3. Take me to church - -cheesuu
Take me to Church par -cheesuu
- Kep1er,
- Mashiro, Hikaru, Dayeon
- surnaturel
Take me to Church
Il était 9 h 30 lorsque Mashiro quitta sa petite maison de campagne pour se rendre à la messe. Elle qui était très pieuse, elle s’y rendait chaque dimanche, sans exception. C’était très important pour elle. Alors qu’elle marchait dans les rues de sa ville natale, une légère brise matinale venait jouer avec ses cheveux tandis qu’elle saluait quelques personnes sur son passage. Ici, ils se connaissaient tous, et c’était plutôt agréable, Mashiro ne quitterait ce village et ses habitants pour rien au monde, c’était là qu’elle avait grandi et elle s’était promis que c’était là qu’elle mourrait.
Quand elle arriva enfin près de l’église, il y avait déjà pas mal de gens, et elle était toujours heureuse de revoir les mêmes visages chaque dimanche matin.
— Mashiro !
La concernée se retourna vers la voix familière qui venait de l’appeler. Hikaru, sa meilleure amie, venait d’apparaître derrière elle pour la prendre dans ses bras.
— Tu es revenue ! s’exclama Mashiro. Je pensais que-
— Je sais, la coupa Hikaru. J’ai dit que je reviendrais pas, mais… je pouvais pas rester loin d’ici. J’avais besoin de retrouver cette ville.
Elles se sourirent. Hikaru avait déménagé dans une grande ville il y avait quelques mois, car elle avait eu la possibilité de rentrer dans une grande école. Mashiro, de son côté, avait déjà un travail, et pour elle, il était impensable de quitter cet endroit, alors elle n’avait pas suivi sa meilleure amie, à contre-cœur. De la revoir en ce jour et de manière si inattendue, c’était tout ce qu’elle aurait pu espérer.
— Je pourrai rester trois jours seulement, je suis désolée…
— Trois jours, c’est déjà beaucoup après tous ces longs mois ! Merci d’être là. On devrait rentrer dans l’église avant que la messe ne commence.
Hikaru hocha la tête, suivant Mashiro à l’intérieur de la magnifique église du village. Elles traversèrent l’allée, saluant quelques personnes au passage, avant d’aller s’asseoir sur le banc tout devant, à gauche. La messe n’avait pas encore commencé, Mashiro pouvait s’imprégner un peu de l’ambiance de ce bâtiment si spécial à ses yeux, tandis que ses doigts caressaient la croix autour de son cou. Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, quelque chose vint la perturber. Tandis qu’une jeune fille passait à côté d’elle pour aller s’asseoir sur le banc à sa droite, de l’autre côté de l’allée, Mashiro ressentit une vague de chaleur l’envahir et son pouls s’accéléra soudainement, et elle fut prise de panique. C’était comme si elle pouvait sentir que quelque chose de mal se trouvait autour d’elle, dans ce lieu qui était pourtant si rassurant à ses yeux.
Elle se tourna vers son amie, tendue.
— Tu as senti ça, toi aussi ?
Hikaru la regarda d’un air interrogateur, ne semblant pas comprendre à quoi Mashiro faisait référence.
— De quoi tu parles ?
— Je, euh… C’est rien, oublie. Je suis un peu fatiguée.
— Ne te surmène pas trop, quand même. Tu m’inquiètes, là.
Mashiro adressa un sourire rassurant à sa meilleure amie. Cette dernière prenait toujours soin d’elle malgré tout le temps qui était passé.
— T’en fais pas, je vais bien.
Peu de temps après, la messe commença. Malgré tout, Mashiro ressentait toujours cette étrange sensation, comme si quelque chose de mal allait se passer et qu’elle ne pourrait rien faire pour l’empêcher. Elle fit quand même de son mieux pour se concentrer sur la messe. Celle-ci dura un peu plus d’une heure, et finalement, Mashiro n’avait pas vraiment vu le temps passer. Tandis que certains sortaient progressivement de l’église, d’autres restaient pour profiter un peu plus longtemps du lieu.
