« Superstitions »
Nous nous retrouvons aujourd'hui pour le Jour 3 du Lockdown's Writing Challenge, dont le thème est encore et toujours le titre. J'espère que ce One-shot vous plaira. ^^
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Comment faire quand on vit dans une famille de superstitieux ? Matthew n'en savait rien. En plus, au début de sa vie, il y avait cru – il avait honte de l'avouer – à ses superstitions ridicules, il avait eu peur du vendredi treize, il avait frémi devant les chats noirs.
Mais, bien évidemment, ces croyances plus que ridicules, ça s'était arrêté quand il était entré à l'école. Enfin pour lui, il n'y croyait plus. Mais ça ne s'était pas vraiment arrêté, sa mère ne le mettant toujours pas en cours les fameux vendredis treize.
En plus d'être superstitieuse, la famille de Mathhew était croyante. Trop croyante. C'est obsolète d'être croyant, mais chez lui, à un endroit où les idées étaient plus encrées dans les têtes que tout autre ailleurs, on ne l'écoutait pas. On pensait qu'il divaguait, que c'était la crise d'adolescence, décidément le collège ne lui réussissait pas, puis on lui faisait réciter quelques psaumes et règles de la maison (concernant la superstition, bien sûr), pour vérifier qu'une force obscure ne lui aurait pas fait tout oublier.
La vie n'était pas facile pour Matthew, outre tout cela. Sa famille était sa pire hantise. Encore, il pouvait supporter son petit frère et sa petite sœur, parce que même s'ils semblaient fiers – fiers ! Quelle bêtise ! – de vivre comme ils vivaient, ils n'avaient rien demandé, de base. Par contre, ses parents, ou les '' gentils tyrans '' comme il les surnommait, non.
Sa mère, qui l'obligeait, à douze ans, à s'habiller comme un petit garçonnet des années cinquante, à cause de quoi il devait emporter d'autres affaires – ses propres affaires, de vraies affaires – dans son sac pour se changer en route, qui l'interrogeait, sur la Bible, comme son père, les trois vertus théologales, les trucs comme ça...
Son père, roi de la famille, superstitieux de première, avait instauré toutes les règles débiles du genre : pas de miroirs à la maison, pas question que vous sortiez dans le jardin sans surveillance accrue... En bref, vivez dans une prison catholique et superstitieuse, et vous comprendrez mieux Matthew.
Heureusement, l'échappatoire de la merde (et de l'enfer), le collège, l'accueillait chaque semaine, pour des heures passées hors de chez lui, cette prison (pas d'autre mot pour le décrire). Ses potes, les parties de foot avec la balle de Tony, les profs à qui on pouvait manquer de respect (c'est très amusant, vous savez ?)... Matthew n'aimait pas les vacances. Mais il remerciait ses parents pour une chose : ne pas lui avoir fait faire école à la maison. Alors il s'escrimait à avoir au-dessus de quinze de moyenne, pour être sûr de ne pas passer sa vie enfermé dans sa misérable maison.
Ils ne partaient pas en vacances, allaient à la messe tous les dimanches, les enfants recevaient une éducation digne des années cinquante, et les cris des parents en étaient dignes eux aussi, enfin tant de choses qui faisaient que la famille de Matthew était bizarre. Il ne voyait jamais le reste de la famille. Il avait peut-être des grands-parents, des cousins, mais ceux-ci ne devaient pas connaître son existence et Matthew ne connaissait pas la leur. Sa plus grande crainte était de faire école à la maison, et elle était suivie de près par qu'on le trouve bizarre. Il ne voulait pas être mis à l'écart, pas maintenant qu'il avait des copains, il ne voulait pas que sa vie soit encore gâchée par sa famille.
On pourrait facilement écrire un roman sur la vie de Matthew, les levers au chant du coq, l'huile de foie de morue tous les matins, les airs austères de ses parents, la connerie de son frère et de sa sœur, encore bien d'autres choses, mais Matthew ne voulait pas. Encore, qu'on écrive un article anonyme sur lui, ça ne le gênait pas. Au moins les gens connaissaient un peu mieux sa vie. Vous pouvez donc vous en doutez... Matthew ne s'appelait pas Matthew. Matthew, c'était son nom d'adoption, d'ailleurs il allait essayer de se faire adopter (pas sûr que ça marche), enfin, Matthew, c'était un joli nom, son nom ! Qu'on ne lui parle plus de son ancien nom !
Mais, malgré tout, il arrivait à Matthew de se dire que certaines choses portaient vraiment malheur, les vendredis treize, par exemple. Les vendredis treize l'obligeaient à rester à la maison toute une journée de plus.
Le vendredi treize aurait dû être son dernier jour d'école avant la fermeture. Le confinement, le coronavirus, tout ça. Le confinement arrangeait bien ses parents : c'était l'occasion d'essayer l'école à la maison. Et d'y rester pour toujours, qui sait. Comme il n'avait pas d'ordinateur, il était obligé de demander à Aurélien (son voisin de maison) de lui donner les devoirs.
Matthew mettait un point d'honneur à ne pas être superstitieux... Mais le vendredi treize ne lui avait vraiment pas porté chance, cette fois. Pas du tout.
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Et voilà pour l'OS du jour 3 ^^ J'espère que vous avez aimé ! C'est à ce jour un des plus longs.
Passez une bonne soirée :)
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