4. Our Youth - Tiniyoung

Our Youth par Tiniyoung

× TheBoyz
× Fiction réaliste

Our Youth

   
- Je suis désolé, c’est encore plus le bazar que d’habitude mais enfin, vous comprenez bien pourquoi, dit Juyeon.

Les trois garçons enjambèrent les paires de chaussures et les montagnes de
vêtements jusqu’à la salle de bain pour déposer leurs propres affaires. Par
chance ses deux amis n’étaient pas beaucoup chargés, puisque bien qu’ils aient choisi de se retrouver à son appartement qui était le plus spacieux, tout était relatif. Ils déposèrent simplement leur tenue sur l’étendoir à linge et leurs quelques accessoires sur le rebord du lavabo, en équilibre entre plusieurs produits de beauté.

- Mec, tu sais qu’on doit être partis dans 45 minutes si on veut y être à l’heure ?
  
- Je sais, la situation est critique. Mais, en même temps, depuis quand on est ponctuels ?
 
- Pas faux, répondit Changmin en haussant les épaules.

Pour cette raison, personne ne s’affola. Ils s’installèrent autour de la table basse, une bière à la main en attendant que la dernière personne daigne pointer le bout de son nez.

La bande de garçons avait enfin fini les examens, cette période n’était plus qu’un
mauvais souvenir jusqu’au jour des résultats – qui n’arriverait pas avant le
mois prochain. Les partiels de dernière année de licence n’étaient pas simples,
cela allait de soi et ils s’y attendaient, mais il y avait quand même eut un écart entre leurs idées et la réalité ; la pression de ce qui les attendait après avait été plus forte que ce qu’ils avaient pu imaginer. Ils avaient passé les quatre dernières semaines enfermés chacun dans leur petit studio, les feuilles de révision envahissant le moindre recoin. Ils n’avaient pas fait de sortie autre que de se rendre à la fac pour passer leurs épreuves, puis restaient à la bibliothèque universitaire jusqu’à sa fermeture. C’était une période intense aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Ils en avaient oublié quelques repas, trop pris par leurs cours, n’avaient assez de temps pour pratiquer leur sport favori et relâcher la tension, passaient des heures
courbés au dessus d’une table à noircir des pages de leurs connaissances. Puis
ils avaient dû résister au stress, garder la motivation pour aller jusqu’au bout ; ç’aurait été dommage de baisser les bras si proche de la fin. Parce que, après tout, Juyeon, Kevin, Changmin et Chanhee étaient de bons élèves qui tenaient à donner le meilleur d’eux-mêmes ; obtenir un diplôme était chouette, mais le mériter et chercher la note la plus haute possible était encore mieux.
Mais après ces jours remplis de hauts et de bas, semés d’embûches, il était enfin
temps de souffler et de profiter des beaux jours. Le soleil était encore haut
dans le ciel, il était à peine sept heures du soir, ils savaient déjà qu’ils
verraient également le soleil se lever sans avoir fermé l’œil de la nuit.
     
- Bon, on va peut-être commencer à se préparer ? Si on continue d’attendre Chanhee c’est sûr qu’on y sera jamais à l’heure, commença Kevin en vidant sa bière d’une traite.

- Pas faux. D’ailleurs j’ai besoin de votre aide, j’hésite encore entre plusieurs tenues.
   
- Montre-nous tout ça.

Juyeon se leva et dégagea quelques t-shirts de son lit pour étendre ses chemises et vestes à la vue de ses amis. Ils réfléchirent très sérieusement à la question, ce n’était pas un sujet à prendre à la légère ; pas alors qu’il s’agissait de l’évènement de l’année : le gala d’été de l’université. C’était en
quelque sorte l’occasion de réunir tous les étudiants pour une dernière grande
soirée avant que nombre d’entre eux rentre chez soi aux quatre coins du pays,
voire à l’étranger, de quoi marquer le coup en cette fin d’année ; et ce
serait leur dernière.

- J’aime bien celle-là. T’en penses quoi Kevin ?

- Hmm, c’est pas mal.

- Pas mal ? Pas mal c’est pas assez, faut que ça fasse de l’effet ! S’indigna Juyeon
   
- Bon alors, celle-ci trop banale. Par contre, si tu prends ça à la place, Changmin se déplaça jusqu’à l’armoire pour en sortir en jean en simili cuir noir, là tu seras canon !

La tenue validée, le plus dur était fait. Il ne restait plus qu’à fixer les derniers
détails. Le moment de partir approchait de plus en plus, mais toujours aucun
signe de Chanhee. Ce dernier n’était pas en ville, il avait décidé de rentrer chez lui en coup de vent pour les quelques jours qui séparaient la fin des examens et le jour de la fête, et était censé prendre le train pour revenir dans l’après-midi. Il se retrouvait donc à la merci d’éléments extérieurs qu’il ne pouvait pas contrôler, comme la ponctualité du service ferroviaire, raison pour laquelle personne ne s’inquiétait de son possible retard.
Alors que les garçons venaient tout juste de finir de se coiffer, la sonnerie du
téléphone de Changmin résonna dans la pièce voisine.

