Vu qu'il faut essayer de nouveaux trucs pour apprendre, cet os est relativement différent du reste car il n'est pas vraiment lié aux Percy Jackson (vous comprendrez en tous cas).

La paperasse. Elle m'a toujours exaspéré, et pourtant je suis baigné dedans depuis ma tendre jeunesse, si un jour celle-ci a réellement existé.

La sonnerie de mon appareil de contact longue distance- aussi appelé un téléphone de nos jours à ce qu'il paraît- résonna dans toute la pièce, me causant un sursaut que je retins avec peine. Le nom du contact, un partenaire de premier ordre, s'afficha et j'hésitai deux secondes sur ce que je devais faire. Au vu des complications que l'entreprise éprouvait en ce moment, il aurait éviter de me sonner pour de la merde. Cependant, rien que d'imaginer son ton agaçant m'énerva sans peine. Alors, avec un lourd soupir, je décrochai enfin, en grosse partie pour faire une pause face aux dizaines d'autres dossiers à traiter en attente. Malheureusement, sa voix surdynamique m'agressa directement, perforant mes tympans, et ma motivation :

-Mec ! Ça roule ? Vu que tu ne prenais pas de nouvelles de ton cher associé, je me suis dit que je pouvais faire le premier pas, encore une fois.

-Si tu t'adressais à moi avec un peu plus de respect, peut-être que je t'appellerais plus souvent, "mec". En plus, quel est ce langage ? Tu fais honte à la langue d'Ovide.

-En appelant l'anglais la langue d'Ovide, tu fais honte à la merveilleuse langue de Shakespeare.

Si la conversation continuait sur cette lancée, elle allait bientôt toucher à sa fin, peu importe ce qu'il avait à me dire...

-Coupe court, je n'ai pas tout mon temps comparé à toi.

-Arrêteras-tu un jour de faire ton ronchon ? Cela fait une éternité qu'on se connaît et tu restes de marbre. Tu essayes de battre un record ?

-J'ai dit d'aller plus vite que ça, uappa.

-J'essayais juste de détendre l'ambiance, glacies. En bref, je n'ai pas pu les arrêter. Ils se sont pointés, ont tout démoli et se sont barrés en scandant qu'on était des monstres. À croire que le sang devient blanc ou noir en fonction de qui tue qui. Alors que, au fond, sans nous, ils ne seraient rien. Tu y crois toi ?

-Tu demandes vraiment à la personne que ce groupe d'individus, cette secte, critique le plus son avis sur le sujet ?

-Je te signale qu'ils me parlent comme à un costaud sans cervelle similaire à Hercule. Surtout lui. Franchement, je suis bien content que notre relation se soit finie : j'aurais été associé à ce boulet ventripotent et vachement inutile. Ma réputation en aurait pris un coup.

Il cracha ses derniers mots, rendant la situation parfaite, tout bonnement parfaite. La rage menait des hommes au sommet, l'amour au fond du trou. Et, si l'ennemi faisait le boulot à votre place, c'était volontiers. Il restait juste à jouer avec les ficelles de la stupidité humaine...

-Tu as enfin tourné la page ? Après tout ce temps, il le fallait bien ! Et ça va, ils ne t'ont pas blessé ? J'ai entendu dire qu'ils ne sèment que la destruction sur leur chemin.

-Disons qu'on va pouvoir essayer de le faire à l'aveugle. Je sais que tu as toujours voulu le faire, je trouverai bien le temps de passer chez toi pour m'occuper de ta petite personne en privé.

Un frisson me parcourut en entier, amenant avec lui un nœud d'émotions indéfaisable. Des picotements affluèrent en vagues sur ma peau, si bien que, avec mes bouffées de chaleur et les battements incessant de mon cœur, je sentais venir à coup sûr une autre crise. Je pris un stylo en main et le tournai au rythme de mes respirations jusqu'à ce que le calme revienne. Mon psy serait fier de moi, surtout s'il me voyait combattre le stress par ses foutues inspirations-expirations longues-courtes. La boule de sentiment se défit lentement, révélant l'évidence. Je le voulais. Il me dégoûtait, m'horripilait d'une manière grotesque. Il s'était envoyé en l'air avec mon oncle. L'idée de le faire, ou plutôt de le refaire, avec lui aurait dû me repousser au plus au point, mais non. Une série d'images défila devant mes yeux, aussi dégoûtante que enviable, telle une chimère infernale.

-Alors, trop ému que je te propose un rodéo qu'on en perd les mots ?

-Je me demandais juste si c'était possible de le faire en tranquillité sans réveiller mes enfants. Ma demeure est si petite comparée à l'ancienne, c'en est d'un ridicule !

-On commence à avoir l'instinct paternel ? En parlant de ça, j'ai une mauvaise nouvelle. Mais, surtout, ne t'énerve pas.

C'est plus à dire qu'à faire...

-S'ils ne savent pas dormir, ils ne pourront pas être efficaces dans leur apprentissage. Et ça, ça aura un impact sur toute notre organisation. Mais bon, quel est le problème ?

-Il faut croire qu'un de tes gosses ne veut pas rentrer. Elle a rejoint la secte et fait croire à tout le monde que ce n'est qu'une petite chose perdue. La pitié pour rassembler les troupes, ça n'a jamais été un bon truc.

-Quoi ?

-Tu as bien entendu mec.

Après tout ce que j'ai fait pour elle, elle osait me faire ça ? Je suis sa seule famille, en tous cas la seule à être présente pour elle. Elle n'a plus personne, plus depuis qu'elle a tué son vrai père.

Je balançai le téléphone à l'autre bout de la pièce, croyant calmer le sang qui battait à mes oreilles mais en ne faisant qu'accélérer le battement. Je demanderai à une servante d'aller en racheter un, ce n'était pas si coûteux. Au lieu d'aller ramasser les morceaux éparpillés, je me dirigeai vers ma cheminée et y allumai un feu. Celui-ci avait toujours eu le don de me calmer, au désagrément de mes proches. Le voyant pas assez prendre, j'y jetai une bûche. Bientôt, elle se noircit et le délicieux bruit de fracture m'emporta dans une époque douloureusement révolue.

-Empereur Nero Claudius Caesar Augustus Germanicus, pourquoi avez-vous mis feu au Flatiron Building ? Vous allez effrayer votre peuple.

Dépourvu de réponses, je ne pus retenir un rire. Ils allaient payer, chacun d'entre eux.

Comme je l'ai dit, j'ai tenté un truc. J'espère que ça vous a plu en tous cas. (En passant "uappa" veut dire "vaurien" et "glacies" signifie "glaçon")