Un chant de Noël à l'Olympe

 Joyeux Noël (en retard) et joyeuses fêtes !
Bon, comme vous l'avez sûrement deviné, voici ici ma revisite de "A Christmas Carol" de Charles Dickens. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensez, ça fait toujours plaisir !

Tantale était au Tartare. Là-dessus, il n’y avait pas l’ombre d’un doute. Son dossier figurait parmi tous ceux des âmes de pêcheurs, ceux-ci bien rangés dans le bureau d’Hadès, chacun approuvé et signé par chaque Olympien. Oui, Tantale croupissait dans le plus bas de l’Enfer, baignant dans une eau qu’il ne pouvait boire, se tenant en dessous d’arbres dont il ne pouvait cueillir les fruits et personne ne pouvait remettre ça en question sans paraître fou.

 Est-ce qu’Apollon le savait ? Bien-sûr. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ils s’étaient connus plusieurs milliers d’années plus tôt, certes, mais le dieu se faisait tellement comparer à cet être perfide qu'ignorer son nom aurait revenu à s'ignorer lui-même. Pour cela et bien plus encore, l'immortel haïssait ce cannibale et le savoir au Tartare ne l’émouvait point. Et, Apollon, bien que peu soucieux de l’après-vie de Tantale, n’oubliait jamais son nom ; il lui rappelait jour que l’avarice n’apportait rien d’autre que la douleur et le mépris, bien que cette leçon semblait bien superficielle pour un dieu, surtout pour celui du soleil. D’un oeil extérieur, il était, plus que le roi de Phrygie, la représentation de quasiment tous les vices : l’égoïsme, la rancoeur, la sur-estime et satisfaction de soi, l’hypocrisie, l’avarice…, le tout emballé dans un coureur de jupons à la langue habille et malhonnête.

 Le 24 décembre, sûrement le meilleur jour de l’année pour la plupart, la divinité travaillait sans relâche, comme durant la presque totalité de l'année. Il avait laissé, en cette veille de Noël, ses chevaux parcourir le ciel sans son divin éclat, permettant à Borée de recouvrir le monde de ses plus beaux pétales glacés. Alors, pourquoi le dieu bossait au lieu de profiter de la fête avec sa gigantesque famille ? La réponse était simple, voire stupide : les Muses, les épidemies, les nouveaux artistes tendances, la préparation des fêtes olympiennes et bien d’autres choses découlaient de sa responsabilté et il devait donc s’évertuer, chaque seconde de son immortalité, à remplir ces fonctions. Donc, embourbé dans son travail, malgré son rôle de dieu des prophéties, il ne vit pas sa sœur arriver avant qu’elle se tienne devant lui, aussi antipathique que d’habitude.

-Je te souhaite un gai Noël mon frère !

-Sottise ! 

-Noël ? Une sotisse ? Ai-je bien entendu ?

-Oui, nous en avons déjà vu des centaines, pourquoi continuer à fêter cette fête païenne ? 

-Et l'esprit de Noël ? Le partage, la modestie, le pardon, tout cela ne te dit plus rien ? Noël est le seul jour, dans la longue continuité d’une triste année, où je sais que toute l’humanité se réunit dans un consentement unanime prônant la liberté et l’ouverture des cœurs.

 La discussion tournait dors et déjà au vinaigre, chose assez simple pour des jumeaux mais qui l'était encore plus au vu des camps opposés qu'ils représentaient.

-Et l'humanité ? N'ont-ils pas oublié ce qu'est le partage ? Leur égo les mènera à leur perte. 

-Tu es mal placé pour dire cela, mon frère. Mais bon, si tu changes d'avis, viens faire une partie chasse avec moi ! Il y a toujours assez de gibier pour une personne en plus. Sur ce, joyeux Noël !

-Au Styx, tes joyeux Noël !

 Mais, avant que Artémis ne puisse entendre la tirade envenimée de son frère, une lumière argentée illumina la pièce, emportant la déesse. Mais alors que le dieu crut qu'il allait enfin pouvoir faire sa paperasse tranquillement, trois personnes passèrent d'un seul geste le pas de son bureau. Si les deux premières lui semblèrent inconnues, le troisième lui disait quelque chose. C’était Jason Grace, l'un des demi-dieux qui avaient sauvé le monde l’été dernier au gré de leurs adolescences. En bref, cet héro était de l'ordre de la fourmie pour l’immortel. Cependant, malgré les attentes du prophète, ce furent les deux autres qui s’avancèrent en premier. Les deux se complétaient tels le bien et le mal : l’un était fin et long comme un clou, tandis que l’autre avait une opulence qui semblait fort contrarier sa veste, le premier était tout sourire alors que le visage du dernier était obscurci par l’ombre de l’inquiétude que lui conférait le porte-document qu’il tenait. Le premier se ré-avança d’un pied, s'immisçant sans s’en rendre compte dans la bulle de l’âcre Apollon.

