Chapitre 2

— Encore désolé pour le retard, me dit le propriétaire en déverrouillant la porte de mon nouveau chez-moi.

Je ne répondis rien, encore vexée qu'il m'ait fait poireauter des heures.

— Ici, la météo est imprévisible aussitôt que la blanche saison s'installe, ajouta-t-il. Les joies de l'hiver au Québec !

Si cette température ressemblait aux joies, alors je n'osais m'imaginer ses désagréments.

— Voilà ! s'exclama-t-il lorsque la porte s'ouvrit. Bienvenue chez vous. L'appartement a été entièrement rénové l'an passé. Les anciens locataires voulaient un décor lumineux, alors nous avons installé des planchers en merisier naturel et peint les pièces de tons clairs. La cuisine est neuve, comme vous pouvez le constater.

Mon regard se promena dans mon nouvel appartement. Le hall d'entrée ouvrait directement sur le salon spacieux et déjà meublé d'une causeuse gris clair et d'un meuble télé composé de plusieurs caissons blanc lustré. Le mur comportant la grande télé avait été agrémenté d'un papier peint texturé et le plafond peint d'un ton gris chaud un peu plus foncé que les murs. Une grande carpette pourpre et moelleuse venait concéder de la chaleur au décor. La cuisine elle, était une pure merveille. Elle était plutôt petite, mais fonctionnelle, surtout grâce à son îlot comportant un immense évier d'acier inoxydable noir et un robinet ressemblant aux cuisines commerciales, mais ce qui me plut le plus furent les comptoirs de pierre d'un blanc immaculé. Les armoires, elles, étaient plutôt simples. La couleur de bois naturel accentuait la douceur du décor.

— Votre chambre est située au fond du couloir, juste à côté de la salle de bain.

Je m'y dirigeai, portée par la curiosité, et reste fort impressionnée. Cette pièce fut de loin ma préférée. Les tons des murs étaient chaud, juste assez foncés pour donner envie de faire du cocooning. C'était cosy et chaleureux, l'espace, enveloppant et le petit foyer à l'éthanol devant le lit me fit tout de suite envie. Le meuble le plus imposant de la chambre se révélait sans aucun doute le lit, beaucoup plus grand que celui que de mon appartement de Miami et assez gros pour qu'une famille entière s'y allonge. Rantanplan allait pouvoir dormir avec moi sans problème. Toutefois, ce qui m'épata le plus fut la large fenêtre sur le mur opposé au lit ainsi que la vue spectaculaire qui s'y projetait. Une petite banquette y avait été installée, probablement pour admirer le panorama. Le vent avait cessé et de gros flocons tombaient lentement du ciel. Ils se balançaient doucement dans les airs et se déposaient sur le manteau blanc qui recouvrait le quartier. Les maisons de la rue voisine aux fenêtres givrées et aux cheminées fumantes paraissaient minuscules du haut de mon sixième étage.

— Vous savez que ça veut dire ? me lança le proprio, me faisant légèrement sursauter.

Je secouai la tête de gauche à droite.

— Que nous aurons probablement un Noël blanc. Avec la quantité de neige accumulée, ça m'étonnerait qu'elle fonde. Au moins, nous serons dans l'ambiance du temps des fêtes. Après tout, Noël sans neige n'est pas réellement Noël. Ici, nous sommes trop habitués à ce tapis immaculé.

Je me retins d'avouer ma façon de penser de cet endroit. Je ne le connaissais pas assez pour lui révéler ma vie et lui raconter les cauchemars qui hantaient mes nuits depuis plusieurs années. Je contentai donc de pincer les lèvres et gardai cette pensée pour moi.

Le proprio me fit visiter le reste de l'appartement, puis partit après m'avoir laissé les clés du bloc entier. Une pour le gym, ou autre pour la buanderie...bref, je ne savais pas comment je parviendrais à les identifier.

Je n'avais qu'une seule valise lors de mon arrivée, mais il ne faisait nul doute que je devrais aller faire un peu de shopping pour décorer un peu mon nouvel environnement. Quelques cadres sur les murs, des petits coussins pour le canapé et le tour serait joué ! Oh ! J'oubliais. Quelques casseroles pour cuisiner puisque je n'avais pas pu emmener tout mon arsenal et, finalement, des vêtements adaptés à l'hiver.

Je rangeai mes vêtements dans mon placard pendant que Rantanplan s'habituait à son nouveau chez-soi. Je le sortis par la suite à l'extérieur pour qu'il fasse ses besoins et grelottai sur place en attendant qu'il termine son affaire. Mes chaussures étaient imbibées d'eau. C'était le meilleur moyen d'attraper un rhume, ou pire, un virus. Je ramassai finalement le « cadeau » de mon chien et nous rentrâmes au chaud.

Je décidai de commander de la pizza puisqu'il me manquait des appareils de cuisine et mangeai devant la télé en compagnie de mon chien. Les émissions étaient différentes de ce à quoi j'étais habituée. Premièrement, la langue. Ici, les plupart des canaux étaient en français, moi qui n'écoutais que de l'anglais. Je me laissai tout de même séduire par l'accent que j'avais laissé tomber depuis fort longtemps. Les animateurs des émissions étaient drôles et divertissants et je replongeai dans mes souvenirs d'enfance.

— Bonsoir et bienvenue à « La Voix ».

— Oh merde ! Tout mais pas ça ! m'exclamai-je en zappant avec la télécommande.

Les émissions de télé-réalité, très peu pour moi ! Je préférais les séries télévisées, ou bien les films.

Je finis par m'endormir sur le fauteuil, harassée par ma journée.

***

Une porte claqua.

Je me redressai en sursaut. Qu'est-ce qu'il se passait ?

Je réalisai ensuite qu'il y avait beaucoup de bruit à de l'autre côté du mur. Qu'est-ce que les voisins fabriquaient à vingt-trois heures ? Un dimanche soir, qui plus est ?

Je croyais que le couvre-feu de ce logement était de vingt-deux heures. Il me semblait que c'est ce que le propriétaire m'avait dit.

Je collai mon oreille contre le mur, puis...

« Et c'est le but ! » entendis-je de l'autre côté.

Des voix hurlèrent alors « Go Habs Go ! Go Habs Go ! »

Merde ! Il avait fallu que mes voisins soient fan de hockey et se tapent un match tard en soirée. Et moi qui pensais que les voisins seraient tranquilles tout comme Rachelle. ! Je devrais m'acheter des bouchons en plus de tout le reste.

Je m'enfermai dans ma chambre avec un long soupir et attendis que le foutu match de hockey soit terminé. À entendre leurs cris joyeux, les Canadiens finirent par gagner. Le pire, c'était qu'ils continuèrent à fêter leur victoire jusqu'aux petites heures du matin.

Ça ne m'avait jamais particulièrement dérangé de vivre en appartement, mais j'avais toujours eu de bons voisins, ce qui n'était apparemment pas le cas ici. Quel fléau !


******Go Habs Go :    Cri d'encouragement pour le club de hockey du Canadien de Montréal.

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