Chapitre 42
Assise sur ma couette, j'attendais Lina qui se débattait sous la douche avec son indomptable crinière. Je tentai tant bien que mal d'écrire dans mon carnet, mais ce soir, je n'arrivais pas à aligner de mots. De plus, je fus coupée à plusieurs reprises par les bips incessants de mon téléphone. Me trouvant une bonne excuse pour m'évader, je le saisis et ouvris les messages que je venais de recevoir. Ils venaient tous du même expéditeur.
* Je sais qu'on s'est vu ce matin mais je voulais savoir comment tu allais... * — Axel
* Je n'arrête pas de penser à ces baisers. Je ne sais pas où cela va nous mener mais j'ai vraiment adoré *
* J'ai passé un merveilleux moment... Merci :$ * — Lilou
Échangeant encore quelques SMS, je tentai en vain de me reconcentrer sur ma tâche quotidienne. Lorsque j'entendis frapper à la porte de ma chambre, je vis là, une belle occasion de fuir exceptionnellement cette responsabilité. Je posai mon stylo et refermai mon cahier avant de souffler un coup.
– Entrez !
Je reconnus immédiatement les mèches brunes de ma sœur dans l'embrasure. Je l'observai attentivement et vis malheureusement cette expression. En effet, si le petit pli qui occupait son front signe de son angoisse n'était pas aussi marqué, j'aurai été ravie de son interruption. Or je finissais presque par regretter de ne pas griffonner sur mes pages blanches.
– Lilou, est-ce qu'on peut parler ? murmura-t-elle en baissant le regard.
Ça ne sentait clairement pas bon, mais je fis abstraction de cette boule qui commençait à naître au fond de moi. Je m'assis sur mon lit et lui fis signe de me rejoindre. Mon organe vital avait repris sa chevauchée et mes jambes leurs battements, le stress prenait silencieusement place en moi.
– J'ai plein de choses à te dire... Je ne sais pas par où commencer.
Elle semblait chercher ses mots. Sa phrase sonnait le glas et je n'aimais pas ça du tout. Si ma sœur prenait autant de pincettes, c'est que quelque chose n'allait pas.
– Lou, comment tu te sens ? me questionna-t-elle.
– Luce... Sérieusement ? Je crois que pas que tu sois là pour savoir si ça va ou pas...
Elle baissa la tête, gênée. J'oscillai entre l'angoisse et la colère. J'avais l'impression qu'elle avait des secrets et cela ne me plaisait pas, cela ne lui ressemblait pas. Toute la bonne humeur qui m'avait enveloppée depuis mon retour disparaissait au fur et à mesure de notre conversation.
– En fait... Pierre m'a proposé quelque chose, mais je dois d'abord en discuter avec toi...
Elle paraissait vraiment mal à l'aise, son trouble était contagieux. Alors j'acquiesçai, lui accordant toute mon attention.
– Il aimerait que nous emménagions ensemble cet été. Mais j'ai besoin de savoir comment va ma petite sœur pour pouvoir prendre cette décision. Je ne veux pas vous abandonner si je ne suis pas certaine que tu te relèves pour de bon...
Je relâchai soudainement tout l'air que j'avais retenu depuis le début de notre échange. Donc comme pour la rassurer, je la pris dans mes bras. Elle était prête à sacrifier sa vie, son épanouissement personnel, son histoire d'amour pour notre bien, c'était typiquement elle.
– Luce, tu as le droit de vivre pour toi, d'avancer, d'aimer. Si tu pars de la maison, ce n'est pas un abandon. Tu ne peux pas imaginer à quel point ça me comble de te savoir heureuse et épanouie...
Elle s'écarta délicatement de mon corps, les yeux brillants d'émotions. Pourtant un petit sourire en coin prit place sur son visage... Je savais bien que je ne pourrais pas y échapper bien longtemps.
– Je partirai quand je me sentirai pleinement sûre de faire le bon choix. Et d'ailleurs, il semblerait que je ne sois pas la seule à avoir des secrets, n'est-ce pas ?