- Merde, j’ai les mains encore pleines de gel. Kev, décroche pour moi s’il te plaît, tu seras un amour.

Il resta un instant sans bouger, attendant de savoir qui l’appelait afin d’en
mesurer le degré d’importance. Il tendit l’oreille pour distinguer ce que Kevin
disait. Au même moment il passa sa tête par la porte, le téléphone activé en mode haut parleur, et dit avec un grand sourire :
     
- Je crois que tu vas pas aimé…

- Pourquoi ? C’est qui ?
   
- Changmin ?

Il reconnut la voix de Chanhee.
     
- Ah enfin ! T’es où ? On t’attend depuis plus d’une demi-heure !
   
- Alors, justement, j’ai un petit souci… Il se pourrait que je me sois trompé de bus en sortant de la gare. Je suis descendu dès que je m’en suis rendu compte, mais du coup je suis pas vraiment au bon endroit, et le prochain bus ne passera avant une quarantaine de minutes.

Le brun leva les yeux au ciel et se rinça les mains rapidement, devinant la suite.
 
- Du coup, est-ce que tu peux venir me chercher s’il te plait ? Dit Chanhee en prenant une petite voix.

- C’est bon, j’arrive, donne-moi le nom de l’arrêt.
 
- Merci t’es le meilleur.
   
- Qu’est-ce que vous feriez sans moi, sérieux.
 
- On serait probablement morts avec nos idées débiles.

Il attrapa sa veste et ses clés de voiture rapidement, claqua la porte derrière
lui et jeta un œil au message de son ami avec le lieu où il se trouvait. Changmin
soupira profondément mais ne put retenir son sourire, il se demandait comment il avait atterri là-bas, quasiment à l’autre bout de la ville sans réagir plus vite. C’était sûr et certain désormais, ils seraient bien en retard à
l’évènement.

**

- Ne dis rien, je sais, je suis un boulet, dit Chanhee en ouvrant la portière. Je me disais bien aussi que le bus était vachement en avance. Mais en même temps, pour ma défense, j’étais pas au courant qu’il y avait plusieurs bus sur la même ligne avec des terminus différents.

- Un bus en avance c’est rare, ça t’apprendra à faire attention aux détails…
 
- Pas faux, mais je sais pas, j’ai pas vraiment réfléchi, je voulais juste arriver au plus vite.
   
- Et au final t’es en retard, et nous aussi d’ailleurs. On sera probablement les derniers arrivés.

Le rose haussa les épaules, ils avaient l’habitude. C’était en général pour cette
raison qu’ils se faisaient remarquer.
Ils retournèrent tous les deux à l’appartement. D’après les photos sur les réseaux de leurs connaissances à la fac, une poignée d’étudiants étaient déjà arrivés sur les lieux. Ils découvrirent avec émerveillement la beauté du domaine. Les organisateurs avaient réussi à obtenir un manoir dans une zone excentrée grâce à leurs contacts, tout le monde le savait puisqu’il s’agissait du lieu de rendez-vous, mais du côté des préparatifs et décorations, le secret avait été gardé de manière à créer un effet de surprise. Les garçons étaient sincèrement impressionnés par le travail qu’avaient dû fournir les membres du bureau des étudiants. Cela ne fit que faire monter la pression et l’excitation : dans un cadre comme celui-ci ils ne pouvaient pas faire autrement mais être sur leur trente-et-un et ils avaient plus que hâte d’y être. C’était la magie du moment, presque surréel, qu’ils allaient vivre qui leur donna un regain d’énergie et les poussa à s’activer pour finir de se préparer.

**

Tous fin prêts, ils se serrèrent devant le petit miroir de la salle bain pour s’observer sous toutes les coutures. Ainsi côte à côte, le résultat était encore plus époustouflant que ce qu’ils avaient imaginé. Ils avaient, involontairement, choisi des tenues similaires les unes aux autres, sans pour autant totalement se ressembler, ce qui définissait leur touche personnelle.
D’un autre côté il est vrai qu’en tant qu’hommes, le choix de vêtements pour ce genre d’évènement classe était restreint, mais les couleurs, motifs et tissus étaient en tout point d’une élégante harmonie.

- Franchement, je trouve qu’on assure.

- Il manque quand même un petit quelque chose…

Les têtes se tournèrent vers le grand noiraud. Les yeux plissés, il dévisagea leur reflet en cherchant le petit détail, la touche finale qui serait la cerise sur le gâteau. Soudain, il sourit et claqua des doigts ; il savait exactement quoi faire. Juyeon quitta la pièce le temps de quelques secondes et revint avec une grande boite rectangulaire entre les mains. Il la déposa sur un rebord et l’ouvrit sous les yeux écarquillés de ses amis.

- J’arrive pas à croire que t’as ramené tout ça jusqu’à ton appart, dit Kevin.

