Chapitre 2 (1)
Anarrima se frictionna vivement les bras : les automnes en Fanyarë étaient pour le moins éprouvants. Cachés dans les caves d'un imposant hôtel particulier, elle et son compagnon ne bénéficiaient pas d'un chauffage bienfaiteur. Leur repaire était toutefois chaleureux, surtout lorsque Nethar prenait le temps d'allumer son armada de bougies. Il pouvait être pris d'étranges lubies, de temps à autres...
À vrai dire, la jeune fille ne savait comment son ami avait trouvé cet endroit : était-ce un abri des elfes d'Onyx en général ? Elle frissonna à cette idée. Elle lui faisait confiance mais il restait un assassin, un ancien capitaine d'Onyx. S'il était à ses côtés, c'était que son maître le lui avait permis. Pour la tuer ? Sûrement pas. Il l'aurait fait depuis longtemps. Pour la surveiller ? Il n'y avait pas de doute là-dessus. Pourtant, Anarrima affectionnait Nethar, bien qu'elle lui gardât une légère rancune : ce dernier n'avait pas hésité à lui mentir par le passé afin de servir son unique maître. Mais quoiqu'il en soit, les derniers événements les avaient rendus complices. Et puis, Anarrima n'était pas femme à se perdre dans ses émotions. Sa froideur lui avait souvent valu quelques réflexions.
Elle se dirigea vers une petite pièce qui faisait office de salle de bain et se lava le visage dans une bassine. S'observant ensuite dans le miroir fissuré, elle rencontra son regard bleu. Elle se demandait à chaque fois comment pouvaient bien être ses parents... À l'aube de sa vingt-et-unième année, son physique était pour le moins troublant : aucun trait disgracieux ne venait entacher son visage et son physique demeurait d'un attrait presque parfait. S'en était presque surnaturel. Dotée d'une taille svelte et de formes féminines plutôt généreuses, elle dépassait largement la moyenne en termes de beauté. Sa longue chevelure blonde qui lui battait les hanches finissait un portrait un peu trop séduisant à son goût : cela lui avait valu un bon nombre d'accidents auprès d'hommes un peu trop entreprenants.
Elle ne risquait pas ce genre de problèmes avec Nethar : étant un elfe d'Onyx, il restait hermétique à ce genre d'envie. Pourtant il l'avait bien embrassée la veille... Elle ne savait comment interpréter ce geste. Si elle avait été troublée, elle en concluait désormais qu'il s'agissait d'un simple dérapage. Ou peut-être avait-il agi pour soulager le manque d'affection profond de la jeune fille ? Peu importait après tout, elle n'avait pas le temps pour ces histoires.
Anarrima passa sa main dans le dos, frôlant son large tatouage de cygne. En Lercemen, elle avait été acclamée comme un héros pour avoir terrassé les assassins d'Onyx et repoussé leur roi : le cygne était le symbole de l'espoir. Toute cette ancienne vie lui manquait : son amie Findelle, son voisin Nironwë et bien sûr, son père adoptif, Arnil. Mais ce dernier était mort : elle avait ensuite choisi de tout laisser pour connaitre son identité et elle comptait bien sur son Vala et sur Nethar pour la découvrir. Si l'elfe se refusait de lui donner des indices, il l'accompagnait dans sa quête. Et ce matin encore, ils allaient tous deux s'aventurer dans des lieux interdits.
La pluie avait cessé de tomber mais un épais brouillard s'était propagé à travers les longues avenues.
Anarrima suivait Nethar qui avait décidé de contourner la cité pour s'infiltrer ensuite plus facilement dans les murs du château. Il était situé sur une hauteur au nord de la ville et sa position stratégique s'accentuait par un précipice qui menait dans un défilé obscur, creusé à des centaines de mètres, à un demi-périmètre autour de la ville.
— Nous devrions pouvoir passer par des souterrains. On peut y avoir accès derrière la colline du château.
— Mais cet endroit est extrêmement raide et recouvert d'une jungle épaisse, fit remarquer Anarrima, nous mettrons du temps avant d'arriver aux balcons du palais.
