~ Chapitre 23 ~ 3/3
- Ruby ?
- Mmmh !
- Mon ange, réveille-toi.
Mes paupières papillonnent doucement, frotte mon nez contre quelque chose de doux sous ma peau.
- J'ai l'air confortable, murmure Isaac.
Je relève soudain le nez et m'aperçois que je me suis endormie contre lui, ce n'était pas tout à fait la vérité. Je me suis endormie de mon côté de la banquette, j'ai juste un peu bougé pendant que je dormais, juste un petit peu.
Ça peut arriver au meilleur d'entre-nous, ne me jugez pas, ok !
Je replonge dans son odeur corporelle pour me rendormir, car oui j'aime son odeur même si nous avions fait l'amour juste avant. C'est encore plus enivrant, une fois de plus ne me jugez pas. Mais je m'aperçois que la voiture ne bouge plus.
- Tu me fais penser à un chaton, sourit mon compagnon.
Je mords le bout de peau qui me passe sous les dents, qui s'évère être son épaule.
Simple vengeance, n'allait pas croire que je suis devenu cannibale pendant mon sommeil.
- Un chaton sauvage, se reprend-t-il en frottant ma morsure.
J'étire mes muscles endoloris en souriant, l'homme qui m'accompagne crochète ses doigts contre mes joues tenant fermement mon visage et m'embrasse sauvagement. Ce baiser n'a rien de doux, il est possessif et conquérant.
Monsieur Sullivan souhaite remettre les pendules à l'heure et montrer qui porte la culotte, mais je ne suis pas n'importe qui et je n'obéis pas aussi facilement, il le sait.
Je mords sa lèvre au sang, un son guttural sort de sa poitrine et il redouble d'ardeur avec sa langue avide, refermant sa prise autour de ma mâchoire à la limite de la douleur. Je me fais plus douce et accompagne sa langue dans une danse lente et sensuelle.
J'abdique pour cette fois.
Isaac s'en rend compte et grogne en accord avec mon choix, il mord doucement ma lèvre avant de me relâcher. Sa bouche est gonflée, humide et saigne légèrement. Quant à ses yeux, ils ont gardé leur couleur d'un bleu ardent qui perce la semi-obscurité. Je regarde autour de moi à la recherche de la moindre indication sur notre localisation. Nous sommes arrêtés devant le panneau à l'entrée de la ville Goodsprings.
Nous y étions, c'était le moment.
- Je te laisse le volant, dit-il avant de claquer un baiser sur mes lèvres et sortir du véhicule pour faire le tour.
- Nous y sommes, murmurai-je pour moi-même.
- On y va à ton rythme, annonce Isaac en refermant la portière.
Pour ça, il fallait que je me rappel du chemin à prendre qui ne tarda pas à revenir malgré les années. Je démarre et avance doucement sur la chaussée.
En ce début de soirée, un vent frais caresse mon visage échauffé. Les habitants étaient dehors et profiter de la fraîcheur de la soirée eux aussi après une journée caniculaire. Certains d'entre eux préparer leur barbecue pour une soirée sympa entre amis où en famille. D'autre promener leurs chiens, certains parents étaient de sortie pour une promenade en famille.
Cette ville avait du passage, ça c'était certain.
Nous continuons d'avancer à travers la population plus qu'effervescente et plutôt fêtarde puis je quitte la grande route principale bordé de maisons cossue pour m'éloigné vers un chemin en terre reculé du reste de la civilisation.
Le chemin était bordé d'immenses arbres feuillus qui cacher la vue aux autochtones un peu trop curieux. Plus j'avancer le véhicule entre les arbres, plus nous sombrions dans le néant.
- Tu es sûr de toi ? demande Isaac.
- Il est trop tard pour reculer de toute manière.
Au bout d'une dizaine de minutes, nous voyons enfin le bout du tunnel. Une étendu verdoyante nous fait face et ça, à perte de vue.
- Tu es sûr que c'est là ?
- J'en suis sûr.
Je braque le volant vers la droite pour me garer et descends du 4x4.
- Ruby, il n'y a rien ici.
- Patience.
J'attrape la main d'Isaac et avance à travers l'herbe haute qui me chatouille les mollets.
- Qu'est-ce que..., commence Isaac.
Au loin commencer à se dessiner une maison, l'illusion se dissiper peu à peu.
- Comment c'est possible ?
- L'illusion.
