Chapitre 22
Anarrima avait apprécié l'accueil du roi lumbars : une bonne nuit de sommeil dans ses nouveaux appartements lui avait permis de remettre de l'ordre dans ses pensées. Malheureusement, elle allait devoir supporter la proximité de Poldanexar : elle ne s'était pas encore penchée sur son mal mais jamais la magicienne n'avait traité un cas comme le virus qui s'abattait depuis si longtemps sur Fanyarë et Eressë N'Dor. Au moins, le collier antivalique avait été retiré, ce qui lui permettait d'user de son Vala.
Elle se leva de sa couche ; son lit était suspendu au-dessus du sol par de lourdes chaines, sûrement pour se protéger du froid qui courait sur les dalles gelées. Après une rapide toilette, Anarrima enfila les vêtements qu'on lui avait déposés sur un fauteuil durant son sommeil : ils n'étaient guère convenables ni très chauds mais cela devait être courant dans cette ethnie.
— Vous n'appréciez pas ?
La jeune femme se retourna brusquement et fut surprise de trouver une naine. Ou plutôt une fée... Une fée sans ailes ? Non elle ne savait pas quelle créature se tenait devant elle. La servante s'avança légèrement vers sa nouvelle maîtresse et voyant son incertitude ajouta :
— Je suis Gaby, votre bonne de chambre. Je suis une gnome... Heu... Et vous ?
— C'est un peu compliqué, soupira Anarrima en se laissant habiller.
— Tant que vous n'êtes pas une elfe, ça me convient, sourit Gaby avec une emphase qui lui semblait naturelle.
— Pourquoi ?
— Mon peuple a fui les terres de Calca, il y a des centaines d'années pour se soustraire à l'esclavage que nous subissions. Les elfes nous exploitaient et une partie d'entre nous a décidé de partir...
Anarrima haussa un sourcil : d'après ce qu'elle avait vu dans la capitale, le sort des gnomes ne semblait pas s'être amélioré. Piquée de sa curiosité habituelle, elle demanda :
— Connaissez-vous Morgal ?
— Le prince Morgal ? Évidemment, c'est un Fëalocen. Il est totalement déséquilibré ! Un peu comme toute sa famille d'ailleurs.
Anarrima sourit malgré elle. Comment cet homme pouvait être connu au fin fond du monde ?
— Comment le connaissez-vous ? interrogea impoliment la gnome, vous avez été victime de sa fourberie ?
— Si on peut dire.
Gaby éclata de rire et finalisa la tenue de sa maîtresse par un voile noir transparent qu'elle ajusta sous ses yeux.
— Gaby, commença sérieusement la jeune femme, peux-tu m'en dire un peu plus sur les lumbars, leurs coutumes, leur Vala et leurs secrets ?
— Bien sûr, répondit-elle toute guillerette, les lumbars sont une race très ancienne et leur Vala réside dans le corps de leur totem, les animaux qui les accompagnent : chaque lumbars a un totem plus ou moins différent. Enfin, non... Les femmes n'ont pas de totem : on le tue dès leur naissance. Disons que... Le statut des femmes en Eressë N'Dor, et particulièrement à Sarnelët El Irin, est assez discutable. Enfin bref, cette race vit généralement dans les montagnes et près de l'eau : c'est un peuple marin. De plus, tous vénèrent les Dieux des Abysses et les Entités des Vents. Vous verrez un bon nombre de temples dans cette capitale à leurs effigies.
— Ils ne croient pas au Créateur ?
— Non... Ce n'est pas assez... tribale.
— Et les humains que j'ai croisés ? Qu'ont-ils ?
Gaby frissonna, faisant frémir ses cheveux lisses et noirs, retenus dans un chignon lâche. Elle était menue, dotée d'une peau mate et de longs yeux bridés. Mais le trait de son corps le plus expressif était ses longues oreilles qui pivotaient en tous sens. Elle s'avança près d'Anarrima et murmura :
— Comme vous avez dû le voir, ils sont totalement lobotomisés. Il arrive que des humains arrivent sur cette dimension mais ils sont immédiatement incarcérés et asservis. Personne ne sait ensuite ce qui leur arrive mais ils semblent subir une cérémonie qui les rend aussi réactifs que des légumes. C'est assez terrible... Nous autres, les gnomes, nous espérons ne pas être victimes de cet abominable rituel.
