Bonus

Alors voilà on m'a demandé une suite au texte la rivale, ce n'était pas prévu, mais je l'ai écrite quand même telle que je l'avais imaginer. Voici le résultat :



Kenzo descendit du carrosse et monta les marches jusqu'au palais. La soirée touchait à sa fin. Au moins il n'avait pas raté le dîner en vain. Devant les portes il attendit un instant, se laissant aller à l'abattement juste un moment alors qu'il allait devoir prétendre toute la soirée que tout allait bien, qu'il nageait dans le bonheur lui qui allait se marier avec une fille adorable, était aimé de son peuple et n'avait pas de quoi se préoccuper du lendemain, alors que non tout n'allait pas bien, la femme qu'il aimait était parti avec un autre emportant son cœur par la même occasion. Le prince se composa un visage joyeux et pénétra dans son palais.

Il ne fit pas attention aux pièces autour de lui, il était né ici, avait grandi ici, il connaissait ce château sur le bout des doigts. Avançant d'un pas assuré, il rejoignit l'un des salons, celui qu'on utilisait le plus souvent, certain d'y trouver celle qu'il cherchait. Effectivement Nissia, sa sœur, prenait le thé avec Janie. Il n'était pas surpris de trouver cette dernière, qui venait de plus en plus souvent officiellement pour préparer leur mariage qui aurait lieu ici bien qu'en réalité elle soit juste là pour l'aider et le soutenir, et en était presque content. Elle savait toujours se montrer rassurante et douce.

- Kenzo, très cher, je suis si contente de vous voir enfin ! déclara-t-elle.

- Et moi donc ma douce ! J'aurais mieux fait de ne pas partir aujourd'hui.

Il s'assit entre les deux femmes, on lui servit un thé et Janie demanda :

- Nissia m'a dit que vous aviez des affaires au port. Tout c'est bien passé ?

- Je crains que non ! soupira-t-il en s'enfonçant dans le divan.

Janie posa sa main sur la sienne en guise de consolation, il la remercia avec gratitude.

- En tout cas heureusement que tu n'étais pas là ! commenta Nissia. On a enfin choisit une robe pour Janie, elle sera magnifique !

Son amie eut un sourire plein de tendresse pour lui. Elle semblait gênée comme toujours. Il lui sourit avec toute l'affection qu'il put mettre sur son visage. Elle ne devait pas. C'est elle qu'il épouserait au final et elle le méritait plus que quiconque.



Janie de Silura. Ce nom hantait les nuits effrayantes de Loreina pleine de cauchemars et de frayeurs mais aussi ses longues, trop longues journées monotones. Elle n'avait plus qu'une envie se venger. Revenir. Briser son mariage avec Kenzo. Devenir reine de Fleudres à sa place. Et la faire mourir dans d'atroces souffrances.

Elle avait le temps d'y penser seule sur cette île où son unique autre préoccupation était de trouver de quoi se nourrir. Evidemment Loreina se débrouillait plutôt pas mal, comme toutes héroïne qui se respecte, elle avait su chasser instinctivement, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'aimait pas les animaux, construire une cabane de ses mains qui n'avaient jamais rien fait de leurs vies avait été un jeu d'enfant, faire un feu également et comble du bonheur malgré le manque d'hygiène sur son île elle n'avait pas une apparence si repoussante, parce qu'une princesse laide ça n'existe pas. Même le matin au réveil elles sont toujours impeccables.

Loreina pensait donc à Janie, à la revanche qu'elle prendrait sur cette garce qui lui avait tout pris en faisant cuir de la viande quand elle vit à l'horizon la chose qu'elle espérait le plus. Un bateau !

Elle cria, bondit, agita les bras comme une folle pour qu'on la repère. Et cela fonctionna. Le bateau s'arrêta, peu de temps après une barque s'approcha d'elle, de l'île. Elle en pleura de joie. Enfin ! Elle allait rentrer.

Un groupe d'homme à la peau brune s'approcha. Parmi eux, un qui semblait être leur chef, était habillé avec raffinement.

- Mademoiselle, je suis Zangrain, comte de Poris !

