11 - Nao
- Les choses vont maintenant se compliquer. Il va falloir se montrer extrêmement prudent.
Je lance un coup d'œil par-dessus mon épaule pour capter le regard d'Azael. Il est hypnotisé par le cercle au creux de son poignet. Je veux bien comprendre son engouement pour ce pouvoir qu'il découvre mais sapristi, c'est pas le moment !
- Azael ! Ah, tu daigne enfin me regarder. Tu fera joujou plus tard, la ce n'est pas le moment ! On va pénétrer dans un territoire humain...
- Eh alors ? À t'entendre on dirait que de simples humains te font peur, pouffe-t-il. C'est pas l'impression que tu donnais la dernière fois.
Je le fusille du regard, mais cela ne fait qu'accentuer son éclat de rire. Un éclair de compréhension passe dans ses yeux et il se stoppe net.
- Attends ... Tu as vraiment peur d'eux ?
Je soupire. Sa question est sincère, je le sens. Cet Azael a bien des défauts, trop mystérieux à mon goût, avec ses histoires de démon, mais il est gentil. Par la suite peut-être pourrait-on être amis ? Il m'a dit qu'il était alchimiste par le passé, toutefois il se pourrait qu'il soit différent.
Mais que dis je ? Non, c'est impossible. Les alchimistes sont tous les mêmes, vils et manipulateurs.
- C'est plus compliqué que ça. Ce n'est pas eux que je redoute mais les alchimistes, je réponds amère. Ils sont nuisibles, pas un pour rattraper l'autre. Ils détruisent tout sur leur passage. Il en va de même pour leur stupide roi. C'est à cause d'eux que l'on doit se terrer dans la forêt, et comme si cela ne suffisait pas, il faut qu'ils liguent les populations contre nous ! Ils leur apprennent à nous haïr.
Je suis à bout de souffle, bouillonnante de colère. J'ai débité ma tyrade sans m'en rende compte.
- Oh !
- Arrête de me regarder comme ça, sinon je te laisse ici.
Je prends une grande inspiration, histoire de reprendre mon calme.
Il faudrait vraiment que j'arrête de le menacer à tout va. Même s'il faut avouer que cette méthode s'avère plutôt efficace.
- On va traverser le fleuve. Ensuite, on arrivera au quartier pauvre de la ville. Puis, on traversera les quartiers moyens et enfin on arrivera à la capitale.
- Nao ?
- Oui ?
- La nuit dernière, tu parlais de mon apparence. On y a remédié, mais il faut aussi faire quelque chose pour toi.
- Comment ça ? J'ai des cheveux blonds et les yeux verts. Ça fait pas humain ?!
- Nope, pas exactement... rétorque Azael en secouant sa tête de gauche à droite. Peut-être que de base ce sont des couleur "normales" mais sur toi c'est bien trop saturé. Je suis sérieux ! Ça sert à rien de me regarder comme ça. Je ne sais pas d'où tu tiens des cheveux comme ça mais tes yeux quand je les vu j'ai tout de suite compris.
- Ok alors fait moi ce que tu t'es fait. Change leur couleur.
Je retire ma dague de ma botte et lui tends. Il a récupère avec hésitation en alternant son regard entre mes yeux et la dague. Un air inquiet affiché sur son visage.
- Je sais pas si je saurais le reproduire, en plus on ne sais pas combien de temps ça va tenir.
- Qui ne tente rien n'a rien. En plus, toi aussi tu veux aller à Babel, pas vrai ?
- Tu me fais confiance ?
- La question ne se pose pas, bien sur que non. Ça ne fait même pas une lune que l'on se connaît, faut être idiot pour faire confiance à des inconnus aussi rapidement !
- Pourquoi me demandes-tu ça alors ?
- Pas le choix. Vas-y, arrête de traîner.
Son regard change. Il se concentre, prend un bâton et dessine un "cercle chthonien" sur le sol, d'environ un mètre de diamètre.
Il est complexe. Des triangles, des cercles, s'entremêlent jusqu'à former une étoile, à l'intérieur d'un grand cercle circonscrit. Son tracé est un peu tremblant, toutefois il faut saluer sa complexité.
- Maintenant, place toi au milieu.
Je m'exécute. Il prend ma dague et se réouvre le bout du pouce pour verser quelques gouttes de sang à l'intérieur du cercle.
- Bélial.
Je ferme les yeux. J'essaie de ressentir la transformation qui opère. Cependant, je ne sens rien. Absolument rien.
- Voilà, c'est bon. dit il en relâchant sa concentration. On peut y aller maintenant.
Il me rend ma dague et se précipite vers le bord de la rivière.
A travers l'éclat de mon arme, je le vois, mes cheveux et mes yeux ont changé de couleur.
Je me rends aux côtés d'Azael pour mieux observer ce changement dans le reflet de la rivière. Oui, je ne rêve pas, mes yeux sont devenus marron et mes cheveux sont maintenant aussi noirs que ceux du jeune homme à mes côtés. Quel garçon étrange...
- Bon, il va falloir traverser, annonçais-je.
- Comment ?
- Grace a mes pouvoirs. Je vais maintenir la rivière autour de nous, créant ainsi une brèche. Tu devras rester près de moi. Je ne pourrais ni créer un espace trop grand, ni contenir l'eau très longtemps. Il faudra se dépêcher. Ok ?
- Ok !
Je me place face à la rivière et l'observe. Elle n'est pas mon ennemi. Toutefois, elle est bien plus forte que moi. Je tends mes bras devant moi, Azael vient à mes côté. Tout est prêt. Je prend une grande inspiration. C'est parti.
- ganea
Même avec ce simple murmure, ma volonté opère sur cette puissante étendue d'eau. Elle est grande, une dizaines de mètres je dirais.
J'avance, petit à petit. Il me faut m'habituer à la force du courant qui menace de me faire céder à tout instant. Azael toujours à mes côtés, j'avance de plus en plus vite. Ma respiration est saccadée. Ma gorge s'assèche et mes membres deviennent lourds. Je me précipite en avant, sans prendre le temps de vérifier si mon compagnon de route me suis encore.
J'arrive à l'autre bout de la rivière, exténuée. Je peine à rester debout. Je relâche la pression de l'eau. Mais je ne le vois pas. Azael, il n'est pas là.
- Azael ! Où est tu ?
Je regarde la rivière, paniquée. Il n'y est pas.
- Nao, me chuchote une voix au creux de l'oreille.
-Aïe ! Pourquoi tu m'as frappé ?
-J'étais là depuis le début, c'est pas ma faute si tu es aveugle.
Dit il avec ses grosses lunettes sur le nez.
- C'est méchant.
J'hausse les épaules. Peut m'importe ce qu'il pense, tant que moi, je sais ce que je vaux.
- Allons-y. D'après mes souvenirs, il faut aller par là, dis-je en montrant la direction de mon doigt.
D'un pas rapide, nous avançons dans la direction que j'ai indiqué. Mais la fatigue dûe à l'utilisation de la magie s'accentue. Elle se cumule à celle dûe au longues heures de marches.
Nous continuons à marcher longuement, jusqu'à entrer dans l'enceinte de la ville et tomber nez à nez avec des alchimistes d'état.
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