Pardon, je suis désolé. Je ne me sens pas très bien aujourd’hui, la nuit a été compliquée.

Le garçon gardait sa tête baissée, il n’osait pas regarder son aîné dans les yeux. La journée avait été longue et il n’avait fait qu’enchaîner les erreurs. Il avait manqué plus des deux tiers de ses tirs, manqua de peu de toucher un de ses camarades sur le terrain, et s’était blessé au combat corps-à-corps. Tout allait de travers, il avait un très gros retard sur les autres, et pourtant il faisait de son mieux pour ne pas être largué. Des muscles dont il ne connaissait pas l’existence auparavant le tiraillaient, ses mains étaient écorchées à vif par le bois des arcs qu’il manipulait jour et nuit, ses yeux fatigués mettaient les autres et lui-même en danger. Son attention était toujours ailleurs, il n’était plus capable de se concentrer pendant la totalité des séances comme il le faisait petit. Il passait la majeure partie de la soirée à s’entraîner seul, chez lui, puis devait ensuite aider son père à faire le tour des champs pour s’assurer de la sécurité et de la santé de leurs animaux. Son physique et son mental étaient mis à rude épreuve, il n’avait plus vraiment d’excuses pour justifier sa condition, et cela ne passait pas inaperçu auprès de son chef de groupe.

— Écoute Wooyoung, je ne parle pas que de ta journée catastrophique. Les précédentes semaines ont été tout aussi compliquées pour toi, et ça m’inquiète un peu, lui dit-il. Je suis bien conscient que chacun ne part pas du même niveau, d’autres ont commencé leur formation à peine leur destinée trouvée. Mais généralement, à cette période de l’année, on commence à voir une certaine homogénéité dans le groupe, et c’est le cas. Par contre, toi, tes progrès sont quasi inexistants.

Le concerné se mordit la lèvre. Il savait qu’il n’était vraiment pas bon par rapport aux autres, il en avait conscience, mais l’entendre faisait encore plus mal. Ce n’était pas comme s’il faisait exprès d’échouer à la plupart des exercices, il voulait vraiment réussir et il y mettait de la volonté.

— Chef, je vous assure que je vais continuer de faire de mon mieux, assura-t-il, et je…

— Je sais, le coupa-t-il. Je t’apprécie beaucoup, et ne crois pas que je ne remarque pas tes efforts. C’est simplement que ça ne fonctionne pas. Nous ne sommes que dans la première année, mais vous allez déjà avoir une opportunité de vous joindre au groupe qui partira pour le printemps du prochain cycle. À ce rythme, les choses vont être compliquées pour toi. Tu as tout le loisir de changer de voie avant l’initiation, il est encore temps. Tu devrais peut-être y réfléchir, à tête reposée.

— Non ! Désolé, c’est que je… Je sais que je peux faire mieux, je ne veux pas vous décevoir.

— Tu ne décevras personne. Tu dois aussi savoir ce qui est pour toi, ici.

Tout en disant cela, son chef lui prit le poignet et posa sa main sur son torse.

— C’est là, dans ton cœur, que tu sais quelle est ta vraie destinée, et ce que tu sais faire de mieux. Si tu veux prendre quelques jours, je ne t’en tiendrai pas rigueur. Repose-toi, passe du temps à observer autour de toi, ressens ce qui t’entoure.

Wooyoung hocha faiblement la tête. Il était terriblement fatigué et ça ne l’aidait pas à mettre en ordre ses pensées et émotions. Il s’apprêtait à tourner les talons quand son aîné l’interpella.

— Si tu es sûr que c’est ce que tu veux, je te conseille d’aller voir Minho. Il habite à l’Est, il pourra sûrement t’aider.

Le garçon le remercia. Décidé, il passa le reste de la journée auprès des danafans– seule chose dans laquelle il se débrouillait – et irait voir Minho à l’aube. Il voulait – il devait – rester un chasseur.

La matinée avait été plus rude que toutes celles qu’il avait connues jusque là. Minho n’était pas tendre avec lui, il était venu le trouver pour s’améliorer, et le plus âgé avait pris cette mission à cœur. Ils s’étaient retrouvés quotidiennement que pendant deux semaines, ce lapse de temps avait pourtant suffit à Wooyoung pour s’améliorer, il avait parcouru plus de chemin que pendant les deux derniers mois. Les paroles de son chef lui avaient trotté dans la tête un bon moment, et puisqu’il ne voulait pas abandonner, il avait dû se rendre plus efficace. Néanmoins, tout le mérite ne lui revenait pas, c’était surtout grâce à son nouveau mentor. Minho était un chasseur exceptionnel, tout le monde connaissait son nom. C’était également un excellent professeur qui prenait le temps de revoir toutes les lacunes de Wooyoung en essayant différentes méthodes pour trouver celle qui lui correspondrait le plus, et de lui donner quelques unes de ses propres astuces pour enfin réussir à ne serait-ce que bloquer les coups d’un adversaire.

Cependant, malgré ses quelques progrès, le blond restait toujours largement plus faible que la plupart. Il n’était pas le plus mauvais, pas dans tous les domaines, mais il manquait de perfection.

— C’était plutôt pas mal aujourd’hui, conclut Minho. On va s’arrêter là pour aujourd’hui. Tu m’accompagnes faire un petit tour ?

