Chapitre 4 : Le mariage

Rashta voyait bien sa place se faire voler et cela lui brisait totalement le coeur. Elle était née pour être reine et haut-placée, elle ne pouvait pas finir sans rien ! Le cousin de Valentin qu'elle n'avait vu qu'une fois il y a très longtemps se détacha de son celui-ci pour aller la voir. Ils se saluèrent et discutèrent assez rapidement -des présentations banales-. La princesse prétexta ensuite un mal de tête pour partir, loin des nobles et de son ancien fiancé. Jamais elle n'avait été si malheureuse.

Le reste de la soirée se déroula sans accroche. Au milieu de celle-ci, Paul était parti voir Rashta afin de savoir comment elle se sentait. Rashta ne comprenait pas comment il pouvait s'intéresser à elle alors qu'il devait sûrement être du côté de Valentin, mais elle sut apprécier le geste malgré cela. Paul, lui, la trouvait bien mystérieuse malgré tout et ne retrouvait pas la personne superficielle qu'on lui avait conté : il y voyait une personne brisée. Puis le roi finit par évoquer la question du mariage. Il manquait Rashta et Paul, mais tant pis, ils seraient mis au courant plus tard.

- Mes chers sujets, chers nobles, merci d'être à mes côtés ce soir. Mon fils, Valentin, est enfin revenu de son voyage hors du palais. Je vous ai tous réuni ce soir afin de parler du mariage de mon fils, repoussé depuis bien trop longtemps. Aux vues des circonstances, je crains n'avoir aucun contrôle sur la situation, ni le choix donc je laisserai mon fils parler à ce sujet.

Valentin était satisfait de cette issue. Il prit la main d'Anaïs et se leva.

- Aujourd'hui, pour le bien du peuple, et pour unir des populations, j'ai décidé de me marier avec l'une des héritières sorcière, Anaïs.

Anaïs restait en retrait, silencieuse, impressionnée. Elle regardait les gens qui les entouraient, le rouge aux joues, et son regard percuta celui de Paul qui lui souriait, amusé par la situation. Depuis quand était-il là ? Lui et Rashta avaient disparu et ils venaient d'apparaître côtes à côtes. Elle sentit Elisabeth la pousser à se lever. Ce fut finalement Valentin qui lui prit la main pour la lever, et pour l'installer à ses côtés. Elle serait bientôt sa femme ! Rashta regardait ailleurs. Elle ne s'y faisait pas, pour l'instant. Elle fixa alors son regard sur Valentin et serra doucement sa main. Le jeune prince expliquait donc à tout le monde que c'était un accord bénéfique. Certains semblaient convaincus, d'autres non. Rashta se sentait à deux doigts de craquer mais pas question de pleurer en public, sauf qu'elle ne pouvait pas partir ! Elle sentit quelqu'un lui prendre la main. Elle se tourna rapidement vers le propriétaire de la main, qui n'était autre que Paul, celui qui l'avait suivi il y avait à peine quelques minutes. Cela eut le don de la calmer. Elle serra doucement sa main pour canaliser le reste de ses émotions, tandis que le jeune homme avait les yeux rivés sur son cousin. Il pensait ce qui pouvait aussi arranger les tensions entre les nobles mais il attendait d'être seul avec son cousin. Rashta croisa le regard d'Anaïs et se colla à Paul en attendant la fin du discours de son ex-époux.

Finalement, après une bonne heure de festivités suite à l'annonce des nouvelles fiançailles de Valentin, Rashta remonta dans sa chambre, de même pour Anaïs. Elles se croisèrent, et Anaïs tenta une approche en la saluant. La princesse lui répondit poliment, puis s'en alla. Anaïs était perplexe face à cette politesse naissante. Peut-être l'avait-elle pardonnée d'avoir gâché son mariage ? Elle ne se posa pas plus de question, et conclut qu'il fallait mieux en profiter. Rashta, quant à elle, essayait juste d'éviter le couple pour ne pas se sentir encore plus humiliée qu'elle l'était déjà. Elle ne pouvait plus rien faire pour récupérer Valentin malheureusement. Elle s'enferma dans ses appartements.

