[8] Insomnie
Tout en me disant cela, j'ouvris le paquet de biscuits au chocolat et en fourrai un dans la bouche de Bill, alors que celui-ci s'apprêtait à me rouspéter quelque chose. Il tenta vainement d'articuler une suite logique, la cavité buccale pleine, avant de se mettre à mastiquer la délicieuse gourmandise. Comme cela avait l'air de lui remonter le moral, je pouvais enfin souffler un peu en attendant l'arriver de mon collègue pour libérer le pauvre démon, la main toujours coincée sous mon siège de voiture.
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"Souffrant d'insomnie, j'échangerais un matelas de plumes contre un sommeil de plomb."
-Pierre Dac
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Le matin du sixième jour de Bill sur Terre fut la plus paisible de tous, ou du moins, c'était ce que j'espérais. Il était huit heures du matin et ma couette était si confortable, impossible de m'en séparer. Cependant, une douce curiosité me poussa à plisser un œil pour saluer le démon mais étrangement, il n'était pas là ce jour-là. Normalement il dormait dans mon lit à l'autre bout du matelas ! Oh, si ça se trouvait il était juste descendu manger des restes de viennoiseries avec un café en attendant mon réveil, rien de bien inquiétant... « ET S'IL S'ÉTAIT ENFUI ? » Ou alors il dessinait dans le salon, il aimait bien effectuer cette activité à ses heures perdues. « PEUT-ÊTRE QU'IL S'EST REJETÉ DANS LES ESCALIERS ? MUTILÉ AVEC DES FOURCHETTES ? TENTÉ DE TUER CANDY ? » Peut-être que ma conscience devait me laisser dormir en paix pour une fois ? Déjà que je passais beaucoup trop de temps le nez dans mes bouquins et mes recherches, mes heures de sommeil étaient comptées...
Lorsque je me réveillai pour la seconde fois, mon réveille-matin affichait onze heures. Le soleil semblait être déjà si haut dans le ciel, à travers ma fenêtre triangulaire, mais pourquoi est-ce que mon pseudo-colocataire dormait sur mon duvet, habillé comme la veille ?
« -Hmm... Bill, tu étais où... ? » Demandai-je de ma voix rauque du matin. L'œil qui n'était pas caché sous des mèches s'ouvrit avec difficulté, laissant transparaître le saphir de ses yeux fatigués.
« -J'ai trouvé un livre...
-Ah bon ? » Je me frottai le visage en me mettant assis.
« -Tu as fait une nuit blanche ? » Il ne me répondit pas, au contraire, il referma les paupières. « Au moins cette journée promet d'être calme, je pourrai avancer dans mes recherches sans encombre ! »
[...]
« -Salut Mabel, c'est Dippy. Je suis vraiment désolé de ne pas t'avoir téléphonée ces derniers jours, mais ne m'en veux pas trop pour ça hein... Heh. Tout se passe bien au Mystery Shack avec Bill, même depuis qu'il a recouvré la mémoire. J'ai essayé de lui apprendre à cuisiner mais il n'a rien d'un cordon bleu alors j'ai rapidement abandonné cette idée ! Oh, et il a finalement fait connaissance avec Candy, Soos et Théo. Tu ne dois pas encore le connaître d'ailleurs, je l'ai embauché peu après ton admission à l'hôpital. Hm. Mais tu me connais Mabel, comme je n'ai pas osé leur dire la vérité, encore, Bill s'est un peu déguisé en Ben. Il joue bien son rôle d'ailleurs, timide et peureux envers les autres, bien que quelque chose me laisse à penser qu'il ne joue pas la comédie... D'ailleurs, vu que je t'ai parlé de Candy, sache que tu lui manques beaucoup, surtout depuis que Brenda est partie chez son cousin jusqu'à la fin de l'automne. Tu me manques aussi sœurette, je suis tellement impatient de venir te voir dans deux semaines pour mettre fin à toutes ces conneries... Je t'aime. » Je raccrochai le téléphone que je déposai sur mon bureau. Il était bientôt seize heures et personne ne m'a appelé pour le travail ou pour nourrir le démon ; j'imagine qu'ils s'en sortent bien sans moi. Je pourrai sans autre continuer de travailler une heure ou deux !
[...]
