Chapitre 36

Les rayons du soleil perçaient au travers des rideaux. J'entendis de faibles bruits provenant du bas de la maison, certainement le père Noël qui installait nos cadeaux. Malgré nos âges respectifs, mon père s'obstinait à nous dire ça chaque année. C'était une période importante pour lui, la magie de Noël. Il y tenait beaucoup et était nostalgique de notre enfance. Imprimées dans ma mémoire, ces images d'insouciance avaient le don de me réchauffer le cœur. Sans faire de bruit, j'attrapai mon téléphone, prête à lire les nombreux messages de mes amis. Cependant parmi toutes ces déclarations, une, en particulier, retint mon attention.

* Comme à chaque réveillon, je guette les étoiles. Pourtant hier soir, grâce à toi, j'ai eu la sensation que c'était moins douloureux. Merci d'être entrée dans ma vie... En espérant que ta famille t'apporte tout le bonheur que tu mérites, je te souhaite un joyeux Noël Lou  *

Un sourire prit place sur mes lèvres. J'aimais sa façon de s'adresser à moi, de trouver les mots justes pour me toucher. Gardant ces quelques mots comme un précieux secret, je tentai de me lever. Malheureusement c'était peine perdue lorsque je sentis le bras de Lina s'écraser violemment sur mon ventre.

– Tututut, tu m'attends la moche ! marmonna ma cousine, le visage enfoui dans le coussin.

Sa longue chevelure étalée sur l'oreiller formait une auréole. Elle aurait pu ressembler à un ange si seulement elle n'avait pas passé la nuit à ronfler comme un camionneur.

– Alors, bouge tes fesses ! Sinon je te promets de te piquer un ou deux cadeaux, sans que personne ne voie rien, ris-je en la repoussant gentiment.

Elle ronchonna et tira sur la couette. Alors que je me redressais pour attacher mes cheveux, un petit cri me fit sursauter.

– Lilou-Ann Claire Morel ! Mais qu'est ce que j'ai cru apercevoir ?

Me retournant dans sa direction, j'ai cru que ses yeux allaient sortir de ses orbites. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. On dirait qu'elle avait vu un fantôme. Je haussai un sourcil pour tenter de lui montrer mon incompréhension.

– Un tatouage ? Tu as un tatouage ? Mais depuis quand ? Pourquoi ? Montre-moi ça, espèce de folle !

J'éclatai de rire. Nous n'avions jamais abordé le sujet et malgré son côté déjanté, elle était trop froussarde pour oser franchir le cap. Elle ne bougeait plus attendant que j'ose lui montrer la tache d'encre qui ornait désormais ma peau. Malheureusement pour elle, je me sentais d'humeur taquine et j'avais envie de jouer un peu.

– Tu prends de la drogue ? Ça y est, tu commences à avoir des hallucinations ! lançai-je le plus sérieusement du monde.

Sans délicatesse, elle sortit du lit et tenta de se jeter sur moi. Les minutes qui suivirent furent remplies de rires, de larmes et de petits cris. Une folle course poursuite se mit en place dans ma chambre. Elle avait essayé de m'attraper par les vêtements, par les cheveux, mais je n'avais rien cédé manquant de nous blesser toutes les deux. Ce fut seulement lorsqu'elle se jeta sur moi et me retrouvai clouée au sol que j'abdiquais enfin. Sans aucune douceur, elle souleva mon débardeur.

– Oh merde, mais tes parents le savent ? Ils vont te tuer c'est sûr ! Ta mère va syncoper Lilou ! Oh la vache, je n'y crois pas !

Elle ne me laissait pas en placer une qu'elle était déjà en train d'imaginer mon enterrement. Elle tournait en rond comme un lion en cage, répétant que si ça se savait, ce serait notre dernier Noël ensemble. Elle racontait nos ultimes moments comme si nous n'en aurions plus d'autres. La voir se mettre dans cet état me faisait pleurer de rire. C'était magique.

– Lina ? la coupai-je dans son monologue. Ils ont donné leur accord.

Soudainement, son fessier se posa violemment sur le matelas, me regardant les yeux écarquillés. Il lui fallut quelques minutes pour que l'information monte au cerveau.

– J'avais raison. Anne est vraiment mille fois plus cool ! Pourquoi je n'ai pas ta mère ? Tu sais que je dois batailler pour porter un jean troué ? Un simple pantalon ? Je n'ose même pas imaginer la tête qu'elle ferait si je lui demandais ça ! Ma mère est un tyran !