-À cette époque joyeuse de l’année, monsieur, il est plus désirable que d’habitude que nous puissions recueillir un léger secours pour les demi-dieux sans-abris ou recherchés qui souffrent énormément de la saison. Il y en a des centaines qui manquent du strict nécessaire, et plus encore qui ne peuvent s’accorder le plus léger bien-être. Au fait-

 Le mortel avait commencé son interminable et indésirable discours, bien vite coupé par le dieu qui n'en avait rien à faire de cette parole d'évangile.

-N’y a-t-il pas des dizaines de buildings inoccupés rien qu’au Square ?

-Oh mais si ! C’est même une honte que les sdf ne puissent y aller et-

-Et la colonie des sangs-mêlés ? N’est-elle pas ouverte à toutes et tous qui n’ont ne serait-ce qu’un milligramme de sang divin ? 

-Par la virginité de Dionysos, qu’arriverait-il si elle ne l'était pas ?

-Et le camp Jupiter ? Et la Nouvelle Rome ? Sont-ils toujours aussi froidement accueillants ?

-Ils ont toujours là mais monsieur-

-Alors, pourquoi vous cherchez à enquiquiner un pauvre dieu débordé si tout cela est en ordre ? 

 Le second homme se désintéressa enfin de ses chiffres, semblant d’autant plus contrarié, si cela était possible, suite la tirade divine.

-Car nous nous battons chaque jour, chaque seconde, pour qu’ils puissent ne serait-ce qu’avoir 
une allumette de plus à craquer ou qu’une pomme de terre de plus dans leurs assiettes. Cependant, la charité est pour le moment le meilleur moyen de récolter des fonds. Nous choisissons donc cette période car c’est celle où le moindre plus peut ressembler à une abondance royale et fait le plus plaisir. Je vous inscris à quel nom ?

-Sous aucun !

-Vous souhaitez garder l'anonymat ?

-Vu que vous vous souciez de mes souhaits, messieurs, je me permets de vous dire que je souhaite simplement qu’on me laisse à ma paperasse interminable. Je n’aime déjà point Noël, donc si votre présence moralisatrice m’accompagne dans cette funeste fête, je vais commencer à croire que j’assiste à l’enterrement de ma joie de vivre. Bonne soirée à vous. 

 Se rendant sûrement compte que le débat ne menait à rien, les deux associés partirent sans un regard en arrière, sauf un pour le jeune Grace, semblant aussi maladroit et disgracieux qu’un faon nouvellement né. Ce dernier gigota, pris d’un malaise soudain, avant de se reprendre sous le regard colérique de son demi-frère. Il posa sur le bureau une sorte de maquette représentant un on-ne-sait-quoi placé sur une colline et, malgré le fait qu’Apollon l’avait sous le nez, il ne voyait absolument pas ce que ça représentait. 

-Bien, hum, comme vous le savez, j’ai fait la promesse d’aider les camps à honorer chacun des dieux gréco-romains, même les plus mineurs. Sauf que je n’ai pas une très bonne vision artistique. Je me demandais donc si vous pouviez m’aider à réaliser les croquis principaux, l’idée globale, des temples. Bien-sûr, tout cela sera revérifié par Annabeth mais un point de vue divin aide toujours.

 L'Olympien ne comprenait pas comment cet individu stressé et mal à l'aise avait pu être quelques mois plus tôt le leader d'une opération de sauvetage mondial. Il était maintenant si maladroit avec les mots, dégageant une aura qui forçait la compassion, qu'on aurait dit que c'était deux personnes distinctes

-Pourquoi je ferai ça ? Honorer les dieux est une bonne chose, certes, mais je ne suis pas le dieu de l’architecture. C’est bien admirable de ta part, Jason, mais tâche de demander à quelqu’un de concerné.

-Mais Apollon !

-Mais Jason ! Pas plus de déblatération, je suis occupé et chacune de tes répliques me fait perdre de précieuses secondes. Si Zeus apprend le retard que j’ai pris… On connait tous les deux très bien notre père. Allez, retourne sur terre, je ne peux rien faire de plus pour toi. 

-Si vos infinies secondes sont si précieuses pour vous, je préfère partir. Un jour, vous devrez affronter les squelettes de vos placards, mon cher demi-frère divin. Après tout, on connaît tous les deux très bien notre père. 

