« Sans toucher » [MiaTreya] (ff)
Shikamaru cligna des paupières plusieurs fois avant de laisser tomber le crayon qu'il tenait à la main sur la table recouverte de dossiers. Il amena ses doigts à son visage et frotta lentement ses yeux fatigués. La fête à l'extérieur battait son plein et il percevait distinctement la musique rythmée provenant du centre-ville. Lorsqu'Orochimaru avait été rayé de la carte, le pays du Riz - qui avait récupéré son nom d'origine - avait pris la décision de marquer cet événement chaque année. Depuis que Shikamaru avait été engagé comme ambassadeur de Konoha, il y assistait obligatoirement, profitant de ces circonstances pour remettre à jour les contrats et les ententes entre les deux villages. Sauf que toutes les années, sans exception, l'Hokage lui distribuait toujours des papiers à la dernière minute, le forçant à travailler pendant la supposée meilleure fête de la région. Il se demandait pourquoi cela le surprenait à chaque fois, surtout venant de Kakashi.
Le brun étira ses bras vers l'arrière pour délier ses épaules tendues et entendit le craquement caractéristique qui lui fit pousser un soupir de soulagement. En face de lui, Hinata leva ses yeux blancs brièvement du dossier qu'elle lisait, mais revint rapidement à sa tâche. Ses longs cheveux étaient retenus en une queue de cheval impeccable et une frange cachait son front où le sceau de l'oiseau en cage avait été apposé il y avait maintenant quelques années. Depuis presque deux ans, elle occupait le même emploi que lui et ensemble, ils parcouraient les nations en tant que représentants de Konoha. Il n'avait pas à se plaindre. Elle faisait bien son travail et, contrairement à son prédécesseur, Shikamaru n'avait pas à la surveiller constamment pour éviter qu'elle fasse une bévue en discutant avec les hauts dirigeants avec qui ils faisaient affaire. Il était content d'admettre qu'elle était supérieure à lui dans ce domaine. Elle avait une facilité à s'adresser à quiconque de la meilleure manière possible, peu importe sa place ou son rang dans la société. Pour une femme, elle n'était pas trop galère, même si elle avait quelques petites singularités - comme son thé, qu'elle devait prendre sans exception en se levant chaque matin. Il s'était habitué à cet acte quotidien lors de leurs voyages, même s'il avait encore l'impression d'être le témoin d'une cérémonie chaque fois qu'elle buvait son breuvage chaud à son réveil. Tout comme le fait qu'elle pouvait s'arrêter subitement au beau milieu d'un marché pour observer un kiosque de fleurs pendant - il avait compté et calculé la moyenne - dix interminables minutes. Cependant, quand il restait lui aussi trop longtemps à admirer les nuages, elle le laissait tranquille. Quand il s'arrangeait pour se lever le plus tard possible lorsqu'ils avaient une réunion importante, elle le laissait tranquille. Et quand il ne parlait pas pendant plus d'une heure, elle le laissait aussi tranquille. Donc, elle n'était pas trop galère.
Shikamaru se rappelait que, quand elle avait postulé pour le poste d'ambassadeur qui s'était libéré, lui et Kakashi avaient hésité à l'engager. Peut-être était-ce parce qu'ils avaient le souvenir d'une fille timide qui rougissait la moitié du temps et bégayait l'autre.
Heureusement, ils lui avaient donné une chance, ce que Shikamaru ne regrettait pas aujourd'hui. Elle demeurait une Hyuga, malgré son éducation qu'elle avait reçue en grande partie à l'extérieur de son clan, et la gêne qu'elle avait affichée pendant toute sa jeunesse avait été remplacée par une réserve. Une réserve qui avait son charme, car la majorité des personnes qu'elle devait côtoyer l'écoutait facilement, même si elle annonçait de sa voix posée la hausse des prix d'importation de produits ou la diminution des bourses accordées à leurs voisins alliés. Une partie non négligeable voulait - au grand amusement du brun - se retrouver dans les jupes de sa compagne de travail. S'il n'oserait jamais lui demander de porter un décolleté pour distraire A et B pendant une réunion et lui permettre ainsi de faire signer un contrat à l'avantage de Konoha, il s'était, quelques rares fois, servit d'elle à son insu pour gagner de minuscules points en faveur de son village. Rien de mieux que l'image de l'innocence pour tromper un adversaire.
