Chapitre 29
Devant mes yeux se dressait une écriture qui m'était inconnue. Pourtant dès les premières lettres, je sus qui était l'expéditeur. Mon cœur tambourina violemment à la lecture de mon surnom...
« Lou,
Je ne sais pas par où commencer cette lettre. Comme je te l'ai dit hier, j'ai dû partir. Je dois m'occuper de certaines choses, mais je reviendrai, je te le promets.
Tu m'as fait deux demandes totalement contradictoires et je ne sais pas à laquelle accéder. Tu m'as dit que je devais m'éloigner de toi, car tu n'étais bonne pour personne, mais tu m'as aussi demandé de rester. Je ne peux pour l'instant faire ni l'un ni l'autre. Pardonne-moi.
S'il te plaît, ne pose pas de questions et ne te rends pas responsable de mon absence. Prends soin de Chloé, dis-lui que je suis terriblement désolé et que je ne voulais pas lui faire de mal.
Fais attention à toi surtout,
Axel »
J'étais soufflée par ses mots. Sans attendre, je saisis mon téléphone, recherchai dans mes contacts et appuyai sur le petit logo. Une, deux, trois, quatre sonneries. Je raccrochai avant de réitérer l'opération.
– Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur du 06 ** ** ** **, votre correspondant n'est pas disponible pour le moment. Merci de laisser un message après le bip.
Répondeur de merde !
– Axel, c'est Lilou. S'il te plaît, réponds-moi. J'ai besoin de ton aide... murmurai-je dans le combiné avant de raccrocher.
Sa lettre me laissait un terrible goût amer. Il était parti. Il avait beau me l'avoir dit, j'espérais au fond de moi qu'il voulait me faire réagir, que je le retienne. Je me repassai inlassablement ses confidences, espérant y trouver la réponse à mes questions. Pourquoi était-il parti ? Lui avais-je fait du mal ? Qui avait-il perdu ?
Tant d'interrogations qui restaient en suspens. La curiosité qui caractérisait notre relation me perturbait de plus en plus. Mon esprit nageait en eaux troubles et je détestais cela.
Cet après-midi-là, je l'avais passé à faire le ménage ainsi que la préparation du repas du soir. Malheureusement, cela n'avait pas été suffisant pour me changer les idées.
Alors que Lau débarquait fraîchement du collège, mon téléphone vibra. Je me précipitai dessus, espérant y voir son nom s'afficher. C'était lui. Non sans une pointe d'appréhension, j'ouvris son SMS.
* Lou, tu as dû lire ma lettre. S'il te plaît, je ne peux rien te dire pour le moment, ne pose pas de questions. Ne prends pas mon silence pour un manque de confiance, mais juste un besoin de temps. J'espère revenir vite. Axel *
Sans hésiter, j'appuyai sur son numéro. Une, deux sonneries, messagerie. Il avait finalement rejeté mon appel, comme un coup de poignard. J'optai donc pour l'unique option qui me restait.
* Axel, tu ne peux pas seulement me dire ça. Quand reviens-tu ? Est-ce ma faute si tu es parti ? Ne me laisse pas sans nouvelles, je t'en supplie... *
Je reposai mon téléphone, espérant recevoir une réponse rapidement. Malheureusement ce ne fut pas le cas...
Plongée dans les souvenirs que nous avions en commun, j'avais tenté toute la soirée de déceler le moindre indice qui m'aiderait à comprendre ce garçon. Il m'avait offert une palette d'émotions me faisant passer de l'agacement au soulagement, du mépris à l'attachement, du rejet à la curiosité la plus profonde. J'avais besoin d'aider Axel depuis sa confession dans ma chambre, parce qu'à défaut d'avoir pu sauver Zac, je ne voulais pas laisser de côté une quelconque chance de pouvoir l'aider à avancer...
Lundi 1er décembre
Zac, tu me manques...
