Chapitre 60

Bonjour à tous,
Je tiens à vous avertir que ce chapitre n'a pas été soumis à la correction, j'espère que vous ne m'en voudrez pas. N'hésitez pas à m'avertir si vous voyez des coquilles.
Bonne lecture!

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J'avais laissé Axel, il y a seulement quelques heures pourtant en cet instant, j'aurais aimé qu'il soit là. J'avais besoin qu'il calme l'angoisse qui me dévorait les entrailles. Tout était parfaitement planifié, mais je n'aimais pas avoir entièrement le contrôle. Laurianne avait récupéré tout ce qui nous était nécessaire et mes parents n'allaient pas tarder. Je regardais une dernière fois mon reflet dans le miroir de l'entrée. J'avais opté pour un maquillage assez marqué et arborait un chignon bas. Ma robe blanche tranchait avec ma peau bronzée. J'étais ravie du résultat et me trouvais bien plus resplendissante qu'il y a quelques mois. Zac serait fier de me voir ainsi, prête à passer ce cap.

– Ma puce, c'est bon pour toi ?

Je hochai la tête et adressai un sourire franc à mon géniteur. Je n'avais pas eu besoin de leur expliquer pourquoi la nuit que j'avais passée à la cabane m'avait changée. Le baiser que j'avais échangé avec Axel sur le pas de la porte avait confirmé les doutes de mon père. Il n'avait rien dit, m'avait simplement pris dans ses bras et embrassé le sommet de mon crâne. Il semblait soulagé même si ce soir, un léger pli avait pris place sur son front. Je savais qu'il s'inquiétait de cette représentation, mais il ne devait pas, j'allais bien, mieux que cela.

– Bon, Laurianne vient de m'envoyer un message, elle a seulement oublié des pinces à cheveux. Lilou, tu t'en charges ? demanda ma maman.

Remontant les marches quatre à quatre, je récupérais la trousse de coiffure de ma petite sœur et rejoignis mes parents et mon aînée. Après un dernier regard dans la psyché, je saisis mon sac et sortis de la maison. En voiture, le trajet se passa dans le grand silence, comme si chacun ne craignait qu'un mot me fasse basculer dans mes pensées les plus sombres. Alors retrouvant mes anciennes habitudes, je décidai de les taquiner...

– On enterre quelqu'un aujourd'hui ? Soyez un peu heureux !

Par chance, ma mère ne conduisait pas sinon nous serions morts, engouffrés dans le pare-brise. Assise à côté de moi sur la banquette arrière, Luce se tourna vers moi, surprise par ma réplique. Et mon père, quant à lui, explosa de rire.

– Franchement je vais bien donc on se détend, on savoure et on sourit !

Mes remarques avaient au moins le don d'apaiser tout le monde et permirent à mon ainée de nous parler de sa relation avec Pierre. Dix minutes de trajet pour penser à autre chose. Pourtant à peine avions-nous mis un pied en dehors du véhicule que l'angoisse remontait en flèche. Je soufflai un grand coup et tentai de faire bonne figure. Comme chaque année, cette représentation regroupait énormément de personnes. Au loin, j'aperçus mon petit groupe d'amis. Délaissant ma famille, je les rejoignis, avec un sourire plaqué aux lèvres. Je les saluai avant de passer de bras en bras. En toute logique, Chloé, Leïla, Vincent et Baptiste comprenaient la raison de leur présence même s'ils ne pouvaient pas en avoir tous les tenants. Mais pour Arthur et Andréa, c'était une pure nouveauté. Rapidement, je leur expliquais mon attachement pour ce spectacle et les remerciai pour leur venue.

– Si tu savais comme je suis heureux d'être ici, ce soir. Je sais que c'est pas forcément évident, mais on sera là pour te soutenir et puis c'est vraiment cool que tu fasses ça pour Laurianne, me souffla mon blond. C'est top que — .

