Chapitre 37
Une douce mélodie me parvenait, plongeant mon esprit dans une délicate balade. Chaque pulsation résonnait dans mes veines m'enveloppant dans une chaleur réconfortante. J'imaginai Laurianne se mouvoir encore en pyjama, les cheveux ébouriffés s'entraînant inlassablement. La danse était une véritable drogue. C'était un besoin, un appel du corps, quelque chose d'irrépressible. Un art, un don de soi qui creusait un vide lorsque nous étions en manque et qui pouvait nous donner des ailes quand nous acceptions de nous laisser emporter. Il suffisait d'une fois pour planer, une seule et unique fois pour devenir accro à cette somptueuse sensation qu'elle provoquait. Tout cela n'était que de vieux instants que je gardais précieusement en moi...
Les deux jours qui avaient suivi Noël avaient été de très beaux moments avec mes parents, cependant mon père repartait demain soir. Et, comme un malheur ne venait jamais seul, Vincent s'était rappelé à mon bon souvenir. J'avais donc rendez-vous cet après-midi avec lui et les autres, si j'avais bien compris. Il était resté très évasif sur notre entrevue. J'étais même presque certaine que Luce y était mêlée de près ou de loin et je n'aimais vraiment pas ça. C'était l'unique ombre au joli tableau que je commençai enfin à faire naître sous mes doigts.
Il était déjà tard et je savais que je devais me préparer si je ne voulais pas être rappelé à l'ordre par mon aînée. J'enfilai une petite jupe patineuse, collant épais et un pull ample, simple, mignon, efficace. Le message était clair. J'allais bien, je me sentais mieux, mais je n'aimais pas le piège dans lequel on m'entraînait. Soufflant un coup, j'observai mon reflet. Il fallait que je me dépêche, je tressai alors mes longs cheveux et maquillai seulement mes yeux, les assombrir pour montrer mon désaccord.
Auprès de ma famille, je réussissais à faire bonne figure toutefois je ne pouvais nier que j'étais de plus en plus stressée. Et le tintement de la sonnette m'acheva. Je savais que quoi que je fasse, quoi que je dise, je ne pouvais pas y échapper. Alors que j'enfilai rapidement mon manteau, Luce m'intercepta.
– Lilou, arrête de t'inquiéter, ce sont tes amis, fais leur confiance, souffla-t-elle en me serrant dans ses bras.
Elle avait raison, ils étaient mes piliers. J'acquiesçai et me dirigeai vers la sortie. Alors que je m'attendais à voir le grand blond sur le pas de la porte, ma petite Marocaine avait échangé sa place.
– Et voilà la plus belle ! s'exclama-t-elle. Ma Lilou, je suis trop contente ! Alors, raconte-moi tout ! Ton Noël s'est bien passé ? Je suis sûre que ça t'a fait du bien d'être entourée de toute ta famille ! Oh d'ailleurs, Lina va bien? Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu ! J'aimerais tellement qu'on se fasse une soirée ensemble toutes les quatre ! Oh oui, ce serait vraiment super comme idée !
Le moulin à paroles était enclenché et je n'avais pas envie de l'arrêter. J'adorais cet aspect-là de sa personnalité, cette folie qui la rendait si spéciale. Je l'observais du coin de l'œil. Camouflée dans sa doudoune, le sourire aux lèvres, elle restait toujours aussi jolie, aussi pétillante.
– Alors mademoiselle tornade, les fêtes se sont très bien passées. Lina va bien et vient justement passer quelques jours à la maison pour le Nouvel An. Sinon toi, comment ça va ?
Elle sautillait sur place, tapant des dans les mains comme une jeune fille. Ses cheveux virevoltaient au rythme de ses mouvements.
– Ah je suis trop contente, il faut absolument qu'on s'organise quelque chose. À part ça, tu sais, comme d'habitude, on fait un repas pour marquer le coup, mais pas de Noël. Ce sont des vacances comme les autres, dit-elle en haussant les épaules.
De par sa religion, Leïla ne faisait pas grand banquet avec toute sa famille le vingt-cinq décembre. Dès toute petite, sa maman lui avait expliqué qu'en fonction des confessions, nous avions des croyances et fêtes différentes. Elle avait donc compris que le père Noël était catholique et nous apportait des présents, tandis qu'elle en recevait au moment l'Aïd. Toutefois, en grandissant, elle avait fini par apprécier l'esprit qui régnait en cette période. Avec sa mère, elles s'accordaient alors un festin festif avec une partie de l'entourage qui lui restait.
