Chapitre 14

Haran se redressa pour s'adosser au mur et se frotta fortement le crâne, ébouriffant ses cheveux. Cela faisait plusieurs jours que lui et ses compagnons n'avaient pas joui d'une bonne nuit de sommeil. Son regard parcourut la mezzanine, une vieille plateforme de planches où avaient été rangés des tonneaux et des caisses d'outils usés. Ses compagnons dormaient encore d'un sommeil agité, serrés les uns contre les autres sous de vieilles couvertures à cause du manque de place. En bas, Avamaur s'activait déjà, s'occupant de ses machines rouillées malgré l'absence de ses yeux. Haran remarqua qu'Anarrima et Sanar n'étaient toujours pas rentrés. Il ignorait par ailleurs où ils avaient bien pu aller dans cette ville nauséabonde. Du moment que Sanar ne devienne pas trop entreprenant auprès de la belle blonde. Enfin peu lui importait... Mais à leur retour, Haran espérait bien pouvoir échanger deux mots avec Anarrima : la plier sous son autorité, voilà tout ce qui lui importait. Cette fille ne lui résisterait pas, du moins c'est ce qu'il essayait de se persuader.

Hecilan se réveilla à sa gauche mais resta sous sa couverture. Depuis la mort d'Intiak, il restait taciturne et muet. Sa douleur devait l'envahir à l'intérieur et le leader espérait qu'elle éclate plutôt qu'elle lui fasse tout ce mal.

Haran se leva et descendit l'escalier de fer qui donnait sur le garage. Des voix l'attirèrent vers la sortie. En bas de l'échelle, il aperçut Anarrima et Sanar habillés assez étrangement.

— Vous avez fêté toute la nuit ? demanda-t-il lorsqu'ils furent sur la passerelle, vous faîtes bien de rentrer ; le temps ne va pas s'arranger apparemment.

Sanar acquiesça de la tête et se dirigea vers l'intérieur, suivi de la magicienne. Tous deux avaient le visage marqué par la fatigue et ne tinrent pas à échanger plus avec Haran. Se retournant, il sursauta brusquement : Morgal s'appuyait contre la paroi du mur et le regardait les bras croisés. À ses pieds gisait Féathor, encore inconscient.

— Vous, ici ? s'étonna-t-il, où étiez-vous ?

D'un coup, le jeune homme se rappela le calvaire d'Intiak et sentit la colère le gagner :

— Est-ce que vous pouvez vous imaginer ce que votre fuite a engendré ? Qui êtes-vous pour laisser mourir un homme ? Vous auriez pu le sauver.

Morgal haussa les épaules et tirant le corps inerte, il le posa à l'intérieur, sur une table qu'Anarrima et Sanar avait dégagée.

— Est-ce que je peux savoir ce qui se passe ?

Mais au lieu de lui répondre, Sanar appela Avamaur et Anarrima se chargea avec Morgal d'extraire un produit verdâtre et visqueux du corps de l'astre. Haran s'approcha de Féathor et voyant qu'il ne pouvait rien faire pour aider, il vint s'asseoir sur un banc, à côté.

Avamaur ramena de longs tuyaux qu'il ajusta dans les plaies du blessé. Morgal fit un signe de la tête à Anarrima en direction du changeur de forme : apparemment, l'elfe ne tenait pas à ce que Haran reste dans la pièce. La magicienne crut comprendre et s'approcha jeune homme, lui demandant de le suivre dans une annexe.

— Vous allez enfin m'expliquer ? dit-il légèrement courroucé.

— Ce que je vais vous demander est sûrement difficile pour vous et vos hommes : mais Morgal doit demeurer au sein de la compagnie.

— Pourquoi ? Est-il si important à vos yeux ? Quel est donc ce serment ?

— Je ne peux pas vous le dévoiler... Vous ne comprendrez pas. Mais j'ai besoin de Morgal.

— J'accepte mais à condition que vous vous soumettez à mon autorité. Car vous la compromettez depuis le début.

Anarrima se tut mais sentit la colère monter en elle : elle se rappela soudain sa vie de servitude, quelques années plus tôt et Haran apparut brusquement comme un nouvel oppresseur.