Une pointe d'espièglerie se perçut au son de sa voix. J'étais prête à tout lui dire. Plus que quiconque, elle méritait que je me livre entièrement sans demi-mesure, sans compromis. Elle, qui m'avait tant épaulée, méritait la vérité même si cela faisait naître en moi, une inquiétude incontrôlée. Comment pouvait-elle ne pas me juger alors que j'étais moi en constante interrogation sur mes actes ? Je décidai de laisser mes doutes de côté et me lançai.
– À mon tour de ne pas savoir par où commencer... En fait, il y a des choses dont je ne t'ai pas parlé. Depuis le solo de danse de Lau, je me suis rapprochée d'Axel. Beaucoup. On a appris énormément l'un sur l'autre et hier avec l'alcool... Je... Il a... Oh merde, je l'ai embrassé. Je sais que je n'aurais pas dû, mais il a ce truc qui... Je ne sais pas Luce, j'ai eu l'impression d'être libérée d'un poids, c'était dingue...
– Lilou, mais c'est génial, je veux dire si c'était si bien et s'il était d'accord, où est le problème ?
– Cematinilm'aembrasséàsontour, lâchai-je d'une traite.
– Hein ? Je n'ai rien compris ! Lilou calme toi, il n'y a que nous. Je suis là pour toi...
Nos doigts liés ensemble, ses yeux ne quittaient pas les miens. L'aura qu'elle dégageait avait le don d'apaiser toute inquiétude, de soulager mes maux. Je savais que je ne devais pas avoir honte de lui parler.
– Il m'a embrassée ce matin. Mais Luce, je me sens tellement perdue... Avec Vincent, c'est logique, c'est une évidence, même toi tu me le dis. Il me rassure, il sait tout de moi, je n'ai pas de secret et avec Axel il y a ce truc. Cette sensation indescriptible quand il me regarde... Il est comme moi, il a cette fêlure. J'ai l'impression qu'il est le seul à pouvoir me comprendre... Mais au fond de moi, je bloque. Je ne peux pas. Ça me brûle de l'intérieur, ce sentiment de trahison. Luce, ça me bouffe, ça me ronge. Je ne peux pas trahir Zac... Je n'ai pas le droit...
Je craquai encore une fois. Mes larmes avaient de nouveau pris place sur mes joues, ne me laissant aucun répit. Je m'allongeai et posai ma tête sur ses genoux. Elle caressa mes cheveux, lorsque Lina entra dans la chambre.
– Oh, mais non Lilou, souffla-t-elle. Je pensais que ça allait, je ne comprends pas...
Elle s'agenouilla face à nous et commença à essuyer mes pleurs. Je n'avais pas le courage de recommencer, alors après avoir donné mon accord à Luce. Elle tenta de résumer la situation à ma cousine en omettant les prénoms des deux garçons qui hantaient mes pensées. Si je n'avais pas été aussi mal en point, j'aurais sûrement ri en voyant le visage de Lina passer par toutes les émotions mais j'étais bien trop perturbée par toutes ces révélations.
– Lève-toi ! m'ordonna-t-elle.
Surprise par son ton, je me redressai subitement. Elle se leva et se plaça face à moi. Elle me prit la main et me tira devant le miroir. Son corps se positionna derrière le mien. Elle releva mon menton et m'obligea à admirer mon reflet.
– Lilou, regarde-toi s'il te plaît. Tu es une fille superbe, tu es drôle, douce, bienveillante, passionnée et intelligente. Alors oui tu es têtue et avec un sale caractère, tu es impulsive et tu as fait de mauvais choix, mais tu n'es pas un monstre. Tu as le droit d'aimer parce que tu as tout le temps devant toi. Tu te dois de la vivre à deux mille pour cent, car tu sais mieux que quiconque que la vie est bien trop courte pour se perdre dans les remords...
Elle venait de toucher la corde sensible et en avait pleinement conscience. Je ravalai le sanglot bloqué dans ma gorge.