J'ai l'impression que je vais retomber dans la spirale pourtant je ne peux nier que certaines choses vont mieux. Vincent se relève, Baptiste est sur pied, Chloé semble redevenir celle que j'ai connue. Quant à Leïla, mon petit bonbon, elle est passée dans cette tempête à sa façon. Si eux arrivent à avancer, pourquoi pas moi Zac ?
Chloé m'a avoué que finalement Axel avait été son pansement. Moi je ne veux pas d'un pansement, je veux qu'on puisse me recoudre, pas juste camoufler ma plaie.
Mais Zac, penses-tu qu'on puisse réparer quelqu'un qui a été brisé en mille morceaux ?
Plus que tout Zac...
Encore un réveil difficile, ce même cauchemar avait de nouveau hanté ma nuit. Ce drap blanc, les regards de Juliette et Sylvain, les larmes de Vincent et ce silence étouffant. Pourtant à peine avais-je ouvert les paupières que Luce se tenait dans l'embrasure de la porte. Ses longs cheveux bruns ondulés lui donnaient l'air d'un ange et je savais que ce matin je pouvais compter sur elle. La chaleur de ses yeux noisette me réconfortait déjà avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Elle s'installa près de moi et caressa mon visage.
– Tu veux que je t'y emmène cet après-midi ?
Je n'avais pas besoin de la questionner davantage, je savais de quoi elle parlait... Nous étions le deux décembre...
– Merci, Luce, mais je vais y aller seule.
Seule parce que je ne veux pas que tu voies l'état misérable dans lequel je vais encore être...
Alors qu'elle repartait afin de faire le petit-déjeuner, je me levais doucement encore groggy par ma nuit tourmentée. Je me préparai machinalement dans un mutisme complet. Chaque geste était automatique. Douche, séchage, sous-vêtement, jean, pull, chaussettes, tresses, mascara, boots. J'étais tel un robot programmé pour effectuer chaque mouvement. Je savais que la journée allait être très longue. Et cela avait été le cas. Vincent était venu me chercher pour me soutenir le long du trajet, j'avais assisté à tous mes cours et j'avais réussi à faire bonne figure devant mes amis. Un jour basique en somme, si je n'avais pas été inlassablement plongée dans mes souvenirs...
À la sortie du lycée, j'avais fui mes camarades et je m'étais immédiatement dirigée vers le cimetière. Longeant les bâtiments, je laissai mon esprit se perdre dans les tréfonds de mon âme.
Zac... Cet homme était entré dans ma vie amenant avec lui une part du paradis. J'avais connu auprès de lui des émotions nouvelles. Il avait été un second souffle quand je me noyais, il avait été une lumière quand je me perdais, il avait été une caresse céleste quand j'angoissais. Un ange tombé du ciel pour m'aider. Mais il s'était brûlé les ailes à mes côtés...
– Lilou ? m'interpella Vincent sur le trottoir d'en face, me sortant de mes pensées.
J'étais confuse par sa présence. Je ne l'avais pas vu me suivre. Il traversa rapidement pour me rejoindre et passa son bras par-dessus mes épaules avant d'embrasser mon crâne. Je n'avais pas envie de parler pourtant je savais que sa compagnie avait pour seul but de m'apaiser. Malheureusement en levant les yeux, aucun mot ne put franchir la barrière de mes lèvres. La douleur m'empêchait de libérer le moindre son. Vincent me prit soudainement la main et poussa le portillon pour me laisser entrer.
Cet endroit était un véritable supplice. Regarder ces lignes de pierres et de marbres, imaginant avec elles, le flot d'âmes brisées était une image insoutenable. Savoir qu'il reposait ici dans un lieu aussi lugubre me donnait la nausée. Je ne pouvais imaginer qu'un être aussi lumineux que lui pouvait naviguer dans ces ténèbres. Ce lieu vide, sombre et silencieux. Silence rompu par notre simple présence, en effet seuls nos pas sur les graviers résonnaient. Je me faisais violence et me laissais guider par Vincent. Lui aussi semblait agir machinalement, en face, à droite puis à gauche. Nous y étions. Ma cage thoracique allait exploser. Exploser en plein vol comme notre couple...