Shikamaru attrapa son verre de saké et but la dernière gorgée qui glissa avec une agréable sensation de brûlure dans son oesophage. Détendu, malgré les chiffres et les mots qui tournaient dans sa tête, il se prit à observer la nuque d'Hinata, remontant à sa mâchoire délicate, ses lèvres pâles et ses yeux si particuliers. Juste au-dessus, ses sourcils étaient froncés sur le texte qu'elle avait en main. Il baissa son regard sur les papiers en face de lui et soupira de lassitude en fixant la petite bouteille vide de saké et les deux verres, maintenant tout aussi vides, qu'on leur avait offerts en ce jour de fête à leur arrivée à l'hôtel. Si la quantité d'alcool dans son système n'était pas assez élevée pour jouer sur ses capacités, il éprouvait un certain engourdissement plaisant. Ce qui le convainquit qu'ils en avaient suffisamment fait ce soir. Même si la réunion avec le conseil du pays du Riz aurait lieu demain tard en matinée, ils devaient être en forme. Ils avaient fait leur possible pour vérifier que tout fût prêt, mais le reste ne dépendait plus d'eux. L'heure avançait et il se décida à briser le silence :
- J'arrête.
Hinata croisa son regard et posa les feuilles sur la table entre eux. Au même moment, les feux d'artifice commencèrent à l'extérieur et illuminèrent les murs de la chambre par la porte ouverte qui donnait sur le balcon. Shikamaru observa la jeune femme se lever pour se diriger vers le spectacle et sortir de la pièce, le visage pointé vers le ciel. Il la rejoignit sans hâte et admira les explosions qui éclairaient le ciel noir de plusieurs couleurs éclatantes.
Dehors, il pouvait sentir la fraîcheur de la nuit sur la peau dénudée de ses bras et aussi à travers les vêtements sombres qu'il portait pour dormir. Ses pieds nus sur le béton le firent frissonner, mais il resta pour profiter de la vue malgré le léger inconfort. L'odeur des brasiers et des feux d'artifice vint rapidement à lui alors que les déflagrations se succédaient et s'imprimaient sur sa rétine en flash successif. Le spectacle dura trois minutes tout au plus, mais à la fin, ils entendirent les cris de joie de la foule plus loin et la musique reprit de plus belle au centre-ville. La jeune femme tourna son visage dans sa direction avec un sourire et dit :
- Il y a encore plus de gens que l'an passé.
Il remarqua alors que son don héréditaire était activé en découvrant les veines autour de ses yeux. Il approuva son observation.
- Cette fête grossit d'année en année, commenta-t-il en s'appuyant sur le mur du bâtiment.
Il croisa les bras et étudia la rue à quelques étages plus bas, où de rares personnes circulaient entre les kiosques ouverts malgré l'heure tardive. Son regard se concentra sur une ruelle sombre un peu plus loin à l'écart et son front se plissa d'inquiétude. Il n'arrivait pas à voir distinctement, mais l'adrénaline courut dans ses muscles en devinant deux silhouettes.
- Shikamaru ?
- Je crois que quelqu'un se fait attaquer, grogna-t-il en faisant les quelques pas vers la rambarde.
Une main le stoppa dans son élan alors qu'il allait sauter par-dessus la garde.
- Tout va bien, dit Hinata en pinçant ses lèvres.
Pas convaincu, il la questionna en détournant son regard de la ruelle pour la dévisager :
- Tu en es certaine ? J'ai l'impression que...
- Oui, j'en suis certaine, le coupa-t-elle.
Il se redressa et elle libéra son bras qu'elle avait agrippé quelques secondes plus tôt. Son don héréditaire n'était plus activé et il fit la moue alors qu'elle frottait avec nervosité une de ses joues qu'il devina rouge malgré la faible luminosité.
- Qu'est-ce que tu as vu ? demanda-t-il sans hésiter.
Elle se détourna en se raclant la gorge et retourna à l'intérieur sans lui offrir d'explication. Habituellement, quand elle évitait de répondre, c'est qu'elle avait aperçu quelque chose d'embarrassant. Curieux, il avança à sa suite, prit soin de fermer la porte pour conserver la chaleur de la chambre et la rejoignit. Il l'aida à ramasser les papiers sur la table et tout en mettant de l'ordre, il dit sur un ton de conversation :
- On travaille ensemble depuis presque deux ans. Tu peux me faire confiance et me dire ce que tu as vu.