Les deux garçons marchèrent sur les sentiers menant à la grande plaine où se trouvaient les plus grandes terres de cultures, près de la forêt qui formait une barrière au nord de la montagne. L’automne était bien installé, les feuilles tournaient à l’orange et au rouge, elles ne tarderaient plus à tomber. La mousse se propageait sur les arbres plus vite que pendant l’été, ils en étaient presque totalement recouvert. Les couleurs des fleurs changeaient, certaines mourraient et ne réapparaitraient qu’au prochain printemps, tandis que d’autres prendraient le relai pendant ces quelques mois. Ils ne dirent pas un mot, profitant simplement des températures fraîches qui revenaient petit à petit. Wooyoung quitta précipitamment le chemin principal pour traverser un autre champ, attirant l’attention de Minho.

— Regarde ! Une cylrys ! Je crois que c’est la première de la saison, je n’en ai encore vu aucune.

Sous le regard perplexe de son aîné, le blond se sentit obligé de se justifier.

— Ce sont les fleurs préférées de ma mère. Elles poussent à la fin de l’automne et persistent pendant tout l’hiver. Celle-ci est encore à peine développée, mais quand les températures baisseront ses feuilles se formeront de perles de glace. En général on ne les laisse pas mourir ; on les cueille avant les premiers jours de printemps, avant qu’elles ne disparaissent, parce que leur parfum a un effet apaisant particulièrement fort. C’est utile quand les savants doivent s’occuper de certaines maladies qui nécessitent que leur patient soit calme.

— Je ne savais pas tout ça. Où est-ce que tu l’as appris ?

— Oh… Le père de mon meilleur ami est un excellent savant, j’ai passé pas mal de temps à son atelier.

— Et tu aimais bien ? Être à l’atelier ?

— C’était… Agréable.

Wooyoung souffla le dernier mot, comme s’il avait peur de le prononcer, de l’admettre.

— Tu as l’air d’en savoir beaucoup sur toutes ces plantes.

Le silence retomba, ils n’entendaient que l’agréable bruissement des feuilles et le piaillement des oiseaux.

Ils se dirigèrent ensuite vers le lac. Alors que le ciel s’obscurcissait, l’eau était recouverte d’une épaisse pellicule de brume. Le clapotis de l’eau était apaisant, c’était un des endroits favoris de Minho ; son refuge après avoir passé une journée les oreilles assourdis par le bruit du métal et du bois s’entrechoquant.

— Attention aux pierres, avec l’humidité tu risques de glisser et tomber. Crois-moi, tu n’as pas envie de faire un petit plongeon maintenant.

— Pas dans cette eau gelée, effectivement.

Ils s’assirent côté à côté, les yeux perdus sur la surface de l’eau dont ils ne distinguaient que quelques mètres par-delà la rive. Wooyoung ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. Il ignorait pourquoi le plus grand l’avait amené ici, il pensait faire une petite balade pour se reposer l’esprit, mais ils étaient bien éloignés de leur foyer à présent ; cet endroit était parfait pour s’isoler. À son plus grand soulagement, l’autre prit la parole en premier.

— Alors, dis-moi tout. C’est quoi ce blocage ?

— Pardon ?

— Je t’observe depuis peu de temps, mais ça saute aux yeux que quelque chose ne va pas. Il n’y a aucun jugement de ma part, bien entendu. Tu t’adaptes rapidement, tu apprends vite aussi, même si mettre en application semble plus compliqué. Tu n’es ni bête, ni faible, mais il te manque quelque chose. Cette petite étincelle qui fait que ton corps et ton esprit ne forment plus qu’un lorsque tu te bats, ou te défends.

— Je ne saurais pas vraiment l’expliquer. Je manque d’endurance, je devrais continuer de m’entrainer régulièrement et ça finira par venir.

— Oh je t’en prie Wooyoung, tu t’entraînes nuit et jour, tu ne t’arrêtes jamais. Pourquoi ? Pourquoi travailler aussi dur ?

— Je veux arriver à la perfection, je veux être utile. Je refuse qu’on me désigne comme le garçon, à côté des autres, qui ne sert à pas grand-chose. Il est là, on l’aime bien, il est gentil mais pas très utile. Je ne veux pas de ça. Je dois être meilleur.

— Et tu ne t’es jamais dit que chasseur n’était peut-être pas la catégorie dans laquelle tu serais le meilleur ? Enfin, ce que je veux dire c’est que tu sais des choses que nous autres ne savons pas, tu parles comme un savant.

Il est vrai qu’il retenait le moindre détail qu’on lui donnait, particulièrement venant de Seonghwa, et possédait déjà un savoir solide avant même d’avoir commencé une spécialisation. Il avait aussi observé et admiré ses instituteurs, la tendresse et l’attention qu’ils donnaient à chaque enfant, la sagesse avec laquelle ils les guidaient vers ce qui leur correspondait le mieux en fonction de leurs capacités. Il se souvenait de l’impression qu’il avait faite et des compliments qu’il avait reçus lorsque l’un d’eux s’était aperçu que le petit garçon s’était amusé à recréer différents types de pigments grâce à quelques plantes cueillies à l’orée de la forêt. Il avait pris tant de plaisir à participer à des expériences, et à créer les siennes.

— Non, je dois devenir un chasseur.

—C’est une très mauvaise manière de penser, lui fit remarquer Minho.

—Tu ne comprends pas, je… Je le dois. C’est ce que mon père attend de moi, depuis que je suis petit. Lui aussi est un chasseur, et il serait tellement fier de moi si je devenais aussi bon que lui, ou même meilleur. Rien ne lui apporterait plus de joie. Je ne veux pas le décevoir, il porte tellement d’estime à cette catégorie.

—À juste titre. Je ne dis pas ça pour me vanter, évidemment.