 Sa déclaration, semblant quasiment prophétique, créa des sueurs froides chez le dieu. Il avait l’impression que c’était un avertissement plus qu’une simple répartie, et il s’y connaissait en tant que patron des prophètes. L’immortel se remit au travail, tachant de nier tout ça, mais cela ne servit à rien. La page blanche se dressait devant lui tel un mur de graphène qui, par son immensité, semblait effroyable. La journée bien avancée et pourtant si peu productive, le divin mit fin à sa peine et rangea ses affaires : ses trop nombreux documents, ses cahiers de haïkus, ses trente-huit fluos pastels de tons différents. Il ne lui resta bientôt plus que son pc, qui, sur l’écran pourtant éteint reflétait un visage vieux, sévère et rachitique, à l’antigone de celui du jeune dieu. Ce dernier se frotta les yeux plusieurs fois, se pinça, tenta de se sortir de cet hypothétique cauchemar mais rien n’y changeait ; la tête ne disparaissait pas. Il fourra alors son ordinateur dans son sac et partit sans regarder derrière lui. Sa peur pouvait peut-être sembler disproportionnée d’un regard extérieur mais personne ne pouvait comprendre. Il le connaissait. Pas personnellement, mais il savait que c’était impossible qu’il soit dans cette pièce. Il était enfermé loin d’ici, et c’était pour une bonne raison. Mais, la raison, de part sa définition de contraire à la folie, ne semblait plus si sage en ce lieu : dans tous les miroirs de la pièce se reflétait encore et encore le corps de l'apparition, celui d'un homme dont la maigreur faisait peur, enroulé de chaînes épaisses comme un bras. Les yeux d'Apollon se révulsèrent, son dos se courba et ses poils s'hérissèrent mais ce ne fut rien quant à la frayeur qui prit possession de lui quand l'esprit émergea d'un des miroirs, pointant un doigt accusateur. 

-Apollon ! Cher damné d'Apollon, qu'est-ce que c'est bon de sentir la pestilence que ta personne émets.

-Qui êtes vous ? 

-Si par là tu m'octroies la politesse de me demander qui j'étais, je te réponds avec joie. J'étais Tantale, fils de Zeus, roi de Phrygie. 

-Il me semblait bien… Que fais-tu ici ? Ne devrais-tu pas être au Tartare pour réparer tes actes ? 

-Tu devrais être heureux de ma présence, sache que je ne fais pas ça de bonté de cœur. Cependant, je dois t'avertir de ton destin : cette nuit, tu seras visité par trois esprits. Ils essayeront chacun de t'éviter un avenir comme le mien, celui d'un avare enchaîné à ses torts et tourmenté par tous ses péchés. 

-Enchaîné à ses torts  ? Que veux-tu dire par là ?

-La chaîne que je porte, je l'ai construite maillon par maillon le long de ma vie. Elle est la preuve matérielle de mes péchés, et je la porterai toujours avec l'absence de regrets que j'éprouve pour mes actions. Si sa longueur t'étonne, sache que la tienne faisait la même taille quand je suis "mort"... Je me demande combien de kilomètres elle doit faire maintenant.

-Tantale, cesse ton charabia, veux-tu ? Si tu veux me rendre service, rentre au Tartare et garde-toi tes esprits. Je n’ai pas le temps pour ce genre de sottises. 

-Ce genre de “sottises” comme tu le dis si bien est ta dernière chance. Toi qui est si économe, mets-là à ton profit ! Sur ce, bonne nuit, Apollon. 