— Justement, nous escaladerons la falaise à l'aide de lianes et les murs de la demeure de Carnil donnent directement dessus. Nous ne risquons pas de croiser beaucoup de gardes.
Anarrima hocha la tête et tous deux continuèrent leur marche parmi une foule pressante. Bientôt les passants se firent rares et ils sentirent tous deux le sol s'affaisser petit à petit sous leurs pieds puis devenir aussi raide qu'un escalier. Les habitations avaient disparu et d'énormes arbres d'un diamètre démesuré apparaissaient, élançant leurs branches vers les cieux.
Le soir tombait et la lumière du jour disparaissait derrière les ramures des arbres. Le froid commençait à mordre. Nethar s'arrêta et levant son visage gris vers la falaise escarpée, il s'élança tel un chamois, prenant les prises nécessaires et s'aidant des troncs d'arbres qui entravaient son chemin.
Anarrima le suivit avec la même aisance. La montée promettait d'être longue.
Malgré l'intensité des efforts, Anarrima ne sentait pas la fatigue et continuait son ascension.
Déjà, les premières pierres du palais apparurent sous l'apparence de grosses dalles enfoncées dans le sol. Entre deux d'entre elles, se tenait une grille de la hauteur d'une petite porte.
— Nous y sommes, certifia Nethar, cette entrée mène à des souterrains qui débouchent par un puit sec dans une salle réservée du château. La bibliothèque est un étage au-dessus.
— Très bien, je devrais y trouver les renseignements nécessaires.
— En tout cas, nous avons intérêt à ne pas nous faire prendre : ces appartements sont interdits à quiconque n'est pas accepté par Carnil... Tu veux bien ouvrir la porte : elle est scellée et je n'ai aucune envie de gaspiller mes pouvoirs.
Anarrima plissa les yeux : elle savait bien que son compagnon se moquait d'elle mais elle ne se formalisa pas et dans un éclair foudroyant la grille sauta dans le vide. La magicienne n'était jamais très rassurée lorsqu'elle utilisait ainsi ses pouvoirs : elle n'en connaissait pas les limites et son contrôle restait sommaire.
Ils pénétrèrent dans le tunnel et s'aventurèrent dans des escaliers aussi tortueux que poussiéreux.
— Personne n'est venue ici depuis des âges, en conclut Nethar.
En effet il n'y avait aucun signe de vie. Mais bientôt, au-dessus de leur tête, apparut l'embouchure du puits ainsi que l'échelle pour s'en extirper. Ils ne tardèrent pas à enjamber le perron et se retrouvèrent dans une pièce où des tonneaux de vin étaient entassés.
Nethar fit signe à Anarrima de le suivre.
Dans un recoin se présenta un passage étroit, caché par une tenture.
— Il y en a un peu partout dans le palais mais seule la reine les connait... Et moi !
Anarrima fronça les sourcils, espérant bien interroger son ami après cette mission. Comment pouvait-il avoir autant d'informations sur Arminassë ?
— Ce passage devrait comporter des escaliers, ajouta-t-elle, il faut monter encore d'un étage.
— Nous allons être obligés de faire un détour, nous en profiterons pour jeter un coup d'œil dans les pièces que nous allons longer.
Pendant de longues minutes Anarrima se sentit oppressée entre ces deux murs qui n'en finissaient pas.
La reine... Une bien curieuse créature en réalité. Elle ne l'avait jamais vue, bien sûr. Mais depuis le récent retour de Carnil en son royaume, le couple avait montré quelques difficultés à gouverner de même voix. Luinil s'était plutôt habituée à garder le pouvoir seule, apparemment. Carnil avait peu apprécié la chose et l'avait rapidement évincée de manière à ce que plus personne dans la capitale n'entende plus jamais parler d'elle. L'avait-il tuée ? Bannie ? La fameuse « Reine Vierge » comme on l'appelait n'était probablement pas du style à se laisser dicter ses choix monarchiques par un homme qui avait disparu pendant plusieurs siècles. De ce point de vue-là, Carnil rencontrait sûrement de nombreux opposants d'où sa volonté de gouverner désormais d'une main de fer, inflexible et sans pitié.
