Chapitre 2
– Lilou, ouvres les yeux je t'en supplie, pas encore s'il te plaît...
J'entendis une voix implorante, presque au bord des larmes, me parler. J'ouvris les paupières et vis ma petite sœur posée au-dessus de moi, son visage marqué par l'angoisse et la tristesse. Mais lorsqu'elle me vit émerger, je pus voir son minois se détendre et une perle d'eau s'échapper de son regard bleu.
– Laurianne, je vais bien, détends-toi. Je suis désolée, je ne voulais pas t'effrayer, soufflai-je en caressant sa jolie bouille.
Elle me serra fort dans ses bras comme pour vérifier que j'étais bien là avec elle. Quant à moi, je passai mes mains dans ses longs cheveux afin de la bercer contre moi pour la réconforter autant que je pouvais.
Flashback — Début Juil. 2014
– Lilou, Lilou, réveille-toi s'il te plaît.
Non, laisse-moi partir Laurianne, s'il te plaît c'est trop douloureux...
Je ne pouvais plus bouger, mon esprit s'éteignait petit à petit et mon organisme ne semblait plus répondre. J'étais enfin détendue et apaisée, comme je l'avais tant rêvé. Mon corps et mon âme avaient terriblement besoin de calme, et voilà que je pouvais me reposer tranquillement, enfin cicatriser.
– Lilou, tu ne peux pas, reviens je t'en supplie, tu n'as pas le droit, ne me laisse pas !
Je sentais qu'on me secouait, mais pourtant rien n'y faisait. Je perdais le contrôle, j'étais envahie par cette sensation de bien-être absolu que j'avais tant recherché...
Fin du flashback
Alors que nous étions dans les bras l'une de l'autre, je la sentis se détendre au fur et à mesure que le temps passait, ce qui me soulagea. Je l'écartai petit à petit de moi et replaçai une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
– Tu veux qu'on descende grignoter quelque chose ? Je veux bien te faire des gaufres, proposai-je à ma petite sœur afin de lui changer les idées.
– Lilou, il est dix-neuf heures, et je crois que Luce risque de hurler si je mange quelque chose maintenant.
Je vis le sourire de Laurianne s'agrandir, je voyais bien qu'elle imaginait Luce en train de lui courir après pour lui retirer la gaufre au chocolat qu'elle pouvait avoir en main.
– C'est comme tu veux, Lau. Par contre, il est vraiment dix-neuf heures ? demandai-je en descendant les escaliers.
Ma sœur acquiesça et j'avouai avoir été un peu surprise de sa réponse, lorsqu'elle le fit. Je réussissais à me reposer grâce à de petites siestes que je faisais en journée, mais je dormais rarement plus de trois heures. Or, je venais d'enchaîner presque quatre heures de sommeil, c'était exceptionnel. Cela voulait aussi signifier qu'il me restait plus que soixante minutes pour me préparer et aller chez Baptiste, ce qui ne me réjouissait pas particulièrement. Cependant, je devais être là pour lui comme il l'avait été pour moi quelques temps auparavant. Avant de remonter dans ma chambre, je déposai un baiser sur le front de ma petite sœur qui s'était assise sur le canapé devant la télé.
J'ouvris mon armoire et restai bloquée. Je ne savais vraiment pas ce que j'allai bien pouvoir mettre. Est-ce que ce serait comme d'habitude ? Ou voulait-il autre chose ?
Finalement, je choisis un jean slim, un chemisier noir, une paire de boots et ma petite veste en cuir. Je laissai mes cheveux bruns détachés et maquillai légèrement mes yeux bleus. Je ne voulais pas en faire trop, de toute façon je n'en avais ni l'envie ni le courage.
Je descendis dans le salon afin de prévenir Luce de mon absence ce soir, mais à peine arrivai-je en bas qu'elle se tourna vers moi.
– Pourquoi es-tu habillée comme ça à cette heure-là ?
Si je te dis la vérité, tu le diras aux parents et je n'ai clairement pas besoin de ça en ce moment...
– Je sors Luce, je vais voir Leïla. Je rentre avant vingt-trois heures promis, j'aurais mon téléphone dans mon sac et je m'arrangerai pour ne pas rentrer seule.