Je ne pus me contenir davantage et explosai de rire. Elle ne voyait que les aspects sympathiques de ma génitrice. Elle ne pouvait pas savoir le chemin que nous avions parcouru ces dernières semaines. Elle ne savait pas les larmes, les cris, les disputes et les silences qui nous avaient entourées. Mais il est vrai que désormais cela allait beaucoup mieux entre nous.

– Au lieu de râler, enfile un pull tu vas mourir de froid en bas, dis-en troquant mon débardeur contre un haut plus chaud, affichant ouvertement mon tatouage.

– Il est tellement beau Lilou !

Pendant que nous nous changions, je lui expliquai ma séance de torture pour ce petit bijou. Elle buvait mes paroles, décrétant qu'elle finirait elle aussi par y passer. Ma cousine était rafraîchissante, elle me rappelait ma Chloé d'avant...

Nous descendions dans le salon où toute ma famille était déjà réunie. J'aimais ce contraste entre le vingt-quatre et le vingt-cinq. Pour le réveillon, tout le monde se parait de sa plus belle tenue tandis que le matin de Noël, nous étions quasiment tous encore en pyjama, prêts à ouvrir nos cadeaux. Par habitude, nous commencions par la plus jeune. Laurianne était donc la première.

Excitée comme une puce, elle nous demanda de nous installer rapidement. Elle saisit alors un à un les paquets. Nous n'étions pas à plaindre et Noël en était le parfait exemple. Chaque année, nous étions tous pourris gâtés. Elle avait reçu un téléphone, des vêtements et des billets pour un concert. Lina avait reçu un bon pour pouvoir aller voir une des demies-finales de Roland Garros, ainsi qu'une nouvelle raquette et une tenue pour jouer. Venait enfin mon tour. J'étais partagée entre une pointe de nostalgie et cette belle émulation. J'avais reçu une jolie montre de la part de mon oncle et ma tante, beaucoup de livres et de l'argent qui devait me servir à payer mon futur permis. Dire que j'avais hâte était un euphémisme. Tour à tour, chacun découvrait les petits trésors achetés par les lutins du père Noël. Quant à moi, je réalisais que j'avais laissé les présents pour mes sœurs dans ma chambre. Je remontai en vitesse afin de leur offrir. Farfouillant, je m'exécutai rapidement pour ne pas les faire attendre. Une fois en main, je me dépêchai de les placer au pied du sapin. J'appréhendai leur réaction, pourtant je fus rassurée en voyant leur regard pétiller.

– Lilou, il est... magnifique ! souffla Lau en faisant glisser les mailles argentées entre ses doigts.

Relevant ma manche, un bracelet orné de trois anneaux décorait désormais mon poignet. Je nous avais acheté le même bijou, symbole de notre amour indéfectible. J'observai Luce, qui jusque là, s'était tue. Sa lèvre inférieure coincée sous ses dents, ses yeux s'embuèrent légèrement, son souffle s'accéléra. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était ma déclaration, une confidence silencieuse de l'attachement que j'avais pour ces deux êtres. Un câlin scella ce doux moment. Les remerciements prirent le relai avant que chacun ne remonte pour se préparer. Comme s'évertuait à dire mon aînée, cette fête était une succession de festins entrecoupée par un trop-plein de bons sentiments. Nous étions donc repartis pour le second round : repas de Noël.

Toutefois avant cette débauche de nourriture, une véritable bataille allait commencer. Partager une salle de bain entre cinq jeunes femmes se révélait être un vrai parcours du combattant. Il fallait une organisation titanesque dont seule Luce avait le secret. En quelques minutes, elle établit un planning de passage dans la salle d'eau, du temps sous la douche, de l'endroit pour se maquiller et qui coifferait qui. Une gestion à la hauteur du challenge qui débutait. Ma sœur était une vraie mère de famille avant l'heure. Je devais alors aller me laver après Eléna, Luce, Lina, mais avant Lau... Autant dire que je n'étais pas sûre d'avoir encore de l'eau chaude, ce qui avait l'air de beaucoup amuser ma cousine.

Plus d'une heure plus tard, nous étions enfin prêtes pour ce deuxième banquet.

– Les filles ! On y va ! cria ma mère depuis l'entrée.