Un cri étouffé au travers de la paroi l'arracha à ses pensées. Elle et son ami s'arrêtèrent pour savoir si le son se répétait. Le mur à cet endroit devait être très étroit car ils entendirent tous deux des voix à peine audibles.
Anarrima frémit : cette voix qui dévoilait la souffrance, elle l'avait déjà entendue dans ses rêves ou en réalité. Apparemment Nethar aussi, car il en frissonna. Voyant une tenture similaire à la première plus loin, il s'avança furtivement et soulevant doucement le drap, il regarda la scène. Anarrima le rejoignit et observa à son tour : ce qu'elle vit en premier fut la présence d'une assemblée sur un balcon intérieur, séparé par le vide d'une plateforme construite à quelques mètres plus bas. Sur le balcon en gradin, au premier rang, était assis un homme d'une grande stature, accompagné d'une femme couverte de bijoux. Elle était tout simplement d'une beauté à couper le souffle mais son visage restait inexpressif sous le maquillage prononcé. Anarrima en déduisit qu'il s'agissait probablement du couple royal : ils occupaient la place centrale de l'assemblée et la richesse de leurs parures ne mentait pas.
Sur la plateforme se trouvaient deux hommes, le visage caché : les deux étaient vêtus de noir. L'un se dressait de toute sa hauteur, encapuchonné jusqu'au nez. Une longue cape tombait de ses épaules et une fumée noirâtre s'échappait de son corps. Ses vêtements se déchiraient en lambeaux comme si cela était voulu. L'autre était agenouillé, un masque recouvrait entièrement sa tête, sans doute pour qu'il ne soit pas reconnu. Ses mains demeuraient enchainées sur une colonne à moitié édifiée et aspergée de sang.
— Une exécution ! chuchota Nethar à l'oreille d'Anarrima.
En effet, l'homme debout tenait une épée nue dans sa main.
— C'est le Réceptacle de Carnil, continua Nethar.
— Et l'autre ? murmura Anarrima.
Son ami ne répondit pas et continua de scruter la scène.
Le Réceptacle leva son arme au-dessus de l'inconnu, prêt à lui décoller la tête. Tous dans la pièce retinrent leur souffle.
Mais à ce moment-là, la reine se leva brusquement, affolée. Le roi la saisit d'un geste violent pour la rassoir mais lui prenant sa main, elle enleva subitement l'anneau qu'il portait et le jeta dans le vide. L'assemblée toute entière s'agita brusquement et le Réceptacle retint son bras. Il observa l'anneau disparaitre et son regard se posa sur le roi Carnil. Le souverain repoussa violemment la reine, furieux qu'elle lui ait résisté. Dans un nuage de poussière, le Réceptacle se téléporta en brisant les chaines du prisonnier.
Ce dernier se releva et se précipita vers une des grandes fenêtres. Sans la moindre hésitation, il bouscula les gardes, étourdis, et brisa les vitres avant de disparaitre.
Toute la pièce ne tarda pas à paniquer et Nethar suggéra à Anarrima d'en profiter pour se rendre à la salle secrète, contenant les plans.
— Nous n'avons plus beaucoup de temps, dépêchons-nous ; les gardes vont bientôt sécuriser le château et nous ne pourrons plus agir.
Ils coururent le plus vite possible dans l'étroit couloir et enfin des escaliers apparurent à leurs yeux. Ils le montèrent en quelques foulées et débouchèrent dans une immense bibliothèque où des rayons de livres s'élevaient jusqu'aux voutes. Pendant un court instant, ils s'adossèrent au mur comme pour remettre en ordre leur esprit. La scène à laquelle ils venaient d'assister restait perturbante, voire irréelle. Un condamné venait d'échapper à la pire des sentences, en partie grâce à la reine. Cet accident pouvait saboter leur plan autant que détourner l'attention.
— C'est ici que je devrais pouvoir mettre la main sur les documents concernant ma famille, murmura Anarrima.
— Bien, dépêche-toi, je monte la garde.