— Je vais te laisser, je dois aller voir ma mère, ça te dérange pas j’espère ? demanda Hikaru.
— Non, bien sûr que non ! Tu passeras le bonjour à ta mère de ma part.
— Pas de souci. On se retrouve sur la place vers midi pour aller manger ensemble ?
— Ça me va, à plus tard !
Elles se saluèrent, puis Hikaru s’en alla. Mashiro profita d’être là pour marcher un peu dans l’église, appréciant le calme et la beauté du lieu, puis elle décida d’aller s’agenouiller pour prier, à l’un des endroits prévus à cet effet. Après ce qu’elle avait ressenti un peu plus tôt, elle avait peur que des esprits malfaisants en aient après elle. Elle ferma les yeux et implora Dieu de laver ses péchés et de la protéger du Mal. C’était tout ce qu’elle pouvait faire, mais elle savait que Dieu saurait la protéger comme il l’avait toujours fait. Soudain, elle sentit une brise glacée qui la fit frissonner. Elle rouvrit les yeux. D’où cela pouvait-il venir ? On était en plein été et les températures étaient très hautes en ce moment. Frustrée d’avoir été interrompue dans sa prière, elle finit quand même par se relever et ce fut ainsi qu’elle constata qu’elle était entièrement seule dans l’église, comme si tout le monde avait soudainement disparu. Elle regarda rapidement autour d’elle, mais même le prêtre avait disparu. Tout était vide, silencieux, et seul le sifflement du vent brisait le silence ambiant.
Mashiro ne comprenait pas.
— Je t’ai fait peur, chérie ?
Mashiro sursauta à cette voix, cherchant d’où elle provenait, l’air complètement paniquée alors que la sensation qu’elle avait ressentie tout à l’heure revenait, en étant beaucoup plus puissante, comme si cette énergie était devenue une masse qui l’étouffait. Elle se retrouva incapable de bouger, son cœur tambourinant dans sa poitrine.
— Qui… qui êtes-vous ? demanda Mashiro d’une voix effrayée.
Un rire se fit entendre, puis des bruits de pas résonnèrent dans le grand bâtiment, des pas qui se rapprochaient de plus en plus de la jeune femme sans qu’elle ne puisse apercevoir quoi que ce soit. Soudain, elle sentit comme une main passer dans ses cheveux et un parfum de rose parvint à ses narines, sans qu’elle ne voie qui que ce soit pour autant. C’était comme qui si elle était paralysée, elle se sentait incapable de bouger ni de faire quoi que ce soit. Complètement terrifiée, elle ferma les yeux et des larmes roulèrent sur ses joues.
— Je vous en supplie, ne me faites pas de mal…, dit-elle d’une voix tremblante.
— Je ne comptais pas te faire de mal, Mashiro. Je ne te veux que du bien, répondit la voix. Ouvre les yeux et regarde-moi.
À cette phrase, Mashiro se sentit d’autant plus horrifiée. Est-ce qu’il y avait vraiment quelqu’un ou quelque chose en face d’elle, là, maintenant ? Et était-ce un démon, une entité maléfique, ou pire, le Diable ?
— Je ne fais pas peur, je te le promets, ajouta la voix en voyant que Mashiro refusait d’ouvrir les yeux.
La jeune femme avait tout sauf envie d’ouvrir les yeux, mais si elle n’obéissait pas, Dieu sait ce qu’il pourrait lui arriver, alors lentement, elle ouvrit un œil, puis l’autre.
Devant elle se tenait une jeune femme qui n’avait étrangement rien d’effrayant. Son visage était rond et un léger sourire ornait sa bouche. Ses cheveux longs et bruns tombaient sur ses épaules, et elle était habillée d’une longue robe noire avec des escarpins de la même couleur aux pieds, et un magnifique collier trônait autour de son cou, d’une couleur or avec une pierre d’un rouge éclatant en tant que pendentif. Une jeune femme somme toute normale, bien que sa tenue ne soit pas du tout adaptée à l’église.