Son rictus mesquin fit doucement ricaner Wooyoung. Mais il n’avait pas tort ; leur tribu avait beau se revendiquer égalitaire, il y avait une très claire hiérarchie à respecter. Certes, il n’y avait ni discrimination, ni paria, ni exclusion. Mais les hommes dominaient la tribu, particulièrement les chefs et les chasseurs. C’est à eux que revenaient les décisions importantes, la gestion des ressources vitales, et tout ce qui touchait à la survie de la tribu. Ils avaient le dernier mot, la voix la plus puissante. Personne ne trouvait rien à redire à cette logique, et Hyunjae y adhérait particulièrement. Il n’était pas question de mépris des autres hommes, juste de maintenir un peu son égo. Il savait aussi que l’autorité parentale qu’il possédait naturellement sur son fils jouait en sa faveur. Il avait de grands projets pour Wooyoung, le jeune garçon était capable de les accomplir.

—Mais tu sais, reprit Minho, si tu passes l’initiation, tu passeras ta vie en tant que chasseur. Est-il préférable d’être chasseur moyen, ou un excellent savant ? Tu transpires la passion lorsque tu en parles.

—Tout ce qu’on peut accomplir à l’aide d’un simple pétale de fleur me fascine. Mais disons que ça restera un hobby. Je vais travailler encore plus dur pour être à la hauteur des attentes de mon père. Il n’y a pas d’autres options envisageables. C’est pour ça que j’ai besoin de toi.

—D’accord, je comprends. Je vais continuer de t’aider pour que tu atteignes tes objectifs. Ce ne seront pas tes meilleures qualités misent à profit, mais tu as ce qu’il faut pour grimper les échelons. Je crois en toi.

Le blond lui fit un sourire timide, il était réellement touché par ses paroles. Il était soulagé qu’il ne tente pas par tous les moyens de le faire changer d’avis, parce que la tribu ne fonctionnait généralement pas ainsi. Tous se devaient de suivre leur destinée, mais s’il arrivait à devenir suffisamment puissant, personne ne verrait la différence. Il avait l’avantage de pouvoir rendre visite à Seonghwa quand cela lui chantait.

Minho devait partir pour préparer l’hiver, il allait quitter la tribu avec ses compagnons pendant près de deux semaines. Wooyoung les regarda partir, Changbin à ses côtés, comme toujours. Il savait que ce dernier avait le mot « explorateur » gravé dans la chaire tant il était à l’aise dans son milieu ; il n’y avait aucun doute sur le fait que, dès l’initiation passée, il partirait pour les collectes de printemps. Le blond s’était alors trouvé une nouvelle motivation : pouvoir accompagner son meilleur ami dans cette aventure unique.

Son chef de groupe hochait la tête de temps à autre, lorsque Wooyoung passait des épreuves, il ne disait pas grand-chose, ce qui était plutôt bon signe. Minho avait raison, au fond de lui, il avait de quoi faire ses preuves, et son aide avait été plus que précieuse pour réussir à gérer son temps et son énergie. Il était moins fatigué, plus efficace. Il ne lui restait qu’un an pour convaincre les chefs et ses camarades qu’il était un bon chasseur, assez pour qu’il soit envoyé à la collecte et faire la fierté de sa famille.

✵✵✵

Sa sacoche fermement fixée autour de ses hanches, Changbin vérifia une dernière fois qu’il avait tout ce dont il aurait besoin. Wooyoung vint le rejoindre, lui aussi équipé. Ils se regardèrent dans les yeux un long moment, un léger sourire aux lèvres, le cœur palpitant. Seonghwa et Hyunjae s’approchèrent, l’un les larmes aux yeux, l’autre la tête haute, confiant. Ils embrassèrent leur fils respectif, une dernière fois avant deux très longues semaines.

—Je savais que tu y parviendrais mon fils, dit tendrement Seonghwa. Je suis si ému de te voir partir avec tous ces hommes. Prends soin de toi, et ramène-moi quelques nouveaux spécimens.

Le noiraud hocha la tête, l’esprit ailleurs. Il ne parvenait toujours pas à réaliser qu’il partait bel et bien pour la collecte de printemps, quand bien même on le lui avait annoncé au milieu de l’hiver précédent.
Il avait fini sa formation avec brio. L’initiation et le rituel qui avait suivi avaient été les plus beaux moments qu’il avait vécus jusqu’alors. La douleur de sa chair marquée par le fer bouillant l’avait démangé pendant plusieurs jours, mais le sentiment d’appartenance qui l’avait remplacée était bien plus fort, décuplé au sein de son groupe. Il n’y avait rien de plus précieux pour un Fjerosa que de se sentir lié à ses pairs. Sa nouvelle marque était le symbole d’un lien puissant, supposé indestructible. Il était entré dans une nouvelle phase de sa vie. Tout comme son meilleur ami.

