Chapitre 17

Pellecor s'endormait, appuyé sur le manche de sa hache. À ses côtés, son ours Morca levait son long cou, pointant son museau vers le ciel nuageux. Le nain et son fidèle animal se trouvaient sur le point culminant de la forteresse, entourés d'un épais brouillard. Le froid y était plus mordant encore et empêchait le garde de dormir ; celui-ci s'approcha du fourneau et se réchauffa les mains.

— Encore une nuit ratée où il ne se passera rien, grommela-t-il, qu'est-ce que t'en penses toi ?

Morca grogna et se dressa sur ses pattes de derrière, regardant les rochers escarpés qui frôlaient la tour noire.

— T'as vu quelque chose ?

L'ours sauta de la plateforme circulaire et atteignit le pan de la montagne qu'un gouffre profond séparait. Pellecor hésita à suivre son animal ; jamais le flair de Morca ne s'était trompé. Le nain se décida à traverser l'espace ; il posa une planche entre deux créneaux de manière à ce qu'elle atteigne un rocher, en face. Malgré le givre, Pellecor retrouva son ours plus haut, et le suivit, l'arme au poing.

Soudain, la bête accéléra et disparut dans le brouillard. Des rugissements effrayants retentirent dans toute la montagne, glaçant le sang du nain.

Le silence retomba. Pellecor s'élança en direction des cris, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Il reconnut la forme de Morca, étendue sur la pierre. Il se précipita vers lui et secoua le corps inanimé du fauve. Il était trop tard ; d'ailleurs la moitié du cadavre avait été arrachée.

Pellecor releva la tête. Un peu plus loin, une carcasse humaine fumait, émanant une horrible odeur. S'approchant, le garde discerna un membre de la compagnie qui venait d'arriver. Le crâne avait été perforé, les viscères répandus aux alentours et le reste à moitié carbonisé.

Un dragon ! pensa-t-il immédiatement.

Il scruta les nuées, cherchant ce qu'il craignait, et dans les nuages, il crut voir l'ombre volante disparaitre derrière un pic. Le calme devenait plus qu'angoissant et le nain redoutait l'apparition du cracheur de feu. Il sentait la peur monter en lui et son cœur battre à tout rompre dans ses tempes. Les secondes s'égrenaient dans un abominable supplice, repoussant toujours plus le terrible affrontement. La seule certitude était que la sentinelle ne ferait pas le poids face au monstre.

Brusquement, le dragon surgit au-dessus de lui, le propulsant de sa queue hérissée de pics, à plusieurs mètres. La bête monstrueuse s'approcha de Pellecor et déploya ses ailes à l'importante envergure. Sa carapace brune arborait des reflets enflammés et sa profonde gueule rougeoyait encore de son dernier incendie.

— Il ne vous fera rien, assura une voix derrière le nain, seulement si vous m'indiquez ce que je cherche.

Pellecor se retourna et aperçut, dressé sur un rocher, un elfe vêtu d'une armure légère, le dardant de ses yeux bleus.

— Que voulez-vous ? interrogea le garde en se relevant et en attrapant sa hache.

— Il y a un elfe dans votre caserne, répondit calmement le chevaucheur de dragon, il se nomme Morgal, Morgal Fëalocen, et doit nous être rendu pour jugement.

Comme le nain demeurait muet, l'elfe continua :

— Si dans une heure il ne nous est pas livré devant les portes de la forteresse, nous incendieront votre garnison et la réduiront à l'état de cendres.

Sur ce, il remonta sur le dos du dragon où une selle avait été disposée avec une imposante armure de métal forgé. La bête s'envola et dans sa course, Pellecor distingua d'autres dragons, perdus dans le ciel orageux.

Le soleil pointait à l'horizon et inondait de ses rayons lumineux le dortoir par le biais de la fenêtre. Anarrima se réveilla et profita du sommeil de ses compagnons pour se laver et s'habiller. Passant devant la couche de Morgal, elle la trouva vide :

— Où est-il encore passé ? se demanda-t-elle.

Brusquement, il jaillit dans la chambre, complètement paniqué :

— Venez immédiatement, lança-t-il à la jeune fille et en lui tirant le bras, il faut partir d'ici et franchir le portail !

