5. Polaroid Love - WhenItalk
Polaroid Love par Whenltalk
Tranche de vie, romance.
Polaroid Love
Installé à son bureau depuis seulement quelques minutes, Jisung tentait tant bien que mal de réviser. Ses partiels n’allaient pas tarder à arriver, et s’il voulait obtenir son semestre, il n'avait pas d’autres choix que de travailler sans relâche. Seulement, ce soir, sa concentration lui faisait défaut. Il n’arrivait pas à vider sa tête, faire comme s’il n’avait aucune préoccupation autre que ses études. Ça lui était tout bonnement impossible. Et ce, pour une seule et même raison, Lee Minho. Son voisin depuis de nombreuses années, celui dont il était tombé amoureux durant son adolescence, celui qui n’avait connaissance de rien de tout ça et qui pourtant, n'arrêtait pas de trouver un prétexte pour se trouver dans les parages.
Les deux jeunes hommes avaient toujours été proches, c’était sûrement l’une des nombreuses raisons pour lesquelles le blondinet s’était attaché à lui, développant par la suite des sentiments. Il était sans gêne, peu lui importait ce que l'on pensait de lui. Il était heureux, alors pourquoi se préoccuper de choses qui pourraient nous plomber le moral. Minho était comme ça, optimiste, toujours à chercher à aller de l’avant. Jisung admirait cette partie de son caractère, lui qui avait tendance à se focaliser un peu trop sur le négatif. Tout chez le brunet lui inspirait l’admiration, ses études, sa famille, ses amis, tout sans exception.
Au début, lorsque le plus jeune avait réalisé que son palpitant battait un peu trop fort en sa présence, il avait eu pour projet de se confesser afin de se délester de ce poids. Seulement voilà, quatre ans plus tard, il ne le lui avait toujours pas dit. Et maintenant, c’était un peu tard pour tout lui déballer sur un plateau d'argent. Comment réagirait-il à ces aveux ? Se moquerait-il de lui ? Ou alors serait-il indifférent ? Jisung n’en avait strictement aucune idée, c’était bien ce qui l’angoissait. Minho ne semblait jamais avoir eu de relations amoureuses, le cadet ne savait donc pas comment il se comportait face à des situations de la sorte.
Un soupir échappa à Jisung alors qu’il lisait pour la dixième fois la même ligne, à ce rythme là, il allait perdre une journée de révisions, si ce n’est pas l'entièreté de son semestre. Une main soutenant sa tête, il s'apprêtait à passer à une autre matière, peut-être que commencer quelque chose de nouveau lui ferait du bien. Cependant, il n’eut même pas le temps d’ouvrir le document sur son ordinateur que quelques coups résonnèrent à sa fenêtre. La pièce étant jusque-là silencieuse, son occupant sursauta, ses yeux se posant directement sur la source du bruit. Lorsqu’il réalisa que quelqu'un se tenait derrière, ses yeux s'écarquillèrent. Qui pouvait bien être assez fou pour escalader le mur ? Paniqué à l’idée qu’il puisse s’agir de quelqu’un lui voulant du mal, le blondinet s'apprêtait à dévaler les escaliers pour aller prévenir ses parents que quelqu’un essayait de s’introduire, lorsque la personne enleva sa capuche. Ainsi, il reconnut immédiatement Minho. Ses sourcils froncés, Jisung avança vers sa fenêtre, l’ouvrant sur le champ.
— Tu sais pas utiliser les portes d’entrées comme tout le monde ? fit-il remarquer.
— Je voulais pas que tes parents sachent que je suis là. J’ai besoin de te parler. répondit le brunet, un nuage de vapeur s'échappant d’entre ses lèvres.
— Si t’es venu me dire que t’as tué quelqu’un et que t’as besoin que je sois ton alibi, tu peux aller te faire voir, j’ai du boulot qui m’attend.
Pour illustrer ses propos, il désigna son bureau juste en face d’eux.
— Promis, c'est pas pour ça, ricana l’autre. J’en ai pas pour longtemps, donc t'inquiète, tu pourras retourner à tes révisions juste après.