— Je sens que je vais me plaire au sein de cette race...
— En tout cas, si je peux me permettre, vous semblez plaire au roi !
Anarrima écarquilla les yeux : la gnome ne craignait pas d'en dire trop ! C'était offusquant mais d'un certain côté elle était attachante et pouvait surtout lui être utile :
— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
— Vous verrez bien, sourit-elle, mais si j'étais vous, j'éviterais de m'approcher trop de lui.
— Je dois le soigner. C'est ma part du marché.
— Un marché avec Poldanexar ? Permettez que je vous donne quelques conseils ! J'ignore ce qu'il vous donne en échange mais restez sur vos gardes. Il n'a aucune parole. Vous avez de la chance qu'il louche sur vous et qu'il vous craigne en même temps, sinon, il vous aurait déjà mangée !
— Mangée ?
— Faites attention à ce qu'il vous servira dans votre assiette ! ricana Gaby.
Anarrima grimaça.
— Encore une chose, ajouta la gnome, ne pénétrez pas dans les harems : les femmes ne vous laisseraient pas en sortir vivante. Elles ont bien vu le regard du roi sur vous : méfiez-vous d'elles.
— J'y veillerais.
Gaby fit une légère courbette et se retira par un petit couloir adjacent, laissant sa maîtresse seule. Anarrima fut heureuse qu'elle ne lui ait pas demandé plus sur ses origines et son aventure : c'était plus simple. Elle se leva et rejoignit les appartements du roi pour commencer les soins. La jeune femme appréhendait ces séances qui pouvaient la trahir ou dégénérer dans d'autres sens.
Désormais dans la chambre, elle trouva Poldanexar, prenant un bain dans une cuve de bois cimentée. À ses côtés un lumbars se dressait, recouverts de peaux de bêtes, un rat sale sur l'épaule :
— C'est elle votre sorcière, père ? ricana-t-il en la reluquant, comment une créature aussi fragile pourrait guérir une maladie comme la vôtre ?
— Je n'ai plus rien à perdre, Cordinacus, murmura le roi, et elle n'a d'autre choix que de me guérir : où pourrait-elle s'enfuir ?
— C'est une mi-démon, souligna le fils, elle vous aspirera l'âme et créera un portail pour échapper à notre vengeance.
Anarrima grinça des dents :
— Je n'ai que faire de votre avis, prince Cordinacus. J'obéis à votre père et non à vous !
Cordinacus serra les poings et se planta devant la magicienne : il devait bien lui mettre deux têtes.
— Écoute-moi bien sale garce : je ne sais pas d'où tu viens mais ici les femmes se taisent. Attarde-toi un peu trop longtemps sur mon chemin et je ferai preuve de « créativité » pour me débarrasser de toi.
Anarrima ricana et le contourna pour rejoindre le roi.
— Cordinacus, dit ce dernier, va-t-en rejoindre Parya. Et laisse-moi avec elle.
Le prince grommela entre ses dents et disparut par la lourde porte de bois. La magicienne ne traina pas pour accéder à Poldanexar : il baignait dans une eau où du souffre s'amalgamait dans une teinte rouge, sûrement pour soigner des démangeaisons. Sur sa poitrine, la peau semblait se friper et devenir visqueuse ; les veines se teintaient de noir et paraissaient se gonfler, ressortant en relief. C'était immonde, sans parler des bubons blanchâtres qui apparaissaient sur le ventre. Anarrima ne put s'empêcher de frissonner de dégoût et une certaine pitié naquit l'espace d'une seconde pour cet homme. Dans quelques mois, il ne serait pas plus raisonnable qu'un contaminé.
Elle se pencha au-dessus de la baignoire et toucha de ses doigts fins les plaies purulentes : elle avait envie de vomir.
— Bien, dit-elle en se redressant soudainement sans laisser paraitre sa répulsion, je vais vous préparer des remèdes.
— Pouvez-vous me soigner ? articula distinctement le roi.
Anarrima ne répondit pas : oui, sûrement. Le fera-t-elle ? C'était une autre chose. Elle devait être sûre d'elle si elle ne voulait pas finir dans l'assiette de cet homme :
— Évidemment, assura-t-elle, un démon sommeille en moi. Je peux l'invoquer et vous guérir. Mais cela prendra plusieurs semaines.