Parce que, pensa-t-il, il s'ennuyait beaucoup trop alors que c'était un soir de fête et il était prêt à n'importe quelles distractions. Même à écouter des potins. Ino serait fière de lui si elle le voyait actuellement. Hinata se redressa après avoir pilé soigneusement les documents sur le coin du meuble. Tout en pointant sa propre personne, cachée sous une ample veste, elle annonça avec un ton de moquerie :
- Nous Hyuga, ne dévoilons jamais ce genre de chose.
Shikamaru la fixa avec concentration, tout en détaillant sa posture détendue qui était certainement en lien avec l'alcool circulant dans son sang. Il réfléchit et dit au bout de quelques secondes :
- Ce n'était pas une attaque.
Et suivant une pause calculée, il ajouta :
- Ils étaient en train de baiser.
C'était un fait qui se confirma lorsqu'il vit Hinata se détourner pour cacher ses joues rouges. Même s'il savait qu'il pouvait faire confiance au jugement de sa collègue, il remarqua d'un ton faussement sérieux :
- En es-tu certaine ? Peut-être que...
- Tu arrêtes maintenant, le coupa-t-elle. Les deux avaient du plaisir et je ne rajouterai rien à ce sujet.
L'abandonnant là, alors qu'il souriait victorieux pour une raison qui lui échappait, elle fit les quelques pas la séparant de l'unique fauteuil de la pièce et se laissa tomber lourdement sur celui-ci. D'un geste précis, elle enleva les sandales à ses pieds et les fixa en silence. Shikamaru pouvait voir le sourire qu'elle tentait de cacher augmentant sa victoire. Ses yeux noirs trouvèrent les siens de couleur opposée et elle dit en les plissant :
- J'aurais dû te laisser y aller.
Il approuva lentement tout en ajoutant :
- J'aurais pu vérifier de mes propres yeux que tout allait bien.
- Oh, pervers ! s'écria la jeune femme en éclatant de rire.
Un sourire en coin sur les lèvres, il haussa un sourcil dans sa direction et énonça clairement :
- Regarder qui dit ça. Ce n'est pas moi qui ai lorgné deux personnes en train de s'accoupler.
La bouche d'Hinata s'agrandit de stupeur devant son commentaire et elle répliqua :
- Je ne les ai pas lorgnés !
Ah, les vieilles familles, rigola intérieurement le contrôleur des ombres. Les Hyugas étaient trop sur les principes. Hinata n'échappait pas à la norme ce qui rendait cette conversation de plus en plus intéressante.
- Alors, reprit-il pensif, si je te posais la question concernant la position qu'ils pratiquaient...
Il prit son temps avant d'enchaîner, lui laissant imaginer la suite. Il eut un sourire en coin en voyant son pincement de lèvres.
- ...tu serais incapable de me répondre, compléta-t-il.
Son peau visible devint un peu plus cramoisi et il éclata franchement de rire sous son regard à la fois vexé et embarrassé. Sans pouvoir s'en empêcher, il ajouta alors qu'il n'avait pas retrouvé son calme :
- Perverse.
Elle tira ses jambes sur sa poitrine et cacha son visage dans ses genoux tout en entourant sa tête de ses bras. Une minuscule partie de sa personne ressentit du remords de l'avoir mis mal à l'aise.
- Hinata, soupira-t-il en s'approchant, je me moque de toi. Avec tes yeux, ça ne doit pas être la première fois que tu aperçois ce genre de chose.
Ses épaules se trémoussèrent et Shikamaru devina son rire inaudible avec soulagement. Maintenant rassuré, il revint à la table pour finaliser le rangement des papiers encore éparpillés.
- La levrette.
Il se stoppa net dans son mouvement et regarda, abasourdi, la jeune femme qui l'observait avec un sourire un peu embarrassé. Elle continua avec humour :
- Avoue que tu voulais savoir.
Malgré sa surprise, il indiqua d'un ton pensif :
- Tu vas devoir être plus précise.
- Utilise ton imagination, lui répliqua-t-elle.
- Pourquoi ferais-je cet effort quand tu peux me décrire exactement ce qui se passe ?