Quelques secondes s’écoulèrent pendant lesquelles l'hôte réfléchissait à quelle décision prendre. Finalement, résigné, il soupira et se décala, de sorte à laisser l’intrus entrer dans sa chambre, fermant tout de même la fenêtre derrière lui. De nouveau face à l'aîné, Jisung croisa les bras et s’adossa au mur derrière lui, lui signalant par cette posture qu’il n’avait pas le temps. Visiblement stressé, Minho laissa un souffle s’échapper, se mordant par la suite la lèvre inférieure. Bien que son vis à vis le remarqua, il ne fit aucune remarque, préférant attendre que l’autre vide son sac. Cela prit plusieurs longues secondes avant qu’il ne se lance.
— Je crois que je suis amoureux de quelqu’un.
Sa révélation eut l’effet d’une bombe pour Jisung. Lui qui s’attendait aux pires confessions, venait seulement d’apprendre que son voisin avait des sentiments pour une personne. Une autre personne que lui. Lorsqu’il le réalisa, ses yeux s’écarquillèrent et sa bouche s'entrouvrit sur un cri silencieux. Jamais Minho ne lui avait parlé de ce qu’il ressentait, de ce qu’il éprouvait au quotidien. Il en était même venu, un peu bêtement, à penser qu’il ne ressentait tout simplement rien. Cela le surprenait donc de savoir qu’il s’était trompé, une fois de plus. Incapable de savoir comment réagir, le blondinet resta pétrifié alors que son cœur dans sa poitrine, lui, se compressait davantage à chaque seconde qui s’écoulait. Comment avait-il pu laisser la situation s’envenimer, s’autoriser à développer des sentiments pour quelqu’un qui jamais ne les lui retournera.
— Ça va Jisung ? T’as l’air… Étonné ? le questionna le plus vieux voyant que son ami était incapable d’aligner plus de deux mots.
— Je- C’est la première fois que tu me parles de quelqu’un que t’aime bien, alors je suis u-un peu surpris…
L'aîné prit quelques instants pour analyser les paroles de son interlocuteur avant de finir par hocher la tête.
— Oh. C’est juste que personne m’avait tapé dans l'œil jusqu’à aujourd’hui, tu vois ?
Tenant tant bien que mal de cacher son malaise, le blondinet acquiesça à son tour. Il avait tant envie de connaître l’identité de cette personne, de savoir qui il devait envier, seulement, l’espace d’un instant, il se fit la remarque que moins il en saurait, mieux il se porterait. Doucement, il se détourna et alla s'asseoir sur son lit, ainsi il lui sera impossible de s’effondrer. Seulement, en faisant cela, le cadet ne s’était pas rendu compte que Minho allait se tourner pour lui faire face et tomber sur le mur derrière son lit, rempli de photographies. Presque chaque petit bout de papier glacé le représentait, tantôt accompagné de Jisung, tantôt tout seul. C’était impossible qu’il ne réagisse pas à leurs vues, après tout il n’était pas censé posséder tous ces clichés. Toute personne censée s'indignerait d’avoir été espionnée dans son intimité, c’est pourquoi la panique commença à monter dans son corps, le faisant se tendre, en attente de la moindre réaction de son vis à vis.
Sur le point de formuler une autre phrase, le brunet s'arrêta, ses yeux analysant la composition de portraits de lui. Au fur et à mesure, ses sourcils se froncèrent. L’incompréhension se lisait sur son visage. Il n’avait pas l'air en colère ou même indigné, seulement perdu. Les joues en feu, Jisung chercha une excuse pour s’expliquer, seulement, il savait que quoi qu’il trouverait, rien ne ferait réellement l’affaire. C’est pour ça, qu’il préféra rester silencieux.
— C’est moi sur toutes ces photos ? questionna le plus âgé doucement, encore bien trop étonné pour poser des questions cohérentes.
Jisung se contenta de valider d’un simple hochement de tête. Les yeux désormais écarquillés, l’invité se rapprocha de sorte à ce qu’il puisse avoir un meilleur aperçu des clichés. Instinctivement, ses doigts vinrent tracer le contour de certaines d’entre elles, s'arrêtant tantôt sur les cheveux blonds de Jisung ou sur ses joues. Il resta comme ça un moment, avant qu’il ne se reprenne et ne s’éloigne.
— Pourquoi t’as toutes ces photos de moi ? Je dois pas être ton seul pote, non ?
Minho continua lorsque le cadet eut confirmé ses paroles.
— Alors, pourquoi je suis le seul que t’as accroché ?
