[11] Problème
-J'ai failli tuer ma sœur. Par accident. Je souffre pour deux et j'ai envie de prendre ma douche. Tu peux sortir de la salle de bain s'il te plait ? » Sa peau semblait virer au blanc durant l'espace d'une seconde, comme si la nouvelle était trop lourde à avaler. Puis finalement, il hocha la tête et s'éloigner de la salle de bain sans un mot, le regard mort. La main tremblante, je refermai la porte derrière lui et chassai mes larmes d'un revers de manche.
« -Q-qu'est-ce que c'est ? Le deuil... ?
-C'est mentir et faire comme si tout allait bien à la mort d'un être cher.
-Et toi, tu mens en faisant le deuil ?
-Tu ne peux pas t'imaginer à quel point. »
Je me laissai glisser le long d'un mur, incapable de rester debout plus longtemps. Si Bill était mort une fois, c'était en grande partie ma faute. Si Mabel devait mourir, ça sera entièrement la mienne. Il n'était pas obligé d'accepter ce contrat, mais s'il échoue, ça sera finit. Pour tout le monde. Même pour moi.
Surtout pour moi.
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"La vie est un mystère qu'il faut vivre, et non un problème a résoudre"
-Gandhi
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Je n'ai jamais été premier en cours ode sport. Rectification, j'étais très mauvais. En tout. Et parfois, je trichais avec Mabel pour qu'elle prenne ma place. Ce n'était pas compliqué, il lui suffisait de cacher ses longs cheveux sous un bonnet ou ma casquette verte quand on allait dehors. Malheureusement, elle ne pouvait pas faire semblant d'être malade éternellement, même si en contrepartie je lui faisais la moitié de ses devoirs en plus des miens – qui étaient les mêmes vu que nous étions dans la même classe au lycée – et il a bien fallu que je participe à cette torture. Aujourd'hui, Je me suis retrouvé dans un carnage pas possible. Et là, je regrettais toutes les heures de sport que j'avais séchées, ça m'aurait bien servi pour l'endurance ou pour le combat au corps-à-corps que nous apprenait les cours de karaté. Mais pour comprendre, reprenons depuis le début.
Mardi, 18h29, Mystery Shack.
Bill ne m'avait plus revu de la journée. Ça tombait bien, je ne voulais voir personne. Soudain, me faisant relever le nez de mes feuilles, mon téléphone sonna. La mélodie perpétuelle tourna en boucle un bon nombre de fois, le temps que je ne me lève et ne me mette à le chercher partout sous mes dossiers. Finalement, je le retrouvai et le portai à mon oreille.
« -Hm'oui... ? Qui est à l'appareil ?
-Jamais à regarder le numéro qui s'affiche... C'est Wendy !
-O-oh Wendy ! Excuse-moi, je suis juste un peu... Fatigué. Comment ça va ? Tout se passe bien à New York ?
-Nickel, les gens sont cools et mon taf n'est pas à plaindre. Et comme j'ai reçu un mois de vacance, j'ai décidé de venir à Gravity !
-Hé, c'est une bonne nouvelle... ! Tu arrives quand ?
-Dans la soirée, je vais dormir chez mon père et demain je pourrai venir au Mystery Shack vous faire coucou.
-Cool ! Cool... Euh Wendy, je te préviens, Mabel est en Californie, il y a un nouvel employé du nom de Théo que tu vas rencontrer et... Ben, mon colocataire.
-Oh noooon Maby n'est pas là ? Mince... Je me faisais une joie de la revoir !
-O-ouais... F-Faut que je te laisse, on m'appelle. Pour une facture sans doute. A demain Wendy !
-A demain Dipper ! » Je raccrochai en vitesse. J'allais la revoir. J'allais revoir Wendy, la fille dont je suis tombé amoureux à l'été de mes douze ans. Cela ferait bien deux ans que je ne l'aurai plus vue, mais j'avais comme pas envie... J'avais trop de choses à gérer pour le moment.
Je quittai le sous-sol.
« -Bill ! Si tu veux manger c'est maintenant ou jamais ! » Aucune réponse. Je soupirai, retirai ma paire de lunettes et montai d'un second étage. Personne. Je l'appelai encore, en vain. « Il est parti ? » Je continuai de le chercher. Finalement, je constatai qu'il manquait une paire de bottes à l'entrée et que la porte a mal été fermée. Je l'ouvris entièrement et observais l'étendue de la forêt qui s'offrait à moi. Une minute passa. Il était parti. Où, je n'en savais rien. Alors, inquiet, j'enfilai ma veste et fis le tour de l'établissement, puis m'éloignai la propriété. Je me mis à courir. J'hurlai son nom dans la forêt, inlassablement, de plus en plus apeuré. « J'ai besoin de toi, tu n'as pas le droit de briser notre promesse !! » La nuit tombait doucement, ce qui me fit regretter de ne pas avoir pris la voiture. Finalement, après avoir traversé le bois entier, je vis le début de la ville. Il faisait déjà nuit. Les lampadaires me guidèrent jusqu'au poste de police dans lequel j'entrai en furie. Je connaissais la police, et eux aussi. Puis je réfléchis. « Je n'allais tout de même pas dire que j'ai perdu un démon... ! » Mais c'était trop tard, l'un des agents m'avait déjà aperçu.
