Le Méchant


Eh oui le moment est venu de vous donner enfin la première nouvelle. Alors oui c'est stéréotypés à mort mais c'est fait exprès. Néanmoins allez-y dites moi tout ce qui ne va pas.


Alors ça y est ? Le moment est venu ! Je fixe mes serviteurs qui gardent profil bas, attendant mes ordres. Ils ne comprennent pas. Comment le pourrait-il ?

- Ce n'est qu'un paysan sire, déclara Nash un de mes serviteurs petit et gras comme un porc, on s'en débarrassera facilement.

J'en doute. Et pas seulement parce que tous mes serviteurs sont stupides et incompétents mais parce que je sais que c'est lui, celui dont tous les livres et les légendes parlent. Le héros. Celui qui va défendre le peuple, changer le monde, et faire encore des tas d'autres âneries dégoulinantes de bons sentiments. Et parmi toutes celle-là, il y a : vaincre le méchant. Or le méchant ça ne peut qu'être moi. En tout cas d'après toutes les histoires que j'ai lues. Et je ne connais aucun autre roi, vêtu de noir, pas franchement sympathique, pas franchement beau, entourés de serviteurs tous plus stupides les uns que les autres mais qui font quand même peur à tout le monde, à part moi bien sûr. Et j'ai tout sauf envie de mourir.

Je fais les cents pas. Il doit bien y avoir une solution. Une solution pour qu'une fois le méchant gagne à la fin.

- Ramenez-moi un érudit ! L'homme le plus érudit de mon royaume !

- Et pour le paysan ? fit Nash

Il croit que quoi ? Je vais lui expliquer mes plans et puis quoi encore !

- Mon érudit ! ordonnais-je en haussant la voix.

Ils déguerpirent tous, totalement apeuré. C'est normal, je suis le méchant.





- Non, Majesté, aucune légende, aucune histoire ne se finit par la victoire du méchant, m'appris le vieillard.

- C'est impossible ! Il doit bien y avoir une exception !

- Si vous me laissez un peu de temps pour chercher Majesté, peut-être pourrais-je au moins en trouver une où il ne meure pas...

Du temps ! Je n'ai pas de temps. Ce paysan sème l'espoir parmi mon peuple, l'idée de désobéissance commence à naître dans leur esprit et mes serviteurs se font tuer les uns derrière les autres. De plus il commençait à chercher la poussière de fée, qui sait ce qu'il ferait avec un truc aussi plein de bonté ? Et si c'était juste pour une histoire où le méchant serait banni, ou mutilé à quoi bon ?

- Enlevez-moi cet incapable ! hurlais-je.

- On le met où ? demanda un de mes serviteurs, un grand dadais long et maigre aux longs cheveux blonds touffus comme un nid tombant sur son visage.

- Au cachot ! Qu'on le fasse exécuter !

Il se débattit, mes serviteurs en essayant de le capturer réussirent à se donner mille coups d'épées et briser mes bibelots, alors qu'ils affrontaient un vieil homme, noueux comme un bout de bois. Mais ils finirent par l'avoir et déguerpir devant mon visage excédé. Un jour il faudra que je me trouve des soldats qui ne me couvriront pas de ridicule. Mais pour ça il faut continuer à vivre. Et il n'y a qu'une seule solution.

- Ramenez-moi une jeune fille des cuisines ! ordonnais-je aux quelques incompétents restant.

Dans les livres, les serviteurs sont toujours des gens bons. Les filles surtout.

Celle qu'ils me ramenèrent était plutôt repoussante avec ses cheveux d'une propreté douteuse, ses dents gâtées, et ses guenilles.

- Que puis-je faire pour Sa Majesté ? commença-t-elle.

- Pour commencer prendre un bain ! Et te trouver des vêtements à peu près passables.

Elle pinça les lèvres vexées. Mes gardes n'avaient pas bougé.

- Vous êtes sourd ? Lavez-la, qu'elle ressemble à quelque chose et donnez-lui une robe qui ressemble à une robe !

Ils échangèrent un regard hésitant.

- Allez ! Ouste !

Une heure plus tard ils me ramenèrent une fille qui ressemblait enfin à quelque chose d'à peu près regardable sans grimacer.

- Bon toi, maintenant que tu ressembles à quelque chose tu vas m'aider !

- Je suis aux ordres de mon seigneur, dit-elle en s'inclinant un sourire aux lèvres.

- Déjà évite de sourire, tes dents sont affreuses. Et ensuite tu vas m'apprendre à être gentil.

- Pardon ?

