Chapitre 21


Je me retournai pour voir à qui pouvait bien appartenir cette voix si triste et froide. Face à moi, se tenait une grande blonde, chignon, lunettes noires, d'une quarantaine d'années, habillée d'une blouse blanche. Il n'en fallait pas plus pour me faire comprendre de qui il s'agissait. La psy. Elle avait l'attirail parfait de ce type de médecin, hautain, concentré et observateur. Elle s'approcha et me tendit la main.

– Je suis Madame Ross, vous pouvez m'appeler Sophie, je suis votre p —

– Je sais qui vous êtes, vous êtes ma psychologue. J'aimerais sortir assez vite donc allons droit au but, la coupai-je en la toisant.

Je savais que je pouvais paraître froide et asociale, mais je savais comment ça fonctionnait. Je ne voulais pas perdre du temps avec les présentations et les impressions de compassion. Je voulais juste rentrer chez moi et être tranquille. Étonnamment, je vis dans son regard que même si elle n'approuvait pas, elle accédait à ma demande.

– D'accord Lilou-Ann. Je vais donc vous poser une série de questions auxquelles vous allez essayer de me répondre le plus honnêtement possible.

J'acquiesçai, de toute façon elle avait lu mon dossier médical donc ça ne servait vraiment à rien de vouloir embellir les choses. Elle prit place alors sur le fauteuil qui se trouvait près du lit et sortit un petit carnet. Quant à moi, je m'installai confortablement dans mon matelas, croisant les bras sur ma poitrine, prête à affronter son interrogatoire.

– Êtes-vous pleinement consciente de votre acte ? lâcha-t-elle en me fixant droit dans les yeux.

– Oui, je voulais mettre fin à mes jours.

Le combat commençait, j'enfilai mes gants de boxe prête à monter sur le ring. Il était clair que je ne voulais absolument pas rendre les armes. Son visage naviguait entre son bloc-notes et moi, entre ses observations et sa patiente, entre mes dires et ses remarques.

– Ce n'était pas la première fois, n'est-ce pas ?

Ça, c'est écrit dans mon dossier !

– Non, claquai-je.

Je connaissais la technique, elle essayait de me pousser à bout, de trouver la fêlure. Mais je ne craquerai pas devant elle. Je devais rester factuelle, neutre et concise.

– Quand avez-vous essayé de mettre fin à vos jours pour la première fois ? me questionna-t-elle en replaçant ses lunettes sur le bout de son nez.

Ça aussi, vous le faites exprès ?

– En juillet dernier.

– Pourquoi ?

Vous êtes sérieuse ?

Soit elle comptait jouer avec mes nerfs, soit elle ne savait vraiment pas lire un document. Malheureusement je penchais très fortement pour la première option. Je mis à fixer un point imaginaire prêt d'elle et répondis avec le plus de détachement possible.

– Je venais de perdre mon petit ami, soufflai-je.

– J'en suis sincèrement désolée. Je me doute que cela a dû être une période compliquée. J'ai besoin que nous soyons claires. Qu'avez-vous fait pour vous suicider ?

– Je me suis tailladée les veines, dis-je en montrant la légère cicatrice qui ornait mon poignet gauche.

Après avoir observé rapidement la fine ligne blanchâtre qui courait le long de mon avant-bras, elle se mit à prendre des notes sur son calepin. J'espérais que cela lui suffirait, mais malheureusement c'était une psychologue et elle ne s'arrêterait pas là...

– Pourquoi avoir recommencé ?

– Parce que je me suis ratée la première fois.

– Cela ne sert à rien d'utiliser le sarcasme ici. Quel a été l'élément déclencheur pour cette seconde fois ?

– J'ai failli perdre mon meilleur ami, répondis-je en priant pour que les questions cessent.

Durant tout cet interrogatoire, elle continuait à écrire inlassablement ce que je lui disais, pourtant tout cela figurait sur mon dossier médical. Elle me torturait.

– Pouvez-vous me parler de Zacharie, s'il vous plaît ?

Zac... Comment savait-elle son nom ? Je n'en avais jamais fait mention lors des séances avec ma première psy. Mon électrocardiogramme s'emballa soudainement. D'un seul coup, mes mains devinrent moites et se mirent à trembler, je ne contrôlai plus la situation. Jusque-là, je restais dans les faits, je répondais machinalement, mais là elle en demandait plus... Je ne pouvais pas ouvrir mon cœur. Tout était cadenassé de façon hermétique.

– Zacharie est... euh était un camarade de classe, heur — .