- Ce sont mes indispensables, je pouvais pas les laisser chez mes parents. C’est vrai qu’il y en a que je mets rarement, mais c’est parce que je les réserve pour les grandes occasions, comme celle-ci. Prenez ce qui vous fait plaisir.

Les trois garçons s’approchèrent de la masse brillante pour mieux discerner les
différents bijoux. Ils ne sauraient dire combien il y en avait exactement, largement assez pour eux quatre en tout cas. Juyeon était fan des bijoux de toutes sortes : aussi bien des colliers, des chaînes, que des boucles d’oreille, des bracelets ou autres bijoux de main. Il était attiré par ces choses brillantes qui, pour lui, finissait parfaitement un look. Il n’en portait que peu au quotidien, en général deux ou trois faux piercing aux oreilles et ses chaînes favorites, mais dès qu’il le pouvait il aimait porter ses plus belles pièces. Tandis que Changmin et Chanhee optait pour quelque chose de
relativement discret ; les deux autres se faisaient un vrai plaisir. Kevin choisit un collier attaché à un choker, des bagues et de longues boucles d’oreille en forme de croix : ses favorites. Quant à Juyeon il préféra charger ses poignets et décida également de changer sa boucle de ceinture avec une broche. Il piocha dans sa réserve de faux piercings, mais se ravisa au dernier moment, celui à la lèvre serait de trop, il voulait tout de même rester dans le thème chic et classe. Son meilleur ami l’observa du coin de l’œil en souriant, fut un temps où le noiraud n’aurait pas hésité une seconde à le porter, peu importe l’image de « mauvais garçon » que ses parents lui
disaient donner, si les gens se donnaient la peine d’apprendre à le connaître
alors ils comprendraient qu’il n’y a pas une once de méchanceté en lui ; et les autres, comme il le disait, il s’en fichait.
Kevin se souvenait des après-midis qu’il avait passé à accompagner son ami dans les centres commerciaux à la recherche de ce qui lui plairait le plus ; comme s’il n’avait retenu que cela de ses années lycées qui paraissaient si loin mais aussi si proche. Les années universitaires les avait fait grandir et prendre leur indépendance en termes concrets, et en même temps avoir gardé un contact
permanent l’un avec l’autre, en se dirigeant vers des filières différentes mais dans la même université, leur avait permis de conserver ce lien avec leur vie
de lycéen. Tout était différent, mais pas complètement. Combien de fois leur avait-on répété qu’avoir l’un de ses meilleurs amis dans la même université
était pratique au début mais qu’il ne fallait justement pas tomber dans cette
facilité et s’ouvrir aux autres et aller vers de nouveaux horizons ? Combien de fois leur avait-on répété que leur amitié ne durerait probablement pas, qu’il ne fallait pas se leurrer et qu’ils se perdraient de vue une fois de nouvelles amitiés tissées ? À leur plus grand plaisir, ils donnaient tort à tous ces gens. Malgré les très bons amis qu’ils s’étaient chacun fait, inévitablement dû à leur caractère sociable et extraverti, ils passaient leur
temps libre ensemble dès qu’ils le pouvaient. Ajoutés à cela leurs cours en
communs grâce à la similarité de leurs études, ils avaient toujours pu compter
l’un sur l’autre. Mine de rien, cela leur avait été d’une grande aide. Bien que
l’année ait commencé en douceur, lorsque les choses se sont gâtées à l’approche des examens et des choix pour leur avenir, avoir un ami, un véritable ami, près de soi physiquement parlant avait été un soulagement. Ils continuaient d’échanger avec leur groupe d’amis du lycée, mais à travers un téléphone tout était différent ; arrivait un moment où les mots n’étaient plus suffisant, ce qui primait était le besoin d’avoir une épaule sur laquelle s’appuyer dans les moments de fatigue, une chaleur humaine auprès de laquelle se réfugier dans les moments de déprime, une main à agripper dans les moments d’épuisement.

**

 
- Tout le monde a bien attaché sa ceinture ?

Tous répondirent en chœur à la question de Changmin ; on ne plaisantait pas avec la sécurité. Il alluma le moteur et se mit en route vers le lieu de rendez-vous. Ils avaient déjà une bonne quarantaine de minutes de retard et priaient pour ne pas se retrouver bloqués dans le trafic en centre-ville.
     
- Oh mon dieu, les gars ! S’exclama Chanhee. Vous allez me détester mais… Je crois que j’ai oublié mon paquet de clopes chez mes parents.

- C’est pas grave, t’en as pas besoin pour ce soir. On ira t’en chercher demain.
 
- Ah nan, pas possible. Je vais pas arrêter d’y penser et ça me donne encore plus envie de fumer, je vais pas tenir. Je t’en supplie, j’en ai pour à peine deux minutes.