Wooyoung avait lutté pendant des mois contre lui-même, poussant son corps jusqu’à ses limites pour se parfaire. Le jeu en avait valu la chandelle, puisque son initiation avait également été un succès. Pas autant que Changbin qui s’était fait remarqué par les meilleurs explorateurs de la tribu, mais la gloire l’importait peu. Rentrer dans les rangs du cortège, protéger ses compagnons, et participer à la survie de sa tribu, était la plus grande contribution qu’il pouvait faire. Le cœur empli de joie, il avait vu le regard de son père s’illuminer lorsque qu’il avait parcouru des yeux la liste des appelés. Il avait même renoncé lui-même à partir pour la saison, laissant son fils porter le nom de leur famille, porter leur honneur. Minho avait été tout aussi réjoui d’apprendre la nouvelle, et avait plaisanté sur le fait que l’élève avait dépassé le maître. Wooyoung savait que ce ne serait jamais le cas, mais l’entendre lui procurait une certaine satisfaction. Son aîné partait avec eux, et d’un côté cela le rassurait d’avoir près de lui une personne qui connaissait ses points forts et ses points faibles, et qui pourrait compenser à sa place si quelque chose devait se passer. On avait assigné le garçon au plus près des animaux qu’ils iraient chercher. C’était l’un de ses dons les plus développés, son contact avec les animaux était particulier. Peut-être était-ce parce qu’il avait grandi entouré d’eux, mais personne ne pouvait vraiment reproduire ce qu’il faisait, ce qu’il arrivait à créer. Au moins, il pouvait être assuré qu’il méritait sa place.

Sous les acclamations des autres, ils entamèrent leur trajet vers la chaîne de montagnes qui les séparaient d’Odiagann. Les deux amis allaient, pour la première fois, traverser leur frontière. Il était si simple de repérer les nouveaux au milieu du groupe ; les plus jeunes, les plus excités qui ne pouvaient pas dissimuler leur sourire, qui marchaient d’un pas décidé, en une parfaite cadence.

—Tu réalises qu’il y a quatre ans on était à leur place ? dit Changbin en désignant du doigt un groupe de petits garçons agitant leurs mains en l’air.

—C’est vrai, et on a réussi. Regarde où nous en sommes.

—Je ne t’aurais jamais imaginé chasseur, mais après tout, pourquoi pas. Tu as toujours été le plus rapide de nous deux de toute façon.

Le sentiment d’excitation ne les quittait pas alors qu’ils commençaient à gravir les plaines jusqu’à la forêt. L’allée n’était jamais le plus compliqué ; le retour était un peu plus chargé. Il n’y avait que de rares cas dans lesquels les chasseurs avaient eu besoin d’user de leur talent de guerrier, les dangers se faisaient rares. Depuis qu’ils étaient nés, les garçons n’avaient jamais entendu de telles histoires, en tout cas rien qui valait la peine d’être mentionné à la tribu entière. Leurs pères en savaient très probablement plus qu’eux, ils n’avaient pas accès aux mêmes informations, mais rien de grave n’était arrivé.

Ils devaient trouver des occupations pendant le trajet, puisqu’ils n’avaient encore rien à garder, rien à surveiller. Lors de leur premier arrêt, une fois la nuit tombée, l’une des nouvelles recrues des explorateurs revint sur le campement en sautillant. Il avait été envoyé chercher des baies avec tout un autre groupe. Il venait rapporter au leader désigné une nouvelle trouvaille. Tous se rassemblèrent autour de lui pour observer ce qui semblait être de la mousse.

—Je crois bien que Chanhee a fait une nouvelle découverte, souffla Wooyoung à son ami. Cette mousse rouge ne me dit rien du tout.

—Je ne suis pas plus étonné que ça. Le chemin qu’on suit est récent. Le groupe précédent l’a dessiné en détails, mais ils n’ont pas eu le temps d’en analyser toutes les parties.

—Ton père va être ravi d’avoir une nouvelle matière avec laquelle travailler.
Le brun acquiesça, et il laissa son ami pendant qu’il allait recueillir d’autres échantillons.

Les jours suivants ne firent qu’accentuer leur émerveillement. Tous les récits jusque là fictifs, devenaient réalité. Ils étaient impressionnés par l’étendue de la forêt et la diversité d’espèces qu’elle abritait. Les deux amis s’étaient rapprochés des autres avec qui ils partageaient également leur première aventure. Ensemble, ils essayaient de rester en ligne et de ne pas s’éloigner, bien que ce ne soit pas l’envie qui leur manque. Leur mâchoire se décrochait à la vue du moindre élément contrastant avec leur quotidien dans leur village. Wooyoung n’en revenait pas de croiser des Tigra se baladant nonchalamment entre les arbres ; il n’avait jamais vu que des croquis de cette animal si particulier. Pas plus gros que les loups des neiges, avec leur pelage brun orangé on pouvait les repérer de loin. Leurs ailes délicates, ornées de motifs noirs et violines similaires à des yeux, battaient délicatement dans les airs. Comme la plupart des animaux, ils n’étaient pas menaçants tant qu’ils ne se sentaient pas en danger.
Le blond était fasciné par leur grâce, leur démarche royale, leurs fines plumes sur le haut de leur tête. Ils étaient majestueux. Il ne regrettait pas d’avoir choisi la voie de chasseur, ce spectacle en lui-même valait bien toutes les blessures du monde. Inconsciemment, il toucha du bout des doigts son épaule gauche, retraçant sa cicatrice encore fraîche par-dessus son bandage. Contrairement à certains, il n’avait mis que peu de temps à se décider sur la forme qu’elle allait prendre. Il avait naturellement choisi une forme animale, plus précisément celle d’une Lorn : un gros poisson à pattes palmées. Elles étaient très communes dans leur vallée, et surtout indispensables. Excellent animaux de compagnie, c’est aussi elles qui plongeaient au fond du lac et leur ramenaient les espèces marines comestibles. Plus petit, Wooyoung en ramenait chez lui presque chaque jour, il ne pouvait pas résister lorsqu’il en trouvait une seule qui s’était égarée et ne retrouvait plus le chemin de son foyer. Il en prenait soin pendant quelques jours, son père et lui s’assurant de son bon état de santé, avant de la ramener saine et sauve là où il devait être. À de maintes reprises, il les avait même gardées chez lui, ne parvenant pas à retrouver leur communauté d’origine. Elles étaient si adorables qu’il était difficile de ne pas s’y attacher.