Un petit gémissement me sortit de ma torpeur. Vincent craquait devant moi, les épaules voutées, je vis sa main se porter à son visage pour se cacher. Alors sans attendre un geste de sa part, je le pris dans mes bras. Je nous berçais doucement comme si chaque mouvement effaçait notre douleur commune. Ses sanglots me brisaient intérieurement, ils me transperçaient de part en part. Il avait tout perdu, il avait perdu son repère, son ami, son frère de cœur. Comment pouvait-il encore me tenir près de lui ? La culpabilité me rongeait encore et toujours comme une vieille amie. Il me garda quelques minutes contre son torse avant de s'écarter et d'inspirer lourdement.
– Lou ?
Flashback — Début juin 2014
Je m'écartai du bruit ambiant et tentai de trouver un endroit calme. Malgré mon esprit embrumé par l'alcool, j'avais trouvé sans difficulté son numéro. J'avais besoin d'entendre sa voix. Il était le seul qui pouvait m'apaiser.
– Lou ?
Trois lettres, un timbre, un souffle. En un instant, toutes mes craintes, toutes mes peurs, toutes mes larmes s'envolaient.
– Lou, qu'est ce qui se passe ? Tu pleures ?
– Je me suis disputée avec Vincent. J'aime pas ça. Il a dit que je faisais chier, qu'il fallait que je te fasse confiance, qu'en ce moment, je n'étais bonne qu'à merder, mais je te jure que j'ai confiance, tentai-je d'expliquer en essuyant les perles d'eau salée qui roulaient sur mes joues.
– Lou je ne comprends rien... murmura-t-il à l'autre bout du combiné.
– C'est Anaïs. Elle a encore raconté que tu couchais avec elle dans mon dos et j'ai pété les plombs, Vincent s'en est mêlé, je veux rentrer Zac...
J'avais honte de m'être emportée ainsi, mais cette fille prenait un malin plaisir à me raconter qu'elle couchait avec Zac. Et ce soir-là n'avait pas échappé à la règle, sauf que cette fois-ci, il n'était pas là pour faire tampon.
– Lou, j'arrive. Et n'oublie jamais : plus que tout.
Fin du flashback
Je relevai le regard vers lui, constatant le voile de tristesse qui s'était déposé sur ses yeux. Il semblait dévasté et préoccupé.
– Putain, c'est si dur, je ne sais même pas comment t'en parler...
Les traits de son visage trahissaient la souffrance qui l'habitait. À cet instant, j'aurais tout donné pour soulager ce mal qui le rongeait. Il se mordait violemment la lèvre pour ne pas craquer de nouveau. Pour seul soutien, je déposai ma main fraîche sur sa joue, caressant de mon pouce les traces de sa peine.
– Lilou, ça fait six mois que j'ai quelque chose à te donner. Avant son accident, Zac t'avait acheté un cadeau qu'il voulait t'offrir pour votre anniversaire. Il m'a dit qu'il avait eu un vrai coup de cœur. La veille de son départ, il m'a confié qu'il avait un mauvais pressentiment. Évidemment j'en ai ri, comme un imbécile, lâcha-t-il amer. Il a donc donné des directives à sa mère et moi...Mais pour moi, ça n'avait pas lieu d'être. Il allait bien depuis son opération, rien qui n'aurait pu nous laisser présager de la suite... Il ne voulait pas t'en parler, il ne voulait pas te voir pleurer...
Si Vincent ne m'avait pas retenue, je me serai écroulée à cet instant. Notre anniversaire. Celui que nous n'aurions jamais. Une belle attention empoisonnée. Une jolie rose dont les épines vous transpercent la peau. Un venin qui s'insinue dans vos veines brûlant chaque malheureux espoir sur son passage.
Soudainement un petit écrin noir apparut devant mes yeux, posé dans sa paume. Je n'osai pas le prendre. Mon palpitant s'affolait, mes mains devinrent moites, je suffoquai. Je n'étais pas prête.