Soudainement, je le vis s'arrêter et adresser un grand signe de main au loin. Je me retournai et vis celui qui avait fait chavirer mon cœur. Sans attendre, je me dirigeai vers lui et me blottis contre son corps. Immédiatement, mes muscles se relâchèrent. Ses paumes prirent mon visage en coupe et il déposa un doux baiser.

– Bonsoir toi, comment tu te sens ?

Mieux, depuis que tu es à mes côtés...

Mais par pudeur, je lui répondis simplement que j'allais bien et qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Bien que prévenu de notre relation, je vis le regard surpris, mais bienveillant de mes camarades sur notre histoire naissante. Revenant vers eux, main dans la main, je me sentais pousser des ailes. Malheureusement, l'heure avançant, je proposais à mes amis de rentrer dans la salle et de trouver suffisamment de sièges pour tous s'y asseoir. Au moment d'entrer, l'odeur du velours poussiéreux me chatouilla le nez. Envahie de nombreux souvenirs, je me revoyais courir entre les rangées durant l'attente. Je me souvenais de cette sensation lors de la montée des escaliers. Je me remémorais les heures à fixer le plafond pour y trouver un brin de calme.

Au bout de quelques minutes, installée entre Vincent et Axel, je vis mon nouveau compagnon me fixer intensément. Il était inquiet et je le comprenais seulement, je ne voulais pas qu'il s'en fasse. Ce soir, j'allais franchir un cap. J'allais affronter cet ultime obstacle avec mes proches comme soutien et témoin. Je déposais un dernier baiser sur ses lèvres et tentai de garder mon self-control. Observant mon sac, je m'excusais auprès de mes camarades et expliquais que je devais ramener les accessoires à ma benjamine. Je m'éclipsais dans les coulisses et tentais de trouver Lau. Saluant quelques danseuses, je tombai nez à nez avec Ève. Comme à sa grande habitude, elle était souriante, énergique et prête à se lancer.

– Laurianne est au fond avec Mathilde, ça va pouvoir commencer, file !

Rapidement, je me faufilai pour retrouver ma petite sœur. Elle m'attendait sagement, le dos bien droit assise sur sa chaise. Elle était parfaite, ses longs cheveux blonds étaient tressés et ses beaux yeux bleus ressortaient à merveille. J'avançais vers elle en continuant à l'admirer. Elle n'avait absolument rien à m'envier, mais alors qu'elle m'aperçut, une annonce la coupa dans son élan.

– Mesdames et Messieurs, merci de prendre place et de bien vouloir accueillir la compagnie Danse-moi une histoire.

Elle s'empressa de m'attraper par le poignet et de me ramener en face du miroir. Elle saisit mon sac et prit les pinces qui se trouvaient à l'intérieur.

– Merde ! Je finis mon chignon et toi, occupe-toi de ça, dit-elle en me tendant le cintre.

Moins de cinq minutes plus tard, elle était prête. Sa robe blanche lui allait à merveille. L'une à côté de l'autre, nous ne pouvions nier nos liens de parenté. Hormis la taille, la couleur de nos cheveux et la maturité de nos traits, nous étions identiques. Nos doigts entrelacés, je l'accompagnais jusque dans les coulisses. Tout comme elle, le stress s'insinua lentement en moi.

– Lilou, regarde-moi, n'aie pas peur. Tu sais comme moi que c'est nécessaire... Je t'aime et je suis fière de toi.

– Ça va être parfait, souffla Ève en passant près de nous et déposa un baiser sur nos joues.

Prenant en coupe le visage de ma sœur, je plantai mes yeux dans les siens et comme une ancienne habitude lorsque nous dansions ensemble, je lui fredonnai They don't really care about us. Nous finissions par nous détendre et nous laisser envahir par le silence. Soufflant un coup, elle m'adressa un sourire et se retourna vers la scène.