 Le pêcheur disparut, sans paillettes, sans fumée multicolore, sans bruit assourdissant, sans flash lumineux. En bref, sans rien qui aurait pu rendre la sortie dramatique. Cependant, cela étourdit plus que n’importe quoi le dieu. C’était un départ presque humain et humble, sans effets spéciaux ou quelque chose d’extraordinaire, tels ceux des simples esprits ou fantômes de compagnie, et, pour sa personne, c’était étrange. Tourmenté de question sur la justice et la modestie, le dieu sortit de son bureau avec la ferme attention de rejoindre les bras de Morphée. Tout cela l’avait exténué, et, après tout, il avait mérité un bon repos, non ? 

~~~

 Pourquoi c’est quand on est le plus fatigué qu’on se fait réveiller par une alarme sonnant à tue-tête et qui ne veut pas s’arrêter malgré sa prise débranchée ? C'était ce sur quoi Apollon méditait, pendant que ses tympans étaient persécutés par ce vacarme interminable. Il aurait pu, et même dû, s'inquiéter mais cela lui parut déraisonnable : avoir en frère le dieu des pranks et autres canulars permettait d’avoir un énorme sang froid face à ce genre de situation. Mais, pendant qu’il pensait, repensait et rerepensait, le dieu sentit une brise qui, en soufflant, ouvrit les rideaux juste en face de sa tête, laissant apparaître une jeune personne. 

 Elle était étrange, paraissant aussi mature que enfantine, mais qui, dans tous les cas, brillait d’une vitalité divine. De sa tête sortait une lumière qui semblait contenir toutes les joies du monde, de la plus simple jusqu’à la plus complexe, mais aussi toutes les problématiques de la vie. Elle ne lui était pas inconnue. C’était une de ces personnes facilement oubliables mais qui en elles-mêmes étaient aussi fortes qu’un ouragan. Hébé, tel était son nom. C’était l’échanssonne des dieux depuis le départ de Dionysos mais aussi la femme d’Héracles qui, bien que peu connue, était vaillarde comme pas deux (il le faut pour supporter un tel énergumène). Elle semblait attendre, et, supposant une question, il se releva de sa couche et demanda d’une voix tremblante : 

-Hébé, es-tu l’un des esprits dont l'on m’a prédit la venue ? N’es-tu pas une déesse ?

-Je suis effectivement l’un de tes esprits protecteurs, en tout cas pour cette nuit. Tout ce qui se passera cette nuit est confidentiel, et, de toute manière, dans le cas inverse, tu serais juste pris pour un fou. Mon devoir est de t’aider équitablement comparé aux autres hommes, clair ? 

-J'aurai quand même préféré rencontrer l’esprit protecteur du sommeil…

-Tu n'es pas croyable... Maintenant, prends ma main et suis-moi.

 Par faute de choix, le dieu suivit les indications de la déesse qui, bien que plus petite que lui, le tenait avec une telle poigne que, quand elle sortit  par la fenêtre, il dut, bien qu’il ne voulait pas, la suivre dans le froid de Décembre. Mais, contre toutes attentes, le sol se mit à défiler sous eux à une vitesse presque inimaginable, les faisant traverser moult contrées, du centre ville en expansion au petit village paumé, du paysage nauséabond des usines chinoises aux énormes forêts suédoises, des anciens temples grecs étrangement actif jusqu’à des terres occupées par des compagnies entières de soldats moyenâgeux. Cependant, le plus étonnant dans ce déplacement spatio-temporel fut quand il se stoppa sur une minuscule île, en plein milieu de l’océan. Bien qu'il était dieu du Soleil, Apollon ne reconnut pas de prime abord son étrange forme de fer à cheval ni sa biotope. Ce fut quand la déesse entama la descente vers le sol et que le paysage se définit que le dieu comprit enfin où il était. Sa petite forêt centrale, le point de vue sur le vide intersidéral, les notes de musique qui provenaient d’un peu partout… Oui, il était de retour chez lui, à Délos. De partout, nymphes et satyres gambadaient joyeusement, en rythme avec la mélodie omniprésente, et lui passèrent même à travers, procurant un sentiment étrange au dieu qui sentait ses yeux s'humidifier dangereusement. 

-Tu saurais nous guider jusqu'à la musique ?

-Je pourrais le faire même les yeux fermés ! 

 Et, ils partirent donc, et arrivèrent devant un groupe constitué uniquement de femmes, mêlant musique, théâtre et poésie dans un art si subtile qu'il paraissait presque irréel. C'était bien évidement des Muses. Cependant, alors que l'immortel chercha à se poser pour suivre l'œuvre de ses amies, l'esprit le prit par le col et l'emmena un peu plus loin, dans une caverne qui, bien qu'inhabitable, puait la solitude. Mais, malheureusement, Apollon reconnut, autant que le jeune homme qui grattait ses cordes pour passer le temps, laissant ses doigts vagabonder qu'un accord à l'autre. C'était bien évidemment lui, bien des millénaires plus tôt, avant qu'il ne devienne un "vrai" Olympien. Et alors, comme le paysage plus tôt, l'espace changea. La grotte se marbrait sous ses yeux de fissures, de plantes grimpantes, de fresques et de nombreuses statues de marbres représentant diverses scènes de sa vie. Une personne en plus était présente, un jeune homme qui tenait dans sa main un bâton entouré d'un serpent, aux épaules chargées de sacs eux-mêmes remplis d'herbes et autres médicaments, et il semblait mener une joute verbale avec l'Apollon du passé : 

-Père, venez avec moi ! Vous n'allez plus devoir vous terrer ici jusqu'à la fin des temps, Zeus vous reveut bien à l'Olympe !

-Calme-toi un peu Asclé', tu es sûr de ce que tu as entendu ? T'a-t-il bien demandé de venir me chercher ? N'est-ce pas une autre ruse pour te tuer ?

-Oui Père, oui, venez avec moi ! Il ne sait plus gérer Hermès et Dionysos, il vous demande donc de revenir. 

-C'est donc pour ça… Je préfère encore rester "terré" sur cette île que de revenir car il a besoin de moi ! Va t'en, tel le corbeau de mauvaise augure qui m'a appris la traîtrise de ta mère. Va t'en, colombe au noir plumage, et ne reviens que quand j'aurai une vrai raison de revenir.

-L'amour familial n'est donc plus une assez bonne raison à vos yeux ?

-Zeus ? L'amour familial ? Ceci est un oxymore. Va t'en, et dis lui que je ne reviendrai que quand il me le suppliera. 

-Très bien, père.

 Le fils partit donc, sans un mot de plus que son obéissance, ou presque. Car, ce que l'Apollon du passé n'avait pas entendu et que l'Apollon du présent entendit, ce fut les pestilences lancés à son égard par son propre fils. Et, emporté par une curiosité sans égal, le dieu le suivit ruminer à travers cette île qui aurait dû n'héberger que joie et naïveté. Ou plutôt, dans cette idylle que l'immortel croyait être joyeuse et naïve. Car, tandis qu'il suivait le médecin divin, il entendit grossièreté, langue de vipère et hypocrisie à foison qui avaient comme point commun le fait qu'elles lui étaient destinées ; les Muses parlaient de son égocentrisme, les satyres de son manque d'intégrité, son fils de l’antipathie qu’il dégageait et pleins d’autres marmonnaient quelques paroles désobligeantes à son égard. En se retournant, Apollon eut la surprise de découvrir la jeune Hestia derrière lui, le regardant avec une empathie qui, pour une fois, n’était pas empreinte d'une pitié mal placée. Et ce fut sûrement ça qui permit au dieu de demander de partir, bien que cette demande lui paraissait en elle-même honteuse. Sans aucune question, elle lui reprit donc la main, et, dans ce mouvement, le décor se transforma pour redevenir sa chambre, semblant maintenant beaucoup trop morne et vide. Cependant, le seul détail qui avait vraiment changé fut que la déesse était partie, sans avoir dit ne serait-ce qu'un au revoir. N'ayant plus rien à faire, l'immortel partit donc se replonger dans le bras de Morphée.

