Addiction

Heyaa ici #Drac' !
Ouuf ça fais des années j'ai l'impression- c'est un peu compliqué d'écrire en ce moment, mais ça m'avait manqué honnêtement uwu.
J'ai dû m'arrêter là pour cet os parce qu'il devenait trop long, mais je vais sûrement poster la suite un sur mon compte perso, so stay tuned~
Bon ce texte à un bon quota de angst et parole de sujet assez dur (Tw prostitution et viol) donc faîtes attention à vous OK ?
Faîtes pas gaffe à la musique sinon, je l'ai eu h24 dans la tête en écrivant ce texte-
Sinon bonne lecture, faites attention à vous~




Ôgai Mori était un homme profondément calculateur. S'il voulait une chose, s'il en avait besoin, alors il mettait tous les moyens à sa disposition en œuvre pour y parvenir. C'était cet instinct de survie très particulier qui lui avait permis de survivre depuis toujours, même quand il s'était retrouvé très jeune livré à lui-même. Pendant un moment, il n'avait pu compter que sur ses acquis pour survivre : son esprit, son intelligence, ses capacités d'adaptation… Tout cela lui avait servi de ressources essentielles pour s'en sortir. Et son propre corps n'était pas bien différent. 

Il avait compris très jeune l'importance que les gens pouvaient apporter à son corps et à son visage. Son physique avait commencé à attirer les regards dès son jeune âge. Et les gens étaient étonnement prêts à faire pas mal de choses pour se l'approprier un instant. 

Alors quand il n'avait plus eu d'autres solutions, il avait commencé à s'en servir.

"Si tu veux te faire une place en ce monde, utilise absolument tout ce qui pourra t'être utile". C'était ce qu'on lui avait appris, alors c'est ce qu'il avait fait. Peut-être que la misère avait fini par lui faire peur, en fin de compte.

Il n'aurait jamais imaginé que le sexe puisse avoir un tel pouvoir sur les gens. Il lui suffisait littéralement de se déshabiller pour obtenir ce qu'il voulait d'une bonne majorité de cibles faciles. 

Que ce soit avant ou après la Mafia, ce talent l'avait presque toujours tiré d'affaires. Peut-être y avait-il d'autres moyens, moins risqués ou mieux considérés, seulement il ne connaissait que celui-là.

Durant une bonne partie de sa vie, il s'était ainsi prostitué à son entourage pour se garantir une condition stable. Multiplier les partenaires sexuels ne l'avait jamais dérangé plus que ça, si bien que beaucoup avaient déjà pu profiter de ses services. Même l'ancien boss, quand sa santé n'était pas encore trop mauvaise, avait fait de lui sa chose. Et il s'était toujours laissé faire. De toute façon, valait-il vraiment mieux que ça ? 

Une fois à la tête de la Mafia, il avait cru que tout cela finirait. Il s'était lourdement trompé. 

Il avait toujours couché pour ses propres intérêts. Maintenant, c'était les intérêts de la mafia qu'il devait défendre. En pensant enfin se libérer, il n'avait fait que se trouver de nouvelles chaînes pour le retenir.

L'argent, les armes, les autorisations du gouvernement… Toutes ces choses étaient essentielles à la survie de l'organisation, déjà bien affectée par les actions irresponsables de l'ancien boss. Et pour les obtenir, il n'avait pas toujours le choix.

Au fil du temps, il avait appris. Appris comment se comporter, quels gestes faire, quels bruits s'autoriser… Il savait toujours exactement quoi faire pour rendre les gens dont il avait besoin bien plus coopératifs. Et malheureusement pour lui, toutes ces compétences allaient lui être utiles pendant un très long moment.

Officiellement, il était Ôgai Mori, parrain de la terrible Mafia portuaire, qui inspirait à tous un respect fortement tenté de crainte. Dans l'ombre, ses activités secondaires n'étaient pas un secret pour la plupart des grands dirigeants. 

Pendant un moment, c'est à ça que son existence s'était résumée. Le sexe, et les intérêts qu'il pouvait en tirer. Étonnement, il était rare que ses cibles refusent ce genre de transactions. Peut-être tiraient-elles une sorte de satisfaction perverse à pouvoir bénéficier du corps du parrain le plus influent de la pègre. Mori n'en savait rien, et très franchement, il ne voulait pas savoir. C'était déjà suffisamment pénible pour lui comme ça.