– Lilou, il m'a dit de te le donner quand je penserai que tu irais mieux. Alors, prends-le s'il te plaît. C'est à toi. C'est votre anniversaire. Je sais que ça te semble insurmontable, mais tu es suffisamment forte pour affronter ce souvenir. Malgré ce que tu penses, tu n'es pas responsable. Le seul coupable c'est ce connard qui est en prison. Alors, relève la tête, Lilou.
Mon esprit était à des années-lumière. Comment ai-je pu perdre ce garçon ? Comment faire pour avancer ? Comment ouvrir ce cadeau qu'il aurait dû m'offrir lui-même ?
Je sentis Vincent glisser la boîte de velours dans ma poche de manteau. Il me laissait du temps. À cet instant, je retrouvai le meilleur ami de Zac, bienveillant, honnête et à l'écoute. J'espérai qu'il puisse nous voir de là où il était. À vrai dire, je n'en doutais pas, lui seul avait la capacité de nous réunir. Vincent s'agenouilla alors devant la tombe de celui qu'il avait considéré comme un frère.
– Salut toi ! Ça faisait longtemps que je n'étais pas venu te voir. Mais tu sais, j'avais des filles à draguer et des comptes à régler. Je sais que je te l'ai déjà dit, mais je suis tellement désolé, si tu savais à quel point c'est dur sans toi... Pardon, pas d'apitoiement.... Tu sais que les grands discours c'est pas mon truc, mais je voulais te dire que j'ai tenu ma promesse. Je lui ai donné. Et puis elle est ici, à mes côtés, et je te promets de ne pas la lâcher.
« Je te promets de ne pas la lâcher » résonnait en moi. Il lui avait promis d'être toujours là... Au fond de moi, je ne voulais pas qu'il me laisse, je ne voulais pas qu'il m'abandonne. J'avais besoin de lui, j'avais besoin d'eux pour me reconstruire. Il m'avait fallu du temps pour le comprendre, mais ils étaient tous un pilier qui me maintenait en équilibre.
Je fermai doucement les paupières me rappelant chaque détail de nos derniers moments. J'avais tellement de choses à lui dire.
Zac, je dois laisser la colère de côté, mais j'ai l'impression de te trahir. Si j'avance sans toi, c'est m'éloigner encore plus. J'ai peur, mais tu m'as tellement offert. Ta mère m'a dit que nos souvenirs étaient ma force et que je devais continuer pour moi, mais aussi pour nous. Je te promets d'honorer à chaque instant de ma vie ta mémoire. Je te jure d'avancer. Parce que tu es et resteras celui qui m'a ouvert les yeux sur l'amour, le véritable.
Les larmes roulaient sur mes joues évacuant silencieusement les minutes de souffrance que j'avais gardée depuis notre venue ici. Toujours dans mon mutisme complet, je me tournai vers Vincent lui faisant comprendre qu'il était temps de partir. Je ne pouvais pas parler, pas aujourd'hui.
Un silence apaisant nous accompagna jusque chez moi. Arrivés devant le perron, son regard semblait dévasté par ce que nous venions de vivre. Il s'approcha de moi et remit correctement mon col avant de me chuchoter quelques mots :
– Je ne te lâcherai pas, j'ai besoin de toi...
Il déposa un baiser sur mon crâne avant de s'éloigner, les mains dans les poches et sa capuche sur la tête.
Soufflée par ses propos, j'entrai à la maison sans un bruit. Alors que je déposai mon manteau, une petite vibration me tira de cette ambiance bien trop calme.
* Je sais quel jour nous sommes. Tiens le coup Lou, je sais que c'est dur, mais n'oublie jamais que tu n'es pas seule. * — Axel
J'étais touchée par son attention. Il se souvenait de cet après-midi où il m'avait retrouvée complètement folle au cimetière. Ce n'était peut-être pas grand-chose pourtant je devais avouer que ce message me mit du baume au cœur.
Mais ce n'était rien comparé à la délicate soirée préparée par mes sœurs. En arrivant, dans le salon, elles m'attendaient toutes les deux assises sur le canapé, plaid sur les genoux.
– Bonjour, Lilou, lança Laurianne en tournant sa tête en ma direction.