- Tu veux une description de leur système de chakra ? l'interrogea-t-elle en haussant un sourcil.
Peut-être que cela pourrait être intéressant, pensa le brun en soulevant les épaules. En rigolant un peu, il poursuivit :
- Tant que tu ne me parles pas de statistiques sur les causalités de l'exportation du riz dans le pays du Vent, je crois que je suis prêt à tout écouter.
Il abandonna la table et alla s'étendre sur son futon tout en entendant le léger rire de la Hyuga. Il croisa ses bras derrière sa tête tout en poussant un soupir. L'envie le prit d'aller faire une petite promenade à l'extérieur et s'adonner à une activité de fond de ruelle. Question de se changer les idées. Sauf qu'il était en mission et qu'il serait impossible de cacher une telle chose à celle qui l'accompagnait. Avec ce qu'il venait de se produire, il avait la preuve que rien - absolument rien - ne pouvait échapper à l'œil des Hyugas. Il fit la moue en se demandant si elle l'avait déjà surpris pendant qu'il accomplissait...l'acte. Probablement pas avec une femme, car plus d'un an malheureusement s'était écoulé depuis la dernière. Mais même s'il était seul...elle était quelquefois venue le quérir à son appartement alors qu'il sortait de la douche. Il cligna des paupières en essayant de faire disparaître les images de ce qu'elle aurait pu apercevoir si elle avait utilisé son don dans ces situations. Juste là, il souhaita avoir eu un autre verre de saké, même si le dernier qu'il avait terminé avait sans doute été de trop. C'est probablement pour cette raison qu'il ne prit pas le temps de réfléchir et posa la question qui lui taraudait le cerveau :
- Est-ce que tu m'as déjà vu faire...
Hinata l'observait, le regard patient, attendant innocemment qu'il termine sa phrase. Malgré la tournure de la conversation, elle ne se doutait pas à ce qu'il lui demande cette question. Il compléta d'une traite en gardant un ton indifférent :
- ...faire quelque chose d'obscène ?
Immédiatement, il vit son visage devenir rouge, ce qui était récurrent ces dernières minutes, et il devina la réponse. Il grimaça de gêne contre son gré alors qu'elle tentait de s'expliquer maladroitement :
- Ce n'est pas ce que tu crois, je n'ai pas vu...c'est...
Elle trébucha sur ses mots quelques secondes avant de poursuivre de manière un peu plus cohérente :
- C'est difficile à décrire à quelqu'un ne possédant pas le byakugan...
Shikamaru fixa le plafond et au bout d'un moment un sourire indolent se dessina sur ses lèvres.
- Je suis à la fois jaloux et soulagé de ne pas avoir ton don héréditaire, dit-il pour détendre l'atmosphère.
Hinata et ses semblables devaient en voir de toutes les couleurs. Il tourna son visage dans la direction de la jeune femme et ajouta pour plaisanter :
- Mais j'ai la preuve que tous les Hyugas sont pervers maintenant.
- Nous ne sommes pas pervers, contredit vivement Hinata qui semblait vexée suite à son commentaire.
Son visage doux se fit plus sérieux et elle expliqua d'un ton un peu plus docte :
- Nous voyons le chakra. Je te rappelle que le chakra est présent dans tous les organes du corps. De plus, notre don est principalement utilisé pour chercher des gens. À toutes heures du jour ou de la nuit.
Ses traits devinrent hésitants et avec moins d'assurance, elle poursuivit à voix plus basse :
- Ce qui occasionne, quelquefois, des situations...délicates.
- Situations délicates ? répéta Shikamaru amusé devant sa réticence.
Sans essayer le moins du monde à filtrer ses propos, il demanda :
- Qu'est-ce que tu fais quand tu surprends ton objectif en train de se branler ?
Il échoua à l'étonner de nouveau, car elle le regarda exaspérer et expliqua impatiente :
- Ça dépend de l'objectif, mais la grande majorité du temps, je détourne le regard et j'attends.
- Tu attends ?
Elle approuva en tapotant avec ses doigts ses genoux relevés sur sa poitrine et précisa en observant partout dans la pièce pour éviter ses yeux :
- J'attends que tu sortes de la douche ce qui habituellement signifie que tu as terminé.
- Par Kami...murmura Shikamaru de nouveau ahuri en la dévisageant devant autant de transparence.