Les gens pouvaient bien le traiter de traînée ou d'arriviste, tout ça ne changerait pas. S'il avait pu tout arrêter, il l'aurait fait depuis longtemps. Seulement, il n'avait pas d'autre choix. S'il ne prenait pas les choses en main pour garantir un futur à la mafia, qui le ferait ? La ville ne pourrait pas subsister sans eux.

Il n'aimait pas faire ça. Parfois, il ne se reconnaissait pas dans le miroir. Tous ces masques qu'il enfilait pour plaire cachaient son vrai visage.

Rien de ce qu'il faisait n'était simple. Les gens de qui il devait se rapprocher n'étaient pas tous inoffensifs. Les autres hommes avaient toujours été violents avec lui. Quelque part, cela ne lui faisait plus grand chose. La plupart du temps, il se contentait de laisser les choses se passer, tout en sachant que la Mafia finirait par s'occuper de leur cas un jour ou l'autre. 

Ce sexe là ne lui avait jamais apporté de plaisir particulier. C'était leurs éventuels alliés qui devaient être satisfaits, pas lui. Il gardait de vagues souvenirs d'extase brumeux certains soirs où il avait un peu trop bu pour se donner contenance, mais rien de plus. 

Mais à force de coucher sans désir ni volonté, quelque chose en lui avait fini par changer sans qu'il ne s'en rende compte. 

Heureusement, après plusieurs mois, la situation avait fini par se stabiliser. La mafia avait suffisamment récupéré de sa puissance passée, alors les transactions s'étaient faites plus rares. Pendant un temps, il s'était senti profondément soulagé. Et puis tout a commencé.

Il n'avait plus besoin de faire tout ça. Et pourtant, au fil du temps, il avait commencé à en éprouver la nécessité. Comme si après toutes ces années à vendre son corps, le sexe lui était devenu indispensable. S'il ne couchait avec personne, il ressentait un profond malaise, comme une sorte de nausée qui refusait de le lâcher. Une voix dans sa tête qui lui murmurait sans cesse d'y retourner, qu'il devait continuer parce qu'il n'avait rien d'autre et que sans ça il cesserait d'exister. Malgré toute la volonté du monde, il finissait toujours par céder.

Au fil du temps, il s'était accommodé à ses pulsions. Quand il avait compris qu'il ne pouvait rien y faire, il s'était plus ou moins résigné. À quoi bon lutter, de toute façon ? Mais il avait toujours été un homme organisé. Quitte à ce que toute sa vie soit un chaos complet, autant essayer d'y ajouter un peu d'organisation. 

Il continuait à jouer son rôle au sein de la mafia à la perfection. Mori pensait pouvoir affirmer sans prétention que son travail portait parfaitement ses fruits. Leur organisation ne s'était jamais aussi bien portée. Cependant, seule une poignée de gens savaient ce qui se cachait réellement derrière les sourires de façade du parrain, quand il en avait fini de ses responsabilités professionnelles.

Trouver des coups d'un soir était moins compliqué que ce que l'on pouvait penser. Il lui suffisait d'aller dans n'importe quel bar pour trouver de quoi le satisfaire. Il n'était pas très regardant non plus, en général. Et encore une fois, il savait très bien quoi faire pour plaire. Apparemment, l'âge n'avait pas d'emprise sur lui. Quelque part, ce don avait des airs de malédiction.

Maintenant, la plupart de ses nuits se résumaient à ça. Des relations sexuelles fades dans un brouillard permanent. Arrivé à ce point, il ne savait même plus s'il était vraiment consentant. Il laissait les choses se faire, c'est tout. Ce défilé constant d'hommes autour de lui lui donnait la nausée. 