– Et ça, là ! Ce petit cœur, il a besoin de battre, il a envie d'aimer à nouveau et d'être aimé. Cette sensation de culpabilité et de trahison qui te ronge, elle n'est pas là, mais ici, dit-elle en pointant mon organe vital puis ma tête. C'est ton esprit qui guide tes émotions alors que tu sais que ça devait être ton cœur, lui et rien que lui...
Elle avait raison, je me voyais comme un monstre n'ayant plus le droit à sa part de bonheur. J'avais verrouillé mon âme, n'autorisant aucun garçon à y pénétrer. Pourtant je ne pouvais nier que ses mots s'étaient frayés un chemin jusqu'au fond de moi. Elle avait planté une petite graine prête à s'épanouir. Je ne savais pas combien de temps cela prendrait, je ne savais pas si elle arriverait à germer mais j'espérais que son discours fasse sens et m'aide à avancer. J'osai enfin lever le regard et rencontrai ses topazes humides. Elle avait dû puiser dans tout ce qu'elle était pour me parler ainsi. Elle me retourna pour me blottir contre elle. Frottant mon dos, j'en profitai pour la remercier.
J'inspirai un grand coup, me détachai d'elle et nous ramenai vers Luce. Finalement, nous avions passé la soirée toutes les trois devant Divergente, saga que Lina avait dévorée un an auparavant. Cette parenthèse cinématographique me permit de souffler après toutes ces émotions.
– Lina ! marmonnai-je en appuyant bien trop longuement sur la dernière lettre de son prénom.
Enfouie dans mon oreiller, je secouai ma cousine comme un vulgaire prunier. Son portable vibrait inlassablement depuis plus de cinq minutes. Appeler à huit heures du matin un jour de vacances devrait être puni par la loi. C'est une infraction, un délit, un crime.
– Lina, décroche ou je te pousse du lit !
– Mmh, c'est ma mère... grogna-t-elle.
C'était décidé, j'allais donc devoir tuer Florence ! Il ne fallait pas se mentir ; la nuit du trente-et-un au premier servait juste à fermer les paupières tandis que celle qui suivait avait comme intérêt de se reposer de la soirée de débauche du réveillon.
Même si nous avions un programme chargé, se réveiller de bonne heure n'était pas nécessaire. Alors après un énième coup de pied, je l'entendis décrocher.
– Allô, Maman, je vais bien, je suis entière, je suis avec Lilou. Sur ce, je ne suis plus disponible. Bonne nuit. À plus tard.
En l'écoutant répondre, je ne pus m'empêcher de glousser. Je connaissais suffisamment Florence pour savoir qu'elle n'avait pas dû apprécier la façon de lui répondre et que ma chère et tendre Lina allait en payer les conséquences à son retour.
Contrairement à elle, je n'avais pas réussi à me rendormir. Inconsciemment, mon esprit savait quel jour nous étions. Sept mois. Sept longs mois, que son absence me rongeait, que son être me manquait, que mon cœur était brisé.
J'avais donc décidé de me lever et de préparer le petit déjeuner pour tout le monde pour m'occuper. Vu mes compétences culinaires, j'optai pour un détour pour la boulangerie pour faire plaisir à ma famille. Après ce rapide aller-retour au royaume de la gourmandise, je sortis jus de fruits, café et lait afin de contenter chacun. En voyant la tête de mes parents, mes sœurs et ma cousine, je fus ravie d'avoir visé juste. Une fois tous réunis, nous en profitions pour programmer tout ce que nous voulions faire.
Luce devait aller voir Pierre pour lui donner sa réponse, Lau devait aller chez le dentiste avec mon père tandis que Lina, ma mère et moi avions prévu d'aller dans une librairie pour notre plus grand bonheur. Nous devions manger tous ensemble avant de nous retrouver entre filles pour aller voir Hunger Games au cinéma. Pour finir ma journée, je souhaitais aller voir Zac. Évidemment, je n'étais pas la seule à avoir eu cette idée et les deux garçons avaient tenu à me montrer leur soutien en m'écrivant de doux messages. Chacun était dans leur famille respective, fêtant la nouvelle année. Je leur expliquai ce que j'avais prévu et les rassurais autant que possible.