Je l'observai attendant de savoir à quelle sauce, j'allais être mangée. Pourtant, elle ne semblait pas se rendre compte de mon impatience.
– Et dis-moi, tu as eu quoi comme cadeau ? reprit-elle. Je suis sûre que tu as été gâtée comme d'habitude ! Attends, laisse-moi deviner s'il te plaît ?
– Stop, Leïla ! la coupai-je soudainement. Désolée, promis je vais répondre, mais avant j'ai besoin que tu me dises où on va. Ça me stresse...
Je compris rapidement que ma requête était vaine quand elle se mura dans le silence et se mit à avancer. À coups de grandes enjambées, je me dépêchai de la rejoindre. Je le connaissais suffisamment pour savoir que Leïla préférait se taire plutôt que de mentir ou de trahir quelqu'un. Je supposai donc que Vincent avait dû lui demander de ne rien dire. Je n'aimai pas cette atmosphère alors comme pour m'excuser de ma demande un peu abrupte, je lui racontai mon Noël en famille. Malheureusement, au fil du chemin, nous nous dirigions vers un endroit que je ne connaissais que trop bien et cela m'angoissait. À quelques mètres de la devanture, mon corps s'arrêta inconsciemment. Une vague de chaleur m'emporta, mon rythme cardiaque s'accéléra. J'étais lamentablement tombée dans un piège mis en place par mes proches. Je remontais doucement la pente pourtant, là, mes vieux démons refaisaient surface.
– Lilou ? Lilou ? m'interpella ma meilleure amie, me ramenant à la réalité.
Je ne savais pas comment réagir. J'étais perdue. Je me noyais dans ma déception, ma colère, mon angoisse... Je n'eus eu le temps de prononcer un mot que des bras m'enserrèrent me collant de force contre un torse musclé. Rien qu'à son parfum, je reconnus immédiatement le grand blond. Il n'en fallait pas plus. Je me retournai furieuse contre lui.
– Putain, t'es sérieux ? Vous vous foutez de moi ? Ça ne se touche pas bien là-haut ? Je ne parle pas fr — .
Il plaqua soudainement sa main sur ma bouche, m'empêchant de continuer. Il semblait calme et avait l'air d'assumer sa décision.
– Tais-toi ! Au lieu de crier comme un putois, on peut discuter ou pas ?
Je croisai les bras sur ma poitrine et attendis ses explications, mais elles tardaient à venir. À la place, il entrelaça nos doigts et me tira vers l'entrée. Le studio. Ce lieu où j'avais passé des heures à vibrer, à me mouvoir, à rire, à pleurer. Trop de souvenirs. Trop de souffrances. Ma gorge se nouait, pourtant il ne me laissa aucun répit et nous emmena dans une des salles. En levant les yeux, je vis devant moi Chloé et Baptiste. Une grosse blague. Chacun en tenue de sport, si nous n'avions pas été dans mon antre en cet instant, j'aurai probablement ri. En tournant la tête, Leïla rejoignit à grandes enjambées nos amis formant une ligne face à moi.
– Assis-toi ! m'ordonna Vincent me désignant un des bancs qui longeaient le mur.
Tout en traînant des pieds, je m'installai attendant leur explication. J'avais l'impression d'être dans un tribunal attendant le verdict des jurés. Coupable, jugée de ne pas avancer assez vite et qui allait prendre perpétuité. Une part de moi leur en voulait terriblement. Chacun savait que je ne pouvais plus danser, c'était au-delà de ce que je pouvais faire. C'était une autre période de ma vie, une période révolue.
– Lilou, je sais que tu vois ça comme une trahison, mais avec Vincent on a pensé que si on était tous avec toi, ça t'aiderait. Luce nous a aidés à pouvoir avoir accès à la salle et nous a encouragés à te pousser un peu.
Une trahison ? Non, c'était bien pire. C'était un coup de couteau dans le dos. Une lame qu'on enfonçait douloureusement dans mes entrailles. Tout cela, sans oublier les manigances de Luce. Je le savais, c'était une traîtresse. Ma sœur allait me le payer cher !
– Super votre idée ! Mais c'est sans moi, dis-je en me levant et en récupérant mes affaires.
– Pose tes fesses tout de suite, lança Baptiste fermement.
Je me retrouvai donc seule contre tous. Je n'arrivai pas à savoir auquel j'en voulais le plus. Mais surtout j'étais terriblement déçue de voir qu'ils ne me comprenaient toujours pas. Je me rassis et croisai les bras sur ma poitrine.