Mais malgré tout, comme à chaque fois, il y retournerait. Peu importe avec qui. Il ne savait même plus pourquoi il faisait ça. Il avait beau savoir que tout ça ne lui apportait rien, il continuait toujours d'enchaîner les conquêtes. Ça pouvait être des hommes plus vieux, mariés, possessifs, avec des fantasmes étranges, ou même violents, car il y en avait eu. Et pourtant il continuait de s'abîmer et de se détruire sur toutes ses relations vaines et troublées. Encore et encore, inlassablement, comme un disque rouillé. Et personne ne devait voir le désordre en lui. Le masque ne devait jamais tomber.

Il n'en avait aucune envie, mais il en ressentait le besoin. 

Ôgai Mori n'aurait jamais pensé développer une addiction. Pour lui, ce genre de chose n'arrivait qu'aux faibles et aux désespérés  Et pourtant, qu'il le veuille ou non, il avait bel et bien développé une addiction au sexe.

Et pour l'instant, il était bien loin d'imaginer tous les problèmes supplémentaires que cela allait lui apporter, au sein de son couple.


********

Fukuzawa Yukichi était un homme fidèle. Quand il tenait vraiment à une chose, il pouvait s'y raccrocher jusqu'au bout avec une foi inébranlable, peu importent les difficultés qu'il pouvait rencontrer sur son chemin. Pour lui, la confiance et la fidélité étaient deux choses primordiales dans une relation. Seulement, il n'était pas certain de pouvoir en dire autant de son partenaire. 

Depuis un moment déjà, il avait un doute. Au début, il avait tenté de ne pas y prêter attention, de passer outre. Après tout, il était un homme adulte maintenant. Il était trop vieux pour ce genre de bêtises. Mais au fur et à mesure, inexorablement, le doute avait fini par s'installer dans sa relation avec Mori. 

Bien sûr, quand on sortait avec le parrain de la Mafia, ce genre de choses était monnaie courante. Il ne pouvait pas être au courant de tout ce que son homme faisait en dehors de leurs vies privées. Seulement…

Tout avait fini par lui sembler suspect. Des numéros étranges sur son téléphone, de longues absences qu'il ne justifiait jamais, des marques sur son corps dont le gris n'était définitivement pas responsable… Et tous ces signes inquiétants n'avaient fait qu'empirer, jusqu'à ce que ses doutes se changent en certitude.

À présent, Fukuzawa Yukichi était intimement persuadé qu'Ôgai Mori le trompait.

Évidemment, leur relation avait toujours été un peu compliquée. Elle l'avait été au temps de leur jeunesse, quand ils étaient encore deux jeunes hommes sans trop de responsabilités. Quand ils s'étaient remis ensemble quelques mois auparavant, l'argenté avait naïvement pensé que les choses seraient différentes cette fois, maintenant qu'ils avaient grandi et mûri. Il s'était trompé.

Leur relation n'était pas vraiment banale. En même temps, venant des deux hommes les plus puissants et influents de la ville, à quoi pouvait-on s'attendre ? Seulement, il aurait voulu que les choses soient plus simples. 

Il ne savait pas vraiment quoi faire. Avait-il essayé de le confronter ? L'autre ne cachait pas vraiment ses infidélités, en même temps. En avait-il réellement honte, ou était-ce une sorte de défi à son attention ? Il savait à quel point le brun pouvait se montrer imprévisible parfois. Honnêtement, il avait du mal à le comprendre.

Il l'aimait, indéniablement. Mais il ne savait pas comment répondre à ça. Ils passaient de bons moments ensemble, du moins quand ils se voyaient. Et au fond de lui, il sentait que ce sentiment était réciproque. 

Il ne voulait pas le perdre. Il était certes en colère, mais pas assez pour tout laisser tomber. 

Alors, pour tromper ses doutes, il se contentait d'attendre. Un geste, un signe, quoi que ce soit qui lui permette enfin de se confronter à lui. Dans son esprit, c'était la seule chose à faire.

Il ne se doutait pas une seule seconde qu'un jour, il en aurait assez d'attendre.