Valentin, ne voyant plus Anaïs dans la grande salle, partit à sa recherche. Il la trouva dans les couloirs, un peu perdue. Elle avait toujours du mal à se retrouver dans l'immense labyrinthe qu'était cette demeure. Il était amusé par cette situation, se disant que bientôt ce château sera autant à elle qu'à lui. Heureusement, il serait là pour l'aider et au fil du temps elle se débrouillerait. Il la raccompagna dans ses nouveaux appartements et ils y passèrent la soirée à parler.

Les jours suivants passèrent rapidement. Une nouvelle routine s'était installée, bien différente de celle qu'ils avaient eu dans la forêt. Valentin était moins présent (pris par ses obligations) mais Anaïs était occupée par Elisabeth qui lui enseignait les bases du royaume. Le peu de temps libre qu'elle avait, elle le passait avec le roi pour parler des formalités du mariage. Chaque soir, Anaïs s'endormait rapidement d'épuisement. Valentin lui manquait terriblement et elle se méfiait de Rashta qui n'apparaissait, soit pendant les dîners, soit toujours accompagné de Paul. Le grand jour arrivait de plus en plus vite et les deux mariés avaient l'impression que rien ne serait jamais terminé à temps. Et il y avait aussi cette menace dont avait parlé Elisabeth. Ils n'avaient pas trouvé de quoi il s'agissait, mais Anaïs se sentait toujours épiée, lorsqu'elle passait dans les salons. La sorcière détestait ces salles, où se rassemblaient les nobles les plus ridicules et les plus hypocrites. Dès qu'elle devait y aller, elle faisait tout pour que ce moment soit le plus court possible. De plus, elle ne se sentait jamais en sécurité. Toute personne avait entendue des rumeurs, ou lu des histoires où des nobles mourraient par empoisonnement durant les repas. Et c'est l'une des choses qu'elle redoutait le plus. Elle cherchait dans ses grimoires des sorts pour repérer les poisons dans les boissons et les nourritures. Elle n'en avait pas encore trouvé, mais Elisabeth avait ramené tous les livres qu'elle possédait. Hors de question pour la mentor de ne pas protéger sa pupille. Après plusieurs jours de recherches, ils trouvèrent enfin un sort qui était utile. Elles l'étudièrent toutes deux un long moment, réfléchissant à comment l'utiliser, car il était très compliqué. En effet, il y avait besoin de plusieurs personnes, minimum trois. Certaines sorcières n'habitaient pas loin du château, elles avaient donc l'espoir d'en trouver une. Mais encore fallait-il obtenir l'autorisation du roi ! Et pour l'avoir, Anaïs savait exactement à qui s'adresser. Elle demanda à Valentin, qui proposa de réunir son cousin, son père, Elisabeth et eux-mêmes en petit comité dans son bureau. Cela devait à tout prix rester dans ce cercle restreint, afin que la personne leur voulant du mal ne soit pas au courant de leurs attention. Le roi s'en fichait pas mal et Paul se proposa de les accompagner. Le mariage avait lieu dans une semaine, Anaïs n'avait pas encore sa robe, la liste des invitées n'était même pas terminée... néanmoins, les deux jeunes gens avaient hâte.

La sorcière qu'avaient rencontré Elisabeth et Anaïs avait été d'une grande aide. Elle était un peu plus âgée qu'Anaïs, mais avait le même caractère enjoué qu'elle. Elles s'étaient vite bien entendue, et la future mariée avait été ravie d'avoir enfin une amie au palais. Elles passèrent leurs temps libre à tester le sort afin de pouvoir l'utiliser facilement. Elles essayaient de le simplifier, afin qu'un petit coup de bâton suffise. Elisabeth pensait qu'Anaïs serait capable de l'utiliser toute seule plus tard aux vues de sa puissance.

