Chapitre 54
Ces quelques heures auprès de mes aïeuls me firent le plus grand bien. Une parenthèse loin du quotidien. Il semblerait d'ailleurs que c'était aussi le cas pour nos parents. Leur escapade leur avait permis de se retrouver en tant que couple et ils paraissaient encore plus soudés qu'avant. Les voir si proches était bien rare, je savourai donc de les voir amoureux comme au premier regard.
Malheureusement, il me restait seulement quelques jours avant de reprendre les cours et encore moins avant de fêter mon anniversaire. Dix-huit ans. La majorité, la liberté, le Graal de tout adolescent. Mais, j'aspirai à quelque chose de simple. Afin d'éviter une grosse fête qui risquerait de déborder, j'avais proposé à mes meilleures amies une journée entre filles et une soirée pyjama, ce qu'elles avaient accepté un peu trop facilement.
Je profitai alors du temps qu'il me restait pour réviser. En effet, professeurs et lycéens n'avaient pas la même définition de vacances. J'étais littéralement débordée ; or j'avais tout sauf envie de travailler. Étonnamment, depuis mon retour de chez mes aïeuls, je ressentais la soif de ne faire qu'un avec le parquet. J'avais eu ce déclic, celui qui me fit comprendre que ma vie ne s'était pas arrêtée, elle avait juste eu besoin d'une pause pour reprendre à nouveau son souffle. Sans attendre, je fermai livres et cahiers, déposai mes stylos et ouvris l'armoire qui contenait toutes mes affaires.
Sans demander la permission, je remplissais un sac à dos de tout ce qui était nécessaire pour ma petite escapade.
– Tu vas où cachottière ?
Je sursautai en entendant la voix de ma grande sœur, me surprendre en pleine réflexion. Je refermai immédiatement l'objet de son interrogation et me tournait vers elle. Appuyée contre le chambranle de ma porte, elle haussait un sourcil attendant sa réponse. J'avais beau réfléchir dans tous les sens, je ne pouvais pas lui fournir une explication de qualité. J'optai alors pour une bonne dose d'honnêteté avec un soupçon de mystères.
– Je dois sortir une ou deux heures, j'en ai besoin. Ne me demande ni ou, ni avec qui, mais sache que c'est une nécessité.
Je la vis acquiescer tandis que j'enfilai ma veste. Sans attendre, je saisis mon sac et me faufilai dans le couloir sur la pointe des pieds. J'espérai ne pas croiser mes parents et encore moins Lau. Je descendis les escaliers à la hâte, attrapai mes boots ainsi que mon écharpe et sortis sur le perron pour finir de me préparer.
Affrontant le froid de février, je me dépêchai d'arpenter les rues familières pour me rendre dans ce lieu qui avait connu tant d'émotions. Sa devanture bleue ternie par le temps se dressait devant moi. Ses portes blanches ne m'impressionnaient plus. J'étais de nouveau chez moi. Le studio.
Après des mois de déconnexion, j'étais pour la première fois heureuse d'y revenir. Poussant le battant, je me retrouvai nez à nez avec Ève, mon ancienne prof.
– Lilou-Ann ? Mais Laurianne n'est pas là, elle ne s'est pas inscrite au stage.
Me dandinant d'un pied sur l'autre, je me sentais confuse. Je ne savais pas quoi lui répondre, mais malheureusement j'allais devoir lui dire la vérité si je souhaitais avoir accès à une des salles. Étonnamment dans mon esprit, cela me semblait plus facile ; or je n'étais pas très à l'aise.
– Je sais... En fait... J'aimerais pouvoir aller... M'échauffer...
– Oh.
Je me doutais de sa réaction. N'ayant pas parlé avec elle pendant plusieurs mois, elle ne devait pas se douter une seule seconde que j'avais de nouveau foulé le parquet. Pourtant sans rien ajouter, elle saisit mon poignet et me guida dans une des pièces vides qu'elle ouvrit sans un mot. Elle alluma les lumières, enclencha l'enceinte et me confia les clefs.
– Je dois partir dans une heure, ferme pour ne pas qu'on te dérange et je préviens que je prends cette salle. N'oublie pas de préparer ton corps avant de te libérer.
