If the shoe fits par GreenPenApple

- TWICE,

- Momo, Nayeon,

- Tranche de vie.

If the shoe fits

Il était bientôt dix heures et la rue commerçante commençait à s’animer. Les rideaux de fer se levaient, les auvents étaient tirés et les enseignes étaient sorties sur le trottoir. Les différents gérants n’auraient bientôt plus qu’à tourner le petit écriteau “fermé” pour afficher “ouvert” et la journée pourrait enfin officiellement débuter.

Dans sa boutique de chaussures, Momo vérifiait que la poussière ne s’était pas installée sur ses modèles d’exposition. Elle tenait son commerce depuis cinq ans maintenant et avait sa clientèle. Les prix qu’elle proposait allaient du plus abordable au luxe et tout le monde y trouvait donc son compte. Elle connaissait bien les autres commerçants de la rue, sauf peut-être les derniers arrivés. La jeune femme n’avait rien contre eux, elle n’avait simplement pas encore eu l’occasion de faire correctement leur connaissance.

Alors qu’elle vérifiait les éclairages de la vitrine, une jeune femme d’environ son âge entra précipitamment dans la boutique.

— Désolée Madame, nous ouvrons dans un quart d’heure, merci de patienter à l’extérieur en attendant.

Momo ne l’avait jamais vue dans les parages, et vu la tenue rose flashy et les goûts vestimentaires plutôt ostentatoires de la jeune femme, Momo se serait souvenu d’elle.

— Excusez-moi, répondit la cliente toute essoufflée, mais c’est une urgence ! Je suis la propriétaire de l’onglerie un peu plus loin, j'étais en train de nettoyer le salon avant l’ouverture quand le talon de mon escarpin s’est cassé.

Pour preuve, elle retira sa chaussure droite et la leva.

— Il me faut absolument une nouvelle paire avant d’ouvrir, je ne peux pas accueillir mes clientes à cloche-pieds ou en boitant.

Face à son air affolé, Momo ne put s’empêcher de compatir, elle sourit et lui indiqua un rayon en particulier.

— Les escarpins sont dans cette allée, allez-y.

— Oh merci beaucoup ! Vous me sauvez la vie !

Elle s’empressa de retirer sa chaussure restante et courut vers les chaussures à talons exposées.

— Je ne savais même pas qu’il y avait un salon de manucure dans la rue, dit Momo tout en continuant son inspection de la vitrine.

— Oh c’est un tout petit local, entre la boulangerie et la maroquinerie, et je n’ai ouvert qu’il y a à peine un mois.

Momo pouvait entendre le bruit des différentes boîtes à chaussures être déplacées et ouvertes et cela commençait sérieusement à l’inquiéter. Elle fit le tour des rayson pour vérifier l’ampleur des dégâts, elle n’avait pas vraiment envie de repasser une heure à ranger derrière cette jeune femme. Elle voulait bien rendre service à une collègue mais pas au détriment de sa boutique.

— Est-ce que vous trouvez ce que vous voulez ?

— Oh par pitié on peut se tutoyer, je suis sûre qu’on a le même âge ! Et puis on est pour ainsi dire voisines.

Au grand soulagement de Momo, la visiteuse rangeait ses essayages au fur et à mesure. Elle se détendit aussitôt, elle s’était inquiétée pour rien.

— Au fait, je m'appelle Nayeon, lança la cliente en se levant pour faire quelques pas avec des escarpins en jean.

— Momo. Ceux-là vous vont bien ! Et ils sont très confortables.

— J’avoue ! De vraies pantoufles. Allez, je les prends.

Oui, c’était plutôt son genre, un peu excentrique, comme elle semblait l’être. Nayeon les garda aux pieds et rangea sa paire fichue dans la boîte avant de se diriger vers la caisse. Momo se dépêcha de s’installer derrière et scanna le code barre.

— Comme vous êtes une commerçante de la rue, vous avez le droit à dix pourcent de réduction sur tous vos achats dans la boutique.

— C’est vrai ? Oh je devrais faire ça dans mon salon, je n’y avais pas pensé. D’ailleurs voici ma carte, dit Nayeon en lui tendant une carte de visite en plus de sa carte de crédit.

Elle régla le montant indiqué sur le petit écran.

— Encore merci Momo, tu m’as sauvé la vie.

Celle-ci ne put se retenir de rire.

— Je n’ai pas fait grand-chose.

— Mais si ! Je connais pleins de gens qui auraient refusé. Encore merci pour ton temps et pour ta gentillesse. N’hésite pas à venir me voir au salon, je serai ravie de m’occuper de tes ongles ! On se voit plus tard ?

Un grand sourire aux lèvres, Nayeon quitta la boutique, ses nouveaux escarpins aux pieds. Momo mit quelque temps à reprendre ses esprits. Nayeon semblait être un personnage haut en couleur, tout son contraire, mais elle avait passé un bon moment. Et comme la jeune femme ne travaillait qu’à quelques mètres de là, nul doute qu’elles auraient l’occasion de se revoir régulièrement. Momo jeta un oeil à l’horloge murale, dix heures pétantes, sa journée commençait officiellement. Elle consulta la carte de visite qu’elle avait encore en main “Salon Na’il’yeon”, ce nom lui arracha un autre sourire. Elle avait le sentiment que cette rencontre allait marquer le début d’une belle amitié.

FIN