Soudain, quelque chose frappa Mashiro.
— Tu… tu étais là, tout à l’heure, je t’ai vue…
— Exact.
— Que me veux-tu… ?
Mashiro s’était risquée à poser cette question, dont elle redoutait fortement la réponse.
— J’ai vu quelque chose en toi.
La jeune femme se rapprocha de Mashiro, cette dernière ne bougea pas, complètement crispée par la peur.
— Me regarde pas comme ça, enfin…
Une fois arrivée à sa hauteur, cette femme mystérieuse vint poser une main sur la joue de Mashiro. Cette dernière ressentit instantanément une chaleur se propager dans tout son corps, et aussi étrange que cela puisse paraître, c’était loin d’être désagréable. Même tout le contraire.
— Regarde-moi dans les yeux… Je sais que tu en as envie.
— Quel est votre nom ? l’interrompit Mashiro.
— Dayeon.
Un large sourire prit place sur le visage de ladite Dayeon, un sourire qui fit frissonner Mashiro d’une manière inexplicable.
— Je lis en toi comme dans un livre ouvert, Mashiro. Je vois tes envies, tes petits secrets… et tes plus gros péchés.
La main de Dayeon continua à se balader sur la joue de Mashiro, jusqu’à descendre sur son menton, puis ses lèvres, sur lesquelles elle passa délicatement son pouce afin de les entrouvrir. Pendant ce temps-là, la concernée était toujours paralysée, cependant, elle savait à quoi faisait référence la belle femme en face d’elle, et ça lui faisait peur, et pourtant, au fond d’elle, elle ressentait de l’adrénaline, comme si son corps lui criait d’aller vers Dayeon, mais que son cerveau lui criait l’inverse. Elle était partagée entre deux sentiments complètement opposés, et Dayeon semblait l’avoir remarqué depuis longtemps, elle s’en amusait clairement.
— Que dirait Dieu en sachant qu’une fille aussi sage que toi n’a d’yeux que pour les femmes ?
Mashiro ne dit rien, cependant ses yeux se remplissant de larmes retranscrivaient bien ce qu’il se passait dans sa tête. Dayeon passa de nouveau sa main sur sa joue.
— Oh, chérie… Ne le prends pas comme ça.
— Pourquoi… Pourquoi me parler de ça ? Pourquoi moi ? fit Mashiro d’un ton désespéré.
Dayeon soupira.
— Tu sais, Mashiro… Je pense qu’on a tous un démon à l’intérieur de nous, et je pense que j’étais simplement curieuse de connaître celui que tu caches si profondément en toi. Toi qui es toujours à l’église le dimanche, qui as toujours une croix autour du cou, qui te tournes vers Dieu pour chaque problème que tu rencontres… Je t’observe depuis longtemps, tu sais ? Et j’ai vu… j’ai vu beaucoup de souffrance. J’ai longtemps hésité avant de t’approcher, et excuse-moi si je t’ai fait peur. J’aimerais simplement t’aider à te libérer de ce poids que tu portes sur les épaules.
Mashiro parut très confuse, elle n’était pas vraiment sûre de tout comprendre, mais Dayeon avait cependant raison sur un point, Mashiro aimait les femmes. C’était quelque chose qu’elle seule savait jusqu’à présent. Elle ne l’acceptait pas du tout et avait tout fait pour « guérir », mais elle avait vite compris que rien ne pourrait changer ça, ce qu’elle vivait très mal. Elle avait l’impression de trahir sa religion, de trahir Dieu.
— Qui es-tu pour prétendre pouvoir m’aider ? Et comment comptes-tu t’y prendre ?
— Tu veux vraiment savoir ?