Ma gorge se nouait en essayant de former des phrases le concernant. Je ne parlais jamais de lui, à personne, pas parce que je n'avais rien à dire, mais parce que je n'y arrivais tout simplement pas. Il y avait tant de choses à raconter sur cet homme, celui qui m'avait aimée pour tout ce que j'étais. Il était mon univers, ma lumière, mon âme sœur. Le seul et l'unique.

– C'était un garçon heureux, je crois, souriant. Ses ye — yeux bleu-gris pétillaient... Il — il — il...

– Détendez-vous Lilou-Ann, parlez-moi par exemple de votre première rencontre.

Je ne pouvais pas, c'était trop pour moi. Me souvenir de lui était tellement douloureux, j'avais enfoui ça au plus profond et je n'étais clairement pas prête à le partager avec qui que ce soit.

– Non s'il vous plaît, je préfère qu'on change de sujet, la suppliai-je.

– Lilou-Ann, j'ai besoin que vous me parliez, je vous laisse donc deux noms : Zacharie ou Baptiste.

Qu'est-ce que tu ne comprends pas, connasse, dans « je préfère qu'on change de sujet ». Quant à Baptiste, je ne peux pas, j'ai honte !

– Non, je refuse.

– Je vais être honnête, c'est la deuxième fois que vous tentez de vous suicider, il se pourrait que pour votre sécurité, je demande à ce qu'on vous place dans un établissement spécialisé pour une durée indéterminée. C'est ce que vous souhaitez vraiment ?

Je n'en croyais pas mes oreilles, elle me faisait réellement du chantage. Malheureusement pour moi, je n'avais clairement pas envie de me retrouver enfermée chez les fous. Il fallait donc que je cède à sa demande. Ça me brisait le cœur, elle remuait volontairement le couteau d'une plaie déjà bien à vif. Je laissai malgré tout le silence s'installer, brisé par mes soupirs. Je rassemblai mes pensées et me lançai.

– J'ai rencontré Zac l'an passé. Nous partagions quelques cours en commun notamment les langues, le sport et les options. Je l'avais aperçu dans le groupe d'un garçon que je n'appréciais pas. La première fois où nous nous sommes parlés, c'est quand il m'a conduite à l'infirmerie lorsque je me suis tordue la cheville en jouant au volley-ball. Je suis tout de suite tombée sous le charme de ses yeux. Au fil du temps, il m'a protégée des attaques de son meilleur ami et je suis tombée am —

Ma voix se brisa parce que je me souvenais très bien du jour où je me suis rendue compte de l'importance qu'il avait prise pour moi. J'avais cru devenir folle parce qu'il était pour moi impensable de tomber amoureuse du copain de celui qui me persécutait. Pourtant, il s'était insinué en moi, d'une façon si douce et si agréable, que sa présence m'était devenue indispensable.

Une larme perlait de nouveau sur mes joues. Les souvenirs étaient ce que je gérais le moins bien dans toute cette histoire. Ils refaisaient surface quand je ne voulais pas ou lorsque je n'avais pas le choix, brisant ainsi tous les murs que je m'étais construits pour survivre.

– Pourquoi la cabane ?

Sa question brutale me tira immédiatement de mes pensées. Je pensais qu'elle allait rebondir sur ce que je venais de lui confier, mais au lieu de ça, elle laissa cette confidence sous silence. Elle s'aventurait sur un chemin tout aussi difficile : la cabane...

– C'est mon lieu. Mon refuge.

– C'est-à-dire ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

– Beaucoup de mes souvenirs y sont, aussi bien familiaux, qu'amoureux. Ce lieu est mon cocon, mon secret, ma bulle.

Elle griffonna de nouveau sur son calepin, puis se leva sans un regard. Elle commença à se diriger vers la sortie puis se retourna pour me faire face. Elle ne laissa rien transparaître comme si nous n'avions pas échangé, comme si je ne m'étais pas livrée quelques instants auparavant.

– Je reviens demain pour parler des conditions de votre retour chez vous. Reposez-vous, nous aurons certainement beaucoup de choses à nous dire dans les jours à venir. Bonne journée Lilou-Ann.

– Oui bien sûr, murmurai-je alors qu'elle m'avait déjà tourné le dos.

Alors qu'elle ferma la porte, je me retrouvai une fois encore seule dans cette pièce vide et inlassablement bercée par les battements de mon cœur. Il fallait que je me change les idées, or les magazines ne seraient pas suffisant. Je reportai donc mon attention sur mon téléphone qui avait vibré à de nombreuses reprises durant l'entretien. Je soufflai, légèrement angoissée en songeant aux réponses de mes proches.