La maison n'était plus qu'à quelques mètres, d'un jaune pastel ensoleillé entouré d'une barrière blanche, à chaque fenêtre une jardinière bleu dans lequel reposaient de magnifiques fleurs multicolores. Le porche paraissait mieux décoré, une balancelle avait remplacé le vieux hamac ainsi que deux fauteuils à bascule qui paraissait aussi confortable qu'ils en avaient l'air.
Comme dans mes souvenirs de gamine à quelques exceptions près.
Un homme sortit par la porte moustiquaire qui claqua sans son dos. Sa haute silhouette me rappela mon père, sa carrure impressionnante en ferait trembler plus d'un si on ne connaissait pas Ezra.
Ancien SEAL, oblige.
Ses cheveux était maintenant devenu poivre et sel ainsi que sa longue barbe, son visage a prit quelques rides mais rien de très voyant.
Arrivée devant le portique de la barrière, je m'arrête et l'observe, il en fait de même avant que sa bouche s'étire d'un sourire.
Va-t-il se rappeler de moi ?
- Je t'attendais petite ! dit-il de sa voix rauque.
Petite était mon surnom de l'époque.
Il ne m'avait pas oublié.
Putain, il se rappelait de moi !
Je lâche la main d'Isaac et me précipite dans les bras d'Ezra qui m'accueille les bras ouverts. Son rire sonore résonne dans mes tripes et vibre dans les airs, je respire son odeur de tabac froid à plein poumon.
Comme dans mes souvenirs.
- Tu te souviens de moi, sanglotai-je.
- Bien sûr, petite.
Il resserre son étreinte autour de moi, alors que j'agrippe l'arrière de son t-shirt.
- Ezra ? Fait entrer nos invités, dit une voix féminine derrière lui.
Je relève la tête, les yeux embués de larmes et aperçois une femme à la porte qui me sourit tendrement.
- Comment tu savais que j'allais venir ? demandai-je.
- J'ai reçu de la visite il y a quelques jours dans un rêve.
- Maman et papa, murmurai-je.
- Toutes mes condoléances Ruby.
- Merci, ça fait longtemps.
- J'aurais dû garder contact avec ton père. Ils auraient pu...
- Tu n'aurais rien pu faire Ezra, ils t'auraient tué aussi.
- Tu me présentes, petite.
Je me retourne vers Isaac qui n'avait pas bouger d'un pouce et tends la main vers lui.
- Ezra, je te présente Isaac mon ...
- Âme-sœur, dit-il.
- Comment tu ...
- Vos yeux, vous vous êtes avouez vos sentiments.
- Je... euh... oui. Isaac, je te présente Ezra.
- Enchanté, dit Isaac en serrant la main d'Ezra.
- Pareillement, venez entrer.
Nous suivons Ezra à l'intérieur, la décoration à quelque peu changer depuis toutes ses années, plus féminine, plus raffiné et pour cause, Ezra avait une femme maintenant.
- Je vous présente Allie ma femme, ma puce je te présente...
- Ruby, devança sa femme d'une voix douce.
Son instinct maternel lui rappela sa mère, Allie était de taille moyenne, plutôt svelte pour son âge. Ses cheveux noirs relever en queue de cheval haute, habillé d'une robe fleurie, un tablier par-dessus nouer autour de la taille et de sandale argenté. Ses yeux chocolat ne reflètent que douceur et amour.
- Et voici Isaac, mon compagnon, dis-je.
Elle agrippe mes épaules et m'attire vers elle pour un câlin, Allie sent bon la rose. Je ferme les yeux et profite de ce moment presque maternel.
- Maman ! hurle une voix d'enfant depuis l'escalier.
Allie se détache rapidement, sourit et file à l'étage.
- Les enfants, soupire Ezra.
- Tu en as combien ?
- Quatre.
- Oh, je suis contente pour toi.
- Merci, murmure-t-il mal à l'aise.
- Ne soit pas mal à l'aise, tu as fait ta vie, souriais-je.
- Simplement...
- Tu penses que mes parents n'en n'ont pas assez profité et étaler ton bonheur devant moi me rendrait triste ?
Ezra hoche la tête en frottant sa barbe.
- J'ai une petite sœur Pearl, dis-je pour apaiser sa peine.
- Je ne savais pas.
- Oui, elle va avoir treize ans.
- Elle va avoir l'âge de mon aîné.
Aîné !
Ce mot me percute de plein fouet, il a l'âge que j'avais quand j'ai perdu mes parents. Je ne pouvais pas lui demander de sacrifier sa famille pour nous aider.
C'était impensable.
Il devait veiller à la sécurité de sa famille.