Mashiro hocha la tête. Dayeon sourit alors, portant un doigt à sa bouche pour écarter cette dernière, dévoilant ses dents. Parmi une rangée de dents parfaitement alignées se trouvaient deux canines proéminentes et pointues. Le sang de Mashiro ne fit qu’un tour, elle écarquilla les yeux, comme si elle avait en face d’elle la plus effroyable des créatures.
— Ne sois pas si surprise… Je n’ai rien d’effrayant, tu sais. Comme toi, j’ai été blessée, mais moi j’ai décidé de m’en libérer.
La situation était vraiment lunaire, et Mashiro peinait à comprendre comment elle en était arrivée là, en ayant en face d’elle une vampire, une démone, ou peu importe ce que Dayeon était.
— Je ne te force pas à faire quoi que ce soit, sache juste que si tu acceptes de rester avec moi, tu pourras être libérée de ce poids. Mais si tu veux t’en aller, tu n’as qu’à me le dire.
— Je veux m’en aller. Je vous en supplie, laissez-moi partir…
La réponse de Mashiro ne s’était pas fait attendre. Même si Dayeon arborait une certaine bienveillance en lui parlant, Mashiro restait terrifiée. À sa réponse, Dayeon sembla déçue, mais elle ne dit rien et se contenta de s’écarter. Soudain, Mashiro se sentit étourdie, et sa vision se brouilla avant de devenir complètement noire, elle sentit son corps devenir de plus en plus lourd, avant de finalement réussir à rouvrir les yeux quand elle sentit une main se poser délicatement sur son épaule.
— Excusez-moi mademoiselle, je crois que vous vous êtes endormie.
Une voix masculine vint la sortir complètement de sa rêverie. Encore paniquée, elle tourna la tête pour voir qu’il s’agissait du prêtre qui l’avait réveillée. Elle se leva, s’excusant avant de partir de manière précipitée. Que venait-il de se passer, exactement ? Une fois dehors, elle avait l’impression de revivre à nouveau. Tout ça n’était alors qu’un mauvais cauchemar, et elle s’en réjouissait fortement, ayant des frissons rien que d’y repenser.
*
Mashiro et Hikaru s’étaient retrouvées sur la place du village vers midi, comme prévu. La brune était encore fortement secouée par ce cauchemar qu’elle avait fait, comment avait-elle pu rêver d’une telle chose dans une église ? Son secret, le fait qu’elle aimait les femmes, commençait à lui peser fortement, mais jamais, ô grand jamais, elle ne pourrait le dire à quelqu’un, ni même à Hikaru. Elle était beaucoup trop effrayée à l’idée de la perdre.
Les deux amies s’étaient assises face à face sur une table en extérieur d’un des seuls restaurants de la commune. Elles allaient très souvent manger ensemble quand Hikaru était encore là, et Mashiro avait continué à y aller seule, car elle n’avait pas envie d’arrêter cette petite tradition, même si elle n’avait plus trop de sens en étant toute seule, et elle voulait surtout continuer à prendre des nouvelles des propriétaires qui n’étaient plus tout jeunes, mais qui continuaient à travailler malgré tout ; Mashiro les admirait profondément pour cela.
Elles partagèrent un repas dans une bonne ambiance générale. Du moins, Mashiro s’efforçait de paraître de bonne humeur. Comment oublier l’image de cette jeune femme si terrifiante et pourtant tellement attirante ? Mashiro se surprit à avoir du mal à déglutir. C’était stupide, ce n’était qu’un mauvais rêve. Cependant, elle se promit dans sa tête de bien prier ce soir, au cas où. Elle avait peur, peur de perdre le contrôle, que ses rêves la traînent dans les abysses et qu’elle ne puisse jamais s’en sortir.
— Tout va bien ? T’as encore l’air ailleurs… Et t’as à peine touché à ton plat.
Mashiro revint soudainement à la réalité, posant ses yeux sur Hikaru, puis sur son assiette. C’est vrai, elle n’avait pris qu’une pauvre bouchée de sa salade.
— Désolée, je suis vraiment ailleurs en ce moment.