Anarrima tourna la tête vers ses compagnons endormis :

— Mais nous n'allons pas partir sans eux ? s'exclama-t-elle en lui résistant.

— Ne vous attachez jamais, Anarrima, dit Morgal en lui prenant la tête entre ses deux mains, c'est une faiblesse que d'aimer !

— Mais que se passe-t-il ?

Elle ne comprenait rien aux propos de l'elfe.

— Nous avons un contretemps.

— Je ne partirai pas sans eux !

Dans le dortoir, chacun se réveillait et regardait de leurs yeux hébétés de sommeil l'elfe et la jeune fille.

— Haran, interpela-t-elle, ordonnez à vos hommes de se préparer : nous reprenons directement la route.

Mais avant qu'il n'ait pu poser une question, un groupe de soldats nains entra dans le dortoir :

— Saisissez-vous de cet homme ! commanda le capitaine en désignant Morgal.

Celui-ci réagit aussitôt et s'élança instinctivement vers la fenêtre. Il la brisa et atterrit dans la cour avec la souplesse d'un félin.

Anarrima voulut protéger sa retraite et jeta un sort sur la patrouille, la paralysant.

— On s'en va ! cria-t-elle aux membres de la compagnie.

Morgal, quant à lui, se frayait déjà un chemin dans la caserne, tantôt poussant des voyageurs, tantôt échappant aux armes des nains. Mais soudain, il se figea alors qu'il courait sur le toit d'une remise : derrière les créneaux, sur le plateau de la montagne, un dragon l'observait de ses yeux pénétrants. Il prit son envol et fondit sur l'elfe qui eut à peine le temps de sauter sur les dalles du sol.

D'une porte dérobée, le meneur et sa compagnie débouchèrent dans la cour principale mais sans qu'ils eussent compris ce qui arrivait, un torrent de flammes envahit tout l'espace, brûlant la moitié de ses occupants et propageant la confusion générale dans toute la caserne. Certains ours se libérèrent de leurs entraves et s'attaquèrent même aux humains.

Trois autres dragons surgirent des flammes et cherchèrent Morgal dans la fournaise mais celui-ci atteignait déjà la porte qui donnait l'accès au portail. Le roi déchu dégaina sa longue épée noire et affronta les gardes. Peine perdue : aucun d'eux ne portaient les clés.

— Anarrima, cria Morgal en sa direction, ouvrez la porte !

La magicienne entendit la voix de l'elfe et accourut vers son compagnon ; elle leva la tête, observa les deux lourds battants et commença à les forcer par sa magie.

Les changeurs de peau apparurent et défendirent Anarrima comme ils pouvaient mais bientôt, les nains durent abandonner la compagnie et faire face à une demi-douzaine de cracheurs de feu.

Anarrima lança un ultime sort et brisa la porte, ouvrant le passage à un pont étroit qui menait au portail ; autour, c'était le Néant.

— Franchissez la passerelle ! ordonna Haran à ses hommes.

Sanar prit Avamaur par le bras et le guida afin que l'aveugle ne tombe pas. Mais, brusquement, alors que le groupe passait, un dragon surgit et lui cracha de longues flammes incandescentes. Anarrima eut à peine le temps de lever un bouclier pour empêcher une mort certaine. À son grand étonnement, son bouclier se brisa, victime d'un sortilège plus grand ; il propulsa la magicienne plus en avant, sur le pont. Lorsqu'elle voulut se relever, un guerrier, le visage caché sous un heaume, brandissait son épée, prêt à frapper. Anarrima sortit son sabre rapidement et barra le coup mais dans sa tête, il lui semblait que des milliers de voix hurlaient, la rendant presque folle. Déjà, son bras ployait sous la force du chevaucheur de dragon. Sanar se retourna et la voyant en mauvaise posture, il dégagea son pistolet et tira sur l'elfe, dans le défaut de l'armure. Celui-ci poussa un cri et recula de quelques pas, sans lâcher son épaule meurtrie. Morgal prit Anarrima par le bras et la tira vers le portail. Leurs compagnons avaient déjà traversé la dimension ; il ne restait qu'eux deux.