— Je n'obéis à personne, répondit-elle sèchement.

Le visage d'Haran se crispa de fureur : comment osait-elle s'opposer à lui ? Il aurait voulu se transformer et la réduire en pièces mais il parvint à se contenir.

— Que comptez-vous faire en Lercemen avec lui ?

En vérité, la jeune fille ignorait tout du voyage : elle savait seulement que Morgal cherchait une connaissance et qu'elle devait le suivre et l'aider pour retrouver sa puissance d'antan.

— Très bien, murmura-t-il, vous pouvez rester sa putain. Je pensais que vous valiez mieux qu'un simple pion. Au lieu de cela vous vous laissez monter, sans la moindre volonté.

Anarrima ne répondit pas à ces mots bien qu'ils soient à moitié vrais. Engager une dispute, surtout avec un homme aussi impulsif, ne mènerait à rien. Elle devina sans peine qu'il lui vouait un certain intérêt et sa jalousie exacerbée venait de parler.

Énervé, Haran décida de sortir de l'étroite pièce à débarras où ils venaient de parler. Féathor, Morgal et Avamaur n'étaient plus dans le garage. Sanar s'avança vers Haran et lui expliqua que Féathor nécessitait d'une transfusion et qu'il avait été installé dans la chambre d'Avamaur.

— Mais enfin où étiez-vous ? questionna Haran exaspéré.

— Je cherchais un homme, un opposé au gouverneur Tornango mais l'affaire a mal viré et Anarrima s'est fait prendre. Je me suis infiltré et j'ai pu la préserver du sort de Féathor. Quant à Morgal, nous ignorons tous comment il a réapparu.

— Ça ne m'éclaire pas vraiment : parce que si vous voyez, il y a des choses assez louches qui se trament en ce moment. Tout d'abord, j'ignore l'identité de Morgal. Ensuite, le gamin disparait on ne sait où. Féathor tente de sauver Intiak et je le retrouve à moitié mort. Sans parler de vous, Sanar ; je ne sais pas non plus qui vous êtes. Ce que je sais, c'est que chacun ici veut assouvir ses fins ! Toutes ces vérités cachées me rendent complètement fou !

Anarrima et Sanar hochèrent la tête : Haran n'avait pas tort mais aucun des deux ne voulut collaborer à la résolution de ces mystères.

— Voyons, ajouta Sanar, tous ces problèmes disparaitront lorsque nous nous séparerons en Lercemen. Si nous partons demain, nous parviendrons au portail dans deux jours et le voyage devrait toucher à sa fin d'après ce que j'en sais.

— Je l'espère, murmura Anarrima.

— Je vous suivrai en Lercemen, continua Sanar, je dois rencontrer le roi Glornil pour régler certaines affaires. Je demanderai à Avamaur de préparer des vivres pour la compagnie.

Anarrima ne sut que penser de cette nouvelle. Aussi préféra-t-elle rejoindre Morgal : trop de questions s'entrechoquaient dans sa tête. Elle traversa un étroit couloir et souleva une tenture pour entrer dans une chambre obscure, éclairée par une lampe à pétrole. Féathor reposait sur un lit décharné, les yeux vitreux et le corps raide. Sur une caisse métallique, Morgal restait immobile, le regard dans le vide. Sa face avait blêmi et ses membres tremblaient fébrilement. Les tuyaux et les perfusions avaient été laissés sur une étagère de ferraille après leur usage.

— Pourquoi ? demanda-t-elle choquée, vous avez accepté de donner de votre sang à cet astre et pas à Intiak ! C'est parce qu'il est le fils de Luinil, n'est-ce pas ?

Pendant quelques instants, Morgal ne réagit pas, sans doute à cause de sa forte perte de sang, puis il sursauta comme s'il venait subitement de se réveiller :

— Cela vous surprend ? Oui, je comprends ; mais ce n'est pas pour plaire à la reine d'Arminassë que je l'ai sauvé. Féathor et moi, nous nous connaissons depuis des milliers d'années et étions très proches avant que je ne devienne possesseur des pouvoirs dont j'étais le Réceptacle.