– Appelle-moi quand tu arrives alors ! Sois prudente Lilou-Ann ! cria-t-elle depuis le salon bien que j'avais déjà commencé à me diriger vers la sortie, prête à quitter cette maison.
Au moment d'ouvrir la porte, je me trouvai nez à nez avec ma mère qui avait l'air de chercher ses clefs dans son sac. Lorsqu'elle leva les yeux, elle parut surprise de me voir quitter notre demeure.
– Lilou-Ann, que fais-tu dans cette tenue ? Tu ne comptes quand même pas te balader à cette heure-là ? m'interrogea-t-elle en enlevant son manteau pour le ranger dans le vestibule.
Oh, je vais faire ce que je fais depuis plusieurs mois avec Baptiste, tu veux un dessin peut-être ?
– Bonsoir Maman, moi aussi j'espère que tu vas bien et que ta conférence s'est bien passée. Je vais voir Leïla, je ne rentre pas trop tard. Tu devrais être contente, toi qui te plaignais de me voir seule...
– N'utilise pas ce ton-là avec moi, Lilou-Ann !
– Bonne soirée, Maman ! lançai-je en m'évadant de cet endroit.
– Non Lilou-Ann, rev-
Je ne voulais pas l'écouter me sermonner sur le fait de sortir en semaine et encore moins me disputer avec elle, je décidai donc de claquer la porte pour ne plus avoir à l'entendre. Une fois dehors, je respirai à pleins poumons cet air frais qui me revigora instantanément.
Au bout de quinze minutes de marche, j'arrivai enfin à destination. J'appuyai sur cette sonnette comme j'avais pu le faire de nombreuses fois. Je me sentis vide de tout sentiment, ce qui n'arrivait que très rarement, et ce n'était pas pour me déplaire. Au bout du deuxième appel, je vis Baptiste m'ouvrir la porte. Il se tenait là devant moi, ses grands yeux bleus, ses cheveux bruns encore mouillés. Il portait juste une serviette, et il était vraiment très beau. Si ça n'avait pas été lui, si ça n'avait pas été maintenant, j'aurais honnêtement pu tomber sous son charme.
– Entre Lou, dit-il en me souriant.
Flashback – Fin juin 2014
Je me tenais là, devant chez lui, sans comprendre comment j'étais arrivée ici. De mes doigts tremblants, je frappai doucement à la porte. J'avais peur, j'avais mal, mais j'étais là et je ne pouvais plus faire demi-tour, et encore moins lorsque Baptiste m'ouvrit. Il se tenait sur le pas de la porte, l'air surpris par ma présence.
– Entre Lou.
Sans attendre, je me jetai sur son torse et plaçai mes bras de part et d'autre de sa taille. Mon front collé contre sa poitrine, son menton posé sur ma tête. Son cœur battait à tout rompre et sans savoir pourquoi, ce son me fit sortir de mes gonds. Je n'avais plus de larmes, mais pourtant la colère, elle, était bien présente.
Je détachai mes bras de son corps et me mis à le frapper, les poings serrés par la rage. Il me laissa faire alors que je répétai en boucle : pourquoi ? Dis-moi pourquoi ?
D'un seul coup, il saisit mes poignets et me plaqua contre le mur, me tenant toujours aussi fermement.
– Je ne sais pas pourquoi, Lou. J'aimerais tellement te dire que ce n'est rien et qu'il y a une raison, mais ce n'est pas le cas.
– C'est de ma faute Baptiste, dis-le. Dis-moi que tout ça n'est que de ma faute !
Je hurlai. J'avais besoin d'extérioriser cette colère qui était en moi, cette culpabilité qui m'envahissait un peu plus chaque jour.
– Jamais ! Lou, rentre-toi ça dans le crâne, rien n'est de ta faute !
Je vis son regard s'assombrir, la colère s'était aussi emparée de lui. Je le voyais. Je le sentais. Sa poigne se resserra ainsi que l'espace entre nous. Puis, sans même que je m'en rende compte, ses lèvres se posèrent violemment contre les miennes.