- Eh bien si je suis gentil, ce paysan ne va pas me tuer puisque ça ferait de lui un méchant. Je garderais même mon trône et peut-être que je gagnerais des serviteurs qui ne se coupent pas un bras en sortant l'épée du fourreau.

Elle me fixa bouche bée.

- Ferme la bouche je t'ai déjà dit et dit moi ce que je dois faire !

- Je ne sais pas.

- Dans les livres ils disent que les gentils sont gentils. Sauf que je ne sais pas comment être gentil, personne ne m'a jamais appris ça. Si tu m'expliquais.

- Vous pourriez faire plaisir au peuple.

Je retins les commentaires acerbes qui me venait sur la place du peuple et fit semblant de m'intéresser à ses propos. Il en allait de ma survie.

- Comment ?

- Je ne sais pas moi, supprimer les impôts !

- Quoi ! Et sans les impôts je fais comment pour payer mes serviteurs, mon armée, ma nourriture et mes bals ?

- Bon d'accord, alors les baisser au moins.

La drôlesse dû comprendre à mon regard que ce n'était pas envisageable puisqu'elle continua :

- Si vous commenciez par arrêter avec ce regard flippant. Et parler gentiment avec les autres.

- Comment on fait ce genre de chose ?

- Hum... Eh bien plus de mépris, plus d'insulte et appelé les gens par leur prénom, ça fait plus plaisir que toi et ne criez pas, plus jamais.

Comment faisais les gentils pour se faire obéir ou pour évacuer toutes cette tension sans crier ? Je ne les comprendrais jamais.

- Très bien. Je devrais pouvoir le faire.

- Et souriez.

Je me forçais à sourire, forçant les commissures de mes lèvres à monter.

- Non là c'est juste totalement flippant. Un petit moins ce serait bien.

Je retentais et elle soupira :

- Je suppose que c'est mieux que rien. Peut-être que vous pourriez libérer vos prisonniers.

- Quoi !

- Pas de cris.

Je me repris, souriant je dis d'un ton très doux :

- Je ne peux pas, ce serait trop risqué, tout le monde désobéirait sans sanctions.

- Assouplissez un peu vos lois alors, il y en a qui sont un peu sévère.

J'eus envie de la tuer, la réduire en cendre. Pour qui se prenait-elle à discuter ma politique ? Mais je me remémorai que j'étais gentil, alors je souris et continua doucement tout en serrant fort mes points.

- Mes lois sont là pour garantir la sécurité du pays, aucune n'est à supprimer.

- Il doit bien y avoir des prisonniers enfermés injustement dans vos cachots.

- CA SUFFIT OUI ! CE N'EST PAS UNE SERVANTE QUI VA ME DIRE COMMENT DIRIGER MON ROYAUME !

Je baissais la tête, honteux.

- Ce que je voulais dire c'est que tu, ...

- Roen. Je m'appelle Roen. Et vous devriez vous excuser votre Altesse quand vous vous énervez.

M'excuser ? Je suis le roi ! Je ne vais pas m'excuser.

- Donc vous Raen,

Je n'allais pas m'abaisser à dire correctement son nom à celle-ci, j'ai un honneur tout de même.

- Vous ne connaissez rien à la politique et vos conseils sont difficiles à mettre en place.

- Très bien. Il va y avoir du boulot donc !

Et ce n'était pas peu dire.

Avec son aide, je troquais mes vêtements noirs pour des couleurs qui me donnèrent une drôle d'allure, je tentais la gentillesse auprès de mes serviteurs et de mon entourage en bouillant intérieurement, surtout que me voyant devenir gentil les miens ne m'obéissaient plus aussi efficacement qu'avant, et ce n'était déjà pas vraiment le cas à l'origine en plus.

Jusqu'à ce que le roi voisin se moque de moi en plein repas. Il me dit que j'étais un faible, que mon père lui était redoutable, qu'il aurait eu honte de moi. Il avait raison. Dans ma famille on était méchant depuis des siècles, ce n'étais pas à moi d'avoir pour ce paysan, il allait apprendre la peur lui.

Je tapais du point sur la table.

- Ça suffit ! hurlais-je.

Il se croyait plus fort sans doute. Et certes il n'avait pas une équipe de bras cassés comme la mienne, mais j'étais le roi le plus puissant et le plus terrifiant des territoires connu. Roen me lançait des regards suppliant, mais ce jeu avait assez duré.

D'un coup d'épée je tuais l'autre roi. Il m'avait peut-être ouvert les yeux mais cela lui apprendra à se moquer de moi.

- Majesté, fit Roen vous devez être...

- Garde ! Capturez cette gueuse et jetais-la au cachot. Elle sera exécutée demain à l'aube. Et qu'on me ramène mes vêtements noirs ! Il y a trop de couleurs ici !