- Et moi Loreina de Klarin. Pitié ramenez-moi chez moi !

- Bien sûr. On a quelques affaires à régler à l'est et vous rentrerez avec nous d'accord ? De là je vous donnerez de quoi rentrer chez vous.

Elle le remercia à genou, pleura de joie mais le comte la releva, lui affirmant que c'était tout naturel.



- Je veux rentrer ! déclara Janie aux gardes.

Ces derniers, qui avait autant peur d'elle que le reste du château obéirent et lui ouvrirent la porte.

Kenzo, sa chemise entrouverte, était allongé sur son lit, contemplant le plafond, avec un visage affichant l'affliction qu'il ressentait.

Il se redressa en sentant sa présence, elle s'assit à côté de lui en lui offrant son sourire le plus doux.

- Alors ? interrogea-t-elle.

- Elle a bien pris le bateau avec un homme. Il y a des témoins qui me l'ont confirmé.

Il se frotta les yeux avec accablement.

- Je suis navrée, mentit Janie.

Se tournant vers elle, il prit ses mains dans les siennes et lui déclara :

- Moi aussi Janie. Mais il faut que je l'accepte. Vous avez été d'un grand soutien et une excellente amie pour moi, de plus ma famille vous adore. Alors j'aimerais vraiment vous épouser. Vous ferez une excellente reine. Je ne peux certes pas vous promettre l'amour, mais qui sait peut-être viendra-t-il ou au moins nous nous entendons bien et nous apprécions, ce qui est déjà fabuleux.

- Je vous épouserais Kenzo, bien sûr !

Il la serra contre lui, elle eut un sourire mauvais. Elle avait gagné.

- Janie je ne veux plus que vous partiez, murmura-t-il.

Oh oui ! Elle était vraiment la vainqueur.

Et elle ne quitta plus son château, ne le quitta plus lui. Elle prit soin de lui pendant les semaines qui suivirent. Il tenta de faire de son mieux de son côté, de s'intéresser aux préparatifs du mariage, de passer du temps avec les siens, mais le souvenir de Loreina, de cette unique soirée passé ensemble et pourtant si douce le hantait. Alors le soir venu, quand personne ne le voyait, il se laissait aller au désespoir et Janie était là. Sa peine commença à disparaître doucement grâce à elle, s'atténuant.

Un soir, il avait bu un peu, pleuré aussi et Janie avait été d'une grande douceur, caressant ses cheveux, apaisant ainsi cette douleur en lui. Il se sentait presque serein.

Il la regarda alors, celle qui allait devenir sa femme, qui était d'une si grande bonté. Et pris d'une impulsion il l'embrassa. Elle ne le repoussa pas, se laissant faire au contraire. C'était agréable pour l'un comme pour l'autre. Alors ils prolongèrent le moment, l'accompagnant de caresses qui se firent de plus en plus frénétique, comme si ils en avaient besoin tous les deux ce soir-là, et peut-être bien était-ce le cas. Leurs corps se rapprochaient encore et encore pour finir par se fondre l'un dans l'autre dans une danse enragé.

Kenzo ignorait cependant que ce soir-là Loreina accostait. Les dernières semaines lui avait paru si agréables, Zangrain s'occupant d'elle comme de la princesse qu'elle était, la protégeant du désir de ses hommes, des dangers qu'ils affrontaient en mers et sur les différentes îles. Il l'emmenait partout où il décidait de toucher bord, pour qu'elle découvre les différentes merveilles de ces contrés éloignés. Quant au moment sur le bateau, il lui avait cédé sa cabine, qu'il gardait férocement, s'assurait sans cesse que tout allait bien pour elle et surtout il la faisait rire. Elle ne s'était jamais sentie aussi bien et regretta presque de toucher terre. Mais c'était sans compter sur sa haine de Janie.

Zangrain l'avait amené à sa demeure, pour qu'elle puisse au moins bénéficier d'une nuit de sommeil et d'un brin de toilette avant de retrouver les siens. Il lui fit couler un bain, prépara une robe qui avait appartenue jadis à sa mère, lui offrit un repas digne des meilleurs banquets et lui prépara une chambre coquette et confortable.