Ezra se lève de son fauteuil pour se diriger vers l'armoire qu'il ouvre et sort une enveloppe cachetée qu'il me remet.
- Ta mère m'a donné cette enveloppe à te remettre il y a longtemps.
- Et tu l'as gardé tout ce temps ?
- Bien, sûr je lui ai promis.
Je tourne et retourne l'enveloppe entre mes doigts, caresse du bout des doigts l'écriture calligraphié et soigné de ma mère qui a inscrit mon prénom à la plume.
- A-t-elle donner d'autre précision ? demandai-je.
- Je suis désolé, murmure Ezra.
Allie revient dans la pièce et se dirige vers son mari, dans ses bras un petit paquet remuant enveloppé dans une couverture. Il ne me faut que quelques secondes pour découvrir qu'il s'agit d'un nourrisson.
- Ne le soit pas Ezra, je suis heureuse pour toi vraiment.
- Ils ne s'étaient pas trompés, dit-il alors.
Je le regarde sans comprendre de quoi il parle.
- Ella et Mickaël m'ont dit que tu deviendrais quelqu'un d'important pour nous, dit-il en regardant sa femme et son fils dans ses bras.
Il regarde ensuite mon arme à la cuisse et les cicatrices sur ma peau.
- Tu as l'air de revenir d'un champ de bataille, murmure Allie le regard sur mes jambes.
- Ruby est la meilleur dans son domaine, intervient Isaac.
- C'est grâce à vous que nous sortirons au grand jour.
- D'ici là, renforce la sécurité de cet endroit. Si tu as un lieu reculé où vous mettre à l'abri toi et ta famille pour plusieurs mois ne tarder pas à vous y rendre, je ne sais pas si nous gagnerons cette guerre. Protège les tiens, je ne laisserais pas t'arriver ce que mes parents ont subi, moi vivante jamais ! Vos enfants ont besoin de leurs deux parents en vie.
- Prévoyez des vivres pour longtemps, pas de denrées périssables, les produits de première nécessité, vêtements chauds, couvertures, de quoi occuper les enfants. Pas de technologie, le gouvernement pourrait vous tracer, annonce Isaac.
- Si je veux vous contactez ? demande Ezra.
- Je vous donnerais un téléphone satellite.
- Tu es un ancien SEAL Ezra, tu sais comment se passe un confinement en temps de guerre. Si vous n'êtes pas en sécurité rendez-vous dans les massifs montagneux de La Sierra Nevada, la mère d'Isaac vous y accueillera. Dite-lui simplement que vous venez de ma part.
- C'est encore en activité ? demande Ezra incrédule.
- Tu t'en souviens ?
- Bien-sûr, avec ton père...
- Je sais, c'est devenu un repère pour les réfugiés qui se sont fait kidnapper. Ton aide à était précieuse pour le système de sécurité à l'époque.
Je note un petit mot sur une carte avec les codes géographiques que je remets à Ezra.
- Les prochaines semaines ne seront pas belles autant vous prévenir, si vous avez de la famille et des amis à prévenir, faite-le rapidement. D'accord ?
- Nous le ferons, merci petite.
- D'ici demain, nous nous préparerons, complète Allie. Merci Ruby.
- Je vous en prie.
- Comment ça s'annonce ? demande le SEAL.
- Nous avons beaucoup de morts dans les camps où sont entassé les nôtres, kidnappés, affamés, éreinté du travail forcé.
Les mâchoires d'Ezra se crispe ainsi que celle d'Isaac.
- Nous les aurons, jusqu'au dernier, affirme Isaac.
- Si nous passions à table, profitons de cette dernière soirée.
J'étais heureuse d'avoir retrouvée Ezra et malheureuse de devoir lui annoncer de tel mauvaise nouvelle. La seule chose qui lui restait à faire était de veiller sur sa famille. Nous avons partagé un repas avec lui et sa famille, il nous a ouvert sa porte pour la nuit mais des demain, Ezra et Allie devrait prendre une décision importante.
Rester où fuir.
Ça revenait toujours à la même chose.
Je profite du silence nocturne de la maison pour ouvrir l'enveloppe de maman où sont inscrite trois phrases.
Comme le Phoenix, tu renaîtras de tes cendres.
N'est pas peur de la mort ma chérie.
Nous t'aimons très fort.
Maman.
Ça ne me disait rien qui vaille.
Pour l'heure, je rejoins Isaac dans le lit et m'endors contre lui avant de repartir au petit matin, peu avant l'aube.
Souhaitant une bonne chance à Ezra et sa famille ainsi que pouvoir les retrouver après tout ça, en vie.
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