— Dépêchons-nous, souffla la jeune fille alors qu'ils couraient vers l'immense porte surnaturelle.

Morgal et elle l'atteignirent, se protégeant tant bien que mal du feu que le dragon leur soumettait : son poids ne pouvait tout de même le permettre de franchir le pont et il devait rester aux côtés de son maître.

Pourtant, avant de franchir le portail, Morgal se retourna vers leur agresseur pour entendre ses mots :

— Nous nous retrouverons Morgal ! lui hurla-t-il en remontant sur sa bête monstrueuse, nous franchirons ce portail et te ramènerons en Calca !



Un éclair de lumière aveugla tout d'abord Anarrima mais lorsqu'elle parvint à ouvrir les yeux, un magnifique paysage verdoyant s'offrit à sa vue. Elle regarda autour d'elle et aperçut ses compagnons, descendant la butte herbeuse ; Sanar lui fit un signe de la main, soulagé de la voir saine et sauve.

Morgal, à côté de la jeune fille, regarda cette scène d'un mauvais œil mais ses pensées l'occupaient ailleurs.

— Que vous voulaient-ils ? demanda Anarrima à l'elfe en rejoignant le groupe, vous êtes aussi recherchés dans cette autre dimension ?

— C'étaient mes frères, lui sourit simplement Morgal, ils ont dû apprendre mes actions en tant que roi d'Onyx et veulent me ramener pour me juger.

Anarrima ne sut quoi répondre à cette information et baissa son visage. Des frères ? Le roi déchu en avait apparemment beaucoup : six, sans compter Malgal. Vu leurs équipements, il ne devait pas s'agir d'une famille de fermiers, loin de là. Morgal serait-il un prince avant d'être un roi diabolique ?

— On dirait que Sanar s'intéresse à vous ? continua-t-il, si j'étais vous, je l'éviterais : vous ignorez qui il est, pourquoi il a quitté les terres d'Olorë. Anarrima, cet homme a été banni de chez lui, et c'est bien pour une raison.

La magicienne s'arrêta, foudroyant Morgal du regard :

— Ma vie ne vous concerne pas, articula-t-elle distinctement, et Sanar et moi n'avons absolument aucun sentiment l'un pour l'autre.

Morgal leva ses sourcils en signe de désapprobation : il ne croyait pas la jeune fille. Elle ne put s'empêcher de repenser à son dérapage de la veille avec Sanar. Cela n'avait sûrement pas échappé à l'elfe. Lui en voulait-il ? Il rejoignit la compagnie et leur inventa un nouveau mensonge pour expliquer la présence des chevaucheurs de dragons.

Bientôt, la troupe pénétra dans une forêt, croisant de temps en temps des paysans qui portaient des fagots de bois sur le dos. Elle s'arrêta dans une clairière, au coin du chemin, pour faire une pause.

— Je pense, affirma Haran, que nous l'avons échappé belle !

— Ne t'y fie pas, contredit Nirmor, ces raclures vont nous poursuivre n'importe où.

— En attendant, dit Hecilan, Huaurë est resté en Narraca. Nous ne le reverrons malheureusement plus.

Les changeurs de peau firent silence un instant. Anarrima les quitta, voulant échapper à cette ambiance mortuaire. Elle s'aventura dans la forêt, sentant au fond d'elle-même une puissante sensation de joie : elle était chez elle.

— Dans quelques jours, pensa-t-elle, nous devrions atteindre Coina.

Anarrima y avait passé son enfance et son adolescence. L'Hospice des Veuves se trouvait sur la colline qui surplombait le village. Tous ses souvenirs, les plus anciens, rappelaient cet endroit, épargné par miracle de l'invasion d'Onyx. Elle s'allongea sous les arbres parmi les violettes : le printemps naissait en Lercemen et le temps était doux malgré une brise qui soufflait, propageant la bonne odeur de la forêt humide. La jeune fille regarda, à travers les feuilles des chênes passer les oiseaux.