Le conducteur céda facilement, ils étaient de toute façon déjà en retard, quelques minutes de plus ou de moins ne changeraient pas grand-chose, et il préférait largement s’arrêter plutôt que d’entendre son ami se plaindre pendant toute une soirée. Il se dirigea vers le bar tabac le plus proche et se gara à la va-vite. Il ne quittait pas le véhicule et le temps qu’il fasse un créneau propre, le
rose serait déjà revenu. Il se remit en route dès que celui-ci referma la portière.

- Ouuh, j’ai tellement hâte d’y être !

- Enfin une soirée après avoir passé un mois à vivre comme des ermites.

- J’attends qu’une seule chose de cette soirée… Commença Juyeon.

- Laisse-moi deviner : les gossip sur qui a dansé avec qui ; qui a disparu dans les vignes pendant un temps indéterminé, finit Kevin en haussant les sourcils.

- Bingo ! Je vous préviens tout de suite, on se fait un debrief à la fin en rentrant à l’appart.

Personne ne dit rien, il n’y avait vraiment que Juyeon pour être intéressé par ce genre de choses. De plus, les « debriefs » se passaient en général tous de
la même manière, c’était le noiraud qui avait appris le plus de potins, donc le seul qui parlait, les autres l’écoutant d’une oreille ; tout cela selon leur degré d’intérêt car, même s’ils ne l’avoueraient jamais devant leur ami, certains sujets avaient le don de piquer leur curiosité.

Alors qu’ils pensaient enfin pouvoir poursuivre leur trajet paisiblement, Chanhee, côté passager, s’exclama :

- Attendez, c’est pas Yuqi là-bas ?

Les deux garçons à l’arrière se penchèrent pour observer l’endroit que le rose pointait du doigt pour y voir une jeune femme, trop bien habillée pour un jour ordinaire, en train de se battre avec plusieurs sacs sur le trottoir.

- Qu’est-ce qu’elle fait ?

Changmin fit ses contrôles et s’arrêta prudemment au bord de la route et ouvrit la enêtre. C’était bien Yuqi, l’une de leurs camarades.

- Tu as besoin d’aide ?

La jeune femme sursauta et en fit tomber ses affaires.

- Oh mon dieu, vous m’avez fait peur. Vous inquiétez pas, j’essaie juste de retrouver mes clés de voiture dans tout ce bazar, dit-elle en désignant ses sacs étalés sur le sol. Minnie devait passer me chercher sauf qu’elle doit passer au magasin parce qu’elle a oublié des bouteilles, donc je me retrouve à devoir me débrouiller.

- Pourquoi t’as autant de sacs ? Là on dirait vraiment le pur cliché de la fille en soirée qui emmène trois tenues de rechange, deux paires de chaussures et quinze trousses à maquillage pour se refaire une beauté.

- Dis ça encore une fois et je te mets une raclée, menaça-t-elle. Non mais c’est qu’en fait on doit partir chez une autre de nos potes après la soirée et je repasserai pas par chez moi…

- Tu veux qu’on t’emmène ? On va au même endroit, et au moins ça t’éviteras d’avoir à prendre ta voiture.

Elle réfléchit quelques instants et, pressée par Changmin qui commençait à gêner la circulation, finit par accepter. Elle jeta ses sacs en vrac dans le coffre et
s’installa dans la voiture en essayant de ne pas empiéter sur l’espace des
autres autant que sa longue robe le lui permettait.

- Bon, on est enfin repartis. C’est sûr qu’on sera les derniers maintenant.

- Au moins on se fera remarquer, dit Chanhee.

- Mais j’ai pas envie de me faire remarquer moi, c’est ça le problème, grogna Changmin.

- Si ça peut te rassurer, je pense qu’il n’y aura plus grand monde à l’entrée. Ils seront sûrement déjà tous dans la cour arrière parce que c’est là que le traiteur
s’est installé.

Le reste du trajet se passa dans la bonne humeur et l’excitation ; le son de la radio monté, les conversations fusant à droite, à gauche, une ambiance légère qui annonçait une merveilleuse soirée.

**

Yuqi les remercia pour le trajet et resta sur le parking avec ses affaires en
attendant son amie qui ne devait arriver que quelques minutes plus tard. Un
dernier coup de main dans les cheveux face à leur reflet dans les vitres de la
voiture et les garçons se mirent à graver la petite côte pour atteindre le portail principal du domaine. Leur amie avait eu raison, ils ne voyaient personne, pouvant laisser penser qu’ils s’étaient trompés d’adresse, mais le bruit lointain de la musique leur indiquait qu’elle avait commencé sans eux.

Presque arrivés devant les grandes portes, ils virent au loin Miyeon, une fille
qu’ils ne connaissaient que de vue, s’approcher avec un appareil photo autour du cou. Elle aussi portait une longue robe en tulle mauve et avait bouclé ses cheveux. Si au départ elle ne semblait pas les avoir vus, lorsqu’elle releva la tête, son visage s’illumina et elle porta son appareil au niveau de son visage en moins d’une seconde. Pris de courts, les garçons rirent, masquant leur gêne pour certains.
·       
- Désolé, faites pas attention à moi, leur dit Miyeon à une distance où ils pouvaient l’entendre.