Cette pièce du palais semblait déserte et cela convenait tout à fait à la jeune fille. Son regard se perdit un instant dans les étagères qui s'élevaient à l'infini, regorgeant de codex et de parchemins à la valeur inestimable. Une agréable odeur de cuir contrastait avec les effluves de sang rencontrées plus tôt. Sans perdre plus de temps, Anarrima se saisit d'une échelle et attrapa la sphère bleutée qui permettait de trouver le document voulu. Mais étonnement, au lieu de lui révéler un emplacement ou l'image d'un ouvrage, la boule cristalline s'assombrit jusqu'à devenir aussi noire qu'une bille d'encre.
— Ana, dépêche-toi...
Elle secoua la sphère magique sans en changer l'état. Le temps comptait et voilà que l'outils de recherche montrait un disfonctionnement bien visible.
— Foutu sphère !
Agacée, elle la jeta de toute ses forces au sol. La boule s'éclata juste au pied d'un homme. Masqué et à moitié enchainé, il se tenait tel un spectre égaré.
Anarrima rata un battement : c'était le condamné qui la regardait depuis le bas de l'échelle avec un silence effrayant. Pourquoi Nethar...
Mais au même moment, une garnison d'astres entra par une gigantesque porte sur le côté, avortant sa question. Sans doute cherchaient-ils le prisonnier. Pendant quelques instants, ce dernier demeura figé, comme statufié. Puis, il s'échappa une nouvelle fois dans le labyrinthe de la bibliothèque, disparaissant derrière les gigantesques colonnes.
—Nous l'avons trouvé ! cria le capitaine, prévenez les autres garnisons.
Mais à la vue de l'elfe et de la jeune fille, il se figea :
— Vous, là-bas !
D'un commun accord, les deux amis tournèrent les talons, peu désireux de s'en prendre à la milice astrale.
— Soldats, saisissez-vous de ces intrus !
Sur ce, il envoya la moitié de ses hommes après eux. Les deux compagnons sentirent l'angoisse monter en flèche : ils n'avaient plus le choix. Ils devaient s'enfuir.
— Ce sont des astres de la garde royale ! cria Nethar en prenant Anarrima par le bras et en l'emmenant vers un couloir qui bifurquait sur une longue terrasse, ils possèdent des armes de jet et sont trop nombreux pour qu'on puisse leur faire face !
Un des gardes leur jeta un éclair foudroyant qu'ils évitèrent de justesse mais cela mit feu à la salle. Certains astres portaient en effet des modèles d'arbalètes mais avec un grappin ensorcelé en guise de carreau. La fumée ne tarda pas à s'épaissir en même temps que l'incendie se propageait dangereusement.
Anarrima suffoquait dans les flammes et était obligée de temps à autre de lever un champ de protection magique pour éviter la chute de bibliothèques rougeoyantes sur elle. Nethar parvint au couloir sans inconvénients grâce à son agilité remarquable mais pour empêcher qu'il n'arrive malheur à son amie, il dressa un bouclier contre les gardes, le temps que la jeune fille arrive auprès de lui.
Elle s'engouffra dans le couloir et déboucha perpendiculairement sur la terrasse, suivie de son ami, affaibli par l'utilisation de ses pouvoirs.
Anarrima poursuivait sa course sans se retourner lorsque soudain son pied glissa sur les dalles lisses. Elle chuta en roulant dangereusement vers le vide et comme aucune barrière n'entravait son chemin, elle se retrouva agrippée au perron par une main, le corps dans le précipice. Elle vit avec horreur que le sol était invisible, seul l'épais feuillage de la jungle apparaissait.
— Nethar ! hurla-t-elle, je vais lâcher !
Déjà ses doigts glissaient contre la paroi lisse mais Nethar la rattrapa par le poignet juste à temps. Pendant quelques secondes, le temps se figea, les cris se turent, leurs regards se pénétrèrent.