Jusque là, tout s'était déroulé sans encombre. Nous avions passé de très bons moments, particulièrement à la sortie du film. Lina et Laurianne étaient tombées amoureuses de ce premier opus. Autour d'un chocolat chaud, elles avaient débriefé avec ardeur la moindre action de la belle et froide Katniss Everdeen. Pour ma part, depuis notre arrivée dans ce café, je ne pouvais m'empêcher de guetter l'heure. J'avais hâte d'aller voir Zac et de retrouver un brin de solitude. De ces semaines de dépression, je gardais les bienfaits de se retrouver avec soi-même pour faire le point.
– File, me souffla Luce en posant sa main sur ma cuisse.
Les battements de jambe, signe de mon trouble, s'arrêtèrent à son contact. Alors après un bref échange, je décidai de les quitter. Prenant le bus pour me rendre dans ses rues que je connaissais si bien, je me laissai porter par la musique. Notre playlist dans les oreilles, une boule se forma au creux de mon ventre. Faisant le vide, je me rendis compte de mon avancée en arrivant devant ce portillon si familier. J'avais beau venir avec les plus belles attentions, le paysage qui se dessinait sous mes yeux me renvoyait des mois en arrière. Gardant mes écouteurs, je ne voulais pas entendre le bruit de ces graviers grinçant sous mes pieds. Pour la première fois, je pris le temps d'observer les mausolées. Tant de noms, tant de dates, tant d'êtres et tout autant de familles détruites par ces pertes. Tant de personnes certainement aussi brisées que moi... Mes pas me guidèrent instinctivement, trouvant la part de mon âme qui se trouvait en ce lieu.
Mon Zac...
J'inspirai un grand coup et rouvris les paupières. M'asseyant près de lui, mes doigts se posèrent sur sa photo. Dessinant les traits de son visage, je me rappelai ce qui m'avait tant fait craquer chez ce garçon. À l'image de son regard, il dégageait une douceur profonde, une gentillesse incroyable et une volonté de protéger les gens qu'il aime. Et même absent, il arrivait à avoir ce geste, cette délicate attention comme le prouvaient les deux anneaux entrelacés que je portais.
– Mon Zac, je ne sais pas par où commencer... Tu me manques, c'est un fait. Mais tu sais, tout le monde me répète que je dois avancer. Mais j'ai fait des progrès. Je parle, je souris, je ris. J'ai pris du poids. Quatre kilos, c'est peu, mais c'est déjà ça. Je suis mes cours avec autant de sérieux que possible. Je vais mieux.
Je soufflai. C'était douloureux, mais c'était un fait. J'apprenais à avancer sans lui. J'étais perdue entre la satisfaction de sortir peu à peu de ma détresse et cette sensation de le laisser de côté. Je secouai la tête, rassemblant mes pensées et repris.
– J'ai tellement de choses à te dire et j'ai l'impression de manquer de temps. Ton absence et ce silence sont durs à gérer. J'aimerais tellement entendre le son de ta voix me dire que je suis sur le bon chemin... Je danse Zac, je danse sans toi. Ça m'avait cruellement manqué. Je ne pense pas reprendre au studio, pas pour le moment, mais pour moi. J'ai besoin de retrouver cette passion seule, de m'échapper quand tout deviendra trop compliqué. Essayer de réapprendre à aligner deux pas sans sentir ton corps derrière le mien...
Déglutissant difficilement, je triturai mes ongles. Oraliser mon évolution la rendait plus concrète. Mais il me restait une seule et unique chose à lui avouer. Celle qui avait occupée une partie de mon esprit aujourd'hui. Il fallait qu'il sache.
