Château de cartes
Hello!
On se retrouve pour un nouveau défi Pink Lock où il fallait Illustrer un obstacle qui gène la relation d'un couple.
Il y avait également un lieu imposé et j'ai choisi un château parce que J'ADORE ÇA.
Sinon, je préviens que le couple sur lequel j'écris est un couple de lesbiennes, au cas où si certaines personnes n'apprécient pas ce type de romances.
...
Joey s'allongea nonchalamment sur Cynthia. Et faillit ainsi la pousser hors du lit.
— Eh, tu pourrais faire gaffe, p'tite merdeuse... susurra la blondinette.
— Ah, mais t'étais là ! Pardon, tu es tellement confortable et splendide que tu te confonds avec la couverture, rétorqua la brune.
Malheureusement dépourvue de la répartie à toute épreuve de sa petite amie, Cynthia l'attira à elle pour l'embrasser. Une première fois. Et une deuxième. Et encore...
Cela n'avait pas toujours été facile, ni aussi évident. La période de flirt avait été longue, alambiquée, incertaine. En un mot : horrible.
Et après, eh bien, ça avait été pire. Il avait fallu s'armer de courage devant les préjugés, les moqueries, les disputes, l'incompréhension de l'entourage. Toujours en doutant de la finalité du combat. Après tout, deux filles ne peuvent enfanter, n'est-ce pas contre-nature de sortir ensemble ? Inutile ?
Mais le couple le plus branché du lycée avait survécu. Elles étaient maintenant inséparables, la petite blonde à lunettes, sa petite bouille toute ronde jamais dépourvue d'un sourire ni d'une insulte affectueuse, et la brune au regard d'acier, sanguine, câline, et beaucoup trop canon, surtout selon Cynthia.
En fait, elles étaient plus qu'inséparables, elles était alliées pour tous les coups possibles et imaginables, compagnes d'emmerdes comme de fous rires, et embarquées depuis peu sur le tour du monde le plus rocambolesque qui avait jamais dû se faire.
Tout plaquer pour découvrir la vraie vie. Tout plaquer pour mieux se retrouver. C'était leur pari.
Et c'était ainsi qu'au fin fond de la Transylvanie, Cynthia et Joey se prélassaient près du feu de la cheminée de cinq mètres de haut par trois de large qui ornait la chambre désuète du château où elles avaient élu domicile pour l'hiver. Un refuge parfait auprès d'un vieux sourdingue tout rabougri qui appréciait qu'on aille promener son chien Trompette à sa place.
Il faut parfois faire preuve du culot pour avoir la chance de trouver une perle rare.
La voilà, la situation idéale. L'amour, le voyage, le bonheur. Jusqu'à ce qu'un des paramètres ne se modifie. Jusqu'à ce qu'une inconnue ne vienne tout perturber...
....
Cynthia était assise dos au feu et les neurones en ébullition. Elle avait des qualités mais à ses yeux, davantage de défauts. Parmi ceux-là, trônait en tête son cruel manque de tact et de patience. Elle ne pouvait de surcroît pas mentir sans se faire immédiatement chopper. Elle savait que d'une manière ou d'une autre, Joey avait deviné. Depuis quelques temps, elle était plus attentive ou plus chiante, ce qui revenait au même.
Comment expliquer à la fille de ses rêves, qui a tout, sauf vos capacités intellectuelles, que vous voulez étudier dans la plus prestigieuse université des États-Unis ?
Comment montrer cette foutue lettre d'admission qui restait froissée dans la poche intérieure de sa veste, juste contre son cœur ?
Comment choisir entre briser son couple ou annihiler ses rêves ?
Sacré dilemme. Bien le genre où la réponse est inconcevable et jamais conçue.
Mais Cynthia ne tiendrait jamais plus longtemps. Cela faisait déjà deux jours qu'elle était allée chercher cette lettre d'admission à la poste du village. Et elle avait préparé l'examen d'entrée pendant trois mois pour le passer à l'université de Brasov, soutenue par Joey.
Mais elle ne lui avait pas précisé qu'il était quasiment impossible d'amener sa petite amie avec elle aux US. Déjà pour financer les études, Cynthia devrait faire un prêt bien trop important à ses yeux, et si une chambre lui était réservée, eh bien, c'était une chambre individuelle.
Et puis Joey détestait l'école.
C'est bien pour ça qu'elles étaient en année de césure. Sauf que pour partir sur un coup de tête, il faut se fâcher avec ses parents. Impossible donc de demander leur soutien financier pour faire partir Joey avec elle.
Que faire ? Elles ne pouvaient pas vivre éternellement sur des coups de chance et de maigres économies ramassées au gré de leurs petits boulots...