À trois jours du mariage, la liste des invités venaient tout juste d'être terminée. De plus, les retouches sur la robe d'Anaïs n'étaient pas encore faites. Son amie, Camille, avait été rajoutée sur la liste des invités. La future princesse était de plus en plus nerveuse, d'autant plus qu'elle avait à peine vu Valentin ! D'un côté, il lui manquait. Avoir passé du temps ensemble dans la cabane les avait beaucoup rapprochés. Mais d'un autre, le revoir voudrait dire que le mariage était près, et approchait à grand pas. Le mariage était toujours une notion abstraite pour la jeune fille. Plus Elisabeth lui en donnait des informations, plus elle avait peur de ne pas être à la hauteur ou de perdre de la liberté. Elle désirait être avec Valentin mais cela la perturbait beaucoup. Surtout qu'elle avait une forte tendance à la maladresse lorsqu'elle était nerveuse !

Mais il y avait une bonne nouvelle : le sort qu'avait lancé les trois sorcières fonctionnait, et pour l'instant, elles n'avaient détecté rien d'anormal. Anaïs essayait de relativiser. Elle allait se marier, et personne ne pourrait l'empoisonner. Que pouvait-elle redouter ? On lui avait prédit un grand avenir : ses pouvoirs devenaient de plus en plus puissant et elle serait bientôt reine d'un royaume. Peut-être que cela parlait de ce nouveau statut. Anaïs ne connaissait pas la prophétie la concernant. Seules les doyennes sorcières, dont faisait partie Elisabeth, la connaissaient entièrement. D'ailleurs Elisabeth avait fort à faire avec le mariage et les invitations. De nombreuses sorcières étaient conviées, et elle devaient participer à la mise en place de la sécurité du château. Toutes espéraient que ce mariage règlerait les conflits, et construirait une solide alliance, que cela instaurerait une confiance entre les deux peuples.

La veille du mariage, Elisabeth réussit à se rendre disponible pour passer une journée avec Anaïs. Elle ne comptait pas lâcher sa pupille, même mariée. Cette dernière essayait de savoir un peu plus sur la prophétie et l'identité de ses parents.

- Elisabeth, tu ne m'as jamais raconté entièrement mon histoire... Tu pourrais me la raconter ?

- Et pourquoi je ferai cela ? D'où vient cet intérêt soudain ?

- Je ne connais rien, je n'ai jamais vu mes parents, je ne sais pas qui je suis ! Au moins des noms ou leur histoire. Elisabeth je t'en prie ! J'aimerai savoir d'où je viens.

- Anaïs... Pas maintenant...

- Mais pourquoi?

- Parce que tu vas te marier. Tu as d'autres choses à penser que ta famille.

- Non justement. J'aurais voulu savoir ce qu'ils en penseraient puis si j'ai des enfants, qu'est-ce que je dirais ? Que leur mère vient d'individus inconnus du globe terrestre et du reste des gens ?

- Anaïs. J'aimerais te la conter, mais si tu la sais, elle ne se réalisera pas. Je te le dirais une fois que tout sera passé, je t'en fais la promesse. Essaye de me comprendre... Et puis, les enfants ne sont pas pour maintenant, tu auras le temps de savoir d'où tu viens d'ici là...

- Mais alors au moins mes parents ? Ont-ils quelques choses à voir avec cette prophétie ?

- Oui, tout ce qui touche à ton passé influe sur ton destin. Tu sauras tout dans quelques jours, fais moi confiance. Elisabeth jeta un coup d'œil derrière Anaïs. Tiens, il y a quelqu'un pour toi ! A tout à l'heure!

Elisabeth en profita pour vite s'éloigner, en profitant pour esquiver le sujet. Anaïs, elle, s'était rapidement retournée, se demandant qui était là. Valentin lui fit un sourire et la jeune fille sauta dans ses bras. Elle le serra aussi fort qu'elle ne l'avait jamais fait.

- Tu m'as manqué, souffla-t-il.

- Toi aussi, je suis épuisée, nos journées sont remplies en ce moment... La jeune fille soupira. Et puis je suis de plus en plus nerveuse... Elle s'écarta lentement pour le voir.