**********

Une sensation de chaleur insupportable. Mori avait l'impression d'étouffer. Sa chambre était si sombre et brûlante qu'il avait du mal à la reconnaître. Sa tête tournait violemment. Pris de vertiges, il se sentit vaciller, et il tomba lourdement sur son propre lit. Il essaya de se remettre debout, mais des liens solides le retenaient maintenant contre le matelas. La panique commençait à s'immiscer lentement en lui, comme une serpent autour de sa proie, alors qu'il se débattait de toutes ses forces pour arracher les liens qui lui brûlaient la peau. C'est alors qu'il entendit un rire retentir au-dessus de sa tête. Un rire profondément cruel et malsain, qu'il n'avait plus entendu depuis des années, et qui le paralysa de terreur. La figure de l'ancien boss lui apparut, identique au jour où il s'était enfin vengé de lui. Ses yeux écarquillés et monstrueux le regardaient comme un prédateur regarde une proie. Tremblant de tous ces membres, il essaya de reculer, de s'éloigner de ce monstre, mais il était complètement paralysé. Haletant, il ne pouvait que regarder sa main aux ongles semblables à des griffes de loup venir se poser sur le haut de son crâne et l'attraper par les cheveux pour l'attirer à lui, alors qu'il murmurait d'une voix grinçante :

-Ôgai~

*****

C'est à ce moment précis que Mori se réveilla en sursaut, le souffle court et en sueur, alors que quelqu'un lui secouait doucement l'épaule. 

-Hé, est-ce que tout va bien ?

Luttant contre la nausée qui le prit soudain à la gorge, il se redressa maladroitement, le cœur battant, et jeta un coup d'œil rapide à ce qui l'entourait. Il reconnaissait bien cette chambre d'hôtel. À ce constat, un soupir soulagé lui échappa. Ce n'était qu'un cauchemar, rien de plus. Ni le premier, ni le dernier.

L'air légèrement absent, il se retourna vers l'homme derrière lui, tout en essayant de se rappeler "c'était lequel hier soir, déjà ?". Ha oui, c'est vrai. Taneda. 

Assis de l'autre côté du lit, le politicien le regardait d'un air mi-inquiet mi-confus, sans avoir l'air de trop savoir quoi dire. Il s'était déjà rhabillé, mais pour une raison inconnue, il n'était pas encore parti. C'est vrai que leur relation avait toujours été un peu compliquée. 

En général, Mori ne revoyait jamais ses partenaires plus d'une fois. C'était sa façon à lui de faciliter les choses. Mais avec Taneda, les choses étaient différentes. La mafia était toujours preneuse pour obtenir des arrangements avantageux de la part du gouvernement. Et à cause de ça, leur " petit arrangement" c'était transformé en une série de rendez-vous étonnement ponctuels. 

Mori soupira de nouveau, cette fois avec une profonde lassitude. Il était tout simplement épuisé. Avec tout ça, il n'avait pas vraiment le temps de se reposer, et encore moins de dormir. C'est vraiment en se réveillant le matin qu'il se rendait compte d'à quel point il se sentait à bout. Il avait constamment une mine épouvantable et d'horribles courbatures, si bien que dès que Kôyô le voyait, elle ne pouvait s'empêcher de lui passer un sermon.  Actuellement, il aurait tué pour être capable de dormir paisiblement pendant ne serait-ce que quelques heures. 

En se frottant les yeux du plat de la main, il demanda d'une voix cassée :

-Quelle heure il est ?

-Presque 10h.

À ces mots, il eut un soudain regain d'énergie. Déjà si tard ? Il était censé aller prendre le thé chez Kôyô dans une demi-heure pour discuter d'une prochaine l'opération contre un gang rival. Il ne voulait pas avoir à répondre à ses questions s'il arrivait en retard.

Rapidement, il commença à se rhabiller, tout en essayant de ne pas penser au fait qu'il détestait porter les mêmes vêtements deux fois de suite. Il se changerait chez lui. 

-Pourquoi ne m'as tu pas réveillé plus tôt ? 

-Tu avais l'air d'avoir cruellement besoin de dormir, je n'ai tout simplement pas osé. 

Le brun émit un léger bruit d'agacement.

-Je t'en prie. Cesse de prétendre de t'inquiéter pour moi.

Taneda soupira à son tour, en passant une main sur son crâne d'un air gêné. Honnêtement, même après autant d'années, il avait toujours autant de mal à le cerner. 

-Mori, s'il te plaît- ne sois pas toujours comme ça.