L'argent, quelle vraie merde. Pire invention de l'humanité.
— Eh, bebou, j'suis tellement trop douée que j'ai réussi à cuisiner une tarte au fromage sans tout faire cramer ! s'annonça Joey.
Purée, non, NE PAS PLEURER MAINTENANT...
Un bruit sourd de plat à tartes jeté sur le fauteuil plus tard et Joey était à quatre pattes devant sa petite amie.
— Cynthia, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleures ? Je peux faire quelque chose ? s'inquiétait-elle.
La concernée était enfermée dans un mutisme émotionnel profond et se contenta de secouer vivement la tête de gauche à droite. Alors Joey la prit dans ses bras et la borda pendant un temps.
En fait, elle la câlina jusqu'à ce que Cynthia ne se rappelle leurs vœux.
Amour, vaillance, honnêteté, liberté.
En bref, la négation le système scolaire des États-Unis, mais surtout, le contraire de ce qu'elle faisait si elle continuait à se taire.
Alors elle se lança.
— Jo'... Jo', je suis... désolée, j'aurais dû t'en parler av-avant... Tiens, balbutia Cynthia en sortant de sa poche intérieure la fameuse lettre.
Intriguée, sa petite amie déchiffra rapidement la jolie écriture scripte qui annonçait son admission à la Washington Law University.
Suivie de la feuille du règlement, et des frais et modalités d'inscription.
— Tu veux partir, lâcha Joey d'une voix blanche.
Bon sang de bonsoir. Cette douleur... Joey ne savait pas cacher ses émotions non plus.
— Pas maintenant... En septembre. Il y a le temps, encore, murmura la blonde.
— Mais, et moi ? J'ai pas la thune nécessaire. Je vais pas rester cinq ans en Transylvanie pendant que tu fais un Master à l'autre bout de la planète !
Joey tentait visiblement de rester calme, mais sa voix était dangereusement montée dans les aigus à la fin de sa phrase.
— Écoute... Je sais. Je sais que c'est un problème. Mais on peut pas vivre éternellement sur nos économies. Et l'année prochaine, il faut bien qu'on fasse quelque chose, et puis, j'ai réussi l'examen, quoi... se justifia Cynthia.
— Mais si on tente de vivre par nous-mêmes ? Tu sais bien que je vais pas me carapater aux States pour étudier. Tu sais quoi, j'ai qu'à faire des petits boulots, je te soutiendrai, décida Joey, les yeux animés d'une lueur tristement dangereuse.
— Mais il faudra te loger... Et payer le prix. Déjà que je vais faire un prêt... On n'aura même pas le temps de se voir... se lamenta son interlocutrice en se passant les mains sur le visage.
— Parce que tu as déjà décidé ?...
Oh, purée, non. Non non non...
— Non ! Non, je voulais t'en parler avant. Et, Jo', je veux pas te lâcher, c'est clair ! s'exclama Cynthia, presque en pleurant. C'est juste que... Je suis déchirée, tu vois. Si j'accepte, limite je t'abandonne. Mais si j'accepte pas, ça se représentera jamais, tu vois ?
Joey la regarda sans comprendre. Non, jamais elle ne capterait qu'on puisse vouloir passer des heures à souffrir dans un bureau, à apprendre des arrêts et des lois alors que le monde était l'immensité à explorer.
Alors elle se dégagea doucement de leur étreinte, car elles n'avaient pas cessé d'être collées ensemble, et se leva. Cynthia la laissa faire.
La lettre était entre elles deux, majestueuse, inébranlable, et pourtant déjà maculée de pleurs et froissée d'angoisses.
Joey la regardait avec hargne. Puis elle s'en détourna et annonça qu'elle allait refaire chauffer la tarte au fromage, parce qu'elle avait refroidie et qu'elle „devait être dégueulasse froide”.
— Je viens avec toi, alors, murmura Cynthia en se relevant péniblement.
Hors de question de rester embrouillée avec sa petite amie.
Par dessus tout, il était hors de question qu'elle ne profite pas au maximum du temps que le monde lui offrait avec sa brunette.
Heureusement que Joey n'était pas susceptible. Mais le regard qu'elle offrit à Cynthia fut plus éloquent qu'un réquisitoire, et la jugeait coupable.
Cette lettre n'avait pas fini de faire parler d'elle.
...
Bon, j'espère que ça vous a plu !
Courage à tous ceux qui sont en plein examens/partiels/bac blancs et j'en passe. En fait, courage à vous tous parce que la vie est dure, mais n'oubliez pas, il faut profiter de chaque instant, sinon on meurt de l'intérieur.
Je vous dis à la prochaine !
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