Chapitre 1 - Partie 1

Plus que cent cinquante-cinq jours de classe. Voilà comment commençait chaque matin : je décomptais à chaque réveil le nombre de jours qu'il me restait avant la fin de l'année. 

Malheureusement, nous n'avions repris que depuis un mois. Un long mois. Un mois de torture permanente. Je n'étais pas le genre de fille qui détestait l'école au contraire, j'adorais l'école. D'autant plus que j'avais déjà une idée de ce que je voulais faire plus tard et que je travaillais dans le but d'atteindre mon objectif. Mais depuis quelque temps, je m'étais mise à détester ce lieu. Devoir me lever tôt, devoir me préparer en vitesse, arriver en retard, ne plus suivre en classe, supporter tous ces gens, revivre tous ces souvenirs, supporter le regard des autres, le voir lui...

– Lilou-Ann, il te reste dix minutes avant de partir, tu veux déjeuner ? cria Lucilia depuis la cuisine.

– Nope, j'achèterai quelque chose en chemin, merci ! répondis-je en arrivant auprès d'elle.

– Les parents vont hurler en te voyant manger n'importe quoi ! me rappela ma grande soeur.

Elle était, comme à sa grande habitude, en train de nous préparer le petit déjeuner. Elle adorait cuisiner en se déhanchant sur de la musique.

– Non, car tu ne leur diras rien, Luce ! 

Lucilia était une grande sœur très aimante et veillait à prendre soin de nous, car mes parents étaient souvent en déplacements. En effet, ma mère était ingénieure dans une boîte d'aéronautique et mon père était pilote de ligne long-courrier. Alors, autant dire que je ne les voyais que très peu. Et en plus, pour pallier leurs nombreuses absences, ils nous surcouvaient. C'étaient des parents aimants même si mon adolescence et leur éloignement avaient fini par avoir raison de notre complicité. 

– Luce, je file, à ce soir !

Sans rien ajouter, j'enfilai rapidement mon manteau et pris mon sac à dos. Un dernier coup d'oeil par dessus mon épaule et je claquai la porte de ma demeure.

Après un bref arrêt à la boulangerie du coin, je me dirigeai vers le lycée tout en envoyant mes éternels messages du matin. Le premier était destiné à Chloé afin de la prévenir que "Je serai sûrement en retard". Puis, le deuxième pour Laurianne, ma petite sœur de quatre ans ma cadette, lui souhaitant une "Bonne journée". Enfin, le dernier et comme toujours, s'adressait à Zac pour simplement lui écrire "Plus que tout" ; trois mots qui comptaient par-dessus tout...

Étonnamment, j'arrivai devant mon lycée après cinq bonnes minutes de marche rapide et vis que je n'étais pas en retard. Ce qui me surprit quelque peu, puisque ce n'était plus dans mes habitudes.

À peine avais-je mis un pied dans ce satané bahut que j'entendis mon prénom. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qui m'appelait lorsque je vis de longues boucles brunes ainsi qu'un joli regard vert clair arriver vers moi.

– Lilou-Ann, viens vite, il faut que je te parle, dit Leïla en me tirant par le bras. 

Comme toujours, elle était agitée. C'était quelqu'un qui prenait les choses très à coeur et se laissait gagner par ses émotions.

– Je suis dans la merde, Lilou, je sais pas lequel choisir. Arthur est à tomber, mais c'est parfois un vrai con, alors que Timothé est super avec moi sans pour autant réussir à me faire vibrer. Je ne sais pas si tu comprends... 

Oh que si, ma chère Leïla, et bien plus que quiconque.

– Leïla, ne te prends pas la tête, et vis au jour le jour. Tu ne sais pas de quoi demain peut être fait. Et si la situation ne leur plaît pas, ils n'ont qu'à partir. 

– Oui, mais... elle marqua une courte pause, perdue dans ses pensées. Non, tu as raison, je vais voir. Je finirai bien par me décider.

Elle m'embrassa la joue pour me remercier de l'avoir écoutée et me ramena au centre de la cour. Au loin, je vis Chloé approcher main dans la main avec Axel. D'ailleurs, celui-ci me fixait sans sourciller. Honnêtement, je ne le connaissais pas bien. Il était arrivé en fin d'année, avait redoublé, mais semblait cependant être un type bien pour elle. Cela faisait à peine trois mois qu'elle était avec ce garçon, et pourtant elle était tout le temps collée à lui.

– Axel, pince-moi s'il te plaît, je crois que je rêve là.  

Chloé se tourna alors vers moi avec un petit sourire aux lèvres.

– J'ai du mal à croire que tu sois à l'heure, Lilou-Ann. Ta sœur t'a poussée de ton lit ? 