Mais étonnement, elle aperçut une fumée noirâtre se propager dans le ciel. Intriguée, elle se releva et se dirigea vers l'origine du phénomène. Elle traversa le reste du bois, atteignit la lisière et se figea devant le spectacle : devant elle, un village brûlait.

— Anarrima, l'interpela Sanar, je vous cherchais...

L'homme se tut en voyant les maisons se consumer. Anarrima accourut vers l'enceinte écroulée et chercha un signe de vie. Mais aucune voix ne répondait à ses appels, seul le vacarme des maisons qui s'écroulaient. À ses côtés, Sanar avançait sans paraitre plus choqué que ça.

— Ils sont tous morts, affirma-t-il, qui a bien pu faire ça ?

Anarrima se retourna et déclara :

— Ce sont les elfes d'Onyx. Je reconnais leur méthode d'attaque.

La jeune fille entra dans une masure de bois et jeta un regard de pitié sur les corps sans vie, gisant sur le sol.

— Il est temps que ma quête prenne fin, dit-elle, je vais immédiatement demander à Morgal de rencontrer sa connaissance et en finir avec son affaire. Le peuple de Lercemen a trop souffert.

Sur ce, elle repartit vers la clairière, précédant Sanar, et rejoignit la compagnie qui se reposait.

— Où se trouve-t-elle, votre connaissance ? interrogea-t-elle à l'elfe, nous avons déjà perdu assez de temps.

— Elle habite à Coina ; ce village a pris beaucoup d'influence depuis que vous êtes partie. Mais je suis de votre avis ; nous devrions partir et nous rendre à Coina au plus tôt.

— Vous ne craignez pas de rencontrer de vieilles connaissances ? demanda Féathor à Morgal.

Celui-ci haussa les épaules sans répondre et fit signe aux hommes de se lever, regardant Veoni d'un œil sombre, comme à son habitude. La troupe se remit en route, continuant le chemin à travers la forêt. Ils débouchèrent dans une immense plaine vallonnée, balayée par les vents. Ce paysage verdoyant et paisible était marqué par la solitude ; mis à part quelques masures de paysans, aucun village n'apparaissait à l'horizon. Pourtant, aussi loin que les yeux permettaient de voir, il semblait que se dressait un mur gigantesque, une barre noire perdue au loin.

— C'est le mur Landa, affirma Féathor, il a été construit par le roi d'Onyx il y a vingt-cinq ans. Cet évènement a marqué le peuple de Lercemen : des centaines de villages et de bourgs ont été détruits pour la construction de cette barrière démesurée. Derrière, c'est la cité d'Onyx.

— Pourquoi dresser un tel mur ? interrogea Taran.

— Personne ne sait vraiment. Il y a beaucoup de théories qui courent dessus mais la vérité est sûrement différente de toutes ces histoires.

Anarrima ne put s'empêcher de regarder le roi déchu. Il n'intervenait pas dans la conversation mais gardait un sourire amusé au coin de sa bouche, découvrant ses canines blanches.
Elle frissonna : cet homme avait des milliers de morts sur la conscience. Comme s'il sentait son trouble, Sanar se rapprocha de la jeune fille :

— Quel a été votre passé à Coina ?

Elle se contracta : était-il en train de s'intéresser à sa vie ou plutôt essayait-il de déceler le moindre indice qui la trahirait ? La jeune fille le prit par le bras et le ralentit pour qu'ils soient à l'arrière du groupe. Après tout, elle n'avait rien à cacher et elle espérait que l'homme d'Olorë lui dévoilerait son passé en retour.

— Je suis née durant cette période de trouble qui a marqué Lercemen. Étonnement, Coina a survécu au désastre et mes parents m'ont déposée à un orphelinat. J'y ai grandi dans l'espoir qu'ils viendraient me rechercher. Mais jamais je ne les ai revus ; j'ai vécu dans la solitude et la tristesse, seulement animée d'une lueur d'espoir. À seize ans, mes pouvoirs ont apparu. Le directeur de l'orphelinat était un homme exécrable qui me laissait à peine vivre. Mais heureusement, je me suis liée d'amitié avec Findelle, une orpheline comme moi et Nironwë, le fils du chasseur Arthalion. Mais c'est durant cet âge que les elfes d'Onyx revinrent de ce côté du mur et envahirent ces terres, semant la mort après eux. Arthalion rassembla le plus d'hommes possibles pour affronter les assassins et c'est lors d'un recrutement que j'ai rencontré Nethar.

