Cirque des Cœurs

Hello!

apprenti0auteur

Nouveau défi du PINK Lock : écrire la déclaration d'amour entre deux personnages, dans un lieu imposé.

J'ai choisi '' le cirque '' mais pas comme on pourrait s'y attendre...

Bonne lecture !

....

Désœuvrement. Ce seul mot suffisait à définir l'entièreté de ses ressentis, de ses attentes, de son désespoir. L'ennui lui rongeait le cerveau et le temps grignotait son âme. Encore quatre heures au cadran solaire avant de se trouver au meridiem. Et deux heures de plus avant le début des jeux...

Quelle pression pour un événement banal sous le règne de l'empereur Titus ! Mais pour Septimus Tullius, c'était le grand jour. Depuis des mois son cœur s'emballait à la simple pensée de Numeria Aelius, cette magnifique fille de marchands. La jeune fille avait pris possession de son esprit comme l'araignée le fait de la mouche piètreusement collée sur sa toile. Et ça ne voulait pas s'arrêter. Il en rêvait la nuit et en dormait éveillé le jour ; il ne lui restait qu'une solution pour apaiser son tourment, lui déclarer son amour.

***

Le forum grouillait de monde, entre badauds, marchants, étrangers, plébéiens, enfants et animaux, on ne s'y retrouvait plus. Le bruit était insupportable, l'extase à son comble : c'était l'heure des jeux. Selon Septimus, il y avait bien la majorité de la ville qui se pressait sur les pavés et jouait des coudes avec férocité. Cela n'aidait en rien son angoisse, qui semblait s'accroître aussi vite que la colère de l'empereur Caligula, ce qui n'était pas peu dire, croyez-le bien.

Après une lutte acharnée pour accéder à l'intérieur du cirque sans se faire (trop) marcher sur les pieds, la famille Tullius put enfin accéder à sa place, ou plus exactement ses places. En effet, alors que son père rejoignait le gradin réservé aux sénateurs, Septimus et son pédagogue se dirigeaient vers la place attribuée aux jeunes élèves. Là-bas, il espérait y retrouver Numeria, qui était normalement accompagnée de son frère Julius et de leur pédagogue, les Aelius étant une riche famille.

Avec un excitement incommensurable mais sans grand espoir, chacun des pas de Septimus le rapprocha de la place rêvée. Et ce fut avec grande difficulté qu'il constata que oui, Numeria était bien venue ! Elle était là ! Elle n'était pas que le pur produit de ses rêves ! Elle existait, elle était devant lui, grave, digne avec ses yeux marrons qui balayaient toute la scène sablée et qui, par un autre miracle divin, ne regardaient pas dans sa direction. Septimus se sentait définitivement très ému, il avait chaud mais aussi froid, il se sentait prêt à s'évanouir mais trépignait sur place, il voulait briller par sa présence et disparaître. En bref, la seule chose qu'il ressentait sans paradoxe, c'était la certitude que Numeria était une demi-déesse.

Par un malin hasard, il fallut qu'il s'assît à côté de Numeria, sinon, l'histoire n'a plus de sens, et la délectation du spectateur n'a plus lieu d'être.

Ainsi, il passa toute la première partie des jeux à regarder dans le vide, bien en face de lui, et à chercher technique d'approche sur technique d'approche. L'amour était un sujet qu'on ne lui avait jamais enseigné, en tout cas pas dans la pratique. Il allait être ridicule. Il était déjà ridicule. Combien de temps fallait-il à une fille pour se rendre compte que son voisin de droite ne regardait que ses pieds, et même pas le spectacle ? Probablement très peu... Trop peu... Était-il trop tard ?

— Hé, Septimus, c'est ça ? Le grammaticus qui t'accompagne essaye de te parler... murmura alors une voix suave (définitivement trop suave pour un jeune homme amoureux) au creux de l'oreille dudit frappé par Vénus.

— Ah, euh, oui, merci, euh, je n'avais pas entendu, merci !

Les mots sortirent de la bouche de Septimus sans son consentement. C'est alors qu'il comprit à quel point il avait été stupide. Lui qui d'habitude se révélait le meilleur à tous les jeux de courage, enfin ! incapable de se lancer pour adresser la parole à une fille ! Et ce signe divin qu'on lui envoyait !

Et mieux ! Encore mieux ! Elle avait retenu son prénom !

— Merci bien. Septimus, vois-tu, il est nécessaire de commenter cette action. En effet, après avoir appris les noms des gladiateurs, leurs armes, leurs défenses, il est primordial que tu comprennes leurs tactiques. Bientôt tu seras assez âgé pour prendre des cours avec un rhéteur, et alors tu apprendras la rhétorique, qui n'est que l'art de combattre par la parole. En définitive, il te faut savoir comment les peuples, donc les gladiateurs, se battent, si tu veux un jour être sénateur. Observons donc ce mouvement de bras...

Et ça continuait, encore, encore... Septimus aurait apprécié la leçon, en temps normal. Mais il s'agissait de l'unique, enfin, l'unique opportunité pendant peut-être très longtemps de parler à Numeria. Allez, que ça se termine vite...