Je plissai lentement des yeux, ayant senti une douceur se poser sur mon dos. La personne à qui appartenait cette main retira délicatement la paire de lunette qui s'écrasait entre mon nez et la table, afin de la poser quelques centimètres plus loin de ma tête. Je devinais alors que je m'étais endormi sur mon bureau, mon livre grand ouvert à côté de moi. D'un geste hasardeux, j'effaçai le filet de bave qui séchait sur ma joue avant d'esquisser un bâillement pour le moins discret. Quand mon esprit embrumé par le sommeil décida enfin d'accepter la réalité qui était tout autre que les bras de Morphé, je me redressai lourdement, sentant mon dos qui n'était alors plus courbé craquer sous ce geste, ce qui m'arracha un couinement de surprise. Lorsque la voile qui couvait mes yeux s'estompa sous les frottements de mes doigts, la lumière de ma lampe toujours allumée pu finalement m'être perceptible. La main qui était toujours posée sur le haut de mon dos était d'une telle chaleur qu'elle me donnait l'envie de me rendormir.
« -Pinetree, j'ai faim... » Se plaignait Bill dans un chuchotement insistant lorsque je tournai légèrement la tête pour le questionner du regard. Comme ma montre indiquait vingt heures, quelque chose me laissa penser qu'il n'avait rien mangé de la journée, à moins d'avoir vidé le paquet de céréale que j'avais laissé sur la table après mon réveil de ce matin. Comme il commençait sérieusement à s'impatienter, je n'eus d'autres choix que de me lever de mon fauteuil, fauteuil qui émit un grincement sonore, accentuant ainsi mon réveil.
Dans la cuisine, je réchauffai en vitesse un gratin de pâtes pendant que le démon inspectait inlassablement la moquette du salon. Le repas se déroula dans un silence religieux, puis lorsque la pendule sonna vingt-deux heures, je décidai d'aller me recoucher mais dans mon lit cette fois-ci. Ni une ni deux, me voilà glissé sous la couette mais impossible de retrouver le sommeil après la sieste de quatre heures qui avait comblé une bonne partie de ma soirée. Puis, lorsque je m'apprêtais à rallumer la lampe de chevet pour lire un livre, vaincu par cet égoïste marchand de sable qui semblait préférer passer son chemin, une silhouette que je reconnue immédiatement me rejoint sous la couverture, peut-être un peu trop près de moi. Comme il m'avait coupé dans mon action, la chambre resta tapie dans la nébulosité de la nuit, bien que légèrement éclairée par notre satellite dont la craintive lueur laiteuse filtrait à travers les verres opaques de ma fenêtre triangulaire. Vue que mes yeux s'étaient déjà habitués à la noirceur de la pièce, je n'eus aucun mal à distinguer les fins traits du visage de cet homme. Ces saphirs brillaient de mille feux ce soir-là, et sa petite moue me fit sourire.
« -Bien le bonsoir, Cipher. » lui dis-je d'une voix mielleuse.
« -B'soir Pinetree... Je ne t'avais pas vu de la journée. Tu as travaillé toute l'après-midi ?
-Je t'avoue que l'heure m'a échappé. Tu ne t'es pas trop ennuyé ?
-Candy est venu me parler dans le courant de treize heures, et comme j'étais affamé elle m'a partagé son sandwich. J'imagine que je lui ai redevable... A part ça je suis allé me balader dans la forêt.
-Tu as vu quelque chose ?
-Non, c'était calme. » Il me rendit mon sourire.
Après notre court échange, les paupières de Bill interrompirent notre contact visuel. « Non, ne t'endors pas je t'en prie, je veux encore me perdre dans le bleu de tes iris envoutants ! Si seulement tu lisais dans mes pensées, tu saurais à quel point tes yeux me plaisent, à quel point j'ai juste envie d'y plonger mon regard pour y voir l'univers entier dans l'intemporalité de son espace-temps, aussi infini qu'une plage de sables, aussi immatériel que la joie et aussi mystérieux que les fonds marins. J'aime tes yeux comme j'aime la science, comme j'aime ma sœur jumelle, comme j'aime les astres qui nous enveloppent depuis le ciel dans une étreinte de rêve et d'espoir. Mais peut-être qu'il n'y a pas que tes yeux qui font papillonner mon âme, peut-être qu'il y a bien plus encore ! Cependant, comment savoir ? Comment en être sûr ? J'aime tes yeux, Bill Cipher, j'aimerai tellement te le hurler de vive voix mais je ne peux pas parce que les noisettes de mes iris ne valent rien comparés aux lapis-lazulis des tiens. » Je passai délicatement une main sur la joue de l'endormi, puis ses cheveux, puis sa nuque. C'était doux ; tout était doux chez lui. Et bien que ça m'était agréablement chaud, je le sentie tressaillir sous la fraicheur de ma main derrière son cou ce qui, dans un sursaut honteux de ma part, engendra un reflex un minimum contrôlé qui consistait à rompre de cette atroce manière l'insignifiant contact physique que j'avais cherché à concevoir sans vraiment savoir pourquoi.