Sa connexion avec les animaux lui était si précieuse ; il était si reconnaissant que les dieux lui aient accordé ce don. Il prenait son rôle dans le groupe très à cœur, et avait ses sens toujours en alerte pour déceler le moindre comportement inhabituel chez eux.

Leur arrivée à Odiagann fut encore plus exceptionnelle. C’était la première fois que les garçons découvraient des gens qui ne faisaient pas partie de leur tribu, qui portaient des vêtements différents, qui parlaient d’une manière différente. Les cueilleurs prirent la tête du cortège, usant de leur compétence de commerçant pour se procurer tout ce dont ils avaient besoin. Ils avaient de très bonnes relations avec cette partie de la région, tous s’étaient habitués à les voir débarquer à chaque début de saison et, avec le temps, avaient retenu quels types de provisions leur étaient nécessaire. Grâce à leur coopération, la collecte était plus efficace, et plus rapide, permettant au groupe de regagner leur village au plus tôt.

La sobriété de leur village leur sauta aux yeux en voyant les multiples couleurs qu’arboraient les étales et les devantures des maisonnettes. Tout était si différent, ils n’avaient qu’une seule envie : revenir à la prochaine saison. Mais les décisions ne dépendaient pas d’eux, il fallait qu’ils se montrent irréprochables s’ils voulaient ne serait-ce qu’espérer faire partie du cortège.

Après plusieurs nuits passées chez leurs hôtes, ils prirent le chemin du retour, impatients de retrouver leur foyer malgré la beauté des lieux qu’ils venaient de découvrir. Les aînés ouvraient la marche, habitués à mener le groupe. Ils connaissaient le chemin, avaient suffisamment étudié les récentes cartes, et savaient lorsque la nuit se faisait trop sombre pour continuer d’avancer en sécurité.

Assis sur une large souche d’arbre, Changbin et Wooyoung montaient la garde. Minho était aussi éveillé, installé un peu plus loin accompagné de Sangyeon, un autre chasseur, soldat d’expérience. Pendant plusieurs jours, le brun avait collecté quelques végétaux dans sa sacoche pour les ramener chez lui. Ils savaient que certains étaient indispensables à la réalisation de produits que son père faisait ; il lui avait lui-même demandé d’en collecter quelques uns s’il le pouvait. Côte à côte, dans un calme presque olympien, les deux garçons faisaient l’inventaire de ce qu’il avait ramassé.

Très pris par son nouvel apprentissage, Wooyoung n’avait passé que peu de temps dans l’atelier et avait manqué tout un tas de nouveauté. Il se souvenait de ce qu’il connaissait auparavant, mais un certain nombre de choses lui échappaient désormais. Il se considérait chanceux de pouvoir partager son tour de garde avec son ami pour que celui-ci continue de lui en apprendre sur la nature. Il se promit de se réserver un peu de temps, une fois au village, pour retenter quelques expériences, pour retrouver la sensation de plaisir qu’il éprouvait plus jeune. Il croisa le regard de Minho, un léger sourire aux lèvres. Il avait remarqué l’expression de plus jeune dès qu’ils avaient commencé à parler de plantes, se demandant sans cesse s’il avait vraiment pris la bonne décision. Peut-être Minho aurait-il dû le pousser à choisir la voie des savants, un talent incroyable était gaspillé là : Wooyoung avait le potentiel de devenir le meilleur savant de leur histoire. Il aurait pu, il en était persuadé. Cependant, il était trop tard, le garçon avait choisi sa voie et il n’y avait pas de retour en arrière possible.
Un bruit interrompit ses pensées. Il regarda derrière lui, plissant les yeux essayant d’en distinguer l’origine dans l’obscurité. Une autre brancha craqua. Prudemment, il se leva et recula vers les deux autres. Il ne les regardait pas, les yeux toujours fixés en face de lui pour ne pas manquer quoi que ce soit. Il sentait cependant leur regard dans son dos. D’un signe de la main, il leur indiqua d’abandonner toutes leurs occupations et de se tenir alerte. Il resta près du campement tandis que Sangyeon s’avançait un peu plus dans l’ombre et la brume. Le manche de son sabre tenu fermement, les muscles tendus, prêt à attaquer si nécessaire. Quant à Changbin, il se rapprocha du feu, comme si celui-ci pouvait le protéger. Il n’avait aucune compétence en matière de défense, et se retrouvait terriblement vulnérable. Les trois autres veillaient sur lui, en même temps que sur leurs autres camarades. Wooyoung ne bougeait pas, il retenait même sa respiration. Un sourd grondement parvint à ses oreilles ; il croisa le regard de Minho pendant une demi-seconde. Il n’eut pas besoin de dire quoi que ce soit, le signal était clair. Le blond se précipita sur ses camarades pour les réveiller un par un, en faisant tout son possible pour n’affoler personne. Ils prirent leurs armes, aux aguets.