Bien qu’il ne semblait pas en colère, le blondinet était terrorisé qu’il apprenne la vérité. Qu’il était amoureux de lui et que c’était pour ça qu’il avait créé ce mur de souvenirs, pour que chaque fois qu'il pensait à lui, il n’avait qu’à se tourner. Ça lui permettait de se sentir moins seul. De la sorte, il arrivait à contrôler les battements de son cœur lorsqu’il était en sa compagnie. Il arrivait à rester lui-même. Mais maintenant que le châtain avait découvert le pot aux roses, qu’allait-t-il se passer ? Comment arriverait-il à passer inaperçu ? Plus les secondes s’écoulaient, plus Jisung réalisait qu’il était dans de beaux draps, le monde qu’il avait connu jusqu’ici commençait à lentement s’écrouler sous ses pieds, menaçant de l’emporter avec lui d’un moment à un autre.
Minho, qui depuis s’était assis à ses côtés, remarqua que le plus jeune ne semblait pas prêt à répondre à ses questions, alors il reprit la parole, son timbre de voix bien plus doux qu’à l’accoutumée. Il ne prenait ce timbre de voix que lorsqu’il ne voulait pas brusquer son interlocuteur, Jisung le savait parfaitement. Et pourtant, cela n'empêcha pas de faire manquer un battement à son palpitant qui commençait à s’affoler dans sa poitrine.
— Je suis pas en colère, Jisung. J’essaye juste de comprendre, rien de plus…
Un léger sourire vint se glisser sur ses lèvres alors qu’il déposa l’une de ses mains sur la cuisse du blond, lui montrant par ce geste, qu’il était disposé à l’écouter.
À ses paroles, le susnommé prit une profonde inspiration, ancra ses prunelles dans celles de celui qui possédait son cœur entre ses mains et se lança. Si ça ne tenait qu’à lui, il aurait passé le restant de la soirée plongé dans ses orbes brunes, à s’éloigner autant que possible de la réalité.
— Je sais pas trop pourquoi j’ai commencé à coller les photos qu’on avait prises ensemble sur mon mur. Au début, c’était juste parce que je les aimais bien. Puis, au fur et à mesure, j’avais besoin d’en avoir de plus en plus. Alors, j-j’ai commencé à te prendre en photo dès que je te croisais. Je sais que c’est bizarre, mais ça me faisait me sentir bien, c’était comme si j’étais plus proche de toi. Donc, j’ai continué, sans jamais savoir m'arrêter.
Lorsqu’il eut prononcé son dernier mot, le silence retomba. Minho cherchait quoi dire, quoi lui répondre. Certes, il avait été plus que surpris en découvrant son visage collé dans tous les recoins, mais malgré tout, il n’arrivait pas à ressentir du dégoût ou de la colère. C’était comme s’il comprenait. Au fond de lui, il avait saisi pourquoi Jisung avait fait ça. Lorsque l’on aimait quelque chose, on finissait toujours par la vouloir à nos côtés, où que l’on soit. Lui-même avait été dans ce cas là, il ne pouvait donc pas le blâmer.
— Tu m’en veux pas ? demanda doucement l’autre occupant de la pièce.
— Non, bien sûr que non. Pourquoi, je devrais ?
— J-Je sais pas… C’est juste que quand tu t’es tourné, j’ai cru que tu allais te mettre à hurler et à me dire que j'avais dépassé les limites. J’ai eu peur de te perdre…
Bien que ses derniers mots avaient été murmurés, Minho les avait entendus, ressentis jusqu’au plus profond de son âme. Instantanément, ses yeux s’étaient à nouveaux écarquillés et il détourna la tête, ses joues commençant à prendre une légère teinte rosée.
— Pourquoi je m’en irais alors que tu es ce qui m’est le plus précieux.
Ce fut au tour de Jisung d’écarquiller les yeux. Si au départ, il s’était attendu à toutes sortes de réactions, jamais il n’aurait imaginé que la discussion prendrait ce tournant. Comment était-il censé lui répondre ?
— Qu’est-ce que tu as dit ? lui demanda-t-il, espérant ne pas avoir mal entendu.
— J’ai dit, que jamais je m’éloignerais parce que tu es la personne la plus précieuse que je connaisse. Sans toi, je serais malheureux.