Ah, enfin !

— Excuse-moi, hum, Numeria, c'est cela ? osa-t-il.

Ça lui semblait être le meilleur début.
Et le plus stratégique aussi... 

— Oui, c'est ça, et tu t'appelles donc bien Septimus, répondit avec précaution sa voisine.

— Oui, exact. Écoute, je ne voudrais pas précipiter le cours des choses, mais je voulais t'avouer un fait, qui, je l'avoue, fait sans doute un peu honte à mon courage et emplit mon cœur de beaucoup de souffrances, poursuivit-il.

À ces paroles, il leva les yeux. Le dialogue lui redonnait du courage. Et Numeria le dévisageait, elle semblait perplexe, elle était un peu à court de paroles. Il y avait peut-être un espoir...

— En réalité, voici ce qui me tourmente depuis des jours, qui envahit mon sommeil et élève mes pensées à des cieux divins, qui me responsabilise et me rend dépendant, qui me fait éprouver toutes les contradictions et toutes les sensations les plus agréables : il ne s'agit que de toi.

À cet instant, Septimus fit une pause, pour marquer son discours. Il regarda intensément son interlocutrice, mais pas trop, sait-on jamais. Il désirait savoir ce qu'elle ressentait, ce qu'elle allait dire, mais le visage aimé restait coi, la bouche fermée, les lèvres serrées, un léger pli barrait le front sans qu'on eût pu dire s'il s'agissait d'un bon ou d'un mauvais augure.

Mais il fallait bien un soupçon de désillusion...

— Septimus, ce que tu me dis n'est pas anodin, ni à prendre à la légère, débuta prudemment la fille de marchands. Si cela est vrai, il est important que nous en parlions, effectivement. Mais est-ce une plaisanterie ou une vérité ?

— Je te l'assure, par Jupiter et surtout par Vénus, que je ne t'ai dit que la vérité. Je ne chercherais ni à te nuire ni à te mentir, sois-en bien convaincue, se défendit brillamment le fier Romain. Comprends-tu, cela fait si longtemps que j'attends de te le dire, j'ai appréhendé ta réaction des dizaines de fois, il serait impossible que je cherche à te mentir, ou pire, à me jouer de toi.

— Septimus, s'il s'agit bien là de la vérité, je ne peux rien faire, avoua Numeria, une lueur de danger dansant dans ses yeux cannelle. Je ne suis qu'une fille de marchands. Certes, mon père est assez riche, mais tu es fils de sénateur, du peu que j'en sache. Je ne me vois pas te demander de t'abaisser socialement pour moi.

À ces mots, elle paraissait désolée, mais pas spécialement affectée ; Septimus sentit un certain froid glacial envahir son corps et son esprit, il dut lutter pour ne pas se laisser saisir par la déception. Un choc de boucliers particulièrement bruyant manqua de le déstabiliser définitivement, mais lui donna du même coup le courage de former la réponse suivante :

— Il n'y a rien de tel, Numeria, ce n'est qu'un obstacle dérisoire. Si tu le veux bien, je suis prêt à trouver tous les moyens pour que notre relation soit possible. Comme tu l'as si bien dit, j'ai une position sociale assez élevée, je peux donc négocier, chercher, et réussir, tenta Septimus, puisant dans toutes ses réserves de persuasion et d'assurance.

Mais au fond, il n'en menait pas large.

— Il n'y a pas que ça, écoute, je ne suis pas certaine d'être prête à m'investir de mon côté. Cela fait longtemps que mon père me cherche un époux, et il a déjà une idée très claire de celui que je veux épouser, révéla précipitamment la jeune fille.

En effet, la fin des jeux arrivait, certaines personnes commençaient déjà à partir. Un brin de panique flotta parmi les pensées de Septimus, qui se vit privé de sa bien-aimée avant même d'avoir pu la séduire.

— Numeria, s'il-te-plaît, ne refuse pas toutes mes avances aussi catégoriquement, essaya-t-il. Revoyons-nous. Planifions quelque chose. Nous n'aurons pas le temps d'en parler plus longtemps...

— Très bien, opina la Romaine. Mais je te préviens, il est probable que je vienne seulement pour refuser. Je ne laisserai pas la dignité de ma famille de côté, ni la mienne, et la tienne par ailleurs. Et le seul moment où nous pourrions nous parler sera lors des prochain jeux, ajouta-t-elle.

— Ça me convient parfaitement, c'est également ce que j'aurai proposé, accepta Septimus, suggérant aussi qu'ils partageaient les mêmes avis. Je te revois donc dans deux semaines, concéda-t-il en cachant sa peine.

— Oui... vale, Septimus.

Prise dans la débandade de la sortie du cirque, Numeria disparut devant Septimus avant même que ce dernier lui rendît son adieu. Septimus prit alors une résolution : il ne lâcherait pas l'affaire aussi facilement... Oh que non.

....

Voilà voilà. Je m'excuse encore pour les fautes d'inattention, je ne me suis pas vraiment relue. Il est vrai que je suis pas mal occupée.

Je souhaite une bonne rentrée aux concernés, et une bonne journée à tout le monde,

Vale à vous :)

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