Mais honnêtement, le vent de face, tous en ligne, mains dans les poches, regard
au loin, lumière atténuée du coucher de soleil : c’est le cliché parfait pour une affiche de film.
·       
- Si tu le dis ; c’est toi la pro !
·       
- Faites-moi confiance. D’ailleurs vos tenues sont incroyables ! Bon, je dois aller chercher mes autres pellicules. Quasiment tout le monde est déjà dans la cour arrière. Vous pouvez passer par l’intérieur pour visiter un peu, en sachant que l’étage est interdit, ou alors faire le tour par l’extérieur, juste là d’où je viens.
·       
- Super, merci beaucoup.

Elle s’éloigna et les quatre garçons décidèrent d’un commun accord de faire
le tour par l’extérieur, ils auraient tout le loisir de profiter de la beauté de l’intérieur de la grande bâtisse plus tard.

**

Quasiment tous les étudiants de l’université étaient présents, formant une foule dispersée en de multiples groupes occupant tout l’espace verdoyant. Des dizaines de petites lanternes étaient suspendues à des fils pour prendre le relais lorsque le soleil irait se reposer. Sur les grandes tables recouvertes de nappes d’un blanc immaculé étaient disposés de nombreux plats garnis de petits fours de toutes sortes. Sunwoo ne résista pas longtemps, tout avait l’air si bon qu’il en prit trois d’un coup, en fourra un autre dans sa bouche et retourna auprès de ses amis avant de les perdre de vue. Ils observèrent les gens autour d’eux ; tout le monde avait fait un effort et avait sorti sa plus belle tenue, le genre qu’on ne met qu’une ou deux fois dans sa vie. Les
robes de bal des jeunes femmes variaient en couleur, en matière, en coupe,
elles resplendissaient et ajoutaient des couleurs aux parterres du jardin, tandis que, limités dans leur choix, les jeunes hommes avaient des costumes
similaires mais customisés, histoire d’apporter leur touche personnelle, pour
la plupart. C’était notamment le cas des quatre garçons qui ne faisaient que
passer d’un groupe à l’autre depuis le début de la soirée. Ils étaient arrivés
parmi les premiers et avaient eu le temps de discuter, ne serait-ce que deux
petites minutes, avec toutes les têtes qui leur étaient familières de près ou
de loin. Tous, sans exception, avaient eu la gentillesse de remarquer leur
effort vestimentaire, s’étant décidés de s’accorder sur la couleur rouge.
Younghoon portait une chemise légère en soie rouge avec son ensemble
noir ; Sangyeon une veste sophistiquée de cette couleur ; Jacob n’en avait qu’une touche avec sa cravate ; et Sunwoo trouvait pénible de devoir expliquer à tout le monde qu’avec sa couleur de cheveux il n’avait pas eu besoin d’en rajouter plus à sa tenue. Après avoir passé un moment à profiter de
la magie de l’instant, sans les barrières naturellement crées par la différence
de filière, l’obstacle des horaires et des emplois du temps, ils se posèrent près de la terrasse après avoir refait un stock de petits fours, chacun une coupe de champagne à la main.
·       
- Bon, il manque toujours les mêmes…
·       
- Ils sont vraiment pas possibles. Chanhee m’a dit qu’ils feraient le maximum pour être là assez tôt ; ils vont carrément être les derniers ! S’exclama Sunwoo.
·       
- J’espère qu’il ne leur est rien arrivé sur la route… On devrait peut-être les appeler pour être sûrs, on sait jamais.

Sangyeon s’éloigna de quelques pas pour être au calme, mais revint rapidement, la mine inquiète.
·       
- Aucune réponse.

Tous froncèrent les sourcils. Ce n’était pas le genre de leurs amis de ne pas
répondre. Ils essayèrent une nouvelle fois et envoyèrent également des messages. Leur esprit commençait à s’agiter et ils étaient prêts à prendre la
voiture pour faire le chemin jusqu’à l’appartement de Juyeon pour s’assurer que tout allait bien. Ils posèrent leurs verres sur la table la plus proche,
Younghoon chercha ses clés de voiture. Ils slalomèrent entre les étudiants pour
atteindre la porte principale, mais furent arrêtés dans leur élan par une voix
masculine criant leur nom. Ils firent volte-face et se retrouvèrent nez à nez
avec les quatre portés disparus. Les garçons hésitaient entre soupirer de
soulagement, ou leur donner une tape sur la tête. Sunwoo fit les deux et les
réprimanda avant qu’ils ne puissent se plaindre :
·       
- Tiens, ça vous apprendra à ne pas répondre au téléphone !
·       
- Quoi ?
·       
- On vous a appelés et laissé des messages, mais aucune réponse.
·       
- Pour ma défense, je conduisais, commença Changmin.
·       
- Il est fort possible qu’on ait rien entendu à cause de la musique. Désolé les gars
·       
- Mais vous alors, si vous existiez pas, on vous inventerait.