- Il ne faut pas que tu stresses, tout va bien se passer, je te le promet, Lui dit-il en souriant.

- Je sais... ce n'est pas tant le mariage qui m'inquiète, c'est... tu dois savoir que je suis au cœur d'une prophétie donc je ne connais aucun détail. Et j'aimerais vraiment savoir de quoi elle parle. Mais Elisabeth ne veut rien me dire !

- C'est qu'elle doit avoir une raison pour ne pas le faire, tu ne crois pas ?

- Aucune raison n'est assez valable pour me cacher d'où je viens ou qui sont mes parents...

- Peut-être qu'elle a peur de la réaction car la vérité risque de ne pas être très agréable, déclara doucement Valentin en glissant une main sur une joue de la jeune fille. Sache, que quoi que tu fasses, je te soutiendrais. Il la serra tendrement dans ses bras. Puis il s'éloigna légèrement avant de l'embrasser tendrement.

Anaïs fut surprise, c'était la deuxième fois que Valentin l'embrassait. Elle ne savait pas quoi faire, mais elle décida de fermer les yeux et de profiter. A part des câlins, elle avait rarement eu d'autres contacts physiques ou autre. C'était l'inconvénient de grandir loin de tout le monde. C'est sur cette note que se quittèrent Anaïs et Valentin, un peu plus apaisés avant le grand jour.

La nuit se passa rapidement, et Anaïs se trouvait à présent à ajuster une dernière fois sa robe. Elle se regardait dans le miroir, elle était encore déstabilisée. La robe blanche était élégante : de dentelles pour le buste, en tissus lourd traînant pour le bas. Elle n'arrivait pas à se reconnaître. Elle était vraiment magnifique, même si la robe était quelque peu encombrante... Elle n'avait jamais porté quelque chose d'aussi beau, d'aussi cher, d'aussi... royal. Elle se sentait comme une princesse, mais se demandait si elle méritait une robe aussi belle. Elle trouvait que cela correspondait mal à son statut actuellement. Mais, en même temps, cela deviendrait son ancien statut. Ce qui la rendit encore plus confuse rien que d'y penser. Au fond, elle resterait sûrement la même qu'avant, et cela ne la dérangerait pas. Elle était avant tout une sorcière, une femme qui vient du peuple, et non de la royauté. Elle se surprit à penser que cela pouvait être une bonne chose. En effet, quoi de mieux pour comprendre le peuple, que quelqu'un qui y est issu. Quoi de mieux pour sauver un royaume, que de le représenter en étant à la tête de celui qui lui veut du mal ?

À travers le miroir, elle vit Elisabeth arriver dans son dos. Elle aussi était bien habillée pour l'occasion : elle l'emmenait jusqu'à l'autel. Anaïs se retourna. C'est alors qu'elle vit une larme couler de la joue de son aînée. Elisabeth l'avait élevée et la connaissait depuis toujours. Elle l'avait vu grandir et devenir une jeune femme. La voir ainsi, habillée dans cette robe, faisait remonter toutes ses émotions. Anaïs lui fit un sourire et l'enlaça, émue elle aussi. Cela la remplissait de diverses émotions de voir sa -presque- mère dans cet état : de la joie, de la tristesse, de la fierté.

- Tu sais, les mariages sont très rares chez les sorcières et sorciers. Tu es une exception qui confirme la règle.

- Mes parents l'étaient ?

- N'en profite pas pour me rouler dans la farine. Elle se mit à rire doucement. Oui, ils l'étaient.

- Et ils s'aimaient ? Je veux dire... Ce n'était pas un mariage forcé ? Ils étaient heureux ? Et à quoi ressemblait ma mère ?

- Oui, ils s'aimaient. Ils s'aimaient bien plus que raisonnable même. Et crois-moi, cela te ferait encore plus mal si tu en apprends plus sur eux. Profite de cette journée spéciale en priorité ! T'ai-je dis que tu étais magnifique ?