« -Tiens donc, 'professeur' Pines ? Ici ?
-J-je cherche quelqu'un... Euh... Mon colocataire est parti dans l'après-midi et n'est pas rentré depuis. Plutôt grand, type blond, yeux bleus, peau mate... Ben. C'est son prénom.
-Un nom de famille ?
-P-Pines. Ben Pines, un genre de cousin éloigné. » Réticent et douteux, l'homme recoiffa sa moustache du pouce et de l'index, me détaillant avec un air amusé derrière ses grosses lunettes teintées. Au bout d'un certains temps, il approcha son talkiewalkie de ses larges lèvres et prévint un collègue ou un truc dans le genre. J'étais trop concentré à reprendre ma respiration après cette course endiablée à travers la forêt, je croyais même mourir tellement j'étais essoufflé.
« -On vous appellera quand mes hommes l'auront retrouvé. Il y a un distributeur à l'entrée, servez-vous en attendant. » Il l'avait chantonné comme si ce n'était pas grave. Et pourtant, ça l'était.
Je fis un demi-tour pour faire face à la porte d'entrée, apercevant en effet un distributeur à sa droite, calé dans un coin. Je fis rouler des pièces de monnaie pour avoir un café glacé. Je détestais ça, mais je le buvais aux goulots.
« -Pourquoi êtes-vous là jeune homme ? » Je sursautai en entendant la voix d'une vieille dame. Je baissai la tête pour la regarder dans les yeux, souriante.
« -Un ami qui n'est pas rentré...
-Moi, on m'a cambriolé. Des voyous.
-Vous savez qui est le coupable ?
-Bien sûr que non ! Je ne serai pas là sinon ! » Elle me sourit encore. Son visage était plein de rides et ses yeux étaient d'un vert clair si doux... Je répondis à son sourire, nerveux. Puis j'y pensais. « Et si c'était Bill ce voyou ? » Je fermai les yeux quelques secondes. Il en aurait été capable. Avant, peut-être, mais là... Je ne savais pas trop quoi penser.
« -Je vais prendre l'air. J'espère que vous saurez qui vous a cambriolé. » Sur ce, je sortis de l'établissement. Le trottoir était vide, seuls les réverbères longeaient la route d'une douce lumière jaune. J'avais mal à la tête, mais c'était tolérable. Puis, soudain, j'entendis un bruit. Un bruit d'étouffement. Aussi vite que je le pouvais, je me précipitai vers cet inconnu en détresse, entre deux bâtiments. Il était recroquevillé sur lui-même, dos à moi. Je m'approchai de lui.
« -J-je vais vous aider ! » Je me dirigeai vers lui, mais il se tut. A peine j'eus le temps de réagir que je sentis le bout froid de son revolver entre mes sourcils. Je me figeai. « C'était un piège... » Ce type aurait pu être n'importe qui sous cette écharpe et ce chapeau. Nous étions dans l'ombre. Sentant que j'avais toute son attention, il approcha sa main de ma bouche et me colla contre lui. Je déglutinai difficilement.
« -C'est moi qui ai cambriolé la petite vieille... » Me souffla-t-il à l'oreille d'une voix mielleuse.
« -Et c'est moi aussi qui détient ton ami. Bill est un animal si inoffensif sous l'emprise de l'alcool, n'est-il pas ? Si combatif et si dur à cerner, et pourtant, tellement imprudent... Je suis surpris que tu l'es invoqué après tout ce temps, Dipper Pines. » Je ne reconnaissais pas cette voix, loin de là. J'essayais de me dégager de son étreinte, mais ses gros bras musclés avaient raison de moi.
« -Tututut. Pas si vite, toi, tu viens avec moi. » Il s'assura que personne ne nous suivait, tandis qu'il reculait dans le cul-de-sac. A l'abri des regards, le malfaisant se débrouilla pour faire trois tours de ma tête avec un ruban adhésif, histoire que je tienne bien ma langue, puis lia mes poignées et mes chevilles avec le même objet. Ceci fait, il me porta comme un sac à patate, non sans oublier de m'en poser un vrai sur la tête. J'étais aveugle, je ne savais ni où il m'emmenait ni qui il était, et encore moins ses intentions... Quelques secondes lui suffirent à me jeter dans ce que je soupçonnais être un coffre de voiture, puis il démarra le véhicule.