Les coupables haussèrent les épaules, une petite mine désolée sur leur visage, et décidèrent de changer rapidement la conversation en proposant de se rapprocher du buffet auquel, eux, n’avaient pas encore pu goûter.
Ils se délectèrent des différents mets tout en parlant du magnifique cadre dans
lequel ils se trouvaient. Du coin de l’œil ils apercevaient la terrasse ; les enceintes et tout le matériel musical étaient installés, il ne devait rester que quelques branchements à faire. Les garçons en profitèrent pour se diriger vers le petit espace photo décoré par les organisateurs dans le thème de l’été tout en gardant un petit côté chic. S’ils voulaient capturer le moment présent en photographie, mieux valait le faire maintenant, parce qu’une fois sur la piste, ils n’auraient plus cette allure de beaux hommes apprêtés.
·       
- Il faut absolument qu’on immortalise ces tenues parce qu’elles sont exceptionnelles. On a même involontairement assorti nos chemises avec Younghoon ! S’écria Chanhee.

Miyeon était revenue se poster devant les panneaux de fond. La photographe s’amusait autant que les « mannequins » qui prenaient des poses de plus en plus
déjantées. Elle les informa que toutes les photos seraient compilées dans un dossier dont l’accès serait donné à chacun quelques jours après. Ils la
remercièrent et se rapprochèrent des autres étudiants pour échanger un peu. Ils n’avaient pas toujours le temps d’avoir une vraie conversation, même avec ceux qui faisaient partie de leur classe. Et l’avantage de leur groupe étant que tous n’étaient pas dans la même filière ou ne partageaient pas les mêmes
options, c’était aussi l’occasion de découvrir du monde. Ils se séparèrent un
peu chacun de leur côté, partant à droite ou à gauche selon qui ils croisaient.
Deux autres jeunes garçons se glissèrent auprès de Chanhee et Sunwoo, toujours près du buffet.
·       
- Hey man ! Comment ça va ?

Ils se firent une petite accolade et prirent deux autres verres.
·       
- Mieux que jamais ! La question ne se pose même pas alors qu’on est enfin en vacances après cette année de galères !
·       
- Pas faux, répondit Haknyeon en buvant une gorgée. Je veux pas parler de sujets qui fâchent, mais comment ça s’est passé pour vous ce semestre ?
·       
- Oh bah alors là, grommela Sunwoo. Non, quand on y repense ça aurait pu être pire, mais quand tu es dedans, tu veux juste t’en échapper. C’étaient des semaines hyper intenses de révisions et d’examens.
·       
- Je crois que j’ai jamais appris autant de dates en si peu de temps. Je sais pas pour les autres mais j’ai bien dû faire des concessions sur certaines matières.
·       
- Pareil pour nous. Et pourtant avec Éric on s’y est mis plus tôt que pour le premier semestre, mais rien à faire, on a tout autant, voire même plus, galéré. On avait commencé à faire des fiches pendant les vacances de Pâques ; à relire et à remettre en ordre, mais on s’était surestimés je pense.
·       
- Dites pas ça, protesta Chanhee. On était tous dans le même bateau. Certainement que certains ont pas trouvé ça si difficile, mais je t’assure que j’ai été témoin d’un
nombre incalculable de craquages à la bibliothèque.
·       
- C’est vrai que j’ai jamais entendu autant de soupirs et de crayons posés brutalement sur une table de toute ma vie.
·       
- En tout cas, ajouta Haknyeon, je pense quand même que nos semaines d’efforts acharnés seront récompensées. À part deux ou trois épreuves dont je ne suis pas sûr, le reste m’a paru surmontable. J’aurai pas 16, mais pas 9 non plus ; avec un peu de chance j’obtiendrai la mention.
·       
- Vous savez que vous aurez mon respect éternel pour ça. Avoir une mention en filière bio, chapeau.
·       
- Tu dis ça parce que tu es nul avec tout ce qui est scientifique, Sunwoo. Et t’as aussi un problème avec la logique.
·       
- Une raison de plus pour laquelle vous m’impressionnez.

Les deux garçons s’apprêtaient à répliquer mais ils furent coupés par une vague d’applaudissements et d’agitation. Sur la pointe des pieds, curieux comme ils l’étaient, ils essayaient d’apercevoir ce sur quoi lequel l’attention s’était
soudainement portée. Ils n’eurent pas le temps de voir quoi que ce soit, Jacob vint agripper le bras de ses amis en s’exclamant :
·       
- M. Yang et M. Chay sont là !