— Très bien.
Elle se rapprocha du roi et posa un cataplasme sur son torse poilu qu'elle maintint avec des bandages qui demeuraient dans les armoires, sur le côté.
— Et me voilà infirmière ! râla-t-elle intérieurement, j'ai autre chose à faire que de soigner ce roi en décomposition !
Elle poussa un cri : le boa venait d'enrouler sa jambe nue. Poldanexar ricana et sortit de sa cuve pour saisir le serpent de son bras. Anarrima se retourna, ne désirant pas vraiment se trouver face à cet homme. Il s'avança dans son dos et la saisit brusquement sous la poitrine pour lui murmurer à l'oreille :
— N'essaie pas de me rouler, démon, souffla-t-il, tu n'as même pas connaissance de ce que je peux te faire. Si par un pur hasard il advient que tu échoues, je transmettrai mon mal dans ton corps. J'apprécierais de le faire même si je ne pense pas que ce soit réciproque....
Il lui prit les hanches, lui faisant comprendre où il voulait en venir. Anarrima se dégagea sans perdre son sang-froid : elle n'avait pas l'intention de subir un second rituel mais une chose était sûre pour elle : jamais elle ne sauverait cet homme. Elle le détestait. Pourtant elle tint à lui montrer que ces menaces ne l'affectaient pas et esquissa un léger sourire :
— Nous n'en arriverons pas jusque-là, affirma-t-elle avec la même assurance.
— Alors c'est parfait, répondit-il de son rire gras en se rhabillant, tu feras une bonne compagne. Viens avec moi au banquet : j'ai l'impression que tu as jeûné pendant trois ans tellement tu es maigre. Tu as besoin d'engraisser.
— Si c'est pour finir dans la marmite, son raisonnement est logique, pensa-t-elle.
Elle suivit le roi hors des appartements, les yeux rivés sur la longue cape de fourrure qui trainait sourdement sur les tapis des couloirs. Enfin, ils parvinrent à l'immense salle. Contrairement au jour précédent, les femmes étaient aux côtés des hommes et non à l'écart : cela devait varier. Poldanexar prit place au centre, laissant la place voisine à Anarrima. Elle se rendit bien compte que les autres femmes l'assassinaient du regard. C'était tout à fait absurde : contrairement à elles, la jeune femme ne désirait pas la compagnie du roi. Elle se contenta de fixer son assiette.
Des musiciens, flanqués d'instruments étonnants, se placèrent sur la mezzanine pour jouer pendant que des serveurs, pour la plupart des humains lobotomisés, apportaient des plats fumants. La magicienne goûta sans se poser trop de questions. Elle fut rassurée lorsqu'elle reconnut les arrêtes de poisson.
— Les sirènes sont nombreuses ici, lui assura Poldanexar, il n'y a qu'ici que vous pourrez en manger : elles sont très difficiles à attraper et se défendent sauvagement. C'est un met de luxe.
Anarrima eut un sourire forcé et s'obligea à manger. Autour d'eux, la cour paraissait apprécier et arrosait tout cela à grandes rasades de vins.
Au fond de la salle, un lumbars se tenait assis, reclus dans un coin, la peau recouverte de tatouages et de piercings. Dans sa main se dressait un long bâton recourbé d'où pendaient des centaines de babioles, d'os et de pierres. Un corbeau croassait sur son épaule.
— C'est Parya, renseigna le roi, le mage de Sarnelët El Irin. Un homme très puissant.
— Un potentiel ennui, soupira la magicienne.
Poldanexar posa la main sur son ventre nu, la faisant sursauter :
— Ce sont les démons qui t'ont infligé ça ?
— Heu... Oui.
— Que t'ont-ils fait exactement ?
— Rien de très plaisant.
Il ricana et la saisit par la mâchoire pour l'embrasser salement. Anarrima crut céder et envoyer ce pervers s'empaler contre un pieu mais elle ne pouvait pas tout abandonner maintenant, alors qu'elle n'avait même pas commencer ses recherches.