Mardi, 23h56, lieu inconnu.
J'étais certain que nous n'étions plus à Gravity Falls, la route paraissait bien trop longue. Sans me débattre d'avantage, je le laissais me soulever et m'emmener je-ne-sais-où. J'étais vulnérable. Je ressemblais à une crevette à côté de lui. Une crevette toute rose qui flottait dans de la sauce cocktail n'attendant qu'à être dévorée. Finalement, il me laissa tomber par terre mais j'étais incapable de gémir de douleur. Il ne me retira pas le sac à patate qui me bloquait toujours la vue, préférant me donner un coup de pied dans la hanche. Pur plaisir ?
« -Maintenant tu vas m'écouter. Je détiens le démon, ta personne ainsi que du matériel de torture que j'ai gentiment emprunté à cette dentiste retraitée. Je ne sais pas m'en servir, mais si tu fais un pas de travers, je vais apprendre à les utiliser sur toi. Compris ? » Me menaça-t-il en me retirant le tissu de ma tête, enfin. Je ne pus qu'hocher la tête, impuissant. Puis se fut son tour de se découvrir, dévoilant un visage carré et des cheveux blancs rebelles. Sentant le papier adhésif m'étirer la peau de façon douloureuse à chacun de mes mouvements, mes plaintes étaient étouffées par le ruban collant qui me celait toujours les lèvres.
« -Te rappelles-tu de moi ? » Je secouai rapidement la tête afin de répondre par la négation. Non je ne le reconnaissais pas, et non, je ne voulais pas le reconnaître. Il ricana doucement, s'agenouillant près de mon corps toujours à terre.
« -Tu es sensé être un surdoué, Dipper Pines. Même ton oncle aurait été plus futé que toi là-dessus. » Mes yeux s'illuminèrent comme si un éclair venait de me frapper le crâne. Comment ne l'avais-je pas pu reconnaître bon sang ?
« -Eh oui Dipper, le petit Gideon que tu as connu ne se montrera pas aussi mignon qu'avant. » J'essayais d'hurler, mais le scotch me bloquait toujours la bouche. Que me voulait-il ?
Gideon me lança un sourire d'amusement avant de se lever et se servit d'un verre d'alcool que je pouvais sentir jusqu'ici. Mes yeux balayèrent la pièce à la recherche d'une issus. C'était un genre de cave, avec un sol en béton et des murs pareils. Au plafond, quelques LED, mais aucun n'illuminerait la pièce suffisamment à elle seule. Il y avait bien une porte, mais elle m'était inaccessible. Gideon s'éloigna de la table, un verre dans la main, puis s'asseyait à un siège de bureau orphelin.
« -Je t'en proposerai bien un peu, mais disons que deux séquestrés bourrés risqueraient de m'énerver assez vite. » Il ricana doucement puis but cul-sec. Je détournai le regard.
« -Comment va Stan Pines ? Et son frère ? Oh, et ta sœur, comment va-t-elle ? » Je ne répondrais pas même si je le pouvais.
« -J'ai bien réfléchis pendant mes quelques années en prison, et je pense avoir une idée pour refaire fortune. Vu que... Vous m'avez tout pris. » Il fit une pause, le regard perdu dans un point invisible en face de lui. « Peu importe ce que tu vas me demander, jamais je ne t'aiderai à refaire fortune. » Il lia ses gros doigts boudinés en s'adossant à son siège, reculant la tête un peu.
« -Je ne vais pas te mentir, tu es intelligent. Et si tu es suffisamment malin pour t'amuser à jouer les scientifiques – parce que oui, je sais quelle réputation tu as dans cette ville – j'imagine que tu as asses de matière grise pour m'inventer une babiole sympa à vendre. » Je laisser mes yeux rouler, tandis qu'un soupire muet m'échappa. Mon mouvement d'exaspération fut soudainement coupé par le ruban adhésif qui s'éloigna de ma bouche avec force, ce qui m'arracha un crie. Lorsque la douleur se dissipa, mon regard noir se reposa sur mon ravisseur.
« -Jamais. Tu m'entends ? Jamais je ne t'aiderai ! » Lui crachai-je à la figure en essayant de me mettre assis. Il ricana.
« -Et c'est là que Bill Cipher entre en jeux.
-Q-que lui as-tu fait ?
-Rien bien sûr, c'est un démon ! Que pourrai-je faire contre ce destructeur de monde ? Non, lui il va juste s'assurer que tu fasses bien ton boulot.
-Impossible, il a déjà fait un contrat avec moi. Ça serait à l'encontre de notre accord.