Anarrima fronça les sourcils à l'idée de cette relation. Elle ne parvenait plus très bien à comprendre l'attitude de l'elfe. Comment cela, proche ?

— Je veux dire, ajouta Morgal d'un air un peu gêné, que j'étais le maître de Féathor : c'est moi qui lui ai appris à se battre, à connaitre le monde qui l'entourait et à le respecter.

— Apparemment vous n'avez plus ce même respect que vous avez enseigné.

— Non, c'est vrai ; le désir de dominer m'a changé et il fera de même pour vous. Nous savons tous les deux que vos pouvoirs augmentent. Tornango vous a administré le sang que Féathor m'avait retiré et vous avez survécu à une piqure qui aurait dû vous empoisonner. Mon sang a tout simplement augmenté votre Vala. Mais faîtes attention, Anarrima : plus l'on devient puissant, plus grande est la chute.

— Ne vous inquiétez pas pour cela. Mon unique but est de connaitre la vérité.

— Vraiment ?

Morgal lui sourit malicieusement, sachant très bien ce qu'Anarrima voulait lui réserver comme fin.

— J'ai une question à vous poser, dit-elle pour changer de sujet tout en s'asseyant sur le coin du lit.

— Je vous écoute mais je ne vous garantis pas l'existence d'une réponse.

— C'est à propos de vous. Vous n'auriez pas un frère par hasard ?

Morgal se redressa, étonné. Il resta quelques instants indécis, ne sachant comment répondre à la jeune fille :

— Oui, en effet... J'avais sept frères mais mon jumeau est mort lorsque j'étais adolescent. Ça remonte à très longtemps. Puis-je savoir la raison de cette question ?

— Je crois que j'ai aperçu votre jumeau à Ruscoruxa, justement. Il s'agissait du Réceptacle de Carnil, en fait, et je vous ai confondu avec lui.

Morgal resta interdit pendant quelques secondes. Seuls ses yeux s'agitaient, le reste du corps demeurant statique. Puis, sa mâchoire se contracta violemment. Il se leva, fit quelques tours de pièce et vint se rasseoir, toujours frappé par la nouvelle :

— Vous voulez dire que le Réceptacle de Carnil qui nous chasse, est mon frère ? C'est impossible, je vous ai affirmé sa mort. Certes, lui aussi avait été Réceptacle des dieux comme moi mais même si Carnil était parvenu à le ressusciter, jamais Malgal n'aurait accepté de le servir.

— Vous aviez dit vous-même que Carnil utilisait un anneau pour le contrôler. Je sais que son Réceptacle se droguait pour échapper à cette emprise.

— Maudit soit ce roi, murmura Morgal.

Anarrima sentit une profonde tristesse dans le cœur du roi déchu mais aussi une forte haine contre son ennemi et peut-être contre la fatalité. Il lui faudrait sans doute du temps pour s'habituer à la nouvelle.

— Nous partirons demain, hasarda-t-elle, Sanar nous guidera jusqu'en Lercemen.

Il leva les yeux vers elle :

— Ça n'a pas l'air de vous ennuyer...

— Que sous-entendez-vous ? Je n'ai aucune affection pour cet homme !

— Vous mentez.

— Vous êtes jaloux ? Peu importe ce que vous croyez, cela ne m'importe peu.

— Évitez de tomber enceinte pendant le voyage, ça n'aiderait pas à l'accomplissement de nos projets.

— Mais je vous assure que... Enfin de toute manière si vous voulez le savoir, je n'ai pas la capacité physique d'avoir des enfants.

— Votre mère disait la même chose...

Anarrima se figea : c'était bien la première fois que l'elfe faisait allusion à sa mère. Elle ne put s'empêcher de demander dans un affolement d'émotion :

— Qu'est-elle devenue ? Pourquoi m'avoir abandonnée ? Pourquoi tout ce silence et tous ces mensonges ? Où est-elle ? Et mon père ?

— Vous savez qu'elle n'est pas encore venue, l'heure de la vérité.