Heureusement, le roi revint à sa juste place pour nourrir son boa, ce qui n'empêcha pas la jeune femme de le maudire au plus profond de son être. Elle fut heureuse de l'arrivée de l'échanson pour calmer sa colère dans le vin. Le serveur remplit la coupe de son voisin mais s'arrêta brusquement :
— Qu'est-ce que t'as, humain ? grommela le souverain, il faut vraiment que tu attendes d'être lobotomisé pour obéir correctement ?
Anarrima leva les yeux sur l'intéressé et croisa son regard. Un regard ténébreux comme il n'y en avait qu'un. Elle faillit partir à la renverse : Sanar ! Ici ? C'était absurde... C'était... Elle se ravisa et lui tourna la tête, réalisant tant bien que mal l'amplitude de cette rencontre.
Sans mot dire, l'ancien roi d'Olorë servit le suzerain et s'esquiva comme il était venu, ignorant la femme.
Elle avait du mal à respirer, et maintenant qu'il traversait le fond de la salle, elle le scruta : il n'avait pas vraiment changé mis à part que ses cheveux avaient poussé ainsi que sa barbe qui était mal taillée. Quant à ses vêtements... un blouson de cuir sans manche recouvrait une chemise déchirée et son pantalon, rentré dans de grosses bottes de fourrure, n'avait pas plus fière allure. Comment avait-il atterri ici ?
— Qui regardes-tu comme ça ? remarqua Poldanexar.
— Le serveur : il n'est pas lobotomisé ?
— Non. Pas encore. Il aurait dû l'être depuis son arrivée, il y a quelques semaines mais certaines de mes femmes le voulaient. Je ne sais pas vraiment quoi faire de lui... Plusieurs options me viennent à l'esprit.
Il gloussa, ce qui exaspéra sa voisine.
— Veuillez m'excuser, dit-elle en se levant, mais je dois trouver des remèdes pour votre cas.
— C'est cela, je te retrouve ce soir.
Anarrima s'éclipsa de la pièce et regagna ses appartements. Elle claqua violemment les battants derrière elle et se laissa tomber contre la paroi lisse, totalement bouleversée par les derniers évènements. Sanar était vivant ! Dans ce château ! Et il l'avait vue avec le roi, avec son tortionnaire. Il avait vu Poldanexar l'embrasser...
Elle eut envie de vomir. Elle était dégoutée. Dégoutée par ce qu'elle avait mangée. Dégoutée par l'attitude des lumbars et dégoutée d'elle-même. Elle sombrait peu à peu et elle ne s'en apercevait même pas.
— Vous ne vous portez pas bien, madame ?
Anarrima croisa les yeux de Gaby et sécha une larme au coin de l'œil :
— Non, tout va bien.
— Si vous le dîtes... Même si je n'y crois guère.
La magicienne se releva brusquement :
— Où sont les quartiers des domestiques ?
— Je peux vous y mener si vous y tenez mais il n'y a rien d'intéressant là-bas...
— Je vous suis.
Gaby haussa les épaules et trottina jusqu'au couloir adjacent, suivie de la jeune femme. Toutes deux descendirent des escaliers poussiéreux de bois et parvinrent dans un hall où déambulaient des esclaves, totalement dénués de réaction. Anarrima frissonna à l'idée que Sanar puisse devenir comme l'un d'eux. Elle quitta la gnome et s'aventura dans les couloirs crasseux, à la recherche du réduit. Elle ne tarda pas à le trouver malgré la densité des logements. Elle passa la porte vermoulue et se trouva dos à lui. Il se lavait le visage dans un bac, non sans cacher son irritation. Il perçut apparemment la présence de la femme :
— Peux-tu me dire ce que tu fais ici ? murmura-t-il de sa voix grave, je ne pensais pas te retrouver au plein cœur de l'Enfer. Faut croire que c'était un paradis avant ta venue : avant que j'aie vu tout ton manège.
— Sanar...
— Non, Ana ! Je ne veux rien entendre ! Pas d'excuses, pas d'explications. Je veux que tu me laisses...
— Tu sais ce qui te pend au nez si tu refuses mon aide, insista-t-elle, je ne veux pas que tu deviennes comme les autres.
— Apparemment tu as trouvé un autre centre d'intérêt, ironisa-t-il sans se retourner, jamais ma première femme m'aurait trahi ainsi. Jamais Morilindë ne m'aurait fait ça.