Les prunelles du blond s'agrandirent encore plus de stupeur. Il n'avait donc pas rêvé. L'espace d'un instant, il se sentit projeté sur un petit nuage. Il était précieux aux yeux de Minho. Et même s'il aurait préféré entendre qu'il portait des sentiments à son égard, il se dit que c'était un bon début. Cependant, alors qu'il se laissait transporter par la douceur des mots du plus vieux, il réalisa quelque chose. Il était amoureux de quelqu'un, il le lui avait dit. Alors, comment pouvait-il avoir ce statut à ses yeux si c'était la place qu'une autre personne était censée occupée ?
— Attends, mais cette personne pour qui t’as des sentiments ? Elle est pas censée-
— C’est toi idiot ! l'interrompit-il brutalement en se levant, allant se positionner à l'autre extrémité de la pièce.
Complètement abasourdi, Jisung fronça les sourcils. Il ne saisissait pas le moins du monde la tournure que les événements prenaient.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu-
— Ça a toujours été toi, Jisung.
Voyant que le plus jeune ne comprenait pas ce qu’il se passait, Minho continua.
— Depuis la première fois qu’on s’est vus, je suis tombé sous ton charme. Mon cœur t’a toujours appartenu, depuis la première seconde et ce probablement jusqu’à mon dernier souffle.
Il fallut près d'une minute au jeunot pour saisir l'entièreté de ses propos. Au début, plusieurs questions traversèrent son esprit, avant qu'il ne s'efforce de les chasser et de tout simplement faire confiance à son vis à vis. Il ne pouvait pas lui mentir sur une telle chose. Jisung en avait conscience, Minho était quelqu'un d'honnête, de droit. Alors, il lui posa simplement la seule interrogation qui lui restait, afin de s'assurer une fois de plus qu'il avait bien entendu, rien de plus. Jamais il ne remettrait ses paroles en cause.
— Ça veut dire que tu m’aimes…?
— Oui, gros bêta.
Un rire s’échappa d’entre ses lèvres.
— Tu en doutes encore après tout ce que je t'ai dit ?
À son tour, un léger ricanement fut ôté à Jisung tandis que, à nouveau, ses joues s’empourprèrent.
— N-Non, c’est juste que ça me parait irréel ?
— Pourquoi ça ? Parce que si tu penses que tu en vaux pas-
— Non, c’est pas ça du tout, l’interrompit-il brusquement, c’est juste que ça fait des années que je suis amoureux de toi et j’ai toujours cru-
Lancé dans son élan, le blondinet ne réalisa même pas qu'il venait d'avouer ses sentiments pour l’aîné. Ce ne fut que lorsque ce dernier le coupa, qu'il réalisa ce qu'il venait de dire.
— Attends quoi ?
— Quoi ?
Anxieux à l'idée qu'il puisse mal réagir, sa voix se fit plus petite.
De son côté, Minho n'en menait pas large. Lui qui était venu voir Jisung pour tester enfin le terrain, voir comment il réagirait à l'annonce des sentiments qu'il portait à l'égard de quelqu'un, n'avait pas le moins du monde pensé qu'au final il lui confesserait ce qu'il ressentait pour lui.
— T’as dit que t’étais amoureux de moi ? lui demanda-t-il, une énième fois pour avoir confirmation qu'il n'était pas dans un rêve.
— Oui… Pourquoi ?
— J’arrive pas à croire que depuis tout ce temps, on ressentait la même chose et qu’on a pas été foutu de le remarquer. On est vraiment bêtes.
Jisung n’eut pas le temps de chercher quoi répondre que le brunet reprit la parole, son visage soudain bien plus sérieux que quelques instants auparavant.
— Est-ce que je peux faire quelque chose dont j’ai toujours rêvé ?
Le plus âgé n'avait pas réfléchi avant de lui poser cette question. il avait simplement besoin d'agir. Maintenant.
Bien que le plus jeune ne comprenait pas ce qu’il lui demandait, il hocha doucement la tête, lui donnant sa permission. Ainsi, le châtain se rapprocha à grandes enjambées de lui et vint poser ses mains sur ses joues, déposant par la suite ses lèvres sur les siennes. Le baiser ne dura qu’une fraction de secondes, mais cela suffit à Jisung pour que son estomac se retourne, envahi par une multitude de papillons. Lorsque Minho commença à s’éloigner, ce fut au tour du cadet de venir le saisir par les joues et de plaquer leurs lèvres les unes contre les autres. Maintenant qu’il savait que ce qu’il ressentait à son égard était réciproque, il ne comptait pas le lâcher de sitôt. Après tout, il leur fallait récupérer tout ce temps qu’ils avaient perdu.
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