— Bah je vois ça…
Hikaru la regarda d’un air mi-inquiet, mi-triste.
— T’es sûre que ça va ? Tu peux tout me dire, tu sais ?
— Oui je sais, t’en fais pas. C’est juste le travail qui me fatigue un peu, rien de grave.
Son problème n’était vraiment pas lié au travail, mais elle ne se sentait pas d’en parler à qui que ce soit, pas même à Hikaru, qui était pourtant sa confidente. Elle emporterait ce secret dans sa tombe, peu importe ce que ça pouvait lui coûter.
Après avoir mangé, elles se rendirent à l’intérieur du restaurant pour régler chacune ce qu’elles avaient mangé. Elles discutèrent pas mal de temps avec les propriétaires du restaurant, ces derniers étaient surpris et surtout très heureux de revoir Hikaru, même si elle ne restait pas longtemps. Après avoir quitté le restaurant, elles passèrent le reste de l’après-midi dans un parc à discuter, avant de devoir rentrer chez elles pour le dîner. Mashiro avait retrouvé sa mère, qui était impatiente que sa fille lui raconte sa journée.
Seulement, la brune n’en avait aucune envie. Tout ce qu’elle voulait après cette journée, c’était s’endormir et tout oublier. Mais elle n’avait pas non plus envie que sa mère s’inquiète, alors elle raconta une version bien meilleure que ce qu’il s’était vraiment passé, disant simplement que Hikaru était revenue en ville et qu’elles avaient passé la journée ensemble.
— Qu’est-ce que tu veux manger ce soir ? lui demanda sa mère.
— Hm… Je sais pas trop si je vais manger, j’ai mal à la tête et cette journée m’a vraiment fatiguée. Je pense que je vais juste aller me coucher, répondit Mashiro.
Sa mère lui jeta un regard inquiet.
— Vraiment ? Tu es sûre ?
Mashiro hocha la tête. Sa mère ne lui posa pas plus de questions, alors elle lui souhaita une bonne nuit avant de monter à l’étage pour rejoindre sa chambre. Elle retrouva cette pièce qu’elle chérissait tant, son petit havre de paix. La pièce était assez petite, et presque toute la place était prise par deux grandes bibliothèques remplies à craquer de livres en tous genres. Elle se mit en pyjama et prit son livre préféré, qu’elle avait déjà lu une dizaine de fois, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, avant de s’installer dans le petit fauteuil qui se trouvait en face de son lit. Elle ouvrit le livre sur la première page et commença sa lecture, même si elle connaissait déjà l’histoire par cœur, elle aimait vraiment la relire.
Après peut-être une vingtaine de minutes, elle commença à s’assoupir sans même s’en rendre compte. Sa journée avait été éprouvante mentalement, alors elle avait sûrement besoin de ça. Dans son sommeil encore léger, son livre lui glissa des mains pour tomber au sol, ce qui la fit se réveiller instantanément. Paniquée, elle regarda autour d’elle, avec l’impression terrifiante qu’elle n’était pas seule dans la pièce, qui d’ailleurs était devenue soudainement très sombre, elle ne pensait pourtant pas s’être endormie pendant si longtemps. Ce fut alors qu’elle ressentit exactement la même sensation que le matin même dans l’église. Une légère brise fraîche vint la faire frissonner et un stress l’envahit. Elle parcourut la pièce des yeux, et ce fut ainsi qu’elle vit que sa fenêtre était ouverte, c’était donc de là que venait le courant d’air. Elle se dit qu’elle devenait complètement folle, et elle se leva pour fermer la fenêtre.
— Mashiro ?
Une voix lui parvint comme un murmure, un souffle dans son oreille presque imperceptible. Une voix féminine. La voix de Dayeon. Elle se retourna brusquement, cherchant à apercevoir le visage de la jeune femme dans l’obscurité, mais elle ne vit rien.
— Je suis là, chérie.