Je lui adressai un signe de la tête et m'apprêtai à me diriger vers le fond du studio, elle m'interpella :
– Lilou-Ann, quand tu seras prête, j'aimerais tellement te revoir danser.
M'adressant un dernier sourire, elle quitta la pièce. J'aimais cet aspect là d'elle, elle comprenait beaucoup de choses dans mes silences. Après son départ, je déposais mes affaires et me dépêchai de refermer derrière elle. Enlevant mes vêtements, j'enfilai mon short et un haut ample, de quoi être à l'aise pour se mouvoir. J'observai mon reflet dans le miroir. Je n'avais plus rien avoir avec la fille qui avait accompagné sa petite sœur quatre mois plus tôt. Mon physique avait enfin repris de ses couleurs et de ses formes et mon cœur battait à nouveau.
Adieu clavicules et bassins proéminents, bonjour pommettes rosées !
Saisissant ma longue crinière brune, je tentai tant bien que mal d'en faire un chignon. Enclenchant ma playlist, j'enlevai mes chaussettes et savourai le contact de mes pieds nus sur le parquet. Cette sensation n'avait pas de prix. Liberté, satisfaction, légèreté, fierté, c'était ma place sur terre.
Avant de me lancer dans une heure intensive, je devais dans un premier temps m'échauffer afin de ne pas me blesser. Rapidement, tous mes réflexes me revenaient, comme si je n'avais jamais cessé d'exercer. Une fois prête, je me plaçai devant la gigantesque psyché et relevai le regard. Je fermai les yeux et laissai la musique s'infiltrer insidieusement en moi. La rythmique coulait dans mes veines et sans attendre mon corps prenait position. Je livrais ce qui m'affaiblissait, je rejetais ce qui me blessait, je libérais ce que je ressentais. Chaque mouvement se vivait entièrement, sans demi-mesure. Mes mains, prolongements de mes gestes, mettaient un point à chaque phrasé. Mes pieds, quant à eux, guidaient ma chorégraphie. J'avais la sensation de retrouver mes ailes. Tous mes muscles étaient en tension, mon esprit s'évadait et retrouvait une certaine forme de paix.
Danser, c'était ma façon de me battre contre tout ce qui pouvait m'enfoncer dans les limbes, tout ce qui pouvait me peser sur cette terre et tout ce qui alourdissait mon être. Elle me permettait de redécouvrir mon corps et mon âme et d'entrer en contact physique avec la liberté.
Tel un phœnix, je renaissais de mes cendres. Je prenais de nouveau plaisir à ne faire qu'un avec la musique. Un grand sourire prenait place sur mon visage. Je disais au revoir à tout ce qui me torturait. Les pas s'enchaînent naturellement. Des gestes anciens se mêlaient à de nouvelles productions. Je créais des chorégraphies au gré de mes besoins, suivant mes envies...
Essoufflée, je m'écroulai lamentablement au sol. Mon torse se soulevait à un rythme effréné. J'avais libéré tout ce que je gardais au fond de moi. Il n'y avait plus rien. J'étais désormais une gamine qui faisait son deuil doucement, mais sûrement. J'étais une adolescente en voie de reconstruction. J'étais une jeune femme prête à s'épanouir enfin. J'espérais qu'il soit fier de moi, parce que je finissais par l'être.
Je me relevai, me changeai et décidai de quitter ce lieu de confidences. Arpentant les couloirs, je cherchai Ève, la trouvant dans une des salles, assise par terre avec son éternel carnet. Je la vis se lever et effectuer une arabesque puis un saut. Elle notait chaque pas, un à un pour retranscrire le plus fidèlement sa chorégraphie. C'était une artiste, un peintre qui dessinait son croquis avant d'y mettre de la couleur. Je toquai doucement afin de ne pas la faire sursauter. Lorsqu'elle me vit, elle s'approcha le sourire aux lèvres.
– Ta session s'est bien passée ?
Elle connaissait déjà la réponse, mais je supposais qu'elle espérait que je la rassure, que cet arrêt n'était qu'une pause, une petite parenthèse. Et aujourd'hui, j'avais la sensation que c'était le cas.