Fin du flashback
J'avançai tranquillement dans son salon. Rien n'avait changé depuis la dernière fois. J'enlevai donc ma veste que je posai sur le dossier du canapé. Je le vis s'éclipser quelques minutes, me laissant seule, debout dans cette immense pièce. Je compris rapidement, il était parti se changer lorsqu'il revint dans la pièce à vivre. Il avait enfilé un jean qui lui allait à merveille, ainsi qu'un joli t-shirt moulant son corps de sportif. Je me retournai pour récupérer mon téléphone qui se trouvait dans mon manteau lorsqu'il me surprit.
– Tu es superbe, murmura-t-il derrière moi.
En l'espace d'un instant, il s'était placé dans mon dos. Je sentai désormais son souffle dans mon cou et ses mains sur mes hanches.
– Baptiste, c'est une mauvaise idée ! tentai-je en essayant de nous convaincre tous les deux.
– Lou, s'il te plaît, j'ai besoin que tu me changes les idées, j'ai besoin de toi aujourd'hui, maintenant.
N'attendant pas ma réponse, il me retourna afin que je puisse lui faire face. Ses doigts caressèrent mon visage, son front se posa contre le mien, et son regard s'ancra sur moi.
D'un seul coup, il me saisit par les hanches, me souleva et me porta jusqu'à sa chambre. Il portait avec aisance mon mètre soixante, et me tenait de telle sorte que je ne puisse pas lui échapper. Il me reposa doucement au sol, gardant son emprise sur ma taille. Son souffle avait accéléré, son regard brûlait de désir envers moi, et encore plus qu'auparavant.
– Baptiste, on ne devrait pas, tu le s-
Ses lèvres s'écrasèrent contre ma bouche, ne me laissant pas le temps de finir. Ses paumes se déplacèrent dans mon dos, me rapprochant de lui. Les miennes étaient contre son torse tentant de garder une distance raisonnable, mais c'était peine perdue. J'avais beau penser que c'était une mauvaise idée, je n'avais pas assez de volonté pour l'arrêter et je n'avais plus de quoi lutter, plus envie de me battre contre les autres, contre lui. Il était mon remède.
Sa langue se faufila et effectua de délicieux mouvements tandis qu'une de ses mains passait dans mes cheveux. Quant à l'autre, elle se glissa sous mon haut, me faisant frissonner. Le contact de sa peau sur la mienne me mit mal à l'aise, me ramenant quelques mois en arrière lorsque tout avait commencé. Alors que je m'apprêtai à le repousser, il réduisit la proximité de nos deux corps afin de m'amener plus près de son lit. Il commença à défaire lentement chaque bouton de mon chemisier avant de le faire glisser le long de mes bras, le laissant tomber par terre.
Puis tout en supportant mon poids, il me déposa sur la couette, se plaçant au-dessus de moi. Tandis qu'il m'embrassait dans le cou, ses mains caressèrent chaque partie de mon être avant de s'attaquer à mon jean, qu'il enleva sans grande difficulté. Mes doigts, quant à eux, n'osèrent l'effleurer. Je m'agrippai donc à ses draps ne sachant pas comment me comporter mais il s'arrêta au bout de quelques secondes puis me fixa.
– Touche-moi Lou, s'il te plaît, j'ai besoin de sentir tes mains contre moi...
Non, je ne peux pas...
Au fond de moi, je luttai, mais je savais qu'il n'y avait pas de retour possible. Je lâchai alors mon emprise afin de lui enlever son t-shirt, que je passai par dessus sa tête. Il avait besoin de s'évader, et moi aussi. Je fis donc abstraction de ce sentiment de culpabilité, et de honte qui m'envahissait. Je laissai donc de côté toutes mes émotions et décidai de m'abandonner dans ses bras, une nouvelle fois...
Mes lèvres trouvèrent donc les siennes pour l'embrasser avec passion. Une fois la surprise passée, il déplaça sa poigne sur mon ventre pour descendre jusqu'à mon intimité. Le plaisir grimpait, il était vraiment doué et je ne pouvais pas le nier, mon corps me le faisait ressentir. J'appréciais chacun de ses mouvements, ses caresses, sa bouche qui déposait des baisers sensuels sur ma peau qui s'enflammait à son contact.