Le vingt-cinq décembre, nous avions pour coutume d'aller chez mes grands-parents maternels. Je les adorais malheureusement je n'avais pas réussi à aller les voir depuis les vacances d'été. J'avais eu l'occasion de passer deux semaines chez eux en août avec mes sœurs. Seulement à cette époque, mon esprit était enfoncé dans les méandres de ma souffrance. En partant, j'avais eu beaucoup de mal à supporter leur regard dévasté et rempli de pitié. Dès lors, j'avais tout fait pour éviter d'y retourner. Mais cette fois, je ne pouvais pas y échapper. Ils habitaient à une centaine de kilomètres de chez mes parents. Le trajet se passait relativement bien, si je faisais abstraction des beuglements émis par Lau en guise de chant. On pouvait aisément croire qu'on torturait un pauvre petit animal inoffensif. Cela avait même mis la patience de Luce à rude épreuve qui avait fini par lui demander de se taire ou de continuer le chemin à pied. Cela avait au moins eu le mérite de tous nous faire rire.

À défaut d'avoir mes grands-parents paternels, nous avions passé notre jeunesse à courir dans leur jardin. Ils avaient tous les deux un caractère bien trempé mais pour leurs petits-enfants, ils pouvaient décrocher la lune. Ils avaient à cœur de passer de doux moments avec nous, nous permettant ainsi de garder de jolis souvenirs de nos vacances. Perdue dans mes pensées, ce fut le bruit du portail électrique qui me ramena sur terre. Lorsque nous arrivâmes devant leur pavillon, mon palpitant se mit à tambouriner si fort dans ma poitrine, que je craignis qu'il n'explose en plein vol. L'angoisse montait petit à petit pourtant une part de moi se réjouissait de les revoir. Quand je les aperçus, toute la tension redescendit soudainement. Les petites pattes d'oies qui entouraient les yeux noisette de ma grand-mère me réconfortèrent immédiatement. À peine avions-nous mis un pied dehors, que j'entendis la voix rauque de mon grand-père.

– Allez mauvaise troupe, rentrez avant d'attraper le mal ! lança-t-il en nous adressant un signe de la main.

Chacun prit la direction de la maison tout en embrassant ma grand-mère.

– Ma biche, je suis tellement heureuse de te voir, tu ne peux même pas imaginer... me murmura-t-elle au creux de l'oreille.

Lorsqu'elle relâcha son étreinte, je vis cette émotion dans son regard, celle qui transperce le cœur emportant tout dans son sillage. Tenant mes doigts dans les siens, nous n'avions pas besoin d'en dire plus. Le silence faisait son travail.

– Allez, file, avant que Grincheux ne râle.

Ils étaient mariés depuis cinquante ans et leur amour était aussi magique qu'au premier jour. Ils passaient leur temps à se taquiner, à se chercher, à partager leurs passions respectives, à s'aimer tout simplement. Leur union était un modèle, un rêve pour l'incurable romantique endeuillée que j'étais.

Une fois tous installés dans le salon, je les observai sans un mot. Sans le savoir, ils m'apportaient une pause, un moment hors du temps.

Alors que la doyenne s'apprêtait à se diriger vers la cuisine afin d'apporter l'apéritif, je l'aperçus me faire un léger signe de la tête. M'excusant auprès des invités, je la suivis. Bien que je pensais la voir s'affairer, elle m'attendait sagement assise sur une chaise. Je savais que l'heure des confidences avait sonné. Je m'installai doucement face à elle. Je lui devais des excuses et bien plus...

– Mamie, avant de dire quoi que ce soit. Je veux m'excuser. Je sais que ça ne pardonnera pas le mal que je vous ai infligé, mais je te jure que je suis sincèrement désolée.

Je n'osai la regarder, je leur avais infligé ma souffrance, ma dépression sans penser à ce qu'eux pouvaient ressentir. Je m'en voulais profondément.

– Ne t'excuse pas, Lilou. Je ne sais pas ce que tu ressens, mais une chose est sûre, c'est que si j'avais perdu ton grand-père, à n'importe quel âge, je ne m'en serais jamais remise. Il est mon âme sœur, alors je comprends ma puce, même si c'est dur...

La bonté de mon aïeule me touchait en plein cœur. J'avais été une véritable gamine enfoncée dans son mal-être emportant tout avec elle, pourtant elle ne m'en voulait pas.

– Oui, mais j'ai été atroce. Je vous ai fait souffrir. Pardon, soufflai-je honteuse.