– Parfaitement, soufflai-je, pudique.
Le regard qu'elle m'adressa parlait pour elle. Je compris son soulagement. Depuis six ans, elle m'avait accompagnée, elle m'avait aidée à me perfectionner donc je savais à quel point cela lui tenait à cœur.
– J'ai toujours notre duo, si un jour tu t'en sens capable et que tu le souhaites... murmura-t-elle.
L'an passé, elle m'avait proposé de danser avec elle pour le spectacle de fin d'année. Impressionnée et flattée par sa demande, j'avais évidemment accepté avec un immense plaisir. J'avais passé des heures à peaufiner chaque détail avec l'aide de Zac. Je souriais en repensant à nos échanges passionnés. Mais je décidais de ranger ces souvenirs dans un coin de ma tête comme un précieux présent que j'avais eu la chance d'avoir. Je déposai les clefs dans le creux de sa main avant de lui adresser un sourire franc. Je pris mes affaires et quittai le studio. Cette séance m'avait fait le plus grand bien. Je me sentais légère. Sur le chemin du retour, je réfléchissais à ces ultimes jours de vacances. J'essayais de planifier autant que possible ce qu'il me restait à faire. Je devais absolument finir mes devoirs avant le week-end, car mes parents m'avaient demandé d'être entièrement libre samedi. Je savais qu'ils organisaient un anniversaire à la hauteur de l'âge que j'allais avoir. On était bien loin de ce que j'avais prévu. Pourtant à cette idée, une douce pointe d'excitation se nicha au fond de mon ventre. Dix-huit ans enfin...
– Bon anniversaire, Lilou ! cria Laurianne en appuyant bien trop longtemps sur la dernière syllabe.
Enfouie sous ma couette, je rêvais de finir ma nuit tranquillement sans entendre la voix criarde de ma petite sœur. Sans attendre ma réponse, je sentis son corps tomber sur le mien, m'arrachant un grognement. Ses bras m'encerclèrent sans délicatesse, m'emprisonnant contre elle.
– Lève-toi, on a plein de choses à faire !
Elle me secoua comme un vulgaire prunier avant de repartir en coup de vent. Sortant la tête, je vis Luce au bout du couloir, m'adressant un sourire réconfortant. Je lui avais confié que même si je me réjouissais de ce nouveau cap, une part de moi ne pouvait oublier que lui serait à jamais cantonné à cet âge-là.
Soupirant lourdement, encore fatiguée de mes jours de révisions, je me levais doucement. Après un passage par la salle de bain, je me dépêchai de rejoindre ma famille en bas. Chacun me prit dans ses bras et me souhaita un bon anniversaire. Devant mes yeux se dressa une table bien trop pleine de gourmandises. Tout y était, jus d'orange, pains au chocolat, brioche au Nutella, fruits en tout genre. Un petit déjeuner absolument parfait ! Je profitai de cet instant si précieux, partager un repas succulent entourée des gens que j'aime.
– Ma puce, ce matin, tu vas aller avec tes sœurs t'acheter une tenue pour notre sortie de ce soir et cet après-midi, c'est détente avec Chloé et Leïla, ça te va ? me proposa ma mère.
À vrai dire, j'étais prête à me laisser porter par leur organisation. Ils faisaient tout pour rendre cette journée aussi merveilleuse que possible, donc je me pliais avec plaisir à leurs souhaits. Une fois rassasiée, je finis de me préparer pour aller acheter mon accoutrement. Admirant les vitrines, nous déambulions dans le centre commercial. Je n'avais aucune idée de ce que je voulais pourtant lorsque mon regard se posa sur elle, je sus que c'était elle. L'élue. Une robe bleu nuit ornée de dentelle noire par-dessus, des manches courtes et cintrée à la taille.
– Essaie-la, me souffla Luce. Je pense qu'elle est faite pour toi.