– Baptiste, soufflai-je lorsque je sentis que mes muscles commencèrent à se contracter.
Je saisis son jean afin de lui enlever, avec un peu d'aide, il se retrouvait contre moi avec juste son boxer. Je ne pus m'empêcher d'admirer ses abdominaux saillants, sa faible pilosité qui traçait une ligne menant à son sous-vêtement. Et avant même que je puisse le toucher, il enleva son dernier rempart et s'inséra en moi sans douceur. Je comprenais désormais ce qu'il voulait dire lorsqu'il m'avait dit qu'il avait besoin de moi. Il me maintenait et me possédait sans retenue, comme si sa vie dépendait de chacun de ses mouvements.
Il ne cessait de répéter mon prénom entre chaque baiser qui était de plus en plus passionné. Mes ongles s'enfoncèrent dans son dos. Nos corps ne faisaient qu'un, ses hanches s'emboîtant merveilleusement bien avec les miennes. Sa chaleur m'envahissait pleinement, s'ajoutant à ce désir qui n'allait pas tarder à atteindre un point de non-retour.
Entre ses mains, ses lèvres, ses coups de reins, mon corps ne pouvait pas en supporter davantage. L'orgasme me submergea sans que je ne puisse le maîtriser.
– Lou... souffla-t-il en me suivant dans ce moment de détente absolue.
Après ce murmure, il prit mon visage en coupe et m'adressa un regard, où je pouvais y déceler une once d'attache et de tristesse. Je ne pouvais malheureusement pas le supporter plus longtemps, alors je me retournai afin de me placer sur le côté, dos à lui, le laissant seul avec ses sentiments.
Au bout de quelques minutes, je sentis qu'il déposa la couverture sur mon corps. Il s'approcha doucement pour coller son torse contre moi. Après m'avoir embrassé dans la nuque, il s'endormit sans attendre.
– Merci Lou, chuchota-t-il d'une voix faible.
Qu'avais-je fait ? Je m'étais promis de ne pas recommencer...
Après avoir attendu une quinzaine de minutes que son souffle se fasse de plus en plus lent, je ramassai mes vêtements et me rhabillai dans le salon. Je saisis ma veste, l'enfilai et quittai l'appartement en prenant soin de ne pas claquer la porte trop fort afin de ne pas le réveiller après mon départ en douce.
Pauvre idiote ! Pourquoi avais-je recommencé ?
Non pas que je le faisais contre ma volonté. Baptiste était un garçon tendre, attentionné, sensible et absolument charmant. Physiquement, il était plus que désirable. Je dirai même divin. Mais cette situation, cette relation, n'était clairement pas saine. Moralement, il était tout ce dont une fille pouvait rêver. Il faisait attention aux détails, il avait de l'amour à revendre, mais il n'était pas pour moi. Il fallait absolument que j'arrête de penser, que je mette mon cerveau et mon cœur sur pause...
J'affrontai donc le froid qui s'était installé en ce début du mois d'octobre. J'enfilai aussitôt mes écouteurs sur mes oreilles, et après un rapide coup d'œil à mon téléphone. À ce moment-là, je me rendis compte qu'il était déjà vingt-trois heures passées, et que ma sœur m'avait envoyé une dizaine de messages pour s'assurer que j'allais bien.
Non Luce je ne vais pas bien, j'ai mal, si mal. Je n'arrive pas à sourire, je n'arrive pas à oublier, je n'arrive tout simplement plus à vivre...
À la place je décidai qu'un simple "Je vais bien, j'arrive" suffisait. Je marchai donc dans les rues frigides et silencieuses comme l'était mon cœur depuis des mois...
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Coucou mes petits lecteurs,
Voici le second chapitre :)
J'essaie de vous glisser des indices sur notre Lilou, sur son passé, sur sa vie, sur ses relations. J'espère ne pas vous perdre et que ça vous plaît !
N'hésitez pas à me donner vos avis.
Un merci particulier à deux folles : Minikiwizz et DeepHarmony pour leurs commentaires adorables !
Bisous bisous
L.
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