* Tu es pardonnée parce que tu es comme ma sœur. Je t'aime Lilou * - Leïla

* J'aimerais ne pas t'en vouloir, pourtant ce n'est pas le cas, je suis désolée. Je m'en veux aussi, je m'en veux de ne pas t'avoir aidée, de ne pas t'avoir forcée à me parler... <3 * — Chloé

* On en parle cet aprèm * - Vincent

* Je crois que c'est surtout toi qui ne t'en rends pas compte. Sans toi j'aurai sombré depuis longtemps. Ne m'abandonne plus jamais. * — Baptiste

* Je ne suis pas un inconnu ni un surveillant supplémentaire, juste quelqu'un que tu as affecté sans le savoir. Prends soin de toi Lilou. * — Inconnu

Je décidai de ne pas répondre cette fois-ci. J'aurai largement le temps de le faire quand je les verrai à ma sortie. Ma journée passa lentement, trop lentement. Pourtant, je savais qu'elle ne serait pas de tout repos. En effet, j'eus le droit à la visite de mes parents en début d'après-midi. Je m'attendais à les trouver en colère mais ce n'était pas le cas. Ils semblaient profondément affectés, les traits de leur visage étaient tirés. Ma mère, qui avait été la première à entrer dans la pièce, s'était montrée froide et désabusée. Elle était à peine coiffée, elle portait une tenue bien trop décontractée, cela ne lui ressemblait pas. Mon père, quant à lui, avait été chaleureux et plein de compassion, comme à sa grande habitude. Ils s'étaient installés sur les fauteuils en face de moi. Nous avions alors passé plusieurs minutes à nous regarder dans le blanc des yeux sans vraiment savoir quoi se dire. Au bout d'un certain temps, je ne pus m'empêcher de briser ce silence, ce mutisme étouffant et effrayant.

– Je suis désolée, dis-je à voix basse, observant l'oxymètre placé sur mon index.

– Ne le sois pas ma chérie, répondit aussitôt mon père en relevant la tête.

– Si papa. Je suis désolée de vous causer autant de soucis, de vous faire venir ici. Je suis réellement désolée. Je vous avais promis de ne pas recommencer, mais je ne savais plus. Je ne savais plus comment faire taire cette douleur, comment vivre avec, comment la supporter. J'aimerais vous dire que je le sais à présent pourtant la seule chose à laquelle je pense c'est à lui, à ce manque que je ressens. Je n'arrive pas à me projeter, je n'arrive plus à me voir sourire. Mais je vous promets d'essayer, je vous promets de faire tout mon possible pour m'accrocher.

– Lilou, ne promets plus rien, je t'en supplie, avoua ma mère à demi-mots.

Une mèche lui retombait devant les yeux. Elle paraissait tellement loin, tellement dévastée, tellement perdue. Ça me retournait les entrailles...

– Maman, je suis tellement dés-

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase, qu'elle me coupa la parole. Se levant face à moi, je compris bien vite qu'elle allait terriblement mal. J'avais brisé ma mère, j'avais démoli tout l'amour qu'elle éprouvait pour moi. Dans son regard, je perçus la douleur, la colère, la déception...

– Stop, Lilou, laisse-moi parler. Tu te souviens de Juliette à l'enterrement de Zac ? Tu te souviens de son chagrin, de sa souffrance ? Tu te souviens de la culpabilité qui t'a rongée ce jour-là et qui te ronge encore ? Tu te souviens de cette douleur ? De tes cris ? De tes cauchemars ? De tes larmes ? De ta détresse ? De la panique de Lau, quand elle t'a trouvée ? Tu te souviens de tout ça ? cria-t-elle.

J'acquiesçai silencieusement parce que tous ces souvenirs étaient vraiment ancrés en moi, tâchant de ne jamais me quitter. Ils me rappelaient inlassablement ce que j'avais perdu.

– Alors nos vies ne valent rien à tes yeux pour vouloir nous faire subir tout ça ? Chloé, Leïla, Baptiste et Vincent ? Ton groupe de danse ? Ou nous ta famille, on ne compte pas ? Tu veux que l'on souffre autant que toi c'est ça ? Tu veux qu'on passe notre vie à pleurer sur ta tombe ? C'est ça, dis-moi Lilou ! Dis-moi que ma fille ne nous souhaite pas autant de malheur ! Je suis désolée Lilou, tellement désolée de ne pas pouvoir apaiser ta douleur. Je te jure ma fille que je donnerai tout ce que j'ai pour revoir ton sourire et panser tes plaies, mais je n'en ai pas le pouvoir. Alors, sache que je me battrai pour toi, je me battrai parce qu'il est hors de question que j'enterre ma fille ! Jamais ! Ça devrait être interdit !