– Zac... Je... J'ai embrassé un autre garçon... et je me sens perdue. C'était une envie que j'ai assouvie, quelque chose d'incontrôlé. Je ne sais pas si je regrette, parce qu'il provoque quelque chose en moi, il m'intrigue profondément. En fait, je n'ai pas de regret, mais j'ai l'impression de te trahir... J'aurai tellement besoin que tu approuves, que tu me rassures... J'ai peur que tu m'en veuilles. Et si jamais je n'arrivais plus jamais à aimer personne. Imagine que je finisse par me rendre compte que je n'aimerais plus jamais personne comme j'ai pu t'aimer, que la souffrance subie ait transformé mon cœur en pierre...
J'étais restée là de longues minutes espérant un signe comme pour répondre à toutes mes interrogations. Seul, un léger sifflement slalomait dans cet univers macabre. Il ne devrait pas être ici, coincé entre Henry Maupin mort à quatre-vingt-quinze ans et Michelle Landowski décédée à soixante-huit ans. Ce n'était pas la place d'un jeune et beau garçon qui avait la vie devant lui...
– Je ne craquerai pas Zac, mais tu me manques. Je ne veux pas être un vieux disque rayé répétant inlassablement que ton absence me ronge, mais je sais que le chemin est encore tortueux alors je t'en supplie où que tu sois veille sur moi, guide-moi...
Je jetai un dernier regard sur la photo de l'homme que j'aimais avant de me relever. Étonnamment, je me sentais plus légère, plus apaisée. J'avais trouvé un certain réconfort à lui parler si simplement comme s'il était toujours à mes côtés. Époussetant mon jean, je ne pus m'empêcher d'esquisser un rictus. Zac aimait se moquer de l'air concentré que je pouvais avoir lorsque je faisais ce geste.
Au moment de sortir, j'aperçus la voiture de Luce sur le parking. Comme toujours, elle était là veillant sur moi, s'assurant que j'affronte chaque obstacle sans m'effondrer. Je m'installai alors silencieusement à ma place en lui adressant un sourire rassurant. Je ne voulais plus qu'elle s'inquiète pour moi, il fallait qu'elle vive pour elle.
Sur le chemin du retour, nous croisâmes Mélina et ses copines. Il avait beau faire doux, nous étions tout de même, au mois de décembre et elles portaient une jupe que je qualifiais de ceinture.
– Regarde-moi cette poufiasse, il n'y a que le train qui ne lui est pas passé dessus ! claquai-je, assise au fond de mon siège.
Ma sœur pila violemment me faisant grogner. J'avais manqué de me prendre le tableau de bord en plein dans le nez.
– Mais t'es tombée sur la tête, c'est super dange —
L'expression de son visage et ses yeux exorbités me coupèrent dans mon élan. Elle avait l'air complètement choquée.
– Punaise mais ne me sors pas ce genre de choses au volant ! T'es folle Lilou ! J'ai tellement plus l'habitude de te voir comme ça !
Ses traits tirés par la surprise me firent éclater de rire. J'avouais que je n'avais pas maîtrisé mon vocabulaire ni le ton que j'avais employé. Une façon de m'exprimer digne de celle que j'étais avec Zac, sans filtre.
– Mais Luce, je te jure, matte cette pétasse ! Insupportable ! Elle chauffe tout ce qui bouge ! Elle a le — .
– Feu au cul c'est ça ? me coupa-t-elle en ricanant. Elle a déroulé du câble ?
Arrêtées sur le bord de la route, nous étions parties dans un fou rire incontrôlé. Les larmes au bord des yeux, nous n'arrivions pas à nous calmer. Un coup de klaxon nous fit sortir de notre bulle nous ramenant à la réalité. Et si nous souhaitions échapper à la tempête Anne pour notre retard, nous avions tout intérêt à nous dépêcher. Notre respiration reprenait doucement un rythme ordinaire.
– Merci, souffla mon aînée.
Je savais que je n'avais pas besoin de lui demander les raisons de ce petit mot. Ces instants-là étaient rares malgré tous mes efforts pour aller mieux. Il me fallait réapprendre à vivre tout simplement.