– Vous ne semblez pas comprendre que je ne peux plus danser. Ce n'est quand même pas compliqué, bordel !
J'explosai, ils étaient tellement bornés, tellement têtus. Ils ne savaient pas ce que je ressentais, ils ne savaient pas ce que cela faisait.
– Danser, c'est partager bien plus qu'un mouvement, bien plus qu'une prestation. C'est s'ouvrir aux autres, c'est les laisser entrer dans ma bulle, c'est se mettre à nu. Je veux plus me mettre à nu. Je ne veux plus laisser les gens entrer dans ma vie à ce point-là. Je dansais avec lui, ça a été le seul et l'unique. Continuer sans lui, c'est impossible, j'ai l'impression que j'ai tout perdu quand il est mort. Chaque fois que son corps bougeait avec le mien, nous créions un monde à la hauteur de notre amour. Il était le soleil qui illuminait la petite planète que j'étais, dis-je à bout de souffle.
J'étais terriblement en colère. Je n'arrivais pas à me maîtriser. Malheureusement, cela ne semblait pas les toucher le moins du monde. Chacun se posa en tailleur face à moi, tous sauf Chloé. Elle s'approcha et me tendit la main. J'hésitai quelques instants, mais je ne pouvais pas de nouveau la repousser comme j'avais pu le faire des mois durant. J'accédai donc à sa demande, mais il était hors de question que je pose un pied sur le parquet. Debout à ses côtés, je ne comptais pas faire un pas de plus.
– Lilou, est-ce que tu me fais confiance ? murmura-t-elle plantant son beau regard dans le mien.
J'acquiesçai. Oui, je faisais confiance à chacun d'eux, mais j'avais terriblement peur. Chacun d'eux pouvait à sa manière me blesser. Elle se plaça alors derrière moi, laissant flotter son parfum dans les airs. Doux, fruité, subtil. Une odeur réconfortante, apaisante contrairement à la situation.
– Ferme les yeux, s'il te plaît.
Alors que j'obéissais, je sentis un bout de tissu se poser sur mes paupières. Elle me cachait la vue, me privant ainsi d'un sens, mais développant les autres.
– On est là pour toi, parce que tu comptes vraiment pour nous quatre, rajouta-t-elle.
Durant quelques instants, il y eut un moment de flottement. Seuls de faibles bruissements me parvenaient. Quelques notes de musique envahirent délicatement l'atmosphère. Teardrop de Massive Attack.
Love, love is a verb
Love is a doing word
Fearless on my breath
Gentle impulsion
Shakes me makes me lighter
Fearless on my breath
Amour, amour est un verbe
Amour est un mot qui agit
Je respire sans peur
Une douce impulsion
Me secoue me rend plus légère
Je respire sans peur
Cette musique m'avait toujours bouleversée. Elle me prenait aux tripes, m'empêchant même de rester stoïque. Elle provoquait en moi des sensations dévastatrices. Un tourbillon de douleur, une tempête de tristesse, un torrent de larmes. Elle me broyait les entrailles, et malheureusement les récents événements lui avaient donné un autre sens. Un sens encore plus intense. Je tentai tant bien que mal de chasser tout ce qui me passait en tête. Pourtant c'était peine perdue. Je revoyais ses yeux bleu-gris me fixant au moment où j'attachais mes cheveux en chignon. Je me souvenais de sa voix qui comptait le tempo. Je me rappelais son eau de toilette qui valsait autour de moi quand nous effectuions des tours. Je me remémorais la douceur de sa peau sur la mienne lorsqu'il me tenait contre lui. Je percevais même la musique qui émanait de nos âmes en mouvement. De légères vibrations parcouraient mon corps, celles des notes bien trop familières qui se jouaient. Je ne voulais pas céder à cet appel.
– Lou, accroche-toi ! me murmura un timbre que je connaissais que trop bien.
Flashback — Fin mars 2014
– Lou, accroche-toi !
Je n'arrivais pas à croire que son père ait accepté de lui prêter sa moto pour ses dix-huit et encore moins que j'ai pu dire oui pour monter sur cet engin. Fermement attachée à lui, il était hors de question que mes mains quittent son abdomen.
– T'es un grand malade, hurlai-je dans mon casque.
– Oui, malade d'amour, me répondit-il en mettant les gaz.
Paix à mon âme !