Lorsque je m'assurai qu'il dormait bien profondément, je me laissai rouler sur le dos et me mis à fixer le plafond de bois qui nous surplombait de quelques petits mètres. « Ne pleure pas Dipper, tu n'aurais eu aucune chance de toute façon. » Je chassais cette vieilles phrases-souvenirs de ma tête en fermant les yeux et en soupirant. Lorsque j'aperçu, du coin des yeux, l'heure tardive qu'affichait mon inutile réveille-matin, je ne pus résister à l'envie de grogner de mécontentement. Je détestais les insomnies, et bien que je pusse les tourner à mon avantage, je n'avais pas vraiment la détermination de réveiller accidentellement le Bill ensommeillé dans le même lit que moi. Peut-être que compter les moutons m'aiderait à trouver le repos pour cette nuit ou du moins, ce qu'il en reste ? « Un... Deux.... Trois... » Jamais cette technique n'avait fonctionné sur moi, non ce qu'il me fallait, c'était un bon chocolat chaud. « Quinze... Seize... Dix-sept... » Les légers ronflements du démon me firent tourner la tête dans sa direction. Comment faisait-il pour dormir aussi paisiblement ? Est-ce que je ressemblais à ça quand je dormais, moi aussi ? « Trente-deux... Trente-trois... Trente-quatre... » Je plongeai ma main dans mes cheveux, agacé. Alors, résolu, je sortie mon lit dans un grincement sonore. Heureusement, Bill ne se réveilla pas. Afin de passer le temps, je m'emparai d'un livre au hasard qui trônait au-dessus d'une pile de ses frères, avant de prendre place au pied du lit de Mabel et d'allumer une petite lampe. C'était un livre qui appartenait à cette dernière vu le titre encré sur la couverture. Une histoire de sirène et de marin naufragé ? Quelle stupidité, mais tant que ça me permettait de trouver le sommeil... Je me mis à lire à voix basse la première page, profitant peut-être les oreilles du jeune démon endormi.
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•☆•☆•☆• BONUS BÉTISIER •☆•☆•☆•
(Bill) Candy est venu me parler dans le courant de treize heures, et comme j'étais affamé elle m'a partagé son sandwich. J'imagine que je lui ai redevable... A part ça je suis allé me balader dans la forêt.
(Dipper) Tu as vu quelque chose ?
(Bill) Ouais. Des arbres, de l'herbe, le ciel, des papillons, des rochers, des racines, Candy, mon jeans, une licorne, un cadavre, une crocs, une fille avec des cheveux frisés et un plateau de sushis dans sa main avec un chapeau cactus sur la tête, un bébé zèbre, Théo qui jouait à Pokémon Go avec une épingle sur la tête, Sugar - aka l'auteur - qui mangeait des carambars barbapapa d'halooween alors que nous sommes, dans l'histoire, au mois d'août et une fleur-chèvre.
(Dipper) Une fleur-chèvre ?
(Bill) C'est tout ce que tu as retenu ?
(Dipper) Ouais excuse-moi je pensais à la beauté de ton visage.
(Bill) T'es gênant Pinetree, alors je vais fermer les yeux et faire semblant de dormir pour mettre fin à ce malaise.
Après notre court - LONG - échange, les paupières de Bill interrompirent notre contact visuel.
(Dipper) HÉ BILL DORS PAS, J'AIME TES YEUX JE VEUX PASSER MA NUIT À LES REGARDER !
(Bill) Laisse-moi dormir connard.
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[NDA] Y'HELLOWE ! Je fais cette petite note pour vous prévenir, fans de Billdip, que j'ai sorti une nouvelle spéciale Halloween. ^^ C'est trois fois rien, mais j'ai bien aimé l'écrire alors n'hésitez pas à lire "Need Therapy ?" et à laisser un petit commentaire si ça vous à plu -u- navré j'oublie chaque fois de faire corriger, honte à moi.
Sur ce, à jeudi prochain~
-Ano
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