Elle sentit une chaleur agréable l’entourer, comme si quelqu’un l’avait prise dans ses bras sans qu’il n’y ait qui que ce soit pour autant. En tout cas, qui que ce soit de visible. Si elle avait pu se sentir terrifiée, cette fois, Mashiro se sentit rassurée. C’était une présence qui, sans qu’elle ne puisse l’expliquer, lui faisait se sentir comprise, en sécurité.
— Je suis terriblement désolée si je t’ai fait peur. Ce n’était pas mon intention, tu sais… Je n’ai jamais su comment m’y prendre.
Mashiro ferma les yeux. Cette voix, c’était bien celle de Dayeon, mais d’un ton bien plus doux que lorsqu’elle lui était apparue la première fois. Alors, tout cela n’était pas un cauchemar ? Même si elle ne pouvait pas la voir, elle sentait la présence de Dayeon au plus profond de son âme. C’était puissant.
À ce moment-là, Mashiro ne ressentait plus une once de peur, au contraire, elle se sentait en sécurité.
— Dayeon… Je veux te voir.
Ainsi, la chaleur autour du corps de Mashiro devint d’autant plus réelle, et elle commença à sentir un toucher délicat, des longs cheveux qui venaient lui chatouiller le bras, ainsi qu’un parfum fort de rose qu’elle aurait pu reconnaître entre mille. La masse qui entourait son corps était plus réelle que jamais. Alors, elle ouvrit enfin les yeux, et Dayeon était là, contre elle, dans ses bras. Elle était là. Réelle.
La jeune femme se recula légèrement pour pouvoir regarder Mashiro. Leurs regards s’ancrèrent l’un dans l’autre durant ce qui sembla une éternité, avant que le regard de Dayeon ne dérive vers le cou de Mashiro, qui était orné d’un collier avec une croix au bout. Dayeon la prit entre ses doigts.
— Tant de souffrance seulement pour un Dieu qui n’en a probablement rien à faire de toi… C’est un peu inutile, tu ne trouves pas ?
Mashiro baissa la tête.
— Inutile, je dirais pas ça… C’est juste dur parfois de se dire que je ne correspondrai jamais à ses attentes.
— J’étais comme ça avant, tu sais ?
La brune la regarda d’un air interrogateur.
— Comment ça… ?
Dayeon soupira. Ce n’était visiblement pas dans ses habitudes de se livrer ainsi.
— J’étais comme toi avant. Humaine, pleine de vie… Je n’ai pas toujours été du côté du Mal, au contraire. Je croyais en Dieu, et je lui aurais donné ma vie si ça avait été nécessaire. Mais tu vois, certaines choses m’ont fait comprendre que lui ne ferait jamais la même chose pour moi. Alors je me suis rebellée, et j’ai fait de mauvaises rencontres… Qui ont fait que je voulais me venger, qui m’ont fait aussi croire que je ne survivrai jamais en étant gentille et douce. Mashiro, le monde est tellement dur avec nous… J’aurais tant aimé que ce soit différent…
Mashiro n’était pas sûre de tout comprendre, mais elle voyait bien à quel point Dayeon avait eu l’air de souffrir, mais aussi qu’elle semblait ne surtout pas vouloir entrer dans les détails, elle restait assez vague, ce qui faisait se questionner Mashiro sur le genre d’horreurs que Dayeon avait pu vivre. Seulement, elle eut un peu de mal à y croire, comment avait-elle pu changer si soudainement ? Les larmes qui commencèrent à couler sur les joues de Dayeon finirent par la convaincre, à ce point-là ce serait presque méchant de ne pas la croire.
— Je suis désolée… Mashiro, regarde-moi.
Mashiro posa alors de nouveau son regard sur Dayeon, et sans réellement pouvoir l’expliquer, elle sut parfaitement à ce moment-là ce qu’il allait se passer, et étonnamment, elle n’était pas contre. L’idée lui plaisait.