Ils se placèrent en ligne, de manière à ce que les autres soient protégés de cette chose cachée dans le bois, peu importe de quoi il s’agissait. Aux bruissements des feuilles, ils en déduisirent qu’elle se rapprochait, lentement, comme un prédateur ne voulant pas effrayer sa proie.
Leurs espoirs furent réduits à néant. Une patte, quatre griffes acérées sortit de l’ombre, des yeux jaunes reflétant les flammes, deux longues oreilles dressées sur la tête. Sangyeon recula précautionneusement, évitant de faire des mouvements brusques. L’unko flairait le sol, les yeux rivés sur ses ennemis.  Sa posture mit en alerte tous les chasseurs ; ses pattes avant plié, son dos élevé, il se sentait en danger, et il était prêt à leur foncer dessus. Il ouvrit la gueule, le venin coulant de ses crocs. Les chasseurs formèrent un cercle au centre duquel se trouvaient les hommes des autres catégories, et leurs provisions. Les archers encochèrent leurs flèches silencieusement. Un deuxième apparu sur le côté droit. Le groupe commençait à être cerné, la situation était sur le point de basculer. L’un des unkos attaqua et une première pluie de flèches s’abattit sur lui, déclenchant la réaction du deuxième. Minho attrapa une bûche du feu et l’agita vers les bêtes qui reculèrent. Elles craignaient le feu. Lorsqu’il le comprit, il se positionna en première ligne pour les faire reculer le plus loin possible, jusqu’à ce qu’elles partent définitivement. Il fit un pas en avant, puis un autre. Recula prudemment lorsqu’un se mit à cracher sur lui.

Tout se passa trop vite. La salive de l’unko éteignit la torche, se précipita sur le jeune homme. Sangyeon cria, se précipita sur lui à son tour. La panique gagne le groupe entier, même les animaux. Un mouraith réussit à s’échapper du troupeau, chargeant tête baissée. Les rangs s’écartèrent, ils pourraient finir écrasés, en souffrance sous les plusieurs tonnes de l’animal. Ils ne furent pas les seuls, les unkos fuirent au même moment, mais le mouraith ne s’arrêta pas pour autant. Il fonçait vers les bois. Un deuxième le suivi.

Sans perdre une seconde, Wooyoung se mit à leur poursuite pour tenter de les calmer et de les ramener sains et sauf. Changbin suivit son ami pour le retenir, mais le blond avait toujours été plus rapide que lui. Il se retrouva perdu au milieu du brouillard, et il avait beau tourner sur lui-même, il ne distinguait plus la lumière du feu. Le cœur palpitant, le souffle court, il fit de son mieux pour retrouver son calme. Il se trouvait au milieu de la forêt, dans l’obscurité, personne ne savait où il se trouvait, son meilleur ami avait également disparu, et des unkos rodaient dans les parages. Rien de bien méchant, aucune raison de paniquer. Il se colla à un tronc d’arbre, faisant le moins de bruit possible pour ne pas attirer l’attention, et essayer de repérer une quelconque indication sonore de son groupe. Mais rien, il n’entendit rien du tout. Juste un fin clac, comme une goutte d’eau tombant sur la pierre. Alors qu’il pensait ne pas pouvoir vivre pire, il allait se mettre à pleuvoir. Il tendit sa main devant lui, attendant de sentir quelque chose. Mais là non plus, rien ne vint. Le brun ferma les yeux pour se concentrer, pour identifier ce bruit si étrange, et pourtant si familier. Il les rouvrit subitement et se mit à courir vers la source du bruit, trébuchant à plusieurs reprises sur des racines. Wooyoung avait cette adorable habitude de communiquer avec les animaux par clapotis. C’est avec ce mécanisme qu’il arrivait à les calmer, les apaiser. Il avait dû retrouver les deux mouraiths.

Il grimpa sur un monticule boisé, sa faufilant entre les arbres dont les racines formaient de petites marches. Soulagé d’apercevoir la silhouette de Wooyoung, il se remit à courir, et lui agrippa les épaules une fois à sa hauteur.

—Enfin ! Non mais tu es inconscient ! s’exclama-t-il. Tu aur…

Le reste de sa phrase fut étouffé par la main du blond plaqué contre sa bouche.

—Shh, arrête, lui souffla celui-ci. J’ai mis un temps fou à les calmer, j’apprécierai que tu ne les affoles pas à nouveau.

Les deux animaux échappés s’étaient couchés à quelques pas d’eux, parfaitement immobiles, ils dormaient paisiblement.

—Tu aurais pu te faire tuer ! Murmura Changbin furieusement. Qu’est-ce qu’il t’a pris de partir tout seul ?

—Je suis désolé, j’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir sur le moment. Et puis les unkos ont l’air terrorisés par eux, donc je suis en quelque sorte en sécurité.

Wooyoung s’agenouilla près de ses protégés pour les caresser tendrement, un sourire triste. Puis il s’installa sur un tronc d’arbre abattu avec son ami.

—Je sais que je n’aurais jamais dû partir comme ça, mais c’était plus fort que moi. Une vague de panique et de peur m’a submergé, mais pas la mienne, la leur. Je ne sais pas exactement comment ça marche, ni pourquoi, mais je ressens tout ce qu’ils vivent. Comme si j’étais dans leur esprit.

—Tu as toujours été proche des animaux, personne ne leur parle comme tu le fais.

—Jusqu’ici, c’était simplement au cas où ils puissent me comprendre. Maintenant, je le sais, et ils me répondent. C’est la première fois que ça arrive.

Changbin le prit dans ses bras, le serrant fort. Wooyoung semblait profondément perturbé par cette nouvelle compétence. Il avait quitté le campement sans réfléchir, trop préoccupé par la vague d’émotion qu’il avait ressentie. Par contre, une fois ce sentiment passé, il s’était rendu compte de ce qu’il venait de se passer, et ce n’était certainement pas normal. Jamais on ne lui avait parlé d’une capacité extraordinaire de communication animale.