– Très drôle, Chloé ! Contrairement à toi, je n'ai besoin de personne pour me réveiller ! rétorquai-je.

Je savais qu'elle ne se levait que lorsque sa mère avait préparé son petit-déjeuner, et seulement s'il était prêt. Elle ne pouvait malheureusement pas me tacler sur ce sujet-là.

– Je te taquine Lilou. Honnêtement, ça me fait plaisir de te voir à l'heure, ça me rappelle de bons souvenirs. 

Peut-être pour toi...

Mais au lieu d'énoncer mon commentaire à voix haute, je préférais esquisser un semblant de sourire. Au même moment, la sonnerie retentit. Je sortis donc de mes pensées et mon regard se porta sur l'entrée du lycée. Il était là, entouré de filles, comme à son habitude.

– Connard, soufflai-je entre mes dents.

– Tu sais que ce n'est pas en regardant et en insultant Vincent que ça le fera disparaître, murmura Chloé à mon oreille.

Je préférai ne pas m'attarder sur sa remarque j'étais déjà bien assez agacée. Je me frayai donc un chemin vers ma classe et pris place au fond. Le cours de philo, ce cours que je haïssais tant. Je n'avais certainement pas besoin d'un professeur pour me poser des questions existentielles sur la vie, et encore moins quand cela faisait appel à des souvenirs désagréables.

– Ce n'est pas ta place, tu devrais le savoir ! 

Je n'avais pas besoin de lever les yeux pour voir qui avait pu me tirer de mes songes.

– T'es sourde Lilou-Ann ? siffla celui que je ne connaissais que trop bien.

Non, et dieu sait que je rêverais tant l'être en cet instant dans le seul but de ne plus t'entendre.


Flashback – Fin sept 2013
– Ce n'est pas ta place, tu devrais le savoir ! 

– Pardon, mais qui es-tu pour me dire où je devrais m'asseoir ? 

Je vis ce garçon se décomposer. Ça faisait à peine un mois que l'école avait repris et il était hors de question de me faire marcher sur les pieds par un mec.
 

– J'aime les filles qui ont du répondant, par contre, je t'assure que si tu dégages pas de ma place ça va pas bien se passer entre nous ! 

– Va en chercher une autre, vu que je suis assise là ! lâchai-je, le regard plongé durement dans le sien.

– Monsieur Leroy, veuillez vous asseoir s'il vous plaît ! déclara le prof d'anglais tandis que j'arborai mon plus grand sourire face au grand blond qui se tenait toujours devant moi.

Au bout de quelques minutes, je le vis se retourner, s'installer trois chaises plus loin, accompagné de deux poufiasses et de trois autres garçons...
Fin du flashback


Je n'avais toujours pas levé les yeux, et pourtant, j'imaginais très bien son visage ainsi que la posture qu'il avait en ce moment même ; le regard sombre posé sur mon visage, sa bouche déformée par la colère, les mains dans les poches de son jean délavé, sa veste en cuir noire, ses cheveux blonds en bataille. Mais peu importait, je ne comptais pas céder à sa demande.

– Autant avant, c'était charmant et ça marchait, maintenant ce n'est clairement plus le cas ! dit Vincent en me saisissant le bras me forçant à me lever.

– Va te faire foutre Vincent ! hurlai-je en le poussant.

– Mademoiselle Morel sortez immédiatement ! s'exclama le professeur, observateur de la scène.

La colère s'empara de moi sans que je ne puisse la maîtriser, et je balançai tout ce qui se trouvait sous ma main avant de sortir de la classe en claquant violemment la porte.

Je fis quelques pas et m'arrêtai pour me laisser glisser le long du mur. J'avais de nouveau craqué, aucune larme, juste cette colère enfouie si profondément.

– Lilou ? 

Je tournai la tête pour voir qui m'avait appelée. Chloé se tenait là, devant moi, sans même oser m'approcher.

– Je ne sais pas quoi faire pour t'aider Lilou, je me sens tellement impuissante...

Que devrais-je dire Chloé, si seulement tu pouvais comprendre à quel point j'ai mal...

_______________________
Bonjour mes petits lecteurs,
Voici le premier chapitre de Reborn without you et je suis si impatiente (et très stressée) d'avoir vos avis.

Je vous écoute :) Des suppositions ? Des remarques ?

J'en profite pour remercier Zaheis, weeknoi pour la correction de ce chapitre. Un merci tout particulier à Arwen_stories qui m'a conseillée, soutenue, corrigée et supportée pour cette histoire 🖤.

Bisous, bisous ! À très vite,
L.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top