Les quelques jours passés en famille m'avaient fait beaucoup de bien. La présence de ma cousine avait été un véritable souffle revigorant sur moi. Accompagnées de mes deux sœurs, nous avions organisé différentes activités allant d'une série assise au fond du canapé à une séance de bowling. Autant dire que si Lau brillait en danse, ce n'était clairement pas le cas dans ce moment-là. Pour ma part, il m'avait suffi d'imaginer le visage de Mélina pour exceller dans ce sport. Nous avions repris nos soirées confidences pour le plus grand malheur de mes parents qui nous entendaient ricaner toutes les trente minutes. Elle m'avait avoué sans détour qu'elle trouvait Vincent très craquant. Elle l'avait gentiment comparé à un ours en guimauve, une apparence plutôt dure sous laquelle se cache un cœur tendre. Évidemment, je ne pouvais qu'approuver sa théorie. Profitant de mon approbation, elle m'avait informée que je ferais bien de me dépêcher si je ne voulais pas que quelqu'un prenne ma place.
Mon Vincent... Comment dire à ma cousine que je tenais beaucoup à lui, mais pas suffisamment pour mettre en péril notre amitié, que les épreuves que nous avions traversées planaient au-dessus de nos têtes. Malgré tout, même si un autre garçon au regard émeraude occupait mon esprit, je ne pourrais jamais oublier le soutien et l'amour que cet homme m'a apportés.
Malheureusement en cet instant, une petite pointe de tristesse commençait à naître en moi. Dans moins de deux heures, Lina allait devoir repartir. Et même si nous avions planifié une prochaine visite, sa présence accouplée à celle de mes sœurs m'avait fait un bien fou.
– Lilou ! On y va ! hurla Lau depuis le bas des escaliers.
On avait réussi à négocier avec mes parents pour que nous seules accompagnions Lina à la gare. Nous nous étions promis de nous écrire toutes les semaines afin de faire un bilan hebdomadaire sur nos vies. Le trajet en voiture s'était déroulé bien trop vite à mon goût, si bien que l'heure des au revoir sonnait déjà... Après avoir enlacé Luce et Lau, elle s'était blottie contre moi.
– N'oublie pas tout ce qu'on s'est dit... Tu as le droit d'avancer alors ouvre-toi Lilou...
Je hochai la tête. Elle avait raison, j'avais le droit à ma part de bonheur et d'amour, même si cela me semblait être une véritable bataille interne pour l'intégrer.
Une dernière annonce nous avertissait du départ imminent du train. Son regard au travers de la vitre me transperça. Je la regardai partir, non sans une vague d'émotions. Les larmes perlèrent au coin de mes yeux. J'avais retrouvé auprès d'elle, d'anciennes habitudes. Elle m'avait transportée des mois en arrière, balayant d'un revers de la main mes douleurs.
– Allez, viens, me chuchota Luce en posant son bras sur mes épaules. Vous allez vous revoir aux prochaines vacances.
Nous reprenions le chemin en direction de la maison lorsqu'une légère vibration me sortit de mes pensées. Sortant le téléphone de ma poche, je fus surprise de voir un SMS de sa part.
* Je crois que Lina part aujourd'hui... Tu sais que je suis là si tu as besoin * — Axel
Son message m'arracha un sourire. J'aimais cette facette de lui, celle qui veillait à mon bien être. Il avait cette attention qui me touchait beaucoup. Avant de pouvoir lui répondre, je devais m'assurer que mes parents soient d'accord. Évidemment, je comptais omettre certains détails, en particulier le nom de la personne qui m'accompagnait. Parce que je voulais rester dans ma bulle, celle qui me permettrait de souffler, de m'évader et de vivre à nouveau...
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Coucou mes petits lecteurs,
Comment allez-vous? J'espère que tout se passe bien pour vous et que la situation actuelle ne vous déprime pas trop.
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre? Un petit retour sur notre Lilou et ses craintes, un petit moment confidence avec Luce et un tête à tête avec Zac... Bref j'ai hâte d'avoir vos avis <3
N'hésitez pas à venir me voir en DM ou même sur insta si vous avez envie de papoter :)
Bisous, Bisous 🖤,
L.
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