—Tu es juste… un peu particulier ? tenta de le rassurer le brun. Un peu particulier, et très spécial.

Ils se sourirent, chacun soulagé par la présence de l’autre au milieu de ces bois obscurs et inconnus.

—On devrait chercher un abri, dit Wooyoung, toujours prisonnier des bras de son ami. Le jour ne devrait pas tarder à se lever, le brouillard aussi.

Avec un très rapide tour du monticule sur lequel ils se trouvaient, ils remarquèrent un renfoncement dans la terre, juste sous leurs pieds. Main dans la main, ils descendirent prudemment pour s’y réfugier. Le plus grand ne craignait pas de laisser ses nouveaux compagnons seuls, au-dessus d’eux, il avait désormais pleine conscience de leur état et le sentirait lorsqu’ils s’éveilleraient.

Changbin sursauta en marchant dans de l’eau glaciale, il n’avait pas vu le ruisselet dans lequel il venait de mettre le pied. Il jura en secouant sa jambe entière, la température l’avait engourdi en quelques secondes seulement. Le connaissant par cœur, Wooyoung le mit également en garde contre les pierres pointues qui recouvraient le sol sur le seul chemin qui menait à l’endroit qu’ils avaient repéré.

—Ça va, ça va, se plaint-il. Je fais attention, ne t’en fais pas. Je maîtrise totalement la situation.

Dos à lui, le blond ne le vit pas glisser à cause de ses bottines trempées ; il n’entendit que le drôle de cri qu’il poussa, et encore plus de jurons. Il l’aida à se redresser, inquiet, vérifiant son état. Son pantalon en toile, déjà tâché de terre et de cendre, était sali de sang et troué. Ses mains écorchées à vif, le liquide rouge s’en écoulant abondamment. Wooyoung le précipita vers le petit courant d’eau, y plongea ses mains en les tenant fermement pour ne pas que l’autre recule. Ce dernier serra les dents, l’eu était si glaciale qu’elle lui brûlait la paume et les doigts. Les secondes lui parurent des heures. Sa respiration haletante, il avait l’impression que ses veines se gelaient jusqu’à son cœur, comprimant sa poitrine. Son ami répéta doucement son nom pour l’apaiser, mais il ne pouvait pas se concentrer sur autre chose que la douleur. Il ne sentit pas Wooyoung fouiller dans sa sacoche pour y chercher la Lietchynie qu’il avait ramassée plus tôt. Il se souvenait de l’aspect de la fleur, elle se trouvait dans le bocal au milieu de la troisième étagère, au fond de l’atelier de Seonghwa. Il en avait tout un stock ; il les utilisait très régulièrement pour soigner les chasseurs blessés à l’entraînement par exemple. Changbin avait tenu à lui en ramener. Elles étaient d’une couleur différente, des nuances de mauve s’ajoutaient au teint saumon. Cette sous-espèce n’était pas abondante et bien plus puissante que celle qu’il avait vu dans l’atelier. C’était peut-être un usage un peu extrême, mais il n’avait rien d’autre sous la main pour soulager Changbin. Il la lui fit avaler de force ; le goût devait être affreux au vu de sa grimace.

—Eh, l’appela-t-il doucement. Binnie, est-ce que ça va ?

—Hmm… Hmpfff…

Changbin paraissait serein, trop serein, presque anesthésié. Il passa son bras autour de son épaule, le soutenant pour le porter jusqu’à la paroi de terre. Ils seraient à l’abri du vent, et pourraient s’installer sans risque de s’entailler.

Il plaça le brun entre ses jambes, confortablement appuyé contre son torse. Il tenait toujours ses mains fermement dans les siennes pour essayer de lui transmettre un maximum de chaleur ; les nuits étaient encore fraîches au début du printemps. Il ne sait combien de temps ils passèrent dans cette position, Wooyoung commençait à avoir mal au dos, mais il restait immobile pour ne pas déranger Changbin qui s’était endormi. En levant la tête, il s’aperçut que le ciel s’éclaircissait enfin, au même moment où les mouraiths ouvraient les yeux. Sans que Wooyoung n’eût besoin de faire un mouvement, ou un bruit, ils se dirigèrent vers lui. Du bout de leur museau, ils touchèrent son bras, leur souffle chaud le fit frissonner. Si lui pouvait les comprendre, eux aussi ressentaient l’inquiétude du garçon. L’un deux souffla sur les mains enlacées des deux garçons, un autre sur le visage de Changbin, ce qui fit rire le blond. Leur méthode devait être plus efficace que la sienne parce qu’il finit par se réveiller. Il se redressa doucement, regarda ses mains mais ne vit aucune blessure, aucune marque.

—Comment… Est-ce que j’ai rêvé ? J’ai un vague souvenir d’être tombé, et l’eau était extrêmement froide.

—Tu as glissé. J’ai utilisé une Lietchynie pour faire passer la douleur…

—Oh.

Le brun ne dit rien d’autre pendant quelques secondes, essayant de rassembler les bribes de souvenirs qu’il avait de la nuit précédente, mais tout était trop flou. Il ne s’en inquiéta pas, les effets de la fleur avait simplement dû être trop puissants pour son organisme. Il leva les yeux vers les deux animaux qui l’entouraient et se rappela du plus important.

—Woo, qu’est-ce qu’on va faire ? On se retrouve au milieu de nulle part, on n’a aucune idée d’où se trouve le sentier principal. On va mourir au milieu de la forêt comme deux imbéciles.