Mashiro sentit de nouveau une grande chaleur se diffuser dans tout son corps, mais cette fois-ci, c’était une sensation bien différente. Elle restait agréable, certes, mais beaucoup plus charnelle. Ainsi, sans que rien ne puisse s’expliquer, leurs lèvres se scellèrent. Mashiro fronça d’abord les sourcils, mais elle finit par se détendre. Dayeon pouvait tout lui prendre, elle n’était pas contre. Au contraire, elle n’attendait que de se faire dévorer.
*
Pendant près de trois heures, elles s’étaient abandonnées l’une à l’autre. Leurs corps n’avaient fait qu’un, leurs cœurs s’étaient parlés et leurs âmes s’étaient embrassées.
Peut-être était-ce car Dayeon n’avait pas l’air de venir du même monde, mais Mashiro s’était sentie comme ensorcelée. Pour autant, elle en avait apprécié chaque seconde et même une fois que ce fut terminé, elle n’en regrettait pas une seconde. Maintenant allongée sur le dos, elle fermait les yeux en essayant de se remettre de ses émotions, sentant le corps froid de Dayeon à ses côtés. Elle repassait en boucle dans sa tête le moment qu’elle avait passé avec la jeune femme. Elle ne pouvait pas savoir de quoi serait fait l’avenir, mais une chose était sûre, elle voulait garder Dayeon à ses côtés.
Plongée dans ses songes, Mashiro revint soudainement sur terre quand elle se rendit compte qu’elle ne sentait plus aucune présence à côté d’elle. Elle rouvrit les yeux et se tourna sur le côté. La place était vide. Dayeon s’était volatilisée. Mashiro tomba de haut. Venait-elle de se réveiller d’un rêve ? Était-ce simplement la deuxième fois aujourd’hui qu’elle rêvait de cette jeune femme étrange ?
Elle se frotta les yeux. Peut-être qu’elle était simplement en train de dérailler, de devenir complètement folle, mais ça avait eu l’air si réel. Pourtant, plus aucune trace de Dayeon, pas même son parfum qui sentait pourtant très fort. Mashiro dut se rendre à l’évidence. Encore très confuse, elle décida de fermer les yeux et de se rendormir, histoire de finir pour de bon cette journée des plus étranges.
*
Après cela, les jours passèrent. Mashiro avait passé le plus de temps avec Hikaru avant que cette dernière ne s’en aille. Ça lui avait permis de se changer les idées et d’oublier un peu les événements.
Le soir, après avoir accompagné Hikaru à la gare, Mashiro rentra chez elle, les yeux rouges après avoir pleuré. Elle ne savait pas trop ce qui lui avait pris, elle n’aimait pas trop pleurer devant les gens, mais c’était dur de se séparer à nouveau de Hikaru pour sûrement très longtemps encore. Mais les temps changent et elle devait se faire à l’idée qu’elles grandissaient, et qu’elles n’étaient plus des enfants.
Mashiro dîna avec sa mère avant de monter dans sa chambre qu’elle affectionnait tant. À présent, les souvenirs de Dayeon lui apparaissaient comme un rêve, et elle se trouvait stupide d’avoir pu penser que tout ça était réel. Elle s’était assoupie à l’église et avait fait ce cauchemar, et son rêve avait repris lorsqu’elle s’était assoupie en lisant son livre. Rien de si extraordinaire, ça lui était déjà arrivé, c’était simplement que ce rêve-là paraissait plus réel que les autres.
Tandis qu’elle se préparait pour aller au lit, elle ouvrit un des tiroirs de sa table de nuit pour en sortir un élastique afin de s’attacher les cheveux. Seulement, quelque chose de brillant attira son attention, quelque chose qui n’était pas censé être là.
Délicatement, elle sortit l’objet et le mit à hauteur de ses yeux. Son cœur rata un battement. Elle resta ainsi, le souffle coupé, incapable de réfléchir à ce que ça voulait dire.
Dans ses mains, elle tenait le magnifique collier en or qu’elle avait vu Dayeon porter à l’église.
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