Lorsque Bill disparu complétement de la pièce, je courus vers la porte et hurlai à son attention.

« -CE SOIR TU VAS DORMIR DANS LE LABO ! » Ce fut les dernières paroles entendues jusqu'au lendemain.

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«De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas.» 

-Un russe j'imagine

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« -D-Dipper ! » Je me retournai et aperçus Pacifica.

« -Salut ! Tu fais quoi au Mystery Shack de si bonne heure ? Ce n'est pas encore ouvert. » Je laissai la blonde se remettre de son essoufflement, les mains sur ses genoux et son corps à moitié replié sur lui-même. Elle venait d'entrer en trombe dans le magasin de souvenirs dans lequel je me trouvais pour donner quelques consignes à mes employeurs. Soos, Candy et Théo la fixèrent, impatients de savoir la raison de sa présence ici.

« -D-donc. Dipper. J'ai vraiment, vraiment besoin de ton aide. Des amies à moi prévoient une fête et il se trouve que je suis la seule célibataire ! D-du coup j'ai pensé que tu pourrais éventuellement m'aider et faire semblant d'être mon petit-ami pour la soirée ! Je te promets qu'après la soirée on rompt pour mettre un terme à cette mascarade. S'il te plaiiiiiit !

-Pardon ? Pacifica, je...

-Combien ?? Tu as besoin de combien pour m'aider ?! » Elle releva la tête et me fit de grands yeux, prête à sortir son portefeuille. Seigneur, pourquoi moi...

« -Je n'ai pas besoin de ton argent, Pacifica. Je vais simplement t'aider parce qu'un ami te doit bien ça en guise de récompense pour ta bonne conduite...

-Je ne sais pas comment le prendre, mais merci Dipper !! » La jeune femme me serra dans ses bras, heureuse.

« -Et donc... Ca commence quand, cette petite fête ? » Demanda Candy en réajustant ses lunettes, curieuse.

« -Demain, vingt-heures à la salle de sport du lycée.

-Ce n'est pas fermé le dimanche ? » Pacifica détourna son regard de la noiraude pour poser ses yeux sur Soos.

« -Comment ça ?

-Bah demain c'est dimanche férié, ça m'étonnerait que ça soit ouvert. » Elle leva les yeux au ciel.

« -Les idiotes !

-Hé, il n'y a pas de mal Pacifica... Dis-leur de venir ici ! Tu te rappelles l'été de nos douze ans ?

-C'était aussi la première fois que je vous ai rencontrés...

-Exactement !

-Oh ouiiii je m'en rappelle ! » S'exclama la fille qui avait le béguin pour moi, tentant de masquer sa jalousie envers Pacifica. Cette dernière sourit, me remercia et sortit du Mystery Shack en composant un numéro de téléphone sur son portable. Lorsqu'elle était suffisamment loin, nous reprenons notre discutions.

« -Que disais-je... Ah oui ! Soos, comme d'habitude tu feras les visites et n'oublies pas de leur montrer l'arrière-boutique. Candy, aujourd'hui c'est toi qui t'occuperas de la caisse ; j'ai besoin de Théo pour une mission spéciale. » L'adolescent semblait avoir les yeux qui pétillaient durant l'espace d'une seconde. Je souhaitai un bon travail à tous, avant de l'inviter dans la cuisine pour être plus tranquille. Je lui donnai une liste de course qu'il lut attentivement, blasé, me demandant parfois la définition d'un mot ou deux. N'était pas très fort en français, je dus me débrouiller pour lui expliquer chacun des articles... Finalement, il s'en alla. Je soupire, soulagé d'avoir trouvé quelqu'un qui puisse faire les magasins pour moi aujourd'hui. Je ne pouvais clairement pas laisser Bill seul à la maison, d'autant plus que nous étions toujours énervés l'un contre l'autre, et j'avais peur qu'il mette les voiles ou qu'il essaye de tous nous tuer. Depuis hier après-midi, il était dans le laboratoire. J'ignorais comment il s'occupait pour passer le temps, et je devais avouer que ça m'inquiétait... Histoire de me rassurer, je descendis d'un étage et entrouvris délicatement la lourde porte. Bill était assis en tailleur, et semblait méditer. Je l'observais, inconsciemment, incapable d'éloigner mon regard de lui. Avait-il seulement dormi ou est-ce qu'il a médité toute la nuit ?

« -Bill... ? » Murmurai-je pour attirer son attention, sans obtenir de réponse.

« -Tu me boudes toujours... ?

-La ferme, je me concentre.

-Pourquoi ? » De nouveau, plus de réponse. Je refermai la porte derrière moi et me plaçai devant Bill, qui lui, avait les yeux fermés.

« -Tu te concentres sur quoi ? » Il serra un peu plus forts ses doigts déjà entrelacés, irrité par ma présence.

« -Parce que je m'ennuie !! » Il posa ses mains sur ses genoux et jeta la tête en arrière, souffla et rouvrit les yeux. J'étouffai un ricanement.

« -Pourquoi tu ris crétin ?