Pourtant au bout de quelques minutes, je me mis à apprécier le vent qui fouettait mes cheveux, les secousses provoquées par le moteur entre mes cuisses, cette union avec lui lorsque nos corps s'abaissaient pour prendre un virage et surtout cette sensation de liberté. Il n'y avait rien d'autre que nous. Blottie contre lui, je fermai les yeux et savourai cet instant, un moment que j'aurai aimé vivre éternellement.
Malheureusement au bout d'une bonne heure, il arrêta l'engin. Je défis rapidement mon casque et le sac à dos qu'il m'avait donné en partant. Devant nous, un spectacle à couper le souffle. La mer au coucher du soleil.
– Je sais ce que tu vas dire, que c'est un putain de cliché, mais voilà où j'ai envie d'être avec toi.
Touché, coulé. Cet homme était la perfection.
Fin du flashback
Baptiste. Je fus soulevée en quelques secondes, déplacée et reposée quelques mètres plus loin, sur le parquet. Je discernai l'agitation autour de moi, je sentis la musique parcourir tout mon être. Quelqu'un se plaça devant moi et me prit la main. Rien qu'à ce contact je savais que le grand blond me dominait. Lorsque ses doigts touchèrent mon corps, ma peau se réveilla. Ils descendirent le long de mes bras pour saisir mes paumes. Il me tira contre lui, son torse commença à bouger lentement, en rythme sur la musique. Malheureusement j'étais terriblement crispée. Je ne pouvais pas, c'était au-delà de mes forces.
– Lilou, fais-le pour lui s'il te plaît, souffla Vincent au creux de mon oreille.
Ce fut un électrochoc. Pour lui ? Et moi ? Je retirai le bandeau que je jetai violemment sur le parquet avant de me retourner vers mes amis. Les traits de leur visage trahissaient leur inquiétude et ils avaient raison, j'étais dans un état de colère inédit.
– Vous voulez me voir danser ? Vous voulez voir la douleur que cela me procure ? C'est ça que vous attendez ? hurlai-je.
Sans attendre leur réponse, je remis la musique au début et me plaçai par terre face au miroir. Je fermai les yeux et me laissai guider par les premières notes.
Recroquevillée au sol, je me relevai et me rabaissai en rythme, comme un cœur battant. Au rythme de mon cœur battant pour Zac.
M'asseyant, je me berçai, entourée par mes propres bras, apaisée et aimée. Apaisée et aimée, comme je l'avais été par Zac des heures durant.
Mais soudainement tout s'arrêta, j'étais figée, mon corps se mit en pause. En pause comme il l'avait été à sa perte.
Puis mes jambes repliées balayèrent le parquet de droite à gauche, tentant de me relever. Tentant de me relever comme je l'ai fait durant des mois.
À peine levée, je tendis la main plusieurs fois derrière moi, cherchant quelqu'un. Cherchant quelqu'un comme j'avais cherché Zac après son départ...
Mais j'abandonnai. La pulpe de mes doigts toucha à maintes reprises mon corps, à chaque endroit meurtri. Chaque endroit meurtri par la souffrance de sa mort.
J'avançais en répétant ces gestes, plusieurs fois, avant de m'écrouler de nouveau au sol. Je m'écroulai au sol comme je l'avais fait il y a quelques semaines en lâchant prise, en mettant fin à cette douleur.
Mes nerfs lâchaient. Je ne pouvais pas continuer, c'était au-delà de mes capacités. J'éclatai en sanglots. Danser me ramenait inlassablement vers lui. Je ne le verrai plus. Je ne sentirai plus son corps bouger avec le mien. Je ne le toucherai plus. Il n'était plus là. Ne plus danser créait un vide, mais danser sans lui c'était encore pire...
J'étais perdue. Là, sur ce parquet, j'avais l'impression de revenir des mois auparavant. La colère reprenait le dessus contre mon gré. Mes poings martelèrent le bois ciré. Mais je fus rapidement arrêtée par des bras qui m'enlacèrent.
– Putain, mais tout ça, c'est votre faute ! hurlai-je bloquée contre Vincent. Comme si ce n'était pas déjà assez dur comme ça. Je dois vivre sans lui tous les jours. J'avais presque réussi à avancer sans la danse, même si ça me brisait le cœur.
Je me débattis dans tous les sens. Avec une force que je ne me connaissais pas, je repoussai Vincent, me relevai et me tournai vers mes amis. Ils étaient alignés, ébahis par la scène qui se déroulait devant leurs yeux. Si je ne tenais pas autant à eux, je les insulterais, les rejetterais. Mais je ne pouvais pas, je n'en avais pas le droit. Cependant malgré tout l'amour que je leur portai, je n'arrivai pas à décolérer.