Anaïs se mit à rougir sous le compliment, et se surprit à se demander quelle serait la réaction de Valentin. Elle se regarda alors dans le grand miroir qui lui faisait face.

- Tu penses qu'il va aimer ?...

C'était sorti tout seul, elle avait pensé tout haut.

- Tu lui plais sans même tout ça, bien sûr qu'il va aimer !

Sa mentor réussit à calmer son appréhension étrange. Puis elle saisit le bras qu'Elisabeth lui tendait en se levant : c'était le moment. Anaïs pria silencieusement pour que tout se passe bien, et qu'elle ne soit pas maladroite. Elle souffla un bon coup pour se donner du courage et les deux sorcières se mirent en route vers la salle du mariage, où tous les invités les attendaient impatiemment. Elles s'arrêtèrent devant la grande porte, et Anaïs se tourna vers Elisabeth. Elle soupira un grand coup pour se redonner du courage avant de sourire, -presque- prête à affronter tous les regards sur elle. Elle trouvait cela extrêmement embarrassant qu'il y ait autant de monde à cet évènement. Surtout qu'il y avait des gens que ni elle, ni Valentin ne connaissait. Néanmoins, avec Elisabeth, elle s'avança. Tous les invités avaient les yeux braqués sur elle, mais elle s'en fichait. Anaïs était beaucoup trop concentrée sur ses pieds, et n'osait regarder autre part que devant elle. Et puis, il y avait Valentin, retourné, qui se trouvait à quelques pas. Elle osa lever les yeux vers son futur époux, et sourit doucement. Valentin était d'ordinaire très beaux, mais avec cet événement, le château avait fait en sorte qu'il soit resplendissant. Elle se demandait comme il la trouvait exactement... Elisabeth la lâcha et elle attrapa les mains que Valentin lui tendait pour l'aider à monter les marches. Son regard brillait. Durant toute la cérémonie, Anaïs ne lâcha pas du regard Valentin qui faisait de même. La salle était plongée dans le silence, seule la voix du prêtre résonnait. C'était un moment magique pour eux. A tel point qu'Anaïs n'avait pas remarqué Rashta au fond de la salle, à côté de Paul. Dans un sens, elle avait hâte que cela se termine afin de pouvoir être avec son mari, mais dans un autre, elle était si bien, comme dans un cocon, près de lui, ainsi vêtue. Elle écoutait attentivement chaque phrase prononcée pour ne pas rater le moment où elle devait répondre. Elle entendit un bruit d'explosion au loin et entendit Valentin répondre, sachant que c'était son tour après. Elle se reconcentra, se disant que c'était sûrement son imagination qui lui jouait des tours. Elle répondit à son tour, toujours en regardant Valentin, et les alliances furent échangées. Le prêtre les autorisa à s'embrasser. Anaïs regarda Valentin dans les yeux, devenant rouge. Ils se rapprochèrent lentement pour sceller ce mariage, lorsqu'un plus gros bruit se fit entendre, ouvrant les portes dans un immense vacarme. Cela n'avait pas l'air d'être des personnes du royaume. Et ils attaquaient n'importe qui. Anaïs poussa directement Valentin derrière elle pour le protéger. Les sorcières et les gardes présents se mirent en avant, et les invités furent regroupés au fond de la salle. Elisabeth lança un sort de protection sur toutes les personnes. Anaïs demanda à Valentin de rester en retrait tandis qu'elle s'avançait vers son mentor pour l'aider, suivie de Camille, qui était resté non loin du château et avait entendu les bruits. Anaïs se demandait qui cela pouvait être. Puis, un cheval monta sur une table l'épée levée.

- On cherche la fille d'Adam O'Neil ! Où est-elle ? Dépêchez-vous où vous mourrez !

Elisabeth s'avança, et leur cracha qu'ils feraient mieux de partir, où qu'ils en paieront les conséquences. C'était une manie d'interrompre les mariages ! Anaïs regarda Elisabeth, perplexe, avant de prendre la parole :

- On ne connaît personne de ce nom là. Allez vous-en !