~~~

 Malheureusement, une nouvelle fois, les bras de Morphée le lâchèrent de leur bénéfique étreinte, l'abandonnant à l'insomnie et aux hallucinations de minuit. Cette fois-ci, ce ne fut pas un courant d'air ou une aura de lumière qui indiqua à l'homme la présence d'un esprit, mais une douce odeur d'ambroisie qui émanait à la fois de partout et de nulle part. Le dieu sortit finalement du lit, alléché par l'exquise senteur, et partit à la recherche de la source de tout cela. Guidé de la meilleure des façons, il déboula dans son salon et y trouva, attisant le feu, une petite fille aux vêtements usés. Elle avait l'air simple mais sa divinité se faisait ressentir autant que sa bonté. Hestia, car tel était son nom, mit au feu une brioche qui, en flambant, produit une fumée dont le dieu se nourrit avec avidité. Avec un sourire, elle l'invita à s'asseoir à côté d'elle. 

-Bien le bonsoir, ma tante. Que vous amène si tard dans ma demeure ? 

-Si tu ne l'avais pas déjà deviné, je suis ici en temps que le second esprit, celui du Noël présent. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi donc es-tu prêt ? 

-Peut-on l'être ?

-Les menteurs le sont.

 Elle retira son châle alors, et lia leurs poignets avec. Se faisant, une brise glacée transporta les dieux au-dessus d'une rue bondée, où les mortels ressemblaient à des minuscules fourmis qui rentraient et sortaient des nombreux magasins de l'avenue. Le vent les déposa au milieu de cette effervescence qui leur passait à travers sans y faire attention. Hestia, qui d'habitude conservait une expression sage, semblait tout d'un coup particulièrement enjouée face aux familles qui déambulaient à la recherche d'un cougnon ou d'un on-ne-sait-quoi à acheter et aux commerçants qui faisait chauffer les marrons ou qui sortait du frigo des tartelettes. Lorsqu'un sans-abris se présentait dans son chemin, la déesse faisait apparaître un sac de nécessaire à ses côtés. Cependant, quand le dieu regarda dans les ruelles sombres des arrières-boutiques, il y vit des personnes qui n'avait pas bénéficié de la bénédiction de sa tante. Perplexe, l'immortel emmena donc cette dernière dans une de ces sous-rues et l'interrogea sur la raison pourquoi ceux-là n'avaient pas droit à un nécessaire de survie :

-Ne vois-tu pas ? Ce sont des demi-dieux, je ne peux donc pas intervenir directement pour les aider. Après tout, n'y a-t-il pas des buildings vides, la colonie des Sang-Mêlés ou le camp Jupiter pour les accueillir ?

La paraphrase blessa le dieu, bien qu'il ne voulut se l'avouer. 

-J'avais tort, je l'avoue. Cependant, ont-ils vraiment mérité de devoir subir ça ? 

-Mériter ? Personne ne mérite de devoir subir l'hiver de cette manière. Mais bon, il faut bien que des personnes payent les erreurs de leurs parents. En parlant de ça, des loulous nous attendent. 

 Suivant les paroles de la déesse, le paysage se remodifia. Le vent s'arrêta, remplacé par l'odeur de l'hôpital conjuguée à celle des fraises, et le soleil hivernal se vit se faire arrêter son chemin par une série de fenêtres tentant d'illuminer un maximum l'infirmerie et ses lits vides. Le seul patient de la clinique était un noiraud avachi dans une couche, enroulé dans des plaids fluos peu conventionnels dans une clinique. À côté de lui était assis le lumineux Will Solace, dont les traits tirés ne manquèrent pas d'inquiéter son père. Tous deux semblaient avoir passé la nuit à affronter leurs démons, en témoignait l'état littéralement vaporeux de l'un et le surplein de lumière de l'autre. Malgré leur hypothétique fatigue, leur discussion était animée :

-Neeks, je t'en prie, mange au moins un bout de pomme s'il te plaît. 