– C'est bon, le spectacle vous a plu ? criai-je en les pointant du doigt. C'était génial non, de voir ma détresse ? Je n'y arrive plus. Point. Fin de l'histoire. Baissé de rideau. Applaudissement. Au revoir !
Je ne leur laissai même pas le temps de répondre que je récupérais mes affaires et sortis de la salle en trombe. Sans réfléchir, je me dirigeai vers le studio d'à côté. Ils ne me trouveraient pas ici. Je me laissai glisser le long du mur. Je fermai les yeux, me concentrant sur les battements de mon cœur. Il fallait que je me calme. Je ne voulais pas replonger. Je ne me le permettais pas. Je devais me battre pour lui. Comptant dans ma tête, je fis le vide et levai enfin le regard.
Chaque pièce était identique. En entrant sur la gauche, se trouvait un ensemble de bancs sur lesquels je me souvenais enfiler mes chaussons lors de mes premières années. Face à l'entrée, un miroir couvrait un pan entier de cloison. J'avais passé des heures à admirer que chaque saut était précis et élégant. Ce parquet usé par les pas était témoin de tous nos enchaînements, de toutes les positions réalisées aux barres classiques.
Soudainement, je repris mes bonnes vieilles habitudes. Je sortis les écouteurs de mon sac et enclenchai ma playlist. Je fermai les yeux et imaginai chaque mouvement que j'aurais pu effectuer.
A hundred days have made me older
Since the last time that I saw your pretty face.
A thousand lies have made me colder
And I don't think I can look at this the same.
All the miles that separate
Disappear now when I'm dreamin' of your face.
I'm here without you baby
But you're still on my lonely mind.
Une centaine de jours m'ont rendu plus vieux
Depuis la dernière fois que j'ai vu ton joli visage
Mille lumières m'ont rendu plus froid
Et je ne pense pas que je puisse regarder de la même manière
Mais tous ces kilomètres qui nous séparent
Ils ont disparu maintenant quand je rêve de ton visage
Je suis ici sans toi bébé, mais tu restes ma seule pensée
Chaque mot, chaque accent tonique, chaque ponctuation était marqué par un geste, par un souffle, par un déplacement. Les notes, les sons, les vibrations parcouraient mon corps, entraient par mes pores afin de vivre en moi. Inconsciemment, mes pieds battaient la mesure. J'avais beau le nier et le rejeter de toutes mes forces, la danse me manquait. Elle avait été mon univers avant Zac. Puis il est entré dans ma vie, il s'est insinué dans tous les moments, dans tout ce qui me caractérisait. Il avait donné un nouveau sens, un nouveau goût à tout ce que j'aimais, rendant tout absolument parfait.
Pourtant, en cet instant, la souffrance prit le dessus. Je ne pouvais pas risquer de retomber dans mes travers. Je ne voulais pas retomber dans la noirceur de ces derniers mois. J'avais enfin pour seul exutoire, ma passion. Tremblante, je me levai et détachai ma tresse. Je soufflai lourdement et me plaçai sur le parquet. Installée en sixième position, j'osai me regarder dans le miroir. Les larmes me montèrent aux yeux. Je devais rester forte. Je mordis violemment ma lèvre et inspirai. Le regard haut, je me retrouvai projetée des années en arrière. Instinctivement mon corps se mit en place. Première position, fente latérale gauche, balancé, pas chassés puis grand jeté. Mes mains fouettèrent l'air, mes cheveux volèrent dans tous les sens, mes jambes bougèrent naturellement. Chaque parcelle de mon être revivait enfin. J'enchainais les mouvements comme si rien ne s'était passé. Épuisée par cette journée et cette tornade de sentiments, je m'écroulai au sol avec la sensation d'être revenue à la vie...
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Coucou mes petits lecteurs,
Ce chapitre était très important pour Lilou (et pour moi aussi). Malgré son évolution et son avancée, il y a toujours des petites embûches. Elle vient d'être violemment bousculée mais quel pas en avant.
Bref j'ai adoré écrire sur la danse donc j'espère que ce chapitre vous a plu. J'ai hâte d'avoir vos retours!
J'en profite aussi pour vous dire que mon Instagram a fait peau neuve et j'essaie de poster au maximum sur Reborn without you, donc n'hésitez pas à venir faire un petit tour !
Bisous, bisous 🖤,
L.
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