Je restai sans voix face au discours de ma mère, tandis qu'elle éclatait littéralement devant moi. Après avoir hurlé sur moi, elle pleurait sous mes yeux. J'aurais aimé la réconforter, trouver les mots justes pourtant au fond, je savais qu'elle avait raison. Elle avait raison parce que tout ce qu'elle avait évoqué était clairement dans ma mémoire. Je me souvenais parfaitement des larmes de Juliette, de mes crises de pleurs, de mes cris en pleine nuit, de mes terribles cauchemars, du regard de Lau à mon réveil après qu'elle m'ait découverte la première fois. Et j'imaginai également très bien mes amis et ma famille en train de subir tout ce que j'avais vécu le jour où je l'ai perdu. Je réalisai en cet instant que je devais essayer d'avancer avec tout ce lourd fardeau parce que je ne leur souhaitai pas un dixième de ce que je pouvais ressentir ou même vivre depuis plusieurs mois.

– Ma chérie, ce que maman essaie de te dire, c'est que nous ne sommes pas prêts à te perdre, c'est réellement dur pour nous, dit mon père en me rejoignant sur mon lit. On t'aime et nous sommes vraiment effrayés. Nous sommes perdus face à toute ta souffrance. On ne sait pas quoi faire, mais une chose est sûre c'est qu'on ne veut plus te voir ainsi. Je t'aime ma puce, si tu savais à quel point, je t'aime de tout mon être...

Je baissai le regard, honteuse de leur avoir fait autant de mal, honteuse de voir leurs peurs, leurs peines, honteuse d'en être la cause. Je laissai quelques pleurs s'échapper.

– Je suis désolée vraiment, pardonnez-moi, chuchotai-je en serrant la main de mon papa.

Mes larmes avaient désormais envahi mon visage. J'étais complètement perdue entre ma douleur et la leur, ne sachant plus comment gérer toutes ces émotions. Je ne regrettais pas mon geste, car au plus profond de moi, la seule chose qui me maintenait en vie avant était de savoir que j'allais bientôt le rejoindre. Mais face à la souffrance de mes parents étais-je suffisamment égoïste pour leur infliger cela, maintenant que j'en avais pris réellement conscience ? Était-ce le moment pour moi d'avancer ? Allais-je devoir vivre sans lui ? Je laissai toutes ces interrogations de côté et me focalisai sur leur présence. Je devais simplement profiter.

Je levai les yeux et croisai le regard de ma mère qui semblait beaucoup plus apaisée qu'à son arrivée, elle avait enfin dit tout ce qu'elle avait sur le cœur. Elle se leva d'un coup, s'approcha doucement de moi et s'installa dans le lit à mes côtés. Elle passa délicatement son bras autour de mes épaules pour me serrer contre elle. Nous restâmes ainsi de longues minutes dans les bras l'une de l'autre se murmurant des mots doux. Le reste de leur visite se passa dans le calme s'échangeant quelques banalités sur leur travail et leur volonté de changer leur agenda pour passer plus de temps avec nous.

Toutefois, nous fûmes interrompus par la venue peu discrète de Vincent qui s'excusa immédiatement de son irruption lorsqu'il vit mes paternels. J'avoue que je ne pus m'empêcher de rire en voyant la tête de Vincent quand il s'est aperçu de la présence de mes parents.

Finalement, ils décidèrent de rentrer voir mes sœurs. Mon géniteur avait préféré esquiver sur les véritables raisons de leur absence. Je ne leur en voulais pas, même si une part de moi était réellement effrayée. Je ne voulais pas les perdre alors j'acceptai leur décision... Ma mère et mon père quittèrent enfin ma chambre, laissant ainsi leur place à Vincent.

– Content de voir que tu vas mieux Lilou et que tu es toujours capable de te moquer des autres.

– Vincent excuse-moi, mais ton arrivée était magique. Hurler comme un putois pour me demander si je suis encore vivante et te voir bégayer deux minutes plus tard devant mes parents était vraiment amusant. « Je-je suis — je m-m'excuse, je ne vou-voulais pas vous d — déranger », dis-je en imitant sa voix.

J'éclatai de rire, c'était plus fort que moi. D'une façon très mature et masculine, il croisa ses bras sur son torse et me lança son regard le plus sombre comme pour me faire comprendre qu'il n'avait pas aimé ma petite moquerie.