C'était finalement pire que ce qu'il croyait. Les Hyugas n'avaient aucune vie privée. Il comprenait que Neji fut aussi tendu la majorité du temps. Avoir une panoplie d'yeux qui voient tout devait changer la dynamique d'un clan. Toujours en observant Hinata, il pensa qu'ils n'avaient jamais eu ce genre de conversation avec elle. Son regard glissa sur la bouteille de saké trônant sur la table ce qui pouvait facilement expliquer le déliage de langue de sa coéquipière. Elle en avait bu autant que lui.
- Et bien, dit-il en essayant de rire de la situation, au moins toi et ta famille pouvez parfaire votre éducation sexuelle avec une telle habileté.
C'était une mauvaise blague, mais la réaction de la jeune femme le surprit, car elle renifla avec dédain et se redressa pour croiser les bras sur ses genoux.
- Faire ce genre de chose serait inconvenant, Shikamaru.
Inconvenant, se répéta le brun amusé. C'était probablement le terme qu'elle utilisait aussi en désignant un film porno.
- De toute façon, poursuivit-elle, je ne crois pas que ma famille ait besoin de parfaire ses connaissances dans cette matière.
Avait-elle réellement dit cela ? pensa le maître des ombres surpris. Il voulait en savoir plus maintenant.
- Et moi qui croyais que tu n'avais pas hérité de l'arrogance de ton clan, répliqua-t-il. Est-ce que tu es en train de me dire que tes yeux te permettent une quelconque habilité dans ce domaine ?
Il se tourna de côté sur son futon et releva son bras pour appuyer sa tête sur sa main. Ainsi, il put observer les lèvres pincées d'Hinata qui lui faisait face. De son point de vue, elle avait l'air de débattre de quelque chose mentalement. S'il voulait la faire parler, il devait rendre cette discussion bénigne.
- Des habiletés comme la plupart des clans de Konoha, dit-il tout haut après quelques secondes de réflexion.
Ce qui fit rire la jeune femme sur le fauteuil, car c'était vrai.
- Cette conversation est beaucoup trop indécente, affirma-t-elle amusée.
Elle avait raison, se dit le brun. Toutefois, ils étaient deux adultes, shinobis de surcroit, et un petit dialogue osé était un remède comme un autre pour oublier les statistiques de vente des contenants de riz selon leurs poids. Il voulait sans hésitation continuer cette discussion impromptue.
- Je te dis mon habilité et tu me dis la tienne, murmura-t-il conspirateur.
- J'ai déjà une bonne idée de ton habileté.
Et elle ajouta avec un sourire en coin :
- Tu n'aurais pas dû en parler à Ino.
- Je ne lui ai rien raconté, maugréa-t-il en regardant le plafond. Seulement, ce n'est pas très difficile à deviner.
Ses yeux noirs tombèrent sur la jeune femme et avec une moue il enchaîna :
- Je me sens totalement exposer. Tu m'as vu me branler, si ce n'est pas en train de baiser...
- Non, pas à ce point, le coupa-t-elle rapidement.
Ce qui le soulagea légèrement. Mais elle venait d'avouer qu'elle l'avait vu se masturber ce qui lui donna le goût de se frapper la tête contre un mur et étrangement, de se branler à nouveau. Probablement à cause des grimaces qu'il eut à cette réflexion, elle précisa de nouveau :
- Je vois le système de chakra, ce n'est pas comme si je te voyais vraiment...
Même si elle cherchait à dédramatiser la situation et s'excuser d'une certaine manière, il ne laissa pas tomber le morceau et ajouta pour la taquiner davantage :
- Au final, je suis certain que mon habileté est meilleure que la tienne.
Il s'écroula sur le dos et croisa à nouveau ses bras derrière la tête en attendant sa réponse.
- Tu n'abandonnes pas, dit-elle en riant doucement.
- L'honneur des Hyugas repose sur tes épaules, se moqua le Nara.
Il crut que la conversation s'arrêterait là, mais au bout d'un moment, Hinata prit enfin la parole :
- Je ne peux pas parler pour tous les membres de ma famille, car ce n'est pas le genre de discussions que nous avons, mais...
Shikamaru tourna sa tête pour la dévisager curieux alors qu'elle se penchait inconsciemment vers lui pour chuchoter :
- Si je le voulais, je pourrais...