Chanhee et Sunwoo ouvrirent grand les yeux, et se laissèrent entraîner par le blondinet après avoir fait un bref signe de la main à leurs deux autres compagnons. Ils retrouvèrent leurs autres amis et se mirent d’accord sur le fait qu’ils voulaient profiter de l’occasion pour pouvoir échanger avec les deux hommes, dans un contexte moins formel que les cours d’université.
M. Yang et M. Chay étaient deux de leurs nombreux professeurs, et pas n’importe
lesquels. Le premier enseignait l’une de leurs matières favorites, et l’autre était le doyen de la faculté à laquelle ils appartenaient. Les deux hommes
étaient très appréciés et respectés par de très nombreux étudiants pour leur
savoir, leur expérience, mais aussi pour la manière dont ils communiquaient
avec leurs élèves. Le groupe d’amis avait déjà eu l’occasion d’échanger avec
eux à plusieurs reprises pendant leurs pauses, et ils n’en étaient ressortis que plus admiratifs et grandit. Ils patientèrent quelques minutes avant de
doucement se rapprocher d’eux et d’engager la discussion.
·       
- Bonsoir Monsieur, commença Sangyeon.
·       
- Messieurs, les salua M. Yang. Alors voyons-voir…

Il plissa les yeux et analysa le visage de chaque garçon se trouvant devant lui.
De son doigt, il désigna vaguement une partie d’entre eux.
·       
- Vous, il me semble que vous êtes de Droit-Histoire ; mais vous, dit-il en désignant l’autre partie, je ne suis pas sûr.
·       
- En Histoire simple, répondirent-ils.
·       
- Ah parfait, des historiens de tous les côtés ! Heureux d’avoir passé la dernière
étape ?
·       
- Passé oui, maintenant l’avoir réussie c’est une tout autre question.
·       
- Voyons, ne soyez pas dans cet état d’esprit. Vous avez bien travaillé ?
·       
- Oui monsieur.
·       
- Vous avez donné le meilleur de vous-même ?
·       
- Oui monsieur.
·       
- Votre premier semestre s’est achevé sur une bonne note ?
·       
- Oui monsieur, dirent-ils avec un peu plus d’hésitation cette fois-ci.
·       
- Alors vous avez votre certitude. Le travail paie, n’en doutez pas une seconde ! Souvenez-vous de votre première année, elle ne devait pas être si différente. Vous avez certainement fourni tout autant d’effort, mais le processus et le résultat n’en sont pourtant pas les mêmes. En première année on vous demande de vous adapter, c’est pour cela que vous travailliez. Aujourd’hui, votre travail est plus efficace, vous apprenez mieux, plus vite mais aussi en plus grande quantité. C’est sûrement pour cette raison que vous sentez cette impression d’être noyés dans les feuilles et les pages Word.
·       
- C’est vrai que niveau apprentissage, on nous a un peu matrixés pour ce dernier semestre. Entre les dates, les articles, les grands courants de l’histoire philosophique…
·       
- Et l’examen d’Histoire ancienne ? Qu’en avez-vous pensé ?

Les garçons firent un sourire gêné et déglutirent en silence. Ils prirent une
grande inspiration en se regardant, se demandant qui allait oser faire le premier pas.
·       
- Ne faites pas cette drôle de tête ! Dites-moi honnêtement votre impression, cela m’aidera aussi à me faire une idée de la difficulté de ce que je vous ai donné.
·       
- Honnêtement, seul Kevin pense avoir réellement réussi cette épreuve. Le christianisme antique, c’est vrai que c’est pas trop notre point fort.
·       
- Je comprends. J’ai fait exprès de vous mettre un document qui nécessitait un peu plus de réflexion et moins de notions de cours. Je verrai tout cela en détail plus tard. Dans tous les cas, je suis persuadé que cela ne sera pas si terrible. Je suis
justement très curieux de voir vos différents raisonnements.
·       
- En espérant que vous ne serez pas déçu.
·       
- Je ne le suis que très rarement ; il y a toujours du bon et quelque chose d’intéressant à tirer de chaque copie.

Juyeon sourit, ils étaient au moins assurés que ce professeur serait
bienveillant ; il l’a toujours été. M. Yang faisait partie de ces personnes qui avaient eu un grand rôle dans la vie du jeune garçon. Il avait toujours eu des modèles, des exemples, qu’importe le stade de sa vie, il avait toujours eu la chance d’avoir à ses côtés un adulte qui  l’inspirait et le poussait à faire de son mieux. Maintenant il touchait au but, et s’il n’avait pas pu l’exprimer à ces personnes étant plus jeune, il avait grandi, et savait qu’à présent c’était le bon moment.
·       
- Monsieur, commença-t-il, je tenais vraiment à vous remercier vous, en particulier, pour ces quelques cours que vous nous avez donnés et pour votre accompagnement. Vous avez toujours été à notre écoute, très positif et motivant pour nous ; je n’ai sincèrement jamais entendu quelqu’un dire du mal de vous. Vous nous avez sans cesse tirés vers le haut, pendant que d’autres, sans vouloir donner de nom, nous tiraient dessus. Vous avez vraiment eu une grande influence, en particulier sur moi, et c’est en partie vous qui m’avez indirectement encouragé et qui avez confirmé la voie que je veux suivre.
·       
- Je suis très touché et ravi d’entendre ça. Alors, quel est votre destin ?
·       
- Je me prépare pour devenir professeur d’histoire ; je pense d’abord passer le CAPES et puis je réfléchirai pour l’agrégation. Je suis pas encore totalement sûr du niveau auquel je veux enseigner.
·       
- Si ça ce n’est pas une merveilleuse vocation ! Je vous souhaite sincèrement de réussir, à vous tous d’ailleurs, et… Rappelez-moi votre prénom s’il vous plaît ?
·       
- Juyeon.
·       
- Bien, Juyeon, je me souviendrai de vous également. N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions ou des doutes sur le chemin ; vous avez choisi un beau métier mais ce n’est malheureusement pas le plus facile.