À mon tour, je me focalisai sur le rideau foncé qui s'ouvrit. Les premières notes commencèrent dévoilant ma professeure debout, seule dans un tailleur pantalon. Elle errait sur les planches, marquant chaque accent de Ademius par un geste. Cette musique d'Avatar était tout simplement sublime. Rapidement, ma benjamine la rejoignit. Dansant de concert, elles s'accordaient à merveille. La robe blanche de Lau contrastait avec les habits noirs d'Ève. La douceur de ma sœur tranchait avec l'énergie vibrante de sa partenaire. Les voir ainsi me faisait un bien fou même si je bataillais intérieurement avec la peur qui me tordait les entrailles. Je ne devais pas reculer, il ne fallait pas. Je reportai mon attention sur la chorégraphie, quand mon organe vital enclenchait sa chevauchée terrible. Effectuant un dernier tour, je vis ma blonde revenir en coulisse.

5, 4, 3, 2, 1.

Mon Zac, c'est pour toi...

Pieds nus, simplement vêtue de la même tenue que Lau, je pénétrais sur scène. Portée par les chœurs, je ne réfléchissais pas. Focalisée sur la musique, je me laissai guider pour rejoindre Ève. Nous dansions à l'unisson. Le cœur palpitant à tout rompre et les jambes tremblantes, je refusais de céder à l'angoisse.

Les pas s'enchaînèrent rapidement. L'émotion me gagna pourtant je décidai de la mettre au service de ma passion. Mon corps suivait parfaitement le rythme, je le vivais. Mouvement de bras, balancement de pied, rotation du bassin, tout s'effectuait sans demi-mesure. Nos actions se faisaient en canon, comme si le couple que nous formions ne pouvait plus se mettre au diapason. Après une fente latérale et une traversée, j'effectuais le porté sur lequel j'avais passé la majeure partie des derniers jours à travailler. Soulevée par Ève, je peinais à contenir ma joie de réussir ce qui avait été si difficile à réaliser. Avec une grande délicatesse, elle me reposa au sol pour que nous puissions finir les ultimes enchaînements en chœur. Assises face à face, d'un geste pur, nous nous étreignions sur les notes finales. Je fermai les yeux et savourai ce moment. Les applaudissements se firent entendre et je laissai pour la première fois de la soirée les larmes couler. Tout s'enchaîna très vite, Lau nous rejoignit sur scène afin de saluer le public. À demi éclairé, j'aperçus ma mère essuyer son visage, mon père m'offrir un sourire dont lui seul avait le pouvoir et une Luce encore abasourdie. Je n'osais regarder mes amis, même si je leur devais bien plus que je ne pourrais jamais leur rendre. Après une dernière salve d'ovations, nous nous éclipsions en coulisse. Quand le rideau se referma, je réalisai ce que je venais de faire. Tout mon corps me lâchait, je craquais. J'avais réussi, j'avais dansé devant une salle entière. J'avais de nouveau goûté à ce plaisir, aux regards des gens, à l'expression de mes émotions, à l'évasion de mon âme. Garder le secret avait été si dur que je peinais à tenir debout après ce cap. Je me souvenais parfaitement lorsque Ève m'avait proposé ce duo, il y a plus d'un an, j'avais été subjuguée. Puis en discutant avec elle il y a un mois, j'avais accepté de m'y remettre à une seule et unique condition, celle que ma petite sœur danse avec nous. Les heures d'entraînement qui avaient suivi avaient été difficiles, longues, mais tellement libératrices. J'avais essayé de me convaincre que c'était la meilleure décision à prendre, mais jusqu'à ce soir, je n'étais pas certaine d'y parvenir. Admirant une dernière fois le parquet, j'oscillai entre euphorie et soulagement. J'avais réussi.

– Tu étais parfaite ! Tu n'imagines pas comment je suis heureuse d'avoir pu partager ça avec toi, me souffla ma benjamine en me prenant dans ses bras.