J'étais de retour à la case départ, mes serviteurs me fixaient craintivement et je faisais les cents pas en donnant des coups dans tous ce qui passaient à ma portée, tant pis si je détruisais ce magnifique tapis, que ma mère avait mis tant de temps à obtenir elle n'était plus là pour voir ça. Mes hommes s'éloignaient de moi quand je m'approchais d'eux craintivement. Si j'égorgeais sans le faire exprès un de mes incapables pour le peu qu'ils me servaient ça m'amuserait au moins, alors je continuai de fouetter l'air de mon épée.

- Il me faut de la poussière de fée ! exigeais-je.

- Mais majesté, fis Nash, il n'en reste plus qu'un flacon au cœur des marais sauvages....

- N'ai-je pas donné un ordre ? Alors allez-y tous ! Je ne veux plus un garde dans ce château ! Vous irez tous me chercher cette poussière de fée !

- Mais le paysan...

- Tuez-le, tuez tous ces alliés, brûlez les villages sur votre passage, faite tout ce qu'il faut pour qu'il n'ait jamais cette poussière de fée ! Et en récompense vous pourrez piller tous les villages que vous croisez au retour ! Allez !

Et de ma fenêtre je vis mon armée et tous mes gardes prendre la direction des marais avec un cœur plein de fierté. Que c'était beau une armée en marche, une armée prête à conquérir et écraser. Une armée prête à tuer. De plus, loin de ce paysan je ne risquais rien après tout. Il ne pouvait rien me faire à distance. Et une fois sur le chemin de mon armée il mourrait. Bientôt ce ne serait plus un problème. Et bientôt je pourrais reprendre ma vie de méchant. J'éclatais d'un rire maléfique. Eh oui j'étais le méchant après tout, autant me comporter comme tel !



- Voilà Majesté ! fit Nash en me tendant un flacon.

Je le pris délicatement, dedans de la poussière brillante tournait sur elle-même. C'était magnifique. Presque autant que mon armée, couverte de pierreries qu'ils avaient trouvées dans leurs pillages.

- Parfait ! Et le paysan ?

- Mort bien sûr. Nous étions trop nombreux pour lui.

Je m'esclaffais. J'avais gagné. Je congédiai mon armée pour admirer au calme le flacon.

Le sol trembla peu de temps après ça, des cris se firent entendre. Mais cela n'avait pas d'importance. Je pensais à tout ce que j'allais pouvoir faire maintenant. Je jouai avec le flacon qui tomba alors et se brisa à mes pieds. La poussière, de couleur doré monta vers moi. Fasciné je la fixai qui s'élevait, me demandant quel était ses effets. Elle m'entoura et je sentis quelque chose d'étrange, une force en moi qui m'emportait.

Ce fut fini très vite, je fixais mes mains, incrédule. Je ressentais des émotions étranges : du regret, de la peine même pour tout ce que j'avais fait, pour ces vies que j'avais détruites. Et quelque chose de plus inhabituel encore, l'envie d'aider les autres.

- Gardes ! appelais-je.

J'eus un mouvement de stupeur, ma voix s'était faite aimable. Et je ne m'emportais pas sur leur lenteur. Non je pensais à tout ce que je devais faire. Il fallait reconstruire les villages que j'avais détruits, rendre les richesses que j'avais volées. Mais personne ne vint. Par contre j'entendais toujours les hurlements, le sol qui tremblait, piétiné par des milliers de pas. Mes hommes devaient faire la fête. Cela me fit de la peine de devoir les interrompre, mais il le fallait, pour le bien de mon peuple. Je sortis, me dirigeant vers l'origine de tout ça, traversant les couloirs déserts, jusqu'à une scène de chaos.

Des hommes du peuple, trop nombreux, attaquaient mes gardes. Je ne pouvais même pas leur en vouloir après tout ce qu'on avait fait.

- C'est lui ! C'est le tyran ! C'est lui qu'on doit punir ! hurla une voix en me pointant du doigt.

Un homme alors sortit de la foule et avant que je puisse dire un mot, que je puisse m'excuser son épée s'enfonça dans mon ventre. La douleur était terrible. Ma tête tournait, je haletais.

- Vous croyez vous être débarrassé de moi Majesté, mais vous oubliez qu'un héros ne peut jamais vraiment mourir. Il ressuscite toujours.

C'était lui, je le sentais au fond de moi, ce paysan que l'ancien moi avait tant voulut combattre. Mais je ne pouvais pas mourir. J'étais devenu bon. Les gentils ne meurent pas, seuls les méchants mourraient.

Et pourtant quand il brandit son épée, ce fut fini pour moi.

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