-Tu essayes de me séduire Solace ? On ne fait plus ça comme ça depuis l'Antiquité tu sais…

-Je suis sérieux, tu n'as pas mangé depuis quelques jours et vu ce qu'il s'est passé hier… Laisse-moi au moins prévenir Mr.D., c'est le seul qui puisse comprendre tes voix et tes rêves.

-Arrête de t'inquiéter pour moi et pense à toi, pour une fois. Je ne t'ai pas vu manger depuis quelques jours non plus je te signale. 

-J'ai été occupé, j'ai dû soigner beaucoup de gens à cause d'une série de bastons quasiment meurtrières. 

-Raison de plus pour laquelle tu devrais te reposer. Tu n'as pas pris un seul jour de repos depuis la mort de- Voilà. Le camp ne pourra pas toujours compter sur toi, il doit apprendre à se débrouiller sans, ou sinon ce sera toi qui crèvera. 

-Comment ça se fait que tu sois si investi dans ma santé ? C'est censé être mon rôle !

-Car j'ai la flemme d'aller te chercher en Enfer, sunshine boy. Allez, donne-moi une pomme, c'est Noël après tout. 

-C'est déjà Noël ?

-Tu t'y feras, ne t'inquiète pas, au fait de perdre la notion du temps. 

-Alors joyeux Noël Di Angelo…

 Alors que le petit Solace embrassait le front de son copain, Hestia se planta devant la scène, protégeant l'intimité du couple. À l'extrême opposé de quelques minutes plutôt, son visage était dur comme celui d'Athéna. 

-Ils mourront tous les deux si l'histoire ne change pas. Tout dépend de toi, Apollon. 

-Comment ça ? Comment je peux avoir un effet sur leurs vies, ou plutôt leurs morts ? Explique-moi, je t'en prie !

-Ce n'est pas à moi de t'en parler, et, dans tous les cas, je n'en sais pas plus que toi. 

-Je vais changer je te le promets Hestia !

-Ce n'est pas à moi que tu dois promettre. En plus, mon temps est compté. Au revoir Apollon, j'espère te revoir dans de meilleures conditions. 

 La déesse partit, mais rien d'autre ne changea : le dieu était encore dans l'infirmerie, les deux tourtereaux étaient en train de déguster des pommes, le soleil passait toujours aussi bien à travers les fenêtres. La seule chose qui différa fut l'apparition d'une étrange ombre qui provenait d'aucun objet et qui, en s'approchant de l'immortel, se modela en un bel homme, tout à fait son type soit dit en passant, dont les ailes semblaient absorber toute lumière. Même si c'était pour la troisième fois cette nuit-là qu'Apollon rencontrait un de ces esprits–dieux, celui-ci était beaucoup plus marquant. Car, si les deux précédentes symbolisaient la joie, l'empathie, la générosité, et tout ce qui était joyeux dans le monde, Thanatos, quant à lui, représentait la mort. Bien que, techniquement, il ne faisait que son boulot, on ne pouvait nier que sa proximité faisait peur à tout le monde, même aux dieux. Apollon n'y faisait pas exception, ayant ses jambes tremblant si fort qu'il crut ne plus savoir tenir debout. Suite à son entrée dans la pièce, le silence avait recouvert tous les bruits, rajoutant une couche au malaise ambiant. Soudain, la mort se mit en route dans une sorte de tunnel constitué d'ombres, très vite suivie par le soleil et, après quelques secondes, la ville apparut à eux. 

 On aurait dit un New-York post-apocalyptique : des nuages rougeâtres hantaient le ciel, certaines bâtisses étaient en proie à du feu grec et il n'y avait ni rien ni personne dans la ville, mis à part un ado tout boutonneux et aux cheveux ayant vachement besoin d'un après-shampoing anti-pellicules que Thanatos suivait comme un apôtre. Au lieu des traditionnelles pub diffusées nuit et jour sur les écrans des buildings passait une sorte de breaking news. Cependant, ce n'était pas un présentateur à la calvitie prédominante ou une présentatrice hypersexualisée qui récitait le texte mais un homme en costard pourpre bien plus détestable, déjà par ses favoris mal coupés, mais surtout par son timbre reconnaissable entre mille. C'était vraisemblablement Néron, qui était vivant par une sorcellerie dont l'ado ne semblait pas se soucier mais dont le dieu se questionnait volontiers. Celui-ci affichait un sourire cruel tout en prononçant un discours à rallonge que l'Olympien écouta pour tenter de comprendre quelques chose à tout ça : "Chers habitants de New York City, je vous préviens qu'un dangereux individu du nom de Lester Papadopoulos circule en ce moment même dans notre belle ville. Celui ou celle qui l'attrapera et qui me le ramènera se verra octroyer la générosité de son empereur. Cependant, faites attention, car ce brigand a des pouvoirs très puissants, étant anciennement le dieu du Soleil, Apollon. En parlant de dieux, je vous préviens que l'Olympe est toujours fermée malgré mes nombreuses tentatives de négociation. Si vous pensez encore que je suis un monstre, sachez qu'ils préfèrent leurs sécurités que leurs progénitures, cela pourrait vous aiguiller sur qui sont les véritables méchants de l'histoire. Ah, oui, et, Apollon, si tu m'écoutes sache que tes choix décideront de l'avenir de ta très chère Meg donc fais attention. C'est tout pour ce flash info, votre cher empereur Néron Claudius Caesar Augustus Germanicus". Le fameux jeune homme releva la tête vers le journal qui venait de se terminer, comme pour assassiner le présentateur et déclara :

-Si tu touches à un seul cheveux de Meg, elle va te tuer et je te passerai dessus juste après avec mes dernières forces de dieu du Soleil.