— Qui est-ce ? demanda Sanar en fronçant un sourcil.

Anarrima s'arrêta un instant devant la possessivité insatiable de l'homme.

— Un étranger qui venait participer à l'indépendance du peuple de Lercemen, reprit Anarrima qui narrait son histoire plus pour remémorer cette rencontre que pour informer Sanar, il est venu vers moi et m'a persuadée de le suivre dans cette aventure. Je n'ai pas accepté mais j'ai gardé contact avec lui ; il m'envoyait de quoi subsister et m'invita un jour au château de Glornil à Nimglal avec mes amis...

Anarrima marqua un temps de pause.

— J'imagine que ça ne s'est pas passé comme vous auriez désiré ?

— Non en effet ; un soir que j'étais auprès de lui, j'ai vu son visage se métamorphoser : j'ignorais que les assassins d'Onyx avaient la capacité de changer de formes. Je l'ai vu se transformer sous mes yeux. Depuis le début, il m'avait trompée et désirait seulement voler le roi. Quoiqu'il en soit, il a été démasqué et s'est enfui de l'autre côté du mur Landa. Je suis revenue à Coina mais on me soupçonnait de traiter avec l'ennemi : on m'accusa d'être une sorcière et de travailler pour le roi d'Onyx. On allait me pendre mais un astre nommé Arnil est intervenu et m'a déculpabilisée à condition que je l'aide à tuer le roi d'Onyx. Bien sûr, j'ai accepté et je me suis lancée à la chasse des assassins, délivrant les villages de leurs jougs. C'est à ce moment qu'on m'a appelée le Cygne Noir. Tous les meurtres que j'ai commis, je n'en regrette aucun car c'était pour sauver Lercemen.

— Et Nethar ? Vous l'avez revu ?

— Oui. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé : Arnil a capturé une elfe d'Onyx chère aux yeux de son roi et il a demandé un échange. Le roi d'Onyx a accepté d'abandonner l'invasion de Lercemen en échange de cette personne mais à une condition : qu'il puisse affronter Arnil en duel. Mon protecteur a embrassé cette proposition sachant que le roi ne tiendrait pas sa promesse si son adversaire mourait. Arnil n'a pas survécu... contrairement au roi.

Anarrima sentit se réveiller en elle la haine qui s'était enfouie. Morgal restait un monstre et elle l'oubliait. Pourtant, elle ne devait pas en faire part à Sanar.

— Je croyais avoir tué cet homme après le combat qui a suivi celui d'Arnil. En touchant le roi, j'avais blessé toute son armée et ses sujets dépérissaient avec lui. Mais il a survécu. L'inconnue s'est échappée. J'avais tout perdu. Les assassins se ravivaient. Et au détour d'un chemin, je vis Nethar, drapé dans ses habits noirs, me faire signe de le suivre. J'ai quitté mon pays pour aller dans une autre dimension, courir auprès d'un meurtrier, tout cela pour connaitre mon identité.

— Lorsque tu la connaitras, dit Sanar, ce sera le vide en toi. Tu n'auras plus aucun but dans ta vie et tu te rendras compte que tu auras beaucoup abandonné pour si peu.

Anarrima se tut, réfléchissant aux paroles pertinentes de son compagnon. Au loin, apparaissait Coina, exposant ses façades de pierres et ses toits de bois. Le village s'était transformé en gros bourg et respirait l'activité humaine. La jeune fille ajouta :

— Je sens au fond de moi, que ma vie entière est un mensonge. Sanar, la vérité est certes impossible à discerner parfaitement, aussi trouble que les tréfonds de l'océan. Celui qui la détient possède le monde, c'est pour cela qu'elle n'a pas de prix.

Et voici la carte de Lercemen où se rend notre compagnie. On va enfin y rencontrer la connaissance de Morgal...

On en sait désormais plus sur le passé d'Anarrima, j'espère que tout cela n'est pas trop confus ;-)

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