L'homme s'approcha d'Anaïs et l'examina.

- Sorcière, cheveux foncés mais yeux clairs... oui, tu ressembles à Adam.

 Puis, il hurla: 

- Attrapez-la ! Peu importe si elle est vivante ou non.

Anaïs se figea le temps d'une seconde, le temps de comprendre ce qu'il venait de dire. Elle eut juste le temps de capter le regard d'Elisabeth avant de reculer.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?! Je n'ai pas de parents !

- Mettez la en sécurité ! s'écria Elisabeth en s'interposant entre sa pupille et l'homme avec les mains devant elle.

Valentin se précipita vers elle, lui prit la main et l'emmena avec lui. Les gardes et les sorcières lancèrent un assaut contre l'ennemi inconnu. Anaïs ne comprenait rien, et son corps suivait Valentin sans qu'elle ne s'en rende compte. Qui était donc ce fameux Adam O'Neil ? Et que lui voulait-on ? Après tout, elle ne connaissait pas son père... peut-être l'homme disait-il la vérité, mais qu'avait-il fait pour que cela menace Anaïs ?

Valentin et Anaïs ne savaient pas vraiment où ils allaient. Mais elle finit par lâcher la main de Valentin -son nouveau mari- et s'arrêta. Comment pouvait elle fuir ? Elle était une sorcière, elle devait combattre pour protéger son peuple. Valentin la regarda, ne comprenant pas cet arrêt soudain.

- Je ne peux pas laisser Elisabeth se battre toute seule, ça va devenir mon royaume, je dois le protéger !

- C'est toi qu'ils veulent pour le moment, il faut te mettre en sécurité, rétorqua Valentin en la soulevant avec ses bras.

- Valentin, je ne peux pas leur faire ça...

- Et moi je ne peux pas prendre le risque que tu meures. Il faut que tu aies confiance en tes camarades !

- Ils en ont après moi ! Je ne veux pas qu'ils meurent pour me protéger ! Jamais je ne pourrais me le pardonner, tu m'entends ?

- Tu préfères qu'ils meurent à cause de toi ?! Fais leur confiance, et mets toi en sécurité, ils se battront mieux si ils te savent loin d'eux !

Anaïs n'arrivait pas à se défaire de l'emprise de Valentin qui la portait littéralement. Elle déglutit lorsqu'elle aperçut le chevalier qui avait crié, à plusieurs mètres derrières eux. Elle commençait déjà à agiter ses mains pour le ralentir. Elle souhaitait plus que tout combattre, car c'était son rôle. Elle n'était pas une poupée, incapable de se défendre, et refusait de voir des gens mourir pour assurer sa survie. Valentin ne la lâchait pas et ne s'arrêtait pas de courir. Anaïs n'arrivait pas à atteindre l'homme qui se rapprochait de plus en plus. Elle le blessa à l'épaule. Sauf qu'il continua toujours. La jeune fille aperçut d'autres chevaliers de son royaume arriver. Son sang bouillonnait. Tout son corps et son être bouillonnaient littéralement. S'en était rageant. Alors qu'elle était une grande combattante, on lui interdisait de combattre !? Hors de question ! C'est alors que ses pouvoirs s'activèrent inconsciemment. Sans même sans rendre compte, une force qu'elle ne se connaissait pas jaillit, propulsant tout le monde, -même Valentin-, loin d'elle, les faisant heurter, pour certains, les murs avoisinants. La jeune fille se releva hagard et se précipita sur Valentin inconscient. Les gardes ennemis -qui n'avaient pas été projetés- se précipitèrent autour d'elle, l'encerclant, tandis qu'elle prenait Valentin dans ses bras. Un soldat osa la prendre par l'épaule, mais Anaïs fut réactive et d'un mouvement de main, le projeta à l'autre bout du couloir avec sa magie. Les autres gardes eurent un mouvement de recul, surpris par cette magie peu ordinaire. Ils eurent comme instantanément la certitude que c'était la fille qu'ils étaient venus chercher.  

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