Il faut qu'on parle

« Il faut qu'on parle »

Un message. Cinq mots ravageurs.

Comment osait-il m'envoyer cela le jour de la Saint-Valentin ? Le connaissant, il me quittait pour ne pas avoir à m'avouer qu'il avait oublié le cadeau. Mais quel culot !

« Rejoins-moi au kebab à 19h »

Ça allait faire cinq mois que nous sortions ensemble ! Que nous passions nos week-end à nous chamailler dans le parc. Que nous faisions des détours le soir avant de rentrer chez nous. Après cinq mois, il comptait me larguer dans un kebab ?

Je n'en revenais pas.

Je saisis le paquet que je comptais lui offrir. Le papier était noir avec plein de petites écritures et de dessins faits à la main. J'avais passé du temps à l'emballer. Je le déchira sans plus tarder.

Arghhh !

Je brandit le tout nouveau pull à l'effigie de Star Wars. C'était sa saga préférée. Il aurait adoré le porter. Je tirai dessus de toute mes forces. Je voulais le détruire.

- Mais, putain ! Pourquoi j'arrive pas à le déchirer ? m'énervai-je. C'est pourtant pas compliqué, merde !

J'avais la haine, la rage.

Tout allait bien pourtant. On ne se disputait jamais. On passait des heures, allonger dans l'herbe, ma main caressant ses cheveux. Il aimait bien. Ça le détendait.

- Tu me saoule ! hurlai-je.

Je jetai le pull à terre, sautai dessus, pieds joints, attrapai une manche et recommençai à tirer, à deux mains cette fois.

- Hiiiiiii !

SCRAAATCH

- Et de une !

Je m'emparai de la deuxième manche, plus déterminée que jamais.

SCROOOUTCH

- Et de deux !

« C'est okay pour toi »

Si c'était okay pour moi ? Il avait l'intention de me jeter comme une sous-merde ! Comment est-ce que ça aurait pu être okay pour moi ?

« ? »

Il avait oublié le point d'interrogation. Il l'oubliait toujours.

***

Je poussai la porte du kebab, un goût amer dans la bouche.

Je le vis rapidement. Il était au fond entrain d'attendre. Il devait déjà avoir commandé pour nous. Nous prenions toujours la même chose. Ce n'était pas compliqué.

Il avait ce sourire à la con collé au visage. Un sourire qui dévoilait ses dents. Un sourire que j'adorais. Un sourire que je détestais.

- Je dois te dire un truc super important, m'annonça-t-il quand nous fûmes assez proche. Faut vraiment qu'on en parle.

- Et c'est quoi ? répondis-je sèchement.

Il se rapprocha de moi, pencha sa tête vers mon visage et plongea son regard dans le mien. Il avait toujours ce fabuleux sourire. Comment pouvait-il me faire cela ?

- T'as vraiment les plus beaux yeux que j'aie jamais vu, me chuchota-t-il.

- 'Tain, lâchai-je.

J'aurais dû m'en douter. La dernière fois, il m'avait prévenu qu'il devait m'annoncer quelque chose de grave. C'était selon lui une chose de la plus haute importance. Il ne voulait ni m'en parler par message, ni par téléphone.

Je m'étais fait du sang d'encre toute la nuit. Un horrible noeud à l'estomac m'avait empêcher de fermer l'oeil.

J'étais convaincue que sa nouvelle allait être très mauvaise. L'annonce d'un déménagement, d'une maladie grave, ou même d'un décès.

Le lendemain, il avait déclaré m'aimer.

Je ne pouvais plus me mettre dans des états pareils.

J'inspirai un bon coup et me lançai:

- Adam, il faut qu'on parle.

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