—Eh, s’offusqua le blond, je ne suis pas un imbécile moi. Écoute, on a deux options. Soit on ne bouge pas, les autres doivent être à notre recherche en ce moment même, je ne pense pas qu’on se soit tant éloignés que ça, ils finiront par nous retrouver. Ou alors, on prend la direction du village, sans savoir sur quoi ou qui on peut tomber, mais au moins, une fois là-bas on pourra demander du renfort si les autres ne sont pas arrivés.

Le regard larmoyant de Changbin croisa le sien. Il ne résista pas, et le prit encore une fois dans ses bras.

—Je suis désolé Binnie, c’est de ma faute. Mais je te promets que tout ira bien. Tu te souviens ? Je suis un vaillant guerrier maintenant.

Il sentit une lourde patte sur sa cuisse. L’un des mouraiths fit un bruit, similaire à une lamentation.

—Que lui arrive-t-il ? questionna Changbin.

—Notre lien n’est pas à sens unique. Tout est un peu confus, mais leurs émotions et les miennes se mélangent, sans se confondre, ils interprètent ce que je leur transmets.

—Pourquoi il a l’air si accablé ?

—Je pense qu’il comprend nos angoisses. Et, honnêtement, tu m’as fait une sacrée peur. Tes mains étaient recouvertes de sang, et après la fleur tu ne réagissais plus à rien. Tu t’es endormi, je n’étais même pas convaincu que tu étais encore conscient.

Le brun se recula suffisamment pour pouvoir voir ses yeux.

Son meilleur ami se sentait réellement désolé, il n’avait jamais eu l’intention de mettre qui que ce soit en danger, et il s’en voulait.

Ils se mirent d’accord pour rester près du monticule pour la journée. Cela leur offrait la possibilité de se placer en hauteur, d’avoir une meilleure vue lorsque les dernières nappes de brouillard se seraient dissipées.
Changbin passa un peu plus d’une heure à ramasser chaque baie comestible qu’il trouvait. Ce n’était pas ce qui était le plus nourrissant, mais ils n’avaient pas vraiment le choix pour le moment. Ils les grignotèrent en se remémorant leur enfance. Tous leurs rêves devenus réalité ; rêves qui, néanmoins, n’avaient jamais inclus de se perdre en forêt accompagnés de deux énormes bêtes. Finalement, en y réfléchissant, les deux garçons n’avaient que très peu de souvenirs dans lesquels l’un était sans l’autre. Leur quotidien au village ne serait pas le même s’ils étaient l’un sans l’autre.

—Je regrette vraiment, je ne voulais pas t’entraîner là-dedans, souffla Wooyoung tandis que le jour laissait sa place à la nuit.
Quelques étoiles s’étaient déjà allumées dans le ciel.

—Ce n’est pas de ta faute, je ne t’en veux pas. Après tout, j’ai toujours dit que je rêvais d’aventure. Tu me l’as offerte sur un plateau d’argent.

Ils rirent de la situation, tentant de mettre leurs inquiétudes de côté. Cela ne changerait rien de s’agiter, de courir à travers la forêt pour retrouver les autres. Mieux valait rester sur place, avec leurs deux nouveaux gardes du corps, et prendre leur mal en patience.

Ils redescendirent dans le renfoncement de terre lorsque le brouillard devint trop épais pour y voir plus loin que le bout de leur nez. Ils se serrèrent l’un contre l’autre le plus possible, mais leurs tremblements ne cessèrent que lorsque les deux mouraiths firent barrière au vent avec leur corps épais. Les deux garçons soufflèrent de contentement. S’ils devaient mourir de quelque chose dans ces bois, au moins ce ne serait pas de froid.

—Ça me rappelle les étés qu’on passait dans les champs, quand on essayait de compter les étoiles.

—On n’est jamais allés jusqu’au bout. Mais ça nous occupait.

—Tu m’as manqué pendant ces deux dernières années, avoua Changbin.

—Vraiment ?

—Oui. Les formations nous ont pris énormément de temps, et demandaient beaucoup d’engagement. Tu passais tes journées à t’entraîner sur le terrain, et la nuit tu faisais la même chose dans ton jardin. T’étais plus comme avant, il n’y avait plus cette petite étincelle dans tes yeux.

—Et maintenant ? Est-ce que… Est-ce que je l’ai retrouvée cette étincelle ?

Changbin hocha la tête. Il arrivait à dédramatiser la situation en se disant qu’au moins il était avec son meilleur ami, qu’ils rattrapaient le temps perdu, en quelque sorte.

Wooyoung s’approcha un peu plus de lui, son visage si près qu’il sentait son souffle régulier. Il eut envie de pleurer, Changbin n’aimait pas grandir parce que cela signifiait laisser partir les bons moments. Il ne pourrait pas passer sa vie à courir dans le village à la poursuite de son ami, à ne se soucier de rien, sans avoir la responsabilité de ne pas faillir à sa tribu. Il aimait être un explorateur ; il adorait être un petit garçon. Ses lèvres touchèrent délicatement celles de Wooyoung. Une larme s’échappa de son œil fermé. Ces instants de paisibilité lui avaient terriblement manqué.

Le blond se recula, observa sa réaction, et recommença en voyant le grand sourire qui étirait ses lèvres. Après un long moment à s’embrasser doucement, tendrement, Wooyoung prit les mains du brun dans les siennes.

—Je crois que… commença-t-il.

—Je sais, l’interrompit Changbin. Ça restera notre secret, une fois qu’on sera de retour au village. Je t’aime aussi.

Ils se sourirent une dernière fois, et s’endormirent le cœur léger.

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