-Parce que tu me fais rire. » Le démon leva un sourcil, questionneur.

« -En quoi suis-je drôle ? » J'haussai des épaules. « C'est vrai, en quoi est-il drôle ? Bill s'est contenté de rouspéter, ce n'est pas comme s'il avait sorti la blague du siècle ! » Devant mon silence, Cipher bailla et se frotta les yeux. Je demande.

« -Tu as dormi ?

-Quelle question... Bien sûr que non. Je n'ai pas la notion du temps moi dans ce labo stupide.

-T'es un démon, tu ne peux pas faire ça ?

-Arrête de tout remettre sur le fait que je sois un démon ! Je ne suis pas aussi puissant qu'avant, j'étais taré et psychologiquement instable ! Maintenant que j'ai retrouvé ma vraie forme et un esprit sain, je tiens à que tu saches que je n'ai pas tous les pouvoirs du monde ! Bien que je reste talentueux avec pleins de capacités sympas comme lire dans les pensées ou posséder les gens et leurs rêves, flotter, me téléporter, ramener les âmes du monde des morts, etcétéra, etcétéra !! » Il avait ponctué sa dernière phrase par un sourire sadique, comme pour me montrer que je n'étais pas en tort sur tous les points. Après tout, il restait Bill Cipher le narcissique...

« -Peut-être que tu n'es plus aussi puissant qu'il y a dix ans, mais je te préfère largement comme ça. Peut-être même plus que le Bill amnésique.

-Ah ?

-J'admire ton intelligence et ta capacité à comprendre les langues, rien de plus. » Il haussa vaguement des épaules, ne sachant vraiment s'il devait me remercier ou non. Je m'assois en face de lui. « J'ai tellement envie de dire qu'il a de beaux yeux, mais il va me prendre pour un bipolaire... » Je lui offre un petit sourire.

« -Enfin... Il n'y a pas que ça... J'aime bien la personne que tu es.

-Je ne suis pas vraiment une personne, Pinetree.

-Peut-être que pour moi tu l'es. » Il fronça des sourcils, peu convaincu, avant d'hausser un nouveau les épaules.

« -Merci. ... » Il me rendit mon sourire.

« -Et... excuse-moi. Pour hier.

-Y'a pas de malaise. » Lui répondis-je droit dans les yeux.

Comme plus personne ne parlait, je me mis à pianoter sur mes cuisses en attendant que quelque chose se produise.

« -Est-ce que... Je me demandais, est-ce qu'un démon peut ressentir des sentiments humains ? » Je demandai avec curiosité. Il s'apprêtait à me répondre lorsque j'enchaînai d'une voix plus forte.

« -Ne me réponds pas que dans sentiments humains il y a le mot HUMAIN mais je voulais dire... Hum... Je ne sais pas trop comment formuler ça.

-La joie, la tristesse, la colère, la peur ?

-Entre-autre.

-Bien sûr, un démon a des sentiments. Malheureusement, plus on a de magie dans notre corps, moins on ressent ces choses.

-Tu... As pleuré. Tu as déjà ressenti de la tristesse. Pourquoi ? Je te croyais fait de beaucoup de magie ? » Lui dis-je dans un souffle, dans l'espoir qu'il me donne des explications.

« -Pinetree, je ne pense pas que c'est vraiment le moment de te parler de ma vie.

-Dis-moi juste qui était le Bill amnésique que j'ai rencontré alors... » Le démon pencha son regard sur ses mains, hésitant.

« -Lorsque je n'étais qu'un jeune démon, il y a un paquet de millénaires, je vivais dans une dimension trop éloignée de celle-ci. J'ai vécu les pires années de mon existence. J'étais faible, les autres démons se moquaient de moi – Regardez, c'est Boucle-d'or ! Il va nous faire un petit tour de magie ? Regardez ses bras de fillette ! Oh non, il va se remettre un chialer ! – et je ne disais rien. J'ai décidé de m'entrainer chaque jour pour savoir utiliser mes pouvoirs, et je leur ai mis une bonne raclée. Mais toute cette magie me rendait dingue et m'a donné la forme triangulaire, et comme j'avais abandonné ma forme physique actuel, je ne ressentais plus grand-chose. Hum... Je crois que j'ai fini par me lasser de ma dimension et j'ai décidé de venir sur Terre. Tu connais la suite... Puis vous m'aviez effacé la mémoire et je suis redevenu normal. » Il m'offrit un sourire.

« -Merci, Pinetree. Vous n'avez pas seulement sauvé la Terre ; vous m'avez aussi sauvé. » Il se pencha en avant pour me prendre dans ses bras. Je restai figé une petite poignée de secondes, incapable de rendre son étreinte.

« -Et là... Tu ressens quoi exactement ? » Demandai-je dans un murmure.

« -De la joie. » Je lui rendis son étreinte.

« -Et toi, Pinetree ? Tu ressens quoi là, tout de suite ?

-Je ne sais pas du tout. Mais c'est agréable.

-J-je peux... Revenir dormir avec toi ce soir ? » Je gloussai de rire en le serrant un peu plus dans mes bras.