 Et c'est là qu'Apollon comprit. Il aurait pu comprendre durant le discours de Néron ou en se demandant pourquoi Thanatos l'avait emmené là, mais ce ne fut pas le cas. Cet ado boutonneux, sale et aux cheveux gras était lui. Le comment et le pourquoi ? Il en questionnait paisiblement Thanatos, en le secouant comme pour faire tomber le fruit de la réponse. Cependant, malgré les tentatives du dieu déchu, la divinité des Enfers resta silencieuse. Même un sourire de joie sinistre ou une expression de dégoût auraient calmé le dieu qui commençait à s'échauffer face à cette neutralité. La seule réponse qu’il eut fut après l’avoir questionné sur si la mort pouvait être tendre, mais même celle-ci se montra décevante car elle se résumait à un changement de paysage radical. Buildings et réverbères se fondirent pour devenir respectivement montagnes et temples tandis que les cadavres de voitures se transformèrent en une foule gémissante de peine, bien que la peine soit un euphémisme. Cette douleur était pratiquement tactile, aussi vivante que n’importe quelle force primordiale de la nature et flottait entre les amas de personnes en les contaminant comme le pire des poisons. Au milieu de tout cela se dressait un énorme cercueil, source de tous les malheurs. Le dieu s’approcha de ce monument de tristesse et se sentit traversé par la foudre elle-même quand il vit qui était allongé dans sa dernière demeure. Si ses cheveux blonds en bataille et sa carrure de gladiateur cliché auraient pu appartenir à un autre, sa petite cicatrice traversant sa lèvre ne pouvait tromper personne. Jason. Jason Grace. Non. Cela ne pouvait pas être possible. Ce jeune homme, même pas adulte, ne pouvait pas être mort. La peine empreinte sur le visage de ces inconnus ne pouvait pas exister. Ce n’était pas juste. Si la justice existait, cela ne pouvait pas avoir lieu. Il devait y remédier. Si jamais auparavant il ne s’était soucié de la douleur d’autrui, il était temps de se repentir. Son beau-frère était quelqu’un de bon mais pourtant mortel. Lui ? Il était certes un immortel mais il n’était pas une bonne personne, il s’en était rendu compte au cours de cette, ou ces, soirée. Est-ce que les personnes dédiant leurs vies au bien étaient destinées à mourir alors que les autres vivaient ? Maintenant, il comprenait. La venue de Tantale lui paraissait enfin justifiée, de même pour celles des divinités. Il voulait changer, devenir une meilleure personne, un meilleur dieu, un meilleur père. 

-Est-ce que ceci est l’image de ce qui doit être ou de ce qui peut être ? 

 Encore une fois, Thanatos ne répondit pas, à moins que d'altérer la réalité était sa manière de communiquer. Cela commença par des bruits de ferraille, comme ceux qui avaient précédé l’arrivée de Tantale. Puis, les plaintes se firent plus fortes et entamèrent une mélodie macabre. Finalement, la terre s’ouvrit et cracha des chaînes sans fin qui s’enroulèrent autour du corps du dieu déchu et, même quand il n’y eut plus rien à enchaîner, cet héritage continua de grandir dans des proportions que même l’égo des dieux n’aurait pu saisir. Apollon essaya de se dégager mais, ayant seulement sa tête de libre, il n’alla pas très loin. L'Olympien était bloqué, indéniablement. Quand soudain, il se sentit tiré en arrière, vers le cercueil de Jason, et, malgré l’usage de toutes ses forces, le dieu ne put arrêter le processus. L'immortel se sentit alors tomber, encore et encore, sans que ça puisse s'arrêter. Gaïa l’entrenait dans la plus profonde tombe qu’elle possédait, là où personne ne pourrait jamais percevoir son éclat divin. Il tomba, encore et toujours, au point où haut et bas se fondirent en seule et même entité. 