Alors qu'il enfilait sa chemise, le brun lui lança un regard profondément ironique.

-Parce qu'en plus tu voudrais que je sois gentil avec toi ? Je t'ai déjà donné ce que tu voulais, non ? 

Cette remarque fit taire le chauve pendant un instant. Il avait raison sur ce point. À chaque fois qu'ils s'étaient vu, Mori n'avait jamais manqué de tenir ses engagements envers lui. Mais au fil des années, il commençait sérieusement à douter que le plaisir soit partagé des deux côtés. Le parrain était toujours si… Étrange, à ses yeux. La nuit, il semblait toujours être quelqu'un d'autre, comme plongé dans un état second. Mais dès que le jour se levait, il redevenait l'homme cynique et calculateur qu'il avait toujours connu. 

Il savait bien qu'il n'était pas le seul à coucher avec lui. Quelque chose n'était pas normal et il le sentait. Il n'y avait rien de mal à avoir une sexualité libérée, mais à ce point là… 

-Tu sais… Il reprit d'une voix mal à l'aise. Je ne prétends rien du tout. Je suis réellement inquiet pour toi. Tous ces hommes que tu vois..  Je sais bien ce que certains d'entre eux te font. Ce n'est pas-

Il n'oublierait jamais le regard que lui lança Mori à ce moment précis. Rien d'autre qu'une profonde rancœur, qui pouvait à peine camoufler la peine dans ses yeux. Sans cesser de le dévisager, il demanda d'une voix lente :

-Ho, parce que tu n'en as jamais profité, toi aussi ?

C'est à ce moment-là que Taneda se rendit compte de l'absurdité de sa situation. Il avait beau argumenter autant qu'il le voulait, les choses étaient ce qu'elles étaient : finalement, il ne valait pas mieux qu'eux.

Mori se leva et ramassa son manteau avant de l'enfiler. Sans le regarder, il lui lança :

-Alors c'est entendu ? La mafia va avoir des comptes à régler la semaine prochaine sur les docks. La présence de la police sur la zone n'est pas souhaitée.

-... Oui, bien sûr.

-Bien.

Mori se tut, puis commença à s'éloigner. Taneda allait-il vraiment le laisser partir comme ça ? Apparemment. Que pouvait-il ajouter, de toute façon ?

Mais au moment où le brun s'apprêtait à quitter la chambre, l'autre lui demanda :

-Et Fukuzawa ?

Silence. Finalement, il lui jeta d'une voix glaciale.

-Ça ne te concerne pas.

Sans lui jeter un regard, il quitta la chambre. 

Taneda resta comme ça un moment, figé. Puis, lentement, il enfouit son visage dans ses mains.

Taneda n'était pas un homme mauvais. Comme un bon nombre de gens, il avait des devoirs, des intérêts personnels, des choses à accomplir pour les autres, ou pour lui-même. C'était sûrement la chose qui le différenciait de Mori. Il n'avait pas encore abandonné sa propre volonté. 

Il n'avait jamais vu où était le mal dans ce qu'il faisait avec le parrain. Pour lui, tout ça n'avait jamais été qu'une suite de transactions qui leur était mutuellement profitable. Il ne devait aucun respect particulier au parrain de la Mafia, après tout.  

Il ne se sentait ni coupable, ni responsable.

Seulement dans ce cas, quel était cet horrible sentiment qui lui déchirait la poitrine ?


***************


En appuyant sa tête contre le mur, Fukuzawa soupira longuement, détendu. Il avait rarement le temps de décompresser comme ça.

Honnêtement, la semaine passée avait été difficile. L'agence avait eu une série d'attentats à la bombe particulièrement violents à gérer dans toute la ville, et il avait dû rester sur les lieux en permanence sans vraiment avoir le temps de dormir où de souffler. Il avait été plus qu'heureux de rentrer enfin chez lui et de retrouver son homme.

Pour une fois parfaitement serein, il laissa paresseusement son regard dériver dans la chambre. Il était fatigué, mais pas encore suffisamment pour se coucher à quatorze heures. Les rideaux entrouverts dont s'échappaient la lumière chaude de l'après-midi, la commode à côté de son lit… Pour arriver jusqu'à Mori, qui dormait la tête posée sur ses genoux.