Quand il l'y accompagna, s'assurant que cela lui plaisait il lui expliqua :

- Je sais que vous voulez repartir Loreina. Mais j'aimerais que vous restiez.

- Je veux bien rester quelques jours Zangrain, votre demeure et votre compagnie me sont très agréable. Mais j'ai les miens.

- Je sais. Je ne vous demande pas de les ignorer. Je veux que vous deveniez ma femme. Nous irions ensemble leur rendre visite.

Elle l'observa hésitante. Il était charmant et d'une telle gentillesse. Mais il n'était qu'un comte. Kenzo était un prince, son prince. Et puis c'était la seule façon de se venger de Janie.

- Je regrette.



Plus que quelques minutes. Dans quelques minutes il épouserait Janie, les invités étaient tous installés derrière cette porte et lui regrettait déjà. Ce n'était plus Loreina qui le tourmentait. Son souvenir, bien que toujours doux et douloureux à la fois, s'atténuait. Mais depuis qu'il ne courrait plus derrière elle, depuis qu'il ne vivait plus dans le brouillard que sa peine avait créé, il avait pu voir Janie tel qu'elle était réellement, une fille maléfique, odieuse et sans aucune morale. Il n'avait pas peur, pas comme tous les domestiques, ses crises de hurlements, ses colères pour des broutilles qu'elle réglait de façon démesurée le révoltait plutôt. Mais il ne pouvait rien faire pour le moment.

Le problème c'est qu'avoir découvert cet aspect de Janie l'empêchait d'avoir la moindre discussion avec elle. Il n'y arrivait plus et cela le rendait triste. Elle avait été une amie et il voulait retrouver cela. Certes il voyait les côtés sombres de celle qui serait son épouse, mais les bons côtés qu'il avait d'abord perçus ils étaient là aussi. Et il espérait bien les faire ressortir. Il le fallait pour son royaume de toute façon.

Les portes s'ouvrirent, il prit une grande inspiration et s'avança le long de l'allé nerveusement, jusqu'au prêtre. Sa famille vêtue avec faste lui sourit et il leur répondit malgré son inquiétude. Enfin Janie débarqua, magnifique dans une robe des plus magnifiques, le visage sous un voile. Est-ce qu'elle était nerveuse elle aussi ou jubilait-elle d'être là ?

Arrivé à sa hauteur il lui offrit un sourire, le même que la première fois qu'ils s'étaient rencontré et se saisit de ses mains avec douceur en tremblant. Le prêtre commença sa litanie quand les portes s'ouvrirent.

- Attendez !

Ils se retournèrent tous. Kenzo découvrit alors Loreina en compagnie d'un homme.



Evidemment Kenzo, suivi par Janie, les avaient amené à un salon où ils s'assirent tous les quatre. Loreina accusa Janie, cette dernière l'accusa de mentir, de s'être enfuit avec un homme et tous l'avait vus, mais le prince sentait qu'elle mentait que Loreina disait vrai. Il avait vu à quel point Janie pouvait être cruelle ces derniers temps.

- J'aimerais parler seul à seul avec Loreina ! finit-il par dire.

- Chéri enfin ! Tu sais que je dis la vérité ! Et ta mère et tes gardes tous ont confirmés cette histoire et les témoins au port, dit sa fiancé d'une voix mielleuse.

- Je sais Janie. J'ai besoin de lui parler, rassura-t-il.

Il savait que manipuler tous ces gens pour qu'ils lui disent cela n'avait pas dû lui être compliqué. L'homme et Janie quittèrent la pièce et il observa cette fille qu'il avait aimé. L'aimait-il encore ? Son cœur n'avait-il pas raté un battement en l'entendant, n'avait-il pas eu un sentiment de joie en la voyant ?

- Qui est cet homme avec toi ? fut pourtant tout ce qu'il put dire

- Le duc de Poris. Il m'a sauvé.

- Il a l'air de t'apprécier, remarqua-t-il avec une apparente froideur.

- Oui. Il veut que je l'épouse. Mais il sait que je ne veux que toi.