Anarrima resta estomaquée : jamais Sanar n'avait parlé de sa première femme, celle qui avait été assassinée. Et ces paroles la blessèrent violemment :
— Tu ne peux pas me dire ça, murmura-t-elle la gorge serrée, tu ne sais même pas pourquoi je suis là...
— Non, en effet. Je ne sais pas ce que ma femme fait dans les bras de ce salaud, affublée comme une catin !
— Tu crois que ça me plait ! s'exclama-t-elle, je n'ai pas eu le choix : tu ignores ce qui me guette. Et moi j'ignore ce qui t'es arrivé ! Je te croyais mort !
Il ne répondit pas, s'asseyant sur sa paillasse. Il se contenta d'observer son épouse puis ajouta :
— J'imagine qu'Arata et Sirya sont désormais à la tête de mon royaume...
— Arata est mort : il a tenté de me supprimer pour prendre le trône.
— Tu l'as tué ? Ne me réponds pas, je connais la réponse. Je me fiche du sort que mon frère a subi ; nous nous détestions, de toutes manières. J'espère juste que Lussius est toujours là pour mener à bien les affaires de l'Etat.
— Lussius ? Ton démon de ministre ? C'est lui qui m'a fait ça : il m'a tailladé le ventre et m'a fait subir un rituel.
Sanar haussa les sourcils, sans vouloir admettre les paroles de sa femme : après tout elle l'avait trahi et semblait plus très nette.
— Je suis possédée, Sanar, murmura-t-elle en retenant ses larmes, je dois trouver une entité dans ce maudit pays pour me guérir. Mais je suis prête à t'aider, prête à empêcher ce qui t'attend.
— Trop aimable... Qu'est-ce qui me dit que tout cela est vrai ?
Anarrima soupira devant l'incrédulité de son mari et se planta devant lui : sur son ventre, les motifs commencèrent à se mouvoir et ses yeux se noircirent. Immédiatement, l'homme recula, horrifié par cette vision. Heureusement, Anarrima parvint à contrôler la transformation et revint à son état naturel.
— Tu vois, dit-elle, je ne te mens pas. Lussius m'a vraiment fait ça parce que j'étais la fille de deux Réceptacles.
— Très bien, j'accepte ton aide. J'accepte aussi de t'aider en retour dans tes recherches mais je doute d'être utile.
—Merci... Merci, Sanar.
Il se tut, la regardant disparaitre derrière la porte. Comment diable avait-il bien pu se marier avec cette femme ? Elle était certes magnifique mais tout aussi dangereuse. La voir avec Poldanexar le rendait fou : son orgueil autant que son honneur en prenaient un violent coup. Et puis, au fond, la limite entre la haine qui lui vouait désormais et son amour pour elle était parfois fragile.
— Morgal ! s'exclama Nahôm, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu mon Faucheur.
L'elfe forma un étrange rictus sur le visage et s'assit en face du roi, plongés dans la pénombre du salon. Dehors, le vent agitait les branches de la forêt d'Hostos. Le Sanctuaire se dressait dans toute son apparence la plus lugubre.
— Avez-vous des nouvelles d'Arminassë ?
— Oui. Le couple royal cherche une solution pour retrouver le Balgivox.
— Eux aussi ?
— La maîtresse du roi a subi un rituel et il cherche à la guérir.
— Et la reine ? Quand vous décideriez-vous à me l'amener ?
— Je dois d'abord endormir sa confiance : une infiltration à la cour est le seul moyen de parvenir à notre but.
— Bien, vous semblez me convaincre, on dirait. Encore une chose, Morgal : pensez-vous judicieux de demander à tous les Réceptacles ici présents de s'affranchir maintenant de leur servitude ?
— Qu'ils utilisent le Vala Interdit qui recèle en eux ?
— Oui.
— Non. Pas encore ; eux aussi ont un rôle à jouer.
— Me diriez-vous pourquoi vous avez lancé cet appel, il y a vingt ans ? Pourquoi vous vouliez tous nous réunir ?
Morgal sourit sans répondre et se leva : bien sûr qu'il y avait une raison à tout ce manège mais il n'était pas temps pour le rideau de tomber, de découvrir l'abominable réalité...
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