La douceur de sa voix, son regard empli d'un amour inconditionnel et son sourire timide eurent raison de mon petit cœur. Sans un mot, je me dirigeai vers elles pour me blottir dans leurs bras. Luce nous avait préparé un plateau-repas pour visionner la série préférée de ma Lau : The Vampire Diaries. Je n'étais pas une grande fan même si Damon était à croquer. Mais la vision d'elles deux passant de la colère à la surprise était à mourir de rire. L'espace de quelques heures, je rangeai ma douleur, ma rancœur et son manque dans un coffre bien fermé. Assise contre Luce, la tête de Lau posée sur mes genoux, je ne pouvais rêver mieux pour me réconforter. Caressant ses longs cheveux blonds, je la sentis se détendre et finir par s'endormir. Sa respiration se fit de plus en plus lente, ce qui eut le don de m'apaiser.
– Lilou ? demanda mon aînée brisant le silence qui s'était installé.
Plongée dans la série, j'avais l'impression qu'elle venait de me réveiller. Je relevai mon visage dans sa direction en haussant un sourcil.
– J'aimerais qu'on parle juste toutes les deux.
J'acquiesçai. Sans attendre, elle se leva et porta notre benjamine jusqu'à sa chambre. Je l'attendis patiemment sur le canapé. Pour la première fois depuis longtemps, je n'angoissai pas. Je prenais conscience que mon entourage voulait seulement m'aider à avancer. Et par amour pour eux, je devais les écouter, les épargner et me relever.
Perdue dans mes songes, je ne l'entendis pas revenir. Prenant place à mes côtés, elle se lança sans attendre.
– Lilou, commença-t-elle en me regardant droit dans les yeux. J'ai besoin de savoir comment tu vas, sincèrement. Pas un de tes mensonges ou une de tes phrases toutes faites.
Comme je m'en doutais, Luce s'inquiétait. J'espérai qu'un jour, elle arrête de se faire autant de souci pour moi. Elle devait vivre sa propre vie et ne plus m'avoir comme poids attaché à sa cheville. Je pris une grande inspiration avant de me lancer.
– Là, maintenant, je me sens bien. Je sais que ça ne va pas durer. Je vais devoir de nouveau affronter la douleur, la colère. Je sais que je vais être détestable et égoïste, mais je vais essayer de faire tout mon possible Luce...
En relevant le regard, elle semblait surprise. Je comprenais pourquoi. Ça faisait des mois que nous n'avions pas eu de vraies conversations franches, sans désaccord, sans mensonge, sans non-dit.
– Tu sais Zac manque à beaucoup de personnes. Je l'aimais bien. J'aimais vous voir ensemble. J'aimais la fille pétillante que tu étais devenue. Une part de moi vous enviait. Vous étiez fusionnels. Je ne sais pas ce que ça fait. Je ne sais pas ce que ça fait de perdre l'homme qu'on aime. Je connais la séparation, mais pas la mort Lilou. Mais je sais une chose, c'est que quand j'ai trouvé ton corps à la cabane, j'ai effleuré l'espace de quelques instants ta douleur. Sache que si jamais il m'arrivait quelque chose, j'aimerais que tu vives pour deux et je suis sûre qu'il penserait la même chose que moi. Tu dois te battre dès à présent. Lilou, si les rôles avaient été inversés est-ce que tu aurais aimé qu'il se morfonde ? Je te connais, je sais que tu hais qu'on te pose cette question. Mais tu connais la réponse. Je ne te demande pas d'être joyeuse tout le temps. Mais tu mérites le bonheur, tu y as le droit. J'ai envie d'être là et de faire tout mon possible pour t'aider. Je ne sais juste pas comment faire. Alors, dis-moi, dis-moi ce qui pourrait te rendre le sourire juste cinq minutes, puis dix, puis vingt... J'aimerais tellement pouvoir faire quelque chose...
Ses yeux brillaient sous l'émotion. Je savais à quel point la situation l'affectait. Et rien que pour cela, elle avait raison. Je devais me battre pour eux et parce qu'il n'aurait pas voulu me voir ainsi...