Il interpella son collègue qui venait d’achever une autre conversation.
·       
- Juyeon, ici présent, souhaite devenir professeur d’histoire !
·       
- Oh, merveilleux ! Fut un temps où beaucoup de nos élèves venaient nous voir pour nous poser des questions à ce sujet, pour échanger sur notre propre
expérience, mais ils se font de plus en plus rares. C’est un vrai plaisir de voir que la passion du partage anime encore certains d’entre vous.

Il prit une gorgée de sa boisson et se tourna vers les autres garçons qui
observaient la scène avec un petit sourire. Ils savaient tous à l’estime et le
respect que portait le noiraud à ces deux professeurs ; il en parlerait dûrement pendant les deux prochaines semaines. M. Chay leur fit un signe de la tête.
·       
- Et vous messieurs, demanda-t-il, qu’allez-vous faire l’année prochaine ?

Ils soupirèrent discrètement. Cette question anodine, mais de la plus haute
importance, leur rappela à quel point leurs chemins de vie allait être différents à partir de maintenant. Comme à chaque fin de cycle, on se sépare pour suivre sa propre voie. Mais l’université, c’était tout de même autre chose ; bien plus que de changer de ville, de déménager, puisque certains parvenaient quand même à se retrouver, comme Juyeon et Kevin. La fin de l’université ouvrait tellement de portes, offrait tellement de possibilités ; ils avaient l’impression que leur avenir entier était en jeu. Pourtant, ils se rendraient compte assez rapidement que ce n’est pas le cas, ils sont encore au stade auquel ils font des expériences, fructueuses ou non, du haut de leur 21 ans ils n’avaient eu qu’un aperçu de ce qu’était la vie. Mais depuis tant d’années on leur avait répété qu’il fallait choisir
consciencieusement et prudemment, on les avait préparés à ce moment crucial
comme si c’était le dernier choix qu’ils pourraient faire librement avant de
s’engager sur une route sans possibilités de détour. Pourtant, plus ils gravissaient les marches, plus ils se rendaient compte que rien n’était figé.

Oui, les choix étaient importants, il ne fallait pas se diriger vers ce qui ne leur permettrait pas de s’épanouir, mais, finalement, qui savait ce qui adviendrait ? Ils s’étaient plu à croire, au fur et à mesure, au destin. Ils iraient là où leur cœur les guiderait, et si cela semble être une mauvaise passe, mouvementée, ne leur laissant pas de répit, peut-être cette passe serait alors nécessaire. Peut-être que rien n’est laissé au hasard, tout le monde connaîtra cette « mauvaise passe » qui sera la même dans le fond mais pas dans la forme, et probablement que tous en sortiront grandi. Qui sait ce par quoi il faut passer avant d’être apaisé, de pouvoir distinguer et saisir les bonnes opportunités.

- Je suis en attente des réponses pour les masters que j’ai demandés, se lança Sangyeon. Pour l’instant j’ai bien envie de tenter le journalisme.

- Je vais continuer dans le droit, enchaîna Chanhee. Mais j’attends d’en découvrir un peu plus, de pouvoir faire plus de stage pour me spécialiser.

- Sunwoo et moi avons aussi demandé des masters pour se diriger vers la conservation de patrimoine, ajouta Jacob.

Les regards se tournèrent vers le dernier, qui n’avait encore rien dit. Kevin haussa les épaules en déclarant qu’il irait là où le vent le mènerait. Il avait décidé de prendre une année sabbatique et avait déjà entreprit les démarches pour obtenir un visa et partir se faire une expérience à l’étranger. Il n’avait pas de but précis en tête, simplement tenter tout ce qui se présenterait à lui et il était convaincu que c’est de cette manière qu’il trouverait ce qui lui conviendrait. Personne n’était à l’abri de changer de voie au cours de sa vie, cela était même certain. Ils estimaient de toute façon qu’ils avaient déjà perdu assez de temps à s’inquiéter et à se mettre la pression pendant toutes leurs années d’études – bien qu’elles ne soient pas finies pour tous – alors s’ils avaient redouté ce moment, redouté de passer une nouvelle étape qui les amènerait toujours plus loin, ce n’était désormais qu’un sourire nostalgique qu’ils abordaient. Une page se tournait ; un nouveau chapitre commençait.

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