Toutefois Morgal eut pitié de cette enfant sur le point de craquer, qui n'était pas aussi insensible qu'elle voulait faire paraitre.

— Écoutez Anarrima, si vos parents vous ont laissée à l'Hospice des Veuves, en Lercemen, c'est qu'ils avaient une bonne raison. Ils ont fait cela pour vous protéger. Et si vous ne les avez encore jamais vus, c'est que cela valait mieux pour tous.

Anarrima ne put s'empêcher de verser une larme en s'imaginant le soir où ses parents avaient dû la laisser à la vieille dame de l'orphelinat. D'après ses descriptions, son père avait un visage fin, orné d'une courte barbe. Le reste de son visage était caché sous une capuche et il portait comme sa femme, des vêtements de voyage. Elle, était restée silencieuse, la gorge serrée, serrant sa fille contre son cœur, comme si la garder plus longtemps, quelques secondes de plus, aurait calmé son accablante tristesse.

Morgal parut quelques instants compatissant à la douleur d'Anarrima. Elle vit qu'il aurait voulu en dire plus pour soulager sa peine mais il se mordit la lèvre et se retint.

Après tout, il ne sacrifierait jamais son désir de pouvoir. Mais son comportement apathique était déroutant : il se montrait vraiment bipolaire.

Derrière elle, Féathor remua et prononça quelques mots inintelligibles. Enfin, il se redressa sur son séant et apercevant Morgal, il demeura un court moment décontenancé.

— Comment avez-vous fait pour échapper aux Contaminés ?

Féathor gardait en effet en mémoire sa victoire sur Morgal après leur affrontement dans la forêt.

— Et toi, questionna l'elfe, comment as-tu fini victime d'expériences humaines ?

— Je... Ma blessure s'est infectée et j'ai dû me faire ramasser par ces médecins après mon évanouissement.

Mais le prince pensa subitement au frère d'Hecilan et demanda son état. Il ne fut pas étonné de son sort mais reprocha encore vertement à Morgal sa conduite. Celui-ci haussa les épaules comme à son habitude et annonça au blessé que sans lui, Sanar et Anarrima, il serait mort.

— Tu vas encore m'en vouloir pour longtemps ? interrogea sombrement Morgal à Féathor.

— Vous m'avez tout de même foudroyé et amputé de mes deux bras.

— C'était il y a vingt-cinq ans. Et je te rappelle que je ne maîtrisais rien à cette époque.

— Vous êtes responsable de ces actes et vous n'avez pas d'excuse pour l'autre jour lorsque vous m'avez blessé de votre épée.

— Je te l'ai dit, chuchota Morgal pour que la jeune femme n'entende pas, je suis malade et c'est pour cela que ce voyage doit s'achever le plus rapidement possible. Sans ma magie, mon déséquilibre est d'autant plus marqué.

Anarrima tenta d'entendre cette conversation mais son passé venait de ressurgir violemment en elle. Les paroles de Morgal résonnaient encore dans sa tête. Aussi préféra-t-elle quitter les deux hommes pour s'occuper de ses bagages. En sortant de la demeure de Tornango, ils étaient repassés par Ruscoruxa pour ramasser leurs affaires laissées derrière le container. Elle croisa Avamaur dans le garage et lui demanda un bac d'eau pour laver ses vêtements initiaux.

Les compagnons d'Haran se réveillaient et descendaient dans l'immense salle pour se servir dans leurs provisions. Leur chef leur annonça le retour de Féathor et de Morgal. Cette nouvelle ne fut pas très bien accueillie surtout de la part d'Hecilan qui s'opposa férocement à la présence de l'elfe. Haran dut une nouvelle fois affirmer son autorité et négligea les contestations. Sanar, quant à lui, regardait avec amusement la scène.

— Patience, dit Haran, nous touchons bientôt au but. Nous avons d'ailleurs décidé de partir demain après avoir fait le plein en provisions. Sanar nous conduira au portail et tout devrait s'arranger en Lercemen.

— Sûrement, ironisa Nirmor qui n'appréciait guère une prise de décision sans qu'il ne soit sollicité, je ferai juste remarquer que le gnome et la sorcière sont poursuivis par les astres de Carnil.