– Vous, Luce. Et le temps, je suppose, soufflai-je incertaine de ma réponse.
Elle déposa un baiser sur ma tempe avant de passer un bras par dessus mes épaules pour me serrer contre elle. Blottie contre elle, je laissai le sommeil m'emporter.
Depuis dix minutes cette musique tournait en boucle pour me sortir de mon lit. Je ne savais plus exactement comment je m'étais retrouvée dans ma chambre, mais j'étais presque sûre que ma grande sœur y était pour quelque chose. J'observai le réveil et râlai déjà. Par chance, aujourd'hui, je n'avais cours que le matin... Mes muscles étaient endoloris et ma tête embrumée. D'humeur câline, je me dirigeai voir Lau. J'ouvris doucement la porte pour ne pas la réveiller. Allongée, ses cheveux dorés formaient un halo sur son coussin tel un ange avec son auréole.
Pour la première fois depuis des mois, je l'imitai en me glissant sous sa couette.
– Bonjour toi, murmurai-je au creux de son oreille.
Son petit corps frêle commença à se mouvoir. Ses yeux noisettes s'écarquillèrent lorsqu'elle se rendit compte de ma présence. Soudainement elle me prit dans ses bras. Je sentis un sourire se dessiner sur son visage. Je crois que l'effet recherché venait d'être validé. Hier soir, j'avais pleinement réalisé que leur apporter une dose de bonheur soulageait mon cœur meurtri. Après ce moment de tendresse, on se leva rapidement pour se préparer chacune de notre côté. Une fois en bas, une sensation de déjà vu s'empara de moi. Ramenée un an en arrière. Assise toutes les trois autour de l'îlot central pour petit déjeuner, Lau nous parlait de ses copines. Je prenais en pleine face mes six mois d'absence. J'avais pris un billet destination l'enfer et je revenais seulement à la surface de la Terre.
À cet instant, tout paraissait absolument ordinaire. Pas de drames, pas de larmes. Comme si rien n'était arrivé. Comme si mon monde ne s'était pas écroulé. J'assistai impuissante à la scène qui se déroulait devant moi. Comment avais-je pu manquer tant de choses ? Comment avais-je pu les abandonner ? Zac m'avait ouvert à un autre univers, avec lui, j'avais découvert l'Amour, celui avec le grand A. Celui qui vous fait frissonner d'un regard. Celui qui vous coupe le souffle d'un sourire. Celui qui vous transporte d'un simple câlin. Celui qui vous fait être vous tout simplement, entièrement complètement, sans demi-mesure. Pourtant elles étaient mon sang, mes veines, une part de moi. Elles n'avaient jamais lâché. Elles n'ont jamais fui devant ma colère, devant ma douleur. Ce matin-là, je compris. J'avais été égoïste. Je ne serai plus la Lilou-Ann d'il y un an. Mais pour elles, je me battrai. Je sortirai de cet enfer.
– Lilou, tu as entendu ?
Je relevai les yeux vers Luce qui venait de me parler. Mes deux sœurs me fixaient attendant ma réponse, mais je n'avais rien écouté. Alors sans attendre, je me levai de mon siège me plantant près d'elles. Debout entre leur chaise, je leur fis signe de se lever et me jetai dans leurs bras.
– Je vous aime tellement, je suis sincèrement désolée pour le mal que je vous ai fait... Si vous saviez comme je tiens à vous... murmurai-je blottie entre elles deux.
Oui, je les aimais d'un amour inconditionnel, elles étaient les deux ailes qui me permettraient de me relever. Car sans elles, je n'étais rien.
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Coucou mes petits lecteurs,
J'espère que vous allez bien et que la reprise n'est pas trop dure.
Alors ce chapitre? Vous a-t-il plu?
Que pensez-vous du départ d'Axel? Des hypothèses?
On aperçoit aussi un Vincent beaucoup plus fragile... Il est craquant n'est ce pas?
Hâte d'avoir vos retours !
Bisous, bisous 🖤,
L.
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