Chapitre 19 (2)
Anarrima sortit de la salle. Alors qu'elle remontait vers sa chambre, elle croisa Luinil dans les couloirs sombre du palais : la nuit était tombée sur Nimglal et le chaos de la bataille semblait retentir au loin. La reine s'arrêta devant la jeune fille, la regardant longuement de ses yeux verts, cernés d'un noir intense. Elle était magnifique, il n'y avait pas d'autres mots pour la décrire. Sa silhouette élancée, scintillante du fait de ses bijoux, plongeait le corridor dans une atmosphère étrange, surréaliste, à la fois obscure et lumineuse.
— Je suis sincèrement désolée pour ce qui est arrivé au jeune prince, hasarda Anarrima, légèrement décontenancée devant la beauté resplendissante et hautaine de la reine, j'espère que Morgal acceptera de vous aider.
Un léger et triste sourire passa sur les lèvres foncées de Luinil. La mère semblait tout de même touchée par la perte de son fils.
Elle tentait de cacher sa peine mais cela n'échappa pas à la jeune fille.
— Il changera d'avis, se persuada Luinil en prenant sur elle.
Anarrima sentit une profonde douleur au fond de ce cœur, la douleur d'une mère désespérée.
— J'espère, continua-t-elle à la magicienne, que vous trouverez ce que vous cherchez, de votre côté. Mais je ne vous promets pas le bonheur.
La reine darda une nouvelle fois son regard pénétrant sur Anarrima ; elle la détailla pendant de longues secondes et puis, dans un geste surprenant, passa lentement sa main sur la joue de la jeune fille. Cette dernière frissonna en sentant la paume froide glisser sur son visage.
— Bonne chance, murmura Luinil, la gorge serrée.
Sur ce, elle s'éloigna ; Anarrima la vit s'arrêter devant une porte. Elle y pénétra sans toquer et referma la porte derrière elle.
La magicienne continua à longer les murs jusqu'à sa chambre, songeant aux paroles énigmatiques de Luinil. Une fois entrée, elle s'affala sur le lit pendant quelques minutes. Se relevant, elle alla à la fenêtre, poussa les lourds rideaux et aperçut Haran qui traversait une cour pour disparaitre derrière un mur.
— Que manigance-t-il ? pensa-t-elle.
Lasse de ces derniers jours fatigants, Anarrima se coucha, laissant la lumière de la lune éclairer sa chambre.
Luinil referma la porte et s'avança dans la pièce où quelques bougies avaient été allumées. Morgal restait assis sur le lit et ne daigna jeter le moindre regard sur la femme. Elle s'approcha de lui et s'accroupit de manière à avoir son visage face au sien :
— Tu m'en veux vraiment autant ? demanda-t-elle calmement, qu'est-ce que tu me reproches exactement ?
L'elfe releva son visage tendu :
— Tu m'as trahi !
— Je t'ai sauvé la vie : j'aurais pu laisser Malgal te décapiter mais j'ai retiré l'anneau à Carnil.
— Tu m'as laissé pourrir dans cette prison, à Arminassë ! Pendant qu'il me torturait, toi tu restais tranquillement au palais, à séduire Carnil.
Luinil se releva, les traits crispés :
— Tu ne sais rien de ce qu'il s'est passé, dit-elle lentement.
— Tu lui a donné un fils, non ?
— Ce n'est pas... Enfin je ne vois pas comment tu peux m'en vouloir : tu m'as fait tellement pire !
Morgal haussa les épaules : il n'admettrait pas la réalité de toutes manières. Il avait fait une croix sur ce passé chaotique.
— Sauve Ambar, supplia la reine.
— Et qu'est-ce que j'y gagne ?
— Tout.
Morgal sourit devant l'incohérence de la réponse.
— Je ne veux plus te voir, dit-il en se levant et en la repoussant vers la sortie.
Luinil l'arrêta par les épaules et lui murmura à l'oreille :
— Tu préfères me toucher, peut-être ? dit-elle en se passant la langue sur ses lèvres écarlates.
— Tu tiens à finir comme Wendu ? répondit Morgal en entrechoquant ses dents.
Un sourire suffisant s'afficha sur son visage de porcelaine, ses yeux mi-clos traduisaient une assurance à toute épreuve.
— Je prends le risque, souffla-t-elle à son oreille.
D'un geste précis, elle retira sa robe, la laissant tomber à ses pieds dans un froufrou de soie. Morgal posa sur elle ses yeux bleus, attardant son regard sur les formes voluptueuses qu'une fine lingerie noire recouvrait sensuellement ; il commençait à sentir le sang couler dans l'artère, à l'intérieur du cou de la reine mais il demeurait impassible, du moins en apparence.
Brusquement, il lui saisit la nuque, rapprochant la gorge blanche de sa mâchoire. Luinil ferma ses paupières fardées, sentant les crocs sur sa peau. Mais elle savait qu'il n'en ferait rien. Elle savait qu'il ne lui ferait jamais plus le moindre mal.
Au contraire, elle sentait le désir croissant de l'homme. Il grandissait à l'intérieur au point de le consumer. Si la fierté le retenait encore, les passions et les souvenirs n'allaient pas tarder à reprendre le dessus.
Vaincu, Morgal brisa la façade qu'il s'était constitué et souleva Luinil par les cuisses, embrassant compulsivement ses lèvres pleines. Il ne pouvait imaginer Carnil à sa place, cela le rendait fou, comme dépossédé de son plus grand bien. Sa colère se mêla à ses sentiments dans une pulsion sauvage qui nécessitait d'être assouvie immédiatement.
Il jeta la reine sur le lit et la rejoignit, se dégageant de son long manteau de cuir noir ainsi que de sa chemise pour enfin se pencher sur le cœur de la reine.
— Ne crois pas que je fais ça parce que j'ai une quelconque affection pour toi, lui murmura-t-il en défaisant les lacets du corset en satin.
Luinil ne répondit pas : elle savait qu'il était passionnément amoureux d'elle bien qu'il essayât de cacher ses sentiments sous une haine tenace. Elle bascula et enfourcha le bassin de Morgal, lui enlevant d'un coup sec sa ceinture.
— Je vois que tu as de nouvelles cicatrices, remarqua-t-elle en passant la main sur les anciennes blessures.
Morgal bascula la tête en arrière ; il aurait voulu continuer à sentir ses doigts fins sur sa peau, telle la caresse d'un passé heureux mais révolu. Mais il préféra la prendre par les hanches et la plaquer violemment sur le dos. Il lui retira le reste de ses dessous et, écartant ses cuisses, reprit vigoureusement possession d'elle. Luinil sentit son souffle saccadé sur son visage et ses mains étreindre son corps alors que les coups de butoir s'accéléraient. La reine ne put s'empêcher de pousser un cri, encourageant les mouvements délicieux au fond de ses entrailles.
— Tu me fait mal, gémit-elle en se cambrant et en enfouissant les mains dans la chevelure blonde de son amant.
Le roi déchu ne fit pas attention aux plaintes érotiques de la reine et oublia le temps d'une nuit toutes ses intentions et plans futurs.
Quant à Luinil, elle savait au fond d'elle-même qu'elle avait convaincu Morgal. Elle ignorait cependant comment les choses allaient évoluer et ces pensées la torturaient. Mais l'heure était à ses passions et elle s'abandonna aux griffes d'une excitation fiévreuse, due à ses plaisirs.
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