– Lilou, le passé est le passé. Je ne vais pas te demander comment tu vas, car je pense que tu es dévastée... Mais j'ai besoin de savoir si tu arrives à te reconstruire ou si les ténèbres t'entourent toujours.

C'était typiquement elle. Elle ne me bousculait jamais et veillait à prendre des pincettes. Je n'avais jamais pu lui parler de tout ce qui s'était passé depuis le départ de Zac, elle avait juste été violemment confrontée à ma douleur. Au fond de moi, je peinais toujours à répondre à toutes ces questions.

– Mamie, je ne sais pas si je vais mieux, mais j'avance. Je sors, je vois mes amis, j'arrive à sourire... Je fais mon petit bout de chemin à mon rythme.

Elle saisit ma main la pressant délicatement. Au travers de ce contact, je savais qu'elle me donnait toute la force dont j'aurais besoin pour affronter la suite.

– Il te faudra encore beaucoup d'énergie et de volonté pour affronter les obstacles qu'il te reste à franchir. Mais tu es une fille forte, bien plus que tu ne le penses, souffla-t-elle.

J'avais tellement envie de la croire. En tout cas, je n'oubliai pas ma promesse : avancer. M'adressant un dernier sourire, elle se leva et retourna aux fourneaux.

– Allez, bouge ton petit popotin et viens m'aider ! rigola-t-elle.

Sans attendre, je lui prêtai main-forte et apporta tout ce qu'elle avait préparé pour nous.

En m'installant dans un des fauteuils, je les observai attentivement. La culpabilité se faufilait sournoisement dans mes veines. Si mon acte avait atteint son but, j'aurai affecté chacun d'entre eux. Lau aurait perdu son innocence, Luce sa bienveillance et mes parents auraient été dans le même état que Juliette. Le reste de ma famille aurait été affecté. Parce que chaque moment, chaque geste, chaque parole échangés avec eux auraient fini par être une tempête qu'ils auraient dû affronter à chaque souvenir. Ils auraient pu être aussi dévastés que moi. Je prenais conscience de tout ça, un choc.

– Lilou-Ann, ça va ? demanda mon grand-père me ramenant auprès d'eux.

– Lilou, Papy ! Lilou-Ann, c'est pour ceux qui ne me connaissent pas... Mais oui ça va, je réfléchissais aux supers plats que Mamie avait encore préparés.

Je vis ces petites rides du front se plisser et un léger sourire s'esquisser. Il se moquait ouvertement de moi, c'était un de ses grands jeux quand j'étais plus jeune. Il aimait me taquiner, me pousser à bout pour voir combien de temps je pouvais tenir sans râler. En échange, je lui tirai la langue en lui adressant un clin d'œil. Petit à petit, mon corps se relaxait, chaque muscle se détendait et je finis par apprécier ce moment en famille. Je les regardai un à un profitant de ce qu'ils étaient avec leurs défauts et leurs qualités, avec leurs peines et leurs joies. Pour la première fois, je savourai le rire tonitruant de ma tante, les remontrances de ma mère, le côté capricieux de Lau, les silences de mon père, l'intransigeance de Luce, la langue bien trop pendue de mon oncle, la susceptibilité d'Elena, la désinvolture de Lina et l'autorité naturelle de mes grands-parents. Tout ce qui autrefois pouvait me sembler agaçant prenait en cet instant un tournant réconfortant. Je voulais profiter sans compter de chaque petit bonheur que la vie pouvait m'offrir, aussi douloureux fussent-ils.

La journée se passa dans cette belle atmosphère. Tout le monde participa activement à la conversation rendant les échanges très mouvementés. En effet, les adultes s'étaient mis à parler politique. Avec un ou deux verres de vin, ils refaisaient le monde. Un univers emplit de bonnes intentions, plus de problèmes écologiques, plus de guerres, plus de famines, plus de pauvreté ou de maladies incurables... Leur foi en l'humanité en ce jour était incroyable, la magie de Noël comme dirait mon père. De notre côté, nous, les plus jeunes, étions plus terre à terre. Nous en avions profité pour nous goinfrer des délicieux mets préparés par ma grand-mère. Et c'est avec la bouche pleine que nous avions débattu des acteurs que nous adorions autant dire que Lau s'était lâchée et Eléna avait joué la prude. Nous avions tout de même réussi à nous mettre d'accord sur une liste restreinte de beaux mâles connus, ce qui bien sûr n'avait pas échappé à notre mamie, la faisant rire à nos côtés.

– Bon, les mistinguettes qui se dévouent pour me donner un petit coup de main pour le dessert ?