Alors sans attendre, je me réfugiai à l'intérieur du magasin et cherchai le précieux. En moins de dix minutes, je l'avais trouvée, enfilée, validée et payée. Le Graal en main, le sourire aux lèvres et le soulagement niché en moi, nous pouvions enfin repartir. Évidemment, tout était parfaitement calculé par mon aînée qui nous emmena chez Leïla.
Mes deux meilleures amies se tenaient sur le perron prêtes à monter en voiture. Sans explication aucune, je les vis prendre place dans l'habitacle et me souhaiter un bon anniversaire. Nous redémarrâmes sur des chapeaux de roues tandis que j'échangeai des banalités avec mes comparses.
– Désolée les filles si je vous ai pressées, j'ai réservé pour treize heures... s'excusa Luce à l'intention de nos passagères.
J'assistai de façon incompréhensible à un échange entre mes proches, comme si je n'étais pas là. Ça chuchotait, ça parlait de différents endroits, vérifiait les heures prévues. Je tentais de capter quelques informations, mais c'était sans compter sur Lau qui détourna mon attention en me parlant de danse. À contrecœur, je me laissai avoir et participai activement à la conversation, si bien qu'il me fallut quelques secondes pour réaliser que nous étions enfin arrivées à destination. Tournant la tête, je compris rapidement une partie de leur allusion. Nous étions désormais garées devant le paradis des gourmands. Ce centre regroupait tous les lieux dans lesquels j'adorais venir grignoter ou carrément me goinfrer. J'y venais souvent avec Zac pour y manger des sushis et finir sur les meilleurs cookies au monde.
– Allez, on file, Tenzin nous a gardé notre table.
Évidemment à force de venir dans ce restaurant japonais, nous avions fini par connaître les propriétaires, si bien qu'ils nous faisaient des fleurs. Depuis notre découverte de ce petit éden, nous venions pour la moindre occasion, faisant le bonheur de la fratrie, amoureuse de cette cuisine. Une fois à l'intérieur, nous trouvions rapidement le chemin ainsi que le choix du menu. Par habitude, nous prenions la même chose. Toutefois aujourd'hui, Khim, le fils de Tenzin, avait décidé d'augmenter très largement la quantité de mets servis. Il me souhaita un bon anniversaire avant de nous laisser déguster nos plats. Ce repas, bien que trop opulent, nous fit le plus grand bien. Mes sœurs racontèrent à mes meilleures amies mes frasques d'enfance tandis qu'en échange, elles livrèrent mes plus jolis râteaux. Autant dire que ce déjeuner virait au moment de gêne absolue, pourtant très vite mon rire se mêla aux leurs pour ne former qu'un simple souffle de joie.
– Alors Lilou, pour le reste de l'après-midi, tu as plusieurs possibilités, mais quoi qu'il en soit ce sera avec les filles. Donc c'est soit massage et soin, soit mise en beauté pour le restaurant avec les parents.
Jetant un regard aux deux dingues, je compris qu'elles avaient déjà fait leur choix. Je leur adressai un signe de la tête et laissai Leïla répondre.
– Mise en beauté ! On va faire un malheur les girls !
Cette femme était définitivement folle, mais j'approuvais sa réponse. Sa déclaration marqua la fin du repas et nous nous pressâmes de régler. Déambulant parmi la foule, nous regagnâmes la voiture afin de nous rendre au centre de bien être. Même si c'était loin de la fille que j'étais devenue, cette journée était parfaite. Je partageais de doux instants avec les gens que j'aimais, tout cela dans la bonne humeur, la joie et la détente. Le grand sourire qu'elles arboraient me comblait et pour elles, j'étais prête à tout.
Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivions à destination. Luce nous déposa et me rappela de lui écrire lorsque nous aurions fini. La pauvre, elle jouait le chauffeur pourtant cela ne semblait pas la déranger le moins du monde.
Bras dessus-dessous, nous nous dirigeâmes vers l'entrée, parée à se détendre. Accueillies comme de véritables princesses, nous fûmes prises rapidement en charge. Soin du visage, maquillage, coiffure et vernis à ongles, la panoplie complète de la parfaite fifille. Par chance, l'équipe féminine comprit facilement que la sobriété devait être de mise. Trois heures plus tard, je nous fixai dans le miroir. Mon cœur se gonflait d'allégresse. Les larmes au bord des yeux, je ne pouvais camoufler ma joie. Neuf mois. Il m'avait fallu neuf longs mois pour revoir celle que j'avais été. L'émotion me submergeait, je craquais.