Elle hésita et cacha soudainement son visage et ses pommettes rouges derrière ses mains. Cependant, le brun pouvait deviner l'amusement dans ses yeux blancs. Il s'assit lentement en croisant les jambes sous lui et la fixa intéressé jusqu'à ce qu'elle reprenne d'une traite :
- Je pourrais te faire jouir sans te toucher.
Elle rit doucement devant sa stupéfaction et baissa ses mains sur ses genoux lorsqu'il répliqua simplement :
- Non.
Car il avait beau imaginer n'importe quel scénario excitant, pour lui, le toucher restait quelque chose d'essentiel pour pratiquer une activité sexuelle. C'était donc aberrant de croire qu'elle pouvait donner un orgasme sans contact physique. Il chercha dans sa mémoire s'il avait entendu une telle chose auparavant, mais rien ne lui vint à l'esprit. Elle plissa ses yeux devant sa méfiance et le contredit :
- Oui, je peux.
- Impossible, se borna-t-il.
Ce serait d'insinuer qu'avec le contrôle de chakra seulement, elle pouvait provoquer une réaction physique aussi extrême. En songeant à tout ce qu'il était capable de faire avec cette énergie particulière, il est vrai que ça ne paraissait pas impossible. Mais même en poussant son imagination, il ne pouvait comprendre comment elle arriverait à une telle chose. Le contact physique était beaucoup trop important dans ce domaine pour être ignoré.
- C'est tout à fait possible, dit-elle avec assurance. Je précise que je peux te tuer sans te toucher.
- Ce qui n'est pas la même chose.
Le sexe demandait beaucoup plus de délicatesse et d'attention. C'était une femme, elle était bien placée pour le savoir.
- Peut-être, mais...
- L'as-tu déjà fait sur quelqu'un ? l'interrogea-t-il en haussant un sourcil.
Un sourire apparut sur les lèvres du brun lorsqu'elle rougit.
- Non, répondit-elle avec honnêteté. Mais si c'est une preuve physique que tu veux, je peux le démontrer sur toi.
Shikamaru tressaillit en entendant la proposition et plissa ses yeux sombres en direction de la jeune femme. Hinata devint cramoisie en se rendant compte de son audace.
- Ok, dit-il sans réfléchir.
- C'était stupide ! s'écria-t-elle en même temps.
Ils se regardèrent un moment et il énonça au bout de quelques secondes, toujours en analysant la Hyuga :
- Je suis curieux.
Vraiment très, très curieux, pensa-t-il.
- Ce n'est pas professionnel, déclara Hinata d'une voix embarrassée.
- Si ça fonctionne, observa-t-il, nous pourrions nous servir de ce talent pour déstabiliser les négociateurs adverses.
Il eut un sourire en coin en direction de sa coéquipière qui posa ses mains sur ses yeux en grognant.
- Depuis quand autant de stupidités sortent de ta bouche ? soupira-t-elle.
Le sourire du brun s'agrandit davantage.
- Et bien, tu as réussi l'exploit de piquer ma curiosité Hyuga, remarqua-t-il.
Elle n'avait pas bougé de son fauteuil et l'observait d'une manière nouvelle, comme si elle découvrait un aspect de sa personnalité qu'elle n'avait encore jamais vu. Et pourtant, il travaillait ensemble depuis assez longtemps pour avoir vécu leur lot de situations bizarres. Il admettait sans le moindre doute que cette situation était plus que bizarre. Si vraiment elle arrivait à le faire jouir, ce qu'il ne croyait absolument pas, cette journée serait même exceptionnelle. Mais Hinata ? Faire cela ? Non, pensa-t-il en haussant un sourcil dans sa direction alors qu'elle était toujours immobile. Impossible. Venant de quelqu'un d'autre peut-être, mais...
Il se redressa imperceptiblement quand elle se leva et activa son byakugan. En quelques pas, elle fut devant le brun et s'agenouilla juste en face, ne laissant que quelques centimètres entre leurs jambes.
- Veux-tu vraiment le faire ? lui demanda-t-elle tout bas.
Il approuva nonchalamment de la tête et elle approcha ses doigts au-dessus de son entrejambe. Immédiatement, il posa ses deux mains sur son intimité en grognant :
- Je veux des enfants plus tard, ne coupe pas mes testicules.