Il fallut moins d'une minute pour nous voir toutes les cinq debout en train de débarrasser la table et d'emporter les assiettes vides en cuisine pour le plus grand plaisir de nos parents. Comme si les vieilles habitudes ne nous avaient jamais quittés, chacun prit son rôle. Lucilia rangeait les restes dans le frigo, Eléna sortait ce qu'il fallait tandis que Lina, Laurianne et moi étions préposées à la vaisselle. Depuis gamines, nous aimions passer du temps derrière les fourneaux toutes ensemble. À vrai dire, une fois les tâches finies, nous partagions toutes des gourmandises préparées exclusivement pour nous. Cet instant rempli d'insouciance et de calories nous appartenait, une parenthèse délicieuse et sucrée. Comme à chaque fois, nous revenions auprès de nos géniteurs sans rien laisser paraître. Je n'avais jamais compris comment nous ne nous étions pas faites attraper...

Une fois tout le monde repu, nous prîmes place autour du sapin afin d'entamer la deuxième session d'ouverture des cadeaux. À nos âges, c'était plus pour la forme que pour le fond. Cette année, toute la famille s'était cotisée pour offrir à mes grands-parents un joli voyage en croisière, le rêve d'une vie. Comme chaque année, mes aïeux offraient à leurs enfants un week-end en amoureux sans leurs progénitures. Durant cette escapade, nous passions donc deux jours complets chez eux où nous étions chouchoutées, surcouvées et adorées. Vint enfin notre tour, leurs petites filles, nous ouvrions nos emballages toutes les cinq en même temps. Nous avions toujours de l'argent et un cadeau identique afin d'éviter toute sorte de jalousie.

– Mamie, tu déchires ! cria Lau avant même que nous ayons eu le temps de déchirer le papier.

En effet, en plus de notre chèque annuel, nous avions reçu un bon pour un soin en institut de beauté. Avec la danse, notre corps était mis à rude épreuve, alors autant dire que ce genre de présent était accueilli à bras ouverts. Encore une fois, ils avaient visé juste.

L'élan de remerciements réchauffa mon cœur, faisant parcourir une vague de frissons le long de ma colonne. J'étais sincèrement touchée par tout cet amour. Un amour si différent de celui que j'éprouvais pour Zac...

Ces quelques heures auprès de ma famille me firent beaucoup de bien malheureusement toutes les bonnes choses avaient une fin. Il était temps de dire au revoir. Mais contrairement à la dernière fois, j'étais en paix avec moi-même et prête à les retrouver prochainement.

– Ça fait un moment que je ne t'avais plus vue sourire, ça fait plaisir, murmura mon grand-père en me serrant contre lui.

– Et moi je m'inquiète, tu n'as pas ronchonné de la journée, répondis-je moqueuse.

Je le vis s'écarter et hausser un sourcil derrière ses lunettes avant de clamer haut et fort :

– Ma chieuse est de retour !

Notre relation était basée sur une taquinerie mutuelle, nous nous lancions constamment des petites boutades. Après avoir ébouriffé une ultime fois mes cheveux, nous repartions chez nous. Alors que nous étions en voiture, j'en profitai pour demander à mes parents si Lina pouvait passer quelques jours à la maison pour le Nouvel An. Toutefois, un long silence envahit l'habitacle me mettant quelque peu mal à l'aise. Mais quand mon regard croisa celui de mon père dans le rétroviseur, je compris rapidement qu'ils étaient simplement surpris. Il fallait que je les rassure.

– Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'ai envie de passer du temps avec les gens que j'aime. Je me sens bien et c'est le moment de profiter un peu... me justifiai-je.

Ma mère se retourna, le visage détendu.

– Nous sommes étonnés, car nous nous étions habitués à ton besoin de solitude. On est très heureux de voir que tu veux voir du monde. Donc c'est un grand oui, si Florence et Nicolas sont d'accord.

Leur bénédiction scellait cette journée, des heures de concentré de bonheur.

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Coucou mes petits lecteurs,

Voici donc la suite du noël de Lilou-Ann. Elle avance, sourit et prend même plaisir à être famille. J'espère que cette évolution vous plaît! Des idées pour la suite de l'histoire?
J'ai hâte d'avoir vos avis!

Et enfin comme avez pu le remarquer, j'ai changé la cover de Reborn without you, qu'en pensez-vous ?

Bisous, bisous 🖤,
L.

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