Je l'étais tout autant. Nous détachant l'une de l'autre, nous revenions dans les vestiaires. Je fus accueillie par une rafale de compliments, de sourires, d'applaudissements et de félicitations. C'était inespéré, en effet plus personne ne me croyait capable de revenir sur scène, moi la première. Mais quand Lau m'avait soufflé l'idée et qu'Axel avait fait son allusion, je n'avais pas pu refuser. J'avais eu envie d'y croire à nouveau et cela avait marché. J'embrassai mes camarades avant de me rendre dans une des loges pour me changer. Je ne devais pas entrer sur le parquet tout de suite, pourtant être en tenue m'aidait à me concentrer. Ève avait émis une condition à mon retour, elle souhaitait que je fasse les transitions entre deux chorégraphies. Ce spectacle narrait des histoires de différences, de l'acceptation, des combats, de l'intégration. Je devais donc faire le lien entre plusieurs tableaux et danser seule durant une minute, puis à trois pendant trente secondes. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était suffisant pour me faire angoisser. Blottie dans un coin, je m'en fermai dans ma bulle et repassai les pas dans ma tête. Battant les mesures, je comptais à voix haute, comme m'aider à mémoriser.

– Lilou-Ann ?

Je relevai le regard et tombai nez à nez avec Mathilde, la cousine d'Axel. Elle m'adressa un sourire franc et se positionna à côté de moi. Habillée tout en noir, cela la vieillissait et contrastait avec sa peau blanche.

– Il m'a questionnée toute la semaine et je lui ai dit que si jamais tu dansais je serais forcément au courant, rit-elle. Et bien tu sais quoi, je n'ai jamais été aussi contente de m'être plantée. C'était formidable de te voir à nouveau avec nous, tu sais que tu en inspires plus d'une parmi nous...

Ses paroles me touchèrent en plein cœur. Même si j'étais consciente de mes capacités, savoir que j'étais une sorte de modèle pour certaines de ces jeunes filles m'émouvait particulièrement.

– Et merci pour lui, je n'ai même pas le souvenir de l'avoir déjà vu si heureux...

Elle venait de me transpercer une seconde fois. Parce que ce soir, j'avais en particulier dansé pour lui, pour lui dire que j'étais prête à recommencer à vivre entièrement. Alors qu'elle se releva, je vis Lau s'approcher et m'annoncer que ça allait être mon tour. Je soufflai un bon coup et la suivis. Cette chorégraphie m'était destinée. Je devais y montrer le combat d'une femme enfermée dans les dictats de la société. Je n'étais pas de celles-ci, mais j'avais dû me battre, j'avais dû lutter et ici, sur ce plancher, j'avais gagné.

Cachée derrière un des rideaux, j'étais parée à entrer, le cœur battant à tout rompre. Je fermai les yeux, soufflai et comptai jusqu'à cinq. Je me racontais une ultime fois mon histoire, un ensemble de mouvements mis en lien pour me livrer. C'était parti. J'entrai en entendant les premières notes. Une première traversée, puis une seconde avant de m'arrêter en plein milieu du parquet. J'enchainais sans cesse tous les pas que je connaissais par cœur. Chaque geste était ancré en moi, comme une part de mon ADN. Il n'y avait rien d'autre, juste mon univers et moi. L'air fouettait mes cheveux et la musique envahissait mon corps. Seuls la rythmique et mon ressenti me guidaient. Je vivais chaque sensation à deux mille pour cent, je prenais toutes les émotions pour les transformer en art. Une minute de bonheur, d'évasion, de liberté. Cette seconde danse m'avait permis de mieux prendre conscience de tout ce que j'étais de nouveau capable de faire.

Les chorégraphies s'enchaînèrent, dévoilant ma benjamine, plus belle que jamais. Elle était incroyable sur cette scène. Elle était née pour ça. J'assistai aussi aux premières représentations des toutes petites, c'était si mignon. Elles avaient du mal à être parfaitement synchronisées, mais elles donnaient le meilleur d'elles-mêmes et c'est tout ce qui comptait.