– Oh non, mademoiselle. On peut refaire si ça ne vous plaît pas, me consola doucement Amandine, l'esthéticienne.
Si elle savait à quel point, mon reflet me faisait du bien et combien son travail était irréprochable. Comment lui expliquer que nous voir toutes les trois alignées ainsi me touchait. Je revoyais les trois adolescentes que nous étions se préparant pour de folles soirées entre amis.
– Ne vous en faites pas, c'est juste parfait, merci, répondis-je difficilement.
Je déglutis et tentai de rattraper le carnage que mes pleurs causaient. J'envoyai un bref SMS à mon aînée et me préparai à quitter le salon.
– Tenez, dit la responsable alors que je m'apprêtai à partir. Bon anniversaire !
Dans le petit sac qu'elle venait de me donner se trouvaient des produits de beauté, gentille attention de leur part. Cherchant la citadine de ma sœur du regard, je la vis arriver au loin sur le parking. Et moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, elle nous récupéra et nous conduisit chez Leïla pour que je finisse de me préparer. Tout s'enchaîna très vite, je me préparai tandis que Luce attendait avec Inès, la maman de ma marocaine. Une fois prêtes, nous repartions toutes les deux. Mais sur la route, mon aînée fit un détour et s'arrêta le long du bois. Elle récupéra une paire de baskets qu'elle me tendit et un canif.
– M'autorises à écrire quelque chose ? murmura-t-elle, un peu stressée.
Cette simple question me toucha plus que de raison. Ma sensibilité était à fleur de peau, alors en guise de réponse, j'acquiesçai. Même si, hormis Zac, personne n'avait eu le droit d'y inscrire quoi que ce soit, avec elle, je ne pouvais qu'accepter. Main dans la main, nous empruntions le petit sentier qui menait à la cabane. Elle se dirigea sans hésiter vers le chemin de mes bonheurs. Au bout de quelques minutes, j'aperçus enfin le message qu'elle souhaitait inscrire. « FIERTÉ ». Un seul et unique mot. Ses yeux humides se tournèrent vers moi et m'affectèrent à mon tour.
– Je t'aime Lilou. J'ai besoin que tu saches à quel point je suis fière de toi, sincèrement et profondément. Tu as traversé les tornades, les ouragans, les tsunamis et tu as su te relever. Tu as été d'un grand courage et tous les beaux discours n'auront pas la force de te montrer à quel point je t'admire.
Elle me serra dans ses bras et je craquai lamentablement. Savourant cette étreinte, je respirai son odeur et profitai de ces mots réconfortants qu'elle venait de m'offrir. Avoir son approbation et son amour n'avait pas de prix. Nous restions dans cet endroit quelques minutes, appréciant la quiétude de la nuit qui était doucement tombée.
– Allez filons, si on ne veut pas avoir la tempête Anne sur le dos.
Après un fou rire, nous repartions pour rentrer. Une fois mes escarpins remis, je vérifiai mon maquillage dans le miroir de courtoisie et lissai les pans de ma robe. Arrivées à destination, je descendais tandis que Luce garait la voiture. En sa compagnie, je me faufilai à l'intérieur de la maison, mais malgré la lumière, il n'y avait personne au rez-de-chaussée.
– Papa ? Maman ? criai-je pour les prévenir de notre entrée.
– Bon anniversaire ! hurla en chœur une foule qui venait de débarquer de mon salon.
La main posée sur mon organe vital, je scrutai chaque visage face à moi. Tout le monde était là, juste pour moi. Je peinais à réaliser ce qu'il se passait devant moi. Je passai de bras en bras pour les remercier de leur présence en ce jour. Mon père et ma mère étaient entourés des gens que j'aimais : Leïla, Chloé, Baptiste et leur partenaire respectif, Vincent, leurs parents, Juliette, Lina. Mais mon cœur rata un battement lorsque je croisai ce regard, celui qui me manquait et me torturait. Evidemment Vincent me leva dans les airs, comme une brindille légère, avant de me souhaiter à son tour ses meilleurs vœux. Blottie contre lui, sa bouche frôla mon oreille.