Puis au bout de quelques secondes, un léger sourire se dessina sur ses lèvres et il prit enfin la parole.

– Ça fait du bien, ça m'avait manqué...

Je n'avais pas besoin de lui demander je savais exactement de quoi il parlait. En guise de réponse, je lui souris en retour comme pour lui faire comprendre que j'avais saisi où il voulait en venir et que moi aussi ça m'avait manqué.

Flashback — Fin Févr. 2014
Plaquée contre un mur, ses lèvres bougeaient au rythme des miennes. J'aimais sentir la chaleur de son corps contre le mien, la pulpe de ses doigts sur mon visage quand nous nous embrassions. Nous fûmes soudainement interrompus lorsque quelqu'un sonna chez lui. En l'espace d'une seconde, son regard s'assombrit, il mit son index devant ses lippes et prit ma main pour m'attirer vers lui. Il se dirigea vers la porte, prenant bien soin de m'y placer derrière sa douce et délicate bouche rosée.

– Sympa l'accueil ! s'exclama une voix rauque que je ne connaissais que trop bien.

– Désolé, mais en faite j'étais super occupé, dit-il en lui lançant un grand sourire.

J'essayai de ne pas glousser comme la jeune adolescente amoureuse que j'étais. Je me couvris la bouche pour me retenir au maximum.

– Bon je vois que tu vas mieux ! Ça fait du bien, ça m'avait manqué, lâcha Vincent. Et remercie-la de ma part, elle saura pourquoi, ajouta Vincent.

Je ne pus me retenir et éclatai de rire en voyant la tête de Zac qui ne comprenait pas vraiment ce qui venait de se passer...
Fin du flashback

J'étais soulagée de voir qu'il me regardait comme si rien de tout ça n'était arrivé, comme si je n'avais rien fait de mal, comme si j'étais toujours la même Lilou, qu'il y a un an. J'espérais sincèrement que les gens finiraient par porter le même regard sur moi que lui.

– Vincent, tu penses qu'ils me pardonneront ?

Il soupira un peu avant de prendre la parole en s'installant sur mon lit.

– Lilou, bien sûr. Laisse-leur un peu de temps, mais je suis certain qu'ils t'ont déjà pardonné. À partir du moment où tu t'es réveillée, je suis sûr que les gens t'ont pardonnée. Le principal c'est que tu ailles mieux.

– J'espère, mais Chloé a dit qu'elle aurait besoin de temps et que pour le moment elle m'en voulait, dis-je en baissant tristement la tête.

– Elle a peut-être besoin de temps, mais sache qu'elle a demandé à son mec de rester devant ta porte, vu qu'il n'a pas bougé depuis ton admission. Donc même si elle est dévastée, elle veille sur toi, ne t'en fais pas. Et essaie de la comprendre, elle t'en veut sûrement d'avoir préféré le rejoindre plutôt que de te battre... souffla-t-il en serrant ma main.

Je baissai les yeux, honteuse par sa déclaration. Il avait certainement raison, je ne m'étais peut être pas assez battue pourtant c'était si dur. Plus je le regardai du coin de l'œil, plus je me sentis obligée de lui poser une question qui me brûlait les lèvres.

– Vincent, je peux te demander quelque chose ?

Il acquiesça et d'un seul coup la pression monta quelque peu, je ne savais pas pourquoi, mais j'avais besoin de me rassurer.

– Il te manque. Mais est-ce qu'il te manque comme il me manque ?

Je savais que je venais de lâcher la phrase de trop lorsque son regard s'assombrit et sa mâchoire se crispa.

– Tu ne peux même imaginer à quel point il me manque. C'était mon meilleur ami, mon frère, à mes yeux il était tout pour moi... Chaque jour, j'affronte sa perte, chez moi, au lycée, au rugby, avec toi. J'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur dès que je fais un pas en avant... Mais chaque jour je me bats parce que je dois vivre pour deux, je dois profiter pour lui, pour la promesse que je lui ai faite...

Nous étions brisés par la mort de Zac, pourtant nous avions la vie devant nous pour nous reconstruire.

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Coucou mes petits lecteurs,

Deuxième chapitre de la semaine pour vous remercier d'avoir franchi la barre des 8k de lectures grâce à vous. UN GRAND MERCI DU FOND DU COEUR !

Revenons-en à ce petit chapitre. Qu'avez-vous pensez de l'entretien avec la psy?  Du grand Lilou, non?
Vous qui aviez tant détesté sa mère, je crois qu'elle a su secouer sa fille, comme beaucoup le souhaitaient !

Bisous, bisous 🖤,
L.

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