Alors que j'attendais mon dernier passage, je vis mes deux partenaires, deux anciennes camarades me rejoindre.

– Ça fait plaisir de te revoir parmi nous, me souffla la rousse.

– C'est clair que je ne pensais pas le dire un jour, mais c'est une bonne nouvelle. Tu te sens prête ?

Je me retournai rapidement vers elle, surprise par sa remarque. Nous avions passé quatre années à essayer de nous donner à fond, à repousser nos limites pour atteindre la première place. Et malheureusement pour elle, j'avais à chaque test, j'avais décroché les chorégraphies les plus demandées. Finalement, je me contentai de lui adresser un signe de tête avant de m'enfermer de nouveau dans ma bulle. C'était mon ultime passage, l'avant-dernière prestation du spectacle. Nous allions pour la première fois danser toutes les trois, elle avait dû s'entraîner avec Ève tandis que j'avais appris chaque pas avec Lau.

– Lilou-Ann, Ambre et Tiffaine, ça va être à vous.

On expira de façon synchrone avant de se lancer sur Clubbed To Death de Rob Dougan. Dos les unes aux autres au centre de la scène, nous effectuions des gestes simultanés. Une description exacte des relations humaines, de l'acceptation de la différence, je voulais transmettre à tous ce sublime message. Munie de ma robe rouge, j'étais mise en avant à l'instar de mes partenaires. Nous devions retranscrire l'intégration. N'écoutant que la respiration de mes camarades, le froissement de leurs costumes, j'enchainais chaque mouvement. Être parfaitement en lien avec elles sans les voir, un véritable défi comme je les aimais. Affichant un sourire radieux, je ne laissais rien au hasard. Trente secondes intenses où nous finîmes par laisser place à toutes les danseuses.

Je rentrai en coulisse, heureuse, mais épuisée. J'avais réussi les trois chorégraphies, comme si je n'avais jamais arrêté. J'étais vraiment perdue dans toute cette vague de sentiments. Soulagement, joie, fatigue, fierté, nervosité. Une bombe d'émotions prête à exploser en plein vol. Je soufflai lourdement et me cachai derrière le rideau afin de profiter du final. Ève avait sorti le grand jeu, alliant des mouvements décalés puis en totale synchronisation, des pas complexes associés à des effets de lumière. C'était fantastique. Et lorsque toutes les filles s'arrêtèrent d'un coup, les applaudissements s'élevèrent dans la salle. La puissance de ce moment n'avait aucun égal. Il fallait le vivre pour être autant transcender. Chaque groupe s'avançait pour saluer le public qui était désormais debout. Perdue dans ma contemplation, je ne vis pas immédiatement ma professeure de danse arriver. Elle saisit mon poignet et me traîna de force sur scène. Quelque peu gênée, je me dépêchai d'avancer et de saluer. M'inclinant plusieurs fois, j'entendis des sifflements plus forts provenant de mes amis. J'aurais espéré pouvoir me cacher au fond des coulisses, or Ève en avait décidé autrement et me gardait précieusement près d'elle. On venait de lui apporter un micro et s'apprêtait à prendre la parole.

– Bonsoir, je vais vous épargner les longs discours, mais je suis heureuse d'avoir pu vous présenter ce spectacle qui me tenait tant à cœur. J'aimerais remercier toute la troupe pour leur travail acharné. Un merci particulier à toi pour ta confiance, ça m'a réellement touchée, me dit-elle en se tournant vers moi. Merci à tous pour votre présence et n'oubliez pas, acceptez celui ou celle que vous êtes. Bonne soirée !

Les acclamations reprenaient tandis que nous quittions petit à petit la scène. L'effervescence dans les loges était à son apogée. Chacune débriefait de ses prestations, refaisant un pas ou en se félicitant de la réussite. Comme souvent nous passions nous voir les unes et les autres, mais aujourd'hui, j'étais spécialement sollicitée. Toutefois, le seul avis que j'attendais était celui de ma petite sœur. Me changeant pour enfiler une tenue plus simple, je me démaquillai lorsque je la vis posée, bras croisés dans l'encadrement de la porte.