Elle eut un sourire innocent ce qui jura avec ce qu'elle s'apprêtait à lui faire et dit :
- Tu peux demeurer dans cette position, je n'ai pas besoin de te toucher.
- C'est ce que tu crois, se moqua-t-il.
Il la regarda de haut en bas, constatant qu'elle restait effectivement immobile, une de ses mains au-dessus des siennes. Sans le toucher. Et rien ne se produit, ce qu'il s'empressa de lui annoncer avec condescendance.
- Je ne sens rien.
Elle baissa légèrement la tête et ferma les paupières malgré les veines présentes sur ses tempes sans répondre à sa joute. Il conta les secondes, se disant qu'il arrêterait cette expérience insolite après un décompte de cent-vingt quand il sentit quelque chose. Ses yeux tombèrent sur la main délicate qui n'avait pas remué au-dessus des siennes et il pensa qu'il avait rêvé. Cependant, au bout de quelques secondes, il dut admettre l'évidence. Il pouvait percevoir de minuscules secousses qui traversaient son sexe. Ce qui était plus déroutant que plaisant. Par contre, il fallait croire que son organe n'était pas aussi confondu que lui par l'étrangeté de la situation, car peu de temps s'écoula que celui-ci prit de l'expansion sous ses paumes. Son esprit analytique tenta de comprendre le phénomène se disant qu'il en connaissait au moins la provenance. C'était difficile à expliquer, il pouvait ressentir ce qui se décrirait comme des chocs presque imperceptibles qui glissaient sous sa peau en sillons, traversant les nerfs faisant partie intégrante de sa verge. Il serra les mâchoires, car la sensation allait en augmentant. Et c'était loin d'être une mauvaise sensation. Il n'avait pas encore l'impression d'être près de jouir, et prenant une inspiration, il se convainquit même que cela lui semblait toujours tout à fait improbable. Donc, il exhala doucement par le nez, laissa tomber ses épaules et ferma les yeux pour se détendre. Il devait simplement rester calme. Pour ce faire, il tenta de se souvenir des informations contenues dans le document sur la durée de la saison des pluies ainsi que les répercussions sur les cultures de courges, de maïs et de haricots. Une différence de dix millimètres au-dessus de la moyenne avait fait chuter la productivité de...
- Merde, grogna-t-il alors qu'une onde de plaisir comprimait son ventre.
Ce n'était absolument pas son intention d'ouvrir la bouche, parce que maintenant, elle pouvait voir que sa respiration avait accéléré et que oui, il sentait quelque chose. De beaucoup, beaucoup trop bon et si cela lui montait à la tête...
- Ne bouge pas, lui ordonna Hinata d'une voix posée.
- J'ai le nez qui pique, répliqua-t-il en essayant de paraître en contrôle.
Ce qui fut un échec total, car...
Oh bon sang !
Une sensation avait traversé son pénis jusqu'à ses testicules. Maintenant ses mains servaient à comprimer son membre et c'était une question d'honneur que de retrouver son calme et de contrecarrer cette attaque comme tout bon ninja qui se respecte. Sauf qu'il n'avait aucune idée de comment il pourrait bien réussir cet exploit parce que même son cerveau était tombé dans le panneau et...
Par Kami !
Un léger grondement s'échappa de sa gorge et il plissa son front de concentration. Comment est-ce qu'elle arrivait à créer de telles sensations ? Il avait l'impression d'être caressé par des ondes invisibles. Ses yeux s'ouvrirent et il la dévisagea alors qu'elle en faisait de même tout en restant immobile. Ce qui, de son côté, commençait à être difficile. C'était comme des vagues de chakra, pensa-t-il soudain. Peut-être même avait-elle englobé son sexe avec cette énergie, il ne savait trop comment. Il fallait un contrôle incroyable pour mouler du chakra en une forme particulière avec une telle précision et les personnes possédant cette maîtrise se comptaient sur les doigts d'une main. Il tremblait maintenant, et il sentait la sueur perlée sur sa nuque. En quelques secondes seulement il fut incapable de réfléchir posément à la situation. Il souhaitait juste se laisser aller et surtout, qu'elle continue peu importe ce qu'elle faisait parce que...
- Veux-tu que j'arrête ? lui demanda-t-elle en riant dans un murmure.