Cette phrase jeta un froid sur le groupe mais ils n'avaient pas le choix ; ils devaient continuer. Nirmor prit son chef à part et lui adressa :

— Qu'est-ce qui nous empêche d'éliminer Morgal et Anarrima ? Ils ne nous sont d'aucune utilité ! Ne me dîtes pas que vous tournez toujours autour de cette fille ?

— Cela ne vous regarde pas Nirmor. De plus Anarrima peut nous aider en Lercemen.

Le second soupira devant l'entêtement de son chef et partit préparer son sac comme Taran, Hecilan et Huaurë. Haran jeta un regard sur la jeune fille et sentit un violent désir le parcourir. Cette fille lui renversait les idées et il tenait bien à la soumettre une bonne fois pour toutes.

Pendant ce temps, Sanar s'approcha d'Anarrima et lui dit effrontément :

— Cela vous dirait de laver mes affaires ? Je sais que vous ne me refuserez pas ce petit service.

Anarrima resta ahurie quelques temps devant cette demande.

— Voilà, continua Sanar en lui jetant ses vêtements, je savais que vous accepteriez.

Et comme il rejoignait Avamaur d'un air satisfait, Anarrima se releva et, lui jetant un sort de déplacement, elle le projeta dans sa cuve. Tous dans la salle s'esclaffèrent devant le spectacle et même Sanar ne put se retenir de rire malgré le ridicule de sa situation. À peine ressortit-il du bac qu'Anarrima lui envoya ses vêtements trempés dans la figure :

— Ce n'est pas parce que je suis une femme, déclara-t-elle en riant malgré son vrai mécontentement, que je dois me plier à vos souhaits !

— Au moins, chuchota Haran à Nirmor, elle est amusante.

— Ne t'y fit pas, elle ne se soumettra pas à toi.

L'arrivée de Féathor dans la pièce ajouta de l'allégresse à la bonne humeur. Haran sembla oublier ses griefs et donna l'accolade à son ami. Celui-ci, encore fatigué, témoigna tout de même une vive joie à l'égard de ses compagnons. Il remercia Sanar et Anarrima de lui avoir sauvé la vie. Le silence retomba lorsque Morgal apparut à la porte. Personne n'osa dire quoique ce soit mais cela n'eut pas l'air de déranger le roi déchu qui vint s'asseoir sur le haut d'une grosse machine pour gribouiller dans son carnet.

Anarrima l'enviait : il savait tout sur son passé. Il aurait fallu qu'il dise quelques phrases et toute la vie de la jeune fille aurait changé. « Votre mère disait la même chose. » Telle était sa phrase. Ainsi Anarrima pensa que ce n'était sûrement pas prévu qu'elle vienne au monde : sa mère devait penser comme elle qu'elle était stérile. La jeune fille avait beau avoir le corps d'une femme, elle n'avait pourtant jamais eu ses menstruations. Et il en allait peut-être de même pour sa génitrice qui ne s'attendait pas à tomber enceinte, d'où l'abandon. Mais il n'y avait sûrement pas que cela. Anarrima y réfléchit toute la journée. Elle échafaudait des suppositions toutes plus folles les unes que les autres comme lorsqu'elle était une adolescente. Mais la vérité restait toujours cachée.



Le lendemain, la troupe se prépara au départ. Avamaur devait accompagner la compagnie jusqu'au portail. Ils partirent tous à pied ; mais les rues n'étaient pas sûres car l'évasion d'Anarrima et de Féathor était connue. Les gardes en noir, avec leur masque, patrouillaient partout mais la compagnie parvint jusqu'à la gigantesque enceinte qui protégeait des radiations. Ils plongèrent dans une bouche de métro désaffectée et ressortirent quelques kilomètres plus loin, dans une forêt desséchée où tous les arbres avaient perdu leurs feuilles et où les troncs s'élevaient telles des spectres, dressant leurs bras noueux et noirs vers le ciel chargé de nuages. Il semblait en effet qu'ils s'accumulaient toujours plus, préparant à la terre un terrible cataclysme.

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