Ce constat le soulagea inconsciemment. Faire dormir son partenaire avait toujours été un problème. L'autre ne prenait clairement pas assez de sommeil, et il avait toujours énormément de mal à se sentir suffisamment détendu pour se laisser être vulnérable. Le fait que la présence du gris à ces côté ai l'air de contribuer à cette tâche me rendait extrêmement heureux intérieurement. Le brun avait fini par s'effondrer sur ses jambes après un moment, et il n'osait pas bouger de peur de le réveiller depuis.

Pensif, il observa son visage détendu, et son torse qui se soulevait et s'abaissait lentement à un rythme régulier. N'empêche, pour s'endormir comme ça en plein après-midi, il ne devait vraiment pas avoir beaucoup dormi durant son absence. Une série de question lui venaient à l'esprit maintenant. Mangeait-il correctement quand il n'était pas là ? Il lui semblait toujours tellement mince. C'était si dur de savoir, avec lui…

Il fut soudain tiré de ses pensées par une vibration particulièrement insistante près de lui. Il tourna la tête, cherchant la source du bruit, et se rendit compte que le portable de Mori sonnait. Avec ce bruit, il allait se réveiller à coup sûr.

Sans réfléchir, il saisit l'appareil et ignora l'appel. Si c'était vraiment important, la personne rappellerai. Faire en sorte que son partenaire puisse avoir au moins deux heures de sommeil aujourd'hui était sa priorité.

Le numéro avait pour nom de contact deux initiales qu'il ne reconnaissait pas. Il trouva ça étrange, mais ne s'en formalisa pas vraiment. C'est à ce moment là qu'il pris conscience d'une chose.

Il tenait dans ses main le portable déverrouillé de Mori. C'est précisément à cet instant que la chose qui avait occupé ses pensées si longtemps décida de se manifester à nouveau : le doute.

C'était tellement simple. S'il voulait se débarrasser de ce sentiment, aller au fond des choses, il n'avait qu'une seule chose à faire. Mori était endormi, il ne s'en rendrait même mas compte. Il lui suffisait d'un geste. Personne n'en saurait jamais rien.

Une bataille acharnée se livrait actuellement dans son esprit : ses doutes contre ses sentiments pour lui.

"Il n'y a pas à hésiter, juste fais le."

"Non, je ne peux pas trahir sa confiance de cette façon, se serait terrible."

"N'as-tu pas déjà l'impression qu'il trahit ta confiance en ce moment ? Tu ne sais rien de ce qu'il fait dans ton dos. Avec ça au moins, tu en aura le coeur net."

"Je ne peux pas l'espionner comme ça, nous sommes un couple, je devrais avoir confiance en lui !"

"Et pourquoi n'est-ce pas le cas, d'après toi ? Fait-le et tu en aura le coeur net."

"Mais je l'aime !"

Alors qu'il était paralysée par cette décision à prendre, la notification d'un nouveau message s'afficha sur l'écran.

De : K.A
La nuit dernière était incroyable. Va-t-on se revoir ?

Le coeur de Fukuzawa rata un battement. Peut-être même qu'il se brisa, en fait. À ce niveau là, le doute venait de mourir, pour renaître en une certitude implacable. Il ne savait pas trop comment nommer ce sentiment.

Avant qu'il ne puisse réagir, quelqu'un lui pris le téléphone des mains. C'était Mori, qui le regardait maintenant les yeux grands ouverts. Il avait fini par se réveiller, en fin de compte.

Il se releva et s'assit à son tour. Les deux hommes se dévisageaient en silence. Puis soudain, le brun lui sourit. Un sourire si étrange que l'esprit de l'argenté buta dessus sans réussir à le déchiffrer.

Dans un silence le plus complet, le parrain se leva, son téléphone en main, et quitta la pièce sans rien ajouter. 

Fukuzawa resta un moment assi sur le lit, parfaitement immobile, essayant d'assimiler tout ce qu'il venait de vivre. Et c'est à ce moment là qu'il réussi à interpréter le sourire que Mori lui avait lançé :

"C'est ainsi que sont les choses. Tu ne me changera pas."

"Pardonne moi"














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