Puis les yeux de Nethar se fermèrent brusquement, le visage marqué par la douleur. Anarrima vit du sang compact couler de la bouche de son ami et s'éclater sur son front dégoulinant. Malgré tout, il ne la lâcha pas, bien qu'il ne parvenait plus la retenir. Un astre lui avait décoché un grappin qui propageait ses dents maléfiques dans son flanc, telles les pattes d'une monstrueuse araignée. Il se sentait emporter par le poids de la jeune fille et glissait sur son propre sang, incapable de trouver la force pour la remonter. Comme les gardes les rejoignaient, Nethar préféra sauter, prenant Anarrima dans ses bras en plein air.
Elle poussa un cri, perdant tous ses repères. Son cœur s'emballait alors qu'elle chutait toujours plus vers l'impact.
Bientôt, ils percèrent l'épais feuillage des arbres et se blessèrent aux branches. Enfin ils s'empêtrèrent dans les innombrables lianes qui les retinrent à quelques mètres au-dessus du sol marécageux. Anarrima fut complètement étourdie par une si grande chute. Mais elle revint rapidement à la raison lorsqu'elle s'aperçut de la couleur pourpre de sa veste ; elle se tenait encore au corps de son ami. D'un geste sec, elle retira le grappin et essaya de ranimer l'elfe. Il entrouvrit ses paupières mais ne put sortir un mot de sa bouche sanguinolente. Seuls ses yeux larmoyants parvinrent à communiquer sa souffrance et son désespoir. Deux mains agrippèrent les épaules de la jeune fille avec une violence tragique, tel un appel à l'aide. Les yeux écarquillés par la scène, elle sentit les doigts crispés la relâcher mollement.
La tête de Nethar retomba dans le vide.
— Non ! Nethar, réveille-toi !
Anarrima coupa les lianes de ses poignards et ils chutèrent dans la boue. Elle se releva et regarda le corps inerte de son ami étendu dans une flaque de sang, totalement désarticulé. Une horrible odeur parvint à ses narines : elle détourna le regard pour ne pas voir les tripes de son ami se répandre sur le sol. Comment un tel cauchemar pouvait-il se réaliser ? Son compagnon ne méritait pas de mourir. Et encore moins d'une façon aussi immonde. Sa main tremblante se posa sur sa bouche pour retenir un cri : non, non, non ! Il n'avait pas le droit de l'abandonner ainsi, de décéder sans la moindre gloire, au milieu d'un marécage infect.
Soudain un vent souffla et le corps partit en fumée. Il ne resta qu'un pendentif ciselé d'or et renfermant une matière noire. Anarrima étouffa un deuxième cri : elle ne pouvait y croire ; elle ne pouvait croire que son ami était mort. Les larmes coulèrent sur ses joues et elle ramassa en tremblant le vestige. Après l'avoir fixé avec désespoir, sans vraiment comprendre, elle le mit à son cou. Mais les forces lui manquèrent. Ses genoux tremblants s'effondrèrent dans la boue. Ses joues baignées de larmes blanchirent davantage lors que le vent vint lui gifler le visage.
Déjà, les voix de ses poursuivants résonnaient sous les frondaisons. Malgré la douleur, elle se résigna et partit en direction du refuge d'une démarche mécanique. Ses jambes la portaient à peine, grelottant frénétiquement. Ses pensées s'entrechoquaient violemment dans sa tête. Pour la deuxième fois, elle perdait un être cher... et elle n'avait pas leurs corps pour les veiller. Encore une fois, le destin s'était acharné contre elle.
Mais soudain, elle entendit les pas d'une autre garnison, cherchant à l'encercler. Elle changea de chemin et s'aventura au cœur de la jungle se camouflant comme elle le pouvait. Pourtant elle voulait leur faire face pour exprimer sa colère mais Nethar n'aurait pas voulu qu'elle meure ainsi : pas avant de savoir qui elle était. Elle reprit donc sa route, le cœur meurtri et les yeux embués de larmes. La tristesse lui broyait tout son être mais encore une fois, il fallait passer au-dessus, ne jamais flancher, même après une telle tragédie. Il n'y avait pas de place pour le deuil dans ce monde. Pas pour ceux qui voulaient survivre...
À suivre...
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