Chapitre 1 (1)
An 180 242
Âge des Cendres.
S'il y avait bien quelque chose qu'Anarrima exécrait en terres de Fanyarë, c'était le climat abominable qui sévissait sur ses royaumes. Des royaumes tous aussi agonisants les uns que les autres, d'ailleurs...
Une pluie acide ne cessait de s'abattre sur ses épaules et finissait d'éradiquer les rares pousses qui tentaient de subsister sur ces terres arides, depuis longtemps calcinées.
Dans un long soufflement, la jeune femme s'essuya le front de sa manche, lassée par l'effort. Depuis combien de temps creusait-elle, déjà ? Bien trop longtemps, en tout cas. Les deux macchabées qui patientaient sagement derrière elle, dans l'attente d'une sépulture décente, méritaient-ils autant d'attention ?
Elle se redressa pour étirer ses membres engourdis et jeter un rapide regard sur le paysage morose et terne qui s'étendait à perte de vue. Seuls les reliefs de la ville en ruine cassaient l'horizon alors que le soleil disparaissait derrière les toits désossés de bâtisses détruites.
Les pluies de météorites avaient indubitablement balayé les richesses de Fanyarë... C'était pourtant il y a fort longtemps... Mais le pays ne s'était jamais vraiment relevé.
Anarrima planta sa pelle dans la terre avant de rejoindre les dépouilles. Le temps pressait : la nuit se peuplait de créatures hagardes et dangereuses. Les principales étant bien sûr les contaminés, les victimes de ces malencontreuses maladies qui s'étaient développées à la suite du cataclysme. Déjà, leurs longs cris plaintifs se percevaient au-delà des collines décharnées. Malgré ces échos peu rassurants, aucun signe de vie ne transparaissait à des lieux à la ronde.
Peu étonnant, dans ces contrées particulièrement sujettes aux radiations et aux contaminations.
Quelle idée de s'aventurer dans un trou pareil ! Ces deux hommes avaient payé le prix de leur imprudence.
— Il est temps pour vous de rejoindre votre sépulture, déclara-t-elle simplement à ses compagnons silencieux.
Elle les tira par les pieds avant de les jeter dans la maigre fosse qu'elle avait creusée pour eux.
— Les contaminés ne vous déterreront pas pour vous ronger les os, soyez tranquilles.
En revanche, les pauvres voyageurs infortunés avaient perdu leurs effets luxueux : la fossoyeuse s'était servie au passage, comme compensation de son service.
Dans la tombe, les deux hommes gisaient lamentablement, le visage déjà terne. Anarrima ne prit pas la peine de réciter une prière à l'égard de ces malheureux ; elle saisit le manche de sa pelle pour recouvrir le trou béant. L'empathie ne l'avait jamais frappée... de même, elle ne se noyait pas dans les dévotions...
Les faibles n'avaient pas leur place dans ce monde. Et elle comptait bien ne pas perdre du temps avec ceux qui n'avaient su se montrer à la hauteur. La vie était un combat permanent : Anarrima comptait bien le gagner.
À suivre...
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