– Trois semaines... Il t'a fallu moins de trois semaines pour maîtriser trois chorégraphies et après tu es surprise quand je te dis que tu es mon modèle... T'étais juste incroyable...

Sans attendre, je me levai et la serrai contre moi. Je n'avais rien d'un exemple, mais ses paroles me touchèrent en plein cœur. Je la remerciai et lui soufflai que j'étais vraiment fière d'elle. Se détachant l'une de l'autre, elle entreprit de se changer à son tour.

Après m'être changée et démaquillée, je décidais de sortir des coulisses. L'angoisse reprenait doucement son chemin, j'allais affronter le regard de mes proches. J'appréhendais leur réaction et leur remarque. Mais à peine avais-je descendu les marches que j'aperçus mes parents et Luce. Sans un mot, je me blottis contre eux. Dans un câlin général, je craquais. Je laissais toute la pression retomber. Je réalisais le cap que je venais de passer et je n'étais pas là seule. Ils me berçaient et caressaient mes cheveux.

– On est fière de toi. C'était..., ma mère déglutit difficilement et reprit. C'était parfait...

Mon père approuva d'un signe de tête, bien trop affecté pour me parler. Je resserrai ma prise et tournai mon visage vers mon aînée. Les yeux baignés de larmes, elle m'adressa un sourire chaleureux. Je la connaissais bien trop pour savoir qu'elle avait la gorge bien trop nouée pour me parler, mais son émotion me suffisait et puis nous n'avions pas besoin de mots pour communiquer. J'imaginai à quel point la surprise avait dû être puissante pour eux et j'étais soulagée de voir leur réaction.

Un raclement nous tira de cette étreinte. Mes deux meilleures amies patientaient sagement, admiratives et touchées.

– Tu étais sublime, tu n'as jamais été aussi exceptionnelle... souffla Leïla en me tirant contre elle.

– C'est ce souvenir-là que je veux garder de toi, murmura Chloé.

Je passais ainsi de bras en bras accueillant chaque parole, chaque compliment comme un précieux cadeau que je garderai inscrit en moi durant mes moments de doute. Je me tournai vers mon blond et attendis son avis.

– Putain et dire que tu ne voulais jamais reprendre, ça aurait été un véritable gâchis petit ange.

Blottie contre son torse, un large sourire prit place sur mon visage. Je savais que sans lui je n'aurais jamais pu aligner deux pas. Il m'avait bousculée pour mieux m'aider à avancer. Je me détachai de lui et déposai un bisou sur sa joue. Mais alors que je le remerciai une fois encore, mon regard croisa celui de l'homme à qui j'avais de nouveau ouvert mon âme. M'excusant auprès de mes amis, je ne pus m'empêcher de courir pour me blottir contre lui.

– Je t'aime jolie danseuse... Ma danseuse.

Mon cœur rata un battement. Sa confession était le final de cette dernière étape, qui me permit de vivre à nouveau, de renaître sans lui.

Ce soir-là, j'ai compris. J'ai compris que rien n'effacerait l'amour que j'avais eu pour Zac. Mais l'amour ne se compare pas, ne se quantifie pas, ne se limite pas, il est simplement le symbole de deux âmes prêtes à se lier...


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Coucou mes petits lecteurs,

Aujourd'hui cela fait deux ans jour pour jour, que je me suis replongée dans cette histoire et que j'ai osé la poster, alors j'avais envie de vous offrir ce chapitre.

Je tiens particulièrement à ce passe, à cette passion qu'à Lilou pour la danse, car je connais la puissance libératrice de cet art. J'espère avoir retranscrit tout cela comme il se doit.

Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Et l'attitude de Lilou ? Et ce dernier paragraphe ?

Bisous, bisous 🖤,
L.

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