-Je n'en doute pas un seul instant, mon cher Dipper Pines ! » Gideon se leva et s'approcha de la porte d'entrée.
« -Tu verras bien comment je vais procéder pour arriver à mes fins...~ » Il referma la porte derrière lui et la verrouilla à double tour. J'appelais à l'aide, mais personne ne pourrait m'entendre ici. « Tout ça c'est la faute de Bill, s'il n'était pas parti du Mystery Shack... » J'essaye de me libérer. Avec beaucoup de peine, je réussis à défaire le lien de mes chevilles et me levai. Mes poignées furent détachés grâce à mes dents et un peu de patience. « Quel idiot ce Gideon... » Je m'approchai discrètement de la sortie et essayai de baisser la poignée. « Il l'avait donc bien fermée. » La bouteille d'alcool était toujours présente. Je la pris, vidai le contenu parterre près de la porte, et attendis. Lorsque Gideon revint, le liquide le déstabilisa et je pus sans autre lui frapper l'arrière de la tête avec ma bouteille, ce qui l'envoya KO au sol. Du sang coulait sur mes mains et sur sa tête. « Oh mon Dieu... » Je m'agenouillai près de lui et constatai les dégâts que j'avais causés, puis me ressaisie. « Il s'en remettra sûrement, ce ne sont que quelques égratignures ; la tête saigne facilement pour un rien. » Il n'avait aucune clef sur lui. Je partis donc les mains vides arpenter les couloirs sans fins jusqu'à tomber sur une porte. Je l'ouvris. Derrière, il y avait des escaliers. Je montai à l'étage supérieur et arrivai dans... « Une papèterie ? » Je secouai la tête. Très bien, je savais qu'il y avait une papèterie dans la région de l'Oregon, où se trouvait Gravity Falls ; je pourrai sans autre quitter cet endroit et retrouver mon chemin. « Que vais-je faire de Bill ? » Je franchissais avec méfiance la salle endormie. Les machines étaient éteintes pour la nuit. « Gideon vivait-il réellement là ? »
Je sortis de l'usine et commençai à marcher dans la noirceur. La route n'était pas éclairée, mais d'après l'emplacement de la Lune, je savais quelle direction prendre. Je sortis mon téléphone portable et appelai la police.
« -Allô, ici Dipper Pines de Gravity Falls. J'ai le cambrioleur de la vieille dame de ce soir, il a aussi kidnappé Bi-...-Ben. C'est Gideon. Il est à la papèterie Mfeuill. » Je leur donnai l'adresse qu'affichait le GPS de mon portable et attendis que quelqu'un vienne me chercher.
Mercredi, 3h12, papèterie Mfeuill.
Bien que les agents aient fouillées l'usine de fond en comble, aucune trace de mon démon dans le bâtiment.
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•☆•☆•☆• BONUS BÉTISIER •☆•☆•☆•
(R.V.F!Dipper) -Je vais prendre l'air. J'espère que vous saurez qui vous a cambriolé.
(La vieille) -Je n'espère pas ! Plus long prendra cette affaire, plus longtemps je pourrai observer les beaux hommes en tenu de travail~...
(R.V.F!Dipper) -Vous... mattez les policiers ?
(La vieille) -Faut bien que je m'occupe à mon âge !
(R.V.F!Bill) *entre dans le commisseriat de police* Y'hellowe Pinetree ! Je suis partie acheter du lait dans le marché ouvert 24/24 et je t'ai apperçu par la fenêtre ! Tout va bien :)
Les deux amants qui ne savent pas encore qu'ils sont amants rentrent tranquillement au Mystery Shak et Gideon mourra étouffé à force de faire semblant de s'étouffer.
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Merci infiniment, nous avons dépassés les 1000 vues ! ❤
Autre chose, vu que je suis là à faire une note d'auteur ! Comment allez-vous ? :3 Il est clair que je deviens de plus en plus absente sur Wattpad, mais comme promis, je poste une chapitre par jeudi !
Les corrections de chapitres n'avancent pas, et au final, c'est le dernier de mes soucies (pour dire que tant que ça ne vous rend pas aveugles je ne vais pas m'attarder là-dessus).
Au début, j'ai voulu écrire une histoire sur la relation entre deux personnes. Le Billdip était un bonus !
Dipper joue le rôle d'un garçon qui rst devenu un homme et qui essaye de trouver sa moitié, ayant eu quelques... Rateaux durant sa jeunesse, sans vous en dire plus. De ce fait, il est devenu quelqu'un de prudent qui se cherche encore.
Bill, c'est différent. Il est en train de revivre sa renaissance, c'est pour cette raison qu'il ressemble autant à un enfant.
Hm, je pense que c'est tout ce que je vais vous dire pour aujourd'hui
À la semaine prochaine !
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