– Même si je n'étais pas chaud, ton ancien plan cul m'a convaincu. Et puis t'aurais fini par regretter son absence et ça, c'est hors de question. Ce soir, je veux que tu profites de chaque instant.
Il avait raison, même si je digérai encore sa révélation, il avait marqué à sa façon ma vie et plus particulièrement ma renaissance. Alors après avoir salué tout le monde, je me dirigeai vers lui, le seul à être resté en retrait. Ses yeux ancrés dans le mien, aucun de nous n'osait bouger, comme si nous craignons de briser cet échange silencieux. Pourtant, sans attendre son accord, je me lovais contre lui. Je fermais les paupières et humais son odeur. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser et passer ses bras autour de mon corps. Chaque muscle se détendait enfin et profitait de ce bref instant de tendresse.
– Bon anniversaire Lou ! murmura-t-il.
– Merci et merci d'être venu ce soir, ça compte beaucoup pour moi.
Une part de moi aurait aimé que rien ne s'arrête, qu'il n'y ait que nous deux. Mais rapidement, les autres convives me rappelèrent à leur côté. Mes parents distribuèrent les coupes de champagne et nous trinquèrent à mes dix-huit ans. Je lançai un regard en direction de Juliette qui m'adressa un sourire réconfortant, entourée par Vincent et Axel. Le tableau était particulièrement surprenant. Tous les invités s'étaient mis sur son trente-et-un. J'étais surprise, mais touchée de voir la présence d'Inès, Abigaël et Olivier — les parents de Chloé —, monsieur et madame Leroy, ainsi que la maman de Baptiste. Si j'avais bien compris, ils avaient amené mes deux amis et mes géniteurs en avaient profité pour les convier. Les générations se mélangeaient, les inimitiés tombaient et moi, je souriais bêtement. Ce soir, je comptais profiter de chaque instant, ils étaient si précieux. Tout le monde parlait de tout et de rien, grignotant dans les plats qu'un traiteur avait dû préparer. La fête se déroulait à merveille. Je m'éclipsai momentanément pour récupérer mon appareil photo. Mais alors que je m'apprêtai à redescendre, mon père, un peu inquiet, se tenait face à moi. Il m'attira vers lui et me chuchota quelques mots.
– Bon anniversaire ma puce, j'espère que ça te plaît. Je sais que tu ne t'attendais pas à ça et à toutes ces personnes...
– Rassure-toi, c'est parfait, je ne pouvais espérer mieux, dis-je pour le rassurer.
Nous nous détachions l'un de l'autre et repartions en direction des festivités. Comme à chaque gros événement, on passait peu de temps avec chaque invité pourtant je tentai de voir tout le monde quelques instants pour échanger.
– Allez les jeunes, avec les vieux, on va aller boire un verre et vous laisser profiter de votre soirée !
Évidemment, le langage utilisé par le chef de famille fit ronchonner ma mère, mais eut le mérite de réjouir mes amis. Au bout d'une vingtaine de minutes, les « adultes » quittèrent la maison, nous laissant profiter. Rapidement, la musique combla le vide laissé par leur départ. Tout comme mes camarades, j'enchainai les coupes et appréciai l'alcool qui coulait peu à peu dans mes veines. Les barrières tombaient, nos corps dansaient et j'oubliais tout. Mon rire se mêlait à l'euphorie. Je passai de bras en bras aux rythmes des mélodies. Je me déconnectais de la réalité pour ne faire qu'un avec toute cette joie. Cette soirée était parfaite.
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Coucou mes petits lecteurs,
Comment allez-vous? Avez-vous passé de belles vacances pour ceux qui en ont eu?
Me revoilà avec un nouveau chapitre. Ma petite Lilou passe un cap, elle reprend l'entraînement et surtout elle devient majeure !
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre? J'ai hâte d'avoir vos avis :)
Bisous, bisous 🖤
L.
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