- Tu devrais accepter ! déclara-t-il en se levant. Il a l'air d'être quelqu'un de bien.

Elle se leva elle aussi, lui faisant face, le suppliant du regard.

- Mais enfin Janie a mentit ! Je te jure ! Si tu savais tout ce qu'elle m'a fait subir ! sanglota-t-elle.

- Je sais Loreina.

- Alors pourquoi épouses-tu ce monstre ? s'écria-t-elle.

- On ne peut pas dire que tu sois un ange non plus n'est-ce pas ? s'irrita-t-il avant de reprendre un ton posé. Je t'ai cherché Loreina, cherchant tout ce que je pouvais pour confirmer que cette histoire ne pouvait pas être vraie. Et j'ai appris que tu n'étais pas aussi gentille que je l'espérais, que ta bonté n'est qu'une façade.

- Mais Janie est encore pire ! Jamais je ne serais allé aussi loin ! protesta-t-elle.

- Je sais. Mais je n'ai pas le choix. Janie sera ma femme.

- Dit que tu veux m'épouser ! Partons ensemble !

- Je suis désolé Loreina.

- Est-ce que tu me punis ?

- Non ! assure-t-il avec douceur.

- Mais tu préfères l'épouser elle ?

- Je n'ai pas le choix Loreina. Je lui aie prit sa vertu. Mon devoir veut que je l'épouse.

- Dit qu'elle t'a ensorcelé ! Fait-la exécuter ! Personne ne redira rien.

Il l'observa avec dégoût. Comment pouvait-il l'aimer ?

- Elle ne le mérite pas et j'étais parfaitement consentant. Ce serait injuste.

- Ce n'était pas injuste ce qu'elle m'a fait peut-être !

- Bien sûr que si ! Mais quand tu es quelqu'un de bien, tu ne t'abaisses pas à faire le mal.

- Alors tu vas sans doute condamner ton royaume !

- Non Loreina. Tout le monde a du bon en lui et Janie en a beaucoup. Je vais faire ce qu'il faut pour qu'il prenne le dessus.

Elle le dévisagea abasourdie.

- Est-ce que tu m'as seulement aimé ?

- Je ne pense pas Loreina. Je ne t'ai connu qu'une nuit, ce n'est pas assez pour créer quelque chose de réel. Ce que nous avons vécu n'était qu'une passion brulante et dévorante mais pas de l'amour.

Sans doute s'apprêtait-elle à protester, à jurer que pour elle c'était différent mais il était temps de mettre fin à cette discussion :

- Maintenant va ! Et sois heureuse ! Mon mariage m'attend.

Sans se retourner il quitta la pièce, Janie attendait les bras croisés, il la prit par le bras :

- Allons-nous marier !

- Alors tu me crois ! jubila-t-elle en avançant vers la salle de réception.

- Non. Je sais que tu l'as fait. Mais je n'ai pas le choix.

Ils continuèrent en silence. Juste avant d'entrer à nouveau dans la salle il la retint. Elle lui glissa un regard agacé :

- On y va oui ou non ?

- Janie je vais t'épouser. D'ici quelques minutes je serais ton époux et j'aurais tous les droits sur toi. Je ne voudrais pas user de ce pouvoir sur toi alors écoute-moi ! A partir de maintenant je ne veux plus jamais t'entendre menacer qui que ce soit, et si jamais on s'en prend à toi d'une quelconque manière que ce soit tu viens me le dire immédiatement et on discutera ensemble de comment régler cette histoire ! Tu n'utiliseras plus ta magie pour faire le mal ! Et si un jour on a des enfants ma sœur et ma mère se chargeront de leur éducation. Toi tu ne leur donneras que de l'affection ! Et si tu contreviens à un seul de ces ordres je serais obligé de t'enfermer pour que tu ne sois plus une menace pour qui que ce soit. Et inutile d'essayer de me tuer, si c'est le cas j'ai expressément donné l'ordre que tu sois écarté du pouvoir et ramener chez tes parents. C'est clair ?

Elle acquiesça le visage pâle.

- Alors allons nous marier !

Et bras dessus-bras dessous ils passèrent les portes pour enfin devenir mari et femme.

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