« -Bien sûr Bill. » Je rompis notre étreinte pour le regarder dans les yeux. Ils n'étaient plus brumeux, mais pétillants. Ses saphirs n'ont jamais été aussi lumineux.

« -Et... Tu m'en veux toujours pour la Weirdmageddon ? Je n'étais pas moi, mais histoire que j'en sois sûr.

-Oui, je t'en veux toujours parce que j'ai bien failli mourir ce jour-là à plusieurs reprises ainsi que ma sœur. Mais ça ne veut pas dire que je refuse de tourner la page.

-Donc... Nous sommes quoi ?

-Bonne connaissances ?

-Pinetree, je pense que nous avons largement passés ce stat.

-Ami ?

-Je te déteste toujours un petit peu quand même hein. » J'étouffai un rire devant cette répartie.

« -Pareil. Mais c'est confus ; je t'apprécie oui et non.

-Les humains appellent ça comment, en général ?

-Aucune idée, mais on peut dire qu'on s'haine.

-S'haine ?

-S'hainer. C'est une fusion entre aimer et haine.

-J'imagine que je t'haine alors.

-Moi aussi je t'haine, Bill. » Nous nous sourions. Je pense avoir trouvé le sentiment que je cherchais, et pourtant, je n'étais pas totalement convaincu...

[...]

Le soir arriva plutôt rapidement. Quelle journée... Entre la petite discussion que j'ai eu avec Bill et la visite de Pacifica, ce ne fut pas de tout repos... D'ailleurs, faudrait que je prévienne mon démon - non non, LE démon – que la jeune Northwest et ses amies préparaient une fête privée au Mystery Shack, que tout ceux qui travaillaient ici étaient invités et que j'accompagnais Pacifica.

« -Bill, tu te rappelles Pacifica ?

-Northwest ? Ouais, ces parents sont à plaindre. » Ajoute-t-il en bonus alors qu'il se glissait sous la couette. Je ris.

« -Oui. Elle prépare une fête avec des amies ici et je l'accompagne.

-L'accompagner ? Elle a peur d'être toute seule ?

-Quoi ? Non non, je veux dire accompagner dans le sens couple. » Je m'apprêtais à lui préciser que c'était pour de faux, pour lui rendre service, mais Bill me coupa.

« -Je reste dans le labo ou dans ta chambre alors ?

-Du tout, je voulais savoir si tu voulais venir. Ne te sens pas obligé, je ne veux juste pas que tu te sentes exclu.

-Bien, si je peux venir alors ça serait avec plaisir. » Il baissa la tête pour me regarder, étant toujours assis, la couverture sur lui. Seul moi étais déjà couché, appréciant la chaleur de mon matelas.

« -Tu viendras nous aider à tout préparer ?

-Non, sauf si tu me le supplies. » Je roule des yeux.

« -Vas te faire foutre veux-tu ? » Il me tira la langue, geste que je lui rendis non sans oublier la pichenette sur son front. Bill pivota sur le côté pour se mettre à califourchon sur moi.

« -Ose refaire ce truc-là une seconde fois sur mon visage, et je te promets que je vais bouffer ton âme de mortel par tes orifices oculaires.

-Surveille ton langage, démon. » Lui répondis-je en contrepartie en le poussant du pied, avant de me trouver moi-même à califourchon sur lui.

« -Jamais tu m'entends ? » Il nous retourna sur le côté, malheureusement, le contact du sol fut plus brutal que nous l'espérions. Nos jambes étaient entremêlées et nos deux corps se trouvaient allongés face à face, sur le flanc.

« -Tu t'es fait mal, Bill ?

-Rêve toujours. » Je lui grimaçais d'une façon taquine.

« -Et toi Pinetree ?

-Un peu, mais c'est supportable. On devrait se relever, non ? » Le blond retira délicatement une jambe, puis l'autre, afin de me laisser me relever sans difficulté. Une fois debout, je lui tendis ma main pour l'aider à se relever, geste qu'il accepta sans hésitation. « C'est fou comme il est adorable... J'ai tellement envie de l'embras- non, je l'haine, c'est tout. On s'haine comme démon et humain, rien de plus. » Je sentais mon cœur se tordre. L'embrasser... J'en avais tellement envie... Mais je me retiens. « Je dois t'hainer... C'est tout... »
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« -Jamais tu m'entends ? » Il nous retourna sur le côté, malheureusement, le contact du sol fut plus brutal que nous l'espérions. Nos jambes étaient entremêlées et nos deux corps se trouvaient allongés face à face, sur le flanc.

Bill profita de cette situation pour approcher son visage du mien. Tout près... Si près... Tellement près que je pourrai...

« -Monsieur Pines, j'ai acheté tout ce que vous m'avez demandé de... Hum... Acheter. » Théo avait les joues rouges en nous voyant aussi près l'un de l'autre. Plus gêné que lui encore, je reppoussai Bill et me jeta sur le Français qui venait de gacher ma seule chance d'embrasser le démon.