 Mais, après ce qu’il lui parut des millénaires, il s’échoua sur son lit. La lumière qui inonda la pièce était d’une agréable douleur pour ses yeux. Elle lui semblait plus magnifique que jamais, plus puissante que n’importe quoi. Bien que l'enfant de Délos aurait voulu rester là, échoué comme le déchet qu’il était réellement, il ne pouvait pas. Aujourd’hui allait être le premier jour de sa rédemption. Que les fous se moquent de lui à la moindre erreur, que son père le prenne pour un cinglé pour essayer de devenir humble, personne ne pourrait le faire exécuter un pas en arrière. Même s’il fallait devenir l’ado boutonneux qu’il avait vu, il le ferait pour devenir une meilleure personne et sauver cette Meg, peu importe qui elle était. S’il fallait encore une fois stopper la folie mégalomane de l’empereur Néron, ou de n’importe quelle autre roi, sénateur ou auguste, il le ferait sans souci. La vie, la vrai, l’attendait dehors et il courut la rejoindre sans prendre ne serait-ce le temps de s'habiller correctement. On raconte que certains auraient vu à l’Olympe ce jour-là défiler un adulte blondinet, ou un ado aux cheveux bouclés, en pyjama un peu partout dans la cité divine, souriant et rigolant comme si la vie était la meilleure blague. Cette personne aurait demandé quel jour il était à plus d’une dizaine de passants, semblant de plus en plus joyeux à chaque réponse. Elle serait ensuite descendue sur terre, donnant plus que ne pouvaient l’espérer les sans-abris, et aurait même financé plus d’une dizaine d’associations portées sur le secours du prochain, demi-dieu ou simple mortel, pour après rejoindre les chasseresses et poursuivre le gibier des forêts scandinaves. On dit même que, si le projet de construction de temples et bungalows pour tous les dieux fut si vite terminé, ce fut grâce à ce garçon. Cet individu était un inconnu, semblable à Apollon par son faciès, mais qui ne pouvait être lui à cause de ses actions, pas assez égocentrée pour un dieu. Mais, ce que ces gens racontent n’est pas tout à fait vrai. Car, celui qui avait fait tout cela était bel et bien le soleil lui-même. Également, ce que les récits ne racontaient pas, c’était la partie beaucoup plus privée de cette histoire…

Le jour même de Noël, à la suite de toutes ses actions bienfaisantes, le dieu des arts s’était téléporté à la Colonie des Sangs-Mêlés. Il avait rendu visite à son pauvre frère, qui avait commencé à croire que leur père lui avait confisqué ses pouvoirs car il ne percevait pas de folie dans cet Apollon promettant de faire quelque chose pour l’aider, et s’était ensuite installé à l’infirmerie, attendant son fils et son compagnon. Et il ne dut attendre longtemps avant que les deux arrivent en se galochant, croyant sûrement qu’ils étaient seuls. Hésitant à attendre pour voir jusqu’où ils pouvaient aller, le dieu prit la décision la plus sage en se raclant la gorge pour les avertir de sa présence. Tandis que l’un se jeta dans ses bras, l’autre resta en retrait, rougissant à vue d'œil. Après une très longue étreinte avec son merveilleux fils, il leur proposa de souper avec lui, ce qu’ils acceptèrent, et essaya un maximum de s’investir dans leurs vies, tout en respectant leur intimité de jeune couple, que ce soit ce soir-là ou durant la suite de leurs existences. Et ils vécurent donc. De même pour Jason et tout New York City. Personne ne sut comment l’égocentrique et arrogant dieu des arts était devenu l’un des dieux les plus humbles et gentils, mises à part les trois divinités qui l’avaient visité, et c’était sûrement mieux comme ça, rendant un caractère féerique à cette transformation.




Enfin dire que personne ne savait aurait été une allégation mensongère, ou en tout cas une omission… Car, quelques mois après cette étrange nuit, le dieu découvrit une lettre sur son bureau. Si sa couleur pourpre l'étonna fortement, sa calligraphie latine le faisait encore plus. On aurait dit qu'un vrai lettré du 1er siècle pcn lui avait écrit, impression fort étrange en ce milieu de 21e siècle. Si tout cela l'avait inquiété, le contenu de cette fameuse lettre le déranga encore plus, mêlant raffinement à une hypocrisie cruelle, et dont voici une traduction approximative :

Mon cher, très cher, Apollon, 
J'ai cru comprendre de la part d'un de mes plus chers amis que tu as su changer ta réputation, et donc l'avenir qui aurait dû arriver. Cela me contrarie d'une manière que tu ne peux imaginer et les conséquences pourraient être terribles pour beaucoup, dont certaines personnes à qui tu tiens énormément. Cela m'étonnerait que la disparition soudaine de Kayla ou Will, tes très chers enfants, te ravisse.
Pour éviter cela, c'est très simple. Ô toi qui se veut généreux, abandonne ton immortalité et ta divinité et donne-les moi. Après tout, tu connais déjà ton apparence de mortel,
Mes plus cordiales salutations, Lester.

Néron Claudius Caesar Augustus Germanicus

Et, même si le choix aurait pu être évident pour tous les autres dieux, Apollon commença à hésiter…

Encore une fois, passez des bonnes fêtes de fin d'année, j'espère être un poil plus productif l'an prochain (car bon, 4 histoires en un an, il y a mieux) !





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