- Non ! grogna-t-il les dents serrées dans sa direction.
Ce qui fit disparaître instantanément le sourire de la jeune femme. Il comprit qu'il avait dépassé le point de non-retour alors qu'elle retirait d'un geste vif sa main. Il gémit de déception en perdant toute sensation. Et Hinata, demeurant Hinata même dans ce genre de situation, s'excusa à répétition devant son état. Et son stupide corps rempli de testostérone, ne songeant qu'à atteindre la délivrance, réagit de manière complètement insensée. D'un mouvement vif, Shikamaru se retrouva à embrasser sa collègue ce qui eut au moins l'avantage de la faire taire, tout en la renversant sur le sol où l'une de ses mains trouva sa taille et remonta à sa voluptueuse poitrine cachée sous cet énorme gilet qu'elle portait. Tandis que son autre main plongeait dans ses pantalons et attrapait son membre pour continuer ce qui avait été entamé dans une suite de va-et-vient brusque et rapide. La jeune femme maintenant sous lui, il goûta ses lèvres, promena sa langue sur sa joue et mordilla sa mâchoire jusqu'à son oreille. Sa peau était sucrée et un mélange d'odeurs de savon, de papier de riz et de cannelle se fit sentir alors qu'il glissait son nez sur sa nuque et soupirait des mots à son intention. Chose qu'il n'aurait jamais pensé lui dire à voix haute, mais qui était soudainement appropriée pendant qu'il caressait de plus en plus rapidement son sexe et tremblait au-dessus d'elle. Pas une minute ne s'écoula que ses mouvements ainsi que sa respiration devinrent chaotiques et finalement - finalement - il atteignit le paroxysme et étouffa son gémissement en cachant son visage dans le cou de sa compagne.
Il se laissa tomber à moitié sur elle alors que des ondes de plaisir traversaient encore son corps et dut prendre plusieurs secondes pour récupérer son souffle. Il mit un moment à retrouver ses esprits et...
Merde. Merde, merde, merde.
Il retira promptement sa main de la poitrine d'Hinata qui était immobile et silencieuse sous lui. Son autre main lâcha son membre qui avait perdu de sa vigueur et il la sortit de son pantalon en prenant soin de l'essuyer sur le tissu avant. Prenant appui sur le sol à l'aide de ses bras, il souleva son visage anxieux et fixa celui de l'ambassadrice de Konoha sous lui. Les veines avaient disparu de chaque côté de ses yeux blancs qui l'observaient avec autant d'inquiétude que les siens. Certains de ses cheveux s'étaient libérés de l'élastique qui les retenait prisonniers, ses lèvres étaient un peu enflées et il pouvait voir de petites rougeurs là où il l'avait mordue sur sa mâchoire ainsi que sur sa nuque, les marques étant facilement visibles sur sa peau laiteuse.
Shikamaru avait complètement perdu le contrôle. Il avait touché Hinata de manière déplacée sans y être invitée. Elle n'avait même pas répliqué en lui détruisant les organes génitaux avec son dôjutsu. Ce qu'il, à son avis, aurait amplement mérité malgré les circonstances. Il ouvrit la bouche pour s'excuser, mais elle le devança en lui demandant doucement :
- Est-ce que ça va ?
Il cligna des yeux une fois. Malgré l'évidence visqueuse de la réponse, qui lui collait à la peau près de sa hanche à l'intérieur de son pantalon, il dit d'une voix un peu enrouée :
- Oui.
À son grand ahurissement - surtout qu'avec ce qu'il venait de se produire, il ne devrait plus être surpris de rien - un sourire moqueur apparut sur le visage de la jeune femme.
- Je ne t'ai pas touché, murmura-t-elle.
La bouche de Shikamaru s'ouvrit de stupeur et elle rougit sous lui malgré le léger sourire présent sur ses lèvres. Lentement, elle leva ses bras et hésita avant de le pousser faiblement. Il se laissa tomber à côté, ne sachant quoi répondre, et s'assit alors qu'elle en faisait de même en face de lui. Ils restèrent là, immobiles, lui, à la dévisager, elle, à éviter son regard, comme deux humains bêtes qui avaient fait quelque chose d'idiot. Et tout ce qui traversa son esprit à ce